Salinas et Aguada BlancaNécropole de SILLUSTANIPUNOLAC TITICACA (UROS)

Sur les Hauts Plateaux (1)
Nécropole de Sillustani (
2)
Puno, Lac Titicaca (3).
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EQUECO ou EKEKO
(IQIQU en langue aymara, EKJAKJO en quechua)
et autres fétiches...

EKEKO

C'est le dieu de l'abondance, de la fertilité et de la joie, d'origine aymara (ou colla).

L'origine de ces figurines remonte à la Culture Tiahuanaco ou Tiwanaku (centrée en Bolivie), passée aux Aymaras et enfin adoptée par les Incas.

Son culte était associé aux fêtes du solstice d'été austral. En or, en terre cuite ou en pierre, il se présentait alors sous les traits d'un Indien nu et bossu et avec un phallus bien apparent, indispensable symbole de la fertilité. L'Eglise dans sa lutte pour éradiquer le paganisme a réaménagé le personnage, du moins au niveau de l'apparence: il a des traits de métis ...et surtout il est habillé.
Il se présente donc désormais sous forme d'un personnage moustachu et souriant, avec un peu d'embonpoint, habillé de vêtements typiques des hautes terres (bonnet, poncho). Le plus souvent la figurine est en vulgaire plâtre peint.
Il porte accroché à ses vêtements un symbole de tous les biens matériels qu'on peut imaginer: maison, sachets de graines, nourriture, maison, voiture et faux billets (dollars!). Si l'on souhaite de l'amour, il faut lui accrocher une figurine de coq ou poule (!).
Une fois l'an, on glisse une cigarette allumée dans sa bouche ouverte et elle doit se consumer complètement pour être un heureux présage.
Il en existe des versions en modèles réduits, sous forme de pendentifs ou de porte-clés.

Aux anciennes croyances se superpose une légende romantique bolivienne qui remonte au siège de La Paz par des Indiens révoltés conduits par Túpac Katari contre les colons espagnols en 1781.
Paulita Tintaya
était amoureuse depuis toujours d'un garçon de son village, Isidoro Choquewanca. Elle avait dû partir travailler à la ville mais avant son départ Isidoro lui avait remis un Ekeko que Paulita plaça à l'extérieur de la maison de ses maîtres. Enrôlé dans l'armée indigène assiégeante, Isidoro, retrouva ainsi facilement cette maison et déposa secrètement chaque semaine de la nourriture près de la statue, ce qui permit à sa bien-aimée de ne pas mourir de famine...

Ekeko est célébré en Bolivie, non plus au solstice d'été, mais le 24 janvier lors du Festival Alasitas. Dans d'autres régions des Andes, il est fêté en octobre, à l'occasion des festivals de printemps.

 

...et autres fétiches péruviens...

On trouve sur les marchés des foetus de lamas desséchés.
En offrande à la Pachamama, la déesse-terre, on les enterre pour éloigner le mauvais sort des maisons ou dans un champ pour favoriser les bonnes récoltes.


Foetus de lama séché, porte-bonheur

Quant aux paires de taureaux en poterie encadrant une la Croix de la Passion ou Croix des Outrages, apport colonial intégré par les Indiens, ils ont aussi le pouvoir d'attirer la réussite. Ils sont signes de force et de fertilité.

Taureaux et croix fétiches

 

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En quittant AREQUIPA, aux lueurs de l'aube (6h30), derniers regards sur la ville et sur les montagnes qui l'entourent, d'abord de la terrasse de l'hôtel puis du bus qui prend la direction du nord-est, vers Puno, à travers la Réserve Naturelle de Salinas et Aguada Blanca.

A la sortie de la ville, les ouvriers cherchant l'embauche à la journée se rassemblent à certains carrefours tandis qu'un peu plus loin encore on voit les bidonvilles partir à l'assaut des pentes puis bientôt remplacés par des cactus cierges et par endroit par des lupins à fleurs bleues, une graminée endémique (les graines de certaines variétés ne sont pas comestibles).
Puis c'est la traversée de la steppe désertique de la vallée de Qiscos.


Hauts plateaux entre AREQUIPA et PUNO 
Hauts plateaux entre AREQUIPA et PUNO 
Hauts plateaux entre AREQUIPA et PUNO 
Hauts plateaux entre AREQUIPA et PUNO 
Hauts plateaux entre AREQUIPA et PUNO 

Cette fois, c'est donc bien parti pour la haute altitude et il convient de compléter la préparation que nous avions commencée en absorbant quelques mate de coca à l'hôtel. C'est une infusion soit de feuilles soit de poudre de feuille, et qui a un pouvoir énergisant comme le thé et le café et qui est sensée atténuer le mal aigu des montagnes (cette tisane permettrait également de faciliter la digestion, d'atténuer la fatigue physique...).
Rien à voir avec la cocaïne!


Il faut savoir que pour obtenir un gramme de cocaïne pure (les trafiquants de drogue fournissent souvent un produit qui en contient moins de 35%), il faut traiter un kilo de feuilles et appliquer une drôle de chimie peu ragoûtante utilisant du kérosène, de l'acide chlorhydrique...
L'usage de la coca fut interdit à partir du Concile de Lima en 1551 par le clergé qui y voyait dans son utilisation par les Indiens un sens religieux mais cela entraina une baisse de rendement des mineurs que la Couronne espagnole autorisa à en consommer à nouveau à partir de 1573 et on en vint même à en imposer la mastication en grandes quantités! L'ecgonine, l'alcaloïde contenu dans la plante fut isolé par un chimiste allemand de Göttingen en 1860 sous forme de chlohydrate. On l'utilisa en France dans le vin Mariani et aux Etats-Unis dans le Coca-Cola, version 1886 jusqu'à sa prohibition en 1914 par les Etats-Unis puis en 1950 et en 1961 par les Nations Unies considérant la coca comme un stupéfiant alors que le Evo Morales, leader des petits producteurs cocaleros devenu président de la Bolivie en 2005, a inscrit la coca comme Patrimoine Culturel dans la Constitution bolivienne.
Lorsque l'on mâche de la coca, on utilise environ 8 grammes de feuilles dont la mastication va se polonger longuement et les effets stimulant se faire sentir progresivement.
"C'est le café des peuples andins".

Carlos nous explique par le menu la façon de mitonner une bonne prise de coca.
Il faut prendre une dizaine de feuilles, y déposer un peu de cendre, enrouler le tout et le glisser dans la bouche, en le laissant s'humidifier avant de commencer la mastication. Ca ne vaut pas un chewing-gum et ça nous donne plutôt l'air de ruminants.

Justement à propos de ruminants, alors même que nous ne sommes pas encore entrés dans la Réserve, nous avons la chance de voir un groupe non pas de lamas mais plus précisément des vigognes qui vivent à l'état sauvage.
Précautionneusement et aux aguets, le groupe d'une bonne douzaine d'animaux traverse la route devant notre bus puis s'en va paître au bord de la voie ferrée toute proche. Le mâle, chef du harem, se distingue par sa vigilance et sa queue redressée.
Leur laine servait à fabriquer les vêtements impériaux des Incas... c'est peu dire. La laine du dos est la plus appréciée et son prix au kilo peut atteindre 700$.

Il faut faire une distinction entre les différents camélidés sud américains (pendant un temps, on crut que ces animaux appartenaient à la même famille que les moutons!).
Il y a un million d'années, avant la séparation des continents, à l'origine les camélidés vivaient en Amérique du nord d'où ils ont disparu (probablement exterminés pour la consommation de leur chair) mais ils se sont diffusés ici, dans le sud de l'Amérique et, surtout sous forme d'animaux plus corpulents, dans l'Ancien Monde, avec les chameaux d'Asie centrale et les dromadaires que l'on trouve de l'Asie méridionale à l'Afrique de l'Ouest. Comme on le voit, ce sont des animaux qui ont eu la faculté de s'adapter à des conditions climatiques extrêmes: haute montagne, déserts chauds aussi bien que froids.

Ici on a affaire au genre Vicugna alors que dans le genre Lama, on distingue les lamas proprement dits, les guanacos et les alpagas (ou alpacas).
Dans le genre Lama, le lama (Lama Glama) proprement dit, la taille des animaux atteint 1,20m à l'encolure et l'animal peut peser 150kg.Les lamas vivent en harem composés de 6 femelles. La gestation dure 12 mois et la mise bas est annuelle. C'est un animal de bât qui refuse tout service au-delà d'une charge de 30kg. Le lama est surtout présent en Bolivie. Sa chair est consommée.
L'alpaga est plus petit que le lama mais est également domestiqué pour l'intérêt que représente sa laine. Il vit sur les hauts plateaux andins dans les zones humides. Leurs harems sont composés de 5 à 10 femelles. La gestation dure entre 8 et 12 mois (!). Nous allons en rencontrer peu après. Utilisé avant tout pour sa laine, on consomme aussi sa viande, une viande blanche maigre (0% de cholestérol).
Le genre guanaco est devenu rare au sud du Pérou mais on le rencontre jusqu'à la Terre de Feu (Argentine et Chili). C'est un animal sauvage, de taille assez comparable au lama mais avec des pattes et un cou plus fin. La gestation dure 11 mois et la mise bas a lieu en février.

Maintenant, parlons plus en détail de nos vedettes du genre Vicugna.
La vigogne est plus élégante (en général moins de 1m au garrot pour 50kg) que les lamas, avec un long cou, un museau fin, des oreilles et pattes fines et pointues, le dos de couleur fauve et le ventre blanc... Elle vit sur les hauts plateaux andins dans les zones humides. La gestation durant de 11 à 13 mois (!), ce n'est donc que tous les deux ans que les femelles mettent bas pendant la saison des pluies, de décembre à mars. La chair a un goût très fort ce qui n'empêchait pas la chasse car le but était de prendre sa laine, plus douce que celle de l'alpaga. De 1,5 million de têtes à l'époque inca, la population est aujourd'hui 10 fois moindre. Désormais seules certaines communautés conservent un droit de battue avec un piège clôturé pour effectuer la tonte, les animaux étant ensuite relâchés.

Tous genres de camélidés confondus, on compte 2 millions de têtes au Pérou et ils se nourrissent d'une graminée sauvage, l'ichu.


C'est après cette superbe rencontre que des panneaux nous indiquent la possible présence de ces animaux puis nous arrivons au début de la réserve comme l'indique un panneau annonçant "Zone de Vicuñas," à l'altitude de déjà 4268m.
Tout va bien encore par rapport à ces hautes altitudes!

Une demi heure plus tard, c'est un troupeau d'alpagas que nous avons l'occasion d'observer.
Cette fois, il s'agit d'animaux domestiques puisque l'on voit un berger
coiffé de son bonnet de tricot à oreillettes et accompagné de son chien. Cette variété de lamas est douce et calme, s'accommodant très bien de la compagnie de l'homme, pouvant presque être un animal de compagnie ou d'ornement.
La fibre de sa laine est beaucoup plus appréciée que celle de mouton (mais bien moins que celle de vigogne) et se présente naturellement dans une cinquantaine de coloris naturels. Comme les animaux ne sont pas systématiquement tondus tous les ans, leur épaisse fourrure fait que certains ressemblent à des moutons.
Cet animal peut cracher sur ses congénères, voire sur des humains, une mixture acide de broyat d'herbes provenant de son estomac.

Trois quarts d'heure plus tard, nous arrivons au col de Crucero Alto à 4528m.

A l'horizon apparaissent des sommets enneigés. La végétation est plus maigre et cependant nourrit toujours des troupeaux d'alpagas. Des enclos de pierre sèche se dessient sur les flancs des collines. Dans des lacs peu profonds, on peut voir quelques flamands roses dans le secteur des Lagunillas.

Le froid se fait plus vif, si l'on en juge aux plaques de neige qui apparaissent çà et là. Dee15° on est descendu à 5°. Il fait franchement froid à 4174m. lors de l'arrêt au Mirador Edouardo Sanchez qui domine un lac artificiel de 66km² destiné à irriguer 30 000 ha.
Le mal des montagnes ne semble pas encore trop nous affecter, à part certains qui ressentent une sorte de vertige ou qui ont le souffle un peu court.

Entre AREQUIPA et PUNO - Lac E. Sanchez (4174m.)

 

Poursuivant notre descente, aux troupeaux d'alpagas nous voyons s'ajouter quelques petits troupeaux de vaches. Quelques fermes isolées précèdent la station de pesage de Santa Lucia, un petit village aux maisons basses, construites en adobe (brique de terre crue) avec une couverture de roseaux de plus en plus souvent remplacée par des tôles... qui se voient de loin.
Dans ce village se croisent la route de Puno et une voie ferrée.
C'est une région où s'effectuent les échanges entre les éleveurs et les cultivateurs des hauts plateaux en vue de l'hiver austral: viande séché, pommes de terre déshydratées.

 

Toujours sous un ciel plombé, avec quelques petits interstices d'azur, nous arrivons dans une région où l'on voit de parcelles couvertes de fleurs jaunes (plants de moutarde servant de fourrage ?), des cultures de quinoa (nom de genre masculin!), de pommes de terre aux fleurs bleutées, de fèves. Autres cultures vivrières: petits pois, blé, oignon, ail et carottes dès lors que des microclimats y sont favorables.
Les fermes et les villages sont plus nombreux. Cela ne doit pas faire illusion car nous sommes là dans l'une des régions les plus pauvres du Pérou.

 

 

Culture de fèves

 

Vers 11h30, nous passons près de briqueteries artisanales et un quart d'heure plus tard nous entrons dans une ville à l'allure de far-west, Juliaca. Une ville de 220 000 habitants qui a poussé sans aucun contrôle de l'urbanisme, sans infrastructures (il faut les mettre en place après coup) comme en témoigne la vue des rues.
Cette ville à l'allure de Far West est la capitale d'une petite province de la région de Puno et profite de l'existence de la voie ferrée et de l'aéroport à partir duquel on peut se rendre au Lac Titicaca.

Nous déjeunons à l'étage d'un hôtel Suites Don Carlos à Juliaca où l'on nous sert un potage de légumes et une truite saumonée (ce poisson abonde dans les Andes) panée et accompagnée de légumes cuits à la vapeur.


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Visites de la nécropole de Sillustani * et d'une maison de paysans

Nous reprenons la route à 13 heures, accompagnés par une jeune guide d'origine aymara, Anna (surnommée "chocolat" ! allez savoir pourquoi?). L'ethnie aymara réside dans la région du Lac Titicaca: 10% au Pérou tandis que 90% vit en Bolivie.

Quand ce n'est pas une propagande électorale qui est envahissante, c'est la publicité commerciale qui s'insinue partout. L'Inca Kola offre un kiosque à l'agent de police de la circulation. Heureusement, il s'agit d'une boisson sans alcool et même sans coca!

L'Inca Kola est une boisson gazeuse apparue au Pérou dans les années 1930, en reprenant en partie la recette d'une ancienne boisson indienne à base d'une plante du genre de la verveine, l'"Hierba Luisa". Bien que rachetée par Coca-Cola en 1999, cela reste la boisson gazeuse nationale au Pérou.

Toujours le même ciel mêlant azur et nuages qui semblent tout proches de nous, disons plutôt que c'est nous qui sommes proches d'eux... Nous empruntons pour un petit moment une route qui relie le Pérou (et même la Bolivie) au Brésil, via l'Amazonie.

Toujours le même paysage avec les cultures vues précédemment jusqu'à ce que nous arrivions dans un secteur de petites fermes coquettes, avec leurs murs de pierre ou d'adobe, leur toitures de roseaux et un mur avec un protail surmonté d'un arc donnant accès à une cour intérieure. Quelques habitant(e)s se tiennent devant ce portail, souvent en compagnie de lamas ou d'alpagas... Rien de bien naturel à tout cela! Ca sent la dérive touristique à plein nez.
Effectivement, quelques minutes plus tard nous arrivons au village qui s'étend au pied d'une sorte de colline (comment dire lorsque l'on est à près de 4000m. ?) formant une presqu'île du Lac Umayo. Il est manifeste que la vie de ce secteur va de plus en plus reposer sur le tourisme comme en témoignent les travaux de pavage d'une rue qui conduira au site. En attendant, notre cheminement hors sentier est plus chaotique mais non dénié d'attrait car nous passons par des petits champs, jardins et arrières de maisons...

 

SILLUSTANI près de Puno et du L. Titicaca 
SILLUSTANI près de Puno et du L. Titicaca 
SILLUSTANI près de Puno et du L. Titicaca 

Au pied de la nécropole pré-inca, plus précisément au pied de la Tumba del Lagardo ("la tombe au lézard"), on peut voir les vestiges d'une construction à base circulaire qui ferait penser à un chemin de meule ou à un cromlech de chez nous. C'était probablement un dispositif astronomique.


Cette nécropole se distingue par ses tours funéraires, les chullpas ou ayahuasis où l'on plaçait les momies des nobles des Collas (ou Coyas), tribus de guerriers descendant de la grande civilisation de Tiahuacano qui s'était épanouie dans toute la région du Lac Titicaca avant qu'elle soit supplantée par les Incas. Elles

Ces tours ont été construites entre 1200 et 1535. De forme curieusement évasée, ces tours sont constituées de blocs d'une pierre à grains, polis et parfaitement assemblés.
On faisait entrer la momie par une ouverture située à la base de la tour et orientée à l'est, direction du soleil levant qui dans toutes les civilisations anciennes (en Egypte, par exemple) symbolise la renaissance ou la réincarnation. Chaque tour pouvait recevoir jusqu'à une dizaine de momies d'une famille.
On dénombre une quarantaine de chullpas plus ou moins en bon état et certains s'élèvent jusqu'à 12m de haut.

Il est un peu plus de 15h lorsque nous quittons le site sous un ciel qui se fait franchement menaçant et d'où ne tardent pas à tomber bientôt quelques grosses gouttes...

 



SILLUSTANI - visite d'une ferme 
SILLUSTANI - visite d'une ferme 
SILLUSTANI - maison des ''cuys'' 

Environ 5 minutes de bus et nous nous arrêtons pour visiter l'une de ces fermes-écomusées devant laquelle nous attendent un père de famille, une fillette ainsi qu'une ménagerie avec trois lamas adultes (dont un alpaga?) et deux jeunes dont l'un qui tête sa mère.

Le portail donnant accès à la cour est surmonté par le porte bonheur traditionnel, également souvent présent sur le faîtage des maisons, un couple de taureaux en poterie, signes de fertilité.
Très souvent, chez les catholiques, entre les deux animaux, on ajoute une Croix de Passion ou Croix des Outrages (avec l'échelle, la lance, etc) en miniature (on en a vu une grande sur le parvis d'une église à Arequipa et on en verra d'autres à Puno ou à Cuzco notamment). Ce genre de fétiche est donc de tradition postcoloniale puisque les boeufs tout comme la croix ont été introduits par les Espagnols. Comme on l'a vu à Arequipa et comme on le verra après-demain dans la cathédrale de Cuzco, nous avons nous les yeux un témoignage du syncrétisme qui s'est développé après la conquête de l'empire inca par les "très catholiques Espagnols".

La courte visite, une vingtaine de minutes, n'en est cependant pas inintéressante.

Deux petites constructions en pierre et couvertes de roseaux servent l'une de chambre et l'autre de cuisine bien qu'une partie de celle-ci se fasse en plein air, ce qui est plus commode pour évacuer la fumée.

Le père semble pratiquer le tissage tandis que sa femme file la laine d'alpaga. Des petites pièces tissées en laines de couleur naturelle allant du blanc au marron foncé sont exposées. Les sujets sont représentés de façon naïve: maisons, lamas, chullpas et encadrés de motifs géométriques. Une femme plus âgée s'affère auprès du feu. Quatre enfants jouent autour de nous. Il ne faudrait pas oublier la maison miniature qu'habitent les cuys, les fameux cochons d'Inde. Sur les murs extérieurs sont accrochées différentes herbes sèches ainsi qu'un bocal d'alcool dans lequel on peut voir un serpent blanc. Nous n'aurons pas d'offre de dégustation... Ouf!

Tandis que le ciel est noir d'encre et que le tonnerre se fait de plus en plus proche, sur un muret au centre de la cour, on nous présente les légumes traditionnels: différentes graines (quinoa, haricots...), différentes couleurs et formes de pommes de terre fraîches (on en compte plus de 3000 variétés au Pérou!) ou déshydratées noires (chuño) ou blanches (moraya) ou autres tubercules (ulluco).


 LA POMME DE TERRE

La pomme de terre est le "Trésor enfoui des Andes" que l'on trouve jusqu'à 3500 mètres d'altitude, voire davantage. Il y a plus de 8000 ans, elle y a été domestiquée, à partir d'espèces sauvages, amères et immangeables. Notre pomme de terre (Solanum tuberosa) appartient à la même famille que la tomate, l'aubergine, les poivrons, les piments, le tabac et certaines mauvaises herbes (morelles). Les feuilles, tiges  et les fruits de certaines de ces plantes, dont notre pomme de terre, contiennent une substance toxique (la solanine). Dans les Andes, la variété des conditions de culture (altitude, ensoleillement, humidité, vent, nature des sols) a conduit les paysans andins à essayer divers plants jusqu'à obtenir diverses variétés adaptées à ces diverses conditions.
C'est un aliment assez riche, non seulement sur le plan calorique mais aussi pour ses apports en minéraux (fer, zinc) et  vitamine B. Nos variétés contiennent un peu plus de 20% de matière sèche (une fois la pulpe déshydratée) alors que les variétés andines, moins productives, en ont jusqu'à 40%
La découverte par les Européens de la pomme de terre est concomitante avec l'arrivée de Pizarre en Colombie en 1531. La culture pomme de terre va rester encore longtemps une curiosité des jardins ou une particularité régionale et ce jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Son classement dans la même famille botanique plusieurs plantes venimeuses ou réservées à un usage médicinal ne va pas jouer en faveur du tubercule. Dans le sud de l’Europe, elle va circuler de cours en couvents, d'Espagne en Italie et sauver l'Europe de la famine. Ce fut par la suite l'aliment des troupes napoléoniennes. C'est la base de la tortilla espagnole, des gnocchis italiens... Des musées lui sont même consacrés en Allemagne, en Belgique, au Canada et au Danemark.
Ponctuellement, elle fut cultivée dans l'est et dans l'ouest de la France au XVIIIe siècle. A partir de 1772, son promoteur est Antoine Parmentier. La légende lui attribue un stratagème pour inciter le peuple à s'approprier ce légume alors que la France était touchée par la disette depuis 1785. En faisant monter la garde en journée autour de parcelles plantées du tubercule, on donne à penser qu'il est précieux, rare et cher et donc destiné à la noblesse. Il n'en faut pas plus pour que nuitamment les pauvres en dérobent.
Il ne faut pas confondre cette pomme de terre (patata en Espagne ou simplement papa dans les pays hispanophones d'Amérique latine) avec d'autres plantes américaines à tubercules comme les wapatoo (Sagittaria sagittifolia) une plante qui pousse dans les sols marécageux, ou les oca (Oxalis tuberosa) et les ulluco (Ullucus tuberosus) ces deux derniers tubercules dont nous avons parlé dans la page sur Arequipa.
 

A peine a-t-on repris le bus, que la pluie se met à tomber très sérieusement et nous accompagne jusqu'à Puno où nous arrivons après 16h.


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PUNO (120 000 habitant, 3827m. d'altitude), visite aux Uros du LAC TITICACA

La ville fondée en 1666 s'est développée grâce aux mines d'argent. La région est entourée au loin (20 à 30km) de chaînes de montagnes de tous côtés.
C'est à partir de cette ville que Tupac Amaru II lança sa révolte contre les Espagnols en 1780.
Deux anciennes civilisations indiennes s'étaient établies dans cette région, celle de Pukara de 250 ans av. J-C à 380 de notre ère puis la grande civilisation de Tiahuacano qui rayonna sur tout les sud du Pérou et sur la Bolivie, de 500 à 900 de notre ère . Ils furent remplacés par les Collas (ou Coyas), parlant le aymara, bientôt supplantés par les Incas...
Les rives du lac étaient habitées par les Uros parlant l'iru-utu, une population méprisée des autres cultures et qui a pratiquement disparu au milieu du XXe s. par l'exode et sa fusion dans le creuset démographique péruvien. Les Quechuas qui résident sur les îles Taquile et Amantani, à une trentaine de kilomètres plus loin, au coeur du lac, se différenciaient des modestes Uros en ce qu' ils s'enorgueillissent de la tradition qui veut que les fondateurs de l'Empire Inca surgirent du lac.

Jusqu'ici je ne me suis guère attardé à parler du mal des montagnes, appelé ici le soroche, pourtant il serait bon d'en dire quelques mots mintenant. D'ailleurs la bouteille d'oxygène que je vois dans un coin du hall de l'hôtel La Hacienda m'y incite.

PUNO - oxygène pour soigner le MAM

 

"Le" MAM (non, pas "la" MAM politicienne de chez nous!) ou mal aigu des montagnes, dès l'altitude de2000m. touche déjà 15% des personnes non acclimatées et la proportion s'élève à près des deux tiers lorsqu'on est à 4000m, ce qui se confirme dans notre groupe car certains compagnons de voyage sont déjà touchés depuis le milieu de la journée...

Les symptômes du MAM sont variables dans leur forme, leur intensité ou leur cumul: maux de tête, vertiges et étourdissements, crampes dans les mollets, insomnie, fatigue, perte d'appétit, nausées et vomissements... Ils disparaissent également dans un délai variable, 24h à quelques jours. Dans les cas les plus graves, au-delà de 5000m, la personne peut faire un œdème pulmonaire voire un œdème cérébral.
Ces maux sont dus à la raréfaction de l'oxygène apportée aux cellules du cerveau. Pour compenser, les rythmes respiratoire et cardiaque deviennent plus rapides mais cela ne suffit pas toujours, d'où ces maux et malaises divers qui se manifestent au bout de quelques heures (dans les 24 à 36h).

Pour ma part, je me pensais à l'écart de ce problème dans la mesure où j'ai souvent pratiqué des randonnées et des courses en haute montagne qui m'ont conduit à plus de 3000 voire 4000m (et même au sommet du Mont Blanc), sans souci de ce côté là. Il est vrai, que de telles incursions en altitude ne durent que quelques heures.
De plus, prenant ici régulièrement mes granules homéopathiques de coca depuis plusieurs jours, buvant tous les jours des mates de coca et ayant mâché ce matin des feuilles de coca selon le rituel prescrit par Carlos, j'étais persuadé de m'en sortir indemne... He bien, malgré tout cela, je dois avouer humblement que si tout allait bien jusqu'à la visite de la petite ferme de Sillustani.
Alors que nous sommes pourtant revenus en dessous de 4000m., je ressens de plus en plus fortement un mal de tête qui m'enserre le crâne, de la nuque au front. Pendant trois jours, je devrais le supporter malgré quatre prises quotidiennes de 1g de paracétamol dont l'effet n'a été que d'atténuer le mal et de façon très provisoire (2h environ), ce qui signifie aussi un piètre sommeil. En revanche pas de problème pour l'appétit, ce qui n'est pas le cas de tous. Nos collègues Yvette et Josiane ont pour leur part fait l'expérience de la médecine péruvienne. Le médecin appelé en cours de nuit a délivré des médicaments parfaitement efficaces.
Certains préconisent la prise d'un médicament préventif (Diamox) 24 à 48h avant l'arrivée en haute altitude mais on rencontre des avis contraires (effets secondaires, inefficacité).

Une pluie fine tombe sur Puno, malgré cela et malgré le mal de tête, je fais un petit tour en ville puisque notre hôtel est en plein centre ville.
Sur la place d'Armes, la cathédrale construite en 1756 dresse sa façade de pierre rouge mêlant styles Baroque, Renaissance et Indigène. Il m'est difficile d'en apprécier les détails en raison de la météo et de l'heure (il faudrait la voir le matin, en pleine lumière). Au pied de la tour gauche, on peut voir une Croix de Passion ou Croix des Outrages. Sur la croix ont été ajoutées des étoles pendant la période du Carême qui précisément a commencé ce jour, 9 mars, Mercredi des Cendres... L'intérieur est beaucoup plus austère, avec des retables en marbre clair et cependant un maître-autel plaqué d'argent.
La nuit est déjà tombée et toujours sous un crachin persistant, je quitte la place où donnent aussi la préfecture et le palais de justice et je poursuis ma promenade en empruntant la rue piétonne Jiron-Lima, avec ses boutiques pour touristes, jusqu'à la place Parque Pino. Près de là, San Juan, une église moderne, de style néo-gothique dresse là ses trois porches tandis qu'un podium a été installé pour défendre les candidatures des représentants du parti Solidaridad Nacional: Óscar Luis Castañeda (maire de Lima de 2003 à 2010) pour la présidence et, localement, Lucio Morales comme représentant régional au Congrès. Musique tonitruante, discours et soudain étrange appartion d'un faire-valoir féminin, vêtue d'une robe en matière satinée de couleur claire et décorée de motifs à fleurs...

Il pleuviote toujours, je ne saisis pas grand chose des discours pourtant sonorisés, j
Je commence à avoir faim malgré mon mal au crâne, donc je décide de rentrer à l'hôtel à 18h.
On nous y servira de la viande d'alpaga.

PUNO - la cathédrale PUNO - la cathédrale PUNO -rue piétonne PUNO - église San Juan PUNO en campagne électorale 

 

Après une mauvaise nuit en raison de ma céphalée, et après un petit-déjeuner nous gagnons l'embarcadère pour une petite "croisières" sur le Lac Titicaca, plus précisément vers les îles de roseaux des Uros.
Il est tôt (6h30) et il fait frais (9°).

PUNO - vue depuis l'hôtel

Pour les francophones, on s'amuse souvent à parler d'un "lac enfantin" en sous-entendant sa déformation en "lac pipi-caca".
Carlos renchérit là-dessus en disant : "Le Pérou a la partie pipi. Nous laissons le caca à nos amis boliviens".

LAC TITICACA

Mais revenons à des choses sérieuses, le lac navigable le plus haut du monde!

Le Lac Titicaca, à 3820m. d'altitude, profond de 270m, couvre 8500 km² (ou 9000?). Un peu plus de la moitié de ses eaux appartiennent au Pérou et le reste à la Bolivie. Les Péruviens y pêchent tout particulièrement des truites et les Boliviens des perches.
C'est le lac le plus long (200km) d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable du monde. De mini marées de quelques dizaines de centimètres s'y produisent. La température de l'eau bien que fraîche (13°) a un effet d'atténuation du froid nocturne et ce microclimat bénéficie aux zones de cultures du rivage pendant l'hiver austral.

C'est autour de ce lac que se développa la civilisation de Tiwanaku ou Tiahuanaco dans les régions s'étendant au sud du Pérou, au nord du Chili et à l'ouest de la Bolivie à partir de 500 av. J-C, à la suite du déclin de la civilisation de Chavín, et jusqu'en 950 de notre ère. Elle se caractérise par une grande maîtrise de la taille de la pierre et une architecture préfigurant celle des Incas avec de grandes statues anthropomorphes et une pyramide à sept degrés et au plan en forme de croix andine. Cette civilisation a également fortement influencé celle de Huari.
Quant aux Uros, ils formaient une tribu qui s'était réfugiée sur les rives du lac pour échapper aux agressions des Collas puis des Incas.

Les légendes sur les origines des Incas auraient un lointain rapport avec la réalité.
Une première légende fait penser au Paradis Terrestre de nos religions monothéistes nées au Moyen-Orient...
Les hommes vivaient heureux dans une vallée fertile mais il leur était interdit de gravir les montagnes peuplées par les dieux, les apus. Le diable leur dit d'aller dans la montagne chercher le feu sacré pour écarter le malheur. Les dieux courroucés firent alors sortir des cavernes des pumas, qui dévorèrent la population. Inti, le dieu du soleil pleura pendant 40 jours et 40 nuits sans s'arrêter, ce qui inonda la vallée et créa le lac Titicaca. Seul un couple survécut en se réfugiant dans une barque d'où ils virent les pumas transformés en pierre. C'est pour cela que le lac s'appelle el lago de los pumas de piedra, "le lac aux pumas de pierre". La proue des barques (les balsas) de roseaux ont la forme d'une tête de puma rappelant cette légende.
Selon une autre légende Manco Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil Inti, lui-même fils de Viracocha, le dieu créateur, frère et sœur (fils et mère! selon certains ouvrages) et mariés l'un à l'autre, seraient nés de l'écume du lac Titicaca, avec la mission d'apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté et de fonder la capitale du futur empire dans un lieu fertile. Cette capitale devait être établie à l'endroit où s'enfoncerait la crosse sacrée de Manco Cápac.
Une variante raconte que quatre frères, issus de la grotte de Pacaritambo, et leur épouses arrivèrent à Cuzco après une série d'aventures. Un de ces quatre frères, Ayar Manco réussit à fonder la cité Inca de Qosqo devenant ainsi le premier gouverneur de l'empire Inca et prenant le nom de Manco Cápac.
Selon l'hypothèse scientifique la plus communément admise, les fondateurs de la civilisation inca provenaient bien des rives du lac Titicaca. S'alliant aux Quechuas ils auraient gagné un territoire plus au nord et se seraient établis à Cuzco.

Une autre légende, contemporaine de la Conquête espagnole, nous dit que le Lac Titicaca recèlerait une partie du trésor destiné à payer la rançon de l'Inca Atahualpa et qui aurait jetée dans le lac après que Pizarro eut renié sa promesse de libération. Le commandant Cousteau commença quelques vaines recherches dans les années 1970.
On dit aussi que le lac recouvre une cité engloutie...

Le port de PUNO a hébergé une véritable petite flotte à l'époque coloniale. Ce fut d'abord une goélette américaine en 1855 puis deux navires à vapeur commandés en Angleterre qui arrivèrent en pièces détachées en 1862, le Yavari et le Yapura. Ce dernier est toujours en service et sert aujourd'hui de navire-hôpital (sous le nom de BAP Puno) en se rendant dans les villages qui bordent le lac. La flotte fut renfocée par le Coya commandé en Ecosse en 1892. Il a faillit aller à la ferraille en 2001 et a été sauvé de justesse par un mécène. Chance que n'a pas eue l'Inca pourtant plus jeune (1903).
Le lac accueille aussi l'Ollanta, la drague Zuñiga II et le ferry Manco Capac...

Sous un ciel toujours chargé, notre promenade de deux heures se déroule dans la baie de Puno qui représente à peine le dixième de la surface du lac lorsque celui-ci est a son niveau le plus haut, comme actuellement où, après des pluies abondantes, son niveau s'est accru de 80cm.

Le Lac Titicaca est candidat au classement du site au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO.

Au bout d'une vingtaine de minutes de navigation sur un chenal où des Indiens récoltent des roseaux ou pêchent tandis que des porcs divaguent en liberté, nous arrivons sur un plan d'eau bordé par les étranges villages flottants des Uros constitués d'une quarantaine (ou d'une soixantaine?) d'îlots occupés par quelque 2000 habitants. Mais peut-on encore parler des Uros? Ce serait abusif car les Uros ont disparus dans les années 1950. Les habitants des îles de roseaux sont maintenant des Aymaras, parfois métissés d'Uros, qui exploitent le business touristique et mettent en scène le mode de vie des Uros. Les îlots les plus importants portent des services publics: école, bureau de poste, petit terrain de jeu.
La particularité de ces îles, c'est qu'elles sont artificielles. Elles sont faites d'un assemblage de mottes de roseaux ou plus exactement de quenouilles ou massettes appelées ici totoras, proches des roseaux et ressemblant à de grands joncs. Le tout est amarrés par des cordages végétaux sur le fond vaseux, puis recouvert de tiges. Au fur et à mesure de leur pourrissement, il faut recharger avec des couches de tiges fraîches.  


La période que nous avons choisie n'est peut être pas idéale pour avoir du soleil mais elle présente au moins l'avantage d'éviter l'afflux touristique des mois de juillet-août.

LAC TITICACA



Nous débarquons sur l'île pompeusement baptisée Corazon del Lago ("coeur du lac"!). Les premiers pas sur "la terre pas ferme" donnent une curieuse mais pas désagréable sensation de se mouvoir comme sur un matelas.

Ici, presque tout tourne autour du fameux "roseau". On en mange la partie inférieure blanche comme s'il s'agissait de blanc de poireau.
On en fait aussi les huttes et même des barques, les balsas. Les barques de roseaux  mesurent de 3 à 4 mètres de long et pèsent 40 kilos. Elles sont faites de bottes de tiges séchées, assemblées à l'aide de fines cordes. Sur la côte, le même genre de technique en voie de disparition était utilisé pour fabriquer des caballitos de totora, des "petits chevaux de roseaux" que les pêcheurs chevauchaient comme des sortes de planches de surf, en se laissant à l'occasion porter par la vague.

Dans la pure tradition, ces embarcations pourrissaient en quelques mois, aussi, désormais, elles sont plus ou moins factices, les roseaux masquant des bidons qui assurent la flotabilité.

Sur les îles, on peut voir des viviers, de minuscules jardinets et des petits élevages de cuys et de canards. En complément, les îliens pratiquent la pêche et la chasse au canards qu'ils font sécher au soleil.

Mais le tourisme est sans doute aussi une ressource essentielle: pourboire des agences pour les visites, ventes d'objets artisanaux (tissus aux couleurs vives) et promenades optionnelles en barques de roseaux.



Après la démonstration du principe de la construction des îles de roseaux par des hommes coiffés de leur bonnet de tricot à oreillettes,
le groupe a effectué une bien agréable promenade autour de quelques îles pendant une vingtaine de minute sur un catamaran de roseaux, une double barque, entraînée par deux rameurs (coût: 5 soles par personne) avec proues tressées en forme de tête de puma (cf. légende déjà évoquée). Nous avons l'occasion de croiser le bateau-épicerie qui va d'île en île.
La modernité a du mal à se dissimuler. On peut apercevoir dans des huttes des bouteilles de gaz bien plus pratiques que le foyer traditionnel en plein air. Des petits panneaux photovoltaïques donnent de l'énergie électrique pour s'éclairer au lieu des bougies et permettent de voir la télévision. Quant au costume, s'il est préservé extérieurement en premier regard, il ne cache pas les pulls et sous-pulls en acrylique ou les pantalons de marque Adidas (ou contrefaçons!)...

Pour visiter les îles éloignées (jusqu'à 30km), Taquile (dénommée aussi Huillanopampa, encore peuplée de 1500 habitants) et Amantani (Ocosuyo), il faudrait disposer d'au moins une journée entière (voire plus si l'on y dort). Il pourrait également être intéressant de visiter les villages de Llachon, Juli et Challapampa.

PUNO et le LAC TITICACA


Revenus au port de Puno vers 9H, il faut prendre la route en direction de Cuzco.

Pendant quelques dizaines de kilomètres, les zones de cultures alternent avec des ruisseaux et de branches du lac. Nous repassons à Juliaca et c'est l'occasion de voir de nombreuses boutiques vendant des produits vétérinaires pour les éleveurs d'alpagas, de vaches, porcs, volailles...
L'état du revêtement de la route devient franchement mauvais.
Pause technique vers 11h. Dans la boutique de l'établissement, un étalage de petites figurines colorées portant sacs de bonbons et billets de cent dollars. Il s'agit du porte-bonheur andin, du fétiche Ekeko.

De PUNO à CUZCO 
De PUNO à CUZCO 
De PUNO à CUZCO 

Peu à peu l'étau des cordillères semble se resserrer dans le paysage environnant. La route s'élève imperceptiblement et les montagnes élancées aux sommets enneigés semblent proches.

A 13h nous arrivons au Col de la Raya, à 4335m (ou 4319m?), d'où le rio Urubamba prend sa source pour aller former l'Amazone.
Arrêt au milieu des vendeurs d'articles d'artisanat installés sur un terre-plein dominant une petite station de chemin de fer où un train de la compagnie PeruRail allant de Puno vers Cuzco se trouve justement à l'arrêt tandis qu'un bus est là pour assurer la correspondance.
S'agit-il du train Andean Explorer qui fournit un voyage luxueux de 10 heures, avec déjeuner, entre Cusco et Puno, et dont les voitures sont décorées dans un style de L'Orient Express?

 

Ce n'est qu'à 14h que nous ferons étapes dans le restaurant Feliphon, à la sortie de la ville de Sicuani.
Nous avons l'occasion de déguster un plat typique traditionnel, le ceviche, un plat de poisson cru "cuit" dans le jus de citron.

Après quelques mimiques à destination des lamas, c'est de nouveau la route qui descend progressivement vers Cuzco.
Les reliefs sont encore plus proches, le ciel plus lumineux, les villages plus importants. La végétation aussi a changé depuis La Raya. Elle est plus luxuriante et plus arborée: agaves et eucalyptus exogènes car ces derniers ont évincé les espèces endémiques (on trouve 4 variétés d'eucalyptus au Pérou parmi plus de 700 existant dans le monde!).


Nous n'avons pas le temps de nous arrêter pour visiter les villages de Racchi ou Raqchi (vestiges du temple de Viracocha, greniers, maisons circulaires - colcas...) ou de Andahuaylillas (surnommée "la Sixtine des Andes" pour les fresques indiennes décorant l'église).

Il est un peu plus de 16h30 lorsque, au risque de s'enliser, notre chauffeur nous permet un bref arrêt au site huari (ou wari) de Piquillacta, à 30km de Cuzco. Une muraille de 3m de haut protégeait cette ville pré-inca. Nous ne visitons pas le village mais nous nous contentons d'admirer l'immense double porte de Rumicola, bien préservée. Sur des fondations huaris, les Incas la construisirent pour se protéger justement des Huaris.

Porte inca de Rumicola

 

Le ciel est très sombre au dessus de Cuzco. Nous passons près du monument dédié à Pachacutec (Pachacuti Yupanqui Inca qui régna au milieu du XVe s., fils de Viracocha).

Vers 17h30, la nuit est tombée sur CUZCO, Carlos nous propose de visiter un magasin d'orfèvrerie. Celui-ci se situe sur les hauteurs de la ville, non loin de la statue du Christ Rédempteur, immaculée sous le feu des projecteurs, dans un secteur où se trouve également le site de la forteresse de Sacsahuaman.
Une visite qui se solde par de bien maigres achats. Il faut dire que les clients potentiels étaient épuisés par leur longue journée.


C'est avec un bien plus grand plaisir que nous avons enfin gagné notre hôtel Agustos, en périphérie est de la ville.
L'altitude affecte aussi d'autres touristes que nous comme en témoigne la présence d'une femme installée dans le salon avec le masque à oxygène...


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