BIRMANIE Myanmar 13 au 24 janvier 2012 |
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L'ancien drapeau birman, jusqu'en 2010, était rouge (symbole du courage et de la détermination), avec un rectangle bleu (paix) placé en haut à gauche et comportant 14 étoiles (pour représenter les 7 divisions et les 7 états), entourant une roue dentée (industrie) et un épi de riz (agriculture), de couleur blanche (pureté).
L'actuel
drapeau du Myanmar, adopté le 21 Octobre 2010, est constitué de
3 bandes jaune, verte, rouge de taille égale. Au centre, figure une grande
étoile à cinq branches symbolisant l'unité des peuples, "l'existence
perpétuelle de l'Union consolidée".
Le jaune représente
la solidarité ; le vert la paix, la tranquillité, la nature verdoyante
tandis que le rouge représente le peuple.
Une autre interprétation,
jaune pour le bouddhisme, vert pour lagriculture, rouge pour le sang du
peuple et étoile blanche pour la pureté de la lune...
La Birmanie partage ses frontières
terrestres avec la Chine (2185 km), avec la Thaïlande (1800 km), avec
l'Inde (1463 km), avec le Laos (235 km), et enfin avec le Bangladesh (193 km),
soit un total de 5876km.
Relief et hydrographie
La Birmanie couvre une surface plus grande que la France (1,2 fois). C'est
le plus vaste État de lAsie du Sud-Est continentale avec 676 578
km². La
région de lintérieur, qui sordonne autour du bassin
de Mandalay de l'Irrawaddy et de son affluent Chindwin est connue sous
le nom de Haute Birmanie, cur historique du pays. Ce fleuve de 2000km,
en partie navigable, se jette dans la mer d'Andaman.
Climat et saisons Le
tropique du Cancer est à cheval sur ce pays (à 160 km au
nord de Mandalay). Compte tenu de ce climat tropical, la température moyenne
s'établit à 28°.
Dans le courant des mois de mai-juin, les vents de la mousson venant du
sud-ouest ayant été détournés par les massifs montagneux
de l'ouest du pays, apportent des pluies par le sud. Pluies qui sont particulièrement
abondantes en juillet et août. Cette période humide s'achève
en octobre. Bien
que cet évènement météorologique soit sans commune
mesure avec le cyclone Nargis qui avait frappé la Birmanie le 2 mai 2008,
il faut signaler les graves inondations survenues en Asie du Sud-est l'été
2010 et même jusqu'au début de l'automne dernier, en raison d'une
mousson particulièrement dévastatrice, particulièrement en
Thaïlande.
Selon certaines sources la Birmanie compte 48,2 millions d'habitants mais des chiffres récents annoncent 54 millions d'habitants (voire 54,3 millions!). Peuples
et ethnies : 68 ou 70 % de Birmans occupent le centre du pays alors que
les régions frontalières correspondant à des Etats (semi)autonomes
sont habitées par des minorités: 7 ou 9% de Shans (appelés
Siams en Thaïlande et Chams en Chine), 7% de Karens (Kayans), 4% de Rakhins,
3% de Chinois, 2% d'Indiens, 2% de Mons. Langues : birman et dialectes tibeto-birmans à l'ouest (Cin), au nord (kachin, lisu) et à l'ouest (karen), shan à l'est et môn au sud. Religions : 88-89% de bouddhistes, 4-5% de chrétiens (3% de baptistes, 1% de catholiques), 4% de musulmans, 1% d'animistes et hindouistes dans les communautés indiennes. Le taux de fécondité s'élève à 2,07 enfants par femme en 2010, contre 4,7 de 1983. Il faut savoir que certaines familles rurales ont encore de 5 à 8 enfants. La population
active représente 42% de la population (45% en France). C'est un pays
jeune avec 28% de moins de 15 ans et 5% de plus de 64 ans (18% et 17% en France).
Economie et ressources nationales L'économie de la Birmanie est l'une des moins développées du monde alors que c'était l'un des plus riches pays d'Asie lors de son indépendance en 1948. Son PIB par habitant en Parité de Pouvoir d'Achat (PPA) le classe au 203e rang sur 228 pays. Le PIB par habitant est de 1400$US (ou 1900 en 2007?) contre 33100 en France) et croît au taux moyen de 5,3% par an (1,5% en France). Seulement 1% du PIB va à l'éducation et 0,5% à la santé contre 4,8% à l'armée (laquelle absorbe 45% du budget du pays!). Avec
un demi-million de moines que compte le pays, la population se
consacrant à la religion est considérable avec 1% de l'ensemble
ou 2% si l'on ne considère que la population masculine, voire 3% et plus
en ne considérant que les hommes de 20 ans et plus!i
L'inflation
moyenne était de 30,1% entre 2005 et 2007 (notre guide Su Su
reste sur ce chiffre). Elle est alimentée par des émissions considérables
de monnaie car la masse monétaire est passée de 18 milliards de
kyats en 1988 à 4200 milliards en 2009.e Les
principaux secteurs d'activités de la Birmanie, sont l'agriculture,
la sylviculture, l'industrie textile, l'industrie joaillière et minière
et l'industrie gazière et pétrolière. Pour
notre guide Su Su, le chômage
serait inexistant ou très faible car comme dans beaucoup de pays en voie
de développement, il est en grande partie caché du fait d'activités
autarciques et à faible productivité, particulièrement dans
l'agriculture. Les
terres arables ne représentent que 15% de la surface du pays dont
3% de la surface est irriguée. La Birmanie est un important producteur de rubis, de saphirs et de jade. 90% de la production mondiale de rubis provient du pays. La
grande richesse de la Birmanie est aujourd'hui le gaz naturel. Depuis
1992, le gouvernement a encouragé le tourisme et a relancé
la promotion de cette activité en 1996. Après le gaz et le pétrole,
le tourisme constitue le principal champ d'investissements étrangers en
Birmanie. Environ 750 000 touristes visitent le pays chaque année
(300 000 en 2002, 200 000 en 2008 et à nouveau 310 000 en
2010 dont 60 000 Européens). Le tourisme reste un secteur en pleine
croissance de l'économie de la Birmanie. Les principaux visiteurs seraient
les Taïlandais. Les Français (13 000 visiteurs et 85 T.O.) et
les Allemands (11 000) sont bien représentés. La Birmanie fait partie de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) depuis le 1er janvier 1995 et la présidence de l'ASEAN (Association des Nations de l'Asie-du-Sud-Est) lui sera confiée en 2014. La Birmanie sera-t-elle le nouveau dragon ou tigre de la région comme le proclame Aung San Suu Kyi? Les
principaux partenaires commerciaux de la Birmanie pour ses exportations
sont pour 38,3% la Thaïlande, 20,8% l'Inde, 12,9% la Chine et 5,2% le Japon.
Quant aux importations, elles se font surtout avec la Chine (38,9%), la Thaïlande
(23,2%), Singapour (12,9%) et la Corée du Sud (5,8%). |
La
BIRMANIE
Au
pays du Bouddhisme²
Le
nom du MYANMAR, plus communément désigné sous son ancienne
appellation de BIRMANIE, vient de Myan Mâ (on ne prononce pas
le "r" final mais on allonge la syllabe finale "ma").
Cela signifie "le pays merveilleux créé par les esprits mythiques"
(Bya Mâ, ce qui a donné le nom anglais de Burma). Donc Burma
et Maynma(r) sont des expressions de même origine et de même sens,
tout juste altérées au niveau de la prononciation...
Le terme
de Mayamar a déjà été utilisé au tout début
du XIIe s. dans un sens mythique et il a été repris officiellement
en 1989 dans l'expression Union du Myanmar (tandis que Rangoun ou Rangoon
en version anglaise, la capitale de l'époque, était rebaptisée
Yangon) et en 2010 dans République de l'Union du Myanmar. Mais ce
changement de nom n'est pas bien compris et accepté par une partie de la
population ainsi que des pays étrangers (France, Royaume-Uni ou Etats-Unis
par exemple).
"Le Myanmar (Birmanie jusqu'en 1989) reste une énigme, contrée mystérieuse coupée du monde et déchirée par des luttes intestines. S'il s'est effectivement enfermé dans la xénophobie sous l'égide d'une dictature et n'est pas spécialement facile à visiter, il n'en reste pas moins un pays extraordinaire qui compte certains des sites les plus féeriques au monde, telles la fabuleuse cité en ruine de Bagan ou l'étincelante Paya Shwetagon. "Voici la Birmanie et elle ne ressemble à aucune contrée connue" : ainsi parlait Rudyard Kipling en 1898. Quelque cent ans plus tard, vous pourrez dire la même chose de ce pays." comme on peut le lire sur le site de Lonely Planet.
En allant en Birmanie, les touristes légitiment plus ou moins consciemment le régime.
A
charge, on peut lire la dizaine de pages placées en début du
guide Lonely Planet qui fonit un inventaire des problèmes politiques, économiques
et moraux (droits de l'homme) existant dans ce pays et que le voyageur ne peut
méconnaître. Toutefois, espérons que cette édition
de 2009 n'ait rapidement plus valeur que de témoignage historique...
Toutefois,
dans le contexte récent de libéralisation du régime, Aung
San Suu Kyi a levé son appel au boycott en mai 2011. Elle considère
que la présence de touristes occidentaux pouvait aider à l'évolution
des mentalités en évitant d'isoler le pays plus qu'il ne l'est déjà,
"à condition d'effectuer un voyage éclairé et responsable".
Et si une partie de l'argent que vous dépenserez ira dans les caisses du
gouvernement, une autre profitera aux gens du peuple.
C'est donc avec une relative bonne conscience que nous effectuons quand même ce voyage... |
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Aucun
site, paysage, ville ou monument de ce pays n'a été classé
au Patrimoine Mondial de l'humanité de l'UNESCO.
Sont inscrits
en liste indicative les sites repérés par le logo .
Voyager avec le fameux Airbus A380 !
L'un des rares rêves européens
à s'être réalisé non sans quelques soubresauts depuis
le lancement du projet au début des années 1990, jusqu'à
la livraison du premier avion en octobre 2007 à la compagnie Singapore
Airlines avec un an et demi de retard par rapport à la commande du fait
de trois reports d'échéance... livraison suivie du premier vol commercial
entre Singapour et Sydney.
Le rayon d'action de cet appareil va jusqu'à
15400 kilomètres et sa vitesse peut atteindre 900 km/h (Mach 0,85) avec
un vent négligeable. A ce jour, 69 appareils sont en service.
Selon les versions, les A380 de Singapore Airlines transportent de 409
à 471 passagers avec trois classes en proportions variables (Air France
transporte de 516 à 538 passagers du fait d'une classe économique
plus importante).
En
classe économique, on bénéficie d'un espacement (32"
ou 81,28 cm entre les rangées de sièges soit 2,5 à 5cm de plus) et d'une largeur
(19" ou 48,26 cm soit 4 cm de plus)
des sièges plus importants que sur les Airbus et Boeing "classiques".
Les sièges sont équipés d'un
écran LCD de 10,6" (27 cm).
Nous sommes partis enthousiastes sur
cet avion en ignorant qu'au début de janvier des micro-fissures avaient
été découvertes sur certaines pièces de liaison dans
les ailes d'un avion de la compagnie australienne Qantas. C'est en fait le "journal
officiel du Ministère de l'Information "The New Ligh of Myanmar"
du 23 janvier, au cours d'un vol intérieur, que j'ai découvert que,
suite aux recommandations de l'Agence Européenne de Sécurité
Aérienne (EASA pour l'acronyme anglais), 10 des 15 avions A380 de la compagnie
Singapore Airlines allaient être rapidement soumis à des vérifications
(6 dans les quatre jours et 4 autres dans les six semaines suivantes). Rassurante
perspective pour le retour dont je me suis abstenu de faire part aux collègues...
Nous avons décollé de Charles de Gaulle à 11h15 (un quart d'heure de retard), sur un appareil de 471 places pratiquement toutes occupées. Sièges confortables car spacieux, niveau sonore faible... tout ce qu'il faut pour un vol d'environ 12 heures nécessaire pour couvrir les quelques 11000 km nous séparant de notre escale à Singapour.
Alors que l'on
dégustait un Singapore Sling (un cocktail singapourien inventé
en 1915) et que nous survolions les magnifiques montagnes enneigées du
Tyrol autrichien, nous avons rencontré une zone de fortes turbulences
qui nous a semblé une éternité (en fait une quinzaine
de minutes). Pas commode pour déjeuner même si la compagnie
Singapore Airlines est en tête du classement (Air France n'est que le 10e !)
pour la qualité de son service de restauration!
Etrange par un ciel
parfaitement clair... en fait la cause en serait simplement que nous flirtions
avec le jet-stream vers les 12500 m d'altitude. D'ailleurs nous avions un vent
arrière de 250 km/h, ce qui portait notre vitesse par rapport au sol à
1050 kmh !
Plus calmement, nous sommes passés à hauteur de Budapest,
puis nous avons survolé la Roumanie, la Bulgarie, la Mer Noire, la Georgie
au moment où nous sommes arrivés dans la nuit (15h, heure de Paris)
et nous apercevions à peine les montagnes du Caucase. La suite du vol nous
a fait passer au-dessus de l'Afghanistan, du Pakistan et de l'Inde dont nous distinguions
les villes et villages éclairés. Un saut par dessus le Golfe du
Bengale et nous voici à Singapour Changi (23h, heure de Paris, 6h à
SIngapour compte tenu d'un décalage de 7 heures), à seulement 140 km
au nord de la ligne équatoriale.
Petit trajet en métro dans
l'aéroport avec le Skytrain reliant les terminaux 3 et 2... Il reste à
tuer le temps dans l'imposante galerie marchande de la zone de transit.
C'est un Airbus A320-200 de la Silkair, filiale low-cost
de Singapore Airlines, qui assure la liaison avec Rangoun. Changement de taille
(138 à 150 places selon les versions) et de confort. Trois heures de vol
pour franchir les 1900 km nous séparant de Rangoun. Mais le temps semble
raccourci de moitié car nous revenons vers l'ouest! Comme prévu,
nous arrivons à 9h20, heure locale birmane. Il fait déjà
25°...
Nous
nous attendions tous à constituer un petit groupe de 15 ou 20 personnes.
Notre surprise teintée de déception s'est manifestée lorsque
notre guide, SU
SU (prononcer
[chou chou]) nous a indiqué que nous
allions être un groupe de 30 personnes.
La guide était tout aussi désappointée que nous car elle
prend habituellement en charge des groupes moitié moins fournis. Tout
cela est peut-être en rapport avec le fait que la date du circuit avait
été avancée de 6 jours par rapport aux catalogues des TO.
En fait, nous sommes réunis à partir de trois ou quatre canaux différents:
voyagiste de l'Ouest de la France et ses filiales (y compris belges), ventes
privées en ligne avec rabais de 30% ouvertes depuis septembre (sur
d'autres voyages, les rabais consentis par cette agence peuvent aller jusqu'à
70%!), soldeurs de voyages en dernière minute. Tout ça mixé
avec un TO spécialisé (Amérasia) dans les voyages de groupes
pour Comités d'Entreprise. Ca pourrait donc craindre du côté ambiance...
mais il n'en sera rien. Ceux qui ont payé plein tarif, au lieu de jalouser
leurs camarades, en ont pris de la graine!
Grande diversité géographique:
Bretagne, Normandie, sud-ouest, région parisienne, Ile de Beauté,
Alsace et même un couple d'outre-Quiévrain...
Pour la plupart,
il s'agit de grands voyageurs, très cultivés, motivés et
bien documentés sur cette destination particulière qu'est la Birmanie.
Une destination sélective.
Le groupe qui compte 4 ou 5 personnes en
activité est constitué de quinquas, sexas et septuas, dynamiques
et avec la forme qui convient pour ce voyage difficile du fait de la longueur
des vols et de l'amplitude des journées liée aux conditions locales
de transport.
Notre
guide sera Su
Su ZAW (su2.myanmar@gmail.com),
la bien nommée car ce prénom Su Su signifie "on t'aime",
"bien aimée". Elle a appris le français à l'Alliance
Française et a effectué deux séjours en France (l'existence
de nos SDF l'a profondément surprise et choquée) et elle a suivi
un Master d'Action Humanitaire en Suisse. En 2004, après avoir travaillé
en entreprise (informatique et négoce du bois), elle est devenue guide.
En dehors de la saison touristique elle se consacre bénévolement
à des actions humanitaires (alphabétisation, microcrédit).
Actuellement employée comme guide freelance par le réceptif Exotissimo,
elle monte sa propre agence (mais les banques birmanes ne prêtent pas d'argent)...
"Omicron
Travels & Tours"
(adresse: N°45, 2ND Plancher, Ma Kyee Kyee
Street, Sanchaung Township, Yangon, Myanmar,
tel + 959 4500 36601, info@omicrontravelsmyanmar.com).
Un
circuit tel que le nôtre nécessiterait en fait 15 jours avec
les visites complémentaires qui pourraient s'y greffer. |
Petits
détails pratiques appréciables, SU
SU nous remet dès le départ un questionnaire
de satisfaction afin que nous puissions le remplir au fur et à mesure du
déroulement du circuit et non pas dans la précipitation finale.
Elle nous indique également que dans les transports (bus, bateaux),
nous avons "gracieusement" à disposition de l'eau en bouteille.
Enfin, dans un circuit comme celui-ci où nous allons avoir affaire à
une demi douzaine de conducteurs de bus, à des bateliers, à des
cochers et à des conducteurs de trishaws, la question des pourboires peut
rapidement devenir empoisonnante. Pour éviter cela, SU
SU propose
de constituer une cagnotte sur la base d'une contribution de 20€ par personne
qu'elle va gérer sous notre contrôle. Carlos, notre guide de l'an
dernier au Pérou, pourrait utilement s'en inspirer...
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Documentation et crédits
En
dehors des guides pour routards, chez les libraires spécialisés
dans les guides de voyages, on ne trouve pratiquement plus aucun ouvrage des
éditeurs de guides à vocation plus documentaires, éditeurs
qui se sont désengagés en raison de la relative fermeture de
ce pays au cours des décennies précédentes. Remontant à
plusieurs années, les ouvrages abordant ce sujet sont pour la plupart épuisés
(recherchez-les en livres d'occasions sur Internet par exemple sur eBay).
Pour les routards, on trouve un "Myanmar (Birmanie)" de Lonely
Planet - Edition 2009/10/01 (une nouvelle édition est annoncée au
2 février 2012), un "Guide du Routard Birmanie (Myanmar)" - Edition
2010/2011 et un "Petit Futé Myanmar, Birmanie" - Edition 2010/2011.
QUAND PARTIR ?
La
saison sèche correspond en gros à notre automne-hiver, soit d'octobre
à mars. C'est la plus agréable avec un soleil permanent mais une
chaleur qui reste douce...
Elle fait suite à
la chaleur humide (pluies de mousson) qui s'abat sur le pays de mai à octobre
et elle précède la période de chaleur torride de mars à
mai.
FÊTES
EN JANVIER
- Jour de l'indépendance
et Nouvel an Karen (Pyatho) fêté le 12 janvier.
Les festivités
de la Fête Nationale (Lut Lat Yae Naih) célébrant lIndépendance
de lUnion du Myanmar, proclamée le 4 janvier 1948, se déroulent
à partir de cette date anniversaire et durent une semaine. Elles ont lieu
dans l'enthousiasme malgré l'union bien imparfaite du pays, particulièrement
à Yangon (autour du lac royal Kandawgyi).
- Festival de la Pagode Ananda
de Bagan du 5 au 31 janvier: chants danses, théâtre, caravane de
chars à boeufs...
- Nouvel An des tribus Naga (nord du pays) fêté
les 14-15 janvier à Khamti.
-
Fête de l'État Kachin (Myitkyina) à la Pagode Shwe Myitsule
le 10 janvier, avec un grand rassemblement de toutes les ethnies de lEtat
(festival du Manao)
- Fête de la Pagode Mahamuni à Mandalay,
du 22 janvier au 6 février.
Certaines fêtes traditionnelles
ont lieu en fonction du calendrier lunaire et donc leurs dates sont sujettes à
variations d'une année à l'autre.
CUISINE
Traditionnellement, les Birmans (comme les Indiens) mangent avec les doigts de
la main droite sauf les nouilles qu'ils mangent avec des baguettes. Sans doute
héritage des l'époque coloniale britannique, les citadins font usagent
de cuiller (zun) et fouchette (hkyin) mais pas de couteau! Aux touristes
que nous sommes, seuls quelques restaurants ajoutent cet accessoire.
Comme
en Asie orientale, le potage n'est pas servi dans une assiette mais dans un bol
et comme couvert on utilise une cuillère "chinoise" en porcelaine.
La
cuisine Birmane est à base de riz, nouilles et plats dérivés
mais le plat national est en fait un petit-déjeuner, le mohinga,
une soupe de nouilles de riz et de poisson. Peu d'hôtels la proposeront
dans leur buffet de petit-déjeuner aux touristes que nous sommes.
La
cuisine birmane n'a pas l'exclusivité du fait de la présence de
nombreux Chinois, Thaï ou Indiens.
En amuse-gueule, on nous sert des
galettes de tofu ou des galettes de riz que l'on peut rendre plus ou moins piquantes
en les trempant dans des sauces pimentées ou aigres douces. Pour sa part,
Su Su apprécie les jus d'avocat...
Un repas traditionnel birman est généralement composé de
curry doux (hin) de volaille, de porc et plus rarement de
boeuf (de chèvre lit-on également) ou de poisson, accompagné
de riz, de plats de légumes (en sautés ou en beignets: carottes,
choux-fleurs et autres choux, cresson d'eau, cristophine ou chayotte, petit pois,
fèves, lentilles...), d'un bouillon, d'un dessert sucré (nous en
avons eu très peu: sarnwin
makin,
gâteau de semoule de riz, noix de coco et sésame).
Par contre, si traditionnellement on consomme peu de fruits, il se trouve
que l'on nous en a très souvent proposés, surtout de la papaye,
des bananes, des pastèques et, plus rarement, des oranges (un peu desséchées),
des ananas (peu goûteux), des mandarines et des avocats au sucre...
Encore un mot, à propos de la viande de boeuf. Les Birmans en consomment
peu en raison de leurs traditions à la fois bouddhistes et paysannes, du
respect de la vie et surtout par respect pour l'animal qui les aide autant dans
les travaux agricoles. Sans doute que ces animaux doivent donc être sacrifiés
très vieux, ce qui expliquerait la viande particulièrement coriace
et filandreuse que nous avons eue à chaque fois que l'on avait un plat
de viande de boeuf!
A cela peuvent s'ajouter les condiments (tels le
ngapi, une pâte de poisson ou crevette fermentée puis séchée
au soleil qui sert d'additif dans la plupart des mets ou le balachaung
à base de crevettes et d'ail) et des salades (mais attention aux aliments
crus). Le piment est assez prisé des Birmans et accompagne beaucoup de
plats (en moindre quantité qu'en Thaïlande).
Sur la rue, des
échoppes proposent des fritures, brochettes, nouilles...
Pour
notre part, nous avons apprécié de ne pas être confrontés
trop souvent aux buffets fréquents dans les voyages organisés mais
d'être servis à table, et le plus souvent dans des restaurants
en dehors des hôtels. En général, à la soupe
et au riz (htamin) que l'on retrouvait systématiquement,
le nombre de préparations que l'on nous proposait généralement
était de l'ordre de 5 plats (légumes, viandes, poisson).
Coût du litre d'eau purifiée
dans les restos, 500 Kiats
(rarement 1000K) soit 0,50€.
Bière en cannette à 2000 Kiats et en bouteille de 67cl à
3000 Kiats.
Le
thé est la boisson nationale du pays. Il se boit en principe sans sucre
(thé vert) et il est offert systématiquement à la fin des
repas (le café quant à lui étant parfois payant). Les restaurants
proposent aussi des thés aromatisés (jasmin). Le café est
fort, très sucré et additionné de lait concentré.
On trouve surtout la bière Myanmar. Autre marques locales Angkor,
blonde et légère, Mandalay ou Tiger.
Attention aux boissons
fraîches avec glaçons...
TENUE :
C'est un voyage un peu particulier sur le plan vestimentaire.
Certes le pays est sous une latitude tropicale qui ferait penser aux tenues légères
mais c'est un pays comportant des zones de montagne où les soirées
et petits matins peuvent être un peu frais... Les guides conseillent d'avoir
sous la main une petite laine. A notre avis, il faut plus que cela: bonne polaire
et écharpe car à Kalaw, vers 1300m, la température nocturne
descend au dessous de 10° en cette période d'hiver (hôtels mal
isolés et non chauffés), quand au Lac Inle, bien que plus bas, vers
900m, si l'effet d'altitude y est moindre, en revanche lors des trajets en pirogues
à moteur, il faut ajouter l'effet réfrigérant dû au
vent relatif occasionné par la vitesse de ces engins (je l'estime à
25kmh).
Les tenues couvertes se justifient également par la protection
contre les piqûres des moustiques diurnes et nocturnes, vecteurs de la dengue,
du chikungunya et du paludisme (ou malaria) et par l'exigence de décence
pour visiter les lieux de culte.
Las tenue traditionnelle birmane est
caractérisée par le longyi ou longji, un sarong
porté par des hommes et des femmes qui part de la taille et descend jusqu'aux
pieds (autrefois, comme pour le kilt en Ecosse, on ne portait pas de sous-vêtement
sous le longyi).
Les hommes portent une veste sans col courte par
dessus une chemise, alors que les femmes portent un chemisier et un châle.
ET BONNES MANIERES :
On ne touche pas la tête de quelqu'un, surtout
celle des enfants.
On ne montre pas quelquun du doigt.
On
enlève ses chaussures quand on pénètre dans un temple
On évite davoir les bras (et donc les épaules) et les jambes
nus à lintérieur des monuments religieux
On ne prend pas
en photo les bases stratégiques (aéroports, gares ou installations
militaires)
En public, on évite les marques daffection trop poussées
(se serrer, sembrasser
).
On ne parle pas politique avec les birmans pour ne pas les mettre dans une situation embarrassante.
Les
Birmans authentiques (ceux qui ne côtoient pas les touristes à longueur
de journée) ont une certaine façon de saisir ce qu'on leur tend.
Une main vient prendre lobjet pendant que lautre soutient le bras
porteur et ils accompagnent ce geste d'un "Cé-zu tin-ba-deh"
(merci beaucoup). Cette pratique commune en Asie du Sud-Est est plus marquée
ici.
SANTE :
- Boire de l'eau
(minérale ou purifiée) en bouteille capsulée. Donc éviter
les glaçons et malheureusement les jus de fruits pressés proposés
dans la rue. Coût du litre d'eau purifiée
dans les restos, 500k (rarement 1000K) soit 0,50€.
- Se prémunir contre la dengue et le chikungunya transmis par des moustiques
qui piquent le jour: port de vêtements longs et couvrants, pulvérisation
de produits anti-moustiques sur la peau et sur les vêtements, diffuseurs
électriques, air conditionné.
- En revanche, le paludisme ne sévit pas dans les zones touristiques.
Décalage de +5H30 par rapport à la France en hiver et de
+4H30 en été car la Birmanie n'applique pas le changement d'heure
saisonnier.
Voltage 230V 50Hz, donc pas de souci en principe. Nous confirmons que nous
n'avons rencontré aucun problème de formats de prises dans
la catégorie d'hôtels très moyens que nous avons fréquentés
alors que les guides incitent à prévoir un adaptateur universel.
En revanche, le nombre de prises dans les chambres est restreint et il faut souvent
débrancher TV ou frigo pour recharger les batteries des appareils photo
ou caméscopes.
De plus, en raison des coupures d'électricité
(pas si fréquentes que cela: 3 à Nyaung Shwe, au Lac Inle), il faut
se munir d'une lampe de poche (également utile pour la visite de certains
sites).
est accessible dans les
grandes villes (cyber Castel Sule à Rangoun) mais les connexions
sont souvent lentes, certains sites ne sont pas consultables et les connexions
sont sujettes à plantages. De plus, il n'y a pas de wifi pour connecter
son ordinateur portable si l'on a eu l'idée de l'emporter.
Les
téléphones cellulaires doivent être déclarés
à l'entrée sur le territoire birman bien qu'ils ne servent à
rien puisque le pays n'est couvert par aucun réseau GSM universel. Les
choses sont en train de changer, avec la mise en place d'un réseau par
fibre, relayé par 55 stations-relais entre Yangon, NayPyi Daw et Mandalay
(cf. le JO "The New Light of Myanmar" du 22-01-2012 lu dans l'avion
entre Heho et Yangon).
Il est possible d'acheter un portable compatible avec
le réseau local et permettant d'appeler l'étranger.
On peut appeler avec les lignes fixes depuis des centres téléphoniques
gérés par l'Etat à un tarif élevé (1 500 K
de lheure) qui doit être effectué en dollars (on paie au temps
passé y compris temps d'attente). Certains hôtels proposent des services
d'appel international.
Dans la gamme d'hôtels moyens où nous avons logé, nous
pouvions recevoir jusqu'à une dizaine de chaînes, TV 5 Monde
toujours disponible, parfois CNN, des chaînes asiatiques (Chine, Japon,
Australie...) mais la qualité de réception est parfois médiocre
(notamment dans l'Etat Shan).
Le tarif d'un envoi de carte postale (éviter
l'envoi en lettre qui risque(ait ?) d'être ouverte par la censure) coûte
500 Kyats (il y a peu on voyait mentionnés des tarifs de 50 ou 80K) ce
qui reste acceptable (un demi Euro!). On lit que le délai d'acheminement
est très long
pour arriver en Europe, jusqu'à 4 à
8 semaines, ce qui ne semble plus vrai car nos correspondances sont arrivées
dans un délai de 2 à 3 semaines.
SHOPPING, ACHATS ET SOUVENIRS :
Produits
d'artisanat ;
- laques (Mandalay, Bagan)
- marionnettes (Mandalay,
Bagan) et animaux en papier
mâché
- ombrelles
(Pindaya) en papier de mûrier ou en soie, sacs shans
- objets en bois
de teck et vanneries en bambou
- tapisseries et tissus shans en soie (Mandalay,
Amarapura et Lac Inle)
-
argent (Lac Inle et Sagaing)
- pierres précieuses (Yangon).
La
Birmanie est le seul pays au monde à recéler des rubis "sang
de pigeon" (selon l'ancienne classification impériale chinoise). Le
Gem Museum de Rangoun délivre un certificat d'authenticité. On trouve
moins cher au Bogyoke Market (Scott Market) mais on peut se faire avoir (pierres
avec défauts (paille) ou faux. On trouve aussi des saphirs et des pierres
semi-précieuses: péridotes, émeraudes).
Contrairement
à ce qui se fait dans de nombreux pays, le commerçant birman ne
multiplie pas ses prix par cinq ou dix fois et il n'harcèle pas les clients.
Dans la négociation il faut veiller à ne pas vexer le vendeur et
pour cela il vaut mieux le laisser proposer un meilleur prix et ne pas acheter
si le prix ne convient pas.
Quant aux petits vendeurs sur la rue (et dans
les sites), on est surpris de voir que dans ce pays encore peu touristique ils
sont vraiment collants. Ils vous servent la ritournelle: "C'est joli. C'est
pas cher. C'est moi qui l'ai fait"...
Avec une douzaine de visites de boutiques ou ateliers d'artisanat, tout cela en dix jours, ce circuit explose les records. Heureusement, en dehors de la première boutique de soie et du dernier magasin de joaillerie, les autres visites concernaient des ateliers vraiment artisanaux, familiaux ou villageois... Avec de vraies découvertes comme la soie de lotus, le battage d'or, les forgerons ou les cigares birmans...
| ||
MONNAIE
ET CHANGE :
ATTENTION
car il y a(vait) un fossé entre le cours officiel (cf. tous les sites de
convertisseurs monétaires) et le cours réel au marché noir,
dans un rapport de 1 à 120 environ!!!
1 €uro vaut environ
8,43 Kyat
ou MMK (Myanmar Kyat) au cours officiel
et 1020 Kyat
au cours réel
du marché
(noir).
Donc 1 Kyat = à
peine 0,001 Euros
au
cours réel du marché
(contre 0,119€ au cours officiel),
c'est dire
qu'il ne pèse pas lourd...
Le kyat est théoriquement divisé en 100 pyas,
mais plus aucune pièce frappée en pyas ne circule. On utilise des
billets de 5, 10, 20, 50, 100, 200, 500, et 1000 kyats. Ils portent l'indication
Myanmar et non plus Burma. On peut aussi trouver des nouvelles pièces de
50 et 100 kyats.
Dans le change (non officiel), attention de ne pas se voir
proposer des billets démonétisés libellés en coupures
de 15, 35, 45, 75, 90 kyats. Ces valeurs étranges apparues en 1985 (coupures
de 15, 35 et 75K) et 1987 (retrait des valeurs précédentes remplacées
par des 45 et 90K) résultaient des lubies astrologiques du général-dictateur
Ne Win qui croyait aussi à la puissance du chiffre 9 et de ses multiples
capables de le faire vivire jusqu'à 90 ans! Selon Su
Su, cette décision s'appliqua du jour au lendemain, spoliant
la population ainsi incitée à ne pas thésauriser et moyen
radical pour réduire la masse monétaire gonflée par l'existence
d'un marché des changes parallèle.
"Depuis la décision
prise par les Américains à la fin du mois de juillet 2003 dimposer
des sanctions contre la Birmanie, les transactions par cartes de crédit
(American Express, Mastercard et Visa) ne sont absolument plus possibles. Comme
par le passé, les chèques de voyage ne sont pas davantage acceptés.
Six guichets de change officiels ont été ouverts en octobre 2011
à ladresse suivante: 99 / 103 Theinbyu road , Botahtaung township
à Rangoun. Ces guichets pratiquent des taux très proches de ceux
des changeurs du marché parallèle et comme ces derniers, ils exigent
des billets en parfait état (euros ou dollars)"
(infos site
du Ministère
des Affaires Etrangères) et le change serait meilleur avec de grosses
coupures...
Nous le confirmons. Dans l'enceinte de l'aéroport nous
avons pu changer des coupures de 50€ au taux de 1025K pour 1€ mais les
billets ne doivent pas avoir été pliés ni le moindrement
écornés et ne comporter aucune tache si petite soit elle (genre
chiure de mouche!). Pour cela, appliquez la recette de Pascale et des routards:
mettez vos billets neufs entre les pages d'un petit livre...
Quant à la taxe de sortie de 10 US$ mentionnée dans tous les guides, dans les catalogues des TO et même par notre guide Su Su, elle ne semble plus avoir cours...
POURBOIRES
Le
pourboire nest pas obligatoire et dépend de votre appréciation.
Certains guides ajoutent qu'ils ne sont même pas attendus. En revanche,
on peut remettre un objet ou un médicament en remerciement d'un service
particulier, geste mieux accepté qu'une gratification monétaire.
Il
est bon quand même de savoir que le revenu mensuel moyen dun salarié
dans une entreprise est denviron 50$. Un chauffeur ou un guide peut toucher
jusquà 100$ par mois, à condition dêtre toujours
sur les routes. Un fonctionnaire occupant un poste important ou un cadre dans
une entreprise privée peut toucher entre 400$ et 500$ par mois.
FORMALITES, SECURITE
L'entrée en Birmanie est conditionnée par l'obtention d'un VISA.
La procédure de visas à larrivée mise en place le 1er
mai 2010 est suspendue depuis le 1er septembre 2010 pour une durée indéterminée.
Lambassade de Birmanie à Paris délivre normalement un
visa de court séjour touristique pour une durée de 28 jours consécutifs
(25 €).
Il
est formellement interdit par les autorités birmanes de franchir clandestinement
ou sans autorisation spéciale les frontières avec la Thaïlande,
la Chine, lInde, le Laos et le Bangladesh.
Quant à la taxe
de sortie de 10 US$ mentionnée dans tous les guides, dans les catalogues
des TO et même par notre guide
Su Su,
elle ne semble plus avoir cours...
Un
certain nombre de régions (liste
non exhaustive) sont interdites aux
étrangers, sauf quelques villes notamment : Etat Kayah, nord de létat
Chin, nord de létat Kayin, zone de 50 km autour de la ville de Mogok,
nord de létat Rakhine, villes de Phakant, Pyinmanar, Leway et Tatkone.
D'autres sont conditionnées à la délivrance d'autorisations
qu'il faut solliciter auprès de l'organe officiel du ministère du
tourisme, Myanmar Travel and Tour.
L'accès
à certaines régions frontalières présente un risque
en raison des affrontements armés entre militaires birmans et diverses
rebellions (Etats Shan, Karen et Kachin ainsi que nord de lArakan).
TRANSPORTS
ET CIRCULATION
En dehors des déplacements par avions, les temps
de transports sont particulièrement longs en raison d'une infrastructure
routière archaïque (routes qui se réduisent parfois à
une voie unique, plus ou moins mal bitumée) et de véhicules routiers
poussifs. La vitesse moyenne sur route ne dépasse guère 40 ou 50kmh.
Sur
les 7 bus que nous utiliserons, tous ont eu au moins une première vie japonaise,
si ce n'est davantage, et un seul avait le volant à gauche et se trouvait
donc adapté à la conduite à droite. La sécurité
(pour la montée et la descente et pour certaines manoeuvres délicates)
était assurée par un aide-chauffeur qui distribuait aussi des bouteilles
d'eau "gratuites" ainsi que des lingettes pour se nettoyer les pieds
après nos déambulations dans les pagodes et monastères. Bref,
le luxe! Ces bus disposent de clim qui fonctionne mais souvent sur un mode "tout
ou rien" tandis que les mécanismes de fermetures des bouches de ventilation
sont déglingués.
Venons-en aux vieux bateaux tout en bois, des sortes de jonques à moteur,
qui naviguent sur l'Irrawaddy. Ayant échappés à la toujours
possible panne, il nous a fallu 12 heures pour parcourir les quelque 190km qui
séparent Mandalay de Bagan et dans ce sens le courant est porteur! Il est
vrai que le bateau ne transportait que notre groupe qui occupe à la fois
le pont supérieur (en partie bâché) tandis que le pont couvert
nous sert de salle à manger rustique... Mais nous nous faisons allégrement
dépasser par des bateaux en acier, plus imposants et plus rapides, qui
doivent transporter 60 ou 80 passagers. Quant aux slow-boats, partis très
tôt le matin pour assurer des escales dans les villages, ils nous avaient
précédés malgré tout!
Enfin, les pirogues à
moteur du Lac Inle, c'est une autre affaire. Elles transportent de 2 à
6 touristes et jusqu'à une quinzaine (sinon davantage) de locaux.
La Birmanie avait adopté la pratique de son ancienne puissance coloniale,
le Royaume-Uni, c'est-à-dire la conduite à gauche. Or en 1974, sur
une lubie numéro-astrologique, le général Ne Win, à
la tête de la dictature, décida du jour au lendemain de changer le
sens de circulation car la droite devait lui être plus bénéfique
selon son astrologue. Malheureusement pour s'adapter à ce changement, le
volant des véhicules ne se déplaça pas comme par magie de
droite à gauche. De plus, la majorité des voitures sont importées
du Japon, en version standard, c'est-à-dire, également avec le volant
à droite... Il en résulte que la conduite et tout particulièrement
les dépassements sont très dangereux puisque le chauffeur n'a aucune
visibilité sur ce qui arrive en face.
Toutefois en une semaine et demie,
nous n'avons observé aucun accident, notamment sur le long trajet routier
entre Bagan et le Lac Inle.
Dans
certains sites il faut payer un droit pour son appareil photo ou caméscope
(selon les sites de 300 ou 500 kyats).
COMPLEMENT
SUR LA RELIGION
ET AUTRES CROYANCES.
Le bouddhisme birman relève à plus de 95% de l'école theravada ("Chemin Etroit" ou "Petit Véhicule", le bouddhisme de l'ancienne tradition dans lequel la libération résulte des mérites individuels, en refusant l'intercession de bodhisattvas (sorte de saints) comme c'est le cas dans le mahayana ("Grand Sentier", "Grande Porte" ou "Grand Véhicule". Toutefois cette doctrine n'est pas exclusive car mâtinée de survivances avec un culte vivace aux 37 nats, les esprits bienfaisants.
Le
bouddhisme Theravada, le "Petit Véhicule", issu directement de
la doctrine Hinayana du Bouddha au Ve siècle dans le nord de l'Inde, fut
introduit en Birmanie par des envoyés du roi Ashoka, au IIIe siècle
avant notre ère. Selon ses principes, la libération résulte
de l'accumulation des seuls mérites individuels. C'est la doctrine qui
s'est imposée, du Sri Lanka à l'Asie du Sud-est (jusqu'au sud du
Vietnam), en passant donc par la Birmanie. On pourrait le qualifier d'orthodoxe.
Le Mahayana, le "Grand Véhicule", né au Ier siècle
au nord de l'Inde, lui, n'apparut en Birmanie que dix siècles après
le Theravada, dans les régions proches de la frontière chinoise.
Pour accéder à l'éveil, les fidèles peuvent recourir
l'intercession de bodhisattvas (sorte de saints).
Rapidement apparut le troisième
courant, le Vajrayana, "Véhicule du Diamant". Son origine est
concomitante à celle de lhindouisme tantrique né au IVe s.
en Inde puis diffusé en passant par le Tibet (il atteindra le Japon où
il donnera aussi lieu à une variante zen). Sa pratique, accordant une large
place à certaines techniques (méditation, postures, récitations...)
nécessite des instructions reçues auprès d'un maître
ou Lama. Il est considéré par ses adeptes comme un "troisième
véhicule" supérieur aux deux autres car bien pratiqué
il permet d'atteindre l'Eveil en une seule vie.
Les trois
écoles du bouddhisme coexistèrent jusqu'au XIe s. , sous le règne
du roi Anawrahta (10441077) qui, converti par le moine môn Shin Arahan,
après avoir soutenu le Vajrayâna, opta pour le Theravada et essaya
de la restaurer dans sa pureté originelle. Il voulut, par exemple, interdire
le culte des nats mais se rendant compte que les Birmans n'étaient pas
prêts à abandonner cette croyance et risquaient dès lors de
se détourner du bouddhisme, il autorisa la présence des nats dans
les sanctuaires - pour autant que la prééminence du Bouddha soit
maintenue. L'originalité du bouddhisme birman réside justement dans
la manière dont il a assimilé les croyances populaires relatives
aux esprits.
De même, la pratique bouddhiste inclut les Jatakas ou
Jatakani, des contes relatant les 547 vies antérieures du bouddha historique
Shakyamouni, avec des variantes de leur ordre dans les univers thaï et lao.
Généralement dans le bouddhisme Theravada, notamment au Sri Lanka,
ces récits ne sont toutefois pas considérés comme étant
la parole du Bouddha alors qu'ici, ils sont inclus dans le canon pâli et
sont parmi les textes les plus populaires de la littérature bouddhique.
Ils mettent en scène des animaux réels ou mythiques, des bodhisattvas,
les humains (princes, brâhmanes, pauvres...) et les femmes! Les spectacles
de marionnettes s'en inspirent largement.
Les vux perpétuels nexistent pas, la vie monastique n'est pas un état de vie permanent et le retour à la vie laïc est toujours possible, en respect du principe de non-permanence et de liberté individuelle de choix. Parmi les règles fondamentales, on en retrouve deux du monachisme chrétien: pauvreté et chasteté. Quant à l'obéissance, sans être une règle, elle est respectée.
De 1954 à 1956 se déroule
le sixième concile du bouddhisme theravada à Rangoun, réunissant
des participants de Birmanie, Cambodge, Inde, Laos, Népal, Sri lanka et
Thaïlande, en l'honneur des 2500 ans du parinirvâna (fin de l'existence
physique d'une personne qui a atteint l'éveil et entrée dans le
nirvana) du Bouddha. Les textes du Canon pali, existant sous différentes
versions, sont révisés et publiés en birman lors de ce concile.
Les moines du Theravada doivent respecter 227 règles contre chez 250
ceux du Mahayana et 253 chez ceux du Vajrayana.
Dans les
pays Theravada, l'ordre des nonnes (bhikhunis) ne s'était implanté
qu'à Sri Lanka d'où il a disparu aux alentours du XIe siècle
mais il y a été recréé récemment ainsi qu'au
Myanmar. Elles s ont parfois désignées sous le terme de bonzesses.
Les nonnes du Theravada doivent respecter 311 règles contre chez 348 ceux
du Mahayana et 364 chez ceux du Vajrayana. Moralité, il est bien plus difficile
de devenir nonne que moine!
"Le clergé" bouddhiste pèse un poids considérable en Birmanie. On compterait 500 000 moins soit 1% de la population qui par les donations et dons capteraient 10% du PIB! A ceci, il faudrait encore ajouter 25 000 nonnes, certes bien moins lotIe s. ..
Les moines ne sont pas des prêtres même s'ils peuvent conseiller les pratiquants en diffusant les préceptes du Bouddha. En pratique, lors d'une naissance, les Birmans s'en remettent à l'astrologue quant au choix du nom. Lors des mariages (plus ou moins arrangés), c'est un maître de cérémonie vêtu comme un brahmane qui dirige la célébration. On voit là un vestige du fond hindouiste qu'a connu ce pays. Ce n'est qu'à l'occasion des décès que l'on fait appel aux moines: le jour du décès un moine se rend auprès de la famille qui offre de la nourriture pour son monastère. Après une semaine, une cérémonie se déroule en présence de moines qui récitent des prières et entonnent des chants, président au rite du transfert des mérites et prononcent un sermon sur l'impermanence. La famille offre une pièce d'étoffe blanche et d'autres présents au monastère. Il est ensuite procédé à l'enterrement (ou à l'incinération).
Vénéré
en tant que maître ou modèle, Bouddha n'est pas une divinité.
Il ne saurait exaucer des souhaits ou intervenir dans le destin des hommes. Ce
rôle revient aux nats, ces divinités représentées près
des grands arbres ou des pagodes! Les 37 nats dont la vénération
est admise depuis le XIe s. sont les 33 dieux du ciel avec à leur tête
Sakka (Indra) ainsi que les 4 rois du ciel chargés de veiller sur les enseignements
bouddhiques.
Ce ciel est situé au sommet du mythique Mont Meru Influencée
par l'Inde et la Chine voisines, la société birmane accorde une
large place aux pratiques ésotériques de l'astrologie et de l'alchimie.
Aujourd'hui, 85 % de la population pratiquent un bouddhisme syncrétique sur une base theravada à laquelle se mêlent les influences animiste, tantrique, hindouiste et mahayaniste.
8 objets dont la détention est autorisée
pour les moines, comme au temps du Bouddha:
- un vêtement composé
de trois pièces (tricivara) : sous-vêtement (antarasvasaka), robe
extérieure (utarasanga) couvrant soit les épaules quand les moines
sont dehors ou laissant l'épaule droite nue lorsqu'ils sont à l'intérieur,
drap (samghati) posé plié sur l'épaule gauche.
Leur
couleur varie en fonction des teintures utilisées (à base d'écorces,
de feuilles, de fleurs, de terre...), entre le safran, le jaune, le jaune orangé,
l'orange vif, le brun doré et le brun foncé (ces dernière
couleurs dominent ici).
- un bol à aumône (patta),
- une
ceinture de tissu,
- un filtre à eau,
- un rasoir et
- une
pierre à aiguiser.
Dans la pratique, on constate que s'y ajoutent souvent divers accessoires basiques tels que tongs et parapluie et certains moines ne dédaignent pas des outils plus technologiques: téléphone portable, moto... et vont même jusqu'à manipuler la monnaie!
5
préceptes fondamentaux
dont le non respect par un moine ou une nonne
entraîne la déchéance de leur état monastique:
- ne pas tuer (ni délibérément, ni en ordonnant à
dautres de tuer) ce qui s'entend à l'égard de tout être
animé
- ne pas voler (ni prendre ce qui ne lui appartient pas avec
lintention de le posséder)
- ne pas mentir (ni se prévaloir
indûment de tout accomplissement spirituel)
- ne pas avoir de relation
sexuelle (mais masturbation autorisée)
- ne pas faire usage de substances
toxiques (alcool ou drogue)
Su Su nous précise que pour un pieux bouddhiste à l'état laïc, le quatrième précepte se transforme en interdit de l'adultère.
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Etape suivante : Amaraprura, Mingu, Mandalay et Ava
Le trajet de trois quarts d'heure entre l'aéroport et notre hôtel nous donne un premier aperçu du pays. De nombreuses voitures et camionnettes alors que l'on imagine ce pays encore très rural et sous équipé. En fait Rangoun (Rangoon en version anglophone) compte au moins 4,5 millions d'habitants soit près de 10% de la population du pays.
Notre
première impression est de se retrouver dans une sorte de ville-jardin,
très arborée. De sorte que l'on ne perçoit pas bien où
commence la ville et où finit la campagne. Mais rien à voir avoir
les cités-jardins britanniques, ici la végétation est livrée
à elle même tandis que la voirie manque d'entretien, ce qui n'est
pas sans nous rappeler l'Inde.
C'est aussi l'occasion de capter les premiers
sourires et saluts spontanés de la population, des moines en robe pourpre
avec leur bol à aumônes, des vieux bus et des camionnettes pick-up
tout aussi bondées de passagers jusque sur les marchepieds et le toit,
des pagodes (temples) et stûpas (reliquaires), des
x
bouddhiques un peu particuliers dans le choix des couleurs puisque le safran est
déplacé et le jaune disparaît au profit du rose! (j'ai quelque
explication plausible à ce sujet dont on reparlera plus tard). Ici des
villas cossues protégées par des clôtures surmontées
de piques ou de barbelés, signes de propriétaires aisés qui
détiennent sans doute de l'or puisque dans ce pays on ne fait pas confiance
aux banques qui rémunèrent très peu l'argent déposé
lorsqu'elles n'ont pas tendance à faire faillite. Là des immeubles
collectifs, genre HLM des années 1950-60, aux façades lépreuses
et noirâtres. Ils voisinent parfois avec des immeubles en cours de construction
visible derrière un échafaudage fait de tiges de bambou. Plus loin,
de grandes cocardes jaunes accrochées au portail d'une villa signalent
probablement quelques festivités familiales autour d'un mariage.
Aux
carrefours, des panneaux géants dédiés à la publicité
vantent les dernières modes vestimentaires (dont des habits traditionnels
de mariage), les écoles et instituts privés... Les trottoirs sont
parfois occupés par le modeste étal d'un marchand de fleurs ou de
fruits... Plus surprenant, dans cette ville comme au long des routes de ce pays,
on peut voir des jarres remplies d'eau et des gobelets mis à la disposition
des gens pour se désaltérer...
Autre étrangeté
pour un pays de cette région, en voie de développement qui plus
est, aucun deux roues à l'horizon, motorisé ou non... comme on peut
le voir au Vietnam ou en Thaïlande où c'est une vraie marée
pétaradante. L'explication: c'est qu'à Rangoun ils sont tout bonnement
interdits! On en verra ailleurs...
Quant aux véhicules, il faut dire que la plupart sont de seconde main, pour ne pas dire davantage, beaucoup venant du Japon où l'on conduit à gauche, ce qui explique que 90% des véhicules ont le volant à droite, ce qui n'est pas particulièrement commode pour les dépassements puisque ici, depuis 1975, on est passé à la conduite à droite... Une révolution dans une ancienne colonie britannique! Pas commode non plus et même dangereux pour les passagers des bus qui doivent descendre des véhicules en pleine circulation mais dans nos bus à touristes, l'aide-chauffeur veille au grain ou plutôt sur notre sécurité. Sur les 7 bus que nous utiliserons, tous ont eu une première vie japonaise et un seul avait le volant à gauche.
Nos bus disposent de clim qui fonctionne mais souvent sur un mode "tout ou rien" tandis que les mécanismes de fermetures des bouches de ventilation sont déglingués (Pierre et Jany en voyageurs expérimentés et astucieux se sont muni d'adhésif pour emballage afin de les obstruer).
Rapide passage à l'hôtel pour adapter nos tenues aux conditions climatiques locale. On peut dire qu'il se situe en centre ville, à 1km du centre ancien (centre colonial) situé au sud et à moins de 2km de la fameuse pagode Shwedagon dans la direction opposée.
L'hôtel
Yuzana dut être un bel hôtel pour ce pays il y a une vingtaine ou
une trentaine d'années... mais il n'a sans doute jamais connu de travaux
de maintenance dignes de ce nom. Mais le prix affiché est quand même
de 36US$ (et même54$ en chambre dite Deluxe).
Le premier regard dans
son vaste hall peut encore donner l'illusion mais il suffit d'aller au coin salon
et de voir les fauteuils défoncés en skaï pour la perdre. Les
ascenseurs fonctionnent quand même et heureusement car l'établissement
comporte dix niveau. En étage, grosse surprise: on accède aux chambres
en empruntant des couloirs labyrinthiques et sinistres, à la moquette grise
et décollée, envahis de matelas abandonnés là, "surveillés"
par un personnel aussi pléthorique que désoeuvré et qui dormira
là sur ces matelas... Une impression d'univers à la soviétique
dont le temps serait suspendu!
L'arrivée dans les chambres n'est pas
plus réjouissante.
Notre chambre au 6ème est immense et deux
lits ont été repoussés dans un coin, les lames du parquet
en chevrons à bâtons rompus se décollent, la peinture s'écaille,
les rideaux sont sales, l'eau chaude semble inaccessible mais les prises de courant
fonctionnent... La salle de bain est à l'avenant, triste et sale, lunette
de WC fendue et recollée au ruban adhésif...
La vue extérieure
depuis notre chambre est tout aussi déprimante: l'arrière-plan ne
révèle aucune pagode mais c'est surtout une arrière-cour
crasseuse et les façades noirâtres des autres ailes de l'hôtel
qui attirent l'attention. On devine au-delà un bidonville avec des abris
recouverts de bâches, sans électricité... La misère
qui côtoie le luxe doré et démesuré de la pagode Shwedagon
que quelques uns d'entre nous auront loisir d'admirer ce soir, illuminée
et resplendissante dans son habit de dorure en guise de consolation pour leur
"mal-logement".
Sur le pas de notre porte, dans le couloir, un employé
est installé à une petite table et semble préposé
à la tenue de mystérieuses écritures. Note-t-il nos allées
et venues ou l'horaire du personnel de ménage? Est-il à notre disposition
pour satisfaire telle ou telle demande ou répondre à nos réclamations
(on se demanderait bien comment!)?
Bref, une entrée en matière
pas très positive...
Notre fin de voyage ici atténuera un peu
cette description apocalyptique de l'hôtel...
Cette position centrale fait que l'hôtel est environné de pagodes de quartier et de monastères. A deux pas, on peut aussi voir la modeste permanence du parti de "la Dame", la National League for Democraty (NLD) devant laquelle passe justement un groupe d'une demi-douzaine de nonnes en robe couleur coquille d'oeuf recueillant l'aumône.
Nous déjeunons vers 13 heures au Monsoon Restaurant, dans une ancienne demeure coloniale avec une belle boutique d'artisanat. L'établissement marie les cuisine de l'Asie du Sud-Est. Bonn cote pour le Lonenly Planet. Après les beignets de courgettes comme mise en bouche, vient un soupe épaisse puis des sautés ou currys de poulet, poisson, légumes mélangés, une salade d'aubergine et de sésame, du riz bien sûr. Pour finir, un gâteau de semoule de rie, noix de coco et sésame...
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Visite de RANGOUN: centre colonial et port
Rangoun qui aujourd'hui
est très étalée, dans un espace de 25x25km environ (598km²),
trouve sa lointaine origine dans un village de pêcheurs en bord de mer qui
s'appelait Okkala ou Asijanta au temps du Bouddha, lorsque les alluvions charriés
par l'Irrawaddy (ou en plus compliqué Ayeyarwady) n'avaient pas fait reculer
le rivage de 30km... Elle se trouve dans un delta fertile à la jonction
des rivières Bago, venant du nord-est, et du Yangon venant du nord-ouest.
Elle prit le nom de Dagon à l'époque de la domination des Môns
au VIe s. , lorsque le roi Okkapala fit construire la pagode Shwedagon ("Dagon
d'Or"). Conquise en 1753 par le roi Alaungpaya à la tête du
Troisième Empire Birman, la ville prit alors le joli nom de Yangon ("Fin
des Combats"), nom qu'un siècle plus tard la puissance coloniale britannique
en fit la capitale la capitale de Basse-Birmanie en déforma le nom en Rangoon
ou, pour nous Français, en Rangoun... avant de retrouver son nom officiel
de Yangon en 1989! Capitale du pays devenu indépendant le 4 janvier 1948,
elle a perdu son statut de capitale lorsqu'en novembre 2005, le gouvernement birman
a commencé à déplacer la capitale à Naypyidaw, 322
km plus au nord. Pourquoi cet exode, cet exil ou cette fuite ? Version positive:
pour être davantage au coeur du pays et mieux intégrer ses périphérIe
s. Version négative: pour fuir les foyers de contestation estudiantine
(comme en 1988) ou monastique (comme en 2007).
Malgré ses 3,5 Millions
d'habitants, Yangon ne connaît pas encore le stress des grandes villes asiatiques
avec de larges avenues bordées d'arbres datant de l'époque britannique,
des bâtiments victoriens et de nombreux monuments religieux impressionnants
.
En bus, nous passons près du parc de loisirs pour enfants "Happy World" dans le Kandaw Mingalar Park, avec grande roue, petit train, train de l'horreur, près d'un tout petit lac. En fait nous sommes là tout près de la fameuse Pagode Shwedagon. Nous longeons le Jardin Zoologique afin d'aller visiter le centre ancien. Il se caractérise par un réseau de rues quadrillé. On y découvre de larges avenues bordées d'arbres datant de l'époque britannique, des bâtiments victoriens de la Birmanie coloniale et de nombreux monuments religieux.
Pour une rapide visite à pied, nous débarquons au coeur du quartier
ancien colonial, non loin de la "Bengali Sunne Jameh Mosquee".
On
peut lire que "le centre distille le charme décadent propre à
ces villes colonisées sous les tropiques, celui d'une linéarité
doucement corrompue par les végétations luxuriantes nourries des
pluies de moussons, aux nobles façades décrépies et mangées
de verdure."
La place dont le centre est occupé par la Pagode
Sule marque le km zéro (comme chez nous N-Dame de Paris). Son nom Sule
est celui d'un nat, un esprit ou un génie, un ogre puissant chasseur d'éléphant.
Cela n'empêche pas que le lieu soit dédié au bouddhisme depuis
2000 ans et selon diverses légendes, elle renfermerait des cheveux (8 ou
10) du Bouddha (le traditionnel Bouddha Gautama dit Sakyamuni). Originale par
sa forme, avec une base octogonale qui se transmet au stûpa doré
qui la domine. Haut de 48m, il est recouvert de plaques d'or... Sur sa périphérie,
côté rue s'ouvrent diverses échoppes.
Notre marche à pied va permettre de découvrir quelques rues de l'ancien
centre colonial.
Le côté nord-est de la place est occupé
par l'hôtel de ville, récemment ravalé. Empruntant la large
Mahabandoola Garden Road, nous voyons à gauche le bâtiment tout décrépi
d'un ancien grand magasin avant d'être occupé par l'ancien Ministère
de l'Immigration jusqu'à l'exode des administration vers Nay Pyi Daw...
Ces anciens bâtiments de l'administration en piteux état attendent
preneurs. Leur état s'explique-t-il par le manque d'entretien (comme à
Cuba qui cependant bénéficie de classements Unesco?), par les méfait
de l'humidité de la mousson qui sévit 5-6 mois (ce qui n'est pas
le cas à Cuba)?
En face, se dresse l'église baptiste de l'Immanuel.
Sur notre droite nous apercevons le bâtiment de la High Court, siège
de la plus haute autorité judiciaire. Plus loin, nous tournons à
angle droit sur la Pansodan Street qui se dirige vers la rivière Yangon.
A ce carrefour, on peut voir en face, des bâtiments coloniaux dont seules
les façades ont été repeintes avec des couleurs crues, vert
olive, rouge corail... Sur la Pansodan Street, on peut voir beaucoup de bouquinistes
et un peu plus loin, à droite, nous apercevons les arrières de la
High Court. Comme au Vietnam, on voit ici une foison de commerces et ateliers.
Sur les trottoirs on peut voir des stands originaux avec des combinés téléphoniques
posés sur une table en guise de cabine téléphonique. Installations
particulièrement archaïques puisque ces téléphones publics
sont reliés par câble aux poteaux.
Nous arrivons au croisement
avec la Merchant Street où nous marquons un court arrêt pour découvrir
la préparation de chiques de bétel.
Les feuilles de bétel, un arbuste de la famille du poivrier, ont une action stimulante. Par extension, on parle simplement de bétel en évoquant la chique faite de différentes substances. Donc aux feuilles de bétel on ajoute un lait de chaux qui agit comme catalyseur (qui réduit aussi l'acidité) et des morceaux de noix d'arec. C'est un coupe-faim qui apporte aussi un effet stimulant et favorise la sécrétion salivaire qui se colore en rouge. Ceci explique la présence des crachats de couleur rouge-sang qui émaillent les trottoirs et le dallage des pagodes... On peut y ajouter également du tabac et diverses épices...
Puisque nous sommes dans un sujet "soins personnels", après le vice du bétel, abordons un sujet cosmétique, celui du maquillage au tanaka (ou thanaka ou thanakha). Il s'agit d'une pâte obtenue en frottant des tiges d'un arbuste à écorce dure et mince, le tanaka, sur une pierre abrasive et ajoutant quelques gouttes d'eau. Cette pâte est appliquée le plus souvent sur le visage (mais pas exclusivement), surtout chez les femmes et les enfants, plus rarement chez les hommes. Elle soigne les boutons, protège du soleil et surtout c'est un maquillage séduisant que les femmes appliquent sur les joues, le nez et le front avec parfois un effet esthétique recherché (volutes, feuillages).
En poursuivant vers le sud, coté gauche de la Pansodan Street, se dressent les bureaux de l'Inland Water Transport (les transport fluviaux) et le grand édifice à tour-clocher de l'autorité portuaire.
Nous reprenons le bus qui nous conduit au port.
C'est un tout autre spectacle qui nous y attend, typique. Un prise de contact avec le peuple laborieux qui s'affère ici. Des dockers si l'on ose le terme, transportent à dos d'homme des sacs de charbons (de bois), de grands bidons métalliques, des récipients en terre cuite... tandis que des étals forains proposent des abats frits, des galettes de tofu, des brochettes... Plus loin on presse des tiges de cannes tandis que des miasmes nous arrivent d'un étal de poissons et crevettes séchées qui attirent les mouches.
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La Pagode SHWEDAGON
Il est 16 heures et il est donc temps de visiter la fameuse Pagode Shwedagon afin de profiter de la chaude lumière de fin de journée. Elle est située au nord de la vieille ville, sur la colline de Singuttara d'une cinquantaine de mètres de haut ce qui en accentue le gigantisme puisque son stupa de 98m de haut se dresse à son sommet. Un stupa aussi haut que le What Arun (Temple de l'Aurore, de style khmer) de Bangkok.
C'est le premier centre religieux de Birmanie
car selon la légende, il contient des reliques de quatre anciens Bouddhas,
dont huit cheveux du Bouddha historique rapportés par deux marchands locaux
qui auraient rencontré le prestigieux maître. Toujours selon la légende,
la construction initiale serait contemporaine de la vie du Bouddha, soit le VIe
s. avant notre ère. Pour les archéologues, la construction est bien
plus récente, entre le VIe et le Xe s. à l'époque Môn.
Le stupa fut reconstruit aux XIVe-XVe s. et il est alors revêtu d'or.
Suite à un tremblement de terre survenu au milieu du XVIIIe s. , le sommet
du stupa s'effondra et le tremblement de terre de 1970, fit pencher (ou tomber)
l'ombrelle sommitale, le hti, en bronze offert par le roi Mindon en 1871. Les
dommages furent rapidement réparés car c'est le principal trait
distinctif de pagodes au Myanmar considéré comme la partie la plus
importante de la pagode, car cet ornement est plus important que les pagodes sri
lankaises, tandis que les pagodes laotiennes et thaïlandaises n'en ont pas.
En 2003, nous avions été impressionnés par le Wat Phratha Doi Suthep de Chang Mai en Thaïlande mais ce n'est rien en comparaison du monument qui se présente à nous par son gigantisme et son clinquant... C'est la pagode la plus belle du monde, la plus impressionnante, la plus grandiose... C'est le lieu le plus sacré pour les bouddhistes birmans et un haut lieu religieux pour les bouddhistes d'Asie orientale en général. Ce fut aussi le lieu de ralliement des moines lors de "la révolution de safran", le grand mouvement de protestation contre le régime en 2007.
Dominant l'horizon, la pagode repose sur une plate-forme pavée de marbre de plus de 5 hectares. Le stupa construit en brique repose sur un soubassement de 6m de haut sur lequel sont également érigés une soixantaine de petits stupas dont quatre plus importants indiquant les points cardinaux. La partie basse est recouverte de feuilles d'or tandis que les parties supérieures sont recouvertes de plus de 13 000 plaques d'or soit 60 tonnes d'or (selon les sources, on trouve aussi mention de 70, 120, 150 voire plus fantaisiste de 800 tonnes d'or! qui dit mieux? on peut aussi trouver une variante avec 50m³ ce qui corse encore la folie quand on sait que 1m³ c'est 1000dm³ et qu'un dm³ d'or pèse 19,3kg!!!)... "Il y a plus dor à la Shwedagon quà la Banque dAngleterre" plaisantaient les colons britanniques du XIXème siècle.
On
accède à la pagode par des escaliers et des ascenseurs situés
aux quatre points cardinaux. Deux chinthes (lions mythiques ressemblant à
des chimères car les artistes de l'époque n'avaient pas observé
ces animaux dans la réalité) monumentaux gardent l'entrée.
Pour notre part, nous emprunterons l'entrée ouest, dotée d'escaliers
mécaniques qui donnent l'impression de conduire à quelque centre
commercial sinon que l'on se trouve pieds nus, avec le risque de se blesser les
orteils. D'ailleurs en redescendant, on croisera une petite fille qui s'était
blessée dans ces escalators.
Les accès sud et nord sont équipés
d'ascenseurs vitrés. Au prix de plus grands mérites pour les pèlerins,
l'ascension peut se faire par des escaliers classiques...
Cette pagode est une véritable ville dans la ville où une foule de fidèles se presse toute la journée avec offrandes et prières. Cette piété" ou cette religiosité des Birmans explique l'important encart sur le thème religieux placé en haut de cette page.
Ici l'ambiance devient magique quand le stupa flamboie aux lueurs du coucher du soleil.
La
pagode principale se trouve au milieu d'un vaste complexe de 72 (ou 82?) autres
édifices (pagodons, salles de prières à toits en degrés
(pyatthats) à l'architecture typiquement birmane, ainsi que de très
nombreuses statues de bouddhas et de nats. Quatre temples plus grands son situés
aux points cardinaux.
Au-dessus, viennent des terrasses octogonales qui ménagent
une transition entre la base carrée et le niveau suivant de plan circulaire
puisqu'il s'agit de "la cloche" surmontée du "bol renversé".
Sur la double couronne de motifs en "fleur de lotus" qui vient ensuite
repose le "bourgeon de bananier". L'ombrelle sommitale, le hti, en fer
plaqué d'or pèse plus d'une tonne. Elle comporte 7 niveaux (symbolique
degrés de la perfection, du ciel?). A ce niveau sont accrochées
des clochettes puis vient une girouette plaquée d'or et d'argent et incrustée
de diamants et autres pierres précieuses tandis que la pointe finale porte
un globe, le seinbu, recouvert de milliers de diamants, dont sur le dessus, un
diamant (on lit parfois qu'il s'agit d'une émeraude!) de 76 carats. Un
vrai trésor: environ 4 500 diamants et pierres précieuses (on peut
lire parfois 80 000, mais il y a au moins un zéro de trop!).
Comme
il se doit dans la tradition bouddhiste, nous visitons la pagode en tournant autour
du stupa dans le sens des aiguilles d'une montre mais je ne vais pas me livrer
à une description exhaustive dont je suis tout à fait incapable.
Il faudrait passer une journée entière sur le site pour tout voir
or nous n'y avons passé qu'une heure!
Coté extérieur,
c'est le pavillon (tazaung) des marchands chinois avec en face la salle d'adoration
de l'ouest encadrée par les statues dédiés aux natifs du
jeudi placés sous le signe de Jupiter et du rat.
Dans l'angle nord-ouest
on peut voir la cloche de Singu ou Maha Ganda (à ne pas confondre avec
la grande cloche à trois tons située à l'angle suivant cloche
de Tharyarwady ou Maha Tisadda Ghanta qui pèse 42 tonnes?) et la faire
sonner. Lors du pillage de 1824 par les Anglais, cette cloche de 23 tonnes coula
lors de son transport vers Calcutta mais les Birmans parvinrent ingénieusement
à la récupérer.
L'angle nord-ouest est consacré
aux natifs du huitième jour de la semaine, le mercredi après-midi
placé sous la protection de la planète mythique Yahu (ou Rahu),
responsable des éclipses, et de l'éléphant sans défenses.
Tout près de là, on peut voir des pèlerins en prière
sur le "lieu d'accomplissement des voeux" matérialisé
sur le dallage par une étoile. Au nord-est se dresse le stupa ancien doré
et tout près de là, la colonne de Bouddha inspirée du temple
Mahabodhi de Bodh-Gaya (Inde) qui relate la vie de Gautama à travers de
fresques peintes sur 72 panneaux occupant ses quatre faces. Etonnamment et contrairement
à la géomancie chinoise, le dimanche, jour du soleil est relégué
à l'angle nord-est avec l'oiseau mythique Garuda (présent dans l'hindouisme)
et non pas au sud. Cette direction cardinale revient aux natifs du quatrième
jour de la semaine birmane, le mercredi matin, jour de naissance du Bouddha, autel
dédié à Mercure et à l'éléphant avec
défenses... Pour chaque acte important de sa vie, le Birman consulte un
des innombrables astrologues ou alchimistes présents aux entrées
des pagodes, sa destinée étant étroitement liée avec
le jour et lheure de sa naissance, son nom est également fixé
daprès ce jour.
Nous sommes alors rattrapés
par le ballet des balayeuses car cest un honneur pour elles de balayer ce
sol sacré et la liste d'attente des volontaires est longue. A l'opposé
de notre point d'entrée, donc l'est, dédié aux natifs du
lundi (votre serviteur) sous le signe de la Lune et du Tigre...
Après
les balayeuses, il faut faire place aux shampouineuses de dallage... Nous quittons
la plate-forme vers 17h15 soit une demi-heure avant le coucher du soleil.
Nous dînons tôt car la nuit sera courte.
Nous nous rendons sur
la rive est du Lac Kandawgyi, au Karaweik Palace. Encore du kitsch après
le kitsch de Shwedagon. L'établissement reproduit l'oiseau mythique Karaweik
(nom local de l'oiseau Garuda, monture mythique du dieu hindou Vishnu) sous la
forme d'une barge royale ressemblant à un cygne mais au lieu d'être
en bois, la construction est en béton peint. Nous sommes accueillis par
des personnages en costumes de différentes époques, montrant les
costumes ou la fabrication du thanakha, le produit de maquillage national...
Dîner-spectacle sous forme d'un abondant buffet, dans une grande salle bruyante
et comme nous n'étions pas dans les tables les plus proches de la scène,
nous n'avons guère pu suivre le spectacle de danses traditionnelles qui
se déroulait sur la scène. Thèmes religieux, danse de Cour...
où se mêlent influences chinoises, indiennes et thaïlandaises,
avec un accompagnement musical faisant largement appel aux percussions (tambours
et gongs). La danse la plus spectaculaire est celle qui présente le couple
d'oiseaux mythiques à tête et torse humain, le Kinnara (mâle)
et le Kinnari (femelle), inspirée de l'ancienne littérature indienne.
Cette danse célèbre l'amour vrai, avec des retrouvailles après
700 nuits de séparation à la suite d'une tempête qui avait
duré deux années entières.
On est surpris d'y voir deux
moines attablés et faisant bombance. Cela surprend également Su
Su, car l'une des règles de la vie monastique impose le jeûne de
midi jusqu'au lendemain matin. Renseignement pris, il s'agirait de moines thaïlandais
relevant du courant Mahayana (autrement dit "grand véhicule")
moins à cheval sur les règles que les moines birmans du courant
Hinayana ("petit véhicule")...
En sortant
jolie vue avec la Pagode Shwedagon qui se reflètent dans l'eau du Lac Kandawgyi.
Et le constat que la moitié des véhicules roulent sans éclairage
ou, au mieux, en étant borgnes (économies?)...
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Retour final à RANGOUN et Grand Bouddha couché de la Pagode Kyaukkhtat
Gyi (ou Chaukhtatgyi)
En prenant un grand raccourci, venons-en à notre dernière journée de circuit, qui nous a ramenés à Rangoun. Parti de Heho (région du Lac Inle) à 16h45 et après deux courtes escales à Mandalay et Bagan, nous nous posons sur l'aéroport de Rangoun vers 19h30.
Bagages rapidement récupérés et une demi-heure de trajet pour notre dîner d'adieu au Green Elephant. Un grand établissement périphérique en forme de temple chinois qui ne me laisse pas un souvenir impérissable.
Un double regret, c'est dans cette soirée de n'être pas retourné voir la Pagode Shwedagon brillant de tous ses ors ou de de ne pas être aller voir le quartier chinois en cette soirée du 22 janvier, veille du Nouvel An chinois. Regret d'autant plus grand que la visite de Chinatown était prévue au programme du jour de notre arrivée et que la visite d'un tel quartier présente surtout de l'intérêt le soir...
Sans enthousiame nous retrouvons l'hôtel Yuzana.
Cette fois nous sommes
au 9ème étage. Couloirs toujours aussi sinistres (moquettes arrachée,
matelas qui traînent), issue de secours non signalée et cadenassée...
mais grande surprise en ouvrant la porte de la chambre: rénovée,
avec parquet reverni, peinture refaite et mobilier à peu près neuf,
un bon poste de TV et, comme elle est placée en bout d'aile, de grandes
fenêtres et double orientation est et sud, cette dernière donnant
sur l'étincelante Pagode Shwedagon, et sous nos fenêtres, un monastère
de style chinois mais cela nous l'apprécierons un peu moins au petit matin.
En revanche, la salle de bain n'a fait l'objet d'aucun travaux. Comme d'autres
membres du groupe, cette fois nous avons sans doute tiré une chambre "Deluxe",
il est vrai qu'à notre arrivée nous nous étions plaints auprès
de Su Su...
Avant de dormir nous profitons du spectacle magique que l'on retrouvera
dans une autre version vers 6h30, au petit matin après avoir été
réveillé vers 4h30 par les récitations sonorisées
des soutras (ou sutras) venant du monastère voisin et des coups de gong
appelant les divinités à prendre en compte les offrandes des premiers
fidèles.
Partant à 8h30, nous ne ferons pas tout ce qui était prévu à notre programme. Il est vrai que nous sommes passablement fatigués, tout autant que Su Su.
Pas de passage au marché couvert, l'ancien Scott's Market (du nom de son fondateur) rebaptisé Bogyoke (ou Bogyoke Aung San Market) situé sur l'avenue portant le nom du fameux général, héros de l'indépendance et père de "la Dame". Nous sommes lundi, jour de fermeture... Tant pis pour ceux qui souhaitaient musarder devant les étals dartisanat et boutiques de pierres précieuses...
Seule visite notable et souhaitée par la majorité du groupe, le Grand Bouddha couché de la Pagode Kyaukkhtat Gyi ou Chaukhtatgyi de 70m de long, l'un des plus grands du pays. La statue d'origine (1907) disgracieuse était en position assise et après qu'elle se fut écroulée en 1957, on a réalisé en 1966 ce nouveau Bouddha, grâce à un généreux donateur mais cette fois en posture du Parinirvana, c'est-à-dire couché.
Les Bouddhas couchés reposent toujours
sur le côté droit que les pratiquants du yoga justifient par des
raisons liées à la physiologie (le repos est meilleur lorsque la
narine gauche est libre). Dans la statuaire bouddhique, on peut faire le distinguo
entre position de sommeil ou de repos avec les pieds détendus, le pied
droit (au-dessus) écrasant le pied gauche et celle de l'entrée au
nirvana (la mort du Bouddha) avec les deux pieds superposés et bien parallèles.
A noter que dans les règles monastiques, il est prescrit aux moines de
dormir sur leur côté droit.
Ce Bouddha ici au
repos est en béton, visage, bras et jambes peints en blanc, robe couverte
de feuille d'or. Il porte une couronne incrustée de pierres précieuses.
Autre curiosité, la plante des pieds ornée de 108 signes qui permettent
de reconnaître le Bouddha en ce qu'elles rappellent les 108 épreuves
qu'il a traversées.
La statue n'est guère mise en valeur par
le grand hangar métallique qui la protège et qui donne l'impression
d'entrer dans quelque entrepôt plutôt que dans une pagode. Il y aurait
là un beau projet pour une architecture avec charpente en bois lamellé-collé...
Photo de groupe...
Passez la souris sur les visages...
DU CALENDRIER TRADITIONNEL
A L'ASTROLOGIE
Il ny a pas de pays en Asie plus superstitieux que la Birmanie
L'astrologie est mise en oeuvre pour le choix
du nom d'un enfant, pour choisir ses amis ou un conjoint aussi bien que pour traiter
des affaires.
La date de naissance, plus particulièrement le jour
de la semaine, joue un rôle crucial dans la vie des Birmans. En fonction
du jour, le nom utilisera une certaine lettre initiale qui lui est associée.
A chaque jour est associé également un animal et un chiffre.
Dans la perspective de leurs futures réincarnations, les Birmans redoutent
particulièrement de revenir sur Terre sous forme de rat ou de grenouille.
LA SEMAINE...
Il y a 8 symboles possibles (8 jours) dans une semaine Birmane. Le mercredi, jour de la naissance du Bouddha étant toujours divisé en deux.
Le système
est inspiré du Navagrahâ hindou des "Neuf Planètes".
Les sept premières ont servi a désigner les 7 jours de nos semaines:
Sûrya, le Soleil,
Chandra, la Lune,
Angaraka, Mars,
Budha, Mercure,
Brihaspati, Jupiter,
Shukra, Vénus,
Shani,
Saturne,
et enfin les deux démons des éclipses, Râhu
et Ketu.
Les Birmans ont affecté Rahu à la fin de journée du mercredi et Ketu, non affectée, est la reine des "planètes" et neutre par rapport aux activités humaines.
Autour de l'Arbre de l'Eveil "Bodhi Tree" et autour des pagodes, on trouve huit statuettes du Bouddha placées aux points cardinaux et intermédiaires, afin de vénérer chaque jour de la semaine auquel elles correspondent. Evidemment, le jour 8, c'est-à-dire le mercredi matin, jour de naissance du Bouddha, est orienté au sud...
Jour N° "Planète" Nom birman Animal Nom hindou Direction
Dimanche 1 Soleil Taninganway aigle garuda (galon) Sûrya Nord-est
Lundi 2 Lune Taninlar tigre Chandra Est
Mardi 3 Mars Ingar lion Angaraka
Sud-est
Mercredi matin 4 Mercure Botetahu éléphant à
défenses Budha Sud
Mercredi a-midi 8 Rahu (ou Yahu) Harhu éléphant
sans défenses Nord-ouest
Jeudi 5 Jupiter Kyartharpaday souris (rat)
Brihaspati Ouest
Vendredi 6 Vénus Thaukkya cochon Shukra Nord
Samedi 7 Saturne Sanay naga (serpent dragon) Shani Sud-ouest
...ET L'ANNEE
Le calendrier traditionnel est de type lunisolaire, donc basé sur les phases de la lune et le mouvement du soleil. Une année ordinaire ne compte que 354 jours comme dans le calendrier musulman, soit 11 jours de retard par rapport au nôtre. Mais à la différence du calendrier musulman qui est en dérive constante par rapport au soleil car ne comportant pas de système de recalage, le calendrier birman compte des années bissextiles tous les trois ans de sorte que ce rattrapage ait lieu en rajoutant carrément, non pas un jour comme dans notre calendrier grégorien, mais un mois (le mois Waso qui est redoublé) et un jour (ajouté à Nayon).
Mois birmans Jours Mois occidentaux Mois
birmans Jours N°
Année normale Année bissextile
(tous
les 3 ans)
Tagu 29 mars-avril Tagu 29 1
Kason 30 avril-mai Kason 30
2
Nayon 29 mai-juin Nayon 30 3
Waso 30 juin-juillet Waso 30 4
Waso
30 13
Wagaung (ou Wakhaung) 29 juillet-août Wagaung 29 5
Tawthalin
30 août-septembre Tawthalin 30 6
Thadingyut 29 septembre-octobre Thadingyut
29 7
Tazaungmone 30 octobre-novembre Tazaungmone 30 8
Nattaw 29 novembre-décembre
Nattaw 29 9
Pyartho 30 décembre-janvier Pyartho 30 10
Tabodwe
(ou Dapodwe) 29 janvier-février Tabodwe 29 11
Tabaung 30 frévrier-mars
Tabaung 30 12
354 385
Après cela nous nous
rendons au magasin de pierres précieuses MK Gems, Jewellery Center &
Jade Factory, situé au nord de la ville, près du Lac Inya, après
avoir rencontré un petit groupe de Chinois transportant un petit dragon
en l'honneur du Nouvel An. Notre onzième boutique...
Nous revenons vers le centre en empruntant l'avenue de l'Université au
bord du Lac Inya. Sur notre gauche, côté lac, nous passons devant
l'ambassade des Etats-Unis et quelques centaines de mètres plus loin, nous
longeons la clôture de la maison de "la Dame", clôture surmontée
de 5 drapeaux de son parti (NLD) et un peu plus loin le portail surmonté
par le portrait de son père, le général Aung San, héros
de l'indépendance assassiné en 1947. Aucune surveillance apparente
mais elle peut s'exercer sans uniforme. Toujours est-il que dans l'incertitude
du moment, il ne faut pas penser à s'arrêter ni même à
ralentir pour éviter tout ennui tant au chauffeur qu'à notre guide...
Cette personnalité marque le quartier dans la mesure où l'on
voit sa photo sur des journaux, fanions, posters ou tee-shirts, avec aussi la
photo de son père.
Petit arrêt dans un café-boutique entre le Bogyoge Market et une somptueuse résidence Grand Mee Ya Hta qui voisine avec deux vieux bâtiments de l'époque coloniale qui risqueraient fort de disparaître. Douzième et dernière boutique!
Quartier éclectique au long de l'avenue Bogyoke Aung San, très commerçant mais ponctué par l'ancien hôpital, une église protestante (St Mary's Cathedral) et même une mosquée. Quelques immeubles en construction encore entourés de leurs échafaudages en bambou sur lesquels évoluent des maçons équilibristes sans souci de sécurité ou de sanction d'une Inspection du Travail.
Il est près de 12h30 et pour prendre notre dernier repas birman, nous arrivons au Padonmar Restaurant ("le Lotus"), à nouveau dans le secteur du lac Inya, près de l'Université des Langues Etrangères. Un restaurant de spécialités thaïes et bamares. Nous déjeunons à l'extérieur, dans un jardin où malgré un voile tendu, il fait une chaleur torride.
Menu imprimé pour notre groupe mais service d'une lenteur incroyable malgré un personnel fourni: crackers de tofu, soupe à l'oseille et à la tomate, sauté de légumes, curry de porc, curry de poisson, sauté de cresson et champignons, en condiment du balachaung (à base de crevettes séchées)... avec du riz vapeur présenté dans des boîtes de bambou qui le gardent au chaud. En pour finir, un gâteau à la banane dont on ne retrouve pas la saveur.
Il est un peu plus de 14h. Direction l'aéroport. Nous quittons Su Su avant l'enregistrement. Petite salle d'embarquement (il n'y a que deux portes).
Décollage à 16h40 pour un vol de 3 heures vers Singapour (arrivée
à 21h15, heure locale). Petit problème de passerelle à l'arrivée.
Changement de terminal en Skytrain, du terminal 2 au terminal 3.
Ca tousse
beaucoup un peu partout. Conséquences de la clim des bus et aussi des fraîcheurs
matinale et nocturne du plateau shan, surtout lorsque l'on a été
saisi par l'air vif du Lac Inle...
2h30 d'attente pour
avoir la correspondance vers Paris ce à quoi il faut ajouter un retard
de 25 minutes qui sera largement rattrapé puisque, malgré un départ
à minuit et demi de Singapour, on arrivera à Charles de Gaule avec
25 minutes d'avance, à 6h25, soit en 12h55 de vol. Avance qui sera reperdue
suite à de petits soucis de bagages endommagés.
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Région
de MANDALAY
AMARAPURA (1) MANDALAY (2)
MINGUN (3) AVA (4)
ELEMENTS SUR LA SOCIETE.
PERDRE
OU DONNER LA FACE...
An-ah-deh ou Ah Na De, c'est la variante
birmane de la face asiatique. Su Su m'en a confirmé l'importance et il
semble qu'elle ne puisse pas totalement s'en abstraire.
Ne pas créer
de gêne, ne pas faire perdre la face. Cest le savoir-vivre à
la birmane, empreint de politesse ou de timidité, et qui veut que lon
ne dise jamais non, que l'on reste évasif
Exemple de lan-ah-deh:
vous hélez un taxi (si ce nest pas lui qui vous hèle) et lui
indiquez une adresse. Invariablement, le chauffeur répondra dun "yes-yes-yes"
alors quil na même pas compris le nom demandé, ou qu'il
ne connaît pas ladresse.
LA SCOLARITE...
Comme dans beaucoup de pays en voie de développement,
les classes du primaire sont occupées en alternance par deux groupes d'élèves,
ceux du matin, de 8 à 11 heures, et ceux de l'après-midi, de 13
à 16 heures.
Lécole est gratuite et obligatoire pour
les enfants de 5 à 9 ans. En secondaire et à luniversité,
il faut payer de modestes frais. Le primaire dure quatre ans, ainsi que le premier
cycle du secondaire ; le deuxième cycle du secondaire dure deux autres
années. Pour être acceptés au niveau supérieur, les
élèves doivent passer des examens et la concurrence est très
grande.
La scolarité dure en moyenne 7 années.
LE MARIAGE...
En principe, le mariage
n'est admis qu'à partir de l'âge de 18 ans mais par dérogation
il peut être ramené à 15 ans pour les filles et à 17
pour les garçons. L'âge moyen du mariage en ville se situe vers les
28-30 ans et dans les campagnes vers 20-25 ans.
On ne peut pas parler de
mariages arrangés mais disons plutôt de mariages autorisés.
C'est de plus en plus fréquents dans les villes et notamment chez les jeunes
qui se rencontrent à l'université. Si les fiancés passent
outre, ils ne seront vraiment admis qu'avec la venue d'un enfant. Il a peu de
mariages inter-ethniques, l'endogamie prévaut.
Le mariage ne donne
pas lieu à des pratiques sacramentelles et la cohabitation notoire suffit
à l'établir. En revanche, pour les familles, c'est l'occasion de
festivités familiales et villageoises et, pour que tout cela soit placé
sous de bon augure, évidemment on a consulté l'astrologue pour le
choix de la date. La robe de la mariée n'est pas blanche (couleur du deuil)
mais dans des nuances de jaune. On ne "célèbre" pas de
mariage pendant la période du Carême bouddhiste qui dure trois mois,
au moment de la saison des pluies, et se situe dans la période de juillet
à octobre, entre la huitième et la onzième pleine lune.
Quant aux divorces, ils font l'objet de publication par annonces!
REVENUS, POUVOIR D'ACHAT ...
Après
l'indépendance, en 1954, le régime procéda à une réforme
agraire et institua un monopole du commerce du riz.
Dans le cadre de "la
voie du socialisme birman" instituée par le régime militaire
après 1962, les paysans étaient contraints de livrer à l'Etat
la moitié de leur production de riz, tandis que le gouvernement militaire
lançait des séries de nationalisations (transports, industries,
rizeries, mines, commerce extérieur et intérieur), ce qui contribua
à la stagnation de l'économie.
En 1970, le régime de
la junte a procédé à la nationalisation d'une bonne partie
des terres, sauf les rizières et les terres détenues par des coopératives.
Les terres sont louées aux paysans pour une durée de 60 ans.
Au début des années 1990, la junte a engagé
des tentatives de réformes et s'est orientée vers une libéralisation.
En novembre 1997, par exemple, en libéralisant la commercialisation du
riz, dont les exportations avaient dramatiquement chuté (1 million de tonnes
en 1995, 120 000 tonnes en 1997).
Il faut savoir que les petits tracteurs
ridicules que l'on voit coûtent 2000€ (en Kyats cela fait la somme
colossale de 2 millions!).
Quelques éléments
plus généraux sur le coût de la vie.
Un cantonnier comme
on en a tant vu au bord des routes, gagne 1,50€ par jour. Le salaire moyen
d'un ouvrier ou d 'un employé (réceptionniste d'hôtel par
exemple) est de l'ordre de 50€.Celui d'un fonctionnaire de base s'élève
à 80€, ce qui correspond au loyer d'un appartement modeste à
Rangoun. Mais pour faire vivre une famille de 4 ou 5 personnes à Rangoun,
il faut disposer de 400€, ce qui signifie multiactivité ou travail
de plusieurs personnes. Les privilégiés sont les employés
des sociétés multinationales parlant la langue de la compagnie (le
groupe Total par exemple) qui peuvent gagner jusqu'à 300 ou 400€ par
mois.
Un kilo de bananes coûte 1€, un kilo de
viande (porc, volaille) de 5 à 10€, une pomme 0,20€, une machine
à laver 150€ et une vache 80€ (ça paraît peu).
Les voitures, même d'occasion, sont hors de prix. Pour une voiture banale,
il faut débourser 15 000€, le prix d'une voiture neuve en France!
sachant que 90% de ce prix résulte de la taxe gouvernementale. Plus abordable,
l'achat d'une moto à 500€ reste néanmoins coûteux au
regard des salaires.
Les Birmans qui parviennent à
faire quelques économies peuvent-ils les faire fructifier?
Très
peu! Le taux de rémunération de l'épargne servi par les banques
est de l'ordre de 1,2% alors que l'inflation galope (selon les sources, de 10
à 30%). Et malgré cela, certaines banques font banqueroute. C'est
pourquoi les économies se transforment en lingots d'or, détenus
à son domicile... Ce qui explique les clôtures surmontées
de barbelés et de piques qui entourent certaines maisons!
Et au contraire,
si l'on est un peu désargenté, peut-on obtenir un crédit?
Les banques n'accordent aucun crédit aux particuliers, sauf aux agriculteurs!
Un autre problème est celui d'une fiscalité inéquitable, forfaitaire, non dégressive ni même proportionnelle au revenu. En gros l'Etat perçoit environ 20% des revenus, ce qui est énorme si on l'applique aux paysans.
Il faut encore ajouter qu'il n'existe pas de système de protection sociale. Par exemple les parents de Su Su n'ont pas de retraite et elle contribue à subvenir à leurs besoins avec ses frères qui travaillent à Singapour.
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Etape
précédente : RANGOUN (YANGON)
Etape suivante : Bagan
Pour un lendemain d'arrivée et après un long voyage long
courrier, c'est une journée "ENAURME" qui nous attend puisque
le lever a lieu à 3h30 à l(hôtel Yuzana! avec un avion qui
décolle de Rangoun à 6heures...
A l'aéroport,
contrôles folkloriques et symboliques des personnes mais aussi des bagages
tous regroupés. Enregistrement collectif ultrarapide avec des badges et
salle d'embarquement transformée en capharnaüm.
Le
petit déjeuner s'est transformé en panier repas que nous avalons
dans la salle d'embarquement: oeuf dur, sandwich avec une garniture innommable
pour ne pas dire infâme, le tout imprégné de l'odeur d'une
banane. Appel pour l'embarquement on ne peut plus artisanal à l'aide d'une
pancarte brandie à bout de bras...
Néanmoins le bimoteur ATR
72-210 de Yangon Airways inspire plutôt confiance à ses 70 passagers
même si le slogan de la compagnie se veut trop rassurant "You're safe
with us"...
Une demi heure après le décollage nous pouvons
admirer l'aube et à huit heures nous sommes dans le hall désert
du nouvel aéroport Tadao (inauguré en l'an 2000) de Mandalay,
à 600km de Rangoun. Il reçoit des vols charters depuis l'étranger
et une liaison est assurée avec la ville chinoise de Kunming, au Yunnan.
Il est 8h et notre avion est le premier arrivé alors que plusieurs autres
doivent arriver dans l'heure suivante.
Du bus, premiers aperçus sur les champs inondés en vue de la plantation du riz (on fait deux récoltes ici contre trois dans le delta de l'Irrawaddy). Les semis de riz ne vont pas tarder à être repiqués car les paysans préparent les rizières de la façon la plus traditionnelle qui soit, avec une araire tirée par une paire de buffles. Des cochons, des vaches au bord des routes et des pick-up surchargés de passagers, juchés sur les marchepieds et sur les toits, y compris des moines partis pour la collecte de l'aumône. Des calèches aussi et pas seulement pour le transport de touristes. Un train, le premier et unique train que nous apercevrons. Gros arbres qui font l'objet de vénération, avec à leur pied des petites statues honorées par quelques offrandes...
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AMARAPURA
("la ville des Immortels"),
capitale épisodique aux XVIIIe-XIXe
s. (1783-1809, 1820-1823 et 1838-1860)
(liste indicative du Patrimoine Mondial
de l'UNESCO établie en 1996)
Après avoir
traversé Mandalay en direction du sud sur une dizaine de kilomètres,
nous arrivons dans la bourgade voisine Amarapura, l'avant-avant-dernière
capitale du pays, à partir de 1782, avant que sa voisine Inwa (Ava) le
devienne brièvement à partir de 1841 et avant que la Cour du Roi
Mindon s'installe définitivement à Mandalay en 1857.
Etape d'une demi-heure dans l'atelier de tissage de soie Thein Nyo (de M. Bai
Ko et de Mme Toke) à Amarapura.
Pour le tissage, on emploie de 100
à 300 navettes en fonction de la complexité des nuances attendues.
La production d'une pièces de soie de 23 de long nécessite 45 jours
de travail sur le métier...
Suit une présentation de longyis
ou longjis. Il s'agit d'un vêtement cousu formant comme une jupe ample.
Ils sont de couleur sombre et à rayures pour les hommes qui les nouent
sur le ventre, plus colorés et avec quelques motifs pour les femmes qui
les portent repliés en portefeuille.
Le longyi ou longji
est une sorte de pagne mixte qui se porte particulièrement long ici, de
la taille aux chevilles. Traditionnellement, on ne portait pas de sous-vêtement
sous le longyi (comme sous le kilt écossais).
C'est la forme locale
du sarong malais, également mixte, porté par les femmes et les hommes.
Au Laos, on l'appelle sinh et il est porté par les femmes. En Inde, c'est
le dhoti porté par les hommes...
Ce vêtement est en perte de
vitesse chez les jeunes, remplacé par shorts et jeans...
Pont
U-Bein
(liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie
en 1996)
Puis nous nous rendons non loin de là sur
les rives du Lac Taungthaman, au niveau du célèbre pont U-Bein,
l'un des sites les plus photographiés de Birmanie. Ce pont de 1,2km, ponctué
par cinq abris, est le plus long pont en teck du monde. Il porte le nom du maire
d'Amarapura qui le fit construire à partir des 900 (ou 1060) piliers de
l'ancien palais d'Inwa au XIXe s. (on trouve parfois mention dans les ouvrages
de 1782? n'y aurait-il pas inversion de chiffres: 1872?) afin de relier les deux
rives du lac.
Il est 9h30. Magnifique spectacle à cette heure matinale
où les touristes ne sont pas encore trop nombreux mais avec l'inconvénient
qu'il y a moins de proies pour les vendeurs de souvenirs... On propose aussi aux
passant de payer pour relâcher un oiseau en cage (toutterelle, chouette,
petit passereau) pour faire une action méritoire. Pratique bouddhique pervertie...
Spectacle sur le lac avec ses bateaux et le reflet des pagodes dorées surgissant de ses riVe s. Spectacle sur le pont lui-même, avec les villageois parfois à vélo, les moines... qui se découpent à contre-jour. Spectacle au pied du pont:villageois faisant leur lessive, familles de paysans se livrant aux travaux agricoles, pêcheurs lançant leur filet épervier ou récupérant des nasses et ramenant des poissons dans le pli de leur longyi, éleveur de canards...
Il est 10h30 lorsque
nous arrivons au Maha Gandayon Kyaung, monastère fondé en 1950,
l'un des plus importants de Birmanie, afin d'assister à la procession d'un
millier de moines (sur le demi million que compterait le pays) rentrant de la
collecte des aumônes car ils doivent avoir fini de déjeuner à
midi (sans autre repas avant le lendemain matin).
Raté! A une demi-heure
près.
Les moines sont en plein repas, silencieux et
parfaitement indifférents à nos allées et venues et à
nos flashs. Beaucoup ont déjà terminé. Selon Su Su, ce changement
serait dû à la présence de quelque généreux
donateur que les moines ont voulu honorer en avançant quelque peu leur
horaire...
Malgré tout on a l'occasion d'assister à quelques
scènes édifiantes révélant des dérives qui
rappellent celles que l'on connaît dans d'autres clergés. Les moines
anciens se font servir par les plus jeunes, "l'abbé" et un vieux
moine font bombance avec la vingtaines de plats bien remplis posés devant
eux et qu'ils seront bien incapables d'engloutir, même en allant au-delà
de midi! Les seuls travaux auxquels on voit se livrer les moines concerne le reprisage
de leurs habits et la lessive et ici ce sont des laïcs qui font lavent la
vaisselle. Ils ont accès gratuitement aux transports en commun et aux meilleures
places comme on le verra souvent (dans le bus ils ont leurs fauteuils près
du chauffeur).
Les jeunes moines en robe claire sont des novices qui ont 6
ou 7 ans.
Le moine ne travaille pas mais doit respecter 227
règles. Il ne prend que deux repas par jour, un premier vers 5 heures et
le dernier avant midi, sauf s'il est malade.
Durant la vie monastique, le
moine ne peut recevoir sa famille qu'à certaines heures. S'il rend visite
à sa famille, il ne peut pas dormir dans la maison familiale mais dans
le monastère le plus proche ou dans une maison vide. On ne peut pas toucher
le moine (les offrandes sont déposées par le bienfaiteur dans le
bol qu'il tend). Il ne peut pas manipuler d'argent (on verra que certain s'affranchissent
de cette règle) et la gestion financière des monastères est
assurée par des notables laïcs (un peu comme les conseils paroissiaux
ou presbytéraux de chez nous).
En Birmanie, seuls les moines sont incinérés
et leurs cendres sont placées dans une tombe. Traditionnellement, les autres
défunts sont enterrés dans une simple fosse et les cimetières
ne font l'objet d'aucun entretien. Toutefois, par contagion avec les habitudes
occidentales, on voit de plus en plus de sépultures avec des pierres tombales
dans les cimetières des villes mais l'achat d'un emplacement de 3x6 pieds
n'est à la portée que des personnes aisées car cela revient
à 700$ comme nous le précise Su Su.
Les grandes stèles que l'on voit bordant l'allée du monastère n'ont rien de funéraire. Elles honorent simplement les généreux donateurs, tout autant particuliers qu'entreprises...
Nous quittons
le monastère à 10h45 pour aller visiter une petite fabrique de marionnettes
et de tableaux ou tapisseries Kalaga en brocart (étoffe de soie rehaussée
de dessins brochés d'or et d'argent). Visite rapide, une demi-heure entre
11h20 et 11h50...
Il est midi. Retour au centre de Mandalay pour déjeuner au restaurant "A Little Bit of Mandalay" où l'on nous propose 5 ou 6 plats, hors potage et riz évidemment.
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MANDALAY ("le Centre"), dernière capitale royale (après
1857)
(liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie
en 1996)
Mandalay est la seconde ville de Birmanie avec
un million d'habitants (ou 500 000?) pour la ville elle-même et 2,5 millions
en prenant en compte l'agglomération. Ce fut la dernière capitale
royale (troisième empire birman) de 1857 à 1885, avant larrivée
des Anglais. Son splendide palais de teck fut détruit par les Anglais au
cours de la Seconde Guerre mondiale, les troupes d'occupation japonaises s'y étant
réfugiées (certains évoquent un incendie volontaire provoqué
par les Japonais)... L'enceinte était percée de 12 portes, celles
de l'est et du sud étant réservées aux grandes cérémonies
royales, celle du nord au peuple et celle de l'ouest aux funérailles (on
retrouve cette symbolique liée au crépuscule comme dans l'Egypte
antique, chez les Celtes et de très nombreuses civilisations). Cette enceinte
comportait également 32 tours de garde. Le roi Mindon y vivait avec 52
épouses, sans compter ses concubines.
La province de Mandalay compterait
8 000 monastères qui accueilleraient 60% des moines du pays (?).
Changement majeur dans la circulation urbaine: contrairement à Rangoun, ici on voit quantité de deux roues, petites motos, vélos et étranges trishaws ou "vélo-sidecars" dans la nacelle desquels les passagers sont installés dos à dos... ... contrairement à Cuba où le vélo-sidecar n'emporte qu'un passager qui se trouve dans le sens de la marche.
L'après-midi commence avec l'atelier des batteurs d'or "King Galon Gold Leaf" situé au centre de la ville. C'est un artisanat unique en son genre.
La technique du battage de l'or, connue des Egyptiens, est pratiquée depuis 5 000 ans. Elle utilise la caractéristique d'extrême malléabilité de ce métal. Une once d'or, soit 31g, peut être laminée jusqu'à former une feuille de 8m² et on peut en tirer 3 600 morceaux de 9cm²! Loin des procédés industriels de nos pays, ici la tradition de cet artisanat ancestral est parfaitment conservée.
L'or
martelé a été laminé au préalable en fines
bandelettes qui sont découpées en tout petits carrés d'environ
1 ou 2cm de côté. Elles sont placées en sandwich entre des
feuilles de papier de bambou (bambou dont les fibres se désagrègent
après une immersion de trois années dans de l'eau de chaux), elles-mêmes
placées entre des feuilles de papier de riz, le tout maintenu dans un étui
de cuir. Le battage d'un paquet de feuilles est exécuté à
l'aide de lourdes masses de 7 ou 8kg (15 livres) dans un bruit assourdissant selon
un rythme d'environ soixante coups par minute et le paquet est tourné d'un
quart de tour à chaque passe pour une frappe plus régulière.
Un premier battage de 30 minutes fait que la taille du petit carré d'or
initial devient 10 fois plus grande. La petite galette est alors découpée
en 6 morceaux qui vont être une nouvelle fois battus pendant une demi-heure
avant un dernier battage, très long puisqu'il dure 5 heures! A défaut
de sablier pour mesurer le temps, on fait usage d'une sorte de clepsydre rudimentaire.
Il s'agit d'une demi coque de noix de coco posée à la surface d'un
récipient rempli d'eau mais comme elle est percée d'un petit trou,
peu à peu l'eau la remplit jusqu'à la faire couler.
Les feuilles
obtenues sont aussi légères que l'air. Leur épaisseur peut
n'être guère plus que d'un dixième de micron (un micron, c'est
un millième de millimètre) soit 0,0001mm, ce qui signifie qu'en
empilant 8 000 feuilles ont arriverait juste à une épaisseur d'un
millimètre. Puis elles sont transportées dans un atelier où
elles sont découpées en petits carrés réguliers d'environ
8cm de côté par des femmes qui s'enduisent les mains de poudre de
talc (ou de marbre?) pour que l'or ne reste pas collé à leur peau.
Il est tellement léger qu'un simple souffle suffit pour le défroisser.
Les ouvrières confectionnent de sortes de petits livrets en alternant feuilles
d'or et papier transfert.
Les feuilles sont vendues dans les distributeurs
automatiques des pagodes de 300 à 500 Kyats (10 fois moins cher que chez
nous)... mais on peut aussi en faire un autre usage que celui de dorer les Bouddhas
et les stupas, les feuilles d'or peuvent aussi avoir un usage alimentaire décoratif
(additif E175 sans incidence sur le goût des aliments et n'est pas digéré)
donnant une note délégance: incorporé à des
plats raffinés, pâtisseries ou confiseries, mais également
bu lorsquil est mélangé en paillettes au champagne...
Evidemment, l'or utilisé pour la décoration d'objets en laque est
du plus bel effet...
Quelques minutes plus tard, ayant repris le bus, nous tombons sur une processions de nonnes (on parle parfois de "bonzesses" mais le terme a une sonorité péjorative), toutes de rose vêtues, munies d'un éventail, d'un petit bol à aumône et d'un plateau porté sur la tête, demandant l'aumône alimentaire. On dirait bien qu'elles passent après leurs confrères... Le pays en compterait 25 000.
A la différence des moines, elles ne font cette
quête que deux fois par semaine et on leur donne du riz non cuit et autre
légumes, car, autre différence, elles peuvent travailler et notamment
cuisiner. Il est vrai que cette ville hébergerait quelques 23 000 moines
et nonnes répartis dans 1500 monastères!
Peu après on
aperçoit trois "dissidentes" qui ont plutôt l'allure de
jeunes mendiantes.
Au sud de la ville, nous voici à
la Pagode Mahamyat Muni ("Grand Sage") ou Mahamuni qui avec ses échoppes
ressemble à un bazar. On y voit même des posters à l'effigie
d'Aung San Suu Kyi...
Pourtant on y vénère la statue du Bouddha
la plus sacrée du pays car considérée comme "un dieu
vivant". Selon la légende, c'est le roi des dieux qui aurait fabriqué
cette statue lors d'une visite du Bouddha chez le roi des Rakhines (actuel Etat
Arakan, à l'ouest de la Birmanie). En fait, elle pourrait dater du Ier
siècle avant notre ère. Toujours est-il que les souverains bamars
la convoitèrent longtemps jusqu'à ce qu'ils s'en emparent et lui
construisent une pagode à Amarapura en 1784. Suite à un incendie,
la statue fut installée à Mandalay en 1857.
Seuls les hommes
ont la possibilité d'approcher l'icône de bronze de 3,80m, en position
du lotus, et de lui coller des feuilles d'or sur le corps tandis que le visage
est gardé lisse. Les 15cm d'or qui le recouvrent représentent un
poids de 9 tonnes. Ceux ou plus exactement "celles" (les femmes impures
prient en arrière des offrandes) qui ne peuvent pas s'en approcher ont
aussi la possibilité de voir le spectacle retransmis sur des téléviseurs...
Avec son diadème royal, "le grand sage" n' a rien de la coiffure
austère qu'on lui connaît au Sri Lanka!
Nous sommes trop tôt pour assister à la Fête de la Pagode Mahamuni à Mandalay qui a lieu du 22 janvier au 6 février.
Au
nord-ouest de la cour, on peut voir 6 statues de bronze (3 lions ou chintheis,
2 guerriers ou dvarapalas et l'éléphant à 3 têtes Airavata)
provenant d'Angkor où elles furent fabriquées au XIIe s. avec une
vingtaines d'autres qui ont disparus. Elles ont abouti ici après bien des
pérégrinations. Au XVe s. ce furent les Thaïs qui s'en emparèrent.
Un siècle plus tard le roi de Bago ou Pegu (non loin de Rangoun) se les
appropriait. Encore un autre siècle, le XVIIe s., et cette fois c'est le
butin dont s'empare le roi du Rakhine. Pour finir c'est le roi birman Bodawpaya
qui s'en empara en 1784. Elles ont été installées ici en
1857.
Selon les croyances populaires, le fait de toucher certaines parties
de ces statues aurait le pouvoir de soulager les douleurs corporelles correspondant
au membre concerné.
Après cette visite, nous
traversons le quartier des marbriers sculpteurs de statues du Bouddha...Le dernier
travail exécuté porte sur la tête.
Impressionnant, ça
rappelle un peu ce que l'on a vu il y a quelques années au centre du Vietnam.
Le monastère Shwenandaw Kyaung (liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie en 1996)
Une petite demi-heure de traversée de la ville et nous retrouvons au nord-est au pied de la colline de Mandalay où nous irons assister au coucher du soleil un peu plus tard.
Mais nous nous intéressons
d'abord au monastère Shwenandaw Kyaung ("Monastère Doré
du Palais"). Tout de bois sculpté et jadis recouverts de feuilles
d'or, véritable dentelle de teck posée sur pilotis auquel on accède
par des escaliers de pierre. Il constitue l'un des plus beaux monuments de la
ville et il a subsisté bien qu'il fût occupé par les Japonais
durant la seconde guerre mondiale. Ce monastère aux toitures carrées
et aux façades couvertes de sculptures représentant scènes
réelles ou mythiques (Sirènes...), non dénuées de
syncrétisme puisque l'on peut voir des anges chrétiens, fut construit
à l'époque du roi Mindon (seconde moitié du XIXe s.). C'est
lun des derniers vestiges de larchitecture birmane en bois du XIXe
s.
A l'intérieur, la clarté du jour se reflète sur les
piliers de teck recouverts d'or.
Juste à côté, se dresse
le monastère Atumashi Kyaung ("Monastère Incomparable")
construit parle roi Mindon en 1857. Initialement en teck et en stuc, il fut endommagé
par un incendie en 1890 et il a été reconstruit en 1996 sans reprendre
le styme originel et en faisant appel au béton...
Il est temps de penser au fameux coucher de soleil sur la colline de Mandalay,
haute de 231 mètres (ou 236m ou 238m voire 240m?). Le site qui selon la
légende aurait eu la visite du Bouddha fut occupé lors de la Seconde
Guerre Mondiale par les troupes japonaises qui en furent délogées
en 1945 par un bataillon de gurkhas dans des combats au corps à corps...
Nous y accédons par une route très pentue qui aurait été
construite par des condamnés aux travaux forcés... Cette grimpette
pétaradante en camionnette dure un petit quart d'heure. Arrivés
à mi-pente, à lentrée de la pagode Sutaungpyei, il
reste à emprunter les trois volées d'un escalier mécanique
(une fois encore!).
Pour les pèlerins ou les touristes plus authentiques,
la montée peut se faire pieds nus en empruntant l'un des quatre escaliers
(sud, sud-est, nord et ouest) couverts comptant un peu plus de 1700 marches! Ils
n'auront pas forcément la récompense à l'arrivée car
à 17h15, lorsque nous mettons les pieds sur le carrelage de la terrasse
sommitale la foule se bouscule le long du garde-corps ouest afin de capter le
fameux coucher de soleil sur la ville et, au-delà, sur l'Irrawaddy (ou
Ayeyarwady). Dommage, ce soir il sera un peu noyé dans la brume... La ville
et ses multiples stupas dorés s'étend au pied de la colline. Parmi
les spectateurs attendant l'instant fatidique, trois jeunes moines ont entrepris
une sorte de "speed-dating" avec une touriste...
Le soleil disparaît
derrière les montagnes à l'horizon, pile à 17h45!
Pour
redescendre, afin d'éviter la bousculade aux ascenseurs et escaliers mécaniques,
nous rejoignons les pick-ups en empruntant un escalier bordé dune
quantité détals où lon vend fleurs, nourriture,
rafraîchissements et petits souvenirs pour les pèlerins.
Nous gagnons le quartier nord-ouest pour déposer nos bagages à l'hôtel,
faire un brin de toilette avant de nous rendre dans un petit restaurant thaï,
le "Ko's Kitchen" pour dîner non loin de là, tout près
des fortifications occidentales de l'ancien palais royal.
Très agréable
petit restaurant avec sa vitre permettant d'assister à la préparation
et à la cuisson des mets. Toujours excellents et très copieux: 5
plats (currys, brochettes, nouilles, légumes), sans compter le potage et
le riz, et pour finir pastèque et papaye dont la saveur est agréablement
rehaussée avec un petit morceau de citron vert...
Nous logeons à l'Emerald Land, extérieurement assez joli mais pas
très propre, avec des moustiques et parfois des petits lézards grimpeurs
(plus petits que des geckos) mais avec peu ou pas d'eau chaude. L'éclairage
électrique est faible et vacillant. Une petite fraîcheur se fait
sentir et il est nécessaire de sortir une couverture du placard.
Dommage
pour nous, notre chambre située au bout d'une aile qui doit se trouver
non loin de monastères. Un moment, on s'est demandé si' les prières
diffusées par haut-parleur dans le quartier ne venaient pas d'une mosquée
mais le chant du muezin ne dure que quelques minutes alors que là, pratiquement
toute la nuit et jusqu'au matin nous aurons droit à des récitations
et psalmodies sonorisées des soutras (ou sutras) par des novices (d'après
Su Su) parfois accompagnées de musique... A partir de 6 heures, c'est la
circulation qui a pris le relais et à 7 heures il fallait se lever!
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Petit saut temporel vers la fin de journée suivante (qui a surtout été consacrée aux visites hors de la ville avec les sites de Mingun et Ava) qui nous ramène pour une visite nocturne de l'un des sites de Mandalay.
En effet,
après un vote démocratique,
la montée au sommet de la colline de Sagaing (ancienne cité en liste
indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie en 1996) pour assister
à un coucher de soleil à la pagode Soon U Ponnya Shin (ou Sun U
Ponya) a été remplacée
par la visite de la pagode dorée
de Kuthodaw ("la Pagode du Mérite Royal"), située au pied
de la colline de Mandalay. On la surnomme "le Livre de Pierre" ou "le
plus grand livre du monde". Dommage qu'il soit un peu tard (18 heures).
La construction du stupa doré commencée en 1857 sous le roi Mindon
fut achevée en 1868 en vue du Cinquième Concile Bouddhique qui fut
réuni ici en 1871. Pour lire les 729 stèles sur lesquelles sont
gravés les 15 livres du canon bouddhiste unifié (Tripitaka), 2400
moines durent se relayer pendant 6 mois. En version imprimée, cela représente
30 volumes de 400 pages!
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DANS LES ENVIRONS DE MANDALAY
Nous quittons l'hôtel
dès 8 heures et le bus nous conduits à l'embarcadère sur
les rives de l'Irrawddy. 20 minutes plus tard nous arrivons au port dans une ambiance
de kermesse car il y a là une sorte de bateau-disco. Un plage descend vers
des quais informes fait de boue et de détritus divers. Je me demande bien
comment les voyagistes peuvent décrire cela comme étant une jetée...
il ne leur reste plus qu'à parler aussi de yachts! Quant à la passerelle,
elle est des plus rudimentaire et n'a rien d'une échelle de coupée:
une simple planche pas très large et, en guise de main courante, une perche
en bambou tenue par deux "matelots"...
A 8h30, embarquement terminé sur un vieux bateau tout en bois, une sorte de jonque à moteur, réservé à notre petit groupe de 30 qui occupe à la fois le pont supérieur (en partie bâché) tandis que le pont couvert nous sert de salle à manger rustique... alors que deux ou trois fois plus de passagers locaux pourraient sans doute y trouver place. Le soleil n'est pas encore très ardent et ajouter à cela le vent dû au déplacement du bateau, il s'avère qu'une petite laine est bienvenue... Bien sûr le bateau, tout autant que l'embarcadère et la passerelle, ne répond à aucune norme de sécurité occidentale. Comme le fleuve est peu profond et que dans ce bateau tout y est en bois (sauf le moteur), on peut caresser l'espoir qu'en cas de naufrage on pourrait toujours se raccrocher à quelque chose...
Nous remontons
l'Irrawaddy sur environ 10km en direction de Mingun, ce qui demandera environ
1h15 de navigation tranquille. Le spectacle sur le fleuve et sur ses rives n'est
pas dénué d'intérêt: paillotes de villages de pêcheurs
et d'agriculteurs, récupérateurs de sable sur les îlots (lesquels
sont recouverts lors de la mousson), bateaux transportant toutes sortes de marchandise:
barils de carburant, teck venant des régions plus au nord, trains de radeaux
de bois tirés par un bateau (le bois de teck est tellement dense qu'il
ne flotte pas), pêcheurs dans leur frêle esquif, dans le lointain
brumeux la colline de Mandalay. Les bateliers sur les autres embarcations tout
comme sur notre bateau doivent être vigilants pour ne pas s'échouer
car le cours d'eau est peu profond en saison sèche. Un aide procède
souvent à de sondages à l'aide d'une perche. En cette saison, nous
n'aurons malheureusement pas le plaisir de voir des dauphins d'eau douce accompagner
notre bateau.
Bientôt sur notre gauche émergent d'un environnement
boisé les pagodes dorées de Mingun qui grimpent à l'assaut
des collines... mais le but de notre visite est bien plus proche.
MINGUN, éphémère capitale de 1810 à 1819 (liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie en 1996)
On nous débarque au pied de deux chintheis, des lions géants de
33m de haut qui devaient être les protecteurs de "la pagode inachevée"
et déjà les vendeurs de souvenirs sont à nos trousses. Derrière
se dresse un énorme cube de brique de 50m de hauteur. Le projet s'est arrêté
au tiers de la hauteur, c'est-à-dire au niveau des terrasses carrées
(72m de côté à la base) sur lesquelles serait venue se placer
les parties arrondies et en pointe du stupa. La cloche de la pagode avait déjà
été fabriquée et on reparlera d'elle un peu plus loin. Mingun
ne fut à proprement parler une capitale même si roi Bodawpaya venait
souvent s'installer dans les environs pour surveiller l'avancement du chantier.
La Pagode de Mingun ou Pagode Mantaragyi dont la construction fut entreprise par
le Roi Bodawpaya (dynastie Konbaung) à la fin du XVIIIe s. devait être
la plus vaste du Monde. Avec 150m de haut (ou 170m?), elle aurait dépassé
de 20m la colossale pagode de Nakhon Pathom en Thaïlande et devait être
vue depuis Amarapura, à 20km de là... Cela faisait partie des plans
mégalomaniaques du souverain qui avait soumis le Rakhine (où, rappelons-le,
il s'était emparé du Bouddha Mahamuni), s'était attaqué
au Siam (la Thaïlande) et avait même eu des visées sur la Chine.
La pagode était notamment destinée à accueillir une dent
du Bouddha offerte par l'empereur de Chine. Rien que cela! Mais revenons à
cet édifice dont la construction fut stoppée net à cause
de la mort du souverain en 1819 puis du séisme de 1838. L'échec
du projet tient aussi à d'autres éléments: d'ordre technique
comme des solutions inadaptées pour la chambre des reliques avec des piliers
de plomb, métal malléable, ou problèmes d'ordre politique
du fait de la déportation de 50000 Arakanais pour travailler au chantier
ce qui fit fuir une partie de la population du Rakhine en Inde et fut à
l'origine du premier conflit avec les Britanniques...
L'accès à
la terrasse est un peu acrobatique, surtout qu'il s'effectue pieds nus, en raison
des fissures mais les "aides" sont nombreux pour vous y aider. Du sommet
de la gigantesque terrasse délabrée on découvre la pagode
de la Cloche et, plus loin, une vue splendide sur la Pagode blanche de Hsinbyume,
le village de Mingun et le fleuve, avec en avant plan le postérieur des
lions protecteurs.
Après une descente aussi acrobatique que la montée, nous gagnons le pavillon où se trouve la fameuse cloche de Mingun aux mensurations impressionnantes: 6m de haut (mais on trouve aussi mention de 4 ou de 8m!), diamètre de 5m à sa base, circonférence à la base de15m et poids de 90,5 tonnes! Seconde cloche du monde par ses dimensions elle vient bien après celle du Kremlin (la "Tsar Kolokol") de 160 tonnes mais comme elle s'est brisée à la suite d'un incendie, la cloche de Mingun peut revendiquer la place de plus grosse cloche au monde en état de fonctionner! En effet si lors du tremblement de terre, son support en teck s'effondra, elle sortit indemne de cette chute et elle fut suspendue à son nouveau support métallique en 1896.
Sous un soleil très ardent, nous poursuivons sur un sentier poussiéreux bordé de boutiques et envahit par les carrioles dont les coches nous sollicitent pour arriver à la Pagode de Hsinbyume ou Myatheindan. Édifiée en 1816 par le prince de Sagaing Bagyidaw, petit-fils (et successeur) du roi Bodawpaya en commémoration de la mort de sa première épouse, sa cousine Hsin byu Me, cette pagode a une architecture assez originale. Elle évoque le mont Méru, centre du cosmos selon la religion hindouiste, et ses terrasses en forme de vagues rappellent les sept mers qui entourent l'univers. De la terrasse on jouit d'une vue magnifique sur l'ensemble du site.
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AVA, anciennement INNWA ("Bouche du Lac"), capitale
cinq siècles durant (XIVe-XIXe)
sauf de 1760 à1764 et de 1783
à 1823
(liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie
en 1996)
Il est 11h20 et c'est l'heure de réembarquer pour redescendre vers Mandalay. Le courant nous portant cette fois-ci, nous mettrons 45 minutes dans ce sens. Toujours un réjouissant spectacle sur les rives, du moins à nos yeux de touristes: lessive, baignade et toilette, trafic de bateau plus ou moins importants (barques chargées de fourrage ou de sable, radeaux...). Nous accostons au plein milieu d'une séance de lessive sur les berges immondes qui servent de quai.
Une bonne demi-heure
de bus au milieu d'une région agricole bien verte (arachide, maïs...),
un péage rudimentaire sur cette petite route et nous arrivons sur l'un
des bras de la rivière Myitnge ("Petite Rivière"), affluent
de l'Irrawaddy. Les bras de la rivière enserrent Ava ou Innwa, l'ancienne
capitale du royaume du même nom, fondée en 1364 lorsque les Shan
s'emparèrent de Sagaing et le restera pratiquement toujours jusqu'en 1841
où elle fut déplacée à Amarapura.
Nous le traversons
sur un bac, une petite barque à fond plat transportant une quinzaine de
personnes à la fois.
Sur le rivage, quelques pas nous conduisent au restaurant Small River. Il est 13 heures. Nous déjeunons à l'extérieur, en jouant à cache-cache avec le soleil malgré le zèle des employés déplaçant le parasol et en recevant quelques piqûres de moustiques... Le service s'éternise bien que Su Su ait ressenti la nécessité de mettre la main à la pâte pour activer les choses
Enfin, une heure trois quarts plus
tard (soit 14h45), nous empruntons un nouveau mode de locomotion: la carriole.
Ce sera notre moyen de locomotion pendant les deux heures suivantes, pauses comprises.
En cours de route nous apercevons les vestiges des anciens remparts et ce qui
étaient les fortifications de la porte d'entrée nord Gaung Say Daga
("Porte du Lavage des Cheveux"), des stupas blanchis ou dorés,
des hameaux et même une petite école de campagne que les enfants
viennent de quitter et des champs de riz déjà repiqué.
Nous consacrerons un bon moment du monastère Bagaya Kyaung. Cet édifice
en teck de 57x31m fut construit en 1834. Sa structure est supportée par
267 troncs de 19m de haut et de 2,70m de circonférence. Les encadrements
de portes et l'intérieur bénéficient de sculptures raffinées,
notamment de paons et de feuillages. Autre originalité, son toit "en
pagode" qui s'effile sur 7 niveaux (chiffre symbolique de l'hindouisme) Mais
la laideur des tôles ondulées de couleur orangée qui le recouvrent
se passe de commentaire. Sur la terrasse en bois qui entoure le monastère,
attention aux clous qui dépassent. N'oubliez pas que vous êtes pieds
nus...
Ce monastère est désaffecté et seul un moine s'y
occupe d'enseigner à des enfants pauvres. Su Su nous a incités à
lui remettre ce que nous avions pu apporter en crayons, cahiers...
Après une demi-heure de visite nous reprenons nos carrioles en empruntant un autre chemin qui nous fait passer au milieu de plantations de bananiers et près de la tour penchée Namyin. Il s'agit d'une tour de garde, vestige du palais du roi Bagyidaw. Suite au séisme de 1838, la tour a perdu sa partie supérieure et s'est inclinée dangereusement.
Petit détour à la Pagode Maha Aung Mye Bonzan. Ce monastère
constuit en 1818 (ou 1822?) est dû à la première épouse
du roi Bagyidaw, à lintention de son précepteur, un très
vénérable moine (peut-être son amant, dit-on). Construit en
pierre (on trouve parfois mention de brique recouverte de stuc?), il reprend néanmoins
les forme des constructions en bois. Endommagé lors du séisme de
1838, il fut restauré en 1872 par la première épouse du roi
Mindon.
De la terrasse, on a une vue sur les ponts d'Ava construits sur l'Irrawaddy:
le pont aux 16 piles construit par les Anglais en 1934 et, au-delà, le
pont moderne à 4 voies construit en 2005.
Assis sur le gazon du parc
qui entoure la pagode, on peut voir un vieux moine pas du tout gêné
d'encaisser une petite poignée de billets, ce qui contrevient complètement
aux monastiques.
Promenade terminée, nous repassons le rivière avec le bac afin de retrouver notre bus.
Sagaing
est une ancienne capitale royale de 1315 à 1364. C'est un site devenu un
haut lieu du bouddhisme birman, parsemé de monastères, temples et
pagodes au dôme blanc et or, construits au milieu de tamariniers centenaires.
On en compte quelques 600, dont au sommet la pagode Sun-U-Ponnya-Shin et, en prime,
une flopée de singes...
Nous ne franchirons pas le pont d'Ava pour
assister au coucher du soleil depuis la colline de Sagaing et la Pagode Soon U
Ponnya Shin comme il était prévu au programme, puisqu'il a été
décidé démocratiquement de remplacer cette visite par celle
de la pagode Kuthawdaw , "la Bilbiothèque de Pierre" de Mandalay,
visite que nous avons évoquée un peu plus haut.
Cette seconde journée s'est terminée à Mandalay avec un dîner
au restaurant Golden Duck, non loin de notre hôtel et tout proche de l'ancien
palais, comme le restaurant du soir précédent (Ko's Kitchen). Restaurant
avec profusion de plats (et présentation originale d'un potiron) sur plateau
tournant comme il se doit dans un restaurant chinois où l'on n'a pas oublié
les baguettes (et une fourchette parfois utile à certains!): potage et
bol de riz, évidemment, et parmi les huit plats, un qui nous fait particulièrement
saliver, le canard laqué! Mais hélas grand déception pour
ceux qui ont eu l'occasion de goûter ce met délicieux en Chine, le
canard présenté ici n'est même pas en mesure de rivaliser
avec un canard rôti comme on le fait chez nous, de plus il est découpé
d'une telle façon que l'on trouve des débris d'os dans les petits
morceaux de viande.
Retour à l'Emerald Land pour une nuit ponctuée de mélopées monastiques des soutras du canon bouddhique et, par dessus le marché, nuit courte avec un lever à 6 heures...
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BAGAN
Sur l'Irrawaddy (1) Pagode Gubyaukgyi(5)
Vue d'ensemble(2) Village west
Pawsaw (6)
Fête des novices(3) Pagode Ananda(7)
Pagode Shwezigon(4)
Carriole - coucher de soleil(8)
LES FETES...
Au Myanmar, le Nouvel
An se célèbre pendant la saison chaude, en avril, et sappelle
thingyan, ou Fête de lEau. La tradition veut que ce jour-là
tout le monde sarrose à pleins seaux deau: seuls les fonctionnaires,
les femmes enceintes et les moines et les nonnes sont épargnés.
Cest ainsi quon se nettoie des péchés de lannée
qui vient de finir et quon accueille le Nouvel An. On lave aussi les images
du Bouddha. Cest la plus grande fête du pays. Elle peut sétendre
sur trois ou quatre jours: ce sont les astrologues brahmaniques, ou ponnas, qui
en déterminent la durée.
La fête du Bouddha est célébrée en mai. Elle coïncide avec la nouvelle lune de la naissance du Bouddha et avec celle où il sest éveillé à la Vérité et a atteint le nirvana. Le jour de la pleine lune de juin, partout dans le pays, les étudiants sont testés sur leurs connaissances des écritures bouddhistes.
La période dabstinence bouddhiste ou Carême Bouddhiste commence le jour de la pleine lune de juillet, au moment de pluies. Pendant trois mois, on commémore la conception du Bouddha, sa renonciation aux biens de la terre et son premier sermon après léveil à la Vérité. Pendant cette période, personne ne se marie ni déménage, et les bonzes ne voyagent pas.
La fête du Tirage au Sort a lieu à la pleine lune daoût. Ce sont sept jours daumônes et doffrandes religieuses. On tire au sort pour déterminer qui offrira de la nourriture aux moines, les pongyis (bonzes).
Pendant la fête du canotage en septembre (ou octobre), les gens participent à des concours daviron à une jambe et à des régates sur les rivières et les lacs.
La Fête des Lumières, en octobre, indique la fin de la période dabstinence et le début de la saison fraîche. On allume des lampes à huile et des chandelles dans les monastères, les pagodes, les demeures et les arbres pour célébrer la descente du Bouddha parmi les humains. Cest généralement à cette saison que les gens se marient.
Le jour de la pleine lune de novembre, se tient tous les ans un concours de tissage pour les jeunes filles à marier.
Décembre est le
mois des fêtes nats.
Janvier est celui des grandes fêtes dans
les temples: les gens chantent, dansent et offrent des cadeaux aux moines.
La
fête des Récoltes a lieu en février (on fait alors don de
la première récolte aux monastères).
Quant à celle
des Pagodes, elle a lieu en mars.
cf. à ce propos
l'encadré sur le calendrier.
...LES
MARIONNETTES
ET LE THEATRE TRADITIONNEL
Le superbe théâtre
de marionnettes birmanes est apparu au XIème siècle, sous le règne
du roi de Pagan, Anauratha (1044-1077.) Le théâtre de marionnettes
birmanes utilise 28 poupées principales (Zawgyi l'alchimiste, Naga prince
des serpents,Bilu, l'ogre...), plus 8 secondaires. relatant les 547 (ou 550?)
vies antérieures du Bouddha au travers des épisodes du Jataka, l'histoire
du royaume birman, les fabuleuses histoires du Ramayana, une des plus anciennes
légendes du monde, venue de lInde.
Ces marionnettes à fils sont très proches de celles utilisées dans le Nord de l'Inde. La technique d'animation est particulièrement raffinée. Par exemple, le manipulateur peut utiliser jusqu'à 60 fils.
Elles mesurent 75 cm et leur fabrication reste le privilège de facteurs spécialisés (écoles de Rangoun et Mandalay.) Les pièces très délicates (phalanges des doigts, double anneau de l'articulation du cou, menton et langue articulés, chevilles mobiles, yeux de pâte de verre ) sont sculptées dans du bois léger et assemblées par des liens végétaux finement tressés. La chevelure est faite de cheveux humains.
L'orchestre traditionnel qui accompagne chants, danses et spectacles est composé d'une quinzaine d'instruments : carillons de gongs (kyay naung), harpe (saung ou saung-gauk)au son doux aux cordes en soie ajustées à un cadre qui évoque la cambrure d'une queue de poisson, d'un crocodile, d'un animal fantastique ou la forme d'une barque, xylophone à lames de bambou (pattalar), hautbois au son nasillard (nhe) proche du shenaï indien, flûte en bambou (palway), cythare dont la caisse de résonnance est sculptée en forme de crocodile (mechaung), gros tambour (pat ma), tambours de différentes tailles, castagnettes en bambou (wa letkok), petites cymbales (yagwin), grosses cymbales (lakwin), violon à trois cordes (thro).
Retour aux VOYAGES
Menu BIRMANIE (MYANMAR)
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Etape
précédente : Mandalay
Etape suivante : Kalaw, Pindaya, Lac Inle
Levés dès 6 heures, nous quittons l'Emerald Land une heure
plus tard. C'est déjà la procession des moines en train de collecter
l'aumône près d'un petit marché installé en bord de
rue.
Puis nous retrouvons à nouveau l'embarcadère sur les rives de l'Irrawaddy. Des bagagistes effectuent le transbordement acrobatique de nos valises à bord du bateau car c'est un autre bus qui nous attendra à Bagan...
Nous allons naviguer avec le même bateau qu'au cours de la matinée précédente mais, cette fois-ci, c'est pour la journée entière. Plus chanceux que d'autres voyageurs partis en novembre avec le même voyagiste, notre bateau n'aura pas à prendre des passagers d'un autre bateau avant de tomber lui-même en panne!
Nous appareillons à 7h30 pour descendre la rivière sur quelque 200km
(on trouve curieusement plusieurs fois mentionnée la distance de 330km).
Il fait encore bien frais à cette heure matinale...
Premières
heures de navigation intéressantes: petit bateau traversier surchargé
d'une quarantaine ou d'une cinquantaine de passagers debout, trafic fluvial divers,
colline de Sagaing et aperçu de quelques unes de ses 600 pagode dorées
(nous avons évoqué ce site non visité dans la page consacrée
à Mandalay), ponts d'Ava, villages de pêcheurs, zébus au bain
avec leur charrette...
En fonction du spectacle à observer et de notre
recherche d'ombre, nous nous déplaçons d'un bord à l'autre
sur le pont supérieur sans avoir conscience qu'un soutier veille au niveau
du pont couvert à ce que l'embarcation de prenne pas de la gîte.
Comment? Tout simplement en déplaçant nos valises sur le bord opposé!
Nous nous faisons allégrement dépasser par des bateaux en acier, plus imposants et plus rapides, qui doivent transporter 60 ou 80 passagers en 10 heures entre Mandalay et Bagan, villes distantes de près de 200km. Quant aux slow-boats, les bateaux-bus locaux, partis très tôt le matin pour assurer des escales dans les villages en14 heures de trajet, ils nous avaient précédés malgré tout et nous ne les rattraperons pas! Nous serons dans la moyenne avec 12 heures de trajet.
Midi, c'est l'heure d'un repas simple mais bon et copieux : soupe et riz, 3 plats et fruits (banane et orange). Le repas nous est servi au niveau du pont couvert qui comme par enchantement s'est transformé en salle à manger avec des tablées de 8 personnes...
N'aurait-il pas été possible d'abréger cette lente navigation en rejoignant le plancher des vaches du côté de Sameikkon ou de Myingyan?
L'après-midi se poursuit tranquillement et oisivement à remplir des grilles de jeu, à lire, à papoter, à se dorer au soleil ou à piquer un petit somme... jusqu'à ce que Sylvie sonne le branle-bas de combat car cette vie semble bien trop monotone pour cette animatrice née. Nous sommes mis au défit de retrouver les prénoms des uns et des autres et de se souvenir qui vit avec qui dans les couples... On a la mémoire pour ça ou on ne l'a pas du tout comme on pourra le constater...
Que se passe-t-il pendant ce temps là autour de nous? Villages comme assoupis autour de leur petite pagode, caravane de buffles d'eau montés par leur bouvier, sur l'eau: barques de pêcheurs, chalands et radeaux géants... A tribord, confluence avec la rivière Chindwinn.
17 heures, le soleil approche de l'horizon, juste à la proue du bateau sur cette partie de l'Irrawaddy où nous faisons cap vers l'ouest. C'est parti pour une heure de spectacle sur un coucher de soleil que chacun essaie de mettre en boîte avec plus ou moins de sens esthétique, en jouant avec le contre-jour sur un pont métallique qui se profile juste au moment idéal.
18h15,
il fait totalement nuit et nous avons encore une heure de navigation. Certains
s'inquiètent un peu du fait de naviguer dans de telle conditions sur un
bateau qui n'a ni instruments ni signalisation et sachant que nous sommes susceptible
de croiser d'autres embarcations dans les mêmes dispositions.
Inquiétude
inutile puisque nous arrivons à bon port à 19h15. Ayant échappés
à la toujours possible panne, il nous a fallu 12 heures pour parcourir
les quelque 190 ou 200km qui séparent Mandalay de Bagan et dans ce sens
le courant est porteur! Nous sommes sans doute les bons derniers.
"Quais"
toujours aussi rudimentaires de Aye Yav, le port de Bagan, et les bagagistes doivent
porter nos valises sur quelques 200 mètres jusqu'au bus.
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BAGAN, ancienne capitale du Royaume de PAGAN (849 à 1287)
(liste indicative
du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie en 1996)
Nous passons dans nos chambres à l'hôtel Thazin Garden dans le Nouveau Bagan (Bagan Myothit). C'est l'hôtel le plus confortable et le plus agréable que nous aurons eu dans le circuit: chambres propres, spacieuses, bien décorées (ombrelles, lampions).
Autre surprise plutôt agréable
à première vue, le périmètre de l'hôtel est
construit dans la zone archéologique avec des stupas autour et même
un dans son périmètre! Le dîner est même au pied de
ce dernier... Dîner auquel des moustiques s'invitent. Mais réflexion
faite, est-il normal qu'un riche homme d'affaires de Yangon s'approprie ainsi
un patrimoine historique? Cela me rappelle l'hôtel-hacienda Posada Chichen-Itza
qu'un américain avait installé en plein site de Chichen-itza au
Mexique. Autre mauvaise surprise, un monsieur fait s'exhiber trois "femmes-girafes"
(sous-groupe ethnique Padaung des Karens) en dehors de tout contexte puisque l'on
est loin de leur région. Une seule à l'air authentique. Leur chant
triste est à l'avenant de ce qu'exprime leur visage... Assises sur des
tapis, quand elles ont fini de chanter, lune tisse, les autres vendent des
bijoux....
Bonne nuit à l'hôtel avec cependant la mélopée
des moines qui commence à réciter les soutras vers 5 heures 30 et
il semble que ce soient les nonnes qui prennent le relais vers 7 heures mais là
il n'y a pas dommage puisque le lever était fixé à 6h pour
un départ à 7h car nous aurons un programme très chargé.
Point d'orgue du voyage qui ne peut laisser indifférent,
Bagan ou Pagan, fondée par les Möns en lan 107, se trouvait
par la suite dans le royaume des Pyus jusqu'à leur absorption par les Bamars
qui choisirent alors de créer ici la capitale du royaume birman au IXe
s. puis du Premier Empire Birman entre le XIe s. et le XIIIe siècle. Le
site eu la chance de ne pas être détruit par les Mongols lors de
leur invasion en 1287.
La population profite de la notoriété
du site, 85% vit du tourisme, ce qui est une chance car l'agriculture (arachide,
sésame) n'est pas très productive dans cette région au sol
sableux et au climat assez aride.
UNE MAJESTUEUSE VUE D'ENSEMBLE
A perte de vue, stupas, pagodes et monastères par milliers dont la plupart remontent aux XI-XIIIe s., émergent ici et là et il a été fait place nette de la population qui résidait en habitat diffus jusqu'en 1990. Considéré comme l'un des sites archéologiques majeurs en Asie du Sud Est, au même titre que Angkor Wat au Cambodge ou Borobudur à Java, le site de Pagan défie le temps et témoigne de l'attachement d'un peuple à la foi bouddhique et de sa grande ferveur religieuse. Les ruines s'étendent sur 41km² (on peut trouver aussi 52km²?) sur la rive gauche de l'Irrawaddy.
A Bagan (ou Pagan), nous allons parcourir un site extraordinaire puisque l'on y dénombre plus de 2 400 pagodes (on peut lire aussi 5 000 mais alors peut-être compte-on alors séparément chaque stupa?) et édifices religieux. Mais c'est là une infime partie de la richesse monumentale qui fut celle de ce site qui en comptait 13 000 au IIe s. Beaucoup ont disparu suite aux crues de l'Irrawaddy et aux séismes (celui de 1975 provoqua encore des dégâts). C'était quasiment le seul lieu touristique visité avant 1996, lorsque les visas touristiques n'étaient accordés que pour une semaine.
On
reste stupéfait devant un site d'une telle splendeur non inscrit sur la
Liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Cela résulte en autre, d'un bras
de fer avec les autorités qui ont voulu procéder à leur guise
à des aménagements discutables (restaurations fantaisistes, auto,
terrain de golf, tour d'observation de 61m de hauteur) sur le site, au mépris
des règles de bonne conservation du patrimoine... si bien que les experts
et archéologues internationaux se sont retirés en 1993. La junte
a aggravé la situation, en entreprenant la reconstruction d'un palais.
Mais quand même, lorsqu'on voyage, on observe bien d'autres dérives
sur des sites qui figurent pourtant en bonne et due place sur la liste...
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Une vue d'ensemble exceptionnelle depuis la Pagode Dhammayazika
Su Su a eu la judicieuse idée de faire commencer la visite par la Pagode Dhammayazika, située au sud-ouest, ce qui offre l'avantage à cette heure matinale de voir s'éclairer les autres pagodes. Spectacle féerique auquel prennent part également les passagers de 5 montgolfières "BB - Balloons over Bagan") qui, venant du nord, évoluent en notre direction.
On ne nous pas proposé cette option,
hors de prix au demeurant, avec 290$ en haute saison (il n'y a pas de vols dans
les saisons chaude puis pluvieuse, de début avril à fin septembre)
pour moins de 5 personnes.
Il est vrai qu'ici il n'y a aucune concurrence
contrairement à ce qui se fait dans d'autres régions du monde, comme
en Cappadoce (au moins 3 compagnies) à un tarif moitié moindre,
sans parler de Louxor encore bien moins cher (50 à 80€). Bref, ici,
ce sont carrément les tarifs européens! A qui cet argent profite-t-il?
A la société anglaise exploitante ou, comme d'autres le suggèrent,
à la junte?
Dans un regard à 180°, on embrasse
quelque 50 édifices ou groupes d'édifices noyés dans une
brume romantique à souhait. Cette brume la malheureuse tour d'observation
installée par les autorités au nord de la zone. En revanche, on
domine un monastère tout proche.
Après cela, intéressons
nous un peu à la pagode sur la terrasse de laquelle nous sommes grimpés.
Cet édifice imposant est original par sa base pentagonale, en rupture avec
l'architecture d'inspiration indienne à plan carré. Du coup, ce
lieu de culte de la toute fin du XIIe s. intègre un cinquième Bouddha,
outre les trois précurseurs et le Bouddha historique, il s'agit du Bouddha
de l'Avenir, Metteya.
Sur les côtés des terrasses pentagonales
on peut admirer de superbes carreaux de céramiques présentant des
scènes. De ces terrasses sortent également de jolies gargouilles
à forme d'oiseau.
La cloche du stupa a été restaurée
par les autorités mais on voit que le travail serait à reprendre.
Non seulement la dorure disparaît mais le support en laque se décolle
en grandes plaques. Su Su nous explique qu'en effet pour protéger le substrat
en brique et éviter que l'humidité ne décolle l'or, une sous
couche de laque doit être appliquée.
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Fête de prise de robe des Novices et de percement d'oreilles des filles
Prenant la direction du village de Myinkaba (ou Myin Ka Par) au bout de 10 minutes
de route nous tombons sur les préparatifs de fête villageoise. Quelle
aubaine! Un chapiteau doré a été installé et on voit
qu'un défilé se prépare. Il est vrai que nous sommes en plein
dans la période du Festival de la Pagode Anandaqui se déroule du
5 au 31 janvier (avec des chants, danses, théâtre, caravanes de chars
à boeufs...).
Su Su nous explique rapidement qu'il s'agit d'une Fête
de prise de Robe des Novices comme il s'en déroule épisodiquement
dans les villages. On est au deuxième jour de fête, la veille avait
eu lieu le banquet auquel les familles avaient conviés parents et amis
tandis qu'un repas est offert aux moines. Aujourd'hui a lieu le défilé
solennel tandis que l'après-midi les jeunes novices (entre 5 à 15
ans) vont se rendre au monastère où on va leur raser les cheveux,
et leur faire revêtir leurs habits après une toilette. Ils passeront
quelques jours au monastère avant de retourner dans leur famille. Ce n'est
qu'à 20 ans que se fait l'entrée durable, voire définitive
au monastère.
Nous assistons aux derniers préparatifs
avec rectification de coiffure et de maquillage à tel point que l'on a
du mal à distinguer les garçons des filles. Ambiance de première
communion en somme. Tout le monde est très ému, enfants et mamans.
Fiers, les papas et mamans et nettement moins les enfants!
Les garçons
sont vêtus comme des princes pour rappeler la jeunesse du Bouddha, fils
de roi. Ils montent un cheval (s'ils étaient riches ce serait sur un éléphant
tandis que dans les villes ils sont sur le plateau d'un pick-up) tandis qu'un
"serviteur" les abrite sous une ombrelle d'honneur. Mais notre attention
est attirée par de tous petits bouts de choux et même par la présence
de fillettes. En fait pour les plus petits garçons, ce défilé
n'est qu'une sorte de répétition festive tandis que les petites
filles, pour ne pas être en reste, sont déguisées en princesses
et aurons la cérémonie des oreilles percées afin de pouvoir
porter leurs premières boucles d'oreilles. Ces demoiselles sont véhiculées
non pas dans des carrosses mais dans des charrettes tirées par des paires
de boeufs ou plus exactement de zébus.
Le cortège
mis en place se déplace dans l'ordre suivant, pour autant que je m'en souvienne:
les grands-pères en voiture décorée, les grands-mères
également en voiture, la reine de beauté, "le sponsor",
les parents, les jeunes filles portant des offrandes et les huit objets indispensables
pour lentrée au monastère, les princes novices sur leur monture
et les princesses en charrettes. Un véhicule assure également la
sonorisation et est accompagné de danseurs.
Cet intermède aussi
plaisant qu'imprévu nous a occupé une heure.
Nous reprenons la route pour un court trajet de 10 minutes afin de nous rendre
à l'atelier de laque Maung Aung Myin, au village de Myinkapar. Nous allons
y passer près d'une heure.
La confusion la plus totale règne
sur l'emploi des genres. Wikipédia emploie "le" pour désigner
la substance et "la" pour désigner la technique mais sans rester
cohérent par la suite. Le site http://www.ici-japon.com donne une explication
diamétralement opposée...
Bref passons sur ces chinoiseries.
Une
présentation très intéressante de techniques nous est faite
par une jeune femme parlant parfaitement le français qu'elle a étudié
en Alliance Française. Sans rentre dans les détails, voici quelques
éléments d'information que j'ai pu retenir. Trois types de supports
sont susceptibles d'être laqués. Le plus délicat et donc le
plus coûteux porte sur les récipients de vanneries en crin de cheval
qui conserveront leur souplesse. Les récipients en vannerie de lamelles
de bambou constituent la catégorie la plus courante (bols). Enfin, les
panneaux de bois sont utilisés pour les objets comportant des angles (plateaux,
boîtes carrées). La gravure de motifs minuscules exécutés
à main levée nécessite une extrême minutie. Pour y
parvenir, il faut suivre, parallèlement à l'enseignement scolaire,
un apprentissage de 5 années qui commence par "des pages d'écriture"
ou plutôt de calligraphie sur des cahiers!
La laque (ou le laque) est
la résine du laquier qui appliquée à plusieurs reprises en
minces couches a pour effet de rendre imperméables les objets qu'elle recouvre.
De plus elle résiste aux insectes et garde en toutes occasions sa flexibilité.
On peut en faire un usage alimentaire et elle supporte le lavage.
Pour les
objets complexes, le travail peut se répartir sur sept mois car entre chaque
application, il faut laisser un temps de séchage de cinq jours, en sachant
que les faces internes et externes ne peuvent pas être réalisées
en même temps. Les couleurs (à base de pigments minéraux)
déjà appliquées sur les laques décorées doivent
être protégées par une gomme d'accacia lorsque l'on applique
une nouvelle couleur.
Idée prix? Une boîte à bétel
souple (sur base en crin) peut coûter 130$, d'ailleurs ces précieux
objets sont présentés en vitrine!
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Pagode Shwezigon
Etape suivante, au nord du site, près
de la ville de Nyaung U, pour la visite de la Pagode Shwezigon, au dôme
recouvert d'or et dont l'origine remonte au milieu du XIe s. C'est la quatrième
pagode d'or ("shwe" signifie "or") la plus sacrée du
pays après Shwedagon de Rangoun, Shwemawdaw de Bago (ou Pegou) et Mahamuni
de Mandalay. Elle a été élevée à l'initiative
de Kyanzittha, fils de Anawrahta (le fondateur du Premier Empire), sur l'emplacement
choisi par son éléphant blanc.
Chacun des quatre escalier d'accès
conduit devant un Bouddha de bronze de 4m de haut et creux (obtenu par martelage
et non par coulage) datant du XIIe s. Sur les côtés des trois terrasses
carrées sont insérées des plaques de céramique émaillée
relatant les 547 vies antérieures du Bouddha tandis qu'aux angles et au
milieu de chacun des côtés veillent les huit animaux planétaires
dédiés à chacun des huit jours que compte la semaine birmane...
Le stupa est moins élancé que celui de Shwedagon que l'on a admiré
à Rangoun. Au pied s'élèvent des bols à aumônes
en pierre, des arbres métalliques (la région est aride), des temples
et pavillons. Côté est, au pied du stupa, une petite cavité
de 10cm de diamètre remplie d'eau fait miroir permettant de voir le reflet
de l'ombrelle sommitale, le hti, sans renverser la tête, détail important
pour un souverain qui ne peut pas prendre le risque de voir sa couronne tomber
à terre...
A l'est, un petit escalier conduit à
un temple où sont vénérés deux nats, les "esprits"
protecteurs de la pagode, un père et son fils. Paradoxe bouddhico-birman,
la tradition veut que le fils soit plus âgé que le père car
ici on considère que c'est le temps à partir de la conversion qui
compte, or le fils s'était converti au bouddhisme avant son père.
CQFD.
Nous ignorerons le temple dédié aux 37 nats mais nous
passerons dans divers petits temples : Bouddha assis et ses 5 premiers disciples,
un Bouddha "moderne" debout, avec manteau brodé et couronne,
Bouddha couché, personnages rencontrés par le jeune prince Siddhartha
Gautama: le vieillard, le malade, la mort et un moine mendiant, rencontre qui
scellera le destin du futur Bouddha, le faisant renoncer au monde, aux richesses
et même à sa famille...
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Pagode Gubyaukgyi
Un court trajet nous amène à la Pagode Gubyaukgyi (ou Kubyaukgyi ou Gubyaukgne), près du village de Wetkyi-in. Ce temple de style Môn du début du XIIe s., ressemble par son sikkhara (sa flèche) au temple Mahabodi de Bodh Gaya en Inde (le lieu où le Bouddha reçut l'illumination). On perçoit l'influence des marchands tamouls qui parcouraient alors la contrée. Un mandapa (porche) orienté à l'est précède un vestibule couvert de peintures. Peu éclairé, on a l'impression de rentrer dans une grotte. Le Bouddha assis est dans la posture de "prise de la terre à témoin". Les murs portent des fresques (544 ou 547) d'origine, les Jakatas relatant les vies antérieures du Bouddha. Au-dessus on peut voir des représentations de bodhisattvas, des sortes de saints ayant atteint l'Eveil qui sont vénérés dans le bouddhisme Mahayanan ("Grand véhicule"). Une partie aété prélevée par un archéologue allemand au XIXe s. pour être exposée au musée de Hambourg. La voûte est ornée de médaillons très ouvragés portant au centre une image du Bouddha assis.
Pour protéger ces précieuses peintures, en partie restaurées par l'Unesco, les photographies sont interdites, même sans flash. En toute bonne foi n'ayant pas vu le panneau, je me suis fait réprimander...
Petit trajet et il est 13 heures; l'étape restaurant Sunset Garden, sur le rivage de l'Irrawaddy s'avère bienvenue.
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Village de West Pwasaw
Après le repas, vers 14 heures,
le bus nous conduit au village de West Pwasaw, Su Su proposant cette visite à
la place de celle de la Pagode Htilominho (début du XIIIe s.) qui figurait
au programme. Sans doute a-t-elle peur que nous saturions d'autant qu'on l'apercevra
lors de notre promenade en calèche en fin d'après-midi. La visite
s'effectuera en une demi-heure, de 14h30 à 15h.
Dans ce village aux
maisons sur pilotis, on peut voir différentes activités: séchage
des jujubes, hachage de fourrage selon deux techniques différentes... Activités
de type artisanal également: filature, vannerie (en crin) pour laquage...
Femme portant un fagot sur la tête ou une autre femme se lavant les cheveux
tout en berçant un enfant... Visite de l'intérieur d'habitations...
Le sol est recouvert de tatamis en bambou tressé. De même, les lits
sont constitués d'un simple plancher surélevé.
Une affiche
met en garde, et les habitants et les touristes occidentaux, contre la traie des
êtres humains et la pédophilie. Ce document fait allusion à
un Allemand qui a été emprisonné après un acte répréhensible
commis ici l'an dernier.
Visuellement, on peut facilement distinguer les habitations
des villageois les plus riches: les claies de bambous servant de murs sont neuves
et présence de paraboles pour la TV. Certaines maisons sont construites
de façon moderne, directement sur le sol, ce qui n'est pas forcément
la meilleure solution en cas d'inondation.
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Pagode Ananda
Une demi-douzaine de kilomètres plus
loin et une demi-heure plus tard nous débarquons du bus pour visite la
Pagode Ananda, bijou de l'architecture birmane, le plus célèbre,
le plus prestigieux de Bagan et le plus vénéré avec ses statues
de Bouddha et ses peintures datant du XIIIe siècle dépeignant la
vie quotidienne dans le royaume. Même des religieuses catholiques en habit
gris sont en visite dans ce "temple païen".
C'est un temple
de style himalayen construit au tout début du XIIe s., surmonté
d'un sikhara recouvert d'or reconstruit après le séisme de 1975
et, au-dessus de trois terrasses, ses quatre façades blanches passées
à la chaux mais déjà un ravalement serait nécessaire.
Si l'on fait abstraction des quatre galeries qui donnent à l'édifice
un plan en croix grecque, la construction s'inscrit pratiquement dans un cube
parfait: base carrée de 53m de côté et pointe de la flèche
dominant la plaine du haut de ses 51, 52 ou 55m (?). Au centre de l'édifice,
sur chacun des côtés, quatre niches immenses accueillent des statues
dorées du Bouddha debout de 9,50m de haut. Ces statues sont en teck recouvert
de stuc, c'est pourquoi deux (est et ouest) ont été remplacées
à la suite d'un incendie. La galerie qui parcourt les quatre côtés
de l'édifice est ornée de niches contenant de sculptures en grès
qui ne sont pas sans rappeler l'Inde.
Nous commençons par le sud avec
le Bouddha Kassapa en position du sermon qui apparaît souriant et amical
vu de loin. A l'opposé, au nord, se dresse le Bouddha Kakusanda également
en position du sermon. L'est nous montre le Boudhha Konagamana, bras pendants.
A l'ouest, on arrive au Bouddha Gautama, les mains ouvertes tournées vers
l'extérieur dans un geste de protection; deux statues de ses nouveaux adeptes
sont agenouillées à ses pieds.
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En carriole jusqu'au coucher de soleil
Il est déjà
16 heures et aussitôt après cette visite nous avons rendez-vous avec
nos cochers pour une promenade en calèche d'une heure, au trot sur les
petits chemins serpentant parmi les beaux temples du site, notamment à
l'est et au sud Vieux Bagan: pagodes tardives Htilominlo (XIIe s.), Sulamani (fin
XIIe s.) et Mingalazedi (fin XIIIe s.), l'impressionnante Dhammayangyi (temple
fortifié du XIIe s.)... pour se terminer une heure plus tard au pied de
la pagode Shwesandaw pour assister au coucher de soleil sur la plaine.
C'est
aussi l'occasion de voir de près les cultures et parfois les paysans au
travail. Champs de haricots nains à longue, courges, arachide, sorgho (?
pour le cocher il s'agit de maïs). Quant au riz, il a été récolté
et les prochaines semailles attendront les pluies car dans cette région
à sol sableux et au climat assez sec, on n'en fait que deux récoltes
par an. De même le sésame a dû être récolté
déjà. En cours de trajet nous rencontrons aussi les chars et les
zébus enrubannés que nous avions vus lors du défilé
du matin...
Mais arrivons-en à la pagode Shwesandaw.
Elle date du XIe s. et possède une base pentagonale.
Des escaliers
très raides (marches hautes et étroites) sont encore autorisés
d'accès (on peut se demander pour combien de temps) jusqu'à la cinquième
terrasse pour admirer le coucher du soleil. En attendant, on peut prendre quelque
points de repères: immanquable au nord-ouest une très grande (61
ou 63m) pagode blanche du Vieux Bagan, Thatbyinnyu (XIIe s.). Vers la droite,
donc au nord, on voit un peu plus éloignée la pagode Ananda que
nous avons visitée en début d'après-midi. Vers le nord-est,
dans le lointain la tour d'observation et, un peu plus proche, la pagode pyramidale
en brique Sulamani (XIIe s.). Enfin, au sud-sud-est la pyramide grossière
de la pagode Dhammayangyi (XIIe s.)...
17 heures, il faut encore attendre une bonne demi-heure pour assister au coucher du soleil mais les bonnes places sont déjà prises d'assaut. Le spectacle crépusculaire qui embrasse une grande part des sites de Bagan dure une quinzaine de minutes. Pour la redescente, il faut être patient et rusé pour éviter la bousculade.
Vers 1h30, nous nos
rendons au restaurant Nandar à Nyaung U pour un dîner-spectacle de
marionnettes birmanes. Ici pas de plateau tournant à la chinoise mais un
plateau individuel laqué (daung lan) à 9 cases, dont une pou rle
riz et autre pour faire nos petits mélanges sur un morceau de feuille de
bananier... Le grand espace de restauration couvert accueille plusieurs scènes
et le spectacle nous arrive vers 19 heures. Bien que nous soyons en bonne place,
je suis mal équipé pour prendre des photos d'objets très
mobiles dans un espace peu éclairé.
Nous avons fini le repas
avec une banane copieusement flambée. Les 28 marionnettes, y compris un
cheval, sont animées par trois ou quatre manipulateurs dont les bras se
croisent et se décroisent derrière les décors, sans s'emmêler
les fils.
Après cette journée bien remplie, c'est avec plaisir que nous retrouvons nos lits au Thazin Garden, des lits que le personnel de ménage a décorés avec des "faux pétales" de bougainvillier. L'attention est bonne mais la qualité du ménage en pâti un peu...
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Région du LAC INLE
Kalaw (1) Nyaung Shwe (4) Orfèvres, jardins flot. (7)
Pindaya
Shwe Umin (2) Pêche, marché,
artisanats(5) Monastère
Nga Hpe (8)
Shwe Nyaung (3) P. Phaung Daw Oo(6) P. Shwe Inn Dein(9)
Menu BIRMANIE (MYANMAR)
Retour aux VOYAGES
PETIT LEXIQUE "BIRMAN".
Il s'agit d'une transcription approximative en caractères latins. De plus elle ne rend pas les tons, ce qui signifie que cela peut entraîner des quiproquos surtout lorsqu'il s'agit de mots isolés, donc hors contexte.
- r et le ngr placés en fin de mot se prononcent
à peine et on allonge alors de son de la dernière voyelle. Par exemple
dans Myanmar [mayanmaa],
- ky se prononce [tch ],
- gy se prononce [dch
],
- ss et th, aw se prononcent comme [th anglais],
- sz se prononce
[ss],
- s se prononce [z],
- aw se prononce comme [oh anglais].
- h est aspiré et doit être clairement prononcé.
La
monosyllabe placée en fin de phrase indique le sens
- interrogatif
fermé [la] ou [léé] pour une question ouverte,
- affirmatif
[dé] ou
- négatif [bou].
Birman Français
Hoo-ké Oui
M hoo pou Non
Penté lou myoo ba Je suis
Français
Mingala bâ Bonjour
Tje zu tin ba dé Merci
Ya ba dé De rien
Sé mashi ba
Né thi khan ba
Excusez-moi
Be laon lé ? Combien ?
Einda bé ma lé
? Où sont les toilettes ?
Einda Toilettes
Tchaï la
? Aimez-vous... ?
Tchaï dé
Jaime
Tchaï
bou Je n'aime pas...
Giri Montagne
Gu Sanctuaire
Pahto Temple
Gyi Grand
Nge Petit
L'emploi de la salutation mingalaba (du pâli mangala) est relativement récent, apparu dans les écoles dans les années 1960 pour remplacer les salutations anglaises et que l'on pourrait traduire par "bon augure pour toi". Elle supplante deux anciennes formules traditionnelles (que l'on retrouve un peu partout en Asie orientale) pour souhaiter Bonjour: "Avez-vous mangé?" (Htamin sa pi bi la) et "Comment allez vous ?" (Nei kaung la).
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Menu BIRMANIE (MYANMAR)
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Etape précédente : Bagan
Après les
premiers chants bouddhiques vers 5h30, lever à 6h30 pour un départ
une heure plus tard.
Il faut commencer par faire entrer par les fenêtres
du bus (heureusement qu'elles s'ouvrent dans ces vieux bus) les bagages qui ne
trouvent pas place dans la soute...
Encore une longue journée
de trajet, non plus en bateau mais en bus.
Direction l'est, le pays des Shans.
Une demi-heure de route et alors que nous dépassons des collégiens en longyis ou longjis et malgré tout à vélo, nous nous arrêtons intrigués par le spectacle sur le bord droit de la route.
Un moulin est en action près d'un tout petit village (du côte de
Singat?)...
Le moulin entraîné par un zébu est en train
de presser de l'arachide. Il faut broyer 6kg d'arachide pour recueillir un litre
d'huile.
Dans une cour du village, deux paysannes sont occupées à
trier et à vanner des lentilles.
Puis nous allons avoir toute une présentation
sur le palmier à sucre (toddy). Le palmier constitue une ressource vitale.
On en tire pour l'alimentation le vin de palme, du sucre, des noix de coco, des
pousses (coeurs de palmier), sans compter tous les usages de ses feuilles et de
ses fibres.
La technique pour obtenir du "le jus de toddy"
consiste à inciser régulièrement jusqu'à plusieurs
fois par jour les organes reproducteurs des palmiers mâles ou femelles qui
peuvent produire plusieurs litres par jour. Dans ce cas, les arbres ne fructifient
pas. Un homme grimpe au palmier avec une échelle rudimentaire muni de deux
récipients pour remplacer ceux qu'il va redescendre. Le jus blanchâtre
goûté au doigt trempé est légèrement sucré.
Dans ce climat chaud, la fermentation se produit très vite et l'on
obtient le vin de palme, alcoolisé (5 à 10°), pétillant
qui fait plutôt penser à une sorte de bière ou de cidre (et
pour ceux qui sont allés au Pérou, à la chicha). En quelques
jours le jus non consommé tourne au vinaigre! Une façon d'éviter
qu'il se gâte consiste à distiller ce vin. Au bout d'une double distillation
avec un alambic très rustique on obtient un "marc" qui titre
environ 40°. De grands jarres en terre cuite installées sur un foyer
sont remplies aux deux tiers avec le vin à distiller sur lequel flotte
une coupelle métallique destinée à recueillir le condensat
qui se forme sous le fond d'une cuvette métallique remplie d'eau froide,
placée tout au-dessus. Avec les photos vous comprendrez. Dégustation...
Mais on peut en faire également autre chose. Le jus est filtré avant d'être cuit (concentration) durant quatre à cinq heures dans de grands chaudrons afin de le transformer en sirop. Battu pour amorcer la cristallisation, le sucre obtenu est brun. De cette mélasse on fait des confiserIe s. Dégustation de "jaggeries", des bonbons à base de pâte de jujube et de sucre de palme.
Pour finir, atelier de fabrication de petits paniers en feuilles de palmier puis dégustation apéritive de délicieux cacahuètes, noix de cajou, graines de sésame... et salade de thé mariné à la saveur épicée et vinaigrée (phet thouk).
Une heure de visite que nous n'avons pas vu passer. Il est 9 heures et il reste bien 200km à parcourir, dont le dernier quart dans une zone de montagne.
Au bout d'une heure, sur notre gauche se dessine la silhouette du Mont Popa.
GROSSE LACUNE
DANS NOTRE PROGRAMME,
LE MONT POPA NE FAIT PAS PARTIE DE NOTRE CIRCUIT
Le
Mont Popa (" fleur " en sanscrit) est un volcan éteint culminant
à 1518 mètres d'altitude et dont les pentes verdoyantes plantées
de bananiers et d'essences diverses, contrastent avec la région sèche
environnante. Sur cet éperon considéré comme la demeure des
Dieux, entendez par là les "37 nats", fut instauré il
y a plus de 700 ans un lieu de culte. Les temples kitschs sont récents,
oeuvres du moine U Pyi Sone. Les statues habillées de toutes sortes de
façon témoignent des croyances animistes encore vivaces.
Pour
jouir d'un immense panorama, il faut grimper au monastère bouddhiste Taung
Kalat perché tout au sommet de l'éperon rocheux après avoir
gravi 777 marches (attention 300 marches à effectuer pieds nus).
Cette
excursion est souvent faite à partir de Bagan sur au moins une grande demi-journée.
Pour les voyagistes qui l'intègrent sur l'itinéraire Bagan-Kalaw,
on se demande bien comment ce détour peut être géré...
sauf à quitter Bagan à 6 ou 7 heures du matin et à arriver
à Kalaw vers les 20 heures...
Nous entrons dans
l'Etat des Shans.
Les Shans ou Chans (11% de la population birmane soit environ 6 millions) ainsi que les populations apparentées des régions montagneuses du nord (Hkamtis de région de Sagaing) ont des parlers thaïs. En effet, partis du Yuannan il y a un millénaire, leur migration vers le sud les a fait traverser l'actuelle Thaïlande. Par son importance, ce groupe ethnique a longtemps tenu tête aux pouvoirs birmans, aux époques impériales, comme après l'indépendance où ils avaient pu maintenir une forme d'autonomie avec à leur tête un prince, le saw baw ("seigneur du ciel"), jusqu'au début des années 1960.
Arrêt technique vers 11h15 dans
un village (du coté de Shan Ma Nge?). Restaurant de campagne, boutiques
de vente de chiques de bétel. Maisons kitschs de nouveaux riches, à
étage et avec de rutilants balcons en inox, comme au Vietnam! Champs de
coton... Aires de battage du riz et meules de paille de riz aux abords de certains
villages ou de fermes.
Nous passons la bourgade de Mondaing et à l'approche
de midi nous arrivons dans la ville de Meiktila qui se déploie autour de
son lac éponyme. Une pagode en forme de barge royale, l'oiseau mythique
de la culture birmane, Karaweik, connu pour ses chants mélodieux. Suite
à un miracle ayant épargné la noyade, on y vénère
un bodhisattva (courant mahayana). Puis c'est Thazi, des zones inondées
lacustres et un axe ferroviaire important. Tiens, une mosquée par ici.
Arrive Payangazu et une vaste zone industrielle avec des entrepôts de teck
bien protégés derrière clôture et miradors (2500 fonctionnaires
seraient employés à cette industrie lucrative).
Au
long du trajet nous aurons quelques aperçus de la vie des Birmans: camionnettes
bondées assurant les transports en communs avec les derniers passagers
installés comme il se doit sur le marchepied et se tenant d'une main aux
ridelles
ou sur le toit, assis au milieu des valises et des sacs. Des charrettes
de fourrages tirées par de maigres zébus, des vendeuses de balais
et d'autres de pastèques, des collines coiffées de stupas dorés,
quelques champs de canne à sucre... Des immeubles en construction derrière
leur échafaudage de bambou et des maçons acrobates et casse-cous...
De bien rares stations services et même de détaillants en essence
au marché parllèle.
Et aussi des casernes et camps militaires
relativement discrets. Il est vrai que l'on approche de la frontière d'un
Etat minoritaire de la confédération du Myanmar. Bien qu'en ne fasse
que passer devant en bus, je suis étonné que Su Su ne nous demande
pas de ne pas prendre des photos (les guides insistent sur ce point).
Nous avons déjà commencé à grimper. Arrêt déjeuner à 13h30 dans le petit restaurant local "Golden land" du village de Yin Mar Bin. Repas simple mais paisible, loin des groupes qui envahissent les grands restaurants à touristes. Des urinoirs façon abreuvoir qui me rappellent des souvenirs de haute montagne.
Il faut reprendre
la route pour sa partie la plus difficile.
La moyenne va flirter avec les
30kmh sur une route cahoteuse, truffée de nids de poule ou plutôt
de souilles d'éléphant. C'est une étroite route de montagne
avec de nombreux lacets, d'innombrables tronçons transformés en
pistes et des chantiers de temps à autre. De plus, le trajet est ponctué
de ralentissements voire d'arrêts occasionnés par les chantiers de
réfection ou plutôt d'élargissement de la chaussée.
Comme on a pu l'observer en Inde du sud, ici également ces chantiers discontinus
ont l'air d'être conduits sans aucune cohérence car ils sont parfois
distants de plusieurs dizaines de kilomètres. Peu de matériel, presque
tout se fait manuellement: du concassage des cailloux à la massette fait
par des femmes (parfois bien jeunes) qui les portent ensuite dans des paniers
sur leur tête jusquà l'endroit où ils sont mis en place.
Le travail des hommes serait-il plus enviable? On pourrait peut-être le
penser de premier abord mais le travail qu'ils effectuent peut avoir des conséquences
pernicieuses très graves. En effet, ils s'occupent de faire fondre du bitume
dans des bidons de 200 litres, parfois chauffés par un simple brasier,
puis ils transportent le goudron fumant à coup de sceaux et le répandent
sur l'empierrement, mètre par mètre. A ce rythme, la mise à
un gabarit à deux voies de cette route devra bien mettre dix années.
Tout comme en Inde, c'est pour nous l'occasion de voir les conditions de vie misérable
d'une partie de la population, à une différence près, les
sourires et les saluts que de nombreuses ouvrières nous adressent. Pourtant
ces personnes ne perçoivent qu'un salaire de 1,50€ par longue journée
de labeur et l'on n'évoquera pas ici les travaux forcés auxquels
la junte a parfois eu recours.
Un péage rudimentaire près d'une future gare de péage autoroutière, pour une autoroute qui n'existe pas encore. Paysages variés où alternent des broussailles et cactées dans une région sèche avec parfois des palmeraies et, dans les rares zones humides, du riz en cours de végétation, des légumes (choux...), des zones reboisées en teck. D'autres parcelles sont plantées de jatropha appelé ici Kyet suu, un arbuste de la famille des euphorbes, originaire du Brésil, et que la junte "incite" à cultiver afin de produire un biocarburant ou agrocarburant gras, type diesel, à partir de ses fruits. En Birmanie, on voit un peu partout sa cousine ornementale et piquante Euphorbia milii, plus connue sous le nom d'"épines du Christ".
Des villages et bourgades avec leurs écoles de taille variable, primaire et parfois collège, où l'on ne s'arrête pas malgré le souhaits de plusieurs afin de remettre aux enseignants des petites fournitures scolaires pour leurs élèves. En bonne asiatique, Su Su esquive la difficulté. Quel problème cette action pourrait-elle bien occasionner? Et à qui? Aux enseignants? Au chauffeur et à la guide? A Cuba, la démarche était également délicate mais a été possible...
Et toujours des spectacles insolites: chantiers routiers où l'on voit davantage d'hommes que précédemment semble-t-il, détaillants d'essence au marché noir, véhicules improbables utilisant un moteur d'origine chinoise monocylindre à volant d'inertie, genre gros motoculteur que l'on retrouvera pour la propulsion des pirogues, véhicules crevés ou en panne, petits autels sur le bord de la route, tas de bambous prêts à être expédiés. Nous grimpons toujours; il est plus de 15h. Des bus "super-express" nous doublent allègrement mais ce n'est pas grave tant que nous ne tombons pas en panne. Pourquoi cette allusion pessimiste? J'ai déjà évoqué le cas de voyageurs faisant le même circuit en novembre et qui ont eu la malchance de cumuler panne de bateau sur l'Irrawaddy et crevaison sur la route où nous sommes, ce qui à entraîné une longue attente pour faire réparer la roue... Peut-être que finalement leurs déboires suivis de réclamations nous profitent.
Nous arrivons dans une zone de virages en cours d'aménagement et on a carrément ouvert des carrières à flanc de montagne. Des hommes y travaillent de façon aussi rudimentaire que sur les routes, avec de rares perforatrices et surtout à la barre à mine et à la masse. La chaussée très rétrécie provoque un embouteillage de camions, bus et camionnettes. En raison de l'état de la route réduite à l'état de piste, chaque véhicule soulève des nuages de poussière à tel point que la verdure disparaît du paysage sous cette couche de crasse. Plus loin, au bord de la rivière que la route surplombe, on peut voir des milliers de sacs en plastique blanc remplis de charbon.
Pause technique improvisée dans un petit village du côté de Pyingyaung. Une famille nous donne accès à sa "petite cabane au fond du jardin", à côté de la cabane aux cochons et du petit potager situé juste en contrebas!
Puis ce sont à nouveau des forêts assez luxuriantes qui couvrent collines et montagnes, d'où émergent de place en place des arbres aux fleurs roses, des touffes de bambous et quelques bananeraies.
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KALAW
7h45, il fait nuit quand nous arrivons enfin à Kalaw, après plus de 12 heures de trajet, pauses comprise. Plaignons nous! alors que notre chauffeur doit repartir à vide cette nuit pour renter à Bagan.
Quelques pagodes aperçues ici ou là et même une mosquée. Une ambiance ville du far-west, il serait plus juste de dire ici "far-est" dans ancienne station climatique des colons britanniques située sur la bordure ouest du Plateau Shan. Je suis un peu iconoclaste dans le qualificatif alors que guide Nelles qualifie Kalaw de "petite ville idyllique"! Sans doute l'effet de la fatigue... Pourtant pour les routards, c'est le point de départ pour des treks dans les "montagnes" environnantes ou permettant de rejoindre le Lac Inle en 2 ou 3 jours. On voit un peu partout des bureaux de guides.
Comme notre groupe
est plus fourni qu'il est d'usage et qu'ici les hôtels sont petits, nous
sommes répartis dans deux hôtels. Il faut ressortir par les fenêtres
du bus les bagages qui n'avaient pas pu trouver place dans la soute...
Pour
notre part nous logeons au Dream Villa, hôtel classé en catégorie
moyenne par le guide Lonely Planet. Pas vraiment un hôtel de rêve
mais sympa avec sa réception qui affiche un portrait d'Aung San Suu Kyi,
son bel escalier et sa terrasse mais un confort un peu spartiate: chambres petites,
eau chaude rare, vue sur des csonstructions bancales et pas de chauffage, ce que
l'absence d'isolation n'arrange pas. A 1300m d'altitude, il ne fait pas chaud
la nuit (4 ou 6°)...
Avant de dîner, petit tour en ville dans des
"rues" très peu éclairées. Coup d'oeil à
la pagode et au monastère voisin Shwe Lin Lun avec un rocher doré
en guise de stupa. Un peu plus loin, une modeste pagode avec au fond de la salle
un petit Bouddha à l'auréole scintillante de lumières multicolores
et devant lui deux bonnes douzaines de statuettes en position debout...
Dîner au restaurant Dream Villa, non loin de l'hôtel du même nom et tout à côté de l'hôtel Honey Pine où sont logés nos petits camarades "excédentaires"!
Il ne fait vraiment pas chaud ce qui n'incite pas à faire un petit tour. Arrivés à la réception de l'hôtel Dream Villa, nous avons la bonne surprise de nous voir proposer une bouillotte bien chaude, une par chambre ...même à deux lits!
A 5h30, on commence à entendre une cloche dans les
rues. On prévient les fidèles du proche passage des moines quêtant
l'aumône et une heure plus tard c'est la psalmodie des soutras diffusée
au haut-parleur depuis le monastère Shwe Lin Lun (sur Aung Tha Pray Street)
tout proche. Dommage car le lever n'était prévu qu'à 7h30.
La procession des moines quêteurs est annoncée par un jeune moine
qui frappe le triangle de bronze de son gong portatif.
Nous trouvons un nouveau bus, plus récent, toujours japonais, avec des rideaux genre corbillard! Tout au plus quelques centaines de mètres pour nous rendre au marché local en passant devant la pagode Aung Chan Thar avec son stupa habillé de mosaïques dorées et argentées qui scintillent au soleil et sont mât surmonté non pas d'un coq mais de l'oiseau karaweik emblématique du pays.
Le marché se
tient cinq fois par semaine selon un roulement qui le fait passer dans les villages
de la région. Nous avons de la chance puisque c'est le jour de Kalaw. Un
marché très rural où l'on trouve des ustensiles pour la maison,
des outils et des quantités de denrées présentées
par des femmes de tribus montagnardes (Palaungs, Danus, Tarays), certaines avec
une serviette éponge en guise de coiffure. On y voit peu de viande de quadrupèdes
mais d'énormes poulets alors que ceux que l'on voit habituellement dans
les basses-cours sont efflanqués et tout en pattes, de la viande de porc.
Des quantités de poissons frais ou séchés, anguilles fraîches
ou rôties en brochettes et même petits crabes (!), de fuits (mandarines-miel,
pommes, pastèques, bananes et même fraises) et légumes (arachide,
oignons, aubergines, ciboulette-racine, navets, tomates, choux, pommes de terre,
piments, gingembre, épis de maïs, coeurs de palmier, haricots longs,
fèves, gingembre, canne à sucre...). Et encore, du thé, des
oeufs de cane et de poule, des montagnes de nouilles, des galettes de riz et de
tofu... Sans oublier les "bouddhieuseries" de rigueur!
C'est aussi
l'occasion de voir que l'obligation du port du casque sur les cyclomoteurs et
motos est respecté avec ces étranges casques type "Wehrmacht".
Bref, trois quarts d'heure que nous n'avons pas vu passer.
Pour rejoindre la Lac Inle, nous avons une bonne centaine de kilomètres
à parcourir, en comptant un crochet d'une quarantaine de kilomètres
pour aller à Pindaya.
Tient une pompe à essence! On s'en étonne
tant elles sont rares, disons une tous les 100km! Et juste à côté,
sur le trottoir, des vendeurs d'essence en bidons, au noir...autorisé.
Sur ce marché parallèle, le transport et la manutention de l'essence
dans ces conditions doivent être souvent à l'origine d'accidents
et d'incendies.
Petit aparté de Su Su au sujet des carburants.
Bien que produisant du pétrole, la Birmanie doit importer une partie de son carburant (notamment du Koweit). Le gouvernement détient un monopole en ventes de carburant qu'il subventionne. Pour les particuliers, il y a un système de rationnement de l'essence suite à l'embargo américain (ça nous rappelle Cuba!). En 2008, le gouvernement a réduit la ration hebdomadaire d'essence subventionnée de six à quatre gallons. Actuellement, le rationnement correspond à 2 gallons par jour (soit 2x4,4 litres) au tarif de 3500 Kyats, soit 390K le litre (ou 0,39€). L'équivalent sur le marché parallèle coûte 500K le litre ou 4500K les 2 gallons. Ca fait quand même une plus-value de 30%! En revanche, il n'y a pas de rationnement sur le diesel.
Maintenant une fabrique artisanale de parpaings et là ce sont des chargements hors gabarit et toujours de chantiers d'élargissement de la route et même des moines qui travaillent! N'oublions pas quand même que nous sommes sur la Nationale 4.
A Aungban nous prenons une route secondaire en direction du nord. Tiens, un peu de modernisme avec un camion de sondage de sol pour le compte du "Three Million Construction Group Co Ltd". Pour quel projet immobilier ou autre ? Une région fertiles avec une terre rouge brique, ce qui donne une superbe marqueterie avec les champs dorés ici, verts ailleurs. Des fermes avec de charrettes tirées par une paire de zébus, des tracteurs-motoculteurs chinois, labour à l'araire avec une paire de zébus, blé à divers stades proches de la moisson. On rencontre ici les ethnies des Danu noirs et des Pa-o à carreaux. Su Su nous parle aussi des arbres couverts de fleurs roses, ce sont de cerisiers japonais, en fleur ici dès le début de l'année alors qu'ils ne le seront dans leur pays d'origine que dans quatre mois... Plus loin, d'autres arbres, sont couverts de ce qui semble être des fleurs rouges vif, peut-être des arbres du genre bombax malabaricum, de la famille des fromagers? Ici la moisson à la faucille commence et plus loin, elle est mise en javelles laissées sur les chaumes pour finir de sécher avant les battages. Justement on voit une camionnette transportant une petite batteuse. Puis c'est un atelier familial de fabrication de chaux.
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PINDAYA
Nous voici à Pindaya à 10h30, à
environ 1200-1300m d'altitude.
L'attraction est constituée
ici par une étrange pagode, en fait il s'agit de grottes naturelles, formées
il y a 200 millions d'années dans le calcaire, qui ont été
investies par les bouddhistes au fil du temps. On visitera la plus célèbre
que l'on appelle Shwe Umin. On voit souvent la mention de "grottes aux 8
000 Bouddhas" mais cela ne veut rien dire car leur nombre s'accroît
constamment. Peut-être allons nous vers les 9000, de toutes sortes (teck,
ciment, marbre, bronze...), de toutes tailles et de tous âges.
Pendant
la seconde guerre mondiale, des soldats japonais sy seraient cachés.
Mais avant d'y pénétrer il faut emprunter un escalier couvert au bout duquel nous attend un chasseur bandant son arc en direction d'une hideuse araignée géante.
Cette scène digne d'un Disneyland évoque
la légende du lieu, un conte de fées birman.
"Il était
une fois sept surs, des princesses, tout absorbée par leur baignade
dans le lac voisin furent surprises par la nuit et décidèrent de
se réfugier pour la nuit dans cette grotte mais une araignée géante
y vit d'appétissantes proies et tissa une toile devant lentrée
de la grotte pour les y tenir prisonnières. Elles appelèrent à
l'aide et, par chance, le jeune prince Kummabhaya passant là par hasard
les entendit et pour les délivrer tua le monstre d'une flèche en
poussant le cri Pingu-ya ("laraignée est morte") doù
le nom de cette grotte. Sa récompense fut d'épouser la plus jeunes
et jolies des princesses !"
Une autre légende voudrait que cette
pagode eut été construite par le roi Asoka et réparéepar
le roi Alaungsithu au XIIe s. alors que ce lieu de culte est en réalité
bien postérieur.
Pour finir l'ascension facile menant à l'entrée de la grotte, on peut utiliser un ascenseur. Droit de 300 kyats pour prendre des photos. La grotte est éclairée mais par prudence, il serait sage d'avoir une lampe de poche avec soi en cas de coupure d'électricité et ça peut servir pour observer certains détails ou pour lire des inscriptions.
Cette grotte est considérée comme lune des plus belles grottes du Myanmar, lune des plus mystérieuses dAsie du Sud-Est. Des statues ont été déposées et accumulées dans un grand désordre au fil du temps. Les plus grandes (10m) et les plus anciennes (XVIIe s.) statues du Bouddha se trouvent proches de l'entrée. Elles étaient alors en teck, albâtre, marbre ou bronze, mais aujourdhui beaucoup ont été recouvertes de feuilles dor ou repeintes de laque tandis que de nouvelles statues s'ajoutaient.
De grands panneaux expliquent en birman et en anglais les 31 états de l'être. La destinée humaine se situe entre les états inférieurs (enfers, fantômes, animaux) et les états supérieurs menant vers l'éveil. Certaines statues en position assises, paume de la main gauche tournée vers le haut et contenant une graine témoignent d'une influence du bouddhisme de tradition Mahayana ("Grand Véhicule").
On
est bien dans une pagode naturelle car dans l'entrée se dresse un stupa
doré. Cette entrée fut élargie à l'aide d'explosifs
en 1925. Après l'entrée, nous nous dirigeons dans la partie droite,
avec un chemin labyrinthique (il y a un vrai labyrinthe d'ailleurs) en raison
de l'encombrement de statues. Le sol s'élève peu à peu et
on peut voir d'anciennes draperies, des concrétions de calcite "mortes"
(l'eau e suinte plus). Par les plaques commémoratives, on constate qu'un
grand nombre de statues ont été mise en place ou rénovées
depuis les années 2000 et même tout récemment (2010) par des
donateurs particuliers ou entreprises ("Computer Center"!) venant non
seulement du pays ou d'Asie mais aussi d'Australie, de Singapour, de Malaisie,
d'Indonésie, du Japon, des Etats-Unis, d'Allemagne et même de ...France
(un petit Bouddha).
Nous pourrions croire qu'il y a des Bouddhas noirs comme
il y a des Vierges noires vénérées chez nous (à Rocamadour,
au Puy-en-Velais ou aux Stes Maries-de-la-Mer). Erreur, car les Bouddhas noirs
que l'on voit ici, ont tout simplement reçus récemment une couche
de laque protectrice et sont out bonnement en attente de généreux
donateurs décidés à les redorer. Pour un Bouddha de 1,50m,
il en coûte 1500$.
Revenus vers l'entrée, nous
nous dirigeons vers les couloirs situés du côté droit. La
densité de statues est moindre, on voit mieux le cadre géologique
originel de la grotte et le parcours autorisé finit devant l'entrée
d'un boyau qui conduirait à d'autres salles de méditation.
Après
une heure de visite, retour vers l'entrée et au passage on peut remarquer
des statues hétérodoxes, sans doute quelques nats...
Superbe
vue sur la ville, son lac, ses "champs" de stupas et les lignes très
esthétiques des escaliers couverts montant à l'assaut de la falaise,
vers les grottes.
Le bus nous ramène au bas de la colline où l'on peut admirer de nombreux banians tricentenaires qui ont la particularité d'émettre des racines aériennes à partir de leurs branches. C'est un arbre sacré car il renferme lesprit de Bouddha et symbolise la vie éternelle avec ses racines proliférantes.
Juste à côté, nous allons visiter l'atelier de papier shan
ou papier de mûrier et de fabrication d'ombrelles "Aung umbrella"
dans le quartier Pyitawtha. Nous y consacrons une demi-heure.
Commençons
par la démonstration du papier. Les branches du mûrier sont écrasées
à l'aide d'un maillet pour en dégager les fibres et former une pâte
dans laquelle on ajoute des fleurs ou des pétales. La pâte bien homogénéisée
est filtrée à l'aide d'un tamis qui sera exposé au soleil
pendant une journée avant d'en détacher la feuille de papier grossier
qui servira à la fabrication des ombrelles, de lampions mais aussi de papier
demballage original.
Venons-en maintenant à la fabrication des ombrelles On commence par le manche dont la partie la plus complexe se trouve au niveau de l'articulation des baleines. Cette pièces est façonnée par un homme avec un tour rudimentaire tandis que le système de taquet d'ouverture et de fermeture est très ingénieusement fait à parti d'un morceau de bambou incurvé mis sous tension dans la tige creuse du manche. Sur l'armature une femme place sur l'armature le papier avec de la colle faite à base de riz gluant. Il ne reste plus qu'à mettre la touche finale en y peignant des motifs.
Il est
12h45 et comme qui dirait, une petite faim se manifeste. Nous l'apaiserons au
restaurant "Green Tea", tout au bord du lac Nathimi Kan autour de laquelle
se déploie la petite ville (50 000 habitants quand même!).
Spectacle
insolite sur le lac de 4 moinillons plus ou moins culs nus et s'amusant à
bord d'un radeau de bambou... Sur l'autre rive du lac on peut apercevoir les stupas
dorés d'une pagode.
14h15. Une heure de trajet en sens inverse sur la route secondaire avant de retrouver la Nationale 4 à Aungban. Les villageois on repris leur travail dans les champ où ils s'activent à la moisson de toutes parts tandis que dans un champ de thé, culture rare dans cette région, deux cueilleuses s'affèrent. Ailleurs, c'est un troupeau de buffles d'eau qui paissent sur les chaumes desséchés.
Nous
voici sur la nationale, partis vers l'est. Toujours des chantiers routiers, des
chargements improbables, des véhicules en panne, des pagodes sur les collines,
de la poussière venant de la route à l'état de piste. A un
point tel que la végétation qui en est recouverte est méconnaissable:
bananiers, chouchous (ou chayotte ou cristophine) accrochés sur des fils...
Des pannes mais pas d'accidents. Pourtant, ici, l'examinateur du permis de conduire
peut plus ou moins s'acheter (outre le versement de la taxe officielle de l'ordre
de 60 000 Kyats!). C'est vrai que les conducteurs sont prudents et ne roulent
pas vite vu l'état des routes. Et cela vaut mieux aussi du fait qu'il n'existe
pas de système d'assurances...
Une douzaine de kilomètres après avoir dépassé la ville d'Heho (aéroport), nous avons quitté la Nationale 4 qui se poursuit vers Taunggyi, la capitale de l'Etat Shan, pour nous diriger vers Nyaung Shwe, au sud.
17h15, nous commençons à longer les zones lacustres au bord de la rivière canalisée Nam Pilu qui rejoint la queue du Lac Inle.
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Monastère SHWE YAUNGSHWE
Arrêt d'une demi-heure
au kyaung (monastère) Shwe Yaungshwe (ou Shwe Yan Pyay) à Shwe-Nyaung.
Ce monastère sur pilotis fut construit en teck en 1907. Par ses étonnantes
fenêtres ovales qui se découpent sur le bois sombre, à cette
heure tardive, on voit les visages de novices assis en position de lotus, au pied
d' une statue du Bouddha posé sur un socle de mosaïque, en train de
réciter les textes sacrés dans la semi-obscurité sous la
direction d'un moine.
On accède à la salle par lescalier
extérieur en pierre représentant des figures de dragons. Les pointes
de pignons sont surmontées d'audacieuses découpes en bois mais dommage
qu'à côté de cela les toits empilés en dégradés
soient couverts de tôles
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NYAUNG SHWE et LE LAC INLE
(liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO
établie en 1996)
APERCU
ETHNO-LINGUISTIQUE
et LANGUES PARLEES EN BIRMANE.
La
Birmanie regroupe, en sus de la majorité birmane dite "de souche"
répartie sur sept divisions territoriales au centre du pays, quelque 135
minorités ethniques mais, en dehors des Bamars (terme plus spécifique
que Birmans qui fait référence à tous les habitants du pays),
seules sept "races nationales", formant autant d'Etats, sont reconnues
par le gouvernement : Shans (à l'est), Môns (au sud), Karens ou Kayins
(également au sud), Karenni ou Kayahs (au sud-est), Chins (à l'ouest),
Kachin ou Jingpo (à l'ouest) et Rakhine ou Arakan (à sud-ouest).
A l'opposé, certaines ethnies très minoritaires vivant au sein
de ces états sont peu (re)connues: Rohingyas, Gurkhas, Méos (Hmongs),
Kadus, Mokens ( Mawkens)...
Implantés dans la longue
plaine centrale fluviale nord-sud (69% soit 35 millions), les Bamars (que nous
appelons ainsi pour éviter toute confusion avec le terme générique
de Birmans utilisé pour désigné tous les habitants du Maynamar)
partagent leur parler avec les Arakanais, leurs anciens "frères ennemis"
vivant dans l'Etat côtier situé au sud-ouest du pays (6% soit 3 millions).
Le parler bamar voisine avec une trentaine d'autres langues de la familles tibéto-birmanes
dispersées dans les états voisins: au nord avec les Kachins surtout
(2,5% soit plus d'un million) et aussi Lisus et Nagas (anciens "coupeurs
de têtes" avec 100 000 individus), à l'ouest les Chins et à
l'est les Lahus et Akhas.
En revanche, les Shans ou Chans (11% soit environ
6 millions) de l'est ainsi que les populations apparentées des régions
montagneuses du nord (Hkamtis de région de Sagaing) ont des parlers thaïs
(rattachés à la grande famille des langues austronésiennes
diffuses dans les régions du Pacifique et de l'Océan Indien).
Au sud, on retrouve un groupe résiduel de locuteurs Môns (3% soit
1,5 million) qui ont occupé le sud du pays avant l'arrivée des Bamars.
Ils ont un parler kmer (rattachés à la grande famille des langues
austroasiatiques présentes en Asie du Sud-Est). Leur culture sassimile
en grande partie à celle des Birmans. S'y apparentent les Was (animistes,
anciens "coupeurs de têtes" jusque dans les années 1970)
et la très ancienne ethnie autochtone des Palaungs. Ces deux communautés
montagnardes sont incluses dans l'Etat Shan, à l'est du pays.
Quant
aux Karens ou Kayins (5% soit 2,5 millions), à la frontière thaïlandaise,
leur langue serait également issue de la famille tibéto-birmane
même si elle a repris les structures grammaticales des langues voisines
shan et môn "Sujet+Verbe+Complément" (cf. un peu plus bas).
Ils se répartissent en de nombreuses tribus: Pa O, Pa Kus (ou Karens Blancs),
Bwes, Karens Noirs... Quant à la tribu des Padaungs (ou Karens Rouges),
connue pour ses "femmes girafes", elle occupe le petit Etat Kayah, au
sud de la zone de peuplement karen.
Le pays compte aussi 150 000 Chinois
et 800 000 Indiens.
LE BAMAR, parlé
par plus des deux tiers des habitants du Myanmar appartient à la famille
des langues sino-birmanes, langues que l'on trouve dans certaines régions
de nombreux pays d'Asie (Chine, Inde, Tibet, Népal, Bhoutan, Birmanie,
Pakistan, du Bangladesh, de la Thaïlande, Laos, Viêt Nam).
Tout
comme le tibétain et le chinois, le bamar trouverait donc son origine dans
l'est du Tibet. Du Tibet dérive également son écriture lorsque,
au VIIe s., le roi Songtsen Gampo envoya en Inde des Tibétains pour y étudier
le sanskrit et s'inspirer de l'alphabet indien devanâgarî. A moins
que l'on se soit inspiré de lalphabet môn, lui-même dérivé
du grantha, en usage dès le Ve siècle av. J.-C. en Inde du Sud,
proche du pâli utilisé pour l'écriture des premiers textes
bouddhiques.
A la base, langue mono ou bisyllabique, le bamar est une langue agglutinante dans la mesure où les mots sadjoignent des particules et des suffiXe s.
C'est une langue qui possède trois tons (haut, bas et descendant). Elle comporte trente-trois consonnes et sept voyelles, ces dernières pouvant être diphtonguées et nasalisées.
Dans l'écriture, des signes combinés aux lettres permettent de marquer les tons haut et descendant. Le bamar sécrit de gauche à droite et le plus souvent sans séparer les mots. Tout comme le thaï, le khmer et le lao, le bamar est écrit avec des lettres rondes qui ressemblent à celles de plusieurs alphabets indiens dont il s'est inspiré. Cette écriture est apparue au XIe s. et la plus ancienne trace retrouvée est une inscription du XIIe s.
Au niveau grammatical, les mots d'une phrase simple s'agencent dans l'ordre: "OBJET+COMPLEMENT+VERBE". Il n'y a pas toujours emploi de pronoms personnels sujets, lesquels comme dans dautres langues du sud-est asiatique, sont souvent remplacés par des termes de parenté "oncle", "petite tante", "grand frère", "grande soeur"...
Un peu après 18h, nous arrivons à Nyaung Shwe ("le banian d'or"),
l'ancienne capitale de l'Etat shan, un village plutôt qu'une ville, d'environ
1500 habitants. Jusqu'à la prise de pouvoir par la junte en 1962, la ville
s'appelait Yaungshwe et son souverain, le sao pha ou saw baw ("le seigneur
du ciel") qui dirigeait les 33 provinces de l'Etat Shan y résidait
avant d'être destitué et arrêté.
L'hôtel Paradise Inle Resort se trouve en plein centre, rue du musée.
Donc rien à voir avec notre carnet de voyage qui faisait allusion à
un hôtel situé sur les rives du lac et auquel on devait accéder
en pirogue. Etrange confusion de nom avec le Paradise Hotel...
Comme à
Kalaw, le groupe doit être séparé en deux et nos camarades
sont logés ailleurs.
Toujours de la fraîcheur, nous sommes vers 900m d'altitude et le lac est tout proche. Un service web est disponible à 2$ de l'heure mais l'électricité subit des coupures (et le groupe électrogène ne démarre qu'au bout de quelques minutes).
Pour une fois, le dîner est servi dans notre hôtel et nos camarades nous y rejoignent vers 20h, véhiculés en trishaws.
Dès 8 heures nos conducteurs de trishaws nous attendent après avoir béni leur guidon avant de commencer leur journée. C'est au bruit des sonnettes que nous traversons la bourgade, ce qui nous fait passer auprès de la pagode (paya) Yadana Man Aung, la plus ancienne, au stupa élancé. Un stupa unique en son genre en Birmanie avec sa section pentagonale, de la base au sommet.
Spectacle de gens qui font leur toilette dans
le canal, famille de forgerons installée de façon rudimentaire sur
le trottoir, au pied d'un banian...
Nous voici bientôt à l'embarcadère
sur le canal principal (Nam Chaung).
Grande journée sur le Lac Inle.
Le Lac Inle, véritable "aigue-marine dans un écrin d'émeraude", situé à près de 900 mètres d'altitude, s'étale au pied du village de Nyaung Shwe sur une superficie de 120 à 158 km² (selon les sources), pour une vingtaine de kilomètres de long et, au plus large, une petite dizaine en largeur, en comptant les marais qui le bordent. C'est un lac peu profond, au maximum 2m en saison sèche et 6m pendant la mousson. A ce qui se dit, l'atmosphère qui s'en dégage rappelle celle du lac Dal à Srinagar au Cachemire ou encore celle du lac Erhai à Dali au Yunnan.
L'écosystème du lac est menacé
notamment par laugmentation de la population et par l'envasement consécutif
à la déforestation pour le bois de chauffage sur les montagnes de
son bassin versant dont le reboisement ne porte pas encore d'effet. Par ailleurs,
laugmentation des jardins flottants diminue sa surface.
Enfin, la jacinthe deau constitue aussi un problème majeur car cette plante invasive (originaire du Brésil) des eaux douces tropicales obstrue les canaux et, en couvrant de larges surfaces, menace la faune et la flore indigènes privées d'oxygène et des rayons ultraviolets du soleil. On observera au passage le redoutable effet des pirogues à moteur dont l'hélice assure le bouturage des jacinthes (sans parler de l'érosion sur les berges des canaux). Confrontés à cette plaie dont les tiges grandissent de 0.5 m à 1 m par jour et forment des tapis flottants, les habitants tentent de tirer parti de cette plante. Dans certains pays, on l'utilise comme aliment du bétail, de poissons, de canards ou encore pour fournir du biogaz, fabriquer des briquettes de charbon, des cordages, du papier ou des panneaux de fibres pour la construction. Une fois décomposée, on peut aussi la jacinthe en engrais comme c'est le cas ici. Les Hinthas en font aussi du mobilier et de la vannerie à partir des racines, qui, bouillies et séchées, sont tressées puis tissées sur une structure en rotin.
Le
Lac Inle se trouve au coeur de l'état Shan où vivent les Hinthas
ou Inthas qui continuent à perpétuer des traditions et un mode de
vie ancestral. Les villages sont construits sur pilotis sur le lac lui-même
qui est parsemé d'îlots flottants recouverts de roseaux, de cultures
maraîchères,de lotus et, moins heureusement, des envahisseuses jacinthes
d'eau. Les Hinthas vivent également de leur pêche et leur technique
reste bien originale comme on le verra bientôt. Avec les nombreux canaux
qui parcourent ses rives marécageuses, cette région senorgueillit
de se nommer "la Venise de lOrient".
Selon la légende,
les Hinthas ("fils du lac") seraient les descendants des habitants de
Tavoy (ou Dawei), des Môns de la région du delta, carrefour de routes
commerciales de la péninsule indochinoise très convoité.
Punis de leur résistance, le roi Alaung Si Tu s'empara de cinq statuettes
sacrées (nous en reparlerons) et déporta certains habitants qui
furent asservis dans les quatre villages autour du lac. Les Hinthas bâtirent
des pagodes, stupas et monastères, mais rapidement, les berges du lac ne
leur suffirent plus et ils se mirent à construire sur leau leurs
maisons sur pilotis en bois, bambou et palmes tressés.
Selon d'autres sources, c'est seulement au XIVe s. qu'aurait eu lieu cette déportation alors que la terre ferme appartenait aux paysans shans. Il ne restait plus aux Hinthas qu'à s'installer sur le lac lui-même... Leur langue est un dialecte birman mais Su Su ne la comprend pas en raison de différences au niveau des tons et du débit.
On compte une quarantaine de villages plus ou moins importants, construits sur le lac lui-même (pour la moitié) ou sur ses rives, villages regroupant une population totale de 100 000 habitants.
Changement d'ambiance: un méli-mélo de dizaines d'élégantes pirogues effilées mais pétaradantes embarquent les touristes pour la balade ou les habitants pour se rendre à leur travail ou au marché.
Dans la pirogue n°2 d'Exotissimo, nous sommes par cinq, confortablement assis
sur des chaises, avec gilet de sauvetage à notre disposition ainsi qu'une
bouteille d'eau individuelle mais il fait bien trop frais ce matin pour songer
à l'ouvrir. Mieux vaut être bien couvert (pull ou polaire et coupe-vent,
voire un cache-nez) car à la fraîcheur du vent, il faut ajouter l'effet
de la vitesse. En effet les pirogues, une fois sorties du canal, foncent bien
à 20km/h sur le lac, dans l'assourdissante pétarade des fameux moteurs
chinois Hang Chai qui les propulsent.
Des maisons sur pilotis avec pour tout
murs des claies de bambou, sans fenêtres vitrées mais avec un simple
volet mis en auvent dans la journée. Nous avons aussi loisir d'observer
les bateaux locaux que l'on croise ou que l'on dépasse. Là il a
plutôt 15 ou 20 passagers et il n'y a pratiquement plus de franc-bord. C'est
le même niveau de charge ou plus exactement de surcharge avec les embarcations
qui transportent de la marchandises (gros sacs).
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LAC INLE: technique de pêche, marché de Naung Thaw, artisanats (lotus,
forge, pirogues, cigares)
Dès l'arrivée sur
le lac, nous assistons à une démonstration d'une technique de pêche
unique au monde, le khe pai kauk. Les Inthas sont des pêcheurs équilibristes.
Placés à l'avant de leur barque à fond plat, ils godillent
grâce une jambe qu'ils enroulent autour de la gaffe, ainsi ils gardent les
mains libres pour plonger dans l'eau la nasse en bambou de 2 ou 3m de hauteur
dès qu'ils ont repéré un poisson. Ils relâchent alors
le filet sur le poisson qu'ils harponnent ensuite.
Souvent les pêcheurs
se regroupent de façon à concentrer les poissons dans leur zone
de pêche et ils les effrayent en frappant l'eau avec leur gaffe. Le poisson
le plus abondant dans le lac est une sorte de carpe.
Notre
caravane de six pirogues remet les gaz vers le grand large, cap au sud. La partie
nord du lac est peu habitée, les villages se concentrant plutôt au
sud.
Le lac bleuté est comme un saphir enchâssé dans un
écrin de montagnes qui, de part et d'autre, émergent peu à
peu de la brume avec leurs sommets culminant vers les 1700m. Les routards doivent
prendre grand plaisir à s'échapper vers les petits villages montagnards
de cette contrée...
Encore une fois, pas de chance pour le respect de notre programme, ce n'est pas le bon jour pour assister au célèbre marché flottant d'Ywama qui se tient tous les cinq jours.
Il est près de 9h30 lorsque nos esquifs se
faufilent dans la marée de pirogues accostées au village de Naung
Thaw, au sud-est du lac, pour "le marché des 5 jours", lieu de
rencontre des minorités montagnardes revêtues de leurs plus beaux
atours traditionnels qui viennent vendre fruits et légumes de leur production.
Le marché se tient alternativement d'un village à l'autre et puisqu'il
tient compte du calendrier lunaire birman. . C'est le jour où il a lieu
ici, mais à terre.
C'est un marché typique, haut en couleur,
comme celui que nous avons vu à Kalaw. Stands de coiffure, de restauration...
Femmes Pa-os avec leur coiffure faite d'une serviette éponge enroulée
en turban.
Quantités de produits. Nourritures: riz divers, galettes
de riz nature ou au sésame, fruits et légumes, viandes et poissons...
Vêtements
Inévitables vendeurs de bétel mais aussi des
pièces de mécanique.
Pendant ce temps, "les dockers"
chargent des pirogues de lourds sacs portés sur les épaules tandis
que des vendeuses de souvenirs sur leurs petites barques se faufilent entre les
pirogues. On remarquera que les femmes ont une façon plus traditionnelle
de ramer, des deux mains et assises les jambes croisées, à lavant
du bateau, ce qui n'a rien à voir avec celle des pêcheurs.
A gauche du marché, on peut apercevoir une cheminée de brique carrée et tout près un cimetière. A ce propos, Su Su nous apprend que jusqu'aux années 1960, les Hinthas immergeaient les cadavres de leurs défunts dans le lac, sur des supports de bambou. Cette pratique a été interdite mais, dans les montagnes, les Pa-os ont conservé cette coutume.
Nous réembarquons.
Petits stupas sur le rivage du lac que nous traversons
pour aborder sur la rive occidentale, au village de In Phaw Khone.
Pour la sixième visite d'artisanat de notre circuit, nous nous rendons
dans un des ateliers de tisserands du village dont les maisons sont construites
sur pilotis. Là, au-dessus de l'eau, ce type de construction trouve sa
plaine justification. De plus, l'espace sous l'habitation sert de garage à
bateau et non plus d'étable comme sur la terre ferme.
Ici on fabrique
des tissus de soie, de coton mais aussi de fil de soie de lotus. Cette dernière
matière est étonnante. Dans l'atelier Ko Than Hlaing Silk and Lotus
Weaving une femme casse tous les 10 ou 20cm environ les tiges aquatiques préalablement
trempées dans leau pour les assouplir et en tirant doucement les
filaments qui, réunis, forment un fil (un peu comme pour le fil de vers
à sloie). Le fil est embobiné et, une fois tissé, cela donne
une matière plus grossière que la soie, un peu comme une toile de
lin. Des robes en tissu de lotus (kya thingahn) sont fabriquées pour les
statues de Bouddha.
Autre curiosité, la façon de teinter des
petites parties des écheveaux de soie de façon à produire
des motifs flous lors du tissage, sans avoir à utiliser des fils différents.
Le résultat fait un peu penser à ce que l'on obtient par les techniques
d'impression que sont le pochoir, le tampon ou le batik, mais par un procédé
bien différent comme on le voit. Plus classiquement nous voyons la teinture
de la soie dans un chaudron placé sur le feu. Enfin, plus loin, nous trouvons
les habituels vieux métiers à tisser en bambou. On peut acheter
des écharpes, longyis, sacs...
Nous reprenons le bateau
pour un quart d'heure de navigation nous arrivons chez les forgerons du village
de Nampan qui effectuent un travail de force, notamment à partir de fer
est récupéré sur les carcasses de voitures. Nous allons passer
une vingtaine de minutes dans leur atelier.
Une femme assise en hauteur actionne
un soufflet rudimentaire en actionnant alternativement deux tiges de bambou tandis
qu'un homme chauffe à 800° une lame de fer à façonner.
Lorsque la pièce est à bonne température, elle est portée
sur l'enclume et battue à l'aide de masse par un homme puis deux puis quatre
qui frappent en cadence avec une dextérité incroyable, sans que
leurs mouvements se gênent.
On fabrique ici des objets utilitaires (haches,
serpes, houes, machettes...), des couteaux, des objets décoratifs (bijoux,
statuettes, gongs, carillons de porte, sabres japonais...).
Notre matinée n'est pas terminée. Encore dix minutes de pirogue et cette fois nous débarquons pour une courte visite (un quart d'heure) dans un chantier naval artisanal, un atelier où des "charpentiers de marine" réparent et fabriquent les fameuses pirogues traditionnelle de 10 mètres en bois de teck menuisées à la main (ailleurs les troncs sont débités en planches à laide dune grande scie actionnée manuellement). Le bois provient des forêts de l'Etat Kayak. Le calfatage entre les planches formant la coque est réalisé par une pâte faite de sciure mêlée à de la laque. Après cela elle est protégée par un laquage noir, résistant à l'eau. Voila le résultat du travail de cinq ouvriers pendant un mois qui se monnaye environ 1500€ ou 2000$.
Mais notre matinée
n'est toujours pas terminée. Très court trajet qui nous conduit
dans une fabrique de cigares birmans, les cheroots. Il s'agit de cigares verts
d'environ 10-15cm et d'un diamètre d'environ 1,5 cm, roulés à
la main avec une grande dextérité. Pour satisfaire tous les goûts
le tabac peut-être mélangé avec du miel, de lananas,
du sucre noir, du tamarin, de la banane, de lalcool, du sel, du poivre ou
de l'anis! Il n'est pas roulé ni dans une feuille de tabac ni dans une
feuille de maïs comme on peut le lire sur certains blogs mais dans une feuille
d'un arbre, le sébestier (ou codia myxa). En revanche, c'est bien une feuille
de maïs qui sert de filtre. Cette chemise est collée avec une colle
à base de riz gluant.
Chaque rouleuse peut produire 1000 cigares par
jour, au rythme d'un en moins d'une minute. Même dextérité
chez les trieuses de feuilles de sébestrier. Nous avons le loisir d'observer
leur travail pendant près d'une demi-heure et de goûter à
l'un des "tabacs" qui, mis sur la langue, produit une saveur anisée
et poivrée...
Nous avons navigué en tout deux heures pendant cette matinée...
Il est bientôt 13h30 et cette longue matinée au grand air nous a ouvert l'appétit. Nous faisons escale sur la rive occidentale pour un déjeuner de spécialités, au restaurant sur pilotis Ann's, au village de Kaung Daing, au nord-ouest du lac, un village qui abrite une source d'eau chaude. De la terrasse, on peut observer les pêcheurs tandis qu'à côté un jardin d'orchidées s'offrait au plaisir des yeux même si en cette saison une minorité de plante se trouve en fleur en ce moment.
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LAC INLE: Pagode Phaung Daw Oo
A
14h30, nous reprenons les bateaux et refaisons à nouveau route sur une
douzaine de kilomètres vers le sud du lac, pour nous rendre au village
deTha Lay, en passant près du village insulaire de Ywama (le village du
marché flottant).
Nous allons visiter la grande pagode Paya Phaung Daw Oo ("la pagode de l'oiseau royal") qui abrite cinq petites statues en or du Bouddha très anciennes qui auraient été ramenée du pays des Môns (tout au sud de la Birmanie, dans la région du delta) au XIIe s.. C'est le sanctuaire le plus vénéré dans l'Etat Shan.
Chaque année, en septembre ou octobre (avec des variations en fonction du calendrier lunaire) un festival se déroule pendant 18 jours et des dizaines de barques décorées forment une longue procession précédant barge royale en forme d'oiseau intha Karaweik qui transporte les statuettes de village en village. Dans leurs barques, des dizaines de jeunes garçons Inthas, vêtus du costume traditionnel se tiennent debout à labri dombrelles bouddhiques et comme les pêcheurs, ils actionnent à un rythme cadencé et rapide leur godille avec une seule jambe. La partie profane des festivités donne lieu à des courses de bateaux.
Après être
passés près d'un abri où est rangée la barge royale
utilisée lors du festival, nous arrivons devant la pagode dont le toit
à étages en dégradé se termine en forme de stupa pentagonal
doré. L'édifice ne date que de 1960.
Nous allons consacrer une
demi-heure à cette visite. Dans le vestibules d'accès certains pèlerins
dorment ou se reposent assis sur le carrelage. Pour l'enseignement des fidèles,
une frise formant une sorte de BD court sur la périphérie de la
salle et les divers tableaux racontent la vie du Bouddha.
Au centre de la
pagode, sur un piédestal autour duquel les pèlerins se pressent,
on aperçoit "cinq choses informes" tant les statuettes ont été
enrobées d'une multitude de petites feuilles d'or au point qu'elles ont
plutôt l'allure de courges ou de calebasses. Bien sûr, comme dans
les autres pagodes, les femmes n'ont pas le droit d'en approcher et l'avertissement
vise aussi les étrangères ("Ladies are prohibited"). La
vénération qui se manifeste ici est d'autant plus grande qu'un miracle
s'est produit ici il y a une quarantaine d'années, miracle que Su Su va
nous narrer.
Lors du festival de 1968 (dans les guides on
trouve mention de 1965) la barge royale chavira et l'on s'empressa évidemment
de repêcher les statuettes sacrées mais on n'en retrouva que quatre.
Lorsqu'on les remis en place après cela, grand fut la surprise de découvrir
que la cinquième était miraculeusement revenue à sa place,
encore humide et souillée par quelques algues.
L'histoire n'est pas
finie.
L'année suivante, en 1969, lors de la procession de la barge
escortée des embarcations villageoises, un très violent orage éclata.
On passa alors à remettre sur le piédestal et immédiatement
le soleil reparut au milieu d'un grand ciel bleu. Désormais la procession
ne se déroule plus qu'avec les quatre autres statues...
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LAC INLE: orfèvrerie, jardins flottants
Après
cela, encore quelques minutes de bateau et nous débarquons au village de
Heyaywama, secteur de Taung Chaung, pour visiter l'atelier d'orfèvrerie
d'argent Mya Hin Tha, dixième et ultime visite d'artisanat. Les Birmans
sont experts en orfèvrerie car rappelons qu'ils pillèrent le Trésor
d'Ayutthaya en 1767 lors du sac de la capitale du Siam!
Pendant près
d'une heure on peut observer différentes phases de la fabrication des bijoux
et les techniques utilisées. A l'origine, on peut partir d'un lingot d'argent
dûment poinçonné par l'Etat ou de la fonte de bijoux anciens.
Pour fondre, souder ou ramollir de petitséléments, les ouvriers
utilisent un chalumeau sur une brique réfractaire. Grande minutie pour
la réalisation des maillons de chaînes, colliers ou bracelets. Travail
d'artistes au niveau du travail de ciselage, de gravage ou de sertissage des pierres.
Enfin, l'éclat est donné par le polissage.
Du centre de la Biramanie, on extrait rubis et jade de grande qualité ainsi que de l'argent et de l'or. Les rubis de Mogok, dun rouge profond, sont très recherchés. Au large des côtes, on pêche également des perles. La Birmanie sest lancée dans la taille des pierres précieuses et dans la production commerciale de bijoux depuis 1993 et a remporté des prix pour la qualité de ses pierres précieuses et de sa joaillerie.
Spectaculaire aussi la façon de redonner de l'éclat à un bijou ancien, par exemple le collier-chaîne à grosses mailles en argent d'Yves. Un employé s'en saisit et, sous le regard inquiet de son propriétaire, le place longuement dans le foyer d'une petite forge avant de la refroidir dans l'eau puis d'effectuer un énergique brossage afin de retrouver un bijou à l'état neuf. Si le bijou n'avait pas été en argent véritable, le résultat aurait pu être catastrophique!
En quittant le village d'Ywama, on passe près d'une pagode moderne et près
d'une forêt de stupas plus ou moins anciens édifiés au bord
du canal.
Nous nous dirigeons maintenant vers la zone de
jardins flottants située au nord du village de Nampan. Nous nous enfonçons
dans des canaux parfois étroits et envahis de jacinthes d'eau, d'autres
plus larges, bordés des habitations où chaque famille possède
sa pirogue, sa barque, son jardin avec sa petite cabane d'aisance tandis que le
lac constitue comme une pièce supplémentaire servant tout à
la fois de buanderie et de salle de bain. Des zones de culture très fertiles
sont aménagées en plates-bandes réalisées à
partir de bandes découpées dans les tapis végétaux
constitués d'herbes et de jacinthes d'eau qu'ils fixent au fond du lac
avec des tiges de bambou de 6m de long et sur lesquelles ils rapportent de la
vase et de l'humus extrait à proximité. Les jacinthes d'eau qui
s'installent à proximité empêchent ce sol artificiel de se
déliter grâce à leur système racinaire très
développé (jusqu'à 3 mètres).
On peut y voir des
cultures de courgettes, haricots, salade, fleurs et les célèbres
tomates dont la saison semble s'achever...
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LAC INLE: monastère Nga Hpe dit "des chats sauteurs"
Nous remontons d'autres canaux vers le nord puis vers l'ouest et nous arrivons
au célèbre monastère Nga Hpe Kyaung, "le monastère
des chats sauteurs". Construit sur pilotis et entouré dun grand
jardin, ce monastère en bois est le plus ancien de la région (1843).
Il repose sur 654 poteaux de teck d'origine, dont 200 peints couleur or. Au centre
de la grande salle, sur des trônes de bois et mosaïques richement décorés,
on peut voir 70 statues de bouddhas offertes par les habitants du lac pour la
réalisation de leurs souhaits.
Le fondateur qui avait recueilli des
chats errants les dressa à sauter par amusement. La tradition des chats
sauteurs s'est perpétuée et, entre des séances de méditation
et de prière, les moines font (normalement) sauter quelques uns de leurs
chats à travers de petits cerceaux de bambou. A la suite de l'agitation
monastique en 2007, la junte voyait d'un mauvais oeil les contacts que ce spectacle
favorisait entre moines et touristes. L'attraction fut un temps suspendue.
En fait aujourd'hui, il semble que le spectacle fasse relâche, du moins
au moment de notre passage. Ici un moine se prélasse sur une chaise tandis
que là des chats se reposent. A force d'encouragements et de croquettes,
un touriste parvient néanmoins à faire effectuer quelques petits
sauts à un chat un peu plus dynamique.
Et les chats
birmans, de leur nom officiel "Sacrés de Birmanie" ?
En fait,
ce n'est pas une race originaire de Birmanie mais créée par sélection
chez nous, en France. L'origine en a été un croisement fortuit entre
un chat siamois et un chat persan.
En revanche, les Siamois n'usurpent pas
leur nom car ils descendent des chats sacrés des temples de Siam (Thaïlande
actuelle).Dans des textes de 1350, il a été mention de cette race.
Leur robe est un dégradé de gris et ils ont de grandes oreilles.
Leur cousin, le Burmese, a un pelage plus fauve.
Il est 17h15 et il est temps de mettre un terme aux nombreuses visites de cette journée. Il faut compter une heure de navigation pour revenir à Nyaung Shwe avant la nuit complète, ce qui nous permettra d'admirer le coucher de soleil sur le lac.
A nouveau, nous avons navigué en tout deux heures pendant l'après-midi...
Revenus sur la terre ferme, nous retrouvons nos conducteurs de trishaws.
Arrivés
à l'hôtel, un quart de répit avant d'enchaîner avec
une heure de spectacle de danses traditionnelles accompagnées par un groupe
de percussionnistes: ballet des oiseaux Karaweik, simulacres de combats au sabre
et au bâton, pitreries d'un animal chimérique, croisement de la girafe,
du cerf et du dragon, qui s'occupe surtout à collecter les billets dans
sa gueule... et, pour terminer, un jongleur qui joue avec une douzaine de torches.
20 heures nous passons à table et ce sera l'occasion de souhaiter l'anniversaire
de Colette (Bouhot), de goûter à un gâteau à la crème
fabriqué tout spécialement et à un bon vin rouge birman bio
"Hythaya".
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LAC INLE: Pagode Shwe Inn Dein
Après une bonne nuit,
c'est reparti pour une nouvelle expédition sur le Lac Inle.
Il est
8 heures et, comme la veille, dans le brume du matin nos conducteurs de trishaws
nous reconduisent à l'embarcadère.
Arrivés
sur le lac, à notre gauche, nous croisons tout un groupe de pêcheurs
en pleine action. Une pirogue nous dépasse avec une quinzaine de passagers,
assis par terre sauf deux moines confortablement installés sur des chaises
au fond de la pirogue de façon à limiter le vent...
Après
une bonne demi-heure de navigation, nous quittons le lac et les roselières
de ses rives pour nous enfoncer en direction de l'ouest, en remontant une rivière
qui serpente dans la jungle. Sur les sentiers qui longent le canal, on voit des
villageois vaquant à leurs occupations et des écoliers se rendant
à l'école. Nous passons près d'un monastère tandis
que, un peu plus loin, un paysan donne le bain à son buffle. Petites sensations
lorsque la pirogue franchit les petits barrages installés de façon
à retenir un niveau minimum d'eau dans la rivière. Le bambou à
l'air de particulièrement bien prospérer sur les berges.
9h30, il y a une heure que nous sommes partis en pirogues et nous voici au village de Nyaung Oak ("à l'ombre des banians"). Spectacles divers: flottage de perches de bambou dans la rivière, femmes transportant des bûches sur la tête, enfants jouant au chinlon, jeu impressionnant et très agréable à regarder en raison de ses nombreuses figures acrobatiques .
Le chinlon est un loisir traditionnel très apprécié des jeunes. Il se joue avec une balle en bambou tressé ou en rotin denviron 12 cm de diamètre. En amusement, un nombre indéterminé de joueurs se placent en cercle et doivent tenter de garder la balle en lair en jonglant avec le pied. En compétition, six personnes, debout à lintérieur dun cercle, doivent se passer la balle sans la faire tomber en la frappant des pieds, des jambes ou des genoux. Dans une autre version du jeu, les joueurs se passent la balle par-dessus un filet de volley-ball en la frappant des jambes et de la tête ce qui correspond à la variante sepak takraw en Thaïlande, Indonésie, Malaisie ou Laos.
Autour du village on aperçoit des stupas récents alors que d'autres
semblent en ruines. Très vite nous arrivons dans la zone de la pagode Shwe
Inn Thein (ou Shwe In Tain ou encore In Dein) avec perception d'un droit photographique
de 500K.
Nous empruntons tout d'abord un petit sentier bucolique longeant
la rivière, au milieu des bambous. Nous abordons aussi les premières
petites échoppes qui vendent des souvenirs, d'anciennes monnaies de Birmanie
(billets de la période de l'occupation japonaise puis de l'indépendance)
et des pays voisins. Un peu plus loin, une villageoise cuit des galettes de riz
dans du sable chaud, sur un foyer de fortune, à même le sol. Puis
nous empruntons une galerie couverte de 600m environ qui monte vers la pagode.
Sur le côté droit on peut voir des tombeaux de moines. Nous quittons
la galerie pour passer dans la zone archéologique basse qui se trouve sur
la gauche. Nous trouvons là les stupas les plus dégradés
du site qui en compte en tout 1054 (1035 selon certaines sources mais vu l'état
de dégradation de certains, on peut comprendre l'écart) selon un
inventaire officiel effectué en 1999. Ils remontent aux XIIIe-XIVe s. Au
milieu de stupas en ruines, on en voit quelques uns qui ont été
remontés et enduits de stuc blanc, grâce à de généreux
donateurs. Certains sont en cours de restauration et certains autres, vers la
parie supérieure du site et voisins de la grande pagode ont même
été redorés. Dans l'enceinte sacrée de la pagode,
les stupas sont tous bien restaurés.
Nous redescendons vers le village
en direction de l'est par la galerie-escalier couverte. La rivière nous
livre un spectacle bucolique: zébus et buffles à l'eau, lavandières...
et nous rembarquons à 11h12.
Une bonne heure de navigation pour redescendre la rivière puis remonter le lac jusqu'à Nuang Shwe.
Nous avons encore navigué en tout deux heures pendant cette matinée... soit 6 heures de pirogue sur le Lac Inle, en un jour et demi!
Le bus nous conduits au restaurant "Golden Kite", restaurant renommé selon Lonely Planet, où l'on sert aussi bien des mets chinois raffinés que des spécialités occidentales. Mais là déception! Su Su voulant sans doute que nous nous réacclimations à nos habitudes européennes nous a commandé des pizzas à la pâte-maison cuites au feu de bois ('"wood fire pizza home made pasta")...
Nous occupons la vingtaine de minutes avant notre départ pour l'aéroport d'Heho en allant traîner un bref moment dans un petit marché situé à quelques centaines de mètres du restaurant. A cette heure-ci on peut encore y voir des étals de toutes sortes de graines: riz, arachide, pois... et de pommes de terre.
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14h15, départ pour l'aéroport: d'Heho: paysans en train de faire de semis, encombrants chargements de canne à sucre sur la route...
Embarquement pour le vol intérieur, toujours aussi folklorique qu'à Rangoun, avec appel par pancarte et mégaphone dans l'unique salle d'embarquement.
Notre
"avion-taxi" décolle à 15h45 avec une demi-heure de retard
pour un vol avec deux escales, à Mandalay puis à Bagan. C'est encore
un avion bimoteur à hélices, un ATR de la compagnie Yangon Airways.
Dommage que nous ayons du retard car le spectacle depuis les hublots aurait été
intéressant. Après un paysage de plaine avec cultures et villages,
nous survolons des collines bientôt remplacées par la bordure montagneuse
du plateau shan.
Après une demi-heure de vol, escale de 10 minutes
à Mandalay.
Nouveau décollage et nous avons droit au coucher
de soleil et à 18 heures nous nous posons à Bagan après avoir
survolé l'Irrawaddy et entraperçu quelques unes des pagodes qui
ponctuent la plaine.
Redécollage, après une quinzaine de minutes
d'escale, pour 1h15 de vol.
Nous retrouvons Rangoun à 19h30.
Pour la dernière soirée et la dernière journée, se reporter à la page relative à Rangoun...
Des regrets?
Quelques ratés dus à de mauvais horaires
ou à des décalages de jours, ne pas avoir pu se rendre dans une
école, un programme qui ne comprenait pas la visite du Mont Popa, excursion
qui devrait pourtant être faisable en optimisant mieux les trajets sur l'eau
(un jour et demi sur l'Irrawaddy et autant sur le Lac Inle).
Enfin, un programme
plus complet (un peu plus long et nettement plus cher) permet aussi la découverte
de la région du delta avec Bago (ou Pegu) aux multiples pagodes (dont la
célèbre pyramide d'or Shwemandaw) et le fameux Rocher d'Or sacralisé
de Kyaiktiyo...
EN GUISE DE CONCLUSIONS
Cela devient presque une habitude de livrer mes impressions et états d'âme à la fin d'un voyage. Est impossible d'échapper au jeu perfide des comparaisons...
"Nous avons fait un pays de plus", expression commune mais quelle arrogance dans le propos! Ainsi, on ferait un pays comme un chasseur fait un sanglier ou un cerf et en accroche fièrement le trophée sur sa cheminée. "N'est-ce pas plutôt le pays qui nous fait?".
Parler savamment de la Birmanie après un si bref séjour et un aperçu qui porte sur 10% du pays relève de la gageure. Peut-on encore parler de la Birmanie comme étant la dictature la plus terrible au monde? Que dire de la Chine, de Cuba ou, pire, de la Corée du Nord? Mais c'est une dictature rampante puisque l'on voit à peine des policiers et aucun militaire dans les rues... mais la délation y est sans doute courante. Beaucoup d'affiches et de panneaux publicitaires mais aucune propagande (à deux mois d'élections!), ce qui est bien différent de Cuba ou du Vietnam et qui ferait davantage penser à la Chine pour cette discrétion...
L'accès dans les contrées
périphériques n'est pas autorisé (et pourrait il est vrai
se révéler dangereux). Les circuits ne montrent pas les bidonvilles
et les villages misérables. La parole des Birmans, y compris des guides,
n'est pas totalement libérée... On peut s'étonner qu'un tel
régime eut entrouvert la porte du tourisme et donc d'une certaine contamination.
Certes il y a là de rentrées d'argents mais le pouvoir ne capte
pas toute la manne touristique qui permet de faire vivre les familles des vendeurs,
chauffeurs de bus, porteurs, bateliers, cochers, conducteurs de trishaws...
Dans un contexte d'ouverture accrue, comment va se passer la sortie de l'isolement
répressif que connaît ce pays depuis un demi siècle?
Comme
dans beaucoup de pays en voie de développement, ici les paysans vivent
comme on vivait dans nos campagne de France il y a seulement une soixantaine d'années
(nos amis d'origine citadine imaginent à tort que "leur retard"
est de plusieurs siècles). Les paysans cultivent leur lopin de terre et
produisent de sorte que la population semble manger à sa faim, du moins
si l'on en juge par l'abondance de denrées très variées sur
les marchés. Quel contraste avec Cuba!
Comme au Vietnam, en Chine
ou en Inde, les femmes font des travaux physiquement éprouvants, pénibles,
portent des fardeaux sur la tête et sont même employées à
lentretien des routes en cassant les cailloux (comme en Inde). Sujet délicat
et non éclairci: le travail obligatoire et forcé est-il toujours
de rigueur?
Les infrastructures sont souvent obsolètes (héritage
britannique) ou inexistantes. Il s'en dégage une impression de misère
notamment dans les transports en commun sur chargés. Là encore on
retrouve le portrait de l'Inde mais ici c'est presque le paradis ici par rapport
à Cuba, même s'il faut acheter de l'essence au "marché
noir autorisé".
C'est pourtant un pays à
riche potentiel dans de nombreux domaines mais il traîne comme des boulets
les entraves à la liberté des affaires, l'accaparement des ressources
par la junte et la mainmise néocolonialiste de grand pays voisin. Si la
Birmanie est aujourd'hui le plus pauvre des pays de l'ASEAN (Association des Nations
de l'Asie-du-Sud-Est), soyons cependant aussi optimistes que Aung
Sann Suu Kyi qui vient de déclarer (février 2012) au journal malaisien The
Sun comment elle
voit son pays dans dix ans: ''Devant tous kes pays de l'ASEAN".
Et aussi, en abordant un sujet beaucoup plus délicat et d'ordre culturel,
celui de la religion qui s'impose plus fortement ici et de toutes les façons
(jusqu'aux prières nocturnes sonorisées venant des monastères!)
que dans tout autre pays bouddhiste, me semble-t-il. Passer des champs ou des
rues aux pagodes révèle contraste et paradoxe. Une population démunie
mais qui fait d'immenses sacrifices pour nourrir moines et nonnes, construire
et entretenir des pagodes et monastères, y faire des offrandes diverses
en nature (statues, fleurs, feuilles d'or) ou en numéraires (en forme d'éventails
ou glissés dans les urnes des pagodes): 1% de la population en bénéficie
et capterait 10% du PIB. Ce qui ressemble à du parasitisme... Occidentaux
rationalistes, matérialistes et plus ou moins athées, avons-nous
le droit de porter un jugement qui peut apparaître sacrilège sur
ces dévotions? N'en étions-nous pas là il y a quelques siècles
chez nous? Mais l'on est loin du bouddhisme pur des origines. La grande piété
de la population teintée de superstition se mêle à des pratiques
syncrétiques qui ajoutent des touches d'animisme (vénération
des esprits, les nats), astrologie (jours fastes pour les naissances, mariages
ou investissements) et alchimie...
Au terme de ce trop court périple, certains friseront sans doute l'overdose au "pays des mille pagodes" mais cela reste un pays exceptionnel, authentique et sûr avec un peuple souriant, attachant et courageux.
junyi, pagne traditionnel
Mon carnet de voyage au MYANMAR Shinpyu (Cérémonie de Noviciation) Thanakha Salade de feuilles de thé mariné: Salade de feuilles de thé de vinaigre est un plat qui joue un rôle important à la fois sociales et religieuses dans tout le pays. Chaque fois que les gens se réunissent à quelqu'un est à la maison ou dans une boutique de thé, ils s'attendent habituellement à ce plat froid avec leur thé vert chaud complexe d'Alaung Sitthou, monywa colline de Shweba pagode Than Bodday, marché de Nyaung Oo, temple de Manuha MORAUTHELI Tous les récits de voyages Visites :