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AREQUIPA, avec près d'un million d'habitants, est la seconde ville du Pérou.
Son superbe centre colonial lui a valu d'être inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en l'an 2000.
Dans cette région anciennement occupée par des peuplades agraires, les Espagnols fondèrent cette ville en 1540. L'étymologie de son nom varie selon la langue indienne à laquelle on se réfère. Ce serait, "oui, restez" en quechua ou "derrière le sommet" en aymara...
Mais
c'est une ville encadrée par trois grands volcans : le plus haut, Chachani
(6075m) au
nord, le plus fameux par sa forme, le Misti (5822m) au nord-est et enfin, le Picchu
Picchu (5575m) "montagne montagne" en quechua, situé au
sud-est. Ce contexte explique la fréquence et l'intensité des manifestations
sismiques. Dans la période entre 1438 et 1471, le Misti connut plusieurs
grandes éruptions.
Après la création de la ville, les
séismes se sont manifestés tout au long de son histoire, de 1582
à 2001 (ce dernier faisant suite à ceux de 1958 et de1960), lui
permettant de témoigner de divers courants architecturaux en fonction des
phases de reconstruction.
Juste retour des choses, la ville est faite du matériau
qui parfois l'a dévorée, le tuf volcanique appelé
ici sillar, une pierre de lave blanche qui a valu à la ville
son surnom de "ville blanche". Le gabarit des blocs couramment
utilisés est de 40cmx30cmx20cm.
Une spécialité de la ville, est le tissage de la laine d'alpaga (certains circuits de voyage comportent la visite du complexe éco-touristique Mundo Alpaca).
La
ville a un particularisme, un esprit d'autonomie qui conduit parfois ses habitants
à manifester plus ou moins pacifiquement leur hostilité aux décisions
prises à Lima, ainsi, il n'y a pas si longtemps, lorsqu'il fut question
de confier l'exploitation de certains services publics à une entreprise
belge...
Monastério de Santa Catalina **
A 9h, sous la conduite d'une guide locale Lydia, nous commençons la visite en nous rendant à pied au célèbre "monastère" de Santa Catalina (Ste Catherine), tout proche de notre hôtel d'où on voit d'ailleurs très bien son clocher se découpant sur le Chachani.
Il
faut savoir qu'ici il y a inversion du sens entre les mots monastério
(monastère) et convento (couvent) par rapport
à ceux qu'on leur donne en France, ici les monastères sont donc
destinés aux moniales.
Ce lieu a été évoqué par la femme de lettres Flora Tristan, Flore Tristán Moscoso (par son père péruvien), Laisné (par sa mère française). Elle séjourna quelques mois à Arequipa en 1833-34 lorsqu'elle essaya de récupérer son héritage paternel mais elle fut déclarée fille naturelle du fait du mariage non régularisé de ses parents. La situation de bâtarde et de paria qu'on lui donna la poussa à devenir militante socialiste, féministe et internationaliste. Elle écrira notamment "Pérégrinations d'une paria", livre qui, ici, fut brûlé en place publique. L'écrivain contemporain (et ancien candidat à la présidence péruvienne) Mario Vargas Llosa lui a rendu hommage dans "Le paradis un peu plus loin". Flora Tristan fut la grand-mère maternelle de Paul Gauguin.
Cette ville dans la ville, avec ses rues, ses patios et ses places aux
couleurs bleues et oranges qui en atténuent la sévérité
couvre un peu plus de deux hectares et
est ouverte aux visites depuis 1970.
Rattaché à
l'ordre de Sainte Catherine de Sienne, le couvent fut fondé en 1580 par
un riche veuve, Maria de Guzman, et il a abrité près de 500
religieuses. Les grandes familles espagnoles y faisaient entrer les cadettes à
partir de l'âge de 12 ans, tout en les dotant richement (2400 pièces
d'argents, sans compter le mobilier, les vêtements, les ustensiles divers...)
et en leur octroyant jusqu'à quatre servantes ou esclaves. Le couvent
organisé en trois cloîtres, six rues et un passage, compte une centaines
de "cellules" ou plus exactement de petites maisons construites en tuf
volcanique par les familles des nonnes. Leurs domestiques pouvaient se rendre
en ville pour le ravitaillement. En 1871, les autorités religieuses mirent
fin à une vie ressemblait trop à celle du grand monde!
Au début de la visite nous passons au parloir avec ses grilles
en bois. De là, noun nous rendons dans le Patio du Silence, un cloître
aux murs orange (ocre rouge), puis dans le Cloître des Novices en
pierre blanche mais dont les arcades sont décorées de fresques destinées
à l'édification des religieuses, montrant le chemin pour passer
du péché à la grâce. Les cellules voisines comportent
chapelle privée, chambre et cuisine et chambre de la servante. On peut
aussi voir un exemple de machine à laver mécanique, en bois. Les
murs de la salle funéraire sont ornés des portraits des religieuses
les plus célèbres.
A partir du Cloître des Orangers
aux murs bleus, nous allons parcourir un dédale de ruelles. Les rues du
monastère portent les noms de villes espagnoles d'où les familles
des religieuses étaient originaires.
Nous empruntons la Calle Málaga
pour jeter un coup d'oeil dans la
cellule de la Madre Dolores Llamosas, la salle Zurburan
où l'on voit un Saint Michel attribué à ce peintre.
Nous
continuons par la Calle Cordoba aux murs blancs évoquant l'Andalousie.
Elle remonte au XVIIIe s. tandis que, sur la gauche, une construction récente
(1969) héberge une trentaine de religieuses cloîtrées. Dans
ce quartier, on peut voir une vasque filtrante pour l'eau. Puis c'est la Calle
Toledo, la plus longue, la plus étroite et la plus ancienne rue du
monastère avec ses maisons basses aux murs rouge orangé. La
Calle Sevilla nous conduit au lavoir en plein air constitué de demi-jarres,
en face du cimetière. En empruntant la Calle Burgos puis la Calle
Granada, nous nous rendons dans l'immense cuisine sombre et noircie par la
fumée. Bâtie au XVIIe s., ce fut d'abord une chapelle avant
d'être reconvertie en cuisine collective à la suite de la réforme
de 1870. On y voit même un puits intérieur. La Plaza Zocodober
due à l'initiative de la prieure Maria Manuela Hurtado est dotée
d'une jolie fontaine datant de 1865 et alimentée par une canalisation en
fer. Les bains douches des religieuses se trouvaient aussi sur cette place. D'une
terrasse de l'église conventuelle, nous avons une vue d'ensemble du couvent
et sur une partie de la ville. Nous poursuivons par la visite de la cellule de
la Madre Ana de los Angeles Monteagudo (1606-1686), béatifiée
en 1985 par le pape Jean-Paul II lorsqu'il visita la ville.
Notre visite se termine par le dortoir collectif institué à partir de 1870 et aujourd'hui transformé en pinacothèque, une galerie de peintures de 400 oeuvres des XVIe et XVIIe siècles de l'école de Cusco (fusion des influences hispaniques et incaïques).
La visite a duré pratiquement 1h30.
Cathédrale, Casa de Richetts, Plaza de Armas, Compañia de Jesús
Toujours à pied, nous poursuivons la visite de la ville.
En empruntant le romantique Pasaje de la Catedral
avec ses réverbères, nous
nous rendons à la cathédrale, édifice construit en
1544 et plusieurs fois endommagé par des tremblements de terre une quinzaine
de fois par la suite et ce malgré ses 70 piliers.
Reconstruite après l'incendie de 1844, elle fut très sérieusement endommagée par le tremblement de 1868 et elle dut être restaurée (notamment les tours) lesquelles furent à nouveau endommagées par celui de 2001. L'entrée ne se fait pas par la Place d'Armes sur laquelle se dressent les tourscar il s'agit d'un décor placé sur un mur latéral .
De style néo-classique d'inspiration française, on peut y voir un
autel en marbre de Carrare, une chaire très ouvragée et des statues.
La sainte patronne de la ville est Nuestra Señora de la Asunta (N-D
de l'Assomption). Quant à Nuestra Señora de las Penas (N-D
des Douleurs) son visage donne l'illusion de larmes tandis que si l'on se déplace
au pied de la statue, on voit évoluer l'expression de plus ou moindre grande
tristesse, grâce à un procédé connu en arts plastiques,
faisant appel à une légère dissymétrie du visage.
Ici, comme en Espagne, les statues sont habillées et on les a
déjà revêtues des habits du Carême. Leur manteau ample
devait évoquer pour les Indiens la forme des montagnes qu'ils vénéraient
avant l'arrivée des missionnaires. Dans quelques semaines, lors des célébrations
de la Passion, on aurait pu voir des hommes en habits de Pénitents et des
femmes en mantille. C'est l'une des 70 églises dans le monde autorisées
à arborer le drapeau du Vatican dans le choeur (en regard de celui du Pérou,
évidemment).
Sur le chemin de la place d'Armes, nous passons par la Casa de Ricketts (également appelé Palacio Tristán del Pozo), ancien séminaire jésuite du XVIIIe s. actuellement occupé par la Banque Continentale. Son portail est remarquable par la richesse du décor sculpté dans la pierre. Une galerie présentent des peintures de l'école cuzquéenne: portraits, scènes de la vie du peuple, caricatures...
Toujours guidés par Lydia, nous gagnons sur la place d'Armes dont un côté est constitué par un mur latéral de la cathédrale qui porte curieusement les deux tours. Les trois autres côtés sont occupés par des bâtiments à double niveau d'arcades encadrant un vaste jardin central. C'est l'une des plus belles places coloniales d'Amérique latine.
D'une
terrasse de café situé sous les arcades supérieures, nous
jouissons d'une vue superbe sur la place avec ses écrivains publics et
ses cireurs de chaussures. Dans les rues qui l'encadrent, on voit défiler
les fameux petits taxis jaunes (pour la plupart) d'une ville qui ne dispose
pas de transports en commun. Ces petites voitures à 4 portes, ressemblant
au Fiat 500 sont de marque Deawoo, modèle Tico. C'est
sous ce dernier vocable qu'elles sont désignées couramment. Souvent
en mauvais état, sans équipements de sécurité, conduites
par des chauffeurs souvent sans permis et téméraires, il peut être
prudent d'y regarder à deux fois avant d'y monter. On les retrouve à
Cuzco, à Lima...
Une manifestation féministe se déroule
sur la place avec des slogans bien appuyés dont voici quelques traductions
approximatives: "pour moi tous les jours sont tristes", "les
femmes résistent et luttent", sur les cinq doigts d'une main on
peut lire "gifles, ecchymoses, mutilations, abus, coups"...
En revanche, nous ne verrons pas ou du moins nous ne réussirons pas à apercevoir de colibris venant "butiner" des fleurs dans l'agréable parc occupant le centre de la place.
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A l'angle de la place, nous
arrivons à la Compañia de Jesús. L'église
des Jésuites remonte au XVIIes. car elle a remplacé une construction
de 1573 détruite par le tremblement de terre de 1584.
On remarque sa
façade baroque très chargée, métissée, ornées
d'entrelacs et motifs floraux au milieu desquels se cachent de petits personnages
(anges au visage indien) et les blasons de la ville. Nous poursuivons par les
deux cloîtres voisins où l'on trouve aujourd'hui boutiques et restaurants.
Les piliers et les arcs sont abondamment sculptés et témoignent
du syncrétisme mêlant croyances indiennes et catholicisme, notamment
la tête pourvue des plumes de l'Inca. Dans quelques jours, nous en verrons
d'autres témoignages notamment dans la cathédrale de Cuzco.
En
soirée, nous y reviendrons
en visite libre pour voir l'intérieur. Il en coûte 4 soles
(1€) mais interdiction de photographier, même sans flash, ce
que je trouve inacceptable et me conduit à "voler" quelques photos
jusqu'à ce qu'une gardienne me réprimande.
On peut voir dans
l'église de beaux retables en bois dorés à l'or fin et pour
finir l'étonnante coupole peinte de la Chapelle de St Ignace de Loyola
(fondateur de l'ordre des Jésuites) où, au milieu d'un exubérant
décor tropical, sont représentés des saints.
Avant de rejoindre notre bus, nous passons près de l'église San Augustin avec sa façade sculptée tel un retable de pierre.
Carmen Alto, quartier Yanahuara
Le bus nous conduit à quelques kilomètres de là, en passant près du Couvent de La Recoleta ("l'écart", "le faubourg"), sur les hauteurs du quartier de Yanahuara, au mirador de Carmen Alto, à 2km du centre ville. Le ciel brumeux ne permet pas d'avoir une vue bien nette sur la ville et sur les volcans environnants.
Près de la boutique installée
sur ce point de vue, nous découvrons par contre des plants de quinoa
(qui a un "cousin", le chia) aux graines très recherchées
pour leurs qualités nutritionnelles et diététiques. C'est
une plante de la famille des chénopodes ou des amarantes
comme les betteraves, épinards, blettes ou encore comme l'amarante ornementale
de nos jardins à inflorescence retombante et très colorée
(la "queue de renard")... La plante a de multiples noms dans chacune
des langues andines. En quechua, on l'appelle chisiya mama ("mère
de toutes les graines)", kiuna, kiwicha... On la surnomme également
"le riz andin" (arroz andino).
C'est un substitut aux céréales,
riche en protéines (16%). Elle pousse jusqu'à 4000m. mais craint
les gelées. De la graine, on fait de la farine utilisée dans la
soupe, pour faire de la pâte, ou fermentée pour faire de la chicha
(sorte de bière ou plutôt de cidre des Incas qui peut aussi être
fabriquée à partir de maïs). Le feuillage est également
consommé comme légume vert
Diverses variétés d'amarantes,
dont le quinoa, ont eu un rôle alimentaire important dans les civilisations
Mayas, Aztèques et Incas. En raison de l'usage rituel qu'en faisaient les
peuples indigènes et du fait qu'ils n' y trouvèrent pas d'intérêt
en raison de l'enveloppe coriace des grains , les Espagnols en interdire la culture.
On nous fait goûter (déguster serrait plus jste) de délicieux
morceaux de racines de maca (lepidium meyenii) séchée,
un tubercule qui pousse sur les hauts plateaux jusqu'à 4500m. Cette plante
à racine pivotante est cultivée depuis des milliers d'années
comme aliment et pour sa valeur alimentaire (très riche en calcium, vitamine
E, acides aminés et acides gras essentiel: oméga 3,6 et 9) et pour
ses vertus médicinales. Elle peut également être consommée
crue ou cuite. On peut en faire des gâteaux, des chips et des boissons.
Certaines de ses vertus font qu'on la qualifie de "ginseng péruvien"
ou de "viagra péruvien".
Cela reste à démontrer...
En revanche, elle aurait un effet réel sur la fertilité.
En
complément, on découvre la préparation de la coca
traditionnelle. Les feuilles de cet arbuste qui pousse dans la selva amazonienne
(en dessous de Cuzco) sont riches en alcaloïdes. Desséchées,
elles sont mâchées et leur acidité est réduite par
l'ajout d'un peu de cendre de tiges de quinoa voire de chaux.
Nous pouvons
aussi voir un petit élevage de l'un des animaux emblématiques des
Andes, le fameux cuy (prononcer pratiquement [couill']) ou sous
son nom savant en latin: cavia porcellus. Il est plus connu chez nous sous
le nom de cochon d'Inde (puisque lors de la découverte de l'Amérique
les navigateurs croyaient avoir abordé l'Inde) en tant qu'animal domestique
et de cobaye en tant qu'animal de laboratoire. Ici, rien de tout cela,
le cuy est élevé pour sa chair très appréciée.
L'animal pourrait peser jusqu'à 4kg! (?) A l'état sauvage, ces animaux
ont un poil marron, long et bouclé.
Dans ce quartier campagnard, en
limite de la ville, sur des terrasses de culture d'origine andine, on peut voir
des paysannes en train de mettre de l'engrais à une culture (peut-être
du quinoa).
Il est l'heure de manger et pour cela nous nous rendons dans une picanteria,
le restaurant Sol de Mayo ("soleil de mai", enfin pas
tout à fait encore).
On y mangera d'abord, au choix, du fromage pané
(genre feta) ou du poivron farci accompagné de gratin
de pommes de terre. Puis on passera au plat de résistance, le cuy
chactao, plat typique de la cuisine péruvienne, plus précisément
de la région d'Arequipa. Le cuy est frit dans l'huile et présenté
entier sur l'assiette, accompagné de pommes de terre et éventuellement
d'autres légumes (maïs). Quant à ceux qui refusent l'aventure,
on leur sert du cochon de lait ou du calamar frit. Pour finir, corbeille de fruits
(pommes, poires et bananes). Bref, pas tant de picante, de piment, que
cela... car ici on s'adresse à des touristes!
Un court trajet nous conduit au coeur du quartier de Yanahuara, agréable quartier résidentiel. Sur une place bordée d'arcades qui ouvrent une perspective sur la ville et sur le Misti, malheureusement très embrumé, est bâtie l'église San Juan Bautista.
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A droite du portail se dresse une Croix de la Passion avec échelle, clous, marteau, tenailles, voile avec l'empreinte de la tête du Christ couronné dépines, lance, pique avec une éponge, cruche, etc pratiquement identique à celles que l'on peut rencontrer dans certaines régions de France, par exemple à St Véran. On en verra plusieurs autres exemples pendant notre circuit.
C'est
un quartier habité par les classe moyennes et qui accueille banques et
bureaux. Les festivités du Carnaval se terminant, on y croise un
groupe de musiciens qui nous offre une petite aubade tandis qu'une jeune péruvienne
nous invite à la danse. Tout à côté, deux femmes déguisées
accaparent la rue (tranquille au demeurant) avec leur amples robes.
Notre
guide locale Lydia
nous quitte après le retour en centre ville.
Avec Carlos, nous allons visiter l'église
San Francisco, toujours non loin de l'hôtel.
Cette église
du XVIe s. se distingue par la sobriété de son portail en brique.
En revanche, son autel en argent est impressionnant. On y vénère
la Vierge dans différentes déclinaisons plus ou moins larmoyantes
y compris Nuestra Señora de Guadalupe, la sainte patronne du Mexique.
Toujours à pied et avec Carlos, nous nous rendons au pittoresque marché de San Camilo distant d'un bon kilomètre, en passant au pied de l'égise Santo Domingo. De l'édifice du XVIIes.s ne subsistent que la tour et un portail.
La
structure métallique de ce marché est l'oeuvre de Gustave Eiffel!
Au
marché, nous trouvons des étals proposant des gâteaux à
la crème multicolores, des cierges, des plantes médicinales, de
la charcuterie avec toutes sortes de saucisses et d'abats de porc (couenne, pieds,
museaux), des boucheries également avec leurs abats (tripes, testicules
de taureaux), des volaillers, marchandes de fromages, mais surtout une grande
quantité d'étals de fruits et de légumes, la plupart originaires
des Amériques. On y voit des sortes de potirons verts à grosse peau,
les fameuses et grosses olives de Yauca jaunes, vertes, rouges et les huiles,
du riz, des haricots et des fèves (légumineuse originaire d'Asie
introduite par les colons espagnols), du maïs très varié en
taille et couleur de grain, des pommes de terre de toutes sorte et d'autres tubercules
que nous ne connaissons pas en Occident, notamment du type oca et ulluco.
LES TRESORS ALIMENTAIRES DES ANDES
La culture du maïs est apparue dans les Andes aux environs de 4000 ans avant J-C, diffusée par les divers peuples amérindiens depuis le Mexique. On peut rencontrer sa culture jusqu'à 40000m. sachant que l'on recense un peu plus de 250 variétés dans le pays.
Les pommes de terre, ici les fameuses papas ou patatas qui sont la grande contribution andine à la nourriture de l'humanité et dont certaines variétés poussent jusqu'à 600m d'altitude. Ici la culture de cette plante endémique a commencé il y a 8000 ans. Ce n'est donc pas sans raison que le Centre International de la Patate ait été installé à Lima en 1971. Sa banque de semences conserve 5000 variétés de pommes de terre (dont près de 1500 ou 2500? variétés sont cultivées dans le pays), 6500 variétés de patates douces et 1300 variétés de divers tubercules alimentaires andins (notamment oca et ullucos).
Certaines pommes de terre ressemblent à celles que nous connaissons, d'autres pas. L'amarilla, la pomme de terre jaune du Pérou est la plus appréciée. On voit aussi la compis de couleur rose, la wairo violette aux yeux profonds, la noire (!)...
Et il ya aussi les pommes de terre déshydratées... C'est le seul moyen de rendre comestibles les pommes de terre amères (papas amargas), les seules qu'il est possible de cultiver en haute altitude car elles résistent au gel. Mais sans la déshydratation, elles seraient toxiques par les alcaloïdes qu'elles contiennent (les baies de pommes de terre sont également toxiques).
La noire déshydratée ou chuño que l'on obtient en présentant au gel nocturne intense de l'hiver austral pendant une demi semaine à une semaine des tubercules à chair jaune puis à presser la chair décongelée pour extraire le jus et enfin les tubercules se déshydratent complètement par exposition au soleil.
Quant aux pommes de terre blanches, déshydratées également, on les appelle moraya ou chuño blanco. Le processus est un peu différent, la période d'exposition aux gelées dure 3 ou 4 semaines et dans la journée, les tubercules sont abrités de l'ardeur du soleil avec de la paille avant de subir l'exposition directe au soleil pendant une semaine. Enfin, elles sont épluchées en les lavant plusieurs fois et en les frottant avec les mains... Ces techniques de déshydratation sont pratiquées depuis 3500 ans.
Les pommes de terre sont très riches en eau, si bien que déshydratées elles perdent 99% de leur poids! Ainsi on peut en faire une farine, la fécule.
Le chuño sert d'ingrédient pour les entrées, les plats de résistance et les desserts.
Les ocas ou arracachas (Oxalis tuberosa de la même famille que les oxalis de nos jardins, une fleur rose qui s'ouvre au soleil et dont les feuilles ressemblent au trèfle) poussent généralement entre 3000 et 4000m. Très présente dans les Andes péruviennes, cette plante à tubercules résiste assez bien au froid. Sa culture a commencé il y a environ 8000 ans avant J-C. Les tubercules exposés au soleil s'enrichissent en sucre. Ils peuvent être utilisées frais (boullis, rôtis ou frits), déshydratés ou en fermentation.
Les ullucos ou ollucos ou encore papas fisas pour les Espagnols (Ullucus tuberosus) est un tubercule qui appartient à une famille botanique cousine des ocas. Les tubercules de cette plante sont également connus depuis la même époque que les précédentset poussent jusqu'à 4000m. La plante exige des sols riches. La chair et la saveur ressemblent à celles de la pomme de terre mais avec une pointe d'acidité rappelant l'oseille. On l'utilise dans les plats en sauce, soupes, purée, en frais ou en déshydraté. On lui prête aussi un pouvoir médicinal contre les rhumatismes, pour ses propriétés cicatrisantes dans les lésions cutanées et dans les cas d'acné. Ce légume a même sa fête dans les Andes, le 5 octobre! Le célèbre chef péruvien, Gaston Acurio dont on reparlera à la fin du circuit est un adepte de l'ulluco de Ayamarca, "le meilleur olluco le monde".
Ces deux types de tubercules sont très riches en eau et ont une saveur acide. C'est pourquoi ils peuvent être déshydratés sous une forme de chuño, ce qui améliore leur qualité gustative et on peut alors en faire un genre de fécule appelée khaya. On peut aussi consommer les feuillages jeunes en salade comme l'oseille ou cuits comme les épinards. Ces pantes sont assez exigeantes en eau (1000-2000mm environ de précipitations annuelles). Leur croissance est plus lente que celle de la pomme de terre et la récolte en est donc tardive. Les tubercules peuvent se conserver une année mais comme pour ceux de pommes de terre, il ne faut pas les exposer à la lumière.
Les ocas ont été introduites sans difficulté dans des climats tempérés notamment en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande (en revanche, elles n'y fleurissent pratiquement pas) mais leurs qualités organoleptiques n'ont pas rencontré un franc succès. De même, chez nous, j'ai vu des jardiniers cultiver sans trop de problèmes ocas et ullucos après un séjour au Pérou d'où ils ont rapporté quelques tubercules. Ils se sont acclimatés après une phase de repos végétatif et de dormance quelque peu décalée en raison du changement d'hémisphère.
Les Andes produisent aussi un autre tubercule ressemblant à celui de la capucine tubéreuse, le mashua ou mashwa qui a, par contre, un goût très prononcé (ce qui ne surprend pas quand on pense à l'odeur de la capucine de nos jardins, également originaire d'Amérique du Sud, et dont on peut consommer les fleurs).
Le quinoa, mot masculin, (Chenopodium quinoa), ce ‘’riz des Incas’’ cultivé sur les hauts plateaux boliviens et péruviens depuis 5000 ans n’est pas une céréale. A maturité, ces graines formes des bouquets, plutôt que des épis, orangés et rouges. Elles sont riches en protéines (8 acides aminés), minéraux (fer, calcium, magnésium) et vitamines (B, C et E) mais ont un faible pouvoir calorique car pauvres en lipides
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Des
boulangers présentent aussi de grosses brioches et aussi des guaguas
de pan en forme d'enfants, décorés avec du sucre coloré,
viennoiserie particulièrement à l'honneur à la Toussaint
mais aussi à Noël, lors du Carnaval (donc en ce moment même)
et lors de fêtes traditionnelles.
On y
Dans ce marché, on
trouve encore des vêtements, des tissus, des stands vendant des herbes,
des bijoux, des flacons de parfums, dencens ou encore dhuiles essentielles
et plantes médicinales et magiques (soignant circulation du sang, manque
dargent, chagrin damour, problèmes de mariage...).
Nous
envisagions de faire une visite du musée mais heureusement, renseignement
pris avant d'y entrer, nous avons appris que sa pièce vedette, Juanita,
était absente (ce qui est toujours le cas entre mai etdécembre).
Cette momie d'une jeune fille de douze ou treize ans fut découverte
fortuitement en 1995 par Johan Reinhard dans la glace au sommet du volcan Ampato
à 6380m, à la suite de l'éruption de volcan voisin Sabancaya.
D'ascendance noble cuzquéenne, elle fut sacrifiée il y a quelques
500 ans afin d'apaiser le volcan. L
Rappelons que les montagnes dans les cultures
andines sont des apus, des divinités.
Chez les INCAS, les sacrifices humains ne se faisaient que lors de périodes de grands troubles, par exemple lorsque l'Inca était malade ou mort ou lors de catastrophes naturelles. L'objectif était alors d'apaiser les dieux.
Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution. Avant le sacrifice, le sacrifié buvait de la chicha (alcool) pour atténuer la perception de ses sens. Dans le cas de Juanita, les anthropologues considèrent qu'elle avait également été soumise au jeûne avant de recevoir un coup mortel au niveau de la tempe droite. Dans d'autres cas, l'individu sacrifié était enterré vivant. Pour l'honorer, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre. Parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être "Femmes Choisies", une partie était destinée à être sacrifiée.
Ce genre de rites ne peut donc être comparé aux sacrifices de masse pratiqués par les Aztèques au Mexique.
La journée se termine dans un restaurant du centre ville, le Zingaro:
velouté de maïs, steak frites et glace à la praline accompagnée
de pomme flambée.
Restaurant reconnu mais pour un menu qui n'a rien
de typique...
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Une journée supplémentaire dans la région d'Arequipa serait nécessaire pour visiter le Canyon de Colca. Distant de 180km, il faut 4h pour s'y rendre et cela nécessite de passer un très haut col à 4700m d'altitude.
Le canyon s'étend sur une centaine de kilomètres et sa profondeur dépasse 3000m. Mais il a plus l'allure d'un profonde et large vallée habitée que d'une gorge aux falaises hostiles.
C'est le refuge des majestueux condors tout noirs sauf une collerette de plumes blanches à la base du cou. Le condor est l'un des animaux emblématique du Pérou comme la chanson universellement connue "El condor pasa" en témoigne (elle fut composée en 1913)... Ces charognards sont les plus grands oiseaux du nouveau monde avec une envergure dépassant les 3m. et un poids pouvant dépasser les 10kg. Utilisant les courants ascendants, ils peuvent monter jusqu'à 5000m et planer pendant des centaines de kilomètres. Il ne faut pas les confondre avec l'urubu à tête rouge que nous avons vu sur la côte, même s'ils appartiennent à la même famille des vautoursn car l'urubu est beaucoup plus petit (moins de 2m d'envergure pour un poids d'environ 1,5kg).
Cette excursion permet aussi de découvrir Chivay et les villages pittoresques de Maca, Achoma, Yanque et Pinchollo.
PEROU