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Etape
précédente :
CUZCO |
IMPACT DU SEISME SURVENU AU JAPON Suites au tremblement de terre japonais, après le Mexique, la vague due au tsunami qui a parcouru l'Océan pacifique est arrivée sur le Pérou hier en fin d'après-midi. L'accès aux plages avait été interdit mais heureusement la vague ne dépassait guère le niveau d'une forte marée sauf localement où elle a atteint 1,40m, dans le nord du pays, au sud à Camana et au centre, à Paracas. Dans ce dernier port, un bateau a même été propulsé dans un restaurant ! |
Bien plus réjouissant, nous voici arrivés au clou de notre voyage, la journée qui va nous permettre de découvrir le MACHU PICCHU. En fait, cette excursion est (heureusement) avancée d'une journée, nous devions l'effectuer un jour plus tard, le dimanche.
Départ très matinal de Cuzco, à 6h30. Ciel toujours couvert mais pas trop menaçant.
roisième
jour avec le mal de crâne toujours présent pour moi...
Nous allons reprendre un peu de hauteur pour traverser un hinterland entre la vallée que parcourent la route et la voie ferrée et, de l'autre côté, la vallée de l'Urubamba. La route sinue entre collines et vallons couverts de cultures (pommes de terre, luzerne, céréales, fèves, lupins bleus) et traverse de pittoresque villages et hameaux.
A 30km de Cuzco et 400m de plus en altitude, nous arrivons au village de Chinchero (ce village est réputé pour ses tissages et son église coloniale). On peut apercevoir des vestiges des terrasses de culture inca ainsi que de murs de la même origine. Devant l'hôtel de ville, on a érigé une statue de l'Inca Tupac Yupanqui qui avait bâti ici un palais de campagne.
Dans cette meseta (plateau) de Chinchero, c'est presque perdus dans le coton des nuages que nous distinguons à peine les tiges d'agave en fleur et les raquettes des figuiers de Barbarie!
Nous
redescendons, en direction de la vallée de l'Urubamba, très précisément
vers la ville éponyme que nous nous bornons à longer pour poursuivre
en direction de Ollantaytambo où l'on doit prendre le train. Monotone paysage
de plaine fluviale avec ses cultures de maïs.
La voie ferrée venant
de Cuzco se glisse dans la vallée et, dans une gare située au milieu
de nulle part, on peut apercevoir les trois catégories de trains qui mènent
à Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu: Local Backpaker Cerrojo,
le train du peuple, le plus économique, le Vistadome, en catégorie
intermédiaire avec d'anciennes voitures allemandes aux vitres panoramiques
en service depuis 1965 ou le luxueux Hiram Bigham (nom donné en
l'honneur du découvreur du site), train Pullman de type Orient-Express
des années 1920 avec des voitures décorées.
Le
réseau ferré péruvien est assez restreint: environ 2000 km.
Le relief et le niveau de développement du pays en sont la cause...
Un miracle, le mal de tête qui ne me lâchait pas depuis deux jours et demi a enfin disparu comme par enchantement, sans que je m'en rende vraiment compte. Il est vrai que nous sommes passés sous la barre des 3000m puisque ici, à Ollantaytambo, on est à 2792m d'altitude. On a descendu de 600m. Non seulement l'air est plus riche en oxygène mais la température a augmenté du fait de la moindre altitude...
En train panoramique à destination d'Aguas Calientes **
Nous arrivons à Ollantaytambo où le bus a quelque souci pour stationner (il est refouler du parking proche de la gare!), ce qui va nous obliger à faire une bonne marche soutenue pour atteindre la gare avant le départ de notre train. Lorsque nous y arrivons, la foule se presse sur les quais et il est temps d'embarquer dans le train de 9 heures (il y en a un tôt le matin et un autre en début d'après-midi).
Nous
allons utiliser un train PeruRail de la gamme Vistadome avec service
à bord d'encas, boissons chaudes et rafraîchissements gratuits servis
par deux employés affectés à chaque voiture. La traction
est assurée par une motrice diesel.
Le
trajet vers Aguas Calientes va durer environ 2 heures pour un trajet qui ne doit
guère dépasser les 50km. A cette allure, le transport est parfaitement
confortable, silencieux et sans cahot, en donnant tout loisir pour admirer un
paysage qui le mérite. C'est plus sympathique et confortable que de faire
le même trajet en bus.
La rivière Urubamba roule des flots boueux, gonflée par les pluies de l'été austral qui se termine. Le spectacle est particulièrement saisissant dans des zones de rapides où l'eau rejaillit à plusieurs mètres de haut. Dans d'autres sections plus paisibles, les rives sont occupées par quelques cultures, des maisons isolées ou de petits hameaux. La violence de la rivière en crue est telle que l'an dernier (en janvier 2010) une portion de la voie a été emportée par les crues les plus violentes depuis 15 ans, isolant Aguas Calientes, y bloquant 1900 touristes et rendant donc impossible les excursions au Machu Picchu pendant trois mois.
Au bout d'une demi-heure de trajet, nous apercevons un camp pour adeptes du trekking sur "le Chemin de l'Inca" ou "Camino del Inca" (ou en quechua Qhapaq Ñan, "chemin royal"), camp situé à une quarantaine de kilomètres de la cité perdue. Il faut préciser que certains tronçons du chemin n'ont été découverts qu'en 1984. Un peu plus loin, des randonneurs empruntent une passerelle franchissant la rivière et s'en vont par un chemin en lacet vers un objectif qu'ils vont mettre trois ou quatre jours à atteindre, après avoir franchi un col à 4200m.
Moins sportivement, nous poursuivons notre périple ferroviaire. Sur notre droite, les vestiges d'un important site construit sur des terrasses et cinq minutes plus tard, d'autres vestiges, cette fois sur notre gauche. Petite gare où un randonneur attend un train parmi quelques Indiennes assoupies. Pont himalayen et terrasses de cultures à gauche, sur une rivière qui redouble de furie. Petit arrêt de 7 ou 8 minutes dans une zone de croisement de train car la voie est unique. Des Indiennes essaient de vendre des bouquets de fleurs (glaïeuls, arômes et hortensias). Encore un pont himalayen tandis que le train passe dans des zones de végétation luxuriante avec des lichens et des plantes épiphytes. Encore des terrasses, apparemment toujours exploitées. Nous traversons un tunnel et en ressortons dans une courbe, perspective toujours saisissante à voir alors que cela laisse indifférents quatre cheminots qui cassent déjà la croûte (il est 11h). Dix minutes plus tard, nous débarquons à Aguas Calientes, à 2060m d'altitude, sous la pluie. Agua certes, chaude pas vraiment en ce qui concerne celle qui tombe du ciel mais bien humide. Trêve de plaisanteries, le village doit son nom à une source d'eau chaude sulfureuse.
Avant d'aller au Machu Picchu, nous devons déjeuner ici. Nous ne sommes pas foule au restaurant Inka Wasi où l'on nous sert un copieux repas: un grand bol de velouté, une assiette avec morceaux de viande et de poisson (saumon), fèves, quinoa, aubergines... et pour finir gâteau à la crème auquel Suzanne se doit de faire honneur car c'est son anniversaire.
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La pluie a pratiquement cessé lorsque nous prenons le minibus qui assure
la navette vers le Machu Picchu (pour les individuels, le tarif pour l'utilisation
de la navette et l'entrée au site est de l'ordre de 100$).
Le véhicule
emprunte une route en lacets tracée en 1948 pour remplacer celle utilisée
par les premiers explorateurs. Elle permet tout juste de croiser les minibus descendants.
En s'élevant, on aperçoit un train bleu arrêté en gare
tandis que des groupes de "trekkeurs" redescendant du Machu Picchu utilisent
un sentier direct qui coupe les lacets de notre route. Face à nous, vers
l'est, se découpe l'énorme pain de sucre du Cerro Putukusi
(2592m) tandis qu'une flore luxuriante (orchidées) colonise le versant
de la montagne.
Après une demi-heure de montée, nous voici arrivés
au terminus des bus à 13 heures.
Le 7 juillet 2007, The New7Wonders Foundation a officiellement dévoilé la liste des 7 nouvelles Merveilles du Monde, désignées à la suite d'un vote massif sur Internet parmi une liste de 21 propositions (en rouge, les sites non encore visités à ce jour)..
En ROUGE: sites non encore visités... |
Située
dans la forêt amazonienne d'altitude, à 112km de Cusco, la citadelle
de pierre de Machu Picchu (ce qui signifie "vieille montagne" en quechua)
constitue le monument emblématique du Pérou, et, au-delà,
de toute l'Amérique du Sud.
Monument énigmatique aussi au
sujet duquel on est réduit à bon nombre de conjectures. On ignore
même le nom que lui donnaient les Incas. On fait des hypothèses sur
son rôle: centre astronomique et agronomique, cité de Vierges Sacrées
ou Vierges du Soleil (les acclas), poste avancé dans l'expansion
de l'empire en direction de l'Amazonie, résidence secondaire de l'Inca?
Sa population permanente est estimée dans une fourchette comprise entre
300 et 1500 personnes. On pense que sa construction fut décidée
vers 1440, au début du règne de l'Inca Pachacuti Yupanqui, dit Pachacutec.
Elle se serait étalée sur un siècle, jusqu'à la conquête
du pays par les Espagnols. On estime que sa construction nécessitait le
recours à une main d'oeuvre de 1000 à 2000 personnes.
Nous
sommes dans l'année du "centenaire de la découverte" du
Machu Picchu.
Il faudrait plutôt parler de "re-découverte".
Le site avait été approché par le géographe allemand
Herman Gohring en 1874 tandis qu'une demi-douzaine d'explorateurs péruviens
avaient déjà repéré le site vers 1900. Au même
moment, le professeur d'histoire nord-américain
Hiram Bingham
(1875-1956) recherchait les itinéraires des
campagnes militaires de Simon Bolivar. Formé
initialement à l'université de Yale, il était devenu par
la suite professeur d'histoire dans les célèbres universités
américaines de Harvard et de Princeton.
A
partir de 1909, Hiram Bingham accompagné de professeurs de Yale se lança
à la recherche de l
Vilcabamba, la dernière capitale perdue
des Incas et c'est fortuitement
qu'un renseignement le conduisit au Machu Picchu le 24 juillet 1911. Il
fut guidé vers le site par le fils de l'une des deux (trois ?) familles
indiennes qui exploitaient encore quelques terrasses basses, du côté
ouest du site.
Jusqu'en
1915, Hiram
Bingham mit à
jour des centaines de tombes, jarres, bijoux... qui subsistaient malgré
certains pillages antérieurs. Ce
furent alors quelque 4 000 (ou 45 000?) objets qui prirent le chemin
du musée Peabody de l'Université de Yale. Suite à la demande
du Congrès péruvien formulée en 2006 et à l'acceptation
de l'Université de Yale en 2007, ces objets vont être restitués
au Pérou, à l'occasion du centenaire, en trois phases au cours de
cette année 2011 et en 2012.
Le
MACHU PICCHU est l'un des ensembles monumentaux les plus imposants et impressionnants
de la planète.
Construite au plus haut des montagnes, dominant
et contrôlant les profondes gorges du Rio Urubamba qui contournent l'éperon
rocheux, cette cité constitua un centre administratif, religieux et militaire
et constitue l'expression la plus achevée de l'architecture inca.
Quand
et pourquoi le site fut-il abandonné? Population décimée
par une épidémie de variole arrivée avec les conquistadors?
Plus probablement, le site fut-il abandonné en 1536 lorsque les troupes
de Manco Inca durent s'enfuir de la forteresse de Sacsahuaman
(au-dessus de Cuzco) et se réfugier plus bas, en direction de la forêt
amazonienne, dans l'ultime capitale inca, Vilcabamba (en 1572, les Espagnols finirent
par y capturer le dernier Inca, Tupac Amaru)? Il semble qu'en abandonnant le site,
les Incas avaient pris soin de couper les ponts y donnant accès à
partir du Chemin de l'Inca.
Il paraît incroyable que ce site échappa
aux conquistadors tant au moment de la conquête qu'au long des trois siècles
de la période coloniale. Le site qui avait
subit des pillages n'était pas inconnu des
populations indiennes de la région ni de quelques visiteurs savants et
érudits.
Le
site s'inscrit dans un ensellement, à 2438m (2453m ?) d'altitude, entre
la montagne du Machu Picchu (qui signifie "la jeune montagne" en langue
quechua) proprement dite qui culmine à 3051m (ou 2795m?) au sud et le Huayna
Picchu ou Wayna Picchu ("la jeune montagne") à 2667m au nord.
Cet éperon montagneux a été découpé par une
boucle du Rio Urubamba.
Le site fut aménagé en nivelant le sommet
de l'éperon pour dégager une esplanade centrale, autour de laquelle
s'étageaient les divers quartiers et, en raison de sa situation exceptionnelle,
il ne fut pas nécessaire de doter la cité d'un vrai mur d'enceinte.
Le
site a été inscrit au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO
en 1983.
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De la
billetterie, nous grimpons avec notre guide locale Anna Lucia (ou
Anne Lise?) au niveau d'une cabane du gardien qui domine tout l'ensemble de la
cité et très nettement la zone des cultures qui s'étagent
sur le flanc est. C'est à ce niveau que débouche le Chemin de l'Inca
et le sentier conduisant au Pont de l'Inca.
Certains groupes qui disposent
de plus de temps, commencent la visite en grimpant au sommet de la montagne (Cerro
Machu Picchu) pour avoir une vaste vue plongeant sur le site. Ce "détour"
nécessite environ 2 heures 5AR)...
ette
zone était une sorte de nécropole où Hiram Bingham découvrit
de nombreuses sépultures de momies, déjà pillées (?).
On peut y voir une imposante et étrange roche sculptée, avec trois
marches symbolisant les trois mondes (ciel des dieux, terre des hommes et monde
des mort) et les trois éléments (air, terre et eau), marches conduisant
à une sorte d'autel à moins que ce fût un rocher funéraire
où l'on exposait les dépouilles pour qu'elles se dessèchent?
Carlos nous indique que le statut des personnes momifiées
se déduit de certaines caractéristiques: crâne déformé
et boucles d'oreille en or pour les nobles, cheveux rasés pour les militaires
et, au contraire, cheveux longs pour les prêtres...
Une pluie très
fine tombe tandis que le Huayna Picchu joue à cache-cache parmi les nuages.
Les
terrasses de culture (aujourd'hui engazonnées!), les "andennes,
qui fournissaient les récoltes et approvisionnaient la cité, sont
remarquables à plus d'un titre. Dans ce "quartier" dit des Agriculteurs,
sur une pente abrupte orientée au sud-ouest et au nord-est, ces longues
et étroites terrasses curvilignes épousent les courbes de niveau
et brisent la pente.
Larges de 2 à 3 mètres, elles forment un
étagement de champs en lanières, dont certains étaient irrigués
grâce à des rigoles. Les expositions des champs, et leurs altitudes,
sur les flancs de la montagne étaient variées, ce qui permettait
des cultures diversifiées qui pouvaient fournir la nourriture à
1 000 (ou 10 000?) personnes.
A un moment, un gardien doit intervenir
pour réprimander quelques jeunes asiatiques partis batifoler sur ces terrasses.
En revanche les terrasses accueillent quelques lamas ou plus précisément
des alpagas chargés de la tonte du gazon, même si ces animaux ne
sont pas vraiment adaptés à une altitude aussi basse.
Nous
montons encore un peu plus haut que la cabane du gardien, tout en nous écartant
plus vers l'ouest. De ce point élevé et un peu décentré,
on a une superbe vue plongeante sur les différentes parties du site.
Et
quelle chance! seulement quelques dizaines de visiteurs (3 petits groupes
comme le nôtre) sont déjà sur le site (comme on peut
le voir sur les photos).
Nous effectuerons donc notre visite en toute tranquillité.
En
descendant vers la cité séparée de la zone agricole par un
mur de 400m de long, on domine également quelques terrasses courbes orientées
à l'ouest. De là, on a un point de vue intéressant sur un
ancien escalier qui grimpait à flanc de falaise, à l'ouest de la
cité. On peut apercevoir aussi les eaux boueuses du Rio Urumbamba qui s'en
va rejoindre l'Amazone tandis qu'on entend l'avertisseur du train longeant la
rivière et qui s'en va desservir une gare à une dizaine de kilomètres
plus loin (il y a quelques dizaines d'années, la ligne se poursuivait encore
sur plus de 50km en direction du village d'où Anna Lucia
est originaire).
La
petite pluie a complètement cessé lorsque nous arrivons à
la porte d'entrée de la cité alors qu'il y a déjà
environ une heure que nous sommes sur le site, en train d'en admirer la vue d'ensemble!
Si la cité semblait dépourvue d'un véritable système
de défense, sa porte était dotée d'un système sophistiqué
de fermeture depuis l'intérieur: L'anneau de pierre au-dessus du linteau
(servant en quelque sorte de poulie?) et les deux poignées situées
au niveau des jambages devaient servir pour y passer des cordages afin de lever
ou abaisser une lourde pierre servant de porte et pour la condamner.
Nous allons
parcourir le site dans le sens des aiguilles d'une montre en partant sur la gauche,
sur le côté sud-ouest du site pour revenir par la droite, sur les
pentes orientées au nord-est.
Nous poursuivons en longeant le quartier résidentiel aux constructions en granit que nous laissons sur notre droite puis nous traversons la zone de carrière pour nous diriger vers la Place Sacrée avec le Grand Temple dont il subsiste trois murs percés de niches et le Temple aux Trois Fenêtres dont la base est taillée directement dans le roc, ses ouvertures de forme trapézoïdale (cette forme particulière distinguait les constructions destinées à l'élite: nobles et prêtres) sont orientées vers l'est et seul un pilier de sa façade subsiste.
Le ciel est devenu clément, le soleil fait même quelques timides percées, c'est donc le moment propice pour la photo de groupe (oustiti, cheese ou cli.....?).
Plus
au nord, nous grimpons sur le tertre en forme de pyramide. On arrive à
l'observatoire astronomique avec la fameuse pierre Intiwatana ou Intihuantana,
ce qui signifie littéralement "le lieu où l'on attache le
soleil". Du fait qu'il est resté inconnu des Espagnols, c'est
le seul objet "idolâtre" qui ait échappé à
leurs destructions. Ce monolithe curieusement sculpté, comporte trois marches
menant à une plate-forme au-dessus de laquelle se dresse un parallélépipède,
légèrement incliné et incurvé. C'était sans
doute une sorte de cadran solaire sophistiqué. Observé sous un certain
angle (en direction du nord, ici c'est le côté du soleil une majeure
partie de l'année), le profil rappelle celui de la montagne située
en arrière-plan, le Huayna Picchu.
Après être
descendus du tertre et en poursuivant jusqu'au point le plus éloigné
du site, nous arrivons à une place où se situent deux masmas,
des maisons en forme de préaux (ouvertes sur une façade). La charpente
et la toiture reconstituées permettent d'apprécier les techniques
n'utilisant que des matériaux d'origine végétale. Les pannes
de la charpente étaient ligaturées aux pierres saillantes extérieures
des pignons (exactement le dispositif inverse de nos systèmes de construction)
et recouverte de paille d'ichu (la graminée andine que paissent
les lamas). A cet endroit abouti encore un ancien escalier de pierre grimpant
la falaise, sur le versant ouest de l'éperon rocheux.
Le fond de la
place est fermé par le Rocher Sacré dont le profil rappelle
celui des montagnes situées en arrière, le Cerro San Miguel..
Encore un peu plus en arrière, on peut voir un autre rocher dont la forme
semble plus naturelle et qui lui aussi a un profil rappelant cette montagne située
en arrière.
Du pied de la montagne Huayna Picchu, nous avons
une vue sur cette partie secondaire du site d'accès difficile: chemin et
marches escaladant la falaise, terrasses et ruines de bâtiments vers le
sommet. L'accès vient d'en être fermé (à 15 heures)
pour une raison d'horaire car il faut compter deux heures pour faire l'aller et
retour. De là-haut, vue vertigineuse sur les gorges du Rio Urubamba à
ce qu'il paraît...
Après
cela, nous passons sur le versant nord-est du site, dans le quartier
des artisans aux constructions plus grossières.
C'est l'occasion
d'y voir des chinchillas, petits mammifères rongeurs originaires
des Andes, ressemblant vaguement à un lapin mais avec des oreilles plus
courtes et une plus longue queue. C'est une espèce en voie de disparition
car elle a été décimée pour sa fourrure (ces animaux
ont la fourrure la plus dense des espèces terrestres avec 20 000 poils
par cm²). Parler de ces petites bêtes, ça nous rappelle qu'en
1968 la chanteuse Régine évoquait parfum et fourrure dans "Patchouli
Chinchilla".
Nous voici maintenant dans le quartier dit des
Prisons (en fait il n'est pas du tout certain qu'il s'agissait de geôles
mais plutôt de lieux de culte voire de logement de Vierges Sacrées),
avec les vestiges de construction à étage au-dessus de grottes et
dont les murs sont percés de niches trapézoïdales. Tout près
de là, on peut voir le Temple du Condor avec une grande pierre plate
qui dépasse un peu du sol et est taillée en forme de condor, la
tête dirigée vers l'est (le soleil levant). Lieu de culte? Lieu de
sacrifice où l'on exposait le cadavre d'ennemis vaincus?
Nous
jetons un coup d'oeil au système de fontaines et de rigoles de distribution
de l'eau, toujours fonctionnel, avant de remonter vers le centre du site, vers
le quartier de l'Inca. Nous arrivons à une étrange grotte située
en dessous du Torreon. On l'appelle Tombeau Royal mais ce pouvait
aussi être un lieu de culte comme tendraient à l'indiquer la pierre
à degrés et les niches qui ont été taillés
dans le rocher.
Juste au-dessus s'élève le Torreon
ou Temple du Soleil, une demi-tour en forme de fer à cheval qui se
distingue de toutes les autres constructions du site par sa maçonnerie
de pierre polie et parfaitement ajustée. Cette forme nous rappelle celle
du Temple de Coricancha, à Cuzco. Pour accéder au niveau supérieur,
il faut passer une porte toujours dotée de systèmes pour la condamner
avec une lourde pierre. La tour possédait deux fenêtres opposées
nord-sud permettant l'éclairage direct par les rayons du soleil aux solstices
d'hiver et d'été. Le temple se prolonge par une partie percée
de la Fenêtre aux Serpents (son seuil est percé de trous).
Près de là, on peut aussi voir les vestiges de la Maison de l'Inca
dont la maçonnerie est aussi soignée que celle du Torreon.
Il est déjà plus de 16 heures. Nous regagnons la sortie en suivant les chemins aménagés au niveau des terrasses de culture où paissent quelques alpagas qui font joli dans le décor, bien qu'ici du fait de l'altitude modérée, ils ne vivent pas dans leur écosystème.
Au moment de gagner
l'abri pour voyageurs devant lequel se garent les minibus, se produit une bonne
averse. OUF! nous l'avons échappé belle. Rien d'étonnant
dans un site qui reçoit annuellement 2 mètres d'eau (en particulier
de novembre à avril) mais par chance nous avons été épargnés
tout au long de notre visite (par Carlos, nous avons su que si, comme prévu,
nous avions visité le site le lendemain, dimanche, nous aurions eu beaucoup
moins de chance...).
Il n'y a pas de courageux (ou de téméraires)
pour effectuer la descente à pied au village. Il ne faut pourtant qu'une
heure or nous en avons encore troisdevant nous avant le départ du train!
Nous
sommes de retour à Aguas Calientes à 17h. Le train pour Ollantaytambo
ne part qu'à 19h25! Plutôt que cette longue attente et qu'un dîner
tardif, il aurait été plus sympa (mais plus cher) de dîner
là-haut, au Machu Picchu Sanctuary Lodge ou au moins ici, au village
plutôt qu très tard à notre hôtel à Urubamba!
Le
prix de nos billets a dû être tiré par notre tour operator
et par le réceptif...
On a donc plus de deux heures à tuer
à Aguas Calientes où il fait presque nuit surtout sous un ciel pluvieux.
Bien sûr, on peut boire un coup dans un bar ou faire un tou,r et même
plusieurs, dans l'espèce de marché artisanal qui a l'allure d'un
souk, avec les bâches et les tôles destinées à protéger
les allées de la pluie.
On finit par essayer de trouver un siège
dans le hall de la gare qui sert aussi de salle d'attente.
Un peu avant 21h, nous
arrivons à la gare d'Ollantaytambo et il reste à remonter la longue
route qui descend à la gare, dans l'obscurité et avec tous les pièges
des travaux de voirie qui sont en cours.
Nous retrouvons notre bus qui va
nous conduire à Urubamba, ville distante d'une trentaine de kilomètres.
Une demi-heure plus tard, à 22h15, le bus nous débarque à notre hôtel Agustos à Urubamba, après quelques difficultés pour en trouver l'accès, en pleine zone agricole, à la périphérie de la ville.
Des souvenirs plein la tête de cette merveilleuse journée...
PEROU