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En quittant AREQUIPA, aux lueurs de l'aube (6h30), derniers regards sur la ville et sur les montagnes qui l'entourent, d'abord de la terrasse de l'hôtel puis du bus qui prend la direction du nord-est, vers Puno, à travers la Réserve Naturelle de Salinas et Aguada Blanca.
A
la sortie de la ville, les ouvriers cherchant l'embauche à la journée
se rassemblent à certains carrefours tandis qu'un peu plus loin encore
on voit les bidonvilles partir à l'assaut des pentes puis bientôt
remplacés par des cactus cierges et par endroit par des lupins à
fleurs bleues, une graminée endémique (les graines de certaines
variétés ne sont pas comestibles).
Puis c'est la traversée
de la steppe désertique de la vallée de Qiscos.
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Cette fois, c'est donc bien parti pour la haute altitude et il convient de compléter
la préparation que nous avions commencée en absorbant quelques mate
de coca à l'hôtel. C'est une infusion soit de feuilles soit
de poudre de feuille, et qui a un pouvoir énergisant comme le thé
et le café et qui est sensée atténuer le mal aigu des montagnes
(cette tisane permettrait également de faciliter la digestion, d'atténuer
la fatigue physique...).
Rien à voir avec la cocaïne!
Il
faut savoir que pour obtenir un gramme de cocaïne pure (les trafiquants de
drogue fournissent souvent un produit qui en contient moins de 35%), il faut traiter
un kilo de feuilles et appliquer une drôle de chimie peu ragoûtante
utilisant du kérosène, de l'acide chlorhydrique...
L'usage
de la coca fut interdit à partir du Concile de Lima en 1551 par le clergé
qui y voyait dans son utilisation par les Indiens un sens religieux mais cela
entraina une baisse de rendement des mineurs que la Couronne espagnole autorisa
à en consommer à nouveau à partir de 1573 et on en vint même
à en imposer la mastication en grandes quantités!
L'ecgonine, l'alcaloïde contenu
dans la plante fut isolé par un chimiste allemand de Göttingen en
1860 sous forme de chlohydrate. On l'utilisa en France dans le vin Mariani et
aux Etats-Unis dans le Coca-Cola, version 1886 jusqu'à sa prohibition en
1914 par les Etats-Unis puis en 1950 et en 1961 par les Nations Unies considérant
la coca comme un stupéfiant alors que le Evo Morales, leader des petits
producteurs cocaleros devenu président de la Bolivie en 2005, a
inscrit la coca comme Patrimoine Culturel dans la Constitution bolivienne.
Lorsque
l'on mâche de la coca, on utilise environ 8 grammes de feuilles dont la
mastication va se polonger longuement et les effets stimulant se faire sentir
progresivement.
"C'est le café des peuples andins".
Carlos
nous explique par le menu la façon de mitonner une bonne prise de coca.
Il faut prendre une dizaine de feuilles, y déposer un peu de cendre,
enrouler le tout et le glisser dans la bouche, en le laissant s'humidifier avant
de commencer la mastication. Ca ne vaut pas un chewing-gum et ça nous donne
plutôt l'air de ruminants.
Justement à
propos de ruminants, alors même que nous ne sommes pas encore entrés
dans la Réserve, nous avons la chance de voir un groupe non pas de lamas
mais plus précisément des vigognes qui vivent à l'état
sauvage.
Précautionneusement et aux aguets, le groupe d'une bonne douzaine
d'animaux traverse la route devant notre bus puis s'en va paître au bord
de la voie ferrée toute proche. Le mâle, chef du harem, se distingue
par sa vigilance et sa queue redressée.
Leur laine servait à
fabriquer les vêtements impériaux des Incas... c'est peu dire. La
laine du dos est la plus appréciée et son prix au kilo peut atteindre
700$.
Il faut faire une distinction entre les différents camélidés
sud américains (pendant un temps, on crut que ces animaux appartenaient
à la même famille que les moutons!).
Il y a un million d'années,
avant la séparation des continents, à l'origine les camélidés
vivaient en Amérique du nord d'où ils ont disparu (probablement
exterminés pour la consommation de leur chair) mais ils se sont diffusés
ici, dans le sud de l'Amérique et, surtout sous forme d'animaux plus corpulents,
dans l'Ancien Monde, avec les chameaux d'Asie centrale et les dromadaires que
l'on trouve de l'Asie méridionale à l'Afrique de l'Ouest. Comme
on le voit, ce sont des animaux qui ont eu la faculté de s'adapter à
des conditions climatiques extrêmes: haute montagne, déserts chauds
aussi bien que froids.
Ici
on a affaire au genre Vicugna alors que dans le genre Lama, on distingue
les lamas proprement dits, les guanacos et les alpagas (ou alpacas).
Dans
le genre Lama, le lama (Lama Glama) proprement dit, la taille
des animaux atteint 1,20m à l'encolure et l'animal peut peser 150kg.Les
lamas vivent en harem composés de 6 femelles. La gestation dure 12 mois
et la mise bas est annuelle. C'est un animal de bât qui refuse tout service
au-delà d'une charge de 30kg. Le lama est surtout présent en Bolivie.
Sa chair est consommée.
L'alpaga
est plus petit que le lama mais est également domestiqué pour l'intérêt
que représente sa laine. Il vit sur les hauts plateaux andins dans les
zones humides. Leurs harems sont composés de 5 à 10 femelles. La
gestation dure entre 8 et 12 mois (!). Nous allons en rencontrer peu après.
Utilisé avant tout pour sa laine, on consomme aussi sa viande, une viande
blanche maigre (0% de cholestérol).
Le genre guanaco est
devenu rare au sud du Pérou mais on le rencontre jusqu'à la Terre
de Feu (Argentine et Chili). C'est un animal sauvage, de taille assez comparable
au lama mais avec des pattes et un cou plus fin. La gestation dure 11 mois et
la mise bas a lieu en février.
Maintenant,
parlons plus en détail de nos vedettes du genre Vicugna.
La
vigogne est plus élégante (en général moins de 1m
au garrot pour 50kg) que les lamas, avec un long cou, un museau fin, des oreilles
et pattes fines et pointues, le dos de couleur fauve et le ventre blanc... Elle
vit sur les hauts plateaux andins dans les zones humides. La gestation durant
de 11 à 13 mois (!), ce n'est donc que tous les deux ans que les femelles
mettent bas pendant la saison des pluies, de décembre à mars. La
chair a un goût très fort ce qui n'empêchait pas la chasse
car le but était de prendre sa laine, plus douce que celle de l'alpaga.
De 1,5 million de têtes à l'époque inca, la population est
aujourd'hui 10 fois moindre. Désormais seules certaines communautés
conservent un droit de battue avec un piège clôturé pour effectuer
la tonte, les animaux étant ensuite relâchés.
Tous
genres de camélidés confondus, on compte 2 millions de têtes
au Pérou et ils se nourrissent d'une graminée sauvage, l'ichu.
C'est
après cette superbe rencontre que des panneaux nous indiquent la possible
présence de ces animaux puis nous arrivons au début de la réserve
comme l'indique un panneau annonçant "Zone de Vicuñas,"
à l'altitude de déjà 4268m.
Tout va bien encore par rapport
à ces hautes altitudes!
Une demi heure
plus tard, c'est un troupeau d'alpagas que nous avons l'occasion d'observer.
Cette fois, il s'agit d'animaux domestiques puisque l'on voit un berger coiffé
de son bonnet de tricot à oreillettes et
accompagné de son chien. Cette variété de lamas est douce
et calme, s'accommodant très bien de la compagnie de l'homme, pouvant presque
être un animal de compagnie ou d'ornement.
La fibre de sa laine est
beaucoup plus appréciée que celle de mouton (mais bien moins que
celle de vigogne) et se présente naturellement dans une cinquantaine de
coloris naturels. Comme les animaux ne sont pas systématiquement tondus
tous les ans, leur épaisse fourrure fait que certains ressemblent à
des moutons.
Cet animal peut cracher sur ses congénères, voire
sur des humains, une mixture acide de broyat d'herbes provenant de son estomac.
Trois quarts d'heure plus tard, nous arrivons au col de Crucero Alto à 4528m.
A l'horizon apparaissent des sommets enneigés. La végétation est plus maigre et cependant nourrit toujours des troupeaux d'alpagas. Des enclos de pierre sèche se dessient sur les flancs des collines. Dans des lacs peu profonds, on peut voir quelques flamands roses dans le secteur des Lagunillas.
Le
froid se fait plus vif, si l'on en juge aux plaques de neige qui apparaissent
çà et là. Dee15° on est descendu à 5°. Il
fait franchement froid à 4174m. lors de l'arrêt au Mirador
Edouardo Sanchez qui domine un lac artificiel de 66km² destiné
à irriguer 30 000 ha.
Le mal des montagnes ne semble
pas encore trop nous affecter, à part certains qui ressentent une sorte
de vertige ou qui ont le souffle un peu court.
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Poursuivant
notre descente, aux troupeaux d'alpagas nous voyons s'ajouter quelques petits
troupeaux de vaches. Quelques fermes isolées précèdent la
station de pesage de Santa Lucia, un petit village aux maisons basses,
construites en adobe (brique de terre crue) avec une couverture de roseaux de
plus en plus souvent remplacée par des tôles... qui se voient de
loin.
Dans ce village se croisent la route de Puno et une voie ferrée.
C'est une région où s'effectuent les échanges entre les
éleveurs et les cultivateurs des hauts plateaux en vue de l'hiver austral:
viande séché, pommes de terre déshydratées.
Toujours
sous un ciel plombé, avec quelques petits interstices d'azur, nous arrivons
dans une région où l'on voit de parcelles couvertes de fleurs jaunes
(plants de moutarde servant de fourrage ?), des cultures de quinoa (nom de genre
masculin!), de pommes de terre aux fleurs bleutées, de fèves. Autres
cultures vivrières: petits pois, blé, oignon, ail et carottes dès
lors que des microclimats y sont favorables.
Les
fermes et les villages sont plus nombreux. Cela ne doit pas faire illusion car
nous sommes là dans l'une des régions les plus pauvres du Pérou.
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Vers
11h30, nous passons près de briqueteries artisanales et un quart d'heure
plus tard nous entrons dans une ville à l'allure de far-west, Juliaca.
Une ville de 220 000 habitants qui a poussé sans aucun contrôle
de l'urbanisme, sans infrastructures (il faut les mettre en place après
coup) comme en témoigne la vue des rues.
Cette ville à l'allure
de Far West est la capitale d'une petite province de la région de Puno
et profite de l'existence de la voie ferrée et de l'aéroport à
partir duquel on peut se rendre au Lac Titicaca.
Nous déjeunons à l'étage d'un hôtel Suites Don Carlos
à Juliaca où l'on nous sert un potage de légumes et une
truite saumonée (ce poisson abonde dans les Andes) panée et
accompagnée de légumes cuits à la vapeur.
Visites de la nécropole de Sillustani * et d'une maison de paysans
Nous reprenons la route à 13 heures, accompagnés par une jeune guide
d'origine aymara, Anna (surnommée "chocolat" !
allez savoir pourquoi?). L'ethnie aymara réside dans la région du
Lac Titicaca: 10% au Pérou tandis que 90% vit en Bolivie.
Quand
ce n'est pas une propagande électorale qui est envahissante, c'est la publicité
commerciale qui s'insinue partout. L'Inca Kola offre un kiosque à
l'agent de police de la circulation. Heureusement, il s'agit d'une boisson sans
alcool et même sans coca!
L'Inca Kola est une boisson
gazeuse apparue au Pérou dans les années 1930, en reprenant en partie
la recette d'une ancienne boisson indienne à base d'une plante du genre
de la verveine, l'"Hierba Luisa". Bien que rachetée par
Coca-Cola en 1999, cela reste la boisson gazeuse nationale au Pérou.
Toujours
le même ciel mêlant azur et nuages qui semblent tout proches de nous,
disons plutôt que c'est nous qui sommes proches d'eux... Nous empruntons
pour un petit moment une route qui relie le Pérou (et même la Bolivie)
au Brésil, via l'Amazonie.
Toujours le même paysage avec les
cultures vues précédemment jusqu'à ce que nous arrivions
dans un secteur de petites fermes coquettes, avec leurs murs de pierre ou d'adobe,
leur toitures de roseaux et un mur avec un protail surmonté d'un arc donnant
accès à une cour intérieure. Quelques habitant(e)s se tiennent
devant ce portail, souvent en compagnie de lamas ou d'alpagas... Rien de bien
naturel à tout cela! Ca sent la dérive touristique à plein
nez.
Effectivement, quelques minutes plus tard nous arrivons au village qui
s'étend au pied d'une sorte de colline (comment dire lorsque l'on est à
près de 4000m. ?) formant une presqu'île du Lac Umayo. Il
est manifeste que la vie de ce secteur va de plus en plus reposer sur le tourisme
comme en témoignent les travaux de pavage d'une rue qui conduira au site.
En attendant, notre cheminement hors sentier est plus chaotique mais non dénié
d'attrait car nous passons par des petits champs, jardins et arrières de
maisons...
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Au pied de la nécropole pré-inca, plus précisément au pied de la Tumba del Lagardo ("la tombe au lézard"), on peut voir les vestiges d'une construction à base circulaire qui ferait penser à un chemin de meule ou à un cromlech de chez nous. C'était probablement un dispositif astronomique.
Cette
nécropole se distingue par ses tours funéraires, les chullpas
ou ayahuasis où l'on plaçait les momies des nobles des
Collas (ou Coyas), tribus de guerriers descendant de la grande civilisation
de Tiahuacano qui s'était épanouie dans toute la région du
Lac Titicaca avant qu'elle soit supplantée par les Incas. Elles
Ces
tours ont été construites entre 1200 et 1535. De forme curieusement
évasée, ces tours sont constituées de blocs d'une pierre
à grains, polis et parfaitement assemblés.
On faisait entrer
la momie par une ouverture située à la base de la tour et orientée
à l'est, direction du soleil levant qui dans toutes les civilisations anciennes
(en Egypte, par exemple) symbolise la renaissance ou la réincarnation.
Chaque tour pouvait recevoir jusqu'à une dizaine de momies d'une famille.
On
dénombre une quarantaine de chullpas plus ou moins en bon état
et certains s'élèvent jusqu'à 12m de haut.
Il est un peu plus de 15h lorsque nous quittons le site sous un ciel qui se fait franchement menaçant et d'où ne tardent pas à tomber bientôt quelques grosses gouttes...
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Environ 5 minutes
de bus et nous nous arrêtons pour visiter l'une de ces fermes-écomusées
devant laquelle nous attendent un père de famille, une fillette ainsi qu'une
ménagerie avec trois lamas adultes (dont un alpaga?) et deux jeunes dont
l'un qui tête sa mère.
Le portail donnant accès à la cour est surmonté par le porte
bonheur traditionnel, également souvent présent sur le faîtage
des maisons, un couple de taureaux en poterie, signes de fertilité.
Très souvent, chez les catholiques, entre les deux animaux, on ajoute
une Croix de Passion ou Croix des Outrages (avec l'échelle, la lance, etc)
en miniature (on en a vu une grande sur le parvis d'une église à
Arequipa et on en verra d'autres à Puno ou à Cuzco notamment). Ce
genre de fétiche est donc de tradition postcoloniale puisque les boeufs
tout comme la croix ont été introduits par les Espagnols. Comme
on l'a vu à Arequipa et comme on le verra après-demain dans la cathédrale de Cuzco,
nous avons nous les yeux un témoignage du syncrétisme qui s'est développé
après la conquête de l'empire inca par les "très catholiques Espagnols".
La courte visite, une vingtaine de minutes, n'en est cependant pas inintéressante.
Deux petites constructions en pierre et couvertes de roseaux servent l'une de chambre et l'autre de cuisine bien qu'une partie de celle-ci se fasse en plein air, ce qui est plus commode pour évacuer la fumée.
Le père semble pratiquer le tissage tandis que sa femme file la laine d'alpaga. Des petites pièces tissées en laines de couleur naturelle allant du blanc au marron foncé sont exposées. Les sujets sont représentés de façon naïve: maisons, lamas, chullpas et encadrés de motifs géométriques. Une femme plus âgée s'affère auprès du feu. Quatre enfants jouent autour de nous. Il ne faudrait pas oublier la maison miniature qu'habitent les cuys, les fameux cochons d'Inde. Sur les murs extérieurs sont accrochées différentes herbes sèches ainsi qu'un bocal d'alcool dans lequel on peut voir un serpent blanc. Nous n'aurons pas d'offre de dégustation... Ouf!
Tandis que le ciel est noir d'encre et que le tonnerre se fait de plus en plus proche, sur un muret au centre de la cour, on nous présente les légumes traditionnels: différentes graines (quinoa, haricots...), différentes couleurs et formes de pommes de terre fraîches (on en compte plus de 3000 variétés au Pérou!) ou déshydratées noires (chuño) ou blanches (moraya) ou autres tubercules (ulluco).
LA POMME DE TERRE
La pomme de terre est le "Trésor enfoui des Andes" que l'on trouve jusqu'à 3500
mètres d'altitude, voire davantage. Il y a plus de 8000 ans, elle y a été domestiquée, à partir
d'espèces sauvages, amères et immangeables. Notre pomme de terre (Solanum
tuberosa) appartient à la même famille que la tomate, l'aubergine, les
poivrons, les piments, le tabac et certaines mauvaises herbes (morelles). Les
feuilles, tiges et les fruits de certaines de ces plantes, dont notre
pomme de terre, contiennent une substance toxique (la solanine). Dans les Andes,
la variété des conditions de culture (altitude, ensoleillement, humidité, vent,
nature des sols) a conduit les paysans andins à essayer divers plants jusqu'à
obtenir diverses variétés adaptées à ces diverses conditions.
C'est un aliment assez riche, non seulement sur le plan calorique mais
aussi pour ses apports en minéraux (fer, zinc) et vitamine B. Nos variétés
contiennent un peu plus de 20% de matière sèche (une fois la pulpe déshydratée)
alors que les variétés andines, moins productives, en ont jusqu'à 40%
La découverte par les Européens de la pomme de terre est concomitante avec
l'arrivée de Pizarre en Colombie en 1531. La culture pomme de terre va
rester encore longtemps une curiosité des jardins ou une particularité régionale
et ce jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Son classement dans la même famille
botanique plusieurs plantes venimeuses ou réservées à un usage médicinal ne va
pas jouer en faveur du tubercule. Dans le sud de l’Europe, elle va
circuler de cours en couvents, d'Espagne en Italie et sauver l'Europe de la
famine. Ce fut par la suite l'aliment des troupes napoléoniennes. C'est la base de la
tortilla espagnole, des gnocchis italiens...
Des musées lui sont même consacrés en Allemagne, en Belgique, au Canada et au
Danemark.
Ponctuellement, elle fut cultivée dans l'est
et dans l'ouest de la France au XVIIIe siècle. A partir de 1772, son promoteur est
Antoine Parmentier. La légende lui attribue un stratagème pour inciter le peuple à
s'approprier ce légume alors que la France était touchée par la disette depuis
1785. En faisant monter la garde en journée autour de parcelles plantées du
tubercule, on donne à penser qu'il est précieux, rare et cher et donc destiné à
la noblesse. Il n'en faut pas plus pour que nuitamment les pauvres en dérobent.
Il ne faut pas confondre cette pomme de terre (patata en Espagne ou
simplement papa dans les pays hispanophones d'Amérique latine) avec
d'autres plantes américaines à tubercules comme les wapatoo (Sagittaria
sagittifolia) une plante qui pousse dans les sols marécageux, ou les oca
(Oxalis tuberosa) et les ulluco (Ullucus tuberosus) ces deux
derniers tubercules dont nous avons parlé dans la page sur Arequipa.
A peine a-t-on repris le bus, que la pluie se met à tomber
très sérieusement et nous accompagne jusqu'à Puno où
nous arrivons après 16h.
PUNO (120 000 habitant, 3827m. d'altitude), visite aux Uros du LAC TITICACA
La
ville fondée en 1666 s'est développée grâce aux mines
d'argent. La région est entourée au loin (20 à 30km) de chaînes
de montagnes de tous côtés.
C'est à partir de cette ville
que Tupac Amaru II lança sa révolte contre les Espagnols en
1780.
Deux anciennes civilisations indiennes s'étaient établies
dans cette région, celle de Pukara de 250 ans av. J-C à 380 de notre
ère puis la grande civilisation de Tiahuacano qui rayonna sur tout les
sud du Pérou et sur la Bolivie, de 500 à 900 de notre ère
. Ils furent remplacés par les Collas (ou Coyas), parlant le aymara,
bientôt supplantés par les Incas...
Les rives du lac étaient
habitées par les Uros parlant l'iru-utu, une population méprisée
des autres cultures et qui a pratiquement disparu au milieu du XXe s. par
l'exode et sa fusion dans le creuset démographique péruvien. Les
Quechuas qui résident sur les îles Taquile et Amantani, à
une trentaine de kilomètres plus loin, au coeur du lac, se différenciaient
des modestes Uros en ce qu' ils s'enorgueillissent de la tradition qui veut que
les fondateurs de l'Empire Inca surgirent du lac.
Jusqu'ici je ne me suis guère attardé à parler du mal des montagnes, appelé ici le soroche, pourtant il serait bon d'en dire quelques mots mintenant. D'ailleurs la bouteille d'oxygène que je vois dans un coin du hall de l'hôtel La Hacienda m'y incite.
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"Le" MAM (non, pas "la" MAM politicienne de chez nous!) ou mal aigu des montagnes, dès l'altitude de2000m. touche déjà 15% des personnes non acclimatées et la proportion s'élève à près des deux tiers lorsqu'on est à 4000m, ce qui se confirme dans notre groupe car certains compagnons de voyage sont déjà touchés depuis le milieu de la journée...
Les symptômes du MAM sont variables dans leur forme, leur intensité ou leur cumul: maux de tête, vertiges et étourdissements, crampes dans les mollets, insomnie, fatigue, perte d'appétit, nausées et vomissements... Ils disparaissent également dans un délai variable, 24h à quelques jours. Dans les cas les plus graves, au-delà de 5000m, la personne peut faire un dème pulmonaire voire un dème cérébral.
Ces maux sont dus à la raréfaction de l'oxygène apportée aux cellules du cerveau. Pour compenser, les rythmes respiratoire et cardiaque deviennent plus rapides mais cela ne suffit pas toujours, d'où ces maux et malaises divers qui se manifestent au bout de quelques heures (dans les 24 à 36h).
Pour
ma part, je me pensais à l'écart de ce problème dans la mesure
où j'ai souvent pratiqué des randonnées et des courses en
haute montagne qui m'ont conduit à plus de 3000 voire 4000m (et même
au sommet du Mont Blanc), sans souci de ce côté là. Il est
vrai, que de telles incursions en altitude ne durent que quelques heures.
De
plus, prenant ici régulièrement mes granules homéopathiques
de coca depuis plusieurs jours, buvant tous les jours des mates de coca
et ayant mâché ce matin des feuilles de coca selon le rituel prescrit
par Carlos, j'étais persuadé de m'en sortir indemne...
He bien, malgré tout cela, je dois avouer humblement que si tout allait
bien jusqu'à la visite de la petite ferme de Sillustani.
Alors
que nous sommes pourtant revenus en dessous de 4000m., je ressens de plus en plus
fortement un mal de tête qui m'enserre le crâne, de la nuque au front.
Pendant trois jours, je devrais le supporter malgré quatre prises quotidiennes
de 1g de paracétamol dont l'effet n'a été que d'atténuer
le mal et de façon très provisoire (2h environ), ce qui signifie
aussi un piètre sommeil. En revanche pas de problème pour l'appétit,
ce qui n'est pas le cas de tous. Nos collègues Yvette et Josiane ont pour
leur part fait l'expérience de la médecine péruvienne. Le
médecin appelé en cours de nuit a délivré des médicaments
parfaitement efficaces.
Certains préconisent la prise d'un médicament
préventif (Diamox) 24 à 48h avant l'arrivée en haute
altitude mais on rencontre des avis contraires (effets secondaires, inefficacité).
Une pluie fine
tombe sur Puno, malgré cela et malgré le mal de tête, je fais
un petit tour en ville puisque notre hôtel est en plein centre ville.
Sur
la place d'Armes, la cathédrale construite en 1756 dresse sa façade
de pierre rouge mêlant styles Baroque, Renaissance et Indigène. Il
m'est difficile d'en apprécier les détails en raison de la météo
et de l'heure (il faudrait la voir le matin, en pleine lumière). Au pied
de la tour gauche, on peut voir une Croix de Passion ou Croix des Outrages. Sur
la croix ont été ajoutées des étoles pendant la période
du Carême qui précisément a commencé ce jour, 9 mars,
Mercredi des Cendres... L'intérieur est beaucoup plus austère, avec
des retables en marbre clair et cependant un maître-autel plaqué
d'argent.
La nuit est déjà tombée et toujours sous un
crachin persistant, je quitte la place où donnent aussi la préfecture
et le palais de justice et je poursuis ma promenade en empruntant la rue piétonne
Jiron-Lima, avec ses boutiques pour touristes, jusqu'à la place
Parque Pino. Près de là, San Juan, une église
moderne, de style néo-gothique dresse là ses trois porches tandis
qu'un podium a été installé pour défendre les candidatures
des représentants du parti Solidaridad Nacional: Óscar Luis
Castañeda (maire de Lima de 2003 à 2010) pour la présidence
et, localement, Lucio Morales comme représentant régional au Congrès.
Musique tonitruante, discours et soudain étrange appartion d'un faire-valoir
féminin, vêtue d'une robe en matière satinée de couleur
claire et décorée de motifs à fleurs...
Il pleuviote toujours, je ne saisis
pas grand chose des discours pourtant sonorisés, j
Je commence à
avoir faim malgré mon mal au crâne, donc je décide de rentrer
à l'hôtel à 18h.
On nous y servira de la viande d'alpaga.
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Après une mauvaise nuit en raison de ma céphalée, et après
un petit-déjeuner nous gagnons l'embarcadère pour une petite "croisières"
sur le Lac Titicaca, plus précisément vers les îles de roseaux
des Uros.
Il est tôt (6h30) et il fait frais (9°).
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Pour les
francophones, on s'amuse souvent à parler d'un "lac enfantin"
en sous-entendant sa déformation en "lac pipi-caca".
Carlos
renchérit là-dessus en disant : "Le Pérou a la partie
pipi. Nous laissons le caca à nos amis boliviens".
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Mais revenons à des choses sérieuses, le lac navigable le plus haut du monde!
Le
Lac Titicaca, à 3820m. d'altitude, profond de 270m, couvre 8500 km²
(ou 9000?). Un peu plus de la moitié de ses eaux appartiennent au Pérou
et le reste à la Bolivie. Les Péruviens y pêchent tout particulièrement
des truites et les Boliviens des perches.
C'est le lac le plus long (200km)
d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable du monde. De mini marées
de quelques dizaines de centimètres s'y produisent. La température
de l'eau bien que fraîche (13°) a un effet d'atténuation du froid
nocturne et ce microclimat bénéficie aux zones de cultures du rivage
pendant l'hiver austral.
C'est
autour de ce lac que se développa la civilisation de Tiwanaku ou Tiahuanaco
dans les régions s'étendant au sud du Pérou, au nord du Chili
et à l'ouest de la Bolivie à partir de 500 av. J-C, à la
suite du déclin de la civilisation de Chavín, et jusqu'en 950 de
notre ère. Elle se caractérise par une grande maîtrise de
la taille de la pierre et une architecture préfigurant celle des Incas
avec de grandes statues anthropomorphes et une pyramide à sept degrés
et au plan en forme de croix andine. Cette civilisation a également fortement
influencé celle de Huari.
Quant
aux Uros, ils formaient une tribu qui s'était réfugiée sur
les rives du lac pour échapper aux agressions des Collas puis des Incas.
Les
légendes sur les origines des Incas auraient un lointain rapport avec
la réalité.
Une
première légende fait penser au Paradis Terrestre de nos religions
monothéistes nées au Moyen-Orient...
Les hommes vivaient heureux
dans une vallée fertile mais il leur était interdit de gravir les
montagnes peuplées par les dieux, les apus. Le diable leur dit d'aller
dans la montagne chercher le feu sacré pour écarter le malheur.
Les dieux courroucés firent alors sortir des cavernes des pumas, qui dévorèrent
la population. Inti, le dieu du soleil pleura pendant 40 jours et 40 nuits
sans s'arrêter, ce qui inonda la vallée et créa le lac Titicaca.
Seul un couple survécut en se réfugiant dans une barque d'où
ils virent les pumas transformés en pierre. C'est pour cela que le lac
s'appelle el lago de los pumas de piedra, "le lac aux pumas de pierre".
La proue des barques (les balsas) de roseaux ont la forme d'une tête
de puma rappelant cette légende.
Selon une autre légende Manco
Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil Inti, lui-même
fils de Viracocha, le dieu créateur, frère et sur (fils
et mère! selon certains ouvrages) et mariés l'un à l'autre,
seraient nés de l'écume du lac Titicaca, avec la mission d'apporter
la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout
dévasté et de fonder la capitale du futur empire dans un lieu fertile.
Cette capitale devait être établie à l'endroit où s'enfoncerait
la crosse sacrée de Manco Cápac.
Une variante raconte que quatre
frères, issus de la grotte de Pacaritambo, et leur épouses arrivèrent
à Cuzco après une série d'aventures. Un de ces quatre frères,
Ayar Manco réussit à fonder la cité Inca de Qosqo devenant
ainsi le premier gouverneur de l'empire Inca et prenant le nom de Manco Cápac.
Selon
l'hypothèse scientifique la plus communément admise, les fondateurs
de la civilisation inca provenaient bien des rives du lac Titicaca. S'alliant
aux Quechuas ils auraient gagné un territoire plus au nord et se seraient
établis à Cuzco.
Une autre légende, contemporaine
de la Conquête espagnole, nous dit que le Lac Titicaca recèlerait
une partie du trésor destiné à payer la rançon de
l'Inca Atahualpa et qui aurait jetée dans le lac après que Pizarro
eut renié sa promesse de libération. Le commandant Cousteau commença
quelques vaines recherches dans les années 1970.
On dit aussi que le
lac recouvre une cité engloutie...
Le
port de PUNO a hébergé une véritable petite flotte à
l'époque coloniale. Ce fut d'abord une goélette américaine
en 1855 puis deux navires à vapeur commandés en Angleterre qui arrivèrent
en pièces détachées en 1862, le Yavari et le Yapura. Ce dernier
est toujours en service et sert aujourd'hui de navire-hôpital (sous le nom
de BAP Puno) en se rendant dans les villages qui bordent le lac. La flotte fut
renfocée par le Coya commandé en Ecosse en 1892. Il a faillit aller
à la ferraille en 2001 et a été sauvé de justesse
par un mécène. Chance que n'a pas eue l'Inca pourtant plus jeune
(1903).
Le lac accueille aussi l'Ollanta, la drague Zuñiga II
et le ferry Manco Capac...
Sous
un ciel toujours chargé, notre promenade de deux heures se déroule
dans la baie de Puno qui représente à peine le dixième de
la surface du lac lorsque celui-ci est a son niveau le plus haut, comme actuellement
où, après des pluies abondantes, son niveau s'est accru de 80cm.
Le Lac Titicaca est candidat
au classement du site au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO.
Au bout d'une vingtaine
de minutes de navigation sur un chenal où des Indiens récoltent
des roseaux ou pêchent tandis que des porcs divaguent en liberté,
nous arrivons sur un plan d'eau bordé par les étranges villages
flottants des Uros constitués d'une quarantaine (ou d'une soixantaine?)
d'îlots occupés par quelque 2000 habitants. Mais peut-on encore parler
des Uros? Ce serait abusif car les Uros ont disparus dans les années 1950.
Les habitants des îles de roseaux sont maintenant des Aymaras, parfois métissés
d'Uros, qui exploitent le business touristique et mettent en scène le mode
de vie des Uros. Les îlots les plus importants portent des services publics:
école, bureau de poste, petit terrain de jeu.
La
particularité de ces îles, c'est qu'elles sont artificielles. Elles
sont faites d'un assemblage de mottes de roseaux ou plus exactement de quenouilles
ou massettes appelées ici totoras, proches des roseaux et ressemblant à de grands
joncs. Le tout est amarrés par des cordages végétaux sur
le fond vaseux, puis recouvert de tiges. Au fur et à mesure de leur pourrissement,
il faut recharger avec des couches de tiges fraîches.
La
période que nous avons choisie n'est peut être pas idéale
pour avoir du soleil mais elle présente au moins l'avantage d'éviter
l'afflux touristique des mois de juillet-août.
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Nous
débarquons sur l'île pompeusement baptisée Corazon del
Lago ("coeur du lac"!). Les premiers pas sur "la terre
pas ferme" donnent une curieuse mais pas désagréable sensation
de se mouvoir comme sur un matelas.
Ici, presque tout tourne autour du
fameux "roseau". On en mange la partie inférieure blanche comme
s'il s'agissait de blanc de poireau.
On en fait aussi les huttes et même des barques,
les balsas. Les barques de roseaux mesurent de 3 à 4 mètres de
long et pèsent 40 kilos. Elles sont faites de bottes de tiges séchées,
assemblées à l'aide de fines cordes. Sur la côte, le même genre de technique en voie
de disparition était utilisé pour fabriquer des caballitos de
totora, des "petits chevaux de roseaux" que les pêcheurs chevauchaient
comme des sortes de planches de surf, en se laissant à l'occasion porter
par la vague.
Dans la pure tradition, ces embarcations pourrissaient en
quelques mois, aussi, désormais, elles sont plus ou moins factices, les
roseaux masquant des bidons qui assurent la flotabilité.
Sur les îles, on peut voir des viviers, de minuscules jardinets et des petits élevages de cuys et de canards. En complément, les îliens pratiquent la pêche et la chasse au canards qu'ils font sécher au soleil.
Mais le tourisme est sans doute aussi une ressource essentielle: pourboire des agences pour les visites, ventes d'objets artisanaux (tissus aux couleurs vives) et promenades optionnelles en barques de roseaux.
Après
la démonstration du principe de la construction des îles de roseaux
par des hommes coiffés de leur bonnet de tricot à oreillettes,
le groupe a effectué une bien agréable promenade autour de quelques
îles pendant une vingtaine de minute sur un catamaran de roseaux, une double
barque, entraînée par deux rameurs (coût: 5 soles par
personne) avec proues tressées en forme de tête de puma (cf. légende
déjà évoquée). Nous avons l'occasion de croiser le
bateau-épicerie qui va d'île en île.
La modernité
a du mal à se dissimuler. On peut apercevoir dans des huttes des bouteilles
de gaz bien plus pratiques que le foyer traditionnel en plein air. Des petits
panneaux photovoltaïques donnent de l'énergie électrique pour
s'éclairer au lieu des bougies et permettent de voir la télévision.
Quant au costume, s'il est préservé extérieurement en premier
regard, il ne cache pas les pulls et sous-pulls en acrylique ou les pantalons
de marque Adidas (ou contrefaçons!)...
Pour visiter les îles éloignées (jusqu'à 30km), Taquile (dénommée aussi Huillanopampa, encore peuplée de 1500 habitants) et Amantani (Ocosuyo), il faudrait disposer d'au moins une journée entière (voire plus si l'on y dort). Il pourrait également être intéressant de visiter les villages de Llachon, Juli et Challapampa.
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Revenus au port de Puno vers 9H, il faut prendre la route en
direction de Cuzco.
Pendant
quelques dizaines de kilomètres, les zones de cultures alternent avec des
ruisseaux et de branches du lac. Nous repassons à Juliaca et c'est l'occasion
de voir de nombreuses boutiques vendant des produits vétérinaires
pour les éleveurs d'alpagas, de vaches, porcs, volailles...
L'état
du revêtement de la route devient franchement mauvais.
Pause technique
vers 11h. Dans la boutique de l'établissement, un étalage de petites
figurines colorées portant sacs de bonbons et billets de cent dollars.
Il s'agit du porte-bonheur andin, du fétiche Ekeko.
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Peu à
peu l'étau des cordillères semble se resserrer dans le paysage environnant.
La route s'élève imperceptiblement et les montagnes élancées
aux sommets enneigés semblent proches.
A 13h nous arrivons au
Col de la Raya, à 4335m (ou 4319m?), d'où le rio Urubamba prend
sa source pour aller former l'Amazone.
Arrêt au milieu des vendeurs
d'articles d'artisanat installés sur un terre-plein dominant une petite
station de chemin de fer où un train de la compagnie PeruRail allant
de Puno vers Cuzco se trouve justement à l'arrêt tandis qu'un bus
est là pour assurer la correspondance.
S'agit-il du train Andean
Explorer qui fournit un voyage luxueux de 10 heures, avec déjeuner,
entre Cusco et Puno, et dont les voitures sont décorées dans un
style de L'Orient Express?
Ce n'est qu'à
14h que nous ferons étapes dans le restaurant Feliphon, à
la sortie de la ville de Sicuani.
Nous avons l'occasion de déguster
un plat typique traditionnel, le ceviche, un plat de poisson cru "cuit"
dans le jus de citron.
Après quelques
mimiques à destination des lamas, c'est de nouveau la route qui descend
progressivement vers Cuzco.
Les reliefs sont encore plus proches, le ciel
plus lumineux, les villages plus importants. La végétation aussi
a changé depuis La Raya. Elle est plus luxuriante et plus arborée:
agaves et eucalyptus exogènes car ces derniers ont évincé
les espèces endémiques (on trouve 4 variétés d'eucalyptus
au Pérou parmi plus de 700 existant dans le monde!).
Nous
n'avons pas le temps de nous arrêter pour visiter les villages de Racchi
ou Raqchi (vestiges du temple de Viracocha, greniers, maisons circulaires - colcas...)
ou de Andahuaylillas (surnommée "la Sixtine des Andes" pour les
fresques indiennes décorant l'église).
Il est un peu plus
de 16h30 lorsque, au risque de s'enliser, notre chauffeur nous permet un bref
arrêt au site huari (ou wari) de Piquillacta, à 30km de Cuzco.
Une muraille de 3m de haut protégeait cette ville pré-inca. Nous
ne visitons pas le village mais nous nous contentons d'admirer l'immense double
porte de Rumicola, bien préservée. Sur des fondations huaris,
les Incas la construisirent pour se protéger justement des Huaris.
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Le
ciel est très sombre au dessus de Cuzco. Nous passons près du monument
dédié à Pachacutec (Pachacuti Yupanqui Inca qui
régna au milieu du XVe s., fils de Viracocha).
Vers 17h30,
la nuit est tombée sur CUZCO, Carlos nous propose de visiter un
magasin d'orfèvrerie. Celui-ci se situe sur les hauteurs de la ville, non
loin de la statue du Christ Rédempteur, immaculée sous le feu des
projecteurs, dans un secteur où se trouve également le site de la
forteresse de Sacsahuaman.
Une visite qui se solde par de bien maigres achats.
Il faut dire que les clients potentiels étaient épuisés par
leur longue journée.
C'est avec un bien plus grand plaisir que
nous avons enfin gagné notre hôtel Agustos, en périphérie
est de la ville.
L'altitude affecte aussi d'autres touristes que nous comme
en témoigne la présence d'une femme installée dans le salon
avec le masque à oxygène...
PEROU