Ollantaytambo à Aguas CalientesMACHU PICCHU

MACHU PICCHU ***
En train vers Aguas Calientes (
1)
Le site du Machu Picchu
(2).
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LE CHEMIN DE L'INCA,
QHAPAQ ÑAN

C'était un axe s'étendant sur quelque 6000km en latitude, de la Colombie à l'Argentine et au Chili, qui permettait de relier les différentes parties de l'Empire inca au moment de son apogée.

Avec l'extension de 11000km que lui donnèrent les Incas sous le règne de Pachacutec vers 1440 et son maillage d'itinéraires secondaires, c'est un réseau de 23000km voire 45000km (! si 'lon se réfère à la source indiquée en fin d'encart).
Un réseau de chemins pré-incas fut repris, modernisé et donc étendu. Certains tronçons sont pavés et larges (plus de 15m.) mêmes si ces cultures indiennes n'avaient ni l'usage de la roue ni d'animaux de monte. Le réseau s'articule à partir de deux principaux axes nord-sud, l'un proche de la côte et l'autre au coeur de la Cordillère. Souvent le chemin est plus que dédoublé.

Il arrivait que l'Inca parcourût ce chemin, porté sur une litière. Les populations villageoises se rendaient à sa rencontre et il entendait leurs doléances et s'il le fallait, il rendait justice. De temps à autre, des plate-formes cérémonielles, les ushnu, émaillent le parcours.

Dans certains passages pour franchir les rivières, on utilisait de simples troncs d'arbres pour les petits cours d'eau ou des ponts de barques en roseau (totora) mais le réseau comportait aussi des ponts de pierre, des ponts suspendus en fibres d'agave ou des câbles à nacelle (jusqu'à 60m de longueur) avec un système de péage. Ailleurs, il était aménagé avec des marches et il s'accrochait par endroit au flanc de la montagne.
La création et l'entretien de ce réseau relevaient de la mita, le système de tribut ou de corvée que devaient les communautés paysannes (ayllu) en échange de la protection impériale et de la sécurité économique. Avec la colonisation, le travail resta obligatoire et fut rémunéré ce qui n'empêcha pas le réseau de se dégrader et des tronçons ont même été perdus, leurs vestiges recouverts par la végétation.

Ces itinéraires étaient empruntés par les chasquis, des coursiers à pied, qui se relayaient toutes les demi-lieux pour transmettre rapidement les informations orales et d'autres portées sur des quipus, grâce à un système de relais-auberges, les tambos, sortes de caravensérails plus ou moins fortifiés. Après la Conquête, les messagers devinrent salariés.

La lecture des quipu repose sur un code savant. La couleur des fils servait à identifier des catégories: rouge pour dénombrer des guerriers, jaune pour comptabiliser des quantités d'or. Les fils sans couleurs particulière servaient à recenser des catégories en ordre décroissant (par exemple, des armes:des lances aux frondes ou des vassaux selon le sexe ou l'âge).

La portion d'une quarantaine de kilomètres évoquée ici et donnant accès au MACHU PICCHU, est appelée El Camino Real ("le Chemin Royal"). Sur ce trajet, les marcheurs ont la chance de voir les vestiges de plusieurs importants sites incas (Winay Xayna, Sayacmarca, Phuyupatamarca...). Ils doivent être accompagnés d'un guide depuis 2001. Au long du parcours assez physique, les altitudes varient entre 2200 et 4200 mètres.

Le projet Inka Naani associant les communautés villageoises riveraines du Chemin de l'Inca a pour but sa réhabilitation.

Lire à ce sujet l'ouvrage
"A la recherche de LA GRANDE ROUTE INCA"
de Megan SON et Laurent GRANIER
aux Editions GEO/Prisma Presse - Paris 2008

 


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IMPACT DU SEISME SURVENU AU JAPON

Suites au tremblement de terre japonais, après le Mexique, la vague due au tsunami qui a parcouru l'Océan pacifique est arrivée sur le Pérou hier en fin d'après-midi. L'accès aux plages avait été interdit mais heureusement la vague ne dépassait guère le niveau d'une forte marée sauf localement où elle a atteint 1,40m, dans le nord du pays, au sud à Camana et au centre, à Paracas. Dans ce dernier port, un bateau a même été propulsé dans un restaurant !

 

Village de CHINCHERO

Bien plus réjouissant, nous voici arrivés au clou de notre voyage, la journée qui va nous permettre de découvrir le MACHU PICCHU. En fait, cette excursion est (heureusement) avancée d'une journée, nous devions l'effectuer un jour plus tard, le dimanche.

Départ très matinal de Cuzco, à 6h30. Ciel toujours couvert mais pas trop menaçant.

roisième jour avec le mal de crâne toujours présent pour moi...

 

Nous allons reprendre un peu de hauteur pour traverser un hinterland entre la vallée que parcourent la route et la voie ferrée et, de l'autre côté, la vallée de l'Urubamba. La route sinue entre collines et vallons couverts de cultures (pommes de terre, luzerne, céréales, fèves, lupins bleus) et traverse de pittoresque villages et hameaux.

A 30km de Cuzco et 400m de plus en altitude, nous arrivons au village de Chinchero (ce village est réputé pour ses tissages et son église coloniale). On peut apercevoir des vestiges des terrasses de culture inca ainsi que de murs de la même origine. Devant l'hôtel de ville, on a érigé une statue de l'Inca Tupac Yupanqui qui avait bâti ici un palais de campagne.

Dans cette meseta (plateau) de Chinchero, c'est presque perdus dans le coton des nuages que nous distinguons à peine les tiges d'agave en fleur et les raquettes des figuiers de Barbarie!

Nous redescendons, en direction de la vallée de l'Urubamba, très précisément vers la ville éponyme que nous nous bornons à longer pour poursuivre en direction de Ollantaytambo où l'on doit prendre le train. Monotone paysage de plaine fluviale avec ses cultures de maïs.
La voie ferrée venant de Cuzco se glisse dans la vallée et, dans une gare située au milieu de nulle part, on peut apercevoir les trois catégories de trains qui mènent à Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu: Local Backpaker Cerrojo, le train du peuple, le plus économique, le Vistadome, en catégorie intermédiaire avec d'anciennes voitures allemandes aux vitres panoramiques en service depuis 1965 ou le luxueux Hiram Bigham (nom donné en l'honneur du découvreur du site), train Pullman de type Orient-Express des années 1920 avec des voitures décorées.
Le réseau ferré péruvien est assez restreint: environ 2000 km. Le relief et le niveau de développement du pays en sont la cause...

Un miracle, le mal de tête qui ne me lâchait pas depuis deux jours et demi a enfin disparu comme par enchantement, sans que je m'en rende vraiment compte. Il est vrai que nous sommes passés sous la barre des 3000m puisque ici, à Ollantaytambo, on est à 2792m d'altitude. On a descendu de 600m. Non seulement l'air est plus riche en oxygène mais la température a augmenté du fait de la moindre altitude...


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En train panoramique à destination d'Aguas Calientes **

Nous arrivons à Ollantaytambo où le bus a quelque souci pour stationner (il est refouler du parking proche de la gare!), ce qui va nous obliger à faire une bonne marche soutenue pour atteindre la gare avant le départ de notre train. Lorsque nous y arrivons, la foule se presse sur les quais et il est temps d'embarquer dans le train de 9 heures (il y en a un tôt le matin et un autre en début d'après-midi).

Nous allons utiliser un train PeruRail de la gamme Vistadome avec service à bord d'encas, boissons chaudes et rafraîchissements gratuits servis par deux employés affectés à chaque voiture. La traction est assurée par une motrice diesel.
Le trajet vers Aguas Calientes va durer environ 2 heures pour un trajet qui ne doit guère dépasser les 50km. A cette allure, le transport est parfaitement confortable, silencieux et sans cahot, en donnant tout loisir pour admirer un paysage qui le mérite. C'est plus sympathique et confortable que de faire le même trajet en bus.

OLLANTAYTAMBO - train pour Aguas Calientes OLLANTAYTAMBO - train pour Aguas Calientes OLLANTAYTAMBO - train pour Aguas Calientes

La rivière Urubamba roule des flots boueux, gonflée par les pluies de l'été austral qui se termine. Le spectacle est particulièrement saisissant dans des zones de rapides où l'eau rejaillit à plusieurs mètres de haut. Dans d'autres sections plus paisibles, les rives sont occupées par quelques cultures, des maisons isolées ou de petits hameaux. La violence de la rivière en crue est telle que l'an dernier (en janvier 2010) une portion de la voie a été emportée par les crues les plus violentes depuis 15 ans, isolant Aguas Calientes, y bloquant 1900 touristes et rendant donc impossible les excursions au Machu Picchu pendant trois mois.

Au bout d'une demi-heure de trajet, nous apercevons un camp pour adeptes du trekking sur "le Chemin de l'Inca" ou "Camino del Inca" (ou en quechua Qhapaq Ñan, "chemin royal"), camp situé à une quarantaine de kilomètres de la cité perdue. Il faut préciser que certains tronçons du chemin n'ont été découverts qu'en 1984. Un peu plus loin, des randonneurs empruntent une passerelle franchissant la rivière et s'en vont par un chemin en lacet vers un objectif qu'ils vont mettre trois ou quatre jours à atteindre, après avoir franchi un col à 4200m.

Moins sportivement, nous poursuivons notre périple ferroviaire. Sur notre droite, les vestiges d'un important site construit sur des terrasses et cinq minutes plus tard, d'autres vestiges, cette fois sur notre gauche. Petite gare où un randonneur attend un train parmi quelques Indiennes assoupies. Pont himalayen et terrasses de cultures à gauche, sur une rivière qui redouble de furie. Petit arrêt de 7 ou 8 minutes dans une zone de croisement de train car la voie est unique. Des Indiennes essaient de vendre des bouquets de fleurs (glaïeuls, arômes et hortensias). Encore un pont himalayen tandis que le train passe dans des zones de végétation luxuriante avec des lichens et des plantes épiphytes. Encore des terrasses, apparemment toujours exploitées. Nous traversons un tunnel et en ressortons dans une courbe, perspective toujours saisissante à voir alors que cela laisse indifférents quatre cheminots qui cassent déjà la croûte (il est 11h). Dix minutes plus tard, nous débarquons à Aguas Calientes, à 2060m d'altitude, sous la pluie. Agua certes, chaude pas vraiment en ce qui concerne celle qui tombe du ciel mais bien humide. Trêve de plaisanteries, le village doit son nom à une source d'eau chaude sulfureuse.

Avant d'aller au Machu Picchu, nous devons déjeuner ici. Nous ne sommes pas foule au restaurant Inka Wasi où l'on nous sert un copieux repas: un grand bol de velouté, une assiette avec morceaux de viande et de poisson (saumon), fèves, quinoa, aubergines... et pour finir gâteau à la crème auquel Suzanne se doit de faire honneur car c'est son anniversaire.

Aguas Calientes - restaurant Inka Wasi Aguas Calientes - restaurant Inka Wasi Aguas Calientes - restaurant Inka Wasi
Aguas Calientes - restaurant Inka Wasi Aguas Calientes - restaurant Inka Wasi Aguas Calientes - anniversaire de Suzanne 


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Visite du MACHU PICCHU ***

La pluie a pratiquement cessé lorsque nous prenons le minibus qui assure la navette vers le Machu Picchu (pour les individuels, le tarif pour l'utilisation de la navette et l'entrée au site est de l'ordre de 100$).
Le véhicule emprunte une route en lacets tracée en 1948 pour remplacer celle utilisée par les premiers explorateurs. Elle permet tout juste de croiser les minibus descendants. En s'élevant, on aperçoit un train bleu arrêté en gare tandis que des groupes de "trekkeurs" redescendant du Machu Picchu utilisent un sentier direct qui coupe les lacets de notre route. Face à nous, vers l'est, se découpe l'énorme pain de sucre du Cerro Putukusi (2592m) tandis qu'une flore luxuriante (orchidées) colonise le versant de la montagne.
Après une demi-heure de montée, nous voici arrivés au terminus des bus à 13 heures.

MACHU PICCHU

 


LES 7 NOUVELLES MERVEILLES DU MONDE...

Le 7 juillet 2007, The New7Wonders Foundation a officiellement dévoilé la liste des 7 nouvelles Merveilles du Monde, désignées à la suite d'un vote massif sur Internet parmi une liste de 21 propositions (en rouge, les sites non encore visités à ce jour)..

  • La grande Muraille de Chine
  • La cité de Petra en Jordanie
  • La statue du Christ Rédempteur au Brésil
  • Les ruines du Machu Picchu
  • La cité maya de Chichén Itzá au Mexique
  • Le Colisée de Rome
  • La Taj Mahal en Inde

En ROUGE: sites non encore visités...

Située dans la forêt amazonienne d'altitude, à 112km de Cusco, la citadelle de pierre de Machu Picchu (ce qui signifie "vieille montagne" en quechua) constitue le monument emblématique du Pérou, et, au-delà, de toute l'Amérique du Sud.
Monument énigmatique aussi au sujet duquel on est réduit à bon nombre de conjectures. On ignore même le nom que lui donnaient les Incas. On fait des hypothèses sur son rôle: centre astronomique et agronomique, cité de Vierges Sacrées ou Vierges du Soleil (les acclas), poste avancé dans l'expansion de l'empire en direction de l'Amazonie, résidence secondaire de l'Inca?
Sa population permanente est estimée dans une fourchette comprise entre 300 et 1500 personnes. On pense que sa construction fut décidée vers 1440, au début du règne de l'Inca Pachacuti Yupanqui, dit Pachacutec. Elle se serait étalée sur un siècle, jusqu'à la conquête du pays par les Espagnols. On estime que sa construction nécessitait le recours à une main d'oeuvre de 1000 à 2000 personnes.


Nous sommes dans l'année du "centenaire de la découverte" du Machu Picchu.
Il faudrait plutôt parler de "re-découverte". Le site avait été approché par le géographe allemand Herman Gohring en 1874 tandis qu'une demi-douzaine d'explorateurs péruviens avaient déjà repéré le site vers 1900. Au même moment, le professeur d'histoire nord-américain Hiram Bingham (1875-1956) recherchait les itinéraires des campagnes militaires de Simon Bolivar. Formé initialement à l'université de Yale, il était devenu par la suite professeur d'histoire dans les célèbres universités américaines de Harvard et de Princeton.
A partir de 1909, Hiram Bingham accompagné de professeurs de Yale se lança à la recherche de l
Vilcabamba, la dernière capitale perdue des Incas et c'est fortuitement qu'un renseignement le conduisit au Machu Picchu le 24 juillet 1911.
Il fut guidé vers le site par le fils de l'une des deux (trois ?) familles indiennes qui exploitaient encore quelques terrasses basses, du côté ouest du site.
Jusqu'en 1915, Hiram Bingham mit à jour des centaines de tombes, jarres, bijoux... qui subsistaient malgré certains pillages antérieurs.
Ce furent alors quelque 4 000 (ou 45 000?) objets qui prirent le chemin du musée Peabody de l'Université de Yale. Suite à la demande du Congrès péruvien formulée en 2006 et à l'acceptation de l'Université de Yale en 2007, ces objets vont être restitués au Pérou, à l'occasion du centenaire, en trois phases au cours de cette année 2011 et en 2012.

Le MACHU PICCHU est l'un des ensembles monumentaux les plus imposants et impressionnants de la planète.
Construite au plus haut des montagnes, dominant et contrôlant les profondes gorges du Rio Urubamba qui contournent l'éperon rocheux, cette cité constitua un centre administratif, religieux et militaire et constitue l'expression la plus achevée de l'architecture inca.
Quand et pourquoi le site fut-il abandonné? Population décimée par une épidémie de variole arrivée avec les conquistadors? Plus probablement, le site fut-il abandonné en 1536 lorsque les troupes de Manco Inca durent s'enfuir de la forteresse de Sacsahuaman (au-dessus de Cuzco) et se réfugier plus bas, en direction de la forêt amazonienne, dans l'ultime capitale inca, Vilcabamba (en 1572, les Espagnols finirent par y capturer le dernier Inca, Tupac Amaru)? Il semble qu'en abandonnant le site, les Incas avaient pris soin de couper les ponts y donnant accès à partir du Chemin de l'Inca.
Il paraît incroyable que ce site échappa aux conquistadors tant au moment de la conquête qu'au long des trois siècles de la période coloniale. Le site qui
avait subit des pillages n'était pas inconnu des populations indiennes de la région ni de quelques visiteurs savants et érudits.

Le site s'inscrit dans un ensellement, à 2438m (2453m ?) d'altitude, entre la montagne du Machu Picchu (qui signifie "la jeune montagne" en langue quechua) proprement dite qui culmine à 3051m (ou 2795m?) au sud et le Huayna Picchu ou Wayna Picchu ("la jeune montagne") à 2667m au nord. Cet éperon montagneux a été découpé par une boucle du Rio Urubamba.
Le site fut aménagé en nivelant le sommet de l'éperon pour dégager une esplanade centrale, autour de laquelle s'étageaient les divers quartiers et, en raison de sa situation exceptionnelle, il ne fut pas nécessaire de doter la cité d'un vrai mur d'enceinte.
Le site a été inscrit au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO en 1983.

MACHU PICCHU 
MACHU PICCHU 

 

MACHU PICCHU - Plan du site

De la billetterie, nous grimpons avec notre guide locale Anna Lucia (ou Anne Lise?) au niveau d'une cabane du gardien qui domine tout l'ensemble de la cité et très nettement la zone des cultures qui s'étagent sur le flanc est. C'est à ce niveau que débouche le Chemin de l'Inca et le sentier conduisant au Pont de l'Inca.
Certains groupes qui disposent de plus de temps, commencent la visite en grimpant au sommet de la montagne (Cerro Machu Picchu) pour avoir une vaste vue plongeant sur le site. Ce "détour" nécessite environ 2 heures 5AR)...

ette zone était une sorte de nécropole où Hiram Bingham découvrit de nombreuses sépultures de momies, déjà pillées (?). On peut y voir une imposante et étrange roche sculptée, avec trois marches symbolisant les trois mondes (ciel des dieux, terre des hommes et monde des mort) et les trois éléments (air, terre et eau), marches conduisant à une sorte d'autel à moins que ce fût un rocher funéraire où l'on exposait les dépouilles pour qu'elles se dessèchent?
Carlos
nous indique que le statut des personnes momifiées se déduit de certaines caractéristiques: crâne déformé et boucles d'oreille en or pour les nobles, cheveux rasés pour les militaires et, au contraire, cheveux longs pour les prêtres...

Une pluie très fine tombe tandis que le Huayna Picchu joue à cache-cache parmi les nuages.

Les terrasses de culture (aujourd'hui engazonnées!), les "andennes, qui fournissaient les récoltes et approvisionnaient la cité, sont remarquables à plus d'un titre. Dans ce "quartier" dit des Agriculteurs, sur une pente abrupte orientée au sud-ouest et au nord-est, ces longues et étroites terrasses curvilignes épousent les courbes de niveau et brisent la pente.
Larges de 2 à 3 mètres, elles forment un étagement de champs en lanières, dont certains étaient irrigués grâce à des rigoles. Les expositions des champs, et leurs altitudes, sur les flancs de la montagne étaient variées, ce qui permettait des cultures diversifiées qui pouvaient fournir la nourriture à 1 000 (ou 10 000?) personnes.
A un moment, un gardien doit intervenir pour réprimander quelques jeunes asiatiques partis batifoler sur ces terrasses. En revanche les terrasses accueillent quelques lamas ou plus précisément des alpagas chargés de la tonte du gazon, même si ces animaux ne sont pas vraiment adaptés à une altitude aussi basse.

Nous montons encore un peu plus haut que la cabane du gardien, tout en nous écartant plus vers l'ouest. De ce point élevé et un peu décentré, on a une superbe vue plongeante sur les différentes parties du site.
Et quelle chance! seulement quelques dizaines de visiteurs (3 petits groupes comme le nôtre) sont déjà sur le site (comme on peut le voir sur les photos).
Nous effectuerons donc notre visite en toute tranquillité
.

En descendant vers la cité séparée de la zone agricole par un mur de 400m de long, on domine également quelques terrasses courbes orientées à l'ouest. De là, on a un point de vue intéressant sur un ancien escalier qui grimpait à flanc de falaise, à l'ouest de la cité. On peut apercevoir aussi les eaux boueuses du Rio Urumbamba qui s'en va rejoindre l'Amazone tandis qu'on entend l'avertisseur du train longeant la rivière et qui s'en va desservir une gare à une dizaine de kilomètres plus loin (il y a quelques dizaines d'années, la ligne se poursuivait encore sur plus de 50km en direction du village d'où Anna Lucia est originaire).

La petite pluie a complètement cessé lorsque nous arrivons à la porte d'entrée de la cité alors qu'il y a déjà environ une heure que nous sommes sur le site, en train d'en admirer la vue d'ensemble!
Si la cité semblait dépourvue d'un véritable système de défense, sa porte était dotée d'un système sophistiqué de fermeture depuis l'intérieur: L'anneau de pierre au-dessus du linteau (servant en quelque sorte de poulie?) et les deux poignées situées au niveau des jambages devaient servir pour y passer des cordages afin de lever ou abaisser une lourde pierre servant de porte et pour la condamner.
Nous allons parcourir le site dans le sens des aiguilles d'une montre en partant sur la gauche, sur le côté sud-ouest du site pour revenir par la droite, sur les pentes orientées au nord-est.

Nous poursuivons en longeant le quartier résidentiel aux constructions en granit que nous laissons sur notre droite puis nous traversons la zone de carrière pour nous diriger vers la Place Sacrée avec le Grand Temple dont il subsiste trois murs percés de niches et le Temple aux Trois Fenêtres dont la base est taillée directement dans le roc, ses ouvertures de forme trapézoïdale (cette forme particulière distinguait les constructions destinées à l'élite: nobles et prêtres) sont orientées vers l'est et seul un pilier de sa façade subsiste.

Le ciel est devenu clément, le soleil fait même quelques timides percées, c'est donc le moment propice pour la photo de groupe (oustiti, cheese ou cli.....?).

MACHU PICCHU - les 17 + Carlos et Anna Lucia

 

Plus au nord, nous grimpons sur le tertre en forme de pyramide. On arrive à l'observatoire astronomique avec la fameuse pierre Intiwatana ou Intihuantana, ce qui signifie littéralement "le lieu où l'on attache le soleil". Du fait qu'il est resté inconnu des Espagnols, c'est le seul objet "idolâtre" qui ait échappé à leurs destructions. Ce monolithe curieusement sculpté, comporte trois marches menant à une plate-forme au-dessus de laquelle se dresse un parallélépipède, légèrement incliné et incurvé. C'était sans doute une sorte de cadran solaire sophistiqué. Observé sous un certain angle (en direction du nord, ici c'est le côté du soleil une majeure partie de l'année), le profil rappelle celui de la montagne située en arrière-plan, le Huayna Picchu.

Après être descendus du tertre et en poursuivant jusqu'au point le plus éloigné du site, nous arrivons à une place où se situent deux masmas, des maisons en forme de préaux (ouvertes sur une façade). La charpente et la toiture reconstituées permettent d'apprécier les techniques n'utilisant que des matériaux d'origine végétale. Les pannes de la charpente étaient ligaturées aux pierres saillantes extérieures des pignons (exactement le dispositif inverse de nos systèmes de construction) et recouverte de paille d'ichu (la graminée andine que paissent les lamas). A cet endroit abouti encore un ancien escalier de pierre grimpant la falaise, sur le versant ouest de l'éperon rocheux.
Le fond de la place est fermé par le Rocher Sacré dont le profil rappelle celui des montagnes situées en arrière, le Cerro San Miguel.. Encore un peu plus en arrière, on peut voir un autre rocher dont la forme semble plus naturelle et qui lui aussi a un profil rappelant cette montagne située en arrière.

Du pied de la montagne Huayna Picchu, nous avons une vue sur cette partie secondaire du site d'accès difficile: chemin et marches escaladant la falaise, terrasses et ruines de bâtiments vers le sommet. L'accès vient d'en être fermé (à 15 heures) pour une raison d'horaire car il faut compter deux heures pour faire l'aller et retour. De là-haut, vue vertigineuse sur les gorges du Rio Urubamba à ce qu'il paraît...

Après cela, nous passons sur le versant nord-est du site, dans le quartier des artisans aux constructions plus grossières.
C'est l'occasion d'y voir des chinchillas, petits mammifères rongeurs originaires des Andes, ressemblant vaguement à un lapin mais avec des oreilles plus courtes et une plus longue queue. C'est une espèce en voie de disparition car elle a été décimée pour sa fourrure (ces animaux ont la fourrure la plus dense des espèces terrestres avec 20 000 poils par cm²). Parler de ces petites bêtes, ça nous rappelle qu'en 1968 la chanteuse Régine évoquait parfum et fourrure dans "Patchouli Chinchilla".

Nous voici maintenant dans le quartier dit des Prisons (en fait il n'est pas du tout certain qu'il s'agissait de geôles mais plutôt de lieux de culte voire de logement de Vierges Sacrées), avec les vestiges de construction à étage au-dessus de grottes et dont les murs sont percés de niches trapézoïdales. Tout près de là, on peut voir le Temple du Condor avec une grande pierre plate qui dépasse un peu du sol et est taillée en forme de condor, la tête dirigée vers l'est (le soleil levant). Lieu de culte? Lieu de sacrifice où l'on exposait le cadavre d'ennemis vaincus?

Nous jetons un coup d'oeil au système de fontaines et de rigoles de distribution de l'eau, toujours fonctionnel, avant de remonter vers le centre du site, vers le quartier de l'Inca. Nous arrivons à une étrange grotte située en dessous du Torreon. On l'appelle Tombeau Royal mais ce pouvait aussi être un lieu de culte comme tendraient à l'indiquer la pierre à degrés et les niches qui ont été taillés dans le rocher.
Juste au-dessus s'élève le Torreon ou Temple du Soleil, une demi-tour en forme de fer à cheval qui se distingue de toutes les autres constructions du site par sa maçonnerie de pierre polie et parfaitement ajustée. Cette forme nous rappelle celle du Temple de Coricancha, à Cuzco. Pour accéder au niveau supérieur, il faut passer une porte toujours dotée de systèmes pour la condamner avec une lourde pierre. La tour possédait deux fenêtres opposées nord-sud permettant l'éclairage direct par les rayons du soleil aux solstices d'hiver et d'été. Le temple se prolonge par une partie percée de la Fenêtre aux Serpents (son seuil est percé de trous). Près de là, on peut aussi voir les vestiges de la Maison de l'Inca dont la maçonnerie est aussi soignée que celle du Torreon.

Il est déjà plus de 16 heures. Nous regagnons la sortie en suivant les chemins aménagés au niveau des terrasses de culture où paissent quelques alpagas qui font joli dans le décor, bien qu'ici du fait de l'altitude modérée, ils ne vivent pas dans leur écosystème.

Au moment de gagner l'abri pour voyageurs devant lequel se garent les minibus, se produit une bonne averse. OUF! nous l'avons échappé belle. Rien d'étonnant dans un site qui reçoit annuellement 2 mètres d'eau (en particulier de novembre à avril) mais par chance nous avons été épargnés tout au long de notre visite (par Carlos, nous avons su que si, comme prévu, nous avions visité le site le lendemain, dimanche, nous aurions eu beaucoup moins de chance...).

Il n'y a pas de courageux (ou de téméraires) pour effectuer la descente à pied au village. Il ne faut pourtant qu'une heure or nous en avons encore troisdevant nous avant le départ du train!

Aguas Calientes Aguas Calientes  Aguas Calientes Train pour Ollantaytambo 

 

Nous sommes de retour à Aguas Calientes à 17h. Le train pour Ollantaytambo ne part qu'à 19h25! Plutôt que cette longue attente et qu'un dîner tardif, il aurait été plus sympa (mais plus cher) de dîner là-haut, au Machu Picchu Sanctuary Lodge ou au moins ici, au village plutôt qu très tard à notre hôtel à Urubamba!
Le prix de nos billets a dû être tiré par notre tour operator et par le réceptif...

On a donc plus de deux heures à tuer à Aguas Calientes où il fait presque nuit surtout sous un ciel pluvieux. Bien sûr, on peut boire un coup dans un bar ou faire un tou,r et même plusieurs, dans l'espèce de marché artisanal qui a l'allure d'un souk, avec les bâches et les tôles destinées à protéger les allées de la pluie.
On finit par essayer de trouver un siège dans le hall de la gare qui sert aussi de salle d'attente.

Un peu avant 21h, nous arrivons à la gare d'Ollantaytambo et il reste à remonter la longue route qui descend à la gare, dans l'obscurité et avec tous les pièges des travaux de voirie qui sont en cours.
Nous retrouvons notre bus qui va nous conduire à Urubamba, ville distante d'une trentaine de kilomètres.

Une demi-heure plus tard, à 22h15, le bus nous débarque à notre hôtel Agustos à Urubamba, après quelques difficultés pour en trouver l'accès, en pleine zone agricole, à la périphérie de la ville.

Des souvenirs plein la tête de cette merveilleuse journée...

MACHU PICCHU, symbole du
MACHU PICCHU

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