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Est de SAN POLO (autres que les édifices décrits le long du Grand Canal)
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Après avoir franchi le pont du Rialto, nous arrivons dans la Ruga degli Orefici ("rue des orfèvres"). Les boutiques débordent largement sous les arcades et sur la rue mais il est vrai qu'elle est piétonne...
La
façade de la petite église San Giacomo di Rialto porte un clocher
plat et ajouré et surtout une grande horloge indiquant non pas les douze
heures mais les vint quatre heures d'une journée. Au fond du campo, coté
opposé à l'église, on peut voir un étrange escalier
à trois marches supporté par une statue d'homme agenouillé
supportant la plate-forme sur ses épaules, plate-forme qui servait au crieur
des communications officielles. On nomme ce piédestal Gobbo di Rialto,
"le bossu" réputé redresseur de torts car il
arrivait que des citoyens mécontents s'en servent pour haranguer leurs
concitoyens...
Sur la droite, on arrive au Campo Erbaria, le marché aux fruits, légumes et fleurs situé sur la rive du Grand Canal.
En
longeant la Fabbriche Nuove, nous parvenons aux halles du Marché au
Poisson, la Pescheria ou Pescaria.
Il est 8 heures du
matin ce dernier jour de notre séjour vénitien, le moment
opportun. Beaucoup plus opportun que lors de notre première visite,
l'après-midi du jour de notre arrivée. C'est au prix d'un lever
matinal que nous touchons notre récompense!
Marché
propre, sans les odeurs fortes fréquentes dans ce genre d'endroit. Marché
intéressant par la diversité de l'offre et sa présentation.
On y voit beaucoup de sardines, de la friture (anguelle), des rougets,
bars, daurades, turbots et, pour les gros appétits, des espadons. Place
importante accordée aux gros mollusques marins sans coquille tels que seiches
et poulpes et aux coquillages plus classiques, notamment les coquilles Saint Jacques
avec corail (la Méditerranée est plus chaude que la Manche et leur
cycle de reproduction est avancé) car elles sont présentées
coquille ouverte avec la noix débarrassée de sa barde. N'oublions
pas les crutacés: araignées, homards, cigales de mer, crevettes...
Prenant la rue della Beccarie, nous arrivons sur le Campo éponyme (là se trouvaient les abattoirs et donc les bouchers). En revenant en direction du pont du Rialto, nous passons devant la superbe vitrine d'épices de la Drogheria Mascari. Pour nous rendre à l'autre extrémité du quartier, nos empruntons la Ruga Vecchia San Giovanni. Après le Campo San Aponal, c'est le Campiello dei Meloni, la Calle della Madonetta qui débouche au bas du vaste Campo di San Polo bordé par la modeste et très ancienne église San Polo et par les palais Corner-Mocenigo et Soranzo.
Sud de SAN POLO
Par
un parcours en dédale empruntant la Salizzada San Polo, Rio Terra dei Nomboli
et Calle del Traghetto, nous arrivons sur la petite place San Toma et sa
petite église blanche. Nous y somme presque: Calle Larga et Salizzada San
Rocco!
Au fond du Campo di San Rocco se dresse l'église du même
nom.
Saint Roch
est un saint important puisqu'on l'invoquait lors des épidémies
de peste. Ses reliques y sont vénérées car après sa
mort en prison à Milan en 1378, il fut inhumé à Montpellier,
d'où les Vénitiens s'en emparèrent en 1485 pour le compte
de la confrérie de Saint Roch, une confrérie toujours en activité.
Son corps fut provisoirement déposé dans l'église de la confrérie
en 1520.
L'église renaissance que nous voyons aujourd'hui fut édifiée
en son honneur à la suite de la peste de 1575-76 par l'architecte B. Bon
mais la façade blanche ornée d'un bas-relief date seulement du XVIIIe s.
Mais
le but essentiel de notre venue jusqu'ici est la visite de Scuola Grande di
San Rocco: tarif de 8 Euros mais une fois de plus les photographies sont interdites,
même sans flash.
On peut comprendre le souci de préserver la
tranquillité des visiteurs et le souci de préservation des oeuvres
qui ont déjà beaucoup souffert de l'exposition à la lumière
(les couleurs vives d'origine ont plus ou moins viré).
Photos interdites,
certes, mais bonne initiative de mettre à disposition des visiteurs des
miroirs permettant d'admirer les toiles des plafonds sans attraper de torticolis.
Nous
avons effectué la visite en partant du rez-de-chaussée mais, pour
des spécialistes de la peinture, il aurait fallu effectuer la visite en
sens opposé, c'est-à-dire en respectant la chronologie de la création
des tableaux. Notre visite a duré une heure.
La confrérie, l'une des dernières, fut instituée en 1478 (ou 1474?) et reconnue quelques années après par le Conseil des Dix. Les effectifs de la confrérie atteignant les cinq cents, un édifice approprié fut achevé en 1549. De la même époque qu l'église voisine, c'est une parfaite illustration du style d'architecture de la Renaissance même si quatre architectes se succédèrent au long de sa construction.
C'est une galerie largement consacrée au Tintoret (mort de la fameuse peste) qui remporta haut la main le concours organisé en 1564 non pas en proposant une esquisse mais en offrant directement une toile honorant le saint patron, toile exécutée en 24 heures et qui a trouvé sa place dans la salle de l'Albergo ("l'auberge"), à l'étage. Il est vrai qu'il ruminait des projets pour cette scuola depuis plus de dix ans. Du coup, il a travaillé ensuite pendant plus de vingt ans à la décoration de la Scuola dont il a été l'artiste prééminent.
Depuis le campo, on a accès à la salle du rez-de-chaussée, la Sala Terrena. C'est la salle qui fut la plus tardivement ornée (1583-88) car au départ elle servait aux réunions de prière et à la distribution d'aumône. Tintoret s'est surtout exprimé ici sur Marie et l'enfance de Jésus. Il commença par une "Adoration des Mages". Par la suite, il ajouta "l'Annonciation", "la Fuite en Egypte", "le Massacre des Innocents", "la Présentation au Temple", "la Circonscision", "l'Assomption".
Pour accéder à l'étage, on emprunte un imposant escalier en voûte, Scalone, en deux volées, érigé de 1544 à 1546. Cet escalier baroque est surmonté d'une coupole revêtue d'une toile de Giovanni Antonio Pellegrini (1701). Bien entendu, murs et voûte sont ornés de peintures de Pietro Negri et d'Antonio Zanchi adaptées à une montée d'escalier avec entre autres une évocation de la peste.
La salle
supérieure, la Salle du Chapitre, plus solennelle et monumentale
(44x17m) servait aux grandes assemblées. Son ornementation date des années
1577-81. Aux murs et plafond des toiles du Tintoret évoquent des scènes
de la Bible. Pour commencer, Tintoret offre la toile centrale du plafond, "le
Miracle du Serpent de Bronze" (1575). Vinrent
s'ajouter: "le Péché Originel", "le
Sacrifice d'Abraham", "la récolte de la Manne dans le désert",
"Moïse faisant jaillir la source du rocher". Tandis que
les murs évoquent des scènes des Evangiles: "la
Tentation dans le désert", "la Multiplication des pains",
"la Piscine Probatique", "la Cène", "l'Agonie
au Jardin des oliviers", "la Résurrection" et "l'Ascension"...
Tintoret ne demanda pour rétribution qu'une rente viagère de 100
ducats par an (il en profita 17 ans).
Il faut aussi admirer les lambris richement
sculptés dus à Francesco Pianta le Jeune réalisés
dès 1665 à l'époque où cette salle était décorée
avec des toiles empruntées. Elle évoquent des vices et défauts
(colère, envie, ignorance...) et, opposées, des vertus (foi, espérance,
charité et aussi honneur, savoir...).
De là, au même étage, au fond à gauche, on accède à la Sala dell' Albergo dont le plafond a reçu l'oeuvre lauréate du concours de 1564, "Saint Roch en Gloire" par le Tintoret. Il a peint d'autres toiles ornant le plafond qui évoquent des vertus morales. Sur les murs, on peut également admirer d'autres évocation du Nouveau Testament: "Jésus devant Pilate", "l'Ecce Homo" (le Christ couronné d'épines), "la Montée au Calvaire" et une immense "Crucifixion" (1568) qui recouvre tout un mur. Tintoret s'est également intéressé à des saints: Jean-Baptiste, Théodore, Marc... 23 toiles peintes entre 1564 et1567!
Centre du quartier de SAN POLO
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Petite variante de retour en passant par le Campo dei Frari avec son imposante basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari (ou I Frari) ou Santa Maria Assunta.
La
première église fut l'oeuvre des "frères" franciscains.
L'église actuelle résulte d'un agrandissement qui se réalisa
en un siècle, entre le XIVe et le XVe s. Elle n'est pas sans rappeler
une autre grande église bâtie à la même époque
dans le quartier de Cannaregio, celle de San Zanipolo (Santi Giovanni e Paolo).
Austère avec sa maçonnerie de brique tout juste animée
par quelques ornement de pierre blanche au niveau du portail, des vitraux ou
des clochetons. Nous sommes saturés de peintures et nous n'avons plus
trop de temps pour en effectuer la visite (payante) bien qu'il s'agisse d'un
des édifices les plus intéressants de Venise par les chefs d'oeuvre
qu'elle renferme. Nous nous bornerons à y jeter un oeil depuis l'une
des portes latérales.
En pleine Mostra, ce n'est pas une véritable surprise d'apercevoir la comédienne Macha Méril qui se promène discrètement dans ce quartier....
Plus
de temps? Pourtant avec la chaleur et l'effort de la marche, nous cédons
à l'appel d'une sympathique terrasse où nous nous laissons aller
au plaisir de savourer un rafraîchissant spritz (3,80 €)...
Requinqués,
nous avalons les kilomètres par les rues Rio Terrà, Calle Corner,
Campo San Polo, d'où nous sortons par la petite rue Calle dei Cavalli,
le Campiello Albrizzi et la fameuse Calle Stretta (étroite!) de 65cm de
large (mais le record est battu avec la Calle Varisco dans le quartier de Cannaregio
avec ses 53cm!), la Calle dei Botteri qui nous permet une fois de plus d'admirer
la Ca' d'Oro sur l'autre rive du Grand Canal.
Puis direction, le Pont du Rialto
par la Ruga dei Speziali (apothicaires) et la Ruga dei Orefeci (orfèvres)...
La boucle est bouclée!
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Il
resterait à narrer le début de la courte escapade d'un soir au
sud du quartier.
Pour
dîner, nous suivons le conseil d'un voyageur rencontré lors de notre
journée aux Iles de la Lagune.
Pour s'y rendre,
après être arrivés au Campo San Toma, on franchit le Rio della
Frescada, ce qui nous amène au nord du quartier
de Dorsoduro, un quartier auquel la page suivante est consacrée et
où vous pourrez découvrir le dénouement de l'aventure!