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PETIT LEXIQUE "BIRMAN".

Il s'agit d'une transcription approximative en caractères latins. De plus elle ne rend pas les tons, ce qui signifie que cela peut entraîner des quiproquos surtout lorsqu'il s'agit de mots isolés, donc hors contexte.

- r et le ngr placés en fin de mot se prononcent à peine et on allonge alors de son de la dernière voyelle. Par exemple dans Myanmar [mayanmaa],
- ky se prononce [tch ],
- gy
se prononce [dch ],
- ss
et th, aw se prononcent comme [th anglais],
- sz
se prononce [ss],
- s
se prononce [z],
- aw
se prononce comme [oh anglais].
- h est aspiré et doit être clairement prononcé.

La monosyllabe placée en fin de phrase indique le sens
- interrogatif fermé [la] ou [léé] pour une question ouverte,
- affirmatif [dé] ou
- négatif [bou].

BirmanFrançais
Hoo-ké Oui
M hoo pou Non
Penté lou myoo baJe suis Français
Mingala bâ Bonjour
Tje zu tin ba dé Merci
Ya ba déDe rien
Sé mashi ba
Né thi khan ba
Excusez-moi
Be laon lé ?Combien ?
Einda bé ma lé ?Où sont les toilettes ?
EindaToilettes
Tchaï la… ?Aimez-vous... ?
Tchaï dé… J’aime…
Tchaï bou Je n'aime pas...
GiriMontagne
GuSanctuaire
PahtoTemple
GyiGrand
NgePetit

POLITESSE ET USAGE DES TITRES.

L'emploi de la salutation mingalaba (du pâli mangala) est relativement récent, apparu dans les écoles dans les années 1960 pour remplacer les salutations anglaises et que l'on pourrait traduire par "bon augure pour toi". Elle supplante deux anciennes formules traditionnelles (que l'on retrouve un peu partout en Asie orientale) pour souhaiter Bonjour: "Avez-vous mangé?" (Htamin sa pi bi la) et "Comment allez vous ?" (Nei kaung la).

Comme dans d’autres langues du sud-est asiatique, les pronoms personnels sont souvent remplacés par des termes de parenté, même pour parler de soi.
Ainsi, pour s’adresser à quelqu’un on emploiera en fonction de son sexe, âge ou statut social de l'interlocuteur, un titre particulier précédant son prénom (car les Birmans n'ont pas de nom de famille).
- U
pour un homme mur, qui pourrait se traduire par "oncle",
- Ko
qui peut se traduire par "frère ainé" et s'utilise entre personnes du même âge ou rang égal
- Maung qui peut se traduire par "frère cadet",
- Daw qui peut se traduire par "tante " et
- Ma
qui peut se traduire par "sœur".

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Etape précédente : Bagan

Après les premiers chants bouddhiques vers 5h30, lever à 6h30 pour un départ une heure plus tard.
Il faut commencer par faire entrer par les fenêtres du bus (heureusement qu'elles s'ouvrent dans ces vieux bus) les bagages qui ne trouvent pas place dans la soute...

Encore une longue journée de trajet, non plus en bateau mais en bus cette fois.
Direction l'est, le pays des Shans.

Une demi-heure de route et alors que nous dépassons des collégiens en longyis ou longjis et malgré tout à vélo, nous nous arrêtons intrigués par le spectacle sur le bord droit de la route.

Un moulin (ou pressoir) est en action près d'un tout petit village (du côte de Singat?)...

Village près de Bagan sur la route de Kalaw Village près de Bagan sur la route de Kalaw 
Village près de Bagan sur la route de Kalaw Village près de Bagan sur la route de Kalaw

Le moulin entraîné par un zébu est en train de presser de l'arachide. Il faut broyer 6kg d'arachide pour recueillir un litre d'huile.
Dans une cour du village, deux paysannes sont occupées à trier et à vanner des lentilles.
Puis nous allons avoir toute une présentation sur le palmier à sucre (toddy). Le palmier constitue une ressource vitale. On en tire pour l'alimentation le vin de palme, du sucre, des petites noix comestibles, des pousses (coeurs de palmier), sans compter tous les usages de ses feuilles et de ses fibres.

La technique pour obtenir du "le jus de toddy" consiste à inciser régulièrement jusqu'à plusieurs fois par jour les organes reproducteurs des palmiers mâles ou femelles qui peuvent produire plusieurs litres par jour. Dans ce cas, les arbres ne fructifient pas.
Démonstration. Un homme grimpe au palmier avec une échelle rudimentaire muni de deux récipients pour remplacer ceux qu'il va redescendre. Le jus blanchâtre goûté au doigt trempé est légèrement sucré.
Dans ce climat chaud, la fermentation se produit très vite et l'on obtient le vin de palme, alcoolisé (5 à 10°), pétillant qui fait plutôt penser à une sorte de bière ou de cidre (et pour ceux qui sont allés au Pérou, à la chicha). En quelques jours le jus non consommé tourne au vinaigre!

Une façon d'éviter qu'il se gâte consiste à distiller ce vin. Au bout d'une double distillation avec un alambic très rustique on obtient un "marc" qui titre environ 40°. De grands jarres en grès installées sur un foyer sont remplies aux deux tiers avec le vin à distiller sur lequel flotte une coupelle métallique destinée à recueillir le condensat qui se forme sous le fond d'une cuvette métallique remplie d'eau froide, placée tout au-dessus. Avec les photos vous comprendrez. Dégustation...

Mais on peut en faire également autre chose. Le jus est filtré avant d'être cuit (concentration) durant quatre à cinq heures dans de grands chaudrons afin de le transformer en sirop. Battu pour amorcer la cristallisation, le sucre obtenu est brun. De cette mélasse on fait des confiseries. Dégustation de "jaggeries", des bonbons à base de pâte de jujube et de sucre de palme.

Pour finir, atelier de fabrication de petits paniers en feuilles de palmier puis dégustation apéritive de délicieux cacahuètes, noix de cajou, graines de sésame... et salade de thé mariné à la saveur épicée et vinaigrée (phet thouk). C'est un plat qui joue un rôle important à la fois sur le plan social et religieux car chaque fois que les gens se réunissent à la maison ou dans une boutique de thé, ils s'attendent à ce qu'on leur présente ce plat froid pour accompagner leur thé vert, lui servi chaud...

Une heure de visite que nous n'avons pas vu passer. Il est 9 heures et il reste bien 200 km à parcourir, dont le dernier quart dans une zone de montagne.

 


Tout notre trajet va être ponctué de ralentissements dus aux chantiers de réfection ou d'élargissement de la chaussée. Comme on a pu l'observer en Inde du sud, ici également ces chantiers discontinus ont l'air d'être conduits sans aucune cohérence car ils sont parfois distants de plusieurs dizaines de kilomètres.
Peu de matériel, presque tout se fait manuellement: empierrement fait par des femmes (parfois bien jeunes). On a même vu une ouvrière son bébé dans une écharpe sur le dos, sans doute afin de pouvoir l'allaiter. Elles portent sur la tête des paniers remplis de cailloux préalablement concassés jusqu’à l'endroit où ils sont mis en place. A la différence des femmes indiennes, ici elles ne cassent pas la pierre avec des massettes.
Le travail des hommes serait-il plus enviable? On pourrait peut-être le penser de premier abord mais le travail qu'ils effectuent peut avoir des conséquences pernicieuses très graves. En effet, ils s'occupent de faire fondre du bitume dans des bidons de 200 litres, parfois chauffés par un simple brasier, puis ils transportent le goudron fumant à coup de sceaux et le répandent sur l'empierrement, mètre par mètre

Au bout d'une heure, sur notre gauche se dessine la silhouette du Mont Popa.

GROSSE LACUNE DANS NOTRE PROGRAMME,
LE MONT POPA NE FAIT PAS PARTIE DE NOTRE CIRCUIT

Le Mont Popa (" fleur " en sanscrit) est un volcan éteint culminant à 1518 mètres d'altitude et dont les pentes verdoyantes plantées de bananiers et d'essences diverses, contrastent avec la région sèche environnante. Sur cet éperon considéré comme la demeure des Dieux, entendez par là les "37 nats", fut instauré il y a plus de 700 ans un lieu de culte. Les temples kitschs sont récents, oeuvres du moine U Pyi Sone. Les statues habillées de toutes sortes de façon témoignent des croyances animistes encore vivaces.
Pour jouir d'un immense panorama, il faut grimper au monastère bouddhiste Taung Kalat perché tout au sommet de l'éperon rocheux après avoir gravi 777 marches (attention 300 marches à effectuer pieds nus).
Cette excursion est souvent faite à partir de Bagan sur au moins une grande demi-journée. Pour les voyagistes qui l'intègrent sur l'itinéraire Bagan-Kalaw, on se demande bien comment ce détour peut être géré... sauf à quitter Bagan à 6 ou 7 heures du matin et à arriver à Kalaw vers les 20 heures...

Sur la route de Kalaw

 

Arrêt technique vers 11h15 dans un village (du coté de Shan Ma Nge ?). Restaurant de campagne, boutiques de vente de chiques de bétel. Maisons kitsch à étage de nouveaux riches, avec de rutilants balcons en inox, comme au Vietnam! Champs de coton... Aires de battage du riz et meules de paille de riz aux abords de certains villages ou de fermes.


Nous passons la bourgade de Mondaing et à l'approche de midi nous arrivons dans la ville de Meiktila qui se déploie autour de son lac éponyme. Une pagode en forme de barge royale, l'oiseau mythique de la culture birmane, Karaweik, connu pour ses chants mélodieux. Suite à un miracle ayant épargné la noyade, on y vénère un bodhisattva (courant mahayana).
Puis c'est Thazi, des zones inondées lacustres et un axe ferroviaire important.
Tiens, une mosquée par ici.
Arrive Payangazu et une vaste zone industrielle avec des entrepôts de grumes de teck bien protégées derrière clôture et miradors (2500 fonctionnaires seraient employés dans le pays à cette industrie lucrative). Et toujours des chantiers routiers...

Au long du trajet nous aurons encore quelques aperçus de la vie des Birmans: camionnettes bondées assurant les transports en commun avec les derniers passagers installés comme il se doit sur le marchepied et se tenant d'une main aux ridelles…ou sur le toit, assis au milieu des valises et des sacs. Des charrettes de fourrages tirées par de maigres zébus, des vendeuses de balais et d'autres de pastèques, des collines coiffées de stupas dorés, quelques champs de canne à sucre... Des immeubles en construction derrière leur échafaudage de bambou et des maçons acrobates et casse-cous...

Des villages et bourgades avec leurs écoles de taille variable, primaire et parfois collège, où l'on ne s'arrête pas, malgré le souhaits de plusieurs d'entre nous de pouvoir remettre aux enseignants des petites fournitures scolaires pour leurs élèves. En bonne asiatique, Su Su esquive la difficulté.
Quel problème cette action pourrait-elle bien occasionner ? Et à qui ? Aux enseignants?  Au chauffeur et à la guide ? Dans un autre pays très particulier,  Cuba, la démarche était également délicate mais avait été possible...

De bien rares stations services et même de détaillants en essence au marché parallèle.
Et aussi des casernes et camps militaires relativement discrets. Il est vrai que l'on approche de la frontière d'un Etat minoritaire de la confédération du Myanmar. Bien qu'en ne fasse que passer devant en bus, je suis étonné que Su Su ne nous demande pas de nous abstenir de prendre des photos (les guides insistent sur ce point).

Nous avons déjà commencé à grimper. Arrêt déjeuner à 13h30 dans le petit restaurant local "Golden Land" du village de Yin Mar Bin. Repas simple mais paisible, loin des groupes qui envahissent les grands restaurants à touristes. Des urinoirs façon abreuvoir qui me rappellent des souvenirs de haute montagne.

Il faut reprendre la route pour sa partie la plus difficile.

La moyenne va flirter avec les 30kmh sur une route cahoteuse, truffée de nids de poule ou plutôt de souilles d'éléphant. C'est une étroite route de montagne avec de nombreux lacets, d'innombrables tronçons transformés en pistes .


Plus que jamais, le trajet est ponctué de ralentissements voire d'arrêts occasionnés par les travaux sur la chaussée où l'on voit davantage d'hommes que précédemment semble-t-il.

Tout comme en Inde, c'est pour nous l'occasion de voir les conditions de vie misérable d'une partie de la population, à une différence près, les sourires et les saluts que de nombreuses ouvrières nous adressent. Pourtant les ouvriers de ces chantiers routiers ne perçoivent qu'un salaire de 1,50€ par longue journée de labeur et l'on n'évoquera pas ici les travaux forcés auxquels la junte a parfois eu recours.
A ce rythme, la mise à un gabarit à deux voies de cette route devra bien mettre dix années.

 

Sur la route de Kalaw 
Sur la route de Kalaw

Et toujours des spectacles insolites: détaillants d'essence au marché noir, véhicules improbables utilisant un moteur d'origine chinoise monocylindre à volant d'inertie, genre gros motoculteur que l'on retrouvera pour la propulsion des pirogues, véhicules crevés ou en panne, petits autels sur le bord de la route, tas de bambous prêts à être expédiés.
Nous grimpons toujours; il est plus de 15h. Des bus "super-express" nous doublent allègrement mais ce n'est pas grave tant que nous ne tombons pas en panne. Pourquoi cette allusion pessimiste? J'ai déjà évoqué le cas de voyageurs faisant le même circuit en novembre et qui ont eu la malchance de cumuler panne de bateau sur l'Irrawaddy et crevaison sur la route où nous sommes, ce qui à entraîné une longue attente pour faire réparer la roue... Peut-être que finalement leurs déboires suivis de réclamations nous profitent-ils...

Nous arrivons dans une zone de virages en cours d'aménagement et on a carrément ouvert des carrières à flanc de montagne. Des hommes y travaillent de façon aussi rudimentaire que sur les routes, avec de rares perforatrices et surtout à la barre à mine et à la masse. La chaussée très rétrécie provoque un embouteillage de camions, bus et camionnettes. En raison de l'état de la route réduite à l'état de piste, chaque véhicule soulève des nuages de poussière à tel point que la verdure disparaît du paysage sous cette couche de crasse. Plus loin, au bord de la rivière que la route surplombe, on peut voir des milliers de sacs en plastique blanc remplis de charbon.

Pause technique improvisée dans un petit village du côté de Pyingyaung. Une famille nous donne accès à sa "petite cabane au fond du jardin", à côté de la cabane aux cochons et du petit potager situé juste en contrebas!

Nous entrons dans l'Etat des Shans.

Les Shans ou Chans (11% de la population birmane soit environ 6 millions) ainsi que les populations apparentées des régions montagneuses du nord (Hkamtis) ont des parlers thaïs. En effet, partis du Yunnan il y a un millénaire, leur migration vers le sud les a fait traverser l'actuelle Thaïlande. Par son importance, ce groupe ethnique a longtemps tenu tête aux pouvoirs birmans, aux époques impériales, comme après l'indépendance où ils avaient pu maintenir une forme d'autonomie avec à leur tête un prince, le saw baw ("seigneur du ciel"), jusqu'au début des années 1960.

Puis ce sont à nouveau des forêts assez luxuriantes qui couvrent collines et montagnes, d'où émergent de place en place des arbres aux fleurs roses, des touffes de bambous et quelques bananeraies.


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KALAW


17h45. Il fait nuit quand nous arrivons enfin à Kalaw, après plus de 12 heures de trajet, pauses comprises. Plaignons nous! alors que notre chauffeur doit repartir à vide cette nuit pour renter à Bagan.

Quelques pagodes aperçues ici ou là et même une mosquée. Une ambiance ville du far-west, il serait plus juste de dire ici "far-east" dans cette ancienne station climatique des colons britanniques située sur la bordure ouest du Plateau Shan. Je suis un peu iconoclaste dans le qualificatif alors que le guide Nelles qualifie Kalaw de "petite ville idyllique"! Sans doute l'effet de la fatigue qui joue sur mon jugement... Pourtant pour les routards, c'est le point de départ pour des treks dans les "montagnes" environnantes ou permettant de rejoindre le Lac Inle en 2 ou 3 jours. On voit un peu partout des bureaux de guides.

Comme notre groupe est plus fourni qu'il est d'usage dans ce circuit et qu'ici les hôtels sont petits, nous sommes répartis dans deux hôtels. Cette adaptation ne doit pas être étrangère au changement de date de notre voyage...

Il faut ressortir par les fenêtres du bus les bagages qui n'avaient pas pu trouver place dans la soute...
Pour notre part nous logeons au Dream Villa, hôtel classé en catégorie moyenne par le guide Lonely Planet. Pas vraiment un hôtel de rêve mais sympa avec sa réception qui affiche un portrait d'Aung San Suu Kyi, son bel escalier et sa terrasse mais un confort un peu spartiate: chambres petites, eau chaude rare, vue sur des constructions bancales et pas de chauffage, ce que l'absence d'isolation n'arrange pas. A 1300m d'altitude, il ne fait pas chaud la nuit (4 ou 6°)... Il faut se rappeler que par 100 mètres d'altitude, la température se réduit d'environ 6/10e de degré!

Avant de dîner, petit tour en ville dans des "rues" très peu éclairées. Coup d'oeil à la pagode et au monastère voisin Shwe Lin Lun avec un rocher doré en guise de stupa. Un peu plus loin, une modeste pagode avec au fond de la salle un petit Bouddha à l'auréole scintillante de lumières multicolores et devant lui deux bonnes douzaines de statuettes en position debout...

Dîner au restaurant Dream Villa, non loin de l'hôtel du même nom et tout à côté de l'hôtel Honey Pine où sont logés nos petits camarades "excédentaires"!

Il ne fait vraiment pas chaud ce qui n'incite pas à faire un petit tour. Arrivés à la réception de l'hôtel Dream Villa, nous avons la bonne surprise de nous voir proposer une bouillotte bien chaude, une par chambre ...même à deux lits!

KALAW - bouillottes bienvenues au Dream Villa !!!

 

 

A 5h30, on commence à entendre un son de cloche ou de gong dans les rues. On prévient les fidèles du proche passage des moines quêtant l'aumône et, une heure plus tard, c'est la psalmodie des soutras diffusée au haut-parleur depuis le monastère Shwe Lin Lun (sur Aung Tha Pray Street) tout proche. Dommage car le lever n'était prévu qu'à 7h30.
La procession des moines quêteurs est annoncée par un jeune moine qui frappe le triangle de bronze de son gong portatif.

KALAW -  Monastère Shwe Lin Lun KALAW -  Pagode Aung Chan Thar 
KALAW -  au marché KALAW -  au marché

Nous trouvons un nouveau bus, plus récent, toujours japonais, avec des rideaux genre corbillard! Tout au plus quelques centaines de mètres pour nous rendre au marché local en passant devant la pagode Aung Chan Thar avec son stupa habillé de mosaïques dorées et argentées qui scintillent au soleil et son mât surmonté non pas d'un coq mais de l'oiseau karaweik emblématique du pays.

Le marché se tient cinq fois par semaine selon un roulement qui le fait passer dans les villages de la région. Nous avons de la chance puisque c'est le jour de Kalaw. Un marché très rural où l'on trouve des ustensiles pour la maison, des outils et des quantités de denrées présentées par des femmes de tribus montagnardes (Palaungs, Danus, Tarays), certaines avec une serviette éponge en guise de coiffe. En en verra d'autres sur le marché au Lac Inle.

Cela nous rappelle notre voyage en Chine, dans la région de Guillin, et plus précisément notre visite au village de Ping'An (rizières en terrasses). Les femmes de l'ethnie zhuang occupant les collines ont également les cheveux recouverts par un tissu éponge même si la façon de l'enrouler est différente...
A noter que ces lieux sont distants d'environ 1300km et séparés par les montagnes du pays shan et par celles de la province chinoise du Yunnan!

On y voit peu de viande de quadrupèdes mais d'énormes poulets alors que ceux que l'on voit habituellement dans les basses-cours sont efflanqués et tout en pattes, de la viande de porc. Des quantités de poissons frais ou séchés, anguilles fraîches ou rôties (fumées?) en brochettes et même petits crabes (d'eau douce!).


Les productions végétales sont d'une grande diversité. Du fait de la latitude du pays, on trouve tous les produits tropicaux et du fait de l'altitude du plateau shan, on trouve également tous ceux de nos pays tempérés: des fruits (mandarines-miel, pommes, pastèques, bananes et même fraises) et des légumes (arachide, oignons, aubergines, petits pois et pois mangetout, ciboulette-racine, navets, tomates, choux, pommes de terre, piments, gingembre, épis de maïs, coeurs de palmier, haricots longs, fèves, gingembre, canne à sucre, lentilles...). Et encore, du thé, des oeufs de cane et de poule, des montagnes de nouilles, des galettes de riz et de tofu... Sans oublier les "bouddhieuseries" de rigueur!
C'est aussi l'occasion de voir que l'obligation du port du casque sur les cyclomoteurs et motos est respecté avec ces étranges casques type "Wehrmacht". Bref, trois quarts d'heure que nous n'avons pas vu passer.

Pour rejoindre la Lac Inle, nous avons une bonne centaine de kilomètres à parcourir, en comptant un crochet d'une quarantaine de kilomètres pour aller à Pindaya.
Tient une pompe à essence! On s'en étonne tant elles sont rares, disons une tous les 100km! Et juste à côté, sur le trottoir, des vendeurs d'essence en bidons, au noir...autorisé. Sur ce marché parallèle, le transport et la manutention de l'essence dans ces conditions doivent être souvent à l'origine d'accidents et d'incendies.

Petit aparté au sujet des carburants.

Bien que produisant du pétrole, la Birmanie doit importer une partie de son carburant (notamment du Koweit). Le gouvernement détient le monopole de la ventes des carburants qu'il subventionne. Pour les particuliers, il y a un système de rationnement de l'essence suite à l'embargo américain (ça nous rappelle Cuba!). En 2008, le gouvernement a réduit la ration hebdomadaire d'essence subventionnée de six à quatre gallons. Actuellement, le rationnement correspond à 2 gallons par jour (soit 2x4,4 litres) au tarif de 3500 Kyats, soit 390K le litre (ou 0,39€). L'équivalent sur le marché parallèle coûte 500K le litre ou 4500K les 2 gallons. Ca fait quand même une plus-value de 30%! En revanche, il n'y a pas de rationnement sur le diesel.

Maintenant une fabrique artisanale de parpaings et là ce sont des chargements hors gabarit et toujours de chantiers d'élargissement de la route et même des moines qui travaillent! N'oublions pas quand même que nous sommes sur la Nationale 4.

A Aungban, nous prenons une route secondaire en direction du nord. Tiens, un peu de modernisme avec un camion de sondage de sol pour le compte du "Three Million Construction Group Co Ltd". Pour quel projet immobilier ou autre ? Une région fertile avec une terre rouge brique, ce qui donne une superbe marqueterie avec les champs dorés ici, verts ailleurs. Des fermes avec de charrettes tirées par une paire de zébus, des tracteurs-motoculteurs chinois, labour à l'araire avec une paire de zébus, blé à divers stades proches de la moisson. On rencontre ici les ethnies des Danu noirs et des Pa-o à carreaux. Su Su nous parle aussi des arbres couverts de fleurs roses, ce sont de cerisiers japonais, en fleur ici dès le début de l'année alors qu'ils ne le seront dans leur pays d'origine que dans quatre mois... Plus loin, d'autres arbres, sont couverts de ce qui semble être des fleurs rouge vif, peut-être des arbres du genre bombax malabaricum, de la famille des fromagers? Ici la moisson à la faucille commence et plus loin, elle est mise en javelles (petites gerbes) laissées sur les chaumes pour finir de sécher avant les battages. Justement on voit une camionnette transportant une petite batteuse. Puis c'est un atelier familial de fabrication de chaux.


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PINDAYA


Nous voici à Pindaya à 10h30, à environ 1200-1300m d'altitude.

L'attraction est constituée ici par une étrange pagode, en fait il s'agit de grottes naturelles, formées il y a 200 millions d'années dans le calcaire, qui ont été investies par les bouddhistes au fil du temps. On visitera la plus célèbre que l'on appelle Shwe Umin.

On voit souvent la mention de "grottes aux 8 000 Bouddhas" mais cela ne veut rien dire car leur nombre s'accroît constamment. Peut-être allons nous vers les 9000, de toutes sortes (teck, ciment, marbre, bronze, jade vert...), de toutes tailles et de tous âges.
Pendant la seconde guerre mondiale, des soldats japonais s’y seraient cachés.

Mais avant d'y pénétrer il faut emprunter un escalier couvert au bout duquel nous attend un chasseur bandant son arc en direction d'une hideuse araignée géante.

Cette scène digne d'un Disneyland évoque la légende du lieu, un conte de fées birman.
"Il était une fois sept soeurs, des princesses, tout absorbées par leur baignade dans le lac voisin. Elles furent surprises par la nuit et décidèrent de se réfugier dans cette grotte mais une araignée géante y vit d'appétissantes proies et tissa une toile devant l’entrée de la grotte pour les y tenir prisonnières. Elles appelèrent à l'aide et, par chance, le jeune prince Kummabhaya passant là par hasard les entendit et pour les délivrer tua le monstre d'une flèche en poussant le cri Pingu-ya ("l’araignée est morte") d’où le nom de cette grotte.
Sa récompense fut d'épouser la plus jeune et jolie des princesses !"

Une autre légende voudrait que cette pagode eut été construite par le roi (indien) Asoka et réparée par le roi Alaungsithu au XIIe s. alors que ce lieu de culte est en réalité bien postérieur.

Pour finir l'ascension facile menant à l'entrée de la grotte, on peut utiliser un ascenseur. Droit de 300 kyats pour prendre des photos. La grotte est éclairée mais par prudence, il serait sage d'avoir une lampe de poche avec soi en cas de coupure d'électricité et ça peut servir pour observer certains détails ou pour lire des inscriptions.

A l'entrée, de grands panneaux expliquent en birman et en anglais les 31 états de l'être. La destinée humaine se situe entre les états inférieurs (enfers, fantômes, animaux) et les états supérieurs menant vers l'éveil. .

Cette grotte est considérée comme l’une des plus belles grottes du Myanmar, l’une des plus mystérieuses d’Asie du Sud-Est. Des statues ont été déposées et accumulées dans un grand désordre au fil du temps. Les plus grandes (10m) et les plus anciennes (XVIIe s.) statues du Bouddha se trouvent proches de l'entrée. Elles étaient alors en teck, albâtre, marbre ou bronze, mais aujourd’hui beaucoup ont été recouvertes de feuilles d’or ou relaquées tandis que de nouvelles statues s'ajoutaient. Certaines statues en position assises, paume de la main gauche tournée vers le haut et contenant une graine témoignent d'une influence du bouddhisme de tradition Mahayana ("Grand Véhicule").

On est bien dans une pagode naturelle car dans l'entrée se dresse un stupa doré. Cette entrée fut élargie à l'aide d'explosifs en 1925.
Après l'entrée, nous nous dirigeons d'abord vers la partie gauche de la grotte, avec un chemin labyrinthique (il y a un vrai labyrinthe d'ailleurs) en raison de l'encombrement de statues. Le sol s'élève peu à peu et on peut voir d'anciennes draperies, des concrétions de calcite "mortes" (l'eau ne suinte plus). Par les plaques commémoratives, on constate qu'un grand nombre de statues ont été mises en place ou rénovées depuis les années 2000 et même tout récemment (2010) par des donateurs particuliers ou entreprises ("Computer Center"!) venant non seulement du pays ou d'Asie mais aussi d'Australie, de Singapour, de Malaisie, d'Indonésie, du Japon, des Etats-Unis, d'Allemagne et même de ...France (un petit Bouddha).
Nous pourrions croire qu'il y a des Bouddhas noirs comme il y a des Vierges noires vénérées chez nous (à Rocamadour, au Puy-en-Velais ou aux Stes Maries-de-la-Mer). Erreur, car les Bouddhas noirs que l'on voit ici, ont tout simplement reçus récemment une couche de laque protectrice et sont tout bonnement en attente de généreux donateurs décidés à les redorer. Pour un Bouddha de 1,50m, il en coûte 1500$.

Revenus vers l'entrée, nous nous dirigeons vers les couloirs situés du côté droit. La densité de statues est moindre, on voit mieux le cadre géologique originel de la grotte et le parcours autorisé finit devant l'entrée d'un boyau qui conduirait à d'autres salles de méditation.
Après une heure de visite, retour vers l'entrée et, au passage, on peut remarquer des statues hétérodoxes, sans doute quelques nats...

PINDAYA - grotte aux 8000 Bouddhas (Shwe Umin)



Superbe vue sur la ville, son lac, ses "champs" de stupas et les lignes très esthétiques des escaliers couverts montant à l'assaut de la falaise, vers les grottes.

Le bus nous ramène au bas de la colline où l'on peut admirer de nombreux banians tricentenaires qui ont la particularité d'émettre des racines aériennes à partir de leurs branches. C'est un arbre sacré car il renferme l’esprit de Bouddha et symbolise la vie éternelle avec ses racines proliférantes.

Juste à côté, nous allons visiter l'atelier de papier shan ou papier de mûrier et de fabrication d'ombrelles "Aung umbrella" dans le quartier Pyitawtha. Nous y consacrons une demi-heure.

Commençons par la démonstration du papier. Les branches du mûrier sont écrasées à l'aide d'un maillet pour en dégager les fibres et former une pâte dans laquelle on ajoute des fleurs ou des pétales. La pâte bien homogénéisée est filtrée à l'aide d'un tamis qui sera exposé au soleil pendant une journée avant d'en détacher la feuille de papier grossier qui servira à la fabrication des ombrelles, de lampions mais aussi de papier d’emballage original.

Venons-en maintenant à la fabrication des ombrelles… On commence par le manche dont la partie la plus complexe se trouve au niveau de l'articulation des baleines. Cette pièce est façonnée par un homme avec un tour rudimentaire tandis que le système de taquet d'ouverture et de fermeture est très ingénieusement fait à parti d'un morceau de bambou incurvé mis sous tension dans la tige creuse du manche. Une femme place sur l'armature le papier avec de la colle faite à base de riz gluant. Il ne reste plus qu'à mettre la touche finale en y peignant éventuellement des motifs décoratifs.

Il est 12h45 et comme qui dirait, une petite faim se manifeste. Nous l'apaiserons au restaurant "Green Tea", tout au bord du lac Nathimi Kan autour de laquelle se déploie la petite ville (50 000 habitants quand même!).
Spectacle insolite sur le lac de 4 moinillons plus ou moins culs nus et s'amusant à bord d'un radeau de bambou... Sur l'autre rive du lac on peut apercevoir les stupas dorés d'une pagode.

14h15. Une heure de trajet en sens inverse sur la route secondaire avant de retrouver la Nationale 4 à Aungban. Les villageois on repris leur travail dans les champ où ils s'activent à la moisson de toutes parts tandis que dans une plantation de thé, culture rare dans cette région, deux cueilleuses s'affèrent. Ailleurs, c'est un troupeau de buffles d'eau qui paissent sur les chaumes desséchés.


Nous voici sur la nationale, partis vers l'est. Toujours des chantiers routiers, des chargements improbables, des véhicules en panne, des pagodes sur les collines, de la poussière venant de la route à l'état de piste. A un point tel que la végétation qui en est recouverte est méconnaissable: bananiers, chouchous (ou chayotte ou cristophine) accrochés sur des fils...
Des pannes mais pas d'accidents. Pourtant, ici, l'examinateur du permis de conduire peut plus ou moins s'acheter (outre le versement de la taxe officielle de l'ordre de 60 000 Kyats!). C'est vrai que les conducteurs sont prudents et ne roulent pas vite vu l'état des routes. Et cela vaut mieux aussi du fait qu'il n'existe pas de système d'assurances...

Une douzaine de kilomètres après avoir dépassé la ville d'Heho (aéroport), nous avons quitté la Nationale 4 qui se poursuit vers Taunggyi, la capitale de l'Etat Shan, pour nous diriger vers Nyaung Shwe, au sud.

17h15, nous commençons à longer les zones lacustres au bord de la rivière canalisée Nam Pilu qui rejoint la queue du Lac Inle.


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Monastère SHWE YAUNGSHWE

Arrêt d'une demi-heure au kyaung (monastère) Shwe Yaungshwe (ou Shwe Yan Pyay) à Shwe-Nyaung. Ce monastère sur pilotis fut construit en teck en 1907. Par ses étonnantes fenêtres ovales qui se découpent sur le bois sombre, à cette heure tardive, on voit les visages de novices assis en position de lotus, au pied d' une statue du Bouddha posé sur un socle de mosaïque, en train de réciter les textes sacrés dans la semi-obscurité sous la direction d'un moine.
On accède à la salle par l’escalier extérieur en pierre représentant des figures de dragons. Les pointes de pignons sont surmontées d'audacieuses découpes en bois mais dommage qu'à côté de cela les toits empilés en dégradés soient couverts de tôles…

 


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NYAUNG SHWE et LE LAC INLE
(liste indicative du Patrimoine Mondial de l'UNESCO établie en 1996)

 


APERCU ETHNO-LINGUISTIQUE
et LANGUES PARLEES EN BIRMANE.

La Birmanie regroupe, en sus de la majorité birmane dite "de souche" répartie sur sept divisions territoriales au centre du pays, quelque 135 minorités ethniques mais, en dehors des Bamars (terme plus spécifique que Birmans qui fait référence à tous les habitants du pays), seules sept "races nationales", formant autant d'Etats, sont reconnues par le gouvernement : Shans (à l'est), Môns (au sud), Karens ou Kayins (également au sud), Karenni ou Kayahs (au sud-est), Chins (à l'ouest), Kachin ou Jingpo (à l'ouest) et Rakhine ou Arakan (à sud-ouest).
A l'opposé, certaines ethnies très minoritaires vivant au sein de ces états sont peu (re)connues: Rohingyas, Gurkhas, Méos (Hmongs), Kadus, Mokens ( Mawkens)...

Implantés dans la longue plaine centrale fluviale nord-sud (69% soit 35 millions), les Bamars (que nous appelons ainsi pour éviter toute confusion avec le terme générique de Birmans utilisé pour désigné tous les habitants du Myanmar) partagent leur parler avec les Arakanais, leurs anciens "frères ennemis" vivant dans l'Etat côtier situé au sud-ouest du pays (6% soit 3 millions). Le parler bamar voisine avec une trentaine d'autres langues de la familles tibéto-birmanes dispersées dans les états voisins: au nord avec les Kachins surtout (2,5% soit plus d'un million) et aussi Lisus et Nagas (anciens "coupeurs de têtes" avec 100 000 individus), à l'ouest les Chins et à l'est les Lahus et Akhas.
En revanche, les Shans ou Chans (11% soit environ 6 millions) de l'est ainsi que les populations apparentées des régions montagneuses du nord (Hkamtis de région de Sagaing) ont des parlers thaïs (rattachés à la grande famille des langues austronésiennes diffuses dans les régions du Pacifique et de l'Océan Indien).
Au sud, on retrouve un groupe résiduel de locuteurs Môns (3% soit 1,5 million) qui ont occupé le sud du pays avant l'arrivée des Bamars. Ils ont un parler khmer (rattachés à la grande famille des langues austroasiatiques présentes en Asie du Sud-Est). Leur culture s’assimile en grande partie à celle des Bamars. S'y apparentent les Was (animistes, anciens "coupeurs de têtes" jusque dans les années 1970) et la très ancienne ethnie autochtone des Palaungs. Ces deux communautés montagnardes sont incluses dans l'Etat Shan, à l'est du pays.
Quant aux Karens ou Kayins (5% soit 2,5 millions), à la frontière thaïlandaise, leur langue serait également issue de la famille tibéto-birmane même si elle a repris les structures grammaticales des langues voisines shan et môn "Sujet+Verbe+Complément" (cf. un peu plus bas). Ils se répartissent en de nombreuses tribus: Pa O, Pa Kus (ou Karens Blancs), Bwes, Karens Noirs... Quant à la tribu des Padaungs (ou Karens Rouges), connue pour ses "femmes girafes", elle occupe le petit Etat Kayah, au sud de la zone de peuplement karen.
Le pays compte aussi 150 000 Chinois et 800 000 Indiens.

LE BAMAR, parlé par plus des deux tiers des habitants du Myanmar appartient à la famille des langues sino-birmanes, langues que l'on trouve dans certaines régions de nombreux pays d'Asie (Chine, Inde, Tibet, Népal, Bhoutan, Birmanie, Pakistan, du Bangladesh, de la Thaïlande, Laos, Viêt Nam).
Tout comme le tibétain et le chinois, le bamar trouverait donc son origine dans l'est du Tibet. Du Tibet dérive également son écriture lorsque, au VIIe s., le roi Songtsen Gampo envoya en Inde des Tibétains pour y étudier le sanskrit et s'inspirer de l'alphabet indien devanâgarî. A moins que l'on se soit inspiré de l’alphabet môn, lui-même dérivé du grantha, en usage dès le Ve siècle av. J.-C. en Inde du Sud, proche du pâli utilisé pour l'écriture des premiers textes bouddhiques.

A la base, langue mono ou bisyllabique, le bamar est une langue agglutinante dans la mesure où les mots s’adjoignent des particules et des suffixes.

C'est une langue qui possède trois tons (haut, bas et descendant). Elle comporte trente-trois consonnes et sept voyelles, ces dernières pouvant être diphtonguées et nasalisées.

Dans l'écriture, des signes combinés aux lettres permettent de marquer les tons haut et descendant. Le bamar s’écrit de gauche à droite et le plus souvent sans séparer les mots. Tout comme le thaï, le khmer et le lao, le bamar est écrit avec des lettres rondes qui ressemblent à celles de plusieurs alphabets indiens dont il s'est inspiré. Cette écriture est apparue au XIe s. et la plus ancienne trace retrouvée est une inscription du XIIe s.

Au niveau grammatical, les mots d'une phrase simple s'agencent dans l'ordre: "OBJET+COMPLEMENT+VERBE". Il n'y a pas toujours emploi de pronoms personnels sujets, lesquels comme dans d’autres langues du sud-est asiatique, sont souvent remplacés par des termes de parenté "oncle", "petite tante", "grand frère", "grande soeur"...

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Un peu après 18h, nous arrivons à Nyaung Shwe ("le banian d'or"), l'ancienne capitale de l'Etat shan, un village plutôt qu'une ville, d'environ 1500 habitants.

usqu'à la prise de pouvoir par la junte en 1962, la ville s'appelait Yaungshwe et son souverain, le sao pha ou saw baw ("le seigneur du ciel") qui dirigeait les 33 provinces de l'Etat Shan y résidait avant d'être destitué et arrêté.


L'hôtel Paradise Inle Resort se trouve en plein centre, rue du musée. Donc rien à voir avec notre carnet de voyage qui faisait allusion à un hôtel situé sur les rives du lac et auquel on devait accéder en pirogue. Etrange confusion de nom avec le Paradise Hotel...
Comme à Kalaw, le groupe doit être séparé en deux et nos camarades sont logés ailleurs.

Toujours de la fraîcheur, nous sommes vers 900m d'altitude et le lac est tout proche. Un service web est disponible à 2$ de l'heure mais l'électricité subit des coupures (et le groupe électrogène ne démarre qu'au bout de quelques minutes).

 

Pour une fois, le dîner est servi dans notre hôtel et nos camarades nous y rejoignent vers 20h, véhiculés en trishaws.

 

Dès 8 heures nos conducteurs de trishaws nous attendent après avoir béni leur guidon avant de commencer leur journée. C'est au bruit des sonnettes que nous traversons la bourgade, ce qui nous fait passer auprès de la pagode (paya) Yadana Man Aung, la plus ancienne, au stupa élancé. Un stupa unique en son genre en Birmanie avec sa section pentagonale, de la base au sommet.

Spectacle de gens qui font leur toilette dans le canal, famille de forgerons installée de façon rudimentaire sur le trottoir, au pied d'un banian...
Nous voici bientôt à l'embarcadère sur le canal principal (Nam Chaung).

 

 

Grande journée sur le Lac Inle.

Le lac Inle, véritable "aigue-marine dans un écrin d'émeraude", situé à près de 900 mètres d'altitude, s'étale au pied du village de Nyaung Shwe sur une superficie de 120 à 158 km² (selon les sources), pour une vingtaine de kilomètres de long et, au plus large, une petite dizaine en largeur, en comptant les marais qui le bordent. Cependant, il reste minuscule si on le compare au plus grand lac d'Asie orientale, le Tonlé Sap,  au Cambodge, avec ses 16 000 km² (à la saison des pluies)...
Le lac Inlé est peu profond, au maximum 2 m en saison sèche et 6 m pendant la mousson. A ce qui se dit, l'atmosphère qui s'en dégage rappelle celle du lac Dal à Srinagar au Cachemire ou encore celle du lac Erhai à Dali au Yunnan.

L'écosystème du lac est menacé notamment par l’augmentation de la population et par l'envasement dû à l'érosion consécutive à la déforestation pour le bois de chauffage sur les montagnes de son bassin versant dont le reboisement ne porte pas encore d'effet, ainsi qu'à l'usage excessif d'engrais chimiques. A cela s'ajoutent toutes les pollutions locales, à commencer par celle des moteurs à échappement libre des pirogues (passons sur la pollution sonore !) et autre pollution, celle due au rejet des eaux usées d'une population de près de 100 000 habitants répartis autour et sur le lac, sans compter la menace supplémentaire que fait peser la perspective du développement touristique. Par ailleurs, l’augmentation des jardins flottants grignote peu à peu le lac.

Enfin, la jacinthe d’eau constitue aussi un problème majeur car cette plante invasive (originaire du Brésil) des eaux douces tropicales obstrue les canaux et, en couvrant de larges surfaces, menace la faune et la flore indigènes d'asphyxie car privées d'oxygène et des rayons ultraviolets du soleil. On observera au passage le redoutable effet des pirogues à moteur dont l'hélice assure le bouturage des jacinthes (sans parler de l'érosion sur les berges des canaux).
Confrontés à cette véritable plaie, avec des tiges qui grandissent de 0,5 m à 1 m par jour et forment des tapis flottants, les habitants tentent de tirer parti de cette plante. Dans certains pays, on l'utilise comme aliment du bétail, de poissons, de canards ou encore pour fournir du biogaz, fabriquer des briquettes de charbon, des cordages, du papier ou des panneaux de fibres pour la construction. Une fois décomposée, on peut aussi l'utiliser en engrais comme c'est le cas ici. Les Hinthas en font aussi du mobilier et de la vannerie à partir des racines, qui, bouillies et séchées, sont tressées puis tissées sur une structure en rotin.

Le Lac Inle se trouve au coeur de l'état Shan où vivent les Hinthas ou Inthas qui continuent à perpétuer des traditions et un mode de vie ancestral. Les villages sont construits sur pilotis sur le lac lui-même qui est parsemé d'îlots flottants recouverts de roseaux, de cultures maraîchères, de lotus et, moins heureusement, des envahisseuses jacinthes d'eau. Les Hinthas vivent également de leur pêche et leur technique reste bien originale comme on le verra bientôt. Avec les nombreux canaux qui parcourent ses rives marécageuses, cette région s’enorgueillit de se nommer "la Venise de l’Orient".
Selon la légende, les Hinthas ("fils du lac") seraient les descendants des habitants de Tavoy (ou Dawei), des Môns de la région du delta, carrefour de routes commerciales de la péninsule indochinoise très convoité. Punis de leur résistance, le roi Alaung Si Tu s'empara de cinq statuettes sacrées (nous en reparlerons) et déporta certains habitants qui furent asservis dans les quatre villages autour du lac. Les Hinthas bâtirent des pagodes, stupas et monastères, mais rapidement, les berges du lac ne leur suffirent plus et ils se mirent à construire sur l’eau leurs maisons sur pilotis en bois, bambou et palmes tressés.

Selon d'autres sources, c'est seulement au XIVe s. qu'aurait eu lieu cette déportation. Alors que la terre ferme appartenait aux paysans shans, il ne restait plus aux Hinthas qu'à s'installer sur le lac lui-même... Leur langue est un dialecte birman mais Su Su ne la comprend pas en raison de différences au niveau des tons et du débit.

Autres menaces sur cette région paradisiaque, les trafics en tous genres: d'être humains (jeunes femmes achetées pour être mariées à des paysans chinois), pierres précieuses, armes et drogue.

Bien sûr, pour les aspirants à la démocratie dans ce pays, les deux priorités à traiter d'urgence sont le rétablissement de la paix cicile et celle du respect des droits de l'homme mais il faudrait que leur porte-drapeau, Aung San Suu Kyi, s'empare aussi de l'étendard du développement économique responsable de l'environnement.



On compte une quarantaine de villages plus ou moins importants, construits sur le lac lui-même (pour la moitié) ou sur ses rives, villages regroupant une population totale de l'ordre de 100 000 habitants.

 

Changement d'ambiance: un méli-mélo de dizaines d'élégantes pirogues effilées mais pétaradantes embarquent les touristes pour la balade ou les habitants pour se rendre à leur travail ou au marché.


Dans la pirogue n°2 d'Exotissimo, nous sommes par cinq, confortablement assis sur des chaises, avec gilet de sauvetage à notre disposition ainsi qu'une bouteille d'eau individuelle mais il fait bien trop frais ce matin pour songer à l'ouvrir. Mieux vaut être bien couvert (pull ou polaire et coupe-vent, voire un cache-nez) car à la fraîcheur du vent, il faut ajouter l'effet de la vitesse. En effet les pirogues, une fois sorties du canal, foncent bien à 20km/h sur le lac, dans l'assourdissante pétarade des fameux moteurs chinois Hang Chai qui les propulsent.
Des maisons sur pilotis avec pour tout murs des claies de bambou, sans fenêtres vitrées mais avec un simple volet mis en auvent dans la journée. Nous avons aussi loisir d'observer les bateaux locaux que l'on croise ou que l'on dépasse. Regardez celui-ci qui a plutôt 15 ou 20 passagers et n'a pratiquement plus de franc-bord. C'est le même niveau de charge ou plus exactement de surcharge avec les embarcations qui transportent de la marchandise (gros sacs).


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LAC INLE:
technique de pêche, marché de Naung Thaw, artisanats (lotus, forge, pirogues, cigares)

Dès l'arrivée sur le lac, nous assistons à une démonstration d'une technique de pêche unique au monde, le khe pai kauk. Les Inthas ("fils du lac") sont des pêcheurs équilibristes. Placés à l'avant de leur barque à fond plat, ils godillent grâce une jambe qu'ils enroulent autour de la gaffe, ainsi ils gardent les mains libres pour plonger dans l'eau la nasse à armature de bambou de 2 ou 3m de hauteur dès qu'ils ont repéré un poisson. Ils relâchent alors le filet sur le poisson qu'ils harponnent ensuite.
Souvent les pêcheurs se regroupent de façon à concentrer les poissons dans leur zone de pêche et ils les effrayent en frappant l'eau avec leur gaffe. Le poisson le plus abondant dans le lac est une sorte de carpe.

Notre caravane de six pirogues remet les gaz vers le grand large, cap au sud. La partie nord du lac, marécageuse, est peu habitée, les villages se concentrant plutôt au sud.
Le lac bleuté est comme un saphir enchâssé dans un écrin de montagnes qui, de part et d'autre, émergent peu à peu de la brume avec leurs sommets culminant vers les 1700m. Les routards doivent prendre grand plaisir à s'échapper vers les petits villages montagnards de cette contrée...

Sur le LAC INLE Sur le LAC INLE Sur le LAC INLE

 

Encore une fois, pas de chance pour le respect de notre programme, ce n'est pas le bon jour pour assister au célèbre marché flottant d'Ywama qui a lieu tous les cinq jours.

Il est près de 9h30 lorsque nos esquifs se faufilent dans la marée de pirogues accostées au village de Naung Thaw, au sud-est du lac, pour "le marché des 5 jours", lieu de rencontre des minorités montagnardes revêtues de leurs plus beaux atours traditionnels qui viennent vendre fruits et légumes de leur production. Le marché se tient alternativement d'un village à l'autre et puisqu'il tient compte du calendrier lunaire birman. . C'est le jour où il a lieu ici, mais à terre.

C'est un marché typique, haut en couleur, comme celui que nous avons vu à Kalaw. Stands de coiffure, de restauration... Femmes Pa-os avec leur couvre-chef fait d'une serviette éponge orange enroulée en turban et sensée représenter la bouche du dragon.

Quantités de produits. Nourritures: riz divers, galettes de riz nature ou au sésame, fruits et légumes, viandes et poissons... et bidons d'essence!
Vêtements
Inévitables vendeurs de bétel mais aussi des pièces de mécanique.
Pendant ce temps, "les dockers" chargent des pirogues de lourds sacs portés sur les épaules tandis que des vendeuses de souvenirs sur leurs petites barques se faufilent entre les pirogues. On remarquera que les femmes ont une façon plus traditionnelle de ramer, des deux mains et assises les jambes croisées, à l’avant du bateau, ce qui n'a rien à voir avec celle des pêcheurs.

A gauche du marché, on peut apercevoir une cheminée de brique carrée et tout près un cimetière. A ce propos, Su Su nous apprend que jusqu'aux années 1960, les Hinthas immergeaient les cadavres de leurs défunts dans le lac, sur des supports de bambou. Cette pratique a été interdite mais, dans les montagnes, les Pa-os ont conservé cette coutume.

Sur le LAC INLE - marché du village de Naung Paw  - marché du village de Naung PawSur le LAC INLE Sur le LAC INLE - marché du village de Naung Paw

Nous réembarquons.

Sur le LAC INLE

Petits stupas sur le rivage du lac que nous traversons pour aborder sur la rive occidentale, au village de In Phaw Khone.

Pour la sixième visite d'artisanat de notre circuit, nous nous rendons dans un des ateliers de tisserands du village dont les maisons sont construites sur pilotis. Là, au-dessus de l'eau, ce type de construction trouve sa pleine justification. De plus, l'espace sous l'habitation sert de garage à bateau et non plus d'étable comme sur la terre ferme.
Ici on fabrique des tissus de soie, de coton mais aussi de fil de soie de lotus. Cette dernière matière est étonnante. Dans l'atelier Ko Than Hlaing Silk and Lotus Weaving une femme casse tous les 10 ou 20cm environ les tiges aquatiques préalablement trempées dans l’eau pour les assouplir et en tirant doucement les filaments qui, réunis, forment un fil (un peu comme pour le fil de vers à soie). Le fil est embobiné et, une fois tissé, cela donne une matière plus grossière que la soie, un peu comme une toile de lin. Des robes en tissu de lotus (kya thingahn) sont fabriquées pour les statues de Bouddha.
Autre curiosité, la façon de teinter des petites parties des écheveaux de soie de façon à produire des motifs flous lors du tissage, sans avoir à utiliser des fils différents. Le résultat fait un peu penser à ce que l'on obtient par les techniques d'impression que sont le pochoir, le tampon ou le batik, mais par un procédé bien différent comme on le voit. Plus classiquement nous voyons la teinture de la soie dans un chaudron placé sur le feu. Enfin, plus loin, au rythme sonore des navettes, nous trouvons les habituels vieux métiers à tisser en bambou.
On peut acheter des écharpes, longyis, sacs...

Nous reprenons le bateau pour un quart d'heure de navigation et nous arrivons chez les forgerons du village de Nampan qui effectuent un travail de force, notamment à partir de fer est récupéré sur les carcasses de voitures. Nous allons passer une vingtaine de minutes dans leur atelier.
Une femme assise en hauteur fait fonctionner un soufflet rudimentaire en actionnant alternativement deux tiges de bambou tandis qu'un homme chauffe à 800° une lame de fer à façonner. Lorsque la pièce est à bonne température, elle est portée sur l'enclume et battue à l'aide de masse par un homme puis deux puis quatre qui frappent en cadence avec une dextérité incroyable, sans que leurs mouvements se gênent.
On fabrique ici des objets utilitaires (haches, serpes, houes, machettes...), des couteaux, des objets décoratifs (bijoux, statuettes, gongs, carillons de porte, sabres japonais...).

 


Notre matinée n'est pas terminée.

Encore dix minutes de pirogue et cette fois nous débarquons pour une courte visite (un quart d'heure) dans un chantier naval artisanal, un atelier où des "charpentiers de marine" réparent et fabriquent les fameuses pirogues traditionnelle de 10 mètresde long, en bois de teck menuisé à la main (les troncs sont débités ailleurs en planches à l’aide d’une grande scie actionnée manuellement). Le bois provient des forêts de l'Etat Kayak.

Le calfatage entre les planches formant la coque est réalisé par une pâte faite de sciure mêlée à de la laque. Après cela elle est protégée par un laquage noir, résistant à l'eau. Voila le résultat du travail de cinq ouvriers pendant un mois qui se monnaye environ 1500€ ou 2000$.

 

 

 

Les "cheroots", cigares birmans

Mais notre matinée n'est toujours pas terminée. Très court trajet qui nous conduit dans une fabrique de cigares birmans, les cheroots. Il s'agit de cigares verts d'environ 10-15cm et d'un diamètre d'environ 1,5 cm, roulés à la main avec une grande dextérité. Pour satisfaire tous les goûts le tabac peut-être mélangé avec du miel, de l’ananas, du sucre noir, du tamarin, de la banane, de l’alcool, du sel, du poivre ou de l'anis! Il n'est pas roulé ni dans une feuille de tabac ni dans une feuille de maïs comme on peut le lire sur certains blogs mais dans une feuille d'un arbre, le sébestier (ou codia myxa). En revanche, c'est bien une feuille de maïs qui sert de filtre. Cette chemise est collée avec une colle à base de riz gluant.
Chaque rouleuse peut produire 1000 cigares par jour, au rythme d'un en moins d'une minute. Même dextérité chez les trieuses de feuilles de sébestrier.
Nous avons le loisir d'observer leur travail pendant près d'une demi-heure et de goûter à l'un des "tabacs" qui, mis sur la langue, produit une saveur anisée et poivrée...

Sourire du LAC INLE


Nous avons navigué en tout deux heures pendant cette matinée...


Il est bientôt 13h30 et cette longue matinée au grand air nous a ouvert l'appétit. Nous faisons escale sur la rive occidentale pour un déjeuner de spécialités, au restaurant sur pilotis Ann's, au village de Kaung Daing, au nord-ouest du lac, un village qui abrite une source d'eau chaude.
De la terrasse, on peut observer les pêcheurs tandis qu'à côté un jardin d'orchidées s'offrait au plaisir des yeux même si en cette saison une minorité de plantes se trouve en fleur.


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LAC INLE: Pagode Phaung Daw Oo (ou Paya Phaung Daw U)


A 14h30, nous reprenons les bateaux et refaisons à nouveau route sur une douzaine de kilomètres vers le sud du lac, pour nous rendre au village de Tha Lay, en passant près du village insulaire de Ywama (le village du marché flottant).

LAC INLE - pagode Phaung Daw Oo

Nous allons visiter la grande pagode Paya Phaung Daw Oo ("la pagode de l'oiseau royal") qui abrite cinq petites statues en or du Bouddha très anciennes qui auraient été ramenées du pays des Môns (tout au sud de la Birmanie, dans la région du delta) au XIIe s. C'est le sanctuaire le plus vénéré dans l'Etat Shan.

Chaque année, en septembre ou octobre (avec des variations en fonction du calendrier lunaire) un festival se déroule pendant 18 jours et des dizaines de barques décorées forment une longue procession précédant barge royale en forme d'oiseau intha Karaweik qui transporte les statuettes de village en village. Dans leurs barques, des dizaines de jeunes garçons Inthas, vêtus du costume traditionnel se tiennent debout à l’abri d’ombrelles bouddhiques et, comme les pêcheurs, ils actionnent à un rythme cadencé et rapide leur godille avec une seule jambe. La partie profane des festivités donne lieu à des courses de bateaux.

Après être passés près d'un abri où est rangée la barge royale utilisée lors du festival, nous arrivons devant la pagode dont le toit à étages en dégradé se termine en forme de stupa pentagonal doré. L'édifice ne date que de 1960.
Nous allons consacrer une demi-heure à cette visite.
Dans le vestibules d'accès certains pèlerins dorment ou se reposent assis sur le carrelage. Pour l'enseignement des fidèles, une frise formant une sorte de BD court sur la périphérie de la salle et les divers tableaux racontent la vie du Bouddha.
Au centre de la pagode, sur un piédestal autour duquel les pèlerins se pressent, on aperçoit "cinq choses informes" tant les statuettes ont été enrobées d'une multitude de petites feuilles d'or au point qu'elles ont plutôt l'allure de courges ou de calebasses. Bien sûr, comme dans les autres pagodes, les femmes n'ont pas le droit d'en approcher et l'avertissement vise aussi les étrangères ("Ladies are prohibited"). La vénération qui se manifeste ici est d'autant plus grande qu'un miracle s'est produit ici il y a une quarantaine d'années, miracle que Su Su va nous narrer.



Pagode Phaung Daw Oo

Lors du festival de 1968 (dans les guides on trouve mention de 1965) la barge royale chavira et l'on s'empressa évidemment de repêcher les statuettes sacrées mais on n'en retrouva que quatre. Lorsqu'on les remit en place après cela, grande fut la surprise de découvrir que la cinquième était miraculeusement revenue à sa place, encore humide et souillée par quelques algues.
L'histoire n'est pas finie.
L'année suivante, en 1969, lors de la procession de la barge escortée des embarcations villageoises, un très violent orage éclata. On pensa alors à remettre la statue miraculeuse sur le piédestal et immédiatement le soleil reparut au milieu d'un grand ciel bleu. Désormais la procession ne se déroule donc plus qu'avec les quatre autres statues.
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LAC INLE: orfèvrerie, jardins flottants

Après cela, encore quelques minutes de bateau et nous débarquons au village de Heyaywama, secteur de Taung Chaung, pour visiter l'atelier d'orfèvrerie d'argent Mya Hin Tha, dixième visite d'artisanat (et ultime en ce qui concerne le Lac Inle).
Les Birmans sont experts en orfèvrerie car rappelons qu'ils pillèrent le Trésor d'Ayutthaya en 1767 lors du sac de la capitale du Siam!

Pendant près d'une heure on peut observer différentes phases de la fabrication des bijoux et les techniques utilisées. A l'origine, on peut partir d'un lingot d'argent dûment poinçonné par l'Etat ou de la fonte de bijoux anciens. Pour fondre, souder ou ramollir de petits éléments, les ouvriers utilisent un chalumeau sur une brique réfractaire. Grande minutie pour la réalisation des maillons de chaînes, colliers, bracelets ou bagues. Travail d'artistes au niveau du travail de ciselage, de gravage ou de sertissage des pierres. Enfin, l'éclat est donné par le polissage.

Du centre de la Birmanie, on extrait rubis et jade de grande qualité ainsi que de l'argent et de l'or. Les rubis de Mogok, d’un rouge profond, sont très recherchés. Au large des côtes, on pêche également des perles. La Birmanie s’est lancée dans la taille des pierres précieuses et dans la production commerciale de bijoux depuis 1993 et a remporté des prix pour la qualité de ses pierres précieuses et de sa joaillerie.

Spectaculaire aussi la façon de redonner de l'éclat à un bijou ancien, par exemple le collier-chaîne à grosses mailles en argent d'Yves. Un employé s'en saisit et, sous le regard inquiet de son propriétaire, le place longuement dans le foyer d'une petite forge avant de la refroidir dans l'eau puis d'effectuer un énergique brossage afin de retrouver un bijou à l'état neuf. Si le bijou n'avait pas été en argent véritable, le résultat aurait pu être catastrophique!

En quittant le village d'Ywama, on passe près d'une pagode moderne et près d'une forêt de stupas plus ou moins anciens édifiés au bord du canal.

Nous nous dirigeons maintenant vers la zone de jardins flottants située au nord du village de Nampan. Nous nous enfonçons dans des canaux parfois étroits et envahis de jacinthes d'eau, d'autres plus larges, bordés des habitations où chaque famille possède sa pirogue, sa barque, son jardin avec sa petite cabane d'aisance tandis que le lac constitue comme une pièce supplémentaire servant tout à la fois de buanderie et de salle de bain. Des zones de culture très fertiles sont aménagées en plates-bandes réalisées à partir de bandes découpées dans les tapis végétaux constitués d'herbes et de jacinthes d'eau qu'ils fixent au fond du lac avec des tiges de bambou de 6m de long et sur lesquelles ils rapportent de la vase et de l'humus extrait à proximité. Les jacinthes d'eau qui s'installent à proximité empêchent ce sol artificiel de se déliter grâce à leur système racinaire très développé (jusqu'à 3 mètres).
On peut y voir des cultures de courgettes, haricots, salade, fleurs et les célèbres tomates dont la saison semble s'achever...


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LAC INLE: monastère Nga Hpe dit "des chats sauteurs"

Nous remontons d'autres canaux vers le nord puis vers l'ouest et nous arrivons au célèbre monastère Nga Hpe Kyaung, "le monastère des chats sauteurs". Construit sur pilotis et entouré d’un grand jardin, ce monastère en bois est le plus ancien de la région (1843). Il repose sur 654 poteaux de teck d'origine, dont 200 peints couleur or. Au centre de la grande salle, sur des trônes de bois et mosaïques richement décorés, on peut voir 70 statues de bouddhas offertes par les habitants du lac pour la réalisation de leurs souhaits.

LAC INLE - monastère Nga Hpe

Le fondateur qui avait recueilli des chats errants les dressa à sauter par amusement. La tradition des chats sauteurs s'est perpétuée et, entre des séances de méditation et de prière, les moines font (normalement) sauter quelques uns de leurs chats à travers de petits cerceaux de bambou. A la suite de l'agitation monastique en 2007, la junte voyait d'un mauvais oeil les contacts que ce spectacle favorisait entre moines et touristes. L'attraction fut un temps suspendue.
En fait aujourd'hui, il semble que le spectacle fasse relâche, du moins au moment de notre passage. Ici un moine se prélasse sur une chaise tandis que là des chats se reposent. A force d'encouragements et de croquettes, un touriste parvient néanmoins à faire effectuer quelques petits sauts à un chat un peu plus dynamique.

 

Et les chats birmans, de leur nom officiel "Sacrés de Birmanie" ?
En fait, ce n'est pas une race originaire de Birmanie mais créée par sélection chez nous, en France. L'origine en a été un croisement fortuit entre un chat siamois et un chat persan.
En revanche, les Siamois n'usurpent pas leur nom car ils descendent des chats sacrés des temples de Siam (Thaïlande actuelle).Dans des textes de 1350, il a été mention de cette race. Leur robe est un dégradé de gris et ils ont de grandes oreilles. Leur cousin, le Burmese, a un pelage plus fauve.

 

Reflets sur le LAC INLE  Reflets sur le LAC INLE  Reflets sur le LAC INLE  Reflets sur le LAC INLE

 

Il est 17h15 et il est temps de mettre un terme aux nombreuses visites de cette journée. Il faut compter une heure de navigation pour revenir à Nyaung Shwe avant la nuit complète, ce qui nous permettra d'admirer le coucher de soleil sur le lac.

A nouveau, nous avons navigué en tout deux heures pendant l'après-midi...

 

Revenus sur la terre ferme, nous retrouvons nos conducteurs de trishaws.

Arrivés à l'hôtel Paradise Inle Resort, un quart d'heure de répit avant d'enchaîner avec une heure de spectacle de danses traditionnelles accompagnées par un groupe de percussionnistes: ballet des oiseaux Karaweik, simulacres de combats au sabre et au bâton, pitreries d'un animal chimérique, croisement de la girafe, du cerf et du dragon, qui s'occupe surtout à collecter les billets dans sa gueule... et, pour terminer, un jongleur qui joue avec une douzaine de torches.

20 heures nous passons à table et ce sera l'occasion de souhaiter l'anniversaire de Colette B., de goûter à un gâteau à la crème fabriqué tout spécialement et à un bon vin rouge birman bio "Hythaya".

 


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LAC INLE: Pagode Shwe Inn Dein


Après une bonne nuit, c'est reparti pour une nouvelle expédition sur le Lac Inle.

Il est 8 heures et, comme la veille, dans la brume du matin nos conducteurs de trishaws nous reconduisent à l'embarcadère.

Arrivés sur le lac, à notre gauche, nous croisons tout un groupe de pêcheurs en pleine action. Une pirogue nous dépasse avec une quinzaine de passagers, assis par terre sauf deux moines confortablement installés sur des chaises au fond de la pirogue de façon à être abrités du vent...
Après une bonne demi-heure de navigation, nous quittons le lac et les roselières de ses rives pour nous enfoncer en direction de l'ouest, en remontant une rivière qui serpente dans la jungle. Sur les sentiers qui longent le canal, on voit des villageois vaquant à leurs occupations et des écoliers se rendant à l'école. Nous passons près d'un monastère tandis que, un peu plus loin, un paysan donne le bain à son buffle. Petites sensations lorsque la pirogue franchit les petits barrages installés de façon à retenir un niveau minimum d'eau dans la rivière. Le bambou à l'air de particulièrement bien prospérer sur les berges.

9h30, il y a une heure que nous sommes partis en pirogue et nous voici au village de Nyaung Oak ("à l'ombre des banians") ou  Nyaung Ohak. Spectacles divers: flottage de perches de bambou dans la rivière, femmes transportant des bûches sur la tête, enfants jouant au chinlon, jeu impressionnant et très agréable à regarder en raison de ses nombreuses figures acrobatiques .

Le chinlon est un loisir traditionnel très apprécié des jeunes. Il se joue avec une balle en bambou tressé ou en rotin d’environ 12 cm de diamètre. En amusement, un nombre indéterminé de joueurs se placent en cercle et doivent tenter de garder la balle en l’air en jonglant avec le pied. En compétition, six personnes, debout à l’intérieur d’un cercle, doivent se passer la balle sans la faire tomber en la frappant des pieds, des jambes ou des genoux. Dans une autre version du jeu, les joueurs se passent la balle par-dessus un filet de volley-ball en la frappant des jambes et de la tête, ce qui correspond à la variante sepak takraw en Malaisie (où il est apparu au XVème siècle), Thaïlande, Indonésie ou Laos.

Village de Nyaung Oak Village de Nyaung Oak Village de Nyaung Oak  Village de Nyaung Oak

Autour du village on aperçoit des stupas récents alors que d'autres semblent en ruines. Très vite nous arrivons dans la zone de la pagode Shwe Inn Thein (ou Shwe In Tain ou encore In Dein) avec perception d'un droit photographique de 500 K.

Nous empruntons tout d'abord un petit sentier bucolique longeant la rivière, au milieu des bambous. Nous abordons aussi les premières petites échoppes qui vendent des souvenirs (Inn Thein market), d'anciennes monnaies de Birmanie (billets de la période de l'occupation japonaise puis de l'indépendance) et des pays voisins. Un peu plus loin, une villageoise cuit des galettes de riz dans du sable chaud, sur un foyer de fortune, à même le sol.
Puis nous empruntons une galerie couverte
de 600 m. environ qui monte vers la pagode. Sur le côté droit on peut voir des tombeaux de moines.
Arrivé au complexe de Alaung Sitthou, nous quittons la galerie pour passer dans la zone archéologique basse qui se trouve sur la gauche. Nous trouvons là les stupas les plus dégradés du site qui en compte en tout un bon millier, ou plus précisément 1054 selon selon un inventaire officiel effectué en 1999 (certaines autres sources en mentionnent 1035   mais, vu l'état de dégradation de certains, on peut comprendre l'écart). Ils remontent aux XIIIe-XIVe s. Au milieu de stupas en ruines, on en voit quelques uns qui ont été remontés et enduits de stuc blanc, grâce à de généreux donateurs. Certains sont en cours de restauration et certains autres, vers la partie supérieure du site et voisins de la grande pagode ont même été redorés. Dans l'enceinte sacrée de la pagode, les stupas sont tous bien restaurés.

Pagode Shwe Inn Thein Pagode Shwe Inn Thein Pagode Shwe Inn Thein  Pagode Shwe Inn Thein


Nous redescendons vers le village de Nyaung Oak, en direction de l'est, par la galerie-escalier couverte.

La rivière nous livre à nouveau son spectacle bucolique: zébus et buffles à l'eau, lavandières... et nous rembarquons à 11h12.


 

Une bonne heure de navigation pour redescendre la rivière puis remonter le lac jusqu'à Nuang Shwe.

Nous avons encore navigué en tout deux heures pendant cette matinée... soit 6 heures de pirogue sur le Lac Inle, en un jour et demi!

Le bus nous conduit au restaurant "Golden Kite", restaurant renommé selon Lonely Planet, où l'on sert aussi bien des mets chinois raffinés que des spécialités occidentales. Mais là, déception!
Su Su
voulant sans doute nous faire plaisir et que nous nous réacclimations à nos habitudes européennes, nous a commandé des pizzas à la pâte-maison cuites au feu de bois ('"wood fire pizza, home made pasta")...

Nous occupons la vingtaine de minutes avant notre départ pour l'aéroport d'Heho en allant traîner un bref moment dans un petit marché situé à quelques centaines de mètres du restaurant. A cette heure-ci on peut encore y voir des étals de toutes sortes de graines: riz, arachide, pois... et de pommes de terre.



14h15, départ pour l'aéroport: d'Heho: paysans en train de faire de semis, encombrants chargements de canne à sucre sur la route...

Embarquement pour le vol intérieur, toujours aussi folklorique qu'à Rangoun, avec appel par pancarte et mégaphone dans l'unique salle d'embarquement.

Notre "avion-taxi" décolle à 15h45 avec une demi-heure de retard pour un vol avec deux escales, à Mandalay puis à Bagan, soit environ 800km.
C'est encore un avion bimoteur à hélices, un ATR de la compagnie Yangon Airways. Dommage que nous ayons du retard car le spectacle depuis les hublots aurait été intéressant. Après un paysage de plaine avec cultures et villages, nous survolons des collines bientôt remplacées par la bordure montagneuse du plateau shan.
Après une demi-heure de vol et 150km parcourus, escale de 10 minutes à Mandalay.
Nouveau décollage et nous avons droit au coucher de soleil et à 18 heures nous nous posons à Bagan après un vol de 180 km au terme duquel nous avons survolé l'Irrawaddy et entraperçu quelques unes des pagodes qui ponctuent la plaine environnante.
Redécollage, après une quinzaine de minutes d'escale, pour 1h15 de vol et un vol de près de 500km.
Nous retrouvons Rangoun à 19h30.

Pour la dernière soirée et la dernière journée, se reporter à la page relative à Rangoun (<= cliquez ici)...

 

Des regrets?

Quelques ratés dus à de mauvais horaires ou à des décalages de jours, ne pas avoir pu se rendre dans une école, un programme qui ne comprenait pas la visite du Mont Popa, excursion qui devrait pourtant être faisable en optimisant mieux les trajets sur l'eau (un jour et demi sur l'Irrawaddy et autant sur le Lac Inle).
Enfin, un programme plus complet (un peu plus long et nettement plus cher) permet aussi la découverte de la région du delta avec Bago (ou Pegu) aux multiples pagodes (dont la célèbre pyramide d'or Shwemandaw) et le fameux Rocher d'Or sacralisé de Kyaiktiyo...

 



POUR CONCLURE ?...

Cela devient presque une habitude de livrer mes impressions et états d'âme à la fin d'un voyage. Et de surcroît, impossible d'échapper au jeu perfide des comparaisons. Je ne puis pas non plus occulter un certain sentiment de malaise qui résulte à la fois du contexte politique et du fait religieux, tous deux bien particuliers...

"Nous avons fait un pays de plus", expression commune mais quelle arrogance dans le propos! Ainsi, on ferait un pays comme un chasseur fait un sanglier ou un cerf et en accroche fièrement le trophée sur sa cheminée. "N'est-ce pas plutôt le pays qui nous fait?".

Parler savamment de la Birmanie après un si bref séjour et un aperçu qui porte sur seulement 10% du pays relève de la gageure. Peut-on encore parler de la Birmanie comme étant la dictature la plus terrible au monde? Que dire de la Chine, de Cuba ou, pire, de la Corée du Nord? Mais c'est une dictature rampante puisque l'on voit à peine quelques policiers et aucun militaire dans les rues... mais la délation y est sans doute courante. Beaucoup d'affiches et de panneaux publicitaires mais aucune propagande (à deux mois d'élections!), ce qui est bien différent de Cuba ou du Vietnam et qui ferait davantage penser à la Chine pour cette discrétion de bien mauvais aloi...

L'accès dans les contrées périphériques n'est pas autorisé (et pourrait il est vrai se révéler dangereux). Les circuits ne montrent pas les bidonvilles et les villages misérables. Malgré les évolutions politiques en cours, la parole des Birmans, y compris celle des guides, n'est pas totalement libérée... On peut s'étonner qu'un tel régime eût entrouvert la porte du tourisme et donc au risque d'une certaine contamination. Certes il y a là des rentrées d'argent mais le pouvoir ne capte pas toute la manne touristique qui permet de faire vivre les familles des vendeurs, chauffeurs de bus, porteurs, bateliers, cochers, conducteurs de trishaws...
Dans un contexte d'ouverture accrue, comment va se passer la sortie de l'isolement répressif que connaît ce pays depuis un demi siècle?

Comme dans beaucoup de pays en voie de développement, ici les paysans vivent comme on vivait dans nos campagnes de France il y a seulement une soixantaine d'années (nos amis d'origine citadine imaginent à tort que "leur retard" est de plusieurs siècles). Les paysans cultivent leur lopin de terre, de sorte que la population semble manger à sa faim, du moins si l'on en juge par l'abondance de denrées très variées sur les marchés. Quel contraste avec Cuba!
Comme au Vietnam, en Chine ou en Inde, les femmes font des travaux physiquement éprouvants, pénibles, portent des fardeaux sur la tête et sont même employées à l’entretien des routes (presque comme en Inde, sauf que là-bas elles cassent les cailloux). Sujet délicat et non éclairci: le travail obligatoire et forcé est-il toujours de rigueur?
Les infrastructures sont souvent obsolètes (héritage britannique) ou inexistantes. Il s'en dégage une impression de misère notamment dans les transports en commun surchargés. Là encore, on retrouve le portrait de l'Inde mais ici c'est presque le paradis par rapport à Cuba, même s'il faut acheter de l'essence au "marché noir autorisé".

C'est pourtant un pays à riche potentiel dans de nombreux domaines mais il traîne comme des boulets les entraves à la liberté des affaires, l'accaparement des ressources par la junte et la mainmise néocolonialiste du grand pays voisin. Si la Birmanie est aujourd'hui le plus pauvre des pays de l'ASEAN (Association des Nations de l'Asie-du-Sud-Est), soyons cependant aussi optimistes que Aung Sann Suu Kyi qui vient de déclarer (février 2012) au journal malaisien The Sun comment elle voit son pays dans dix ans: ''Devant tous les pays de l'ASEAN".

Et aussi, en abordant un sujet beaucoup plus délicat et d'ordre culturel, celui de la religion qui s'impose ici plus fortement et de toutes les façons (jusqu'aux prières nocturnes sonorisées venant des monastères!) que dans tout autre pays bouddhiste, me semble-t-il.
Passer des champs ou des rues aux pagodes révèle contrastes et paradoxes. Une population démunie qui fait d'immenses sacrifices pour nourrir moines et nonnes, construire et entretenir des pagodes et monastères, y faire des offrandes diverses en nature (statues, fleurs, feuilles d'or) ou en numéraires (en forme d'éventails ou glissés dans les urnes des pagodes): 1% de la population en profiterait directement et capterait 10% du PIB. Ce qui ressemble à du parasitisme... Pour la plupart, les moines se bornent à leur activité de type contemplatif (prière, méditation) qui n'apporte aucun concours matériel à la société comme cela pourrait être cas dans les domaines de l'enseignement et de la santé (malades, handicapés, personnes âgées), si ce n'est une vague compassion...
Occidentaux rationalistes, matérialistes et plus ou moins athées, avons-nous le droit de porter un jugement qui peut apparaître sacrilège sur ces dévotions? N'en étions-nous pas là il y a quelques siècles chez nous? Mais l'on est loin du bouddhisme pur des origines. La grande piété de la population se mêle à des pratiques syncrétiques teintées de superstition qu'apportent des touches d'animisme (vénération des esprits, les nats), d'astrologie (jours fastes pour les naissances, mariages ou investissements) et d'alchimie...

Au terme de ce trop court périple, certains friseront sans doute l'overdose au "pays des mille pagodes" mais cela reste un pays exceptionnel, authentique et sûr, avec un peuple souriant, attachant et courageux.


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BIRMANIE (MYANMAR)


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