CUZCO

CUZCO****
San Pedro, la Merced (1) Pl. d'Armes, Cathédrale, Musée (2)
S. Domingo - Coricancha (3) San Blas, Carmen Alto (4)
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SOCIETE INCA,
SOCIETE PERUVIENNE...

APERCUS SUR LA SOCIETE INCA...

Elle étaitt organisée sur un mode hiérarchique.
Ce système autoritaire tenait sa légitimité de sa capacité à redistribuer les biens entre les communautés et les parties de l'empire. L'Etat était d'une certaine manière le seul commerçant. Le maïs des vallées était acheminé dans le montagnes pour les bergers tandis que des montagnes descendaient viande et laine des troupeaux. De manière égalitaire, l'Etat assurait la subsistance des classes laborieuses (artisans et paysans) en contrepartie de services,
la mita, un système de tribut ou de corvée que devaient les communautés paysannes, système rappelant notre servage médiéval, à cette différence près qu'ici le service était rendu à l'Etat et non à un seigneur local...

Les Espagnols remplacèrent cette organisation par celle de l'encomienda, système à sens unique où il n'y a plus redistribution mais uniquement perception et exploitation des producteurs, système que l'Eglise ne put (ne voulut?) guère contrecarrer.

Mais revenons à l'organisation de la société inca.
A la tête de la société inca se trouvait le Sapa Inca, l'Inca Unique, demi-dieu, empereur et chef suprême dont l'épouse, la Coya, était sa propre soeur (comme cela rappelle curieusement les moeurs des Pharaons!).

Autour de lui, les membres de la classe dirigeante de souche inca étaient appelés aux plus hautes fonctions religieuses (ainsi que divination, sorcellerie et médecine, bref un rôle de chaman), militaires ou administratives. Seule cette aristocratie pouvait être polygame et profitait des Vierges Sacrées, les acllas, dont l'Inca pouvait leur faire présent. Ils pouvaient porter des cumbis, vêtements en laine de vigogne et des plateaux d'oreilles en or (des disques inserrés dans le lobe). Leurs défunts étaient momifiés.
Dans les périodes de grands troubles, lorsque l'Inca était malade ou mort, lors de catastrophes naturelles fréquentes (séismes), on offrait des sacrifices humains aux dieux afin de les apaiser. Il ne s'agissait pas ici de sacrifier des prisonniers ou des individu de basse extraction mais au contraire, issus de la noblesse comme certaines acclas, les Vierges Choisies.

Un classe intermédiaire assurait la gouvernance au niveau local (vassaux).

La classe inférieure était constituée des travailleurs, artisans et paysans. Eux se vêtaient de lainages en laine de lama ou au mieux d'alpaga dans les montagnes et de cotonnades sur la côte.

Les familles des paysans d'un même lignage étaient regroupées en ayllu, village aux maisons circulaires (colcas), dirigé par un chef, le curaca ou karuka.
On y vénérait une divinité tutélaire particulière, la huaca. Très souvent il s'agissait de montagnes ou apus sur lesquelles le corps de leurs défunts était exposé pour se dessécher au vent sec. Les sacrifices et offrandes aux divinités étaient quotidiens. Lors d'occasions importantes, on offrait un animal, souvent un lama, en sacrifice.
Ces communautés villageoises étaient à leur tour intégrées au sein d'une chefferie dépendant d'un ayllu plus important qui servait de relais au pouvoir impérial.

Système de classes, système de castes, système féodal en quelque sorte.

Aux pratiques animistes des communautés, se superposaient les cultes imposés par les Incas: culte du Soleil, Inti, des astres, de la foudre et de Viracocha, dieu fondateur et dieu de la terre.

Les civilisations andines partagent des traits communs avec celles d'Amérique Centrale quant à la véneration de certains animaux.
Chez les Incas, on vénérait trois représentants des trois mondes: le condor, le puma et le serpent tandis que l
es Olmèques, Mayas et Aztèques vénéraient quant à eux l'aigle, le jaguar et le serpent.

 

ET LA SOCIETE PERUVIENNE ACTUELLE

Le salaire minimum (légal) est de 600 soles (ou 780? soit environ 280 dollars) par mois pour 35 heures de travail hebdomadaire. Souvent, les emplois peu qualifiés reviennent aux femmes, par exemple celui de cantonnier comme on a pu l'observer... Le salaire moyen est de 2500 soles.
Le chômage n'est pas indemnisé. Ces dernières années, le taux de chômage était de l'ordre de 8 à 10%.

Pour louer un petit appartement nu et très médiocre dans les quartiers moyens de Lima, il faut compter 350 soles et pour un meublé plus correct, il faut parfois monter à 1000 soles.
Une bouteille de gaz de 5kg coûte 35 soles...

La protection sociale est réduite. Il n'y a pas d'allocations familiales et le régime de retraite le plus favorable, celui de la fonction publique permet de toucher une pension de 900 soles par mois pour une carrière de 30 années de service public.

Le système hospitalier peut être classé en trois catégories, de la plus à la moins favorable: les hôpitaux privés, les hôpitaux de la Sécurité Sociale (pour les salariés cotisants) et les hôpitaux de l'Etat, sortes de dispensaires...
La couverture par le système intégral de santé est passée ces dernière années de 3 millions à 13 millions de bénéficiaires pour un coût de 40 soles par mois.
Une campagne de stérilisation forcée des populations pauvres fut menée sous Fujimori entre 1995 et 2000: 300 000 paysannes ont été stérilisées pendant la présidence du "dictateur".


et à propos du mariage aujourd'hui...

Dans les villages, il résulte plus ou moins d'arrangements entre les familles mais avec l'accord des jeunes gens. A partir de là débute une longue période de fiancailles, disons plutôt de concubinage ou mariage à l'essai. Les jeunes vivent ensemble et aident leurs famille et belle-famille dans leurs travaux. Ce sera une première naissance qui marquera vraiment l'union. Ce n'est qu'à partir de là que le jeune couple envisagera de passer à l'église pour se marier, ce qui est d'ailleurs obligatoire pour faire baptiser les enfants.

 

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IMPACT DU SEISME SURVENU AU JAPON

Il était presque une heure du matin ici (0H46), au Pérou, lorsque s'est produit le très violent tremblement de terre, de magnitude 8,9, à 14h46 au Japon.
Avec une magnitude de 8,9, il dépasse les 8,8 du séisme meurtrier survenu au Chili il y a un an, le 28 février 2010. Toute la côte est du Pacifique, souvent éprouvée par les séismes puisque faisant partie de "la ceinture de feu du Pacifique", va vivre cette journée dans l'angoisse l'arrivée de l'onde sur ses côtes.

Toujours accompagné du mal de crâne en ce qui me concerne, à 9h nous partons à la découverte de la ville en compagnie d'Anna Lucia, notre guide locale.

CUZCO ou CUSCO ** (350 000 habitants, 3226m. d'altitude)

Cette ville fut la capitale du plus puissant empire du sud du continent américain, à l'apogée de l'Empire Inca. D'ailleurs en langue quechua, le nom de la ville signifie "nombril du monde" et l'empire s'appelait Thahuantinsuyu, "les quatre parties du monde"!
La ville avec son plan quadrillé et ses places comportait alors de robustes palais de pierre, temples, maison des Femmes Elues et une pyramide des sacrifices qui resta inachevée. Elle était traversée par la rivière Huatanay. Avant même l'arrivée des Espagnols, la ville eut à souffrir de la guerre civile entre les fils de Huayna Capac. Huascar, le fils légitime, fut vaincu par son demi-frère Atahualpa.

La ville coloniale fit en large part table rase de ce glorieux passé et fut reconstruite à partir de 1534 selon les désirs de Pizarro. Evidemment, une cathédrale devait remplacer le palais de l'Inca Viracocha. Elle fut terminée plus d'un siècle plus tard, en 1654. Non loin de la cathédrale, l'église des Jésuites (la Compagnie de Jésus), bâtie sur le palais de Huayna Capac, fut achevée en 1671. Quant au Temple du Soleil, il fut remplacé par le couvent de Saint Dominique.

La ville de Cuzco est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983.


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Marché de San Pedro, Couvent de la Merced

Le bus nous a déposés au sud de la ville, près de la gare.

Vue extérieure de l'église San Pedro et très rapide coup d'oeil à l'intérieur (beau retable) car le but de notre visite dans ce quartier, c'est le marché traditionnel de San Pedro. C'est un marché couvert, tout aussi typique que celui de San Camilo que nous avons visité à Arequipa.

CUZCO - Marché San Pedro CUZCO - Marché San Pedro CUZCO - Marché San Pedro


Après un secteur textile où l'on voit des couturières à l'oeuvre avec des machines à coudre à pédale, on passe au quartier des charcutiers avec moults couenne, groins, pattes... un peu difficile en une heure aussi matinale. Ca va mieux avec les fromages qui ne dégagent pas trop d'odeurs. Le secteur des coupes de desserts aux fruits passe très bien ainsi que celui des fruits. Petit intermède par un stand d'herboriste aux plantes au pouvoir parfois magique à ce qu'il paraît.

Petit tour chez les boulangers avec leurs pains à l'aspect de brioches aplaties puis nous passons dans le secteur des légumes où l'on retrouve une grande diversité de graines (entières ou en farines, de quinoa, maïs, haricots) et de tubercules mais aussi un peu de légumes verts, carottes, ail, oignons, petits pois, potirons... On trouve aussi des produits de la mer tels que les poulpes.

Au milieu de tout cela, on est surpris de trouver un pantin représentant une femme embarrassée de trois poupons et ornée de guirlandes et ballons de baudruche. C'est une petite attention des administrateurs du marché qui souhaitent une bonne fête aux marchandes! Plus loin, n
ous passons devant des étals de fleurs coupées, des marchands de masques de Carnaval (certains avec les longs nez par dérision pour les Occidentaux, souvenirs de l'époque coloniale et du joug que faisaient peser sur les Indiens les propriétaires terriens et leurs contremaîtres) dont les festivités se terminent cette semaine.

Puis c'est un secteur de boucherie où nous attendent museaux de vaches, cervelles... A cette heure matinale, des Cuzquéens se restaurent autour de grandes tablées. Enfin à la sortie, nous passons devant un bric à brac où l'on trouve même un objet chamanique porte-bonheur, un foetus de lama séché destiné à servir d'offrande à la déesse terre, la Pachamama. Enterré sur leur terrain avant de commencer la construction d'une maison, il en éloigne le mauvais sort et dans un champ, il favorise les bonnes récoltes.
Bref, trois quarts d'heure sont passés sans que l'on s'en rende compte.

Descendant la rue San Pedro, nous arrivons à la porte Santa Clara qui ouvre sur la ville coloniale. Nous apercevons l'église Santa Clara au bout d'une petite place et poursuivons en direction du centre ville par la Calle Mantas.

Nous voici arrivés à l'église baroque de la Merced (N-D de la Miséricorde) qui date du milieu du XVIIe s (entre 1657 et 1680). L'Ordre de Notre-Dame de la Merci (littéralement "la miséricorde") fut fondé selon la règle de Saint Augustin par le Français Saint Pierre de Nolasque en 1218 (ou 1223 ?), avec le soutien de Jacques Ier d'Aragon, pendant la Reconquête (Reconquista) chrétienne de l'Espagne, pour le rachat des captifs chrétiens aux mains des Maures.


Nous n'avons pas le temps de visiter l'intérieur de l'église mais nous consacrons un moment à apprécier le magnifique cloître du couvent, le plus beau du Pérou. S'y mêlent les styles Baroque, Renaissance et des plafonds Mudéjar (style arabo-andalou qui s'épanouit au XIVe s. en Espagne). Les deux étages de galeries sont ornés de tableaux de l'Ecole de Cuzco. De grandes toiles représentent la vie de San Pedro Nolasco, fondateur de l'ordre, sont attribuées à Ignacio Chacón.

 

CUZCO - Cloître de la Merced

Au cours de la visite du premier cloître, notre guide nous conduits jusqu'à la cellule humide et sombre du Padre Francisco Salamanca, un Indien né en 1680 à Oruro en Bolivie, sur les rives du lac Uru Uru. Célèbre dans les premières décennies du XVIIIe siècle comme grand orateur, poète, musicien, peintre et compositeur de chants en quechua et en aymara, il choisit de passer ici ses 30 dernières années en isolement où il mourut en 1737.

Sa cellule se trouve dans une sorte de crypte, presque un cachot, située sous l'escalier ouest. Religieux et artiste (comme l'Italien Fra Angelico), il en a peint l'intérieur dans des tons rouge, bleu, vert et jaune sur des thèmes bibliques représentés de façon naïve et même drôle. A l'entrée de la cellule, on voit l'Agneau Pascal couché sur le Livre des Sept Sceaux de l'Apocalypse et deux anges. Dans le réduit sur la droite, on trouve l'Adoration des Mages, la Fuite en Egypte, la Présentation au Temple, des allégories et des vases... Dans le passage central, plus petit, il a peint la Virgen de la Merced et des saints faisant pénitence pour le rachat de captifs. Dans le réduit de gauche, il évoque la Mort, le Jugement, le Purgatoire et l'Enfer.
Il confessait à travers le soupirail qui donne sur sa cellule. On dit qu'il en sortait seulement le Vendredi Saint à minuit, portant sur son épaule la croix qui se trouve près de sa cellule.

CUZCO - Cellule du Padre Francisco Salamanca CUZCO -  Cellule du Padre Francisco Salamanca CUZCO -  Cellule du Padre Francisco Salamanca



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Place d'Armes, cathédrale, musée inca

A l'arrivée sur la Plaza de Armas, nous passons sans nous y arrêter devant l'entrée du Museo de Historia Natural (musée de la faune). L'église des Jésuites, la Compañia de Jesús (reconstruite en 1650) est un bel édifice baroque construit à l'emplacement du palais de l'Inca Huayna Capac.

CUZCO - Plaza de Armas

 

A ce moment là arrive sur la place le tram vintage de Cuzco, une attraction comme les petits trains qui sillonnent nos villes touristiques. C'est un petit tram, (7 soles par personne) qui part de la Plaza de Armas et permet de sillonner la ville et de visiter les environs. Une halte de 10 minutes est prévue en haut de la colline près de la statue du Christ Rédempteur (comme celui de Rio de Janeiro mais en plus petit) offert par les Palestiniens.

Plus inattendue, lui emboîte le pas une manifestation ouvrière du syndicat régional de la construction avec, en tête de cortège, une version en damier du drapeau inca. Le Wiphala ou Huipala, drapeau arc-en-ciel à sept bandes horizontales, symbolise la diversité de Tahuantinsuyo (les quatre parties de l’empire inca). Il est utilisé comme symbole d'identification nationale et culturelle par les peuples andins d'origine indigène.

A ne pas confondre avec le drapeau des homosexuels (à 6 bandes, le bleu turquoise en moins), ou avec celui des pacifistes à sept bandes également mais disposées en ordre inverse du drapeau inca. Rien à voir non plus avec un autre drapeau multicolore, celui des bouddhistes à cinq couleurs, comportant des barres verticales et horizontales.

Le passage du défilé sur le côté principal de la place, attire tout naturellement notre attention sur la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption (Catedral de la Asunción de la Santísima Virgen).
Pour remplacer les deux précédentes cathédrales (de 1537 et 1541), trop petites, cette imposante cathédrale baroque à trois nefs et quatorze piliers couvrant 4000m² fut construite en un siècle (1560-1654 ou 1669?) sur l'emplacement du palais de l'Inca Viracocha et avec les pierres de granit rougeâtre du site de Sacsahuaman (au-dessus de la ville, site que nos ne visiterons pas). O
Sur le parvis, on peut voir des Indiennes avec leur costume traditionnel: jupe et jupons, châle et sorte de chapeau plat de couleur jaune de l'ethnie Qeros (qui se considère comme descendante des Incas).

CUZCO - la cathédrale CUZCO - Sagrada (près de la cathédrale) CUZCO -  dans la cathédrale


En soirée, en visite personnelle, nous sommes revenus pour visiter l'intérieur de la cathédrale. Ca vaut vraiment le coup et devrait être de base inclus dans le programme des tours operators.
Visite payante (25 soles), avec audio-guide mais photos interdites, même sans flash. Scandaleux d'où quelques photos "volées"... Quel dommage de ne pas pouvoir emporter d'une façon plus normale quelques souvenirs des richesses que renferme ce monument.

La visite commence par l'édifice de la Sainte Famille (la Sagrada), accolé à la cathédrale, en retrait sur le côté gauche de la façade. Une fois à l'intérieur, c'est une débauche de retables recouverts d'or des chapelles, un autel principal et son retable plaqué en argent, un christ noir, le Seigneur des Tremblements de Terre (“Taytacha Temblores”), cadeau de l'empereur Charles Quint apporté par Pizarro. Il échappa au tremblement de terre de 1850 et y mit fin (!), c'est pourquoi on le promène depuis en procession à Pâques. Les sièges en cèdre du chœur du XVIIe s. sont magnifiquement ouvragés. Des centaines de toiles de l'Ecole “cusqueña” (de Cuzco) sont visibles ou de toiles de maître comme le Christ en Croix de Van Dyck visible dans la sacristie.

La couleur locale n'est pas absente de certaines oeuvres comme celle du dernier repas de Jésus et des apôtres, la Cène, où l'on voit un plat de cuy (cobaye ou cochon d'Inde) en guise de pain! Comme à Arequipa et partout ailleurs dans ce pays, nous retrouvons encore ici un témoignage du syncrétisme qui s'est développé après la conquête de l'empire par les "très catholiques Espagnols".

CUZCO - Tableau de la Cène au cuy (Cathédrale)

Avec l'orfèvrerie (ostensoirs, calices...), on compte plus de 1200 oeuvres d'art. Un véritable musée d'art sacré!
La visite se termine par l'église du Triomphe (el Triunfo), accolée à l'est de la cathédrale. C'est la plus ancienne église de la ville, elle date de 1536-39 et commémore la victoire des Espagnols.

C'est tout particulièrement dans de genre d'édifice que l'on se rend compte de l'habileté des colons évangélisateurs qui à la faveur de l'explosion du baroque ont utilisé la magnificence de ce style débordant de formes, de couleurs (tableaux) et de richesses (retables dorés) pour en imposer aux peuples indigènes, en substitution aux fastes de leur ancien empire inca, les placages de feuilles d'or remplaçant ici l'or massif emporté par les conquistadors en Espagne! Au-delà du décor, l'imagerie (statues, sculptures...) avait également pour objectif de servir de catéchisme en présentant les dogmes de la religion catholique.

CUZCO - Museo Inka

Dans la foulée, en fin de soirée, attirés par son beau portail de pierre sculptée du XVIIe s., et sa curieuse fenêtre d'angle dont le meneau ressemble à un corps de femme nue vue de l'extérieur (mais à contre-jour), nous nous sommes rendus au Museo Inka.
Droit d'entrée de 10 soles et toujours interdiction de filmer ou de photographier, même sans flash. Faut pas exagérer!


Le musée occupe une ancienne demeure coloniale, le Palais de l'Amiral Maldonado (Palacio del Almirante).
En fait, ce musée qui s'étend sur deux niveaux aborde non seulement la culture inca mais aussi les cultures préincas (chavin, mochica...), au travers de pièces de céramique et poteries (vases-statuettes), textiles, bijoux et aussi, plus originaux, la plus grande collection existante de gobelets creusés dans du bois. On peut aussi y voir des reconstitutions de tombeaux avec des momies.

 


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Monasterio de Santo Domingo, Templo del Sol (Coricancha) *

Mais revenons à la chronologie de nos visites de groupe, en fin de matinée.

Nous empruntons la Rue Loreto, l'ancienne Rue du Soleil, ou Intiqhicllu des Incas.
A droite nous avons un mur de la Compañia, à gauche un mur inca qui a servi de base au couvent ("monasterio" ici) Santa Catalina édifié en 1601 (ou 1650) et devenu musée d'Art Religieux en 1975. Mais avant d'être un couvent, c'était le temple où résidaient quelques 3000 vestales, les Vierges Sacrées ou Vierges du Soleil ou encore Femmes Choisies, bref les acllas, choisies donc parmi les plus belles jeunes filles de l'empire et d'ascendance noble. Leur destin était, après un noviciat de trois ans, soit de se consacrer au culte du soleil, soit devenir courtisanes de l'Inca qui parfois en faisait cadeau aux dignitaires de l'empire, soit encore elles étaient destinées à un sort moins enviable (à nos yeux:) celui d'être sacrifiées...

L'assemblage parfait et le dressage des pierres de la maçonnerie inca sont d'une incroyable finesse. Une prouesse quand on pense que ce travail était réalisé à l'aide d'outils qui étaient eux-mêmes en pierre, plus dure toutefois.

CUZCO - rue Loreto CUZCO - rue Loreto CUZCO - stand forain CUZCO - picarones


Midi approche et nous sommes également mis en appétit par les petits stands forains de cuisine qui proposent des légumes sautés ou bouillis (maïs) et des picarones, des beignets à base de courge et de patate douce et recouverts de chancaca ( mélasse).

CUZCO - Santo Domingo

Plus loin, sur notre droite, nous longeons une zone archéologique avant d'arriver au fameux Temple du Soleil, Coricancha ou QoriKancha en quechua ("Jardin d’Or" ou "Enclos de l'Or") des Incas. Il fut en partie détruit, totalement pillé et les momies qu'il contenait furent profanées par les Espagnols lors de la conquête.

Ce palais, le plus vaste (400m de côté ou 140x135m ?) et le plus richement orné de l'empire inca, était le lieu des grandes cérémonies impériales: mariage, intronisation, funérailles. D'ailleurs les momies des Incas y étaient installées sur des trônes en or. Les prêtres qui desservaient différents temples dédiés au Soleil, à la Lune, aux étoiles, à la foudre et aux arcs- en-ciel, s'y livraient à l'astronomie. La corniche des murs d'enceinte peints en bleu était constituée de 700 plaques en or de 2kg. On dit qu'il comportait un jardin orné d'autels et de sculptures en or et en argent, grandeur nature, de plants de maïs, de lamas, de fleurs et d'arbres, de nouveau-nés. Certains de objets étaient incrustés de pierres précieuses.
La porte principale, s'ouvrait sur un grand sanctuaire dont l'autel, était surmonté d'un grand disque d'or représentant le Soleil et placé de telle manière que les rayons du soleil levant venaient le faire étinceler.
Le Temple du Soleil avait la forme d'une pyramide tronquée et c'est ici que se trouvaient les momies des Incas défunts.

Aucun de ces trésors n’a été récupéré, on dit que les conquistadors les fondirent pour envoyer l’or au roi d’Espagne et il y en avait tant que les Espagnols auraient mis plus de trois mois à le faire fondre...
Après cela, les Espagnols construisirent sur les vestiges incas le Monastère Santo Domingo, avec son église et son cloître.

C'est grâce au tremblement de terre de 1650 que ce trésor archéologique a été de nouveau révélé, les constructions hispaniques s'étant écroulées tandis que les parties périphériques de maçonnerie inca qui y étaient intégrées étaient restées debout.

On peut admirer l'assemblage parfait de pierres volcaniques d'andésite. Certaines pierres d'angles et d'encadrement sont énormes et d'une découpe d'une complexité incroyable. Les murs possèdent une inclinaison qui assure leur stabilité et qui a un effet esthétique remarquable avec les montants également inclinés des portes trapézoïdales, ce qui en accentue la perception.
Encore une invention technique qui différe des arc de décharge sur linteau droit utilisée par les anciens Grecs ou de l'arc triangulaire des Mayas... Des reproductions illustrent la cosmogonie inca qui dans la disposition des astres du ciel nocturen trouve la représentation des divinités de ses trois mondes au travers du condor, du puma et du serpent...

Le chevet de l'église est érigé sur une terrasse soutenue par un ancien mur arrondi et conique, dominant un petit parc.
Le tremblement de terre survenu 300 ans plus tard, en 1950, a encore montré que les constructions incas sont plus robustes que les constructions coloniales...

Vers 13h30, en revenant vers le centre, nous bifurquons vers la rue Santa Catalina où se trouve notre restaurant, "Sara, organic café bistro" au n° 370. Cet établissement est réputé pour sa cuisine utilisant des ingrédients issus de l'agriculture biologique pratiquée par des communautés indiennes de la région.

CUZCO - restaurant Sara organic café bistro CUZCO - restaurant Sara organic café bistro CUZCO - restaurant Sara organic café bistro


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San Blas, Carmen Alto

CUZCO - calle Hatun Rumiyoc 
CUZCO - San Blas: Croix de la Passion 

En milieu d'après-midi, après être revenus sur la Place d'Armes, nous remontons la Calle Triunfo qui se poursuit par la Calle Hatun Rumiyoc ("la pierre majeure") au nom imprononçable où l'on peut voire inserrée dans les plus beaux murs incas de Cuzco la fameuse pierre aux 12 angles parfaitement ajustés. Cette pierre provient d’un mur du palais du sixième Inca, l'Inca Roca.

Notre parcours se poursuit par la bien nommée Cuesta San Blas.

A San Blas (St Blaise), nous arrivons sur une superbe placette (plazoleta) à l'allure villageoise datant de 1563, au coeur d'un quartier tranquille. L'église renferme une chaire sculptée dans une seule pièce de bois, ce qui nécessita 25 années de labeur. A droite de sa porte, se dresse une Croix de la Passion ou Croix des Outrages.


Chacun profite alors du temps libre. Pour notre part nous nous dirigeons vers Camen Alto avant de redescendre tranquillement vers le centre par la Calle Coanchi, la Plaza de las Nazarenas puis la Calle Almirante. Enchantement de façades blanches et de porches baroques en pierre.

C'est à partir de là que nous avons fait nos visites (payantes) de la cathédrale et du musée inca dont il a été question un peu plus haut.

 

 

Après ces deux visites, il est près de 17h30 et la nuit tombe. Pour regagner notre hôtel tout à l'est de la ville, nous nous risquons à faire appel à un taxi Tico, une petite Deawoo, non pas jaune comme à Arequipa mais blanche ici. Le véhicule semble assez déglingué mais le chauffeur paraît sérieux. Pour 3 personnes, nous proposons la course à 3 soles! Après une petite hésitation, le chauffeur accepte alors que le tarif est normalement de 4 soles. Conduite très sportive mais le chauffeur semble sûr de lui et nous nous en remettons comme lui à la grâce des images pieuses qui servent d'amulettes porte-bonheur. Il n'y a que cela à faire car en cas d'accident ce genre de voiturette ne pèserait pas lourd contre un véhicule plus important.

Notre programme ne nous laisse pas assez de temps pour visiter les églises San Francisco et de Santa Clara.
Il ne nous permet pas non plus d'aller visiter la forteresse de Sacsahuaman (ou Sacsayhuamán), installée à 3km sur les hauteurs qui dominent le nord de la ville. Il suffirait même d'une petite heure pour s'y rendre à pied... Le site est inscrit au Patrimoine de l'UNESCO depuis 1983.

Cette forteresse qui servait aussi de lieu de culte
fut construite au temps de Pachacutec. Elle comporte trois lignes de murailles en zigizag, faites de blocs cyclopéens atteignant des dizaines de tonnes (jusqu'à 350 selon certaines sources!). Même en faisant travailler 30 000 personnes, comment ont pu être déplacées et façonnées de telles masses par une civilisation qui n'utilisait pas la roue? Cette forteresse pouvait accueillir 5 000 soldats et était couronnée de tours et disposait d'un système d'adduction d'eau. Un siècle plus tard, en 1534, les Espagnols s'en emparèrent jusqu'à ce qu'elle soit reprise l'année suivante par les rebelles de Manco Inca qui durent s'enfuir en 1536, sous la pression des Espagnols.
La Fête du Soleil, Inti Raymi, s'y déroule tous les ans, peu après le solstice, le 24 juin, non pas le solstice d'été car nous sommes dans l'hémisphère sud, mais le solstice d'hiver austral. A la stricte date du solstice que célébraient les Incas, le clergé espagnol qui la jugeait trop païenne a substitué la date de la Saint Jean.

Dans les environs de Cuzco, les voyageurs peuvent également visiter les sites de Qenko (ou Kenko), un sanctuaire rupestre, de Puca-Pucara (site de terrasses et de fortins) et de Tambomachay (pavillon de chasse et bains de l'Inca et de ses épouses), célèbre pour ses eaux thermales canalisées, ainsi que les sites de Lanlakuyoq, Kusilluchayoq et Laqo.
Possibilité aussi de visiter des villages agricoles comme Oropesa ou Tipon.


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