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LES MONUMENTS DE LA PLACE SAINT MARC (autres que les édifices décrits le long du Grand Canal)
Le terme de '' San Marco'' désigne tout à la fois, la place principale
(piazza) de Venise, la basilique, le saint patron de la ville ou le quartier
(sestiere) central...
Notre arrivée sur la place se fait sous un
crachin presque breton.
Nous allons en profiter pour faire une visite d'un
monument incontournable, le Palais...
Observons
quand même la place rapidement.
Tout d'abord un mot sur les pigeons.
Ils
font encore partie du paysage urbain local et les autorités ferment plus
ou moins les yeux sur les contrevenants. Pourtant depuis le 1er mai 2008, un arrêté
municipal interdit de nourrir les pigeons de la place Saint-Marc, étendant
ainsi une mesure similaire prise dans les années 1990 concernant le reste
de la ville. Le cas de la Place Saint Marc avait été différé
tant les pigeons faisaient partie d'un décor où l'une des activités
du touriste-(pigeon)-voyageur de passage à Venise consistait à engraisser
les volatiles (peu voyageurs) et tant cela était une activité lucrative
pour les petits vendeurs de graines. Mais la concentration d'oiseaux posait des
problèmes sanitaires et entraînait des dégâts aux monuments.
Certes, il y a sans doute moins de pigeons que par le passé mais il y en
a toujours tout comme il y a toujours des vendeurs de graines de maïs!
Il
est vrai que les autorités de police ont le même type de myopie à
l'égard des vendeurs d'articles de luxe contrefaits: Vuitton, Gucci et
compagnie... On a l'impression qu'ils jouent au chat et à la souris comme
on a pu observer leur manège un bon moment devant les embarcadères
de San Zaccaria.
Venons-en
aux choses plus sérieuses.
En fait, la place se décompose
en trois parties.
La Piazza San Marco proprement dite se
situe face à la basilique et est enserrée par les Procuraties et
le Museo Correr qui lui fait face. Les autres places de Venise s'appellent campo
(campi au pluriel).
Le petit renfoncement au nord de la cathédrale
correspond à la Piazzetta dei Leoni (la Placette des Lions).
Au sud, l'espace entre le Palais des Doges et la Librairia Sansoviana (ou
Libreria Vecchia ou bibliothèque Marciana, de Marc) délimite la
Piazzetta (la Placette) qui se prolonge par le quai du Molo. Au
XIIe s. un canal (le Rio Batario) proche du palais fut remblayé et
la place pavée de briques.
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Justement,
en tournant le regard vers le Molo, on voit deux hautes colonnes surmontées
de statues. Ces colonnes furent rapportées de Césarée
à Venise en 1127 par le Doge Domenico Michiel (35e) à la suite de
la Première Croisade en Terre Sainte. Elles furent érigée
par l'un de ses successeurs (le 39e) Sebastiano Ziani en 1172. Les criminels à
juger par le Conseil des Dix débarquaient ici et devaient passer entre
ces colonnes et c'est également qu'étaient exécutés
les condamnés à la peine capitale. Ces colonnes symbolisent la porte
de la cité.
La
colonne de droite en granit rose porte la copie d'une statue sensée
représenter Saint Théodore, le premier Saint Patron de Venise,
sur le dos d'un crocodile. En fait c'est une statue composite. La tête de
style hellénistique serait celle d'un souverain égyptien à
moins que ce soit d'un roi de Pont (en Anatolie, la Turquie actuelle) ramenée
de Grèce. Le torse serait d'origine romaine (Empire d'Hadrien). le reste
du corps et l'animal seraient des oeuvres vénitiennes beaucoup plus récentes!
Elle fut érigée en 1329 et orientée en direction du Palais
des Doges bien que depuis l'an 828, la ville s'est vouée à un nouveau
saint patron, Saint Marc.
Des marchands avaient rapporté d'Alexandrie
les reliques de Saint Marc (il en avait
été l'évêque) et une basilique fut construite pour
les accueillir... Pourquoi ce changement de dévotion ? Au prétexte
que l'apôtre, disciple de Saint Pierre, serait passé ici en l'an
60, dans sa campagne d'évangélisation sous l'autorité de
Pierre et de Paul. En réalité, c'était un moyen de s'affirmer
face à la puissance épiscopale de Rome. Mais qui dit Saint Marc
doit penser Evangéliste. C'est le second, après Matthieu
d'après le canon catholique. Son attribut est le lion, symbole de force
et de noblesse. Le lion ailé est un vieux symbole qui remonte à
l'époque de Babylone et des anciens empires d'Egypte. Les textes judéo-chrétiens
l'évoquent comme la bête apocalyptique (prophète Daniel).
La
colonne de gauche, la plus proche du palais, est en granit gris. Pour parachever
la symbolique attachée au saint patron de la ville, elle porte une sorte
de lion en bronze qui regarde aussi vers le palais et tourne donc le dos à
Saint Théodore. Là aussi, il s'agit de récupération.
L'animal, une sorte de chimère, est un hybride de lion et de griffon ou
de dragon, de style hellénistique, réalisé vers la fin du
4ème siècle avant J-C. Il aurait été rapporté
au XIIe s. par des marchands vénitiens dans leur commerce avec les
ports de Tarse ou d'Alexandrette (dans la région d'Antioche). Au temps
de la République, on put même voir des lions en cage au centre de
la place !
Ce lion fit un séjour à Paris, place des Invalides,
après que Napoléon l'y eut emporté suite à sa victoire
sur Venise en 1797. Il fut restitué en 1815 avec la chute de l'Empire.
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Comme tous les grands musées, le Palais des Doges mériterait que l'on y passe de longues heures voire des journées. Mais les touristes ne sont pas des spécialistes et font donc bien plus rapidement. La queue peut être longue et le ticket d'entrée coûte 14 Euros (+ 5€ pour la location d'un audio-guide).
Ce ticket ouvre droit à la visite non seulement du Palais des Doges mais aussi du musée Correr, de la Bibliothèque Marciana et du Musée Archéologique, tous situés sur la place Saint Marc. Mais si en quatre jours on veut découvrir divers aspects de Venise, s'enfoncer dans les quartiers, aller sur les îles... forcément on n'a pas le temps pour ces visites.
La découverte d'une ville à riche patrimoine (notamment muséographique) demanderait des semaines et des mois comme je l'ai déjà dit.
Photos
interdites, même sans flash, dans les salles et il est difficile d'échapper
à la surveillance pour "voler" quelques photos...
En
810, le doge Angelo Participazio quitta l'île Malamocco, l'actuel Lido,
et s'installa au Rialto. Un premier palais à l'allure de château
fort fut construit au cours du IXe s. Un incendie détruisit le premier
palais des doges en 976 ainsi que la première basilique bâtie entre
828 et 832.
L'actuel Palais des Doges fut rebâti en 1340 et est donc
de style typiquement gothique vénitien. Il subit lui aussi plusieurs incendies
au cours des siècles suivants. C'était non seulement la résidence
du Doge mais aussi un tribunal et le lieu des assemblées délibérantes.
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Le plan d'ensemble s'organise en forme de U dont la base est parallèle au canal et le fond fermé par la basilique à laquelle est adossé l'Arc Foscari.
De
la Piazzetta, sur la façade occidentale, dans la moitié gauche
du balcon, on voit deux colonnes de marbre rose qu se distinguent des autres piliers
en marbre blanc, c'est là que se tenait le Doge lors des exécutions.
En revanche sur la partie droite, un quadrilobe est remplacé par un médaillon
en haut-relief représentant la Justice brandissant son glaive. Une loggia
très ornementée occupe le centre du niveau le plus élevé,
c'est le balcon de la Salle du Scrutin.
Vu du coté du canal, la façade
méridionale se présente de façon symétrique avec
également un balcon très ornementé qui donne sur la Salle
du Grand Conseil. C'est la partie la plus anciennes et c'est à partir de
la Riva degli Schiavoni que l'on accède à la cour même si,
un siècle plus tard (XVe s.), une porte a été ouverte
en façade occidentale, dans un renfoncement près de la basilique,
c'est la Porta della Carta.
Le centre de la cour est occupé
par la margelle d'un puits, ou plus exactement d'une citerne, tandis qu'au fond,
à droite de l'Arc Foscari, se dresse monumental l'Escalier des Géants
(XVe s.) réalisé par Sansovino qui conduit à la galerie
du premier étage de l'aile orientale, au niveau des appartements du Doge.
Les statues des dieux Mars et de Jupiter (son père) encadrent l'escalier
au sommet duquel les Doges étaient couronnés.
L'accès
intérieur aux étages se fait par l'Escalier d'Or (XVIe s.)
en stucs finement sculptés, dorés et ornés de médaillons
peints.
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Au premier
étage, la plus grande salle, impressionnante, est occupée par la
Salle du Grand Conseil où se réunissaient les familles nobles
ou patriciennes (1000 familles au XIIIe s. et 2000 au XVIe s.). Elle
jouxte la Salle d'Armes qui est reliée directement au Pont des Soupirs.
Sur l'aile occidentale se trouve
la Salle du Scrutin.
Ces deux salles donnent sur l'extérieur, la place
ou le canal.
Le fond de la Salle du Grand Conseil est recouvert d'une grande
toile du Tintoret "Le Paradis" (vers 1580)
tandis que parmi les médaillons du plafond on peut admirer "le
Triomphe de Venise" par Véronèse (1575-77).
Nous
ferons une brève présentation des grands maîtres vénitiens
un peu plus tard.
La Salle d'Armes voisine donne accès à un passage couvert enjambant le canal voisin. Dans l'imagerie mentale populaire il règne une grande confusion par rapport aux soupirs attachés à ce fameux Pont des Soupirs...
Il semble y avoir des interférences avec la romance de "Roméo et Juliette" racontée par William Shakespeare (vers 1600) qui se déroulait certes en Vénétie ("les amants de Vérone") mais pas à Venise. Drame dont Charles Gounod a fait un opéra en 1867.
Rien à voir non plus avec les Pont des Soupirs plus romantiques et plus tardifs que celui de Venise. En Angleterre, on a les deux Bridge of Sighs des Universités d'Oxford et de Cambridge, reliant tout simplement des bâtiments et s'inspirant des ponts vénitiens surélevés (mais justement pas de celui des soupirs qui est plat!). Rien de commun non plus avec le très romantique Puente de Suspiros de Lima (quartier de Barrancos), un petit pont de bois créé à l'occasion de la Saint Valentin 1876.
Ici le Ponte dei Sospiri du Palais des Doges conduisait les condamnés du tribunal à la prison en passant au-dessus du Rio della Canonica (Canal de la Cure) encore appelé Rio del Palazzo (Canal du Palais) ou Rio della Paglia (Canal de la Paille)...
Vu
de l'extérieur, de la Riva degli Schiavoni, le pont ne paye pas trop de
mine en ce moment car les façades des bâtiments voisins (du palais
et des prisons) sont en travaux et donc bâchées...
CASANOVA Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798), artiste, faux magicien, espion, diplomate, libre penseur ... et surtout connu en tant qu'invétéré séducteur et libertin, une sorte de Don Juan vénitien dont les exploits firent même tomber dans son lit des religieuses de nobles familles du couvent (disparu) de Sainte Marie des Anges sur l'île de Murano. L'Inquisition le fit emprisonner au Palais Ducal pour crime contre la religion (sorcellerie) mais il échappa à la torture qui venait d'être abolie. Il réussit l'exploit unique de s'évader la nuit du 1er novembre 1756 en passant par les toits ("plombs") en compagnie d'un autre détenu et se faisant passer pour des visiteurs enfermés par mégarde, ils appelèrent les gardes et purent ainsi sortir par la grande porte (Porta della Carta). Libre, il s'enfuit à Munich puis à Paris. Une évasion qui ridiculisa la Sérénissime sur le déclin... puisque quelques décennies après Napoléon s'emparait de la cité.
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Nous le franchissons en poursuivant la visite par la partie intitulée “Itinéraires Secrets” qui nous permet de visiter les cellules des "nouvelles prisons" (prigioni) construites à la fin du XVIe s.
En
effet, à mesure que la République s'agrandissait, les prisonniers
importants devenaient plus nombreux dans les cellules des greniers du palais,
sous les "plombs" (le toit fait de tuiles de plomb) comme le célèbre
Casanova (un soir nous sommes passés en gondole au pied de son palais).
Il fut donc décidé de construire une nouvelle prison, de l'autre
côté du canal de la Paglia ("canal de la paille").
Ces
nouvelles prisons disposaient de cellules un peu plus grandes et mieux ventilées.
Certaines possédaient des petites ouvertures sur les canaux mais le confort
en est bien relatif notamment en raison de l'humidité et du froid en hiver.
Au dernier étage, nous passons par diverses salles, notamment :
-
Salle du Conseil des Dix (créé en 1310 pour surveiller les
institutions) ornée de toiles ornant le plafond sont dues à Véronèse.
Le panneau central est une copie car l'original fit partie du butin napoléonien
et ne fut pas restitué (il est au Louvre).
- Salle des Tre Capi
(les "trois chefs", les trois magistrats inquisiteurs) au plafond décoré
par le Tintoret.
- Salle des Quatre Portes (salle d'attente des ambassadeurs)
dont le décor de plafond est du Tintoret et sur le chevalet, une toile
de Tiepolo. - Salle du Collège (rédaction des projets de lois et
diplomatie) dont le mur du fond et le plafond sont décorés d'oeuvres
de Véronèse tandis que le mur de l'horloge est dû au Tintoret.
-
et la grande Salle du Sénat (approbation des lois, compétences économiques)
décorée de toiles du Tintoret et de Palma le Jeune (Jacopo di Antonio
Negretti).
VISITE
DE LA BASILIQUE SAINT MARC
La
visite est GRATUITE mais les photos interdites. Ceci explique pour une bonne part
les longues files d'attentes surtout que pour touristes d'un jour c'est parfois
l'un des seuls monuments visités à Venise avec le grand Canal et
un arrêt sur le Rialto...
Les
visites commençant seulement à 9h45, il est prudent d'y venir de
bonne heure!
Les bagages, même les sacs à dos ne sont pas
admis. Il faut les mettre en consigne à l'Ateneo San Basso situé
dans une ruelle à gauche de la basilique).
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Venise, à la recherche de prestige, souhaitait accueillir une relique digne de ses prétentions. C'est ainsi qu'en l'année 826, deux marins Vénitiens (Bon da Malamocco et Rustico da Torcello) dérobent le corps de l'évangéliste Marc dans la chapelle copte de Bucoles, à Alexandrie, pour le ramener à Venise. Le corps avait été caché sous des carcasses de porc pour éviter les fouilles des Sarrasins ! Une première église fut édifiée en 828 pour accueillir ces reliques.
La basilique Saint Marc est la plus connue des 84 églises qui subsistent dans la ville.
Extérieurs
La
basilique actuelle a pour origine l'édifice construit entre 1063 et 1094,
à la place d'églises rebâties après l'incendie de 976.
De l'église précédente ne subsiste que la crypte (non visitable). Quant aux
reliques, on peut douter de leur authenticité après avoir subi l'incendie...
Elle n'a pris le titre de cathédrale qu'en 1807, à
la place de San Pietro di Castello (situé à l'extrémité
occidentale de Venise) lorsque le patriarcat
fut déplacé.
L'édifice
en brique est de type oriental avec un plan en croix grecque (4 branches égales
et cinq coupoles), avec une façade de 52m. Au cours des quatre siècles
suivants, des embellissements très importants furent apportés témoignant
de l'enrichissement de la ville et de ses conquêtes. Pour donner une allure
plus imposante, les coupoles basses d'origine en brique furent doublées
par des coupoles en charpente recouvertes de plomb. Les façades ont été
habillées d'un placage de marbre et des colonnes ramenées lors d'expéditions.
Les arcades des cinq portails de la façade occidentale sont ornées
de mosaïques qui pour certaines datent du XVIIIe s. en remplacement
de celles d'origine. Du fait de leurs origines variées, on peut remarquer
une certaine hétérogénéité, notamment de couleurs,
dans la forêt de colonnes.
Ces transformations ont fait passer l'édifice
d'un style byzantin à un style gothique. La façade en deux étages
affirme le statut de Saint-Marc en tant qu'église d'État.
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Aux trois mâts surmontés de lions dorés qui se dressent sur la Piazza, devant la basilique, flottaient autrefois les étendards des royaumes de Morée, de Candie et de Chypre, possessions coloniales de Venise.
Le
portail central de la façade principale est surmonté par une
mosaïque du Jugement Dernier et son arc bénéficie d'un
décor richement sculpté (les autres portails n'ont pas ce privilège).
Plus intéressante est la mosaïque du portail le plus à gauche,
la Porte San Alippio ou Saint Alipius, car elle est d'origine (XIIIe s.).
Baptisée "Translation du corps de Saint Marc", on y voit
surtout une représentation de la basilique à cette époque,
c'est-à-dire une façade avec des arcs en plein cintre qui ont précédé
l'habillage gothique rapporté par la suite. Le quadrige y figurait déjà.
La mosaïque de l'arcade du portail suivant (à gauche du portail
central) représente "Saint Marc vénéré par les
magistrats vénitiens".
Le
portail central est surmonté par la fameuse Loggia dei Cavalli,
la Loggia des Chevaux. Il s'agit de copies qui datent de 1982 afin de protéger
les originaux installés dans le musée de la basilique. Les originaux
ne sont pas en bronze mais en cuivre plus facile à dorer. Ils font partie
du butin ramené de la Quatrième Croisade en 1204, après la
défaite de Constantinople où le quadrige ornait un hippodrome. Ils
sont très anciens puisque les experts se querellent sur des époques
entre le IVe s. av. J-C et le IIIe s. de l'ère chrétienne.
De cette loggia, le Doge pouvait assister aux tournois qui se déroulaient
sur la place.
Leur destin fut encore bouleversé lors de la défaite
de Venise par Napoléon en 1797. Les chevaux firent partie du butin et se
retrouvèrent attelés à un char sur l'Arc du Carrousel aux
Tuileries. Ils retrouvèrent leur place ici en 1815.
L'arc de la loggia
est surmontée par un tympan à la point élancée décoré
d'un fond de ciel étoilé, azur et or, et d'un haut relief dégagé
représentant le Lion ailé recouvert d'or et posant une patte sur
les Evangiles.
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Sur
la courte façade méridionale, donnant vers le canal, on garde la
trace de portails (Porta da Mar). Ce qui est important deremarquer, ce sont les
deux colonnes dites syriennes dressées devant cette façade.
Elles auraient été rapportées de Saint Jean-d'Acre en Palestine
ou, selon d'autres, de Constantinople au XIIIe s.
Sur la droite, adossés
à l'angle saillant de l'aile méridionale, on peut voir le groupe
de statues des Tétrarques ramené par les Vénitens après
leur victoire sur les Génois au XIIIe s. Ces statues en porphyre représentent
quatre empereurs romains qui, à partir de 293, se partageaient l'autorité
sur l'Empire. Cette organisation faisait suite
au duumvirat instauré en 284 par l'Auguste
Dioclétien pour partager le pouvoir avec Maximine.
A la suite ils s'adjoignent chacun un César, Galère et Constance
Chlore. C'est pourquoi on les voit se tenant par couple et elles symbolisent en
quelque sorte "l'unité dans le pouvoir partagé". Le système
sera reconduit avec plus ou moins de crises et disparaîitra totalement à
la fin du IVe s. (361).
Revenons aux statues pour dire qu'on les date
du IVe s. Il y a une controverse sur leur origine. Proviennent-elles de l'oasis
syrienne de Palmyre ou bien d'Egypte (Galère faisait travailler à
sa cour des artistes égyptiens)...
Quoi qu'il en soit, ces statues sont
très appréciées en fond de photo par les jeunes mariés.
L'angle
de la basilique est précédé par une autre pierre en porphyre,
une sorte de piédestal, une "pierre à ban" qui
servait à la proclamation des lois (on en verra une autre à la Pescheria,
dans le quartier San Polo). Lors de l'écroulement du campanile en 1902,
cette pierre protégea l'angle de la basilique.
Tout à l'opposé, sur la Piazzetta dei Leoni, ce côté nord de la basilique est beaucoup plus dépouillé face aux deux lions de marbre rouge de Cottanello qui y furent sculptés en 1722 par Giovanni Bonazza. Un portail, la Porta dei Fior (la Porte des Fleurs) surmonté d'un bas-relief roman de la nativité (avec un Enfant-Jésus aux grandes proportions) conduit à la chapelle de Saint Isidore dont les reliques furent déposées ici en 1125. La chapelle fut achevée en 1355. C'est actuellement l'accès à l'espace de prières aménagé dans la basilique.
Intérieur
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On y accède par le narthex avant d'atteindre la nef. Le narthex est richement décoré de marbres et de mosaïques, toute la surface des murs et des coupoles en sont recouverts. Malheureusement, comme au palais des Doges, les photos sont interdites, même sans flash...
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La nef, est sombre mais les reflets d'or de ses mosaïques diffusent une clarté dorée. Mur et coupoles sont recouverts de ces mosaïques de verre revêtu d'or. Les motifs, écritures et scènes sont constitués par des él&ments multicolores. On évalue la surface de mosaïques à fond d'or à 8000 m² (j'ai aussi lu 4000?). Les mosaïques ont été réalisées au fil du temps, entre le XIIIème et le XVIème siècle, les plus récentes ayant été réalisées sur les cartons d'artistes comme le Titien ou le Tintoret. Quant au sol, il est recouvert de mosaïques et de carreaux de marbre.
Sur la droite, les fonts baptismaux ont été réalisés par Jacopo Sansovino. La mosaïque de la voûte illustre la vie de Saint Jean et l'enfance du Christ. Des Doges y sont inhumés.
Revenons
dans la nef, la scène de la coupole centrale représente l'Ascension.
Nous
avons pris le ticket (3 Euros et photos autorisées sans flash) permettant
de voir le Trésor auquel on accède depuis le transept
droit. On y voit des pièces d'orfèvrerie d'or et d'argent provenant
du pillage lors du sac de Constantinople en 1204, du moins celles que Napoléon
n'a pa prises pour les fondre. On y voit notamment de superbes icônes
byzantines de Saint Michel et une superbe icône de la Madonna Nicopeia
("celle qui rend victorieux").
Nouveau retour dans la nef séparée du choeur par l'iconostase comme dans les églises byzantines (et orthodoxes), ce qui correspond au jubé des églises médiévales d'Occident. Le maître-autel est surmonté d'un baldaquin, soutenu par 4 colonnes sculptées de reliefs sur le thème de la vie du Christ et de la Vierge. L'abside est décorée d'une mosaïque d'un Christ Pancrator (bénissant), du début du XVIème siècle.
Avec un autre ticket (2 Euros), on peut accéder derrière le maître-autel pour admirer la Pala d'Oro (la "Table d'Or"), un extraordinaire retable (3,40x1x4m), réalisé entre le IXème et le XIVème siècle. La Pala d'Oro qui n'était visible qu'en de grandes occasions (sinon, le retable était replié) est incrustée de centaines de pierres précieuses (300?) et de perles entourant 83 panneaux d'émaux cloisonnés illustrant pour la partie supérieure des scènes de l'évangile et pour la partie inférieure la vie des saints autour d'un panneau central représentant un Christ Pantocrator. En dessous sont représentés l'impératrice byzantine Irène, la Vierge et le Doge Falier.
Nous ressortons de la visite par la gauche du narthex, ce qui permet d'admirer les coupoles bien éclairées, celle de Moïse, celles racontant la vie de Joseph et celle d'Abraham.
Nous
n'avons pas acheté de ticket pour visiter le musée de la basilique
(on y voit par exemple les chevaux originaux du quadrige).
Même s'il ne lui est pas accolé, le Campanile est bel et bien le clocher de Saint Marc. Il est situé en face de la basilique, à l'angle saillant formé par la Piazza et par la Piazzetta. Le prix du ticket n'est pas donné: 8€!
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La visite ne présente pas un intérêt majeur en soit sinon celui de donner un magnifique point de vue sur les monuments avoisinants, sur la basilique Saint Marc, le Palais des Doges, le bassin de Saint Marc, ainsi que sur les toits et clochers vénitiens des quartiers alentour et sur l'ensemble de la ville, sur la lagune et les îles (notamment Murano). Lorsque le ciel est limpide, ce qui n'est le cas lors de notre visite, la vue permettrait même d'apercevoir les sommets des Alpes!
Avec
98,5 mètres (ou 95?) de haut et une base carré de 11x11m (ou 12x12?),
c’est en effet le monument le plus haut de la ville.
Alors courage! Mais rassurez-vous,
un ascenseur a été installé en 1962.
Une première tour existait dès 912 (construction commencée en 888) ou 1173 (?), bâtie sur des fondations romaines. Elle servait autrefois de clocher (avec une flèche en bois) et de phare aux navigateurs. C'était aussi une tour de garde (10e siècle), tout proche d'un château fort qui allait devenir plus tard, le Palais des Doges et aurait aussi servi de prison. Après avoir été restaurée plusieurs fois....
A la suite de l'incendie de 1489 et du tremblement de terre de 1511, le campanile
acquit sa forme actuelle en 1514 (ou 1515) entre les mains de l'architecte
Bartolomeo Bon et fut surmonté d'un ange doré servant de girouette.
Il demeurait relativement fragile et nécessita de nombreuses interventions,
dont celle de Longhena (architecte également de nombreux palais le long
du grand Canal), en 1653.
Galilée utilisa le campanile pour ses observations
astronomiques et présenta sa nouvelle lunette en 1609.
La Loggetta
baroque de marbre blanc bâtie à ses pieds entre 1537 et 1547 (ou
1549?) par Sansovino servit de salle pour le patriarcat (les nobles) puis pour
la garde d'honneur.
Le campanile s'effondra le 14 juillet 1902 sans que des signes de la catastrophe aient été perceptibles et après avoir résisté à des tremblements de terre. Il n'y aucune victime et la basilique s'en sortit miraculeusement indemne mais pas la Loggetta. Dix ans plus tard, en réemployant les matériaux, tout était reconstruit à l'identique, la Loggetta et le Campanile renforcé qui dressait à nouveau sa fière silhouette sur la ville.
Arrivé
à la plate-forme, on est sous les cinq cloches qui au temps de la République
avaient différentes fonctions:
-
la Marangna (ou Maragona?), la plus grande, sonnait autrefois l'heure du début
et de fin du travail. Sauvée des ruines, fragilisée, elle ne sonne
plus.
- la Malefico, "le Mal" (ou Maleficio o Renghiera?), la plus
petite, annonçait les condamnations à mort.
- la Nona comme son
nom l'indique sonnait à 9h (on trouve sur certains guides l'indication
de midi?).
- la Trottiera sevrait à appeler les membres du Grand Conseil
pourles réunions, ils mettaient leur cheval au trot...
- la Mezza Terza
("la troisième moitié"!!!?) ou Pregadi qui annonçait
une session du Sénat.
La
vue à 360° permet de balayer tout l'horizon et d'avoir une vue
plongeante sur toute la Place Saint Marc et les édifices qui l'entourent:
Procuraties, Tour de l'Horloge, Basilique, Palais des Doges. Un plus au-delà,
en partant du sud et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, on domine
le Bassin de Saint Marc et l'île de San Giorgio Maggiore (le campanile de
son église a dû être rebâti deux fois). Dans le quartier
de Dorsoduro: la Pointe della Dogana et Santa Maria della Salute. Dans le quartier
de San Marco: le fameux escalier hélicoïdal du Palais Contarini del
Bovolo, l'église San Stefano (et dans le lointain la gare maritime du Tronchetto),
San Zulian. . Dans le quartier de Castello: Santa Maria Formosa, San Zanipolo
et l'île de Murano, San Zaccaria et l'élégant campanile blanc
en marbre et pierre d'Istrie de San Giorgio dei Greci (encore un campanile penché
mais celui-ci tient ainsi depuis sa construction fin XVIe début XVIIe s.,
peut-être parce qu'il n'est pas en brique )...
AUTRES
EDIFICES DE LA PLACE SAINT MARC
Descendus
du Campanile, nous avons à notre droite la Piazzetta. Faisant face
au Palais des Doges, se touve la Libreria Marciana (dérivé
de Marco) construite au milieu du XVIe s. par le même architecte que
celui de la Loggetta. Une partie
des arcades du rez-de-chaussée et la terrasse sur la Piazzetta sont occupées
par le Gran Caffe Chioggia.
La Libreria est
l'une des plus importantes bibliothèques d'Italie avec près d'un
million de volumes. Son architecte, Sansovino, à cause de fut mis en prison
en raison de l'écroulement
d'une partie de la Salle pendant qu'elle était en construction. Selon les
sources, il en sortit en payant la reconstruction sur ses propres deniers et selon
d'autres en acquittant une amende de mille écus
...
Derrière le bâtiment et longeant le canal se situent les
Jardins Royaux (Giardinetti Reali). Un peu plus loin, se trouve l'un des autres
célèbres cafés de Venise, le Harry's Bar fondé en
1931grâce au mécénat d'un jeune américain. Avant la
Seconde Guerre Mondiale, il fut fréquenté par les célébrités
des arts et spectacles du monde entier que l'on n'appelait pas encore le jet set.
Et après-guerre, ce fut aussi l'un des bars fréquentés par
Hemingway de part le vaste monde (La Havane...).
Les
Procuraties forment les deux côtés longs de la Place Saint Marc.
Le bâtiment situé au nord est le plus ancien comme son nom l'indique
. (Procatie Vecchie).
Il date du tout début du XVIes (architecte B. Bon). Son vis-à-vis
est d'un siècle plus jeune donc plus neuf (Procuratie Nuove). Ils abritaient
les bureaux des procurateurs, les plus hauts fonctionnaires de la République
en charge de l'administration des biens (sauf du Palais des Doges). Maintenant
ces locaux abritent des bureaux et administrations.
Au rez-de-chaussée
des Procuratie Vecchie, on trouve deux grands cafés: le Levana
(ouvert en 1750 il prit le nom alors de "Reine de Hongrie" puis renommé
"Café des Etrangers" avant de prendre son nom actuel en 1860)
et le Quadri
(ouvert en 1775). Sous les Procuraties Nuove, le célèbre Café
Florian leur fait face. Il fut fondé en 1720 sous le nom de "A la
Venise Triomphante". Leurs terrasses installées sous les arcades et
débordant sur la place créent une animation avec leurs musiciens.
En 1810, ces bâtiments ont été reliés par "l'aile napoléonienne" après la démolition d'une petite église au fond de la place. Ainsi le rectangle est quasiment fermé, avec la basilique qui fait face.Le gouverneur mis en place y résidait, il céda la place à celui d'Autriche puis ce fut la résidence des rois d'Italie puis celle du Président de la République... Ce bâtiment donne accès au Musée Correr dont les salles sont situées dans les étages des Procuratie Nuove.
En remontant
le long des Procuratie Vecchie, on arrive au pied de la Tour de l'Horloge (Torre
dell' Orologio) achevée en 1499 (ou 1496 ou 1497?). Elle surmonte un
arc donnant accès au centre ville. Selon les légendes, pour que
ce chef-d'oeuvre ne puisse être reproduit ailleurs on aurait fait crever
les yeux des horlogers qui ont réalisé le mécanisme, voire
même qu'on les aurait assassinés.
C'est une horloge astronomique
donc outre les heures, le cadran analogique situé au-dessus de l'arcade
indique les phases de la lune, du soleil et les signes du zodiaque. Au niveau
suivant, on voit une statue d'une Vierge à l'Enfant tandis que le jour
de l'Ephiphanie et pendant la semaine de l'Ascension, des portes s'ouvrent pour
faire défiler des automates représentant les Rois Mages. De chaque
côtés de la statue, l'heure et les minutes sont affichées
sous une apparence digitale (heures en chiffres romains). Au-dessus, un lion ailé
de Saint Marc, ajouté au XVIIIe s., se détache sur un fond
d'azur étoilé. Enfin à son sommet on voit deux Maures (Mori)
nommés ainsi à cause de la couleur du bronze noirci dont ils sont
faits. Ces géants de 3m frappent la cloche à tour de rôle
à l'aide de grands marteaux. Pour rappeler le passé, c'est d'abord
le vieillard qui frappe 5 minutes avant l’heure tandis que le jeune qui représente
l'avenir frappe 5 minutes après l'heure juste.
La visite en est possible
sur réservation depuis la restauration de 2006.
A l'angle nord-est de la place se trouve la Piazzetta dei Leoni déjà évoquée. Ce petit "carré" ouvert sur la grande place est limité à l'est par la Tour de l'Horloge et l'église San Baso, fermé au fond par le Palais Patriarcal construit de 1837 à 1870 (le terme local de patriarcat correspond à diocèse et à sa tête est placé un cardinal), ailleurs l'édifice serait appelé Palais Episcopal, et à l'ouest par l'une des façades de la basilique. En sont centre, une esplanade surélevée deux sculptures de lions (ou de lionceaux), réalisées par John Bonazza en 1722. Elles sont en marbre rouge de Cattanello. Au centre trône une imposante margelle de puits, ou plus exactement de citerne.
AILLEURS
DANS LE QUARTIER DE SAN MARCO
En
quittant la Place Saint Marc par l'arc de la Tour de l'Horloge, on arrive sur
le réseau des Mercerie, des rues (Merceria dell' orologio, San Zulian,
del Capitello, San Salvador, Due Aprile) où il fait bon faire du shopping,
entre Saint Marc et le Pont du Rialto.
Nous les avons empruntées, elles
et les rues parallèles, le premier jour, et, pour la partie entre San Marco
et San Zulian, tous les jours!
Sur
la façade de la maison ocre du Campo San Zulian, on peut voir un
haut-relief représentant Saint Georges terrassant le dragon.
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Quelques
mots sur la petite église
renaissance ou plutôt la chapelle San
Zulian près de laquelle nous résidions. Précision: Zulian
(Julien) est l'équivalent vénitien de Giuliano en italien.
Sur
la façade, au-dessus de la porte, inscrite dans un arc, on voit la statue
de bronze du bienfaiteur, le docteur Tommaso Rangone (qui traitait par phytothérapie
les cas de syphilis et la fièvre jaune). Ce médecin avait financé
la construction de l'église conçue par Jacopo Sansovino au milieu
du XVIe s. A sa droite, on peut voir un globe terrestre montrant que l'on
imaginait alors l'Antarctique soudé à l'Amérique du sud...
A droite de la porte principale, on peut voir une inscription en hébreu.
A
l'intérieur, il faut admirer plusieurs tableaux ornant les murs, le plafond
et le maître-autel dus à
Palma le Jeune (Jacopo di Antonio Negretti) et à Véronèse.
Tout
près, par la Ramo Lucatello, on arrive à la Corte (cour) Lucatello
où se trouve la Trattoria Alla Scala
où nous déjeunons agréablement d'un menu touristique à
21,50€,
boisson comprise: spaghetti aux
palourdes (caparozzoli), friture ou saumon grillé ou foie de boeuf
(une spécialité vénitienne délicieuse avec des oignons
et accompagnée de polenta) ou escalope au citron et deux boules de glace
artisanale...
Nous
avons également parcouru la partie centrale du quartier San Marco
lors de notre retour de San Polo. Campo San Luca puis Campo Manin,
coup d'oeil sur le Ponte della Cortesia, surle Rio di San Toma, puis nous sommes
passés devant le Palais Contarini del Bovolo (XVe s.) dont
nous avons pu admirer l'escalier extérieur hélicoïdal (dit
"l'escalier du serpent") depuis le Campanile de Saint Marc.
Nous
avons poursuivi en passant devant la Fenice. Ce célèbre opéra
de style néo-classique construit à la toute fin du XVIIIe s.
a été deux fois détruit par des incendies, en 1832 et en
1996. Avec l'aide de l'UNESCO il a été reconstruit à l'identique
et remis en service en 2003. Renaissant à chaque fois de ses cendres, elle
mérite bien le nom de "Phénix"...
En reprenant la direction de la Place Saint Marc,
nous passons par la Calle dei Barcaroli, le pont passant ce même canal puis
la Calle della Frezzaria...
Le dernier jour, nous avons constaté que les employés de la ville commençaient les préparatifs en vue de l'acqua alta liée à la prochaine marée d'équinoxe: supports métalliques et panneaux de bois pour construire d'éphémères chemins à pied sec....
Je
ne reviens pas ici sur le Pont du Rialto qui
relie les quartiers San Marco et San Polo. Je
l'ai évoqué dans la page consacrée au Grand Canal.
Je
ne reviens pas non plus sur le tour de gondole
qui a parcouru le réseau de canaux à la frontière des quartiers
San Marco, Castello et Cannaregio.