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aux VOYAGES Etape
précedente : Quartier de Sultanahmet (Topkapi) |
Sous un grand soleil, nous quittons de bon matin l'ancien coeur de Byzance tout en restant dans le centre historique puisque, pour l'essentiel, les sites visités se situent à l'intérieur des fortifications érigées par Constantin.
Tout
ce quartier bénéficie d'un classement au Patrimoine Mondial de
l'UNESCO
depuis 1980-81.
En se rendant dans ce quartier par la rue Divanyolu, nous
parcourons l'extrémité nord-ouest du quartier de Sultanahmet
où nous découvrons le Mausolée du Grand Vizir Keçecizade
Mehmet Fuat Pasa (mort à Nice en 1868), voisin de la mosquée
du même nom dans un style Orientaliste. Puis c'est le mausolée du
sultan Mahmud II et, 100m plus loin, la Colonne de Constantin près
du Hammam de Cemberlitas.
Le Mausolée de Mahmud II (Mahmud II Türbesi) a un plan octogonal voisine avec un cimetière. D'autres sultans y sont également inhumés.
Haute
de 35m et datant du IVe s, la
Colonne de Constantin
qui supportait
sa statue jusqu'à ce qu'une tempête la renverse au XIIe s.,
est en porphyre d'Heliopolis (Egypte) mais victime des outrages du temps, elle
a dû être corsetée de fer.
Nous changeons immédiatement de quartier pour arriver dans le vaste quartier du Grand Bazar. Déjà en arrière-plan de la colonne de Constantin se profile l'unique minaret de la Mosquée Gazi Atik Ali Pasa, l'une des plus ancienne de la ville (fin du XVe s.), proche du Grand Bazar, construite à l'initiative du grand vizir du sultan Beyazit à l'emplacement du forum de Constantin le Grand.
Changement de direction pour
se diriger vers les caravansérails (han) en passant par la très
lumineuse et imposante Mosquée baroque Nuruosmaniye (milieu du XVIIIe s.)
terminée par le sultan Osman (frère et successeur de Mahmud Ier),
d'où le nom de l'édifice (Nur-u Osman Iye).
Nous
longeons l'une des 21 (ou 18?) portes du Grand Bazar, la Porte Mahmud Pasa
(Mahmud Pasa Kapisi) avant de nous enfoncer dans les petites rues commerçantes
et les anciens han, autrement dit les caravansérails (Kürkçü,
Büyük, Valide) reconvertis en boutiques de grossistes ou en ateliers
où l'on exerce encore toutes sortes de petits métiers qui donnent
un avant-goût du bazar voisin. Leur cour est envahie par des constructions
parasites qui masquent les arcades de leurs galeries.
Beaucoup de marchandises
qui semblent remonter des quais de la Corne d'Or finissent portées à
dos d'homme dans les rues pentues qui grimpent à l'assaut de la colline
de Beyazit, colline surmontée par ont nous allons bientôt reparler...
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Revenant vers le sud, nous arrivons
maintenant au marché couvert du Grand Bazar (Kapali Karsi
aussi appelé autrefois Bedesten, bazar couvert) par une petite rue
bordée de boutique consacrées aux accessoires de couture que sont
les boutons, toutes les sortes de rivets et de boutons: à trous, à
queue, à pression.
Maintenant,
pénétrons dans le Grand Bazar.
Ce marché couvert
qui est le plus grand du monde s'étend sur une trentaine (ou une vingtaine?).
La partie la plus ancienne date de 1455. Avec quelque 30 hectares, il compte environ
4000 boutiques (de 3300 à 4300), 61 rues (ou 65?), 10 puits, 4 fontaines
et 2 mosquées... Les produits précieux d'antan y ont été
souvent remplacés par des produits manufacturés de pacotille...
Nous pénétrons dans ce véritable labyrinthe d'allées voûtées et d'arcades par une petite porte, la Porte Mercan qui s'ouvre sur le secteur des antiquités et tapis mais nous partons aussitôt sur la droite en direction du secteur des textiles sur une allée principale (Yaglikçilar) puis se poursuit par celui des cuirs. Evitant celui des bijoux et de l'orfèvrerie afin d'économiser à la fois notre temps et des devises, nous bifurquons vers l'est, autour de la Fontaine de Marbre, on trouve les secteurs des souvenirs et à nouveau celui des antiquités et tapis.
La
création de ce bazar très ordonné et très propre (fontaine,
mosquées intérieures, banques, cafés et restaurant, PTT,
police...) est due à Mehmet II, au milieu du XVe s., juste après
la conquête de la ville. Inspiré par l'architecture byzantine, ses
rues sont couvertes par des centaines de dômes recouverts de plomb.
Il ne correspond pas tout à fait l'image de confusion que l'on a lorsque
l'on visite certains souks du Proche Orient. Finalement le Bazar, ce n'est pas
tant le bazar que ça!
Quant à l'insécurité dont
font état certains guides et forums au sujet des vols à la tire,
nous ne l'avons pas du tout ressentie... Inconscience?
Nous en ressortons par la Porte de Beyazit face à laquelle se dresse la mosquée du même nom.
La
mosquée de Beyazit bâtie au tout début du XVIe s.
à l'emplacement du forum byzantin de Tauris en mémoire du Sultan
Beyazit II, à la demande de son fils Yavuz (donc rien à voir
avec le Beyazit assassiné en 1635 par son frère de Mourad IV
qui inspira à Racine sa tragédie "Bajazet").
C'est la plus ancienne des mosquées impériales, construite avec des matériaux pillés lors de la conquête de la ville. Elle s'inspire de la basilique Sainte Sophie mais avec un plan en T renversé. La cour est dotée d'une élégante fontaine aux ablutions rituelles (sadirvan) des fidèles (la propreté étant l'une des règles fondamentales de l'Islam) et d'un portique aux colonnes de porphyre et de granit. La nef est surmontée par la coupole principale encadrée de demi-coupoles pour la stabiliser. Un grave incendie détruisit en 1953 une partie des bâtiments voisins dont il subsiste une medrese (école) et un hammam.
Nous avons une vue sur la Tour de Beyazit érigée au sommet de la colline éponyme. Elle servait de poste de guet contre les incendies. Cette tour en maçonnerie date du XIXe s. et a remplacé des tours de guet en bois qui furent détruites par un ...incendie!
Puis nous passons devant le monumental portail
mauresque de l'Université d'Istanbul, une sorte de petit arc de triomphe
édifié au XIXe s. et qui donnait auparavant accès au
services du Ministère de la Guerre. Malheureusement il faut montrer une
patte blanche d'étudiant pour accéder au parc dans lequel sont
disposés une partie des bâtiments universitaires... Plus loin, longeant
l'enceinte universitaire, nous passons près d'annexes extérieures
et croisons un groupe d'étudiantes portant toute un foulard (hijab) généralement
de couleur claire.
Dans un angle de rue, nous pouvons admirer, près
d'anciennes constructions, un cimetière ottoman typique avec ses
stèles portant des épitaphes (probablement en turc mais écrites
en alphabet arabe) et souvent surmontées d'un couvre-chef (généralement
un turban noué à la mode des soufis) qui donnent à certaines
une apparence anthropomorphique. Certaines semblent avoir été "décapitées"
(suite à l'interdiction de cet usage depuis 1829?)... Le style des stèles
funéraires ottomanes classiques prit forme dans le courant du XVIe siècle.
Nous poursuivons notre exploration vers l'ouest par
la rue Tosyali dont l'une des rues adjacentes nous conduit à la petite
mosquée Kalenderhane, située au pied de vestiges de l'aqueduc
de Valens. Une église byzantine fut construite ici vers les VIe-XIIe s.
et plus probablement sous le règne de lempereur Maurice (582-602),
à l'emplacement de thermes romains. Au nord, on peut apercevoir des vestiges
d'un monastère construit ultérieurement. L'édifice a été
transformé en mosquée après la conquête de Constantinople
et elle hébergea la Confrérie des Derviches Tourneurs.
Un gardien
envahissant nous empêche de profiter de la visite. On remarquera quand même
les panneaux de marbre polychrome qui revêtent les murs. L'une de ces plaques
est tout particulièrement vénérée par les femmes qui
espèrent une grossesse (elles appuient leur abdomen contre cette plaque
de marbre vert). A noter aussi que le mihrab n'est pas dans l'axe de l'édifice
mais dans un angle afin de respecter son orientation traditionnelle. Malheureusement
des fresques en mosaïque et peinture évoquant Saint François
d'Assise ont été retirées de l'édifice il y a une
quarantaine d'années.
Le gardien se fait carrément menaçant
lorsque nous quittons les lieux, exigeant qu'on lui donne la pièce...
Etape suivante plus paisible, à la mosquée
des Princes (Sehzade Camii). Soliman commanda cette mosquée
à l'architecte Sinan pour commémorer la mémoire de son fils
Mehmet en 1543 (ou 1548?), auprès du mausolée de son fils. Sinan
dut sa consécration à cette première oeuvre magistrale.
Deux minarets et une salle de prière au plan en croix grecque surmontée
d'une coupole centrale encadrée de quatre demi-coupoles. En plus modeste,
on peut dire qu'il sest fortement inspiré de Sainte-Sophie. Là
aussi, certains bâtiments au nord de la mosquée sont appuyés
contre laqueduc de Valens.
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Nous
voici enfin parvenus aux vestiges les mieux conservés de l'Aqueduc de
Valens, une portion de 800m de long ayant conservé ses arcades sur
deux étages. Initialement, cette section mesurait un kilomètre et
reliait deux collines. Pour des raisons d'urbanisme, une partie fut détruite
en 1912.
On n'atteint pas là le saisissement esthétique que
l'on a en voyant notre Pont du Gard, plus ancien (début du Ier s.)
avec ses arcades sur trois niveaux mais cela reste quand même un beau témoignage
d'une construction remontant au IVe s. et qui acheminait l'eau sur plus de
200km (!?) depuis des forêts de montagne.
Il fut commencé
par Constantin Ier ou Constantin-le-Grand et achevé en 378 par lempereur
Valens qui lui a donné son nom. Plusieurs fois endommagé par des
tremblements de terre, il fut plusieurs fois restauré.
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Nous revenons sur nos
pas en jetant un coup d'oeil sur un bâtiment à étage, en marbre
au rez-de-chaussée, en brique et moellons à l'étage. Il s'agit
de l'école primaire (sibyan mektebi) "Recai Mehmet Efendi"
construite dans un style rococo en 1775, sous le règne du sultan Mustafa
(1757-1774). Longtemps à l'abandon et utilisée comme entrepôt
et pour sa fontaine, elle a été restaurée en 1970.
Au
nord de Beyazit et du Grand Bazar
Nous
refaisons une partie du chemin en sens inverse, pour aller plus au nord, en
passant près d'une autre porte monumentale de l'Université toute
proche de la mosquée de Soliman Ier (Süleymaniye Camii),
dit Le Magnifique.
Elle a été construite en six années au milieu du XVIe s.,
au coeur d'un important complexe religieux et profane (külliye):
médersas (écoles coraniques), hôpital, caravansérail,
cantine pour les pauvres (imaret)... C'est la plus grande mosquée
de la ville, oeuvre particulièrement harmonieuse de l'architecte
Sinan, et donc aussi la plus importante des 131 mosquées qui ont été
son oeuvre (sans compter quelque 200 autres édifices). Soliman en
sa qualité de calife, c'est-à-dire dirigeant de loumma
(la communauté des musulmans) et commandeur des croyants, confia
également à Sinan le remplacement des décors de la mosquée
du Dôme du Rocher à Jérusalem par un revêtement de
carreaux de céramique ottomans (1545-42).
Avec ses volées de coupoles et demi-coupoles qui partent à l'assaut
du ciel, elle dépasse de loin en réussite architecturale, son
imitation, la mosquée Bleue, due à son élève Mehmet
Aga.
Elle coiffe la troisième colline du "vieux Stamboul" et domine
majestueusement la Corne dOr avec ses quatre minarets (deux grands à
trois balcons et deux petits à deux balcons, véritables collerettes
en dentelle de pierre).
Après avoir longé le mur sud-ouest au pied desquels sont disposés
des dizaines de robinets pour les ablutions, un portail conduit dans la cour
dont les portiques périphériques couverts par 28 coupoles reposent
sur 24 antiques colonnes provenant de la loge impériale (kathima)
de l'hippodrome byzantin. Dans la salle de prière qui s'inscrit dans
un plan mesurant 63 x 68 m, on est saisi par la hauteur du dôme (53m),
hauteur double de son diamètre. Le dôme central est encadré
par cinq coupoles périphériques. La lumière pénètre
par 138 fenêtres. Ici le décor n'est pas apporté par des
mosaïques mais peint.
Des visiteurs plus curieux pourraient prolonger la visite par le mausolée
de Soliman et celui de son épouse Roxelane ou par le tombeau de Sinan,
construits près de la mosquée.
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Nous n'avons pas un long chemin à parcourir
(800m) pour arriver au Bazar Egyptien (Misir Carsisi), en fait il
s'agit plutôt de dévaler la rue pentue Sabuncu Hani.
Pas de risque
de s'y perdre car c'est simplement un bâtiment en forme de L. Un premier
bazar fut installé ici en même temps que la Nouvelle Mosquée
au XVIIe s. , entre une concession vénitienne et un quartier juif.
La sultane Hatice Turhan qui commanda l'oeuvre à l'architecte impérial
Mustafa Aga. Il n'y a jamais eu ici de marchands égyptiens et son nom officiel
devrait donc être Bazar Valide mais il est dit "égyptien"
car financé grâce aux impôts perçus au Caire.
Les
bâtiments actuels ont moins d'un siècle d'existence. Comme à
l'époque des Vénitiens et des Génois, on y trouve toutes
sortes d'épices, parfums et aromates mais des traditions plus récentes
y ont fait apparaître des bijoux, fruits sec, confiseries et même
du caviar! C'est de plus en plus un lieu fréquenté par les seuls
touristes.
Dans un espace en cours de réaménagent,
notre parcours dans le quartier se termine par la Nouvelle Mosquée
(Yeni Camii) qui vient juste d'être évoquée. Nouvelle
certes mais elle a déjà trois siècles et demi d'existence
puisqu'elle a été terminée au milieu du XVIIe siècle... Sa construction fut entreprise
par la mère de Mehmet III au siècle précédent et fut
l'oeuvre d'un élève de Sinan.
Son décor intérieur fait appel aux carreaux à dominante
blanc et bleu, en faïence d'Iznik à motifs floraux sur les murs,
la loge du sultan et les piliers tandis que les coupoles ornées de motifs
géométriques et floraux peints habillent cet édifice de
41mx41m.
Elle occupe une place privilégiée
près des embarcadères d'Eminönü et devant le Pont de Galata.
Sur le plan religieux, c'est l'une des deux plus importantes mosquées
de la ville (avec celle d'Eyup, située au-delà des remparts
de Théodose). Justement, nous nous y trouvons à l'heure de la prière
de la mi-journée (ögle), il n'y a pas foule et les fidèles
sont plutôt âgés, il est vrai que pour les gens qui travaillent,
la religion musulmane autorise le report des prières jusqu'au retour chez
soi.
En contournant la mosquée on découvre la rampe permettant daccéder au Pavillon Impérial (hünkar kasri) percé dun large portail voûté. C'est ici que résidaient le sultan et sa famille lorsquils venaient prier à la Nouvelle Mosquée, en particulier pendant le mois du ramadan. Les travaux de restauration intérieure et extérieure et de mise en valeur menés de 2005 à 2009.
Soufflons un peu dans le quartier d'Eminönü et de la Gare de Sirkeci,
tout près du Pont de Galata!
Nous voici au terme d'une superbe et
longue matinée plutôt bien remplie et il est bien temps de déjeuner
tout en échappant aux restaurants pour touristes. Nous avons la chance
de trouver par hasard le restaurant Konyali Lokantasi (rue Mimar Kemalettin)...
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