Sainte Sophie Citerne-basilique (Yerebatan) Mosquée Bleue TOPKAPI: harem et palais Petite Ste Sophie (Küçük Ayasofya) Restaurant ''House of Medusa''

Hauts lieux byzantins et ottomans
1 - Quartier antique (hippodrome) 2 - Palais de Topkapi et harem
3 - Sainte Sophie 4 - Citerne-basilique
5 - Mosquée Bleue6 - Petite Sainte Sophie

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A PROPOS DE RELIGION(S)...

Généralités sur l'Islam...


...et particularités turques

Depuis l'instauration de la République, la Turquie n'a pas de religion officielle, c'est un Etat laïque. La liberté de culte est assurée aux non musulmans et nombreuses sont les églises et les synagogues. Cela remonte à l'abolition du Califat en mars 1924 (faisant suite à l'abolition du sultanat, autrement dit de la monarchie, en 1922) par Mustapha Kemal Atatürk et aux réformes annexes: interdiction de certains éléments vestimentaires (caftan, fez, voiles...), interdiction des confréries religieuses (derviches), instauration du week-end à la place du vendredi musulman... L'aboutissement de cette évolution s'est traduit dans la constitution laïque de 1937.

Un peu d'histoire

Les tribus nomades venues d'Asie centrale (des plaines de Mongolie à celles de l'Asie centrale) sous la conduite d'un chef nommé Seldjouk, combattirent au cours de leurs migrations, du VIIe au IXe siècle, les empires omeyyade et abbasside sunnites.
Les Seldjoukides qui régnèrent sur le royaume des Oghouzes, au nord de la Mer d'Aral à partir de l'an 990 se convertirent au sunnisme au Xe siècle et, au moment où ils migrèrent vers le sud, ils s'iranisèrent en adoptant également le persan comme langue officielle de leur Grand Empire Seldjoukide, avec pour capitale Ray (actuelle Téhéran).
A partir du XIe s., les Seldjoukides furent supplantés par les Ottomans d'Anatolie également convertis au sunnisme.

Pratique de l'Islam

Plus de 96 % (ou 85% ou 99% ?) de la population turque est enregistrée comme musulmane. La majorité des musulmans sont des sunnites mais d’après une enquête de 2007, environ 14 % des adultes se définissent dans leur relation avec la religion comme "n’ayant pas de conviction religieuse" ou "ne croyant pas à des obligations religieuses".
Les Turcs sont tolérants envers les autres religions et pratiquent un Islam modéré, appréciant par exemple les boissons alcoolisées (le fameux raki) et les cigarettes sauf pendant les 30 jours du Ramadan où un bon musulman ne va rien faire passer entre ses lèvres de toute la journée, du moins jusqu'au soir. Ceci dit, on peut trouver des restaurants qui ne servent jamais d'alcool.

Tolérants, certes mais dans la mosquée les hommes et les femmes prient séparément, en dehors de la prière du vendredi midi à laquelle les femmes ne sont pas admises.
A la suite du mouvement intégriste de ces dernières années, le port du voile et de la calotte progresse, bien que le port du voile soit interdit dans les écoles et universités, certaines étudiantes mettent des perruques (ça rappelle la façon de certaines femmes juives de se conformer aux obligations du judaïsme tout en adoptant les canons de la mode occidentale) pour contourner l'interdit et suivre les lois de l'islam.

Nommer les enfants

Quant ils ne sont pas empruntés aux grands personnages de l'Islam, les prénoms turcs ont toujours une signification et peuvent se rapporter au moment ou aux circonstances entourant la naissance: Bayram (fête), Safak (Aube), Bahar (printemps), Ramazan (le mois sacré, le Ramadan), Yagmur (Pluie ), Tufan (Tempête) ou exprimer le sentiment des parents sur l'enfant (Yeter "Dernière rose" ou Songul "Assez" pour exprimer le souhait que ce soit le dernier!).
Quand un nom est choisi, il est donné par un imam ou une personne âgée de la famille en tenant l'enfant dans la direction de la Mecque (Kible). Il procède à la lecture du Coran dans l'oreille gauche de l'enfant et répète son nom trois fois dans son oreille droite.
En Anatolie, on a pour coutume de planter des arbres pour les enfants nouveau-nés: noisetier, mûrier ou pommiers pour les filles, peuplier ou pin pour les garçons. Pour les garçons c'est un investissement qui pourra lui servir pour les frais lors de leur mariage!




Autres communautés orientales

La communauté des Alévis, un courant musulman distinct, représenterait de 15 à 25% (ou 10% ?) de la population. L'alévisme se distingue par son non-dogmatisme religieux contrairement au sunnisme et au chiisme. Ils ont été parfois violemment réprimés par les autorités ottomanes, notamment au XVIe s. Ils se considèrent comme des héritiers d'Ali, le gendre du Prophète, tout en se différenciant des chiites. Les Alaouites pratiquent une liturgie de nature secrète, empreinte d'influences chamanistes des anciennes cultures anatoliennes
L’Islam alévi est né en Asie centrale mais a pris sa forme finale en Anatolie. La majorité des Alévis sont d’origine turque et turkmène, d'autres sont kurdes kurmandji, d'autres, enfin, sont d'origine perse.
Ils ne vont pas à la mosquée, ne font pas le Ramadan (mais il fêtent Nevruz le 21 mars , le jour du Printemps et Nouvel An du calendrier iranien) ni ne prient en arabe et leur culte réunit hommes et femmes.
Les Alévis de Turquie sont souvent considérés comme proches des Nusayris (ou Noseïris ou Ansariyas). Les Nusayris ou Alaouites présents dans le sud-est de la Turquie et en Syrie qui forment une secte hétérodoxe, initiatique et secrète influencée par l'ismaélisme, sont théologiquement assez proches des alévis.

Autre communauté religieuse encore bien plus marginale (et marginalisée!), celle des Yézidis.
Le Yézidisme est une religion monothéiste qui plonge ses racines dans l'Iran ancien et dont les adeptes font l'objet de persécutions ("adorateurs du diable", "secte aberrante"). Leur calendrier religieux a 6762 ans. Les fidèles de cette religion croient en un Dieu unique, croyance complétée d'apports syncrétiques. Les Yézidis parlent un dialecte kurde, le kurmandji. Les Yézidis ont une organisation sociale sous forme de castes dominées par les Sheikhs et les Pirs, tandis que la majorité des Yézidis sont de la caste de Murids. Le nombre d'adeptes de cette religion serait peut être de l'ordre du million, dont la majorité avec 600 000 pratiquants en Irak, peut être 60 000 en Turquie (d'autres sources indiquent qu'il n'y aurait plus que quelques centaines d'individus à pratiquer cette religion!) et des effectifs similaires dans les pays su Caucase, ce à quoi il faut ajouter 150 000 yezédis ayant émigré en Occident depuis les années 1990.


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Etape suivante : Quartier du Bazar

En un tout petit peu plus de trois jours que nous passerons à Istanbul, nous aurons maints occasions de parcourir l'extrémité de la "presqu'île historique" d'Istanbul, de jour et de nuit, sous un ciel gris et pluvieux et trop rarement sous un soleil radieux...

"Stratégiquement située sur la péninsule du Bosphore entre les Balkans et l'Anatolie, la Mer noire et la Méditerranée, Istanbul a été successivement la capitale de l'Empire romain d'Orient et de l'Empire Ottoman et a été associée aux événements majeurs de l'histoire politique, de l'histoire religieuse et de l'histoire de l'art pendant plus de 2 000 ans. La ville est située sur une péninsule qui est entourée par la Corne d'Or (Haliç), un port naturel au nord, le Bosphore à l'est et la Mer de Marmara au sud. La Péninsule historique sur laquelle l'ancienne Byzance et Constantinople se sont développées était entourée de murailles construites à l'origine par Théodose au début du cinquième siècle.
...la ville d'Istanbul a été associée à de grands événements politiques, religieux et artistiques pendant plus de 2000 ans. Ses chefs-d'œuvre comprennent l'ancien hippodrome de Constantin, la basilique Sainte-Sophie.
La valeur universelle exceptionnelle d'Istanbul réside dans son intégration unique de chefs d'œuvres architecturaux qui reflètent la rencontre de l'Europe et de l'Asie au cours de plusieurs siècles et dans son incomparable ligne d'horizon composée par le génie créatif des architectes byzantins et ottomans.
"

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Un tour du Parc Archéologique et de l'Hippodrome

Tout ce quartier exceptionnel, qualifié de "Parc Archéologique", a bénéficié d'un classement au Patrimoine Mondial de l'UNESCO dès 1953 et 1956.

Nous commençons par l'antique Hippodrome (at Meydani).
Point de vestiges spectaculaires d'un site qui pouvait recevoir 100 000 spectateurs dans les 40 rangées de gradins disposés autour d'une piste de 400mx150m (ou 117 ou 120m ?). Il fut l'oeuvre des empereurs romains Septime Sévère au début du IIIe s. puis, un peu plus d'un siècle plus tard, de Constantin. Aujourd'hui, son extrémité sud est seulement marquée pour trois monuments proches les uns des autres, entre la Mosquée Bleue (à l'est) et l'hôtel Alzer, le Musée des Arts Turcs et les bureaux de la Direction du Cadastre.
L'esplanade qui occupe
désormais l'emplacement de l'ancien hippodrome est un espace très minéral, avec notamment un remarquable pavage en granit gris dont les pavés sont taillés avec un soin tout particulier que l'on ne trouve pas dans nos villes: ici les arrêtes des pavés sont arrondies comme si elles avaient subi l'épreuve du temps. Très agréable pour le marcheur.
L'avantage de cette esplanade, c'est qu'elle dégage parfaitement la vue à la fois vers Sainte Sophie et vers la Mosquée Bleue.

Tout d'abord, le plus méridional, une sorte d'obélisque faite d'une maçonnerie de blocs de pierre qui daterait du IVe s. et que l'on nomme Colonne de Constantin VII Porphyrogénète, du nom de l'empereur byzantin qui la fit restaurer et recouvrir de plaques de bronze au Xe s. d'où son autre nom d'Obélisque Muré. Ces plaques furent emportées par les Croisés au profit des Vénitiens lors de la Quatrième Croisade (1203-4), tout comme le Quadrige de la Loge Impériale (Kathisma), dont les quatre chevaux de bronze ont orné par la suite la Basilique St Marc à Venise. Dépouillée de son armure de bronze par les Vénitiens qui en firent des pièces de monnaie, la dégradation de la colonne est aussi due aux troupes des janissaires qui s'en servaient de mur d'escalade pendant l'Empire Ottoman.

Plus discret est le monument suivant. La Colonne Serpentine représente trois serpents enroulés et dressés. Elle provient du temple d’Apollon de Delphes (en Grèce) et c'est l'Empereur Constantin qui la fit ériger ici en 324. En bronze, elle aurait été fondue à partir des boucliers des soldats perses morts lors de la Bataille de Platées (479 av. J-C).
Mais la colonne est désormais amputée de sa partie supérieure depuis qu'un ivrogne l'eut brisée au XVIIIe s. De ses 8m d'origine, ne subsistent donc que 5,50m.

 

Enfin, se dresse l'Obélisque de Théodose (un peu plus de 25m de hauteur, socle compris), du nom de l'Empereur romain Théodose qui la fit rapporter du Temple de Karnak en Egypte en 390. En porphyre de Syène, il aurait été taillé vers l'an 1490 av. J-C sous le règne du Pharaon Touthmôsis III et les hiéroglyphes évoquent ses victoires en Mésopotamie vers 1450.
En fait, il s'agit d'un obélisque brisé dont il manque le tiers inférieur. Il repose sur quatre cubes de bronze, eux-mêmes posés sur un socle de marbre sculpté en l'honneur de Théodose.

A l'autre extrémité de l'hippodrome, se dresse un tout autre monument, d'une tout autre époque. Il s'agit de la Fontaine de Guillaume II (Kaiser Wilhelm II), offerte lors de sa visite en 1895 (achevée en 1895) par le roi de Prusse et empereur d'Allemagne. A gauche de l'esplanade se dresse la petite mosquée Firuz Aga Camii.

L'Hippodrome ne fut pas qu'un lieu de réjouissance puisqu'à l'époque de l'empereur Justinien (VIe s.), 30 000 rebelles y furent massacrés. Bien plus tard, en 1826, c'est le sultan Mahmut II qui y fit exécuter 30 000 janissaires révoltés...

Esplanade de l'ancien hippodrome:  l'obélisque de Théodose Ancien hippodrome:  bâtiment du cadastre Ancien hippodrome: mosquée Firuz Aga 

Esplanade de l'ancien Hippodrome

Quittons l'hippodrome et passons de l'autre côté de la Mosquée Bleue.

Par la rue Torun et ses jolies maisons de bois aux couleurs pastel, nous longeons le Musée des Mosaïques avant de traverser le Bazar d'Astara (artisanat). Poursuivant notre chemin vers le nord (vers Topkapi), nous passons près des hôtels Blue House et du Four Seasons avant de nous rabattre vers la rue Kabaskal qui longe le Hammam de Roxelane (Haseki Hürrem Hammam) édifié par le sultan Soliman et portant le nom de la concubine qui supplanta la première épouse.

Le véritable nom de ROXELANE, d'origine ukhrainienne, serait née Anastasia Lisovska. Roxelane est le nom sous lequel elle est connue en Occident.
Avide de pouvoir, cette esclave réussit à séduire le sultan Soliman le Magnifique par son charme et sa vive intelligence. Devenue sa favorite, elle lui donna cinq enfants. Désirant se convertir à l'islam, elle fut affranchie et prit le nom de Hürrem. Devenue musulmane, elle fit valoir qu'elle ne pouvait plus avoir de relations qu'en étant épouse légitime. Une nouvelle fois Soliman dut céder...
Mais Roxelane, c'est aussi beaucoup de cruauté. Elle serait l'initiatrice de l'assassinat du Grand Vizir Ibrahim Pasha, grand ami de Soliman. Non contente d'avoir fait exiler en province l'ancienne première épouse et son fils, Mustafa, elle fit en sorte de faire croire à Soliman qu'il préparait un coup d'état contre lui, ce qui poussa Soliman à le faire tuer. Ainsi, la place devenait libre pour l'un des deux fils de Roxelane encore vivants, Baeyzid et Selim...
Mais la cruauté n'est pas l'apanage de la seule Roxelane. Depuis le siècle précédent, sous le régne de Mehmed II, le conquérant ("fathi") de Constantinople, la succession entre les fils du sultan est réglée (institutionnalisée par décret!) de manière sanglante par le fratricide et non par le droit d'aînesse. A son avènement le sultan doit massacrer tous ses frères ou demi-frères et devient "monarque universel élu de Dieu". C'est ainsi que Selim, avec l'appui de Soliman, parvint à éliminer son frère cadet...

Construit par le célèbre architecte Koca Mimar Sinan dont nous aurons plusieurs fois l'occasion d'évoquer le nom, il se distingue par sa symétrie, un côté pour les hommes et l'autre pour les femmes.
Destiné à l'origine aux ablutions des fidèles se rendant à la prière à Sainte Sophie transformée en mosquée, c'est désormais un centre culturel du tapis (et magasin!).

Nous longeons alors la basilique Sainte Sophie (devenue mosquée Ayasofya Camii avant d'être musée) jusqu'à l'angle avec la fameuse rue Sogukcesme (littéralement "rue de la fontaine d'eau froide"). Coup d'oeil à la Fontaine d'Ahmet III. Datant de 1728, c'est la plus belle fontaine d'Istanbul avec ses cinq coupoles et ses quatre niches et ses décors floraux.

Revenons à la rue Sogukçesme et à ses anciennes maisons de bois du XVIIIe s., tellement bien restaurées depuis les années 1980, avec leurs couleurs pastel, qu'on les penserait neuves. Beaucoup sont devenues de petits hôtels (pansiyon) et chambres d'hôtes.
Au bas de la rue Sogukçesme, nous rejoignons la rue Caferiye d'où nous apercevons sur la gauche la mosquée Zeynep érigée en 1769 par la Sultane Zeynep, fille de Amhet III, dans le style d'une église byzantine.

Dans un virage, sur la droite se dresse le Pavillon ou kiosque Alay (de "l'extase") et sur l'autre côté le Tribunal des Mineurs (Çocuk Mahkemesi), un vieux bâtiment avec une galerie sur rue au rez-de-chaussée, et surtout la Sublime Porte (Bab-ü Ali). Cette dernière, de style rococo date de 1840. Symbole du pouvoir ottoman et siège du gouvernement depuis le XVIIIe s., c'est là qu'étaient reçus les ambassadeurs étrangers avant d'être introduits au palais.

Le style ROCOCO...

Dans les pages suivantes nous évoquerons souvent ce style dans le nom à une sonorité si amusante...
Il correspond à un mouvement artistique européen du XVIIIe siècle né après le baroque et qui s'exprime dans l'exubérance des formes et décors.
Le nom donné par les détracteurs de ce style est le fruit de l'association du mot français "rocaille" (imitation de rochers) et du mot italien "baroco" (baroque).

 

De là, sur la droite, un long chemin pentu tracé entre l'ancien Hôtel des Monnaie et le Parc de Gülhane et le Musée Archéologique, conduit à la première cour du Palais de Topkapi avec dans ce parc l'église byzantine Ste Irène (Agya Irini du VIe s., devenue arsenal et non mosquée! puis salle de concert) faisant face à la Porte du Salut (Bab-üs Selam) ou Porte du Milieu (Orta-kapi) flanquée de deux tours et donnant accès à la seconde cour et au palais proprement dit.


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TOPKAPI, le harem et autres parties du palais (9h-17h)

Après le parcours décrit ci-dessus et afin de ne pas devoir affronter ensuite une queue sans fin pour accéder à la billetterie du palais, il faut s'être mis en chemin pratiquement dès 8 heures, sachant que le palais ouvre à 9 heures.
Tarifs: 25YTL pour les palais + 15YTL pour le harem + 2x15YTL pour l'audio-guide que l'on loue après avoir accédé dans la deuxième cour (avec système d'autoplay plus ou moins efficace en fonction de bornes émettrices) soit un total correspondant à environ 30€, ce qui se justifie et justifie également de passer là sa matinée...


Quelques informations générales sur le Palais de Topkapi
("la porte du canon").
Cet ensemble palatal
du sultan Mehmet II édifié aux alentour de années 1460 fut le second après le premier palais qui avait été construit une vingtaine d'année plus tôt sur une colline plus à l'ouest, là où aujourd'hui se situe l'Université d'Istanbul.

L'ensemble du Palais
ou Sérail (serayi en turc et en persan), nom qui est parfois donné à cette partie du quartier, couvre 70ha (700 000m² !) et est clos par 5km de remparts. Il fut construit à l'emplacement d'églises et de monastères byzantins sur le sommet de la pointe délimitée par la Corne d'Or et la Mer de Marmara.
Il compte environ 300 pièces, neuf hammams, deux mosquées et un hôpital.. Le palais fut gravement endommagé par un incendie en 1665. Il
servit de résidence à 30 sultans avant d'être abandonné en 1853 (ou 1839?) au profit du Palais de Dolmabahçe, sur les rives du Bosphore (nous en reparlerons) par les six derniers sultans.
A l'avènement de la République laïque, Mustapha Kémal abolissant le califat, décida en octobre 1924 de faire un musée de cet ancien palais.

LE HAREM

Après un contrôle de billets et contrôle de sécurité, arrivés dans la deuxième cour, nous commençons la visite par le Harem (Dar-üs Saadet, le "lieu sacré, interdit"), une partie assez peu muséographique néanmoins très intéressante qui date du XVIe s. et est due au fameux architecte Mimar Sinan dont nous reparlerons souvent. Cet ensemble compte une centaine de pièces mais la visite n'est ouverte que dans une partie d'entre elles. En revanche, on peut y faire des photographies.
Le harem est le quartier réservé aux femmes et où un seul homme peut pénétrer, le sultan. Dans un palais, le quartier des hommes est le selamlik.

Le harem de Topkapi date seulement du XVIe s., lors du règne de Murad III, car auparavant il était resté dans l'ancien palais de Beyazit.

 

L'accès se fait par la Porte des Carrosses (Arabalar Kapisi), tout près de la Tour de la Justice qui abritait le Diwan (ou Divan ou Kubbealti (non visité) où le sultan réunissait ses conseillers (les vizirs) et où il rendait justice. De ce point haut du palais, le sultan avait une vue sur l'ensemble de la ville.

Le DIWAN est un mot persan passé par l'arabe et le turc qui désigne tout à la fois le conseil du sultan, la réunion de ce conseil, la salle où il se réunit (pourvues de banquettes et coussins où s'asseyaient les vizirs) et par extension le gouvernement.
A noter que chez les Moghols (nord de l'Inde), le terme diwan est repris dans les expressions Dîvân-i Âm et Dîvân-i Khâs pour désigner les salles d'audiences publiques et privées.
Par extension il désigne dans les maisons orientales une salle garnie de coussins servant à la réception des hôtes.
L'usage du mot DIVANest apparu en France à la fin du XVIIIe siècle avec l'arrivée du courant orientaliste. Il sert à désigner un canapé sans dossier ni bras.

Notre parcours passe successivement par un vestibule, le Dôme des Placards (Dolapli Kubbe) où était gardé le trésor du harem (titres notariés, argents, comptabilité impériale), puis c'est la Salle de la Fontaine aux Ablutions (Sadirvanli Sofa) aux murs couverts de céramiques. Vient ensuite le quartier des eunuques (agalari) noirs (il y en eut de 100 à 600, fournis par le Pacha d'Egypte), leur cour et leurs dortoirs, la Kadin Efendiler Tasligi.


 

Puis c'est la cour des épouses légitimes et Cariye Tasligi des concubines, selon les sultans, de 8 à 400 cariye ou hassodalik (d'où vient notre mot odalisques), la cour de la la reine-mère, mère du sultan (Valide Tasligi) , la Valide Sultane et ses appartements. Viennent plus loin les chambres privées de Murad III et d'Ahmet Ier, les pavillons jumeaux (Çifte Kasirlar) sorte de "cage dorée" pour le prince héritier (qui y était maintenu tel un prisonnier par crainte de Coup d'Etat !), la cour et les appartements des favorites (Mabeyn Tasligi ve Dairesi).

HAREM , CONCUBINES et EUNUQUES...

Epouse et épouses

Selon la loi islamique un homme pouvait avoir jusqu'à quatre épouses légitimes. A noter qu'à chaque nouveau mariage, l'homme devait recueillir l'accord des précédentes épouses... Sachant qu'il y a moults moyens de pression dont la menace de répudiation. Il suffit à l'homme de prononcer trois fois "talak" (ou talaaq ou talek) pour divorcer.
Seuls les riches pouvaient jouir de ce privilège...


Les concubines du harem

En Orient, le terme harem a le sens large de "partie de l’habitation réservée à la famille". Le mot harem vient de l’arabe harim "lieu consacré inviolable".
Plus communément, on l'associe au lieu où résident le groupe de concubines. Avant que cette pratique soit diffusée par les Arabes, on en trouvait des formes de l'Extrême-Orient jusqu'au Moyen-Orient.

Les concubines se placent sur un tout autre registre que celui des épouses.
Il est pourtant surprenant d'apprendre que les familles nobles considéraient comme un privilège de voir l'une de leurs filles intégrer le harem d'un puissant personnage tel un vizir. On peut assimiler cette pratique à une forme de prostitution... ce qui ne diffère guère de la pratique des courtisanes dans les cours royales d'Occident.

Une matrone, ancienne concubine avait la charge de gérer le gynécée.


Les eunuques du harem

Dans de nombreuses cultures orientales (Japon, Chine, Inde, Empire Ottoman...) ou même d'une Antiquité méditerranéenne géographiquement plus proche de nous (Grèce, Rome), les eunuques étaient des hommes châtrés destinés à des fonctions de responsabilité car on les pensait plus honnêtes puisqu'ils n'avaient pas à favoriser une descendance. Ce que l'on connaît le mieux, des eunuques, c'est leur rôle de gardiens des femmes des harems. Mais comme l'islam interdit l'émasculation aux musulmans, leurs eunuques appartenaient à des populations étrangères.

Les eunuques noirs, ici , à Topkapi (tout comme au Maroc par exemple) étaient non seulement castrés ou châtrés mais complètement émasculés, ce qui n'était pas le cas de leurs collègues les eunuques blancs qui assuraient la garde extérieure du harem mais n'y pénétraient pas.
Le kizlar aga (''agha des filles'') était le chef de eunuques noirs et le kapi aga (''agha de la porte'') celui des eunuques blancs dans le sérail de Topkapi.

Cette pratique barbare était aussi un moyen d'approcher le pouvoir de participer aux intrigues de Cour (ainsi, le sultan Murad III ne fit-il pas assassiner 19 de ses frères!). Si bien que cette pratique n'était repoussée par les familles d'aucune catégorie sociale, considérant que cela pouvait être une carrière enviable pour l'un de leurs fils.

Malgré l'interdiction de cette mutilation par la religion chrétienne dans l'Empire romain, on continua d'y avoir recours dans le très chrétien Empire byzantin (et bien après avec les castrats affectés au chant liturgiques dans les églises catholiques et ...romaines!), tant à la cour impériale que parmi l'aristocratie. Aucune charge n'était fermée aux eunuques, mise à part celle d'empereur. Certains devinrent patriarches, commandant d'armées ou directeur des services fiscaux.
Cette tradition fut aussi celle de la Cour dans l'Empire Ottoman qui lui succéda.


Après trois quarts d'heure de visite, on ressort en empruntant le Couloir d'Or (Altinyol) et la Porte de la Volière ou Porte Kushane qui débouche près de la Mosquée des Agalar.

Harem de Topkapi Harem de Topkapi Harem de Topkapi Harem de Topkapi Harem de Topkapi Harem de Topkapi

Les autres parties du palais

Revenus dans la deuxième cour, nous poursuivons par la visite des autres parties du palais, hors du harem.

Les cuisines qui ferment le côté sud-est ne sont pas visitables actuellement. Dommage car elles renferment une collection de porcelaines (notamment chinoises), céramiques, verreries...
Nous passons la Porte de la Félicité (Bab-u Saadet) qui conduit à la Salle du Trône ou Salle des Audiences (Arz Odasi) actuellement en travaux.
Attention, les photos sont interdites dans les salles présentant des collections et ce, même sans flash!

Nous allons d'abord nous intéresser aux musées situés sur le côté droit de la troisième cour: la salle des vêtements impériaux puis les quatre salles du trésor (butins de guerre et cadeaux d'ambassadeurs ou de souverains étrangers), trésor pour lequel une queue considérable s'allonge dans la cour. On peut y admirer différents trônes recouverts d'or et incrustés de pierres précieuses, des poignards et théières tout aussi incrustés ou le diamant de Kasikçi de 86 carats entouré de 49 brillants...
Sur le fond de la cour, opposé à la Porte de la Félicité, une salle est consacrée aux miniatures et portraits (tient donc, ainsi le sultan passait outre à l'interdit islamique de la représentation humaine!).
Dans cette troisième cour, nous passons dans le Pavillon du Saint Manteau ou Pavillon des Reliques (Hirka-i-Saadet). L'une des quatre salles renferme le manteau de Mahomet mais on reste dans une antichambre. Dans ce pavillon, on présente d'autres reliques du prophète (poils de barbe, empreinte de pied, lettre manuscrite).
Cet endroit est donc un vrai lieu de pèlerinage pour les Musulmans car ces reliques ont été ramenées ici à la suite de la conquête de l'Egypte et de l'Arabie par le sultan Sélim Ier au XVIe s., lorsque le sultan ottoman Selim Ier se fit céder le califat par le dernier abbasside, Al-Mutawakkil III en 1516. Selim Ier fit transporter les reliques de Mahomet et des quatre premiers califes à Constantinople comme symboles de sa position califale.A partir de ce moment, leur détention permit au sultan de s'attribuer le titre de calife, c'est-à-dire "chef de l'islam".

Enfin, voici la quatrième cour appelée "Jardins des Tulipes". La tulipe n’est pas originaire de la Hollande comme on le pense généralement, mais elle vient d’Anatolie! C'était la fleur préférée des sultans dans l’Empire Ottoman dont elle est devenue un véritable symbole, en particulier sous le règne du sultan Amhet III.
Sur la gauche, au nord-ouest, se dressent le Pavillon des Circoncisions (Sünnet Odasi), le Kiosque de Revan et le Pavillon de Bagdad (Bagdat Köskü), entre lesquels s'étend une terrasse avec le balcon couvert d'Iftariye (ou d'Ibrahim), une sorte de baldaquin doré donnant une large vue sur la Corne d'Or et le Bosphore où le sultan venait rompre le jeûne du Ramadan. Le Pavillon de Bagdad, de plan octogonal, fut construit au milieu du XVIIe s. pour commémorer la prise de Bagdad par Murat IV. Il est orné des célèbres faïences bleues d'Iznik, de boiseries incrustées de nacre et d'une superbe coupole soutenue par 22 piliers.
Le centre du jardin accueille le Kiosque de Mustafa Pasa ainsi que le petit kiosque du chef des Physiciens et la partie sud, près d'une petite mosquée très sobre, le Kiosque d'Abdülmeçit, utilisé comme restaurant.

Topkapi, dans la troisième cour Topkapi, pavillon de Bagdad Topkapi, la porte impériale Topkapi, la porte impériale 

Il faut faire le chemin inverse en repassant de la troisième à la deuxième cour par la Porte de la Félicité puis revenir dans la première cour par la Porte du Salut et enfin, après être passés près de l'église Sainte Irène, nous sortons par la Porte Impériale (Bab-i Humayun ou Sultanat Kapisi), au sud-est, près de la Fontaine d'Ahmet III.


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Sainte Sophie (9h30-17h)

Dans la foulée, nous décidons d'entreprendre la visite de Sainte Sophie (Aya Sofya Camii).
Tarif: 25YTL + 15YTL de location d'audio-guide.

C'est une ancienne basilique consacrée à la Sagesse Divine, devenue mosquée en 1354, un an après la prise de Constantinople par les Ottomans de Mehmet II, puis désaffectée par Mustapha Kemal Atatürk en 1934 (ou 1935?) pour en faire un musée.

Sa construction remonte aux années 532 à 537, sous le règne de l'empereur Justinien, en reprenant l'emplacement d'églises antérieures (sous Constantin au IV s. ou au Ve s.)... Ambitieux projet de Justinien qui voulut que cette église soit "telle que depuis Adam, il n'y en eut jamais et qu'il n'y en aura jamais plus".

Ce labeur mobilisa 10 000 ouvriers sur un chantier qui fut mené à bien en seulement 5 années ! Les bâtisseurs utilisèrent des matériaux et ornements provenant des anciens monuments de l'Empire. Plus de 107 colonnes, y compris celles des galeries des tribunes, proviennent de l'Artémision à Ephèse (la quatrième des Sept Merveilles du Monde antique) ainsi que des temples d'Héliopolis (Baalbek), en Phénicie, d'Athènes, de Délos et du sanctuaire d'Osiris en Égypte. Certaines mesurent 20m de hauteur pour 1,50m de diamètre et pèsent jusqu'à 70 tonnes! Les murs seront recouverts de marbres polychromes provenant des provinces de l'Empire: marbre blanc de Marmara, marbre vert de l'île d'Eubée, marbre rose des carrières de Synada, marbre jaune d'Afrique, porphyre d'Egypte... ainsi que 16 000m² de mosaïques d'or recouvrant la structure de mortier et de brique
Malgré son plan basilical (rectangulaire) se prêtant mal à supporter un lourd dôme, la construction fut dotée d'un dôme de 38m de diamètre qui s'effondra en 558, une vingtaine d'années seulement après l'inauguration. Le dôme plus haut mais moins vaste (31m) qui le remplaça s'effondra au Xe s.
La coupole actuelle renforcée par 40 fuseaux (tels des baleines de parapluie) est faite de briques fabriquées à partir d'une argile particulièrement légère provenant de l'île de Rhodes. L'édifice frappe donc par l'audace de cette coupole qui s'élève à 55 ou 56m du sol pour un diamètre de 31m tout en ne reposant que sur 4 piliers principaux par l'intermédiaire de pendentifs triangulaires concaves mais, dans un contexte de forte sismicité, la stabilité de l'ensemble a été renforcée par de lourds et peu esthétiques contreforts extérieurs (on ne connaissait pas encore la techniques des élégants arcs-boutants gothiques). Cela reste quand même une prouesse architecturale quand on songe que le dôme de la basilique Saint Marc à Venise qui date de la même époque (Xe s.) ne culmine qu'à 45m du sol. Quant à Saint Pierre de Rome, si sa coupole la surpasse en dimension, il faut préciser que sa construction ne remonte qu'au XVe s. L'espace central est vaste avec 74,50mx70m (ou 77x72m ?) alors que le plan en croix grecque de Saint Marc se limite à 76,50mx62,50m... Ce fut ainsi la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale de Séville (des XVe-XVIe s.).
Aux VIIIe et IXe s. (de 726 à 843) une partie des mosaïques d'origine disparurent lors de la période des empereurs iconoclastes. De ce fait les mosaïques qui subsistent datent de périodes allant du IXe au XIIIe s., donc de par et d'autre du schisme de 1054 qui donna naissance à l'église orthodoxe dont le patriarcat s'établit ici.
Lors de la prise de Constantinople par les Croisés en 1203, le trésor la basilique fut pillé (croix incrustées, candélabres, icônes, reliquaires...) et une partie de la mosaïque d'or furent emportées au profit de Venise.
Après la reconversion du bâtiment en mosquée à la suite de la conquête ottomane, en différentes phases les mosaïques furent progressivement recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans l'islam de représenter des scènes figuratives. Ce fut d'abord le cas du Christ Pantocrator qui ornait la coupole, remplacé par des calligraphies et détruit plus tard lors d'un tremblement de terre en 1894. L'édifice reconvertit fut doté d'un minaret à l'angle sud-est, le minarets de brique de Mehmet II. Son fils Beyazit II en ajouta un autre à l'angle nord-est. De nouveaux contreforts furent ajoutés au milieu du XVIe s. par l'architecte Sinan qui réussit à atténuer la lourdeur extérieur (une vingtaine de contreforts en tout) par l'élancement vertical apporté par deux minarets supplémentaires plus massifs ajoutés du côté ouest.

Commençons la visite.
On pénètre par la façade orientée au nord-ouest, ce qui est logique puisque l'abside indiquant la direction de Jérusalem se trouve à l'opposé, donc au sud-est. La lourdeur extérieure s'efface immédiatement au profit de la splendeur intérieure.
Dans l'exonarthex, premier vestibule longeant la façade, on peut voir un ancien bénitier ainsi que le sarcophage de l'impératrice Irène (qui régna au tournant des VIIIe-IXe s., après la mort de son mari Léon et après avoir écarté du trône son propre fils).
Le vestibule suivant, le narthex, commence a révélé des merveilles. La mosaïque de la Porte impériale ornant le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur date de la fin du IXe s. Elle représente l'empereur (Léon VI ?) prosterné aux pieds du Christ qu'encadrent deux médaillons représentant l'Archange Gabriel et la Vierge Marie. La mosaïque du tympan de l'entrée sud-ouest par laquelle nous allons entrer dans une nef latérale date de 944 et représente la Vierge assise avec l'Enfant Jésus sur ses genoux tandis que de part et d'autre, se tiennent debout les empereurs Constantin (sur notre droite) et Justinien.
Passant la porte de bronze attribuée à l’empereur Théophile (IXe s.) et arrivés dans le latéral, nous pouvons admirer une colonne de porphyre et tout près l'une des deux grandes jarres monolithiques de marbre (ou d'onyx ou d'albâtre ?) d'une capacité de 1250 litres qui datent de la période hellénistique et qui furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Murad III. Cette première nefs est surmonté d'arcs croisés (sans ogives) décorés de croix en mosaïque.
Des chérubins, sortes d'anges à six ailes entourant une tête ornent les pendentifs du dôme central tandis que la base du tympan du mur nord, au-dessus des tribunes du gynécée (réservé à l'Impératrice et aux femmes byzantines), garde la trace du portrait des patriarches. Compte tenu de l'éloignement et de l'éclairement, il est malaisé de percevoir les détails de ces figures. A l'angle sud-est, le metatorion, un espace circulaire délimité au sol fait de dalles de marbre polychrome, également circulaires, marque "le centre du monde" où le empereurs étaient couronnés.

Les vestiges suivants témoignent des pratiques de l'Islam en ce lieu. Tout près se trouve la tribune du muezzin (müezzin mahfilli) pour la lecture du Coran due au sultan Murad III. Nous arrivons dans l'abside avec à gauche, la chaire de prédication de l'imam (ou du mollah) datant de la même époque. Au centre se trouve la niche vide du mihrab qui indique la qibla, c'est-à-dire la direction de la ka'ba à La Mecque. Cette niche est entourée par un somptueux cadre doré orné d'une frise de feuillages.
Levons les yeux pour découvrir la mosaïque ornant la demi coupole surmontant l'abside. Cette Vierge à l'Enfant de 897 est la première mosaïque de la période post-iconoclaste et serait la reconstitution d'une précédente mosaïque du VIe s.
Revenons sur terre, sur le côté gauche, faisant pendant au minbar, se dresse la loge du sultan, une dentelle de marbre due aux architectes italo-suisses qui effectuèrent des travaux de restauration au XIXe s.

En revenant par le latéral gauche, près de la seconde jarre, on peut voir une queue de visiteurs attendant leur tour pour introduire leur pouce dans un trou de la colonne suante de St Grégoire à laquelle on prête des pouvoirs thérapeutiques (maux de tête, grossesse...) sinon de smiracles. Pour cela, tout en prononçant un voeu, il faut y introduire le pouce, paume à plat sur la colonne, et effectuer une rotation complète dans le sens des aiguilles d'une montre!

Sainte Sophie Sainte Sophie Sainte Sophie Sainte Sophie Sainte Sophie Sainte Sophie 

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Près de là, du narthex part une étonnante rampe conduisant aux tribunes du côté nord. Maintenant dépouillée de tout décor, cette rampe sinistre semble mener à quelque sombre cachot mais il n'en est rien.

Les tribunes ou gynécée, réservées à l'impératrice et aux femmes, courent sur trois côtés de l'édifice et sont soutenues par une soixantaine de colonnes plus resserrées, plus fines et plus courtes que celles de la nef, étaient . On peut donc plus facilement en observer les élégants chapiteaux ornées de feuilles d'acanthe enserrant les monogrammes de Justinien et de son épouse Théodora.
A l'ouest, la tribune impériale avec la loge de l'impératrice qui fait face à l'abside. Sur le coté droit (sud-ouest), on passe la Porte de Marbre ou Porte du Ciel et de l'Enfer et une fois franchie, on trouve à droite la mosaïque de la Déisis représentant le Christ Pantocrator (Christ en gloire revenant pour le Jugement Dernier) entouré par la Vierge et par Jean-Baptiste. Cette mosaïque tardive (milieu du XIIIe s.), bien qu'endommagée est considérée comme un chef-d'oeuvre. Le rendu des cheveux ou de la barbe donnerait presque l'illusion d'une oeuvre peinte alors que l'on a eu recours à de minuscules tesselles pour réaliser ces détails.
Moins artistique, les graffitis en écriture runique laissés par les Vikings sur la balustrade de marbre. Dans un autre angle se trouve la dalle marquant le tombeau de Enrico Dandolo, 41e doge de Venise, instigateur du pillage de Constantinople lors de la Quatrième Croisade. Cela ne lui aurait-il pas porté chance puisqu'il mourut ici en 1305 mais il est vrai qu'il avait 82 ans! Quant à ses ossements, il se dit que les Ottomans les donnèrent aux chiens...
Arrivés près de l'abside, l'angle sud-est recèle deux mosaïques. La mosaïque de l'Impératrice Zoé du XIe s. avec un Christ Pantocrator entouré de Constantin IX et de son épouse Zoé. L'autre mosaïque dite des Commène, plus récente d'un siècle et plus réaliste, représente la Vierge debout tenant dans ses bras l'Enfant Jésus, entourée par l'empereur Jean II Commène et son épouse Irène.

Après une bonne heure d'une superbe visite culturelle et spirituelle, il est temps de songer aux nourritures terrestres car il est près de 13h30 !
Rue Divanyolu, nous jetons notre dévolu sur le restaurant "Maison de la Méduse" (vous comprendrez immédiatement l'origine de ce nom)...


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La Citerne-basilique (Yerebatan) (9h-17h)

Citerne-basilique 
Citerne-basilique 
Citerne-basilique 

Une petite visite s'impose à la Citerne-Basilique (Yerebatan Sarayi Sarnici) surnommée "le Palais Englouti", située à l'angle des rues Divanyolu et Alemdar, à hauteur de Sainte Sophie.
Tarif: 10YTL.

C'est l'une des centaines de citernes byzantines dont disposait autrefois Constantinople mais celle-ci est la plus grande de toutes. On y accède par un escalier de pierre de 52 marches.

 

Médusa et les Trois Gorgones...

Dans la mythologie grecque antique, les Gorgones étaient des monstres féminins du monde souterrain. L'une d'elles, Médusa à tête de serpent avait le pouvoir de transformer en pierre ceux qui la regardaient.
Une autre tradition indique que Médusa était une jolie jeune fille dont Perseus, fils de Zeus, était amoureux. Mais la déesse Athena aimait Perseus. Par jalousie, elle transforma les longs cheveux de Médusa en serpents et ceux qui la regardait étaient changés en statues de pierre.

On retrouve la Méduse un peu partout dans le monde méditerranéen, notamment en Sicile dont le drapeau emprunte la figure.

Cette étrange construction souterraine remonte à la fin de l'empire romain, sous Constantin (IVe s.). Elle fut agrandie par l'empereur byzantin Justinien (toujours lui!) deux siècles plus tard et restaurée aux XVIIIe et XIXe s. Alimenté par un aqueduc dont on reparlera, ce réservoir de 140mx70m (ou 138x64,5 ?) pour 8m (ou 9 ?) de haut permettait de stocker 80 000m3 (ou 90 000 voire 100 000m3 ?) qu'utilisait le palais situé de l'autre côté de l'hippodrome, près de la Sainte Sophie. Après la conquête ottomane, l'eau du réservoir fut utilisée pour l'arrosage des jardins du Palais de Topkapi (pour leur usage personnel, les Ottomans préféraient l'eau venant directement d'une source).
Elle a été oubliée jusqu'à ce qu'un voyageur hollandais, Petrus Gyllius, la redécouvre au milieu du XVIe s. qui observa que les habitants y puisaient de l'eau avec des seaux par des trous percés dans le sol.
C'est ici que l'une des scènes aquatiques du James Bond "Bons baisers de Russie" a été tournée (film de Terence Young, sorti en 1963, avec Sean Connery dans le rôle de 007).


La mise en valeur de ce curieux monument a commencé en 1940 lorsque la municipalité a exproprié les propriétaires de constructions bâties au-dessus de la citerne. Des travaux en surface dans les années 1955-60 ont sérieusement endommagé 8 colonnes du côté nord (sur la partie droite) et des travaux de réparation de colonnes fissurées furent effectués en 1968. Du coup celles-ci sont enrobées d'une épaisse gangue de béton qui n'est pas du meilleur effet (cela fait penser aux piliers de l'ancienne basilique de N-D de la Guadalupe à Mexico). La mise en valeur s'est poursuivie par le curage (50 000m3 de boue évacués) réalisé dans les années 1985-87 ainsi que l'édification de plateformes de visite installées au-dessus d'un petit miroir d'eau (où vivent même des poissons) qui a été conservé pour la mise en valeur du monument à laquelle contribue également l'éclairage et la musique d'ambiance...


La citerne est entourée d'un mur épais de 3,50 ou 4,80 mètres en briques maçonnées et enduites avec un mortier spécial pour assurer son étanchéité. Les arcs et voûtes de brique de l'édifice sont supportés par 336 colonnes (12 rangées de 28) de réemploi, donc de styles les plus divers (y compris une étrange colonne verte imitant les noeuds d'un tronc d'arbre) mais principalement d'ordre corinthien (chapiteaux à feuilles d'acanthe). Ces colonnes de marbre sont parfois formées par superposition de deux tronçons assemblés. Elles sont espacées de 4m et hautes de 8m.

Citerne-basilique


Tout au fond à gauche, deux colonnes reposent même sur des têtes de la Méduse. Anciens chapiteaux de colonnes (?), ces têtes ont été curieusement réemployées ici comme socles de colonnes, l'une est retournée, crâne contre le sol tandis que l'autre repose sur la tempe droite! Les poser ainsi à l'envers signifiait-il nier les dieux grecs qu'elles représentaient ou au contraire rechercher quelque protection dans les anciennes pratiques païennes ?

 

Citerne-basilique Citerne-basilique Citerne-basilique 



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La Mosquée Bleue (Sultan Ahmet Camii) (8h-18h)

Mosquée Bleue (Sultan Ahmet Camii) 
Mosquée Bleue (Sultan Ahmet Camii) 

Revenus à la surface, nous poursuivons notre chemin en direction du sud, vers la Mosquée Bleue (Sultan Amhet Camii) située de l'autre côté de l'Hippodrome, côté est. A l'époque byzantine, tout ce quartier était occupé par de nombreux palais.

C'est la mosquée la plus célèbre et toujours vue, même lors de visites express d'Istanbul, mais ce n'est que la seconde en surface après celle de Soliman dont nous reparlerons dans la page suivante.

La visite sera calme car nous sommes en dehors des heures de prières.

Sous le règne d'Ahmet Ier, elle fut construite en 1616 par l'architecte Mehmet Aga, disciple de Sinan, comme pour défier sa rivale et voisine Sainte Sophie du haut de ses six minarets dont quatre principaux dotés de trois balcons contre deux balcons pour les deux autres minarets. Donc également par rivalité avec la mosquée de La Mecque également pourvue de six minarets à cette époque. Pour faire cesser le sacrilège, le sultan en sa qualité de calife, c'est-à-dire dirigeant de l’oumma (la communauté des musulmans) et commandeur des croyants, offrit un septième minaret à cette dernière! Rappelons que si aujourd'hui l'appel à la prière est lancé à l'aide de haut-parleurs, il y a quelques décennie il était lancé directement par la voix des muezzins qui montaient à ces balcons.
C'est l’un des derniers édifices de la plus prestigieuse période de l’empire ottoman, avant le déclin qui va s’amorcer au XVIIe s. mais cela n'en reste pas moins qu'une pâle copie, voire une imitation, de la mosquée de Soliman-le-Magnifique.
D'ici partait la caravane sacrée se rendant à La Mecque et c'est ici que le sultan venait célébrer les fêtes religieuses du calendrier musulman.

Sinan et ses successeurs montrent qu'en faisant appel soit à des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye dont nous parlerons dans la page suivante), soit à un plan octogonal répartissant mieux les forces verticales (mosquée Selimiye d'Erdine), soit encore par des demi-coupoles sur les quatre côtés (ici avec la Mosquée bleue), on apporte une solution au problème de solidité des édifices.

La teinte bleutée qui règne à l'intérieur (tout particulièrement par temps couvert!) est due à la bonne vingtaine de milliers de carreaux de faïence d'Iznik, bleus et bleu-vert dont certains sont ornés de motifs floraux (tulipes, cyprès, roses, oeillets) réalisée à partir de poudre de cobalt sur fond blanc. Cette bichromie qui avait la faveur des sultans, grands collectionneurs de porcelaines chinoises de la dynastie des Ming (1368-1644) influença la production de ces ateliers. Cette tonalité est encore renforcée par les décors peints de la coupole centrale et des demi-coupoles qui l'encadrent ainsi que par les vitraux de ses 250 (ou 260?) fenêtres. Des thèmes animaliers sont également présents mais de manière discrète (rappelons que l'Islam reprend la tradition judaïque de l'aniconisme, c'est-à-dire l'interdiction de la représentation divine, humaine et de tout être vivant animé).
Les tribunes sont réservées à l'usage des femmes, étrange (!) similitude avec ce qui se pratiquait à l'époque byzantine dans la toute proche basilique Sainte Sophie...

Le dôme central de 23,5m (ou 27?) de diamètre et de 43m de hauteur est soutenu par 4 énormes piliers cannelés de 5m de diamètre, ce qui permet de juger de l'ambition qui s'était manifestée dans la Sainte Sophie, pourtant plus ancienne d'un millénaire ! (cf. plus haut).
Classiquement, le minbar se dresse à droite du mihrab et la loge du sultan à sa gauche. C'est de cette loge que Mahmud II décréta la dissolution du corps des janissaires en 1826, ce qui entraîna le massacre de 7000 d'entre eux.

On peut aussi y voir de beaux exemples de calligraphie en écriture coufique (ou koufique, du nom de la ville de Koufa, dans l'Irak actuel, où est né ce style d'écriture au VIIe siècle) à la gloire de Allah. A la base de la coupole est calligraphié un verset du Coran proclamant "Allah est la lumière de ciel et de la terre".

Entrés par le côté sud, nous ressortons par le côté nord.


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St Serge et St Bacchus (Küçük Ayasofya Camii) (9h-19h)

Mosquée Küçük Ayasofya (St Serge & St Bacchus) Mosquée Küçük Ayasofya (St Serge & St Bacchus) 

Toujours cap au sud, un kilomètre en bonne descente nous sépare du rivage de la péninsule donnant sur la Mer de Marmara.

C'est là, dans un quartier peu touristique, que se trouve la mosquée communément surnommée la Petite Sainte Sophie (Küçük Ayasofya Camii), anciennement église St Serge et St Bacchus (étrange nom pour ce dernier, un Romain bel et bien martyr du IVe s. qui portait le nom du dieu païen de la vigne et du vin dans l'Antiquité romaine, équivalent de Dionysos pour les Grecs).

Cette église du VIe s. construite pendant le long règne de l'empereur Justinien (et encore lui!) fut convertie en mosquée au XVe s. et pourvue d'un modeste minaret.

Même si la décoration d'origine a disparu, l'édifice a été bien restauré avec une ornementation sobre. Ses deux niveaux (les tribunes sont traditionnellement réservées aux femmes) s'ordonnent autour de sa coupole soutenue par huit piliers et par des voûtes et demi-coupoles périphériques (à noter la présence de colonnes à chapiteaux ioniques).

 

Mosquée Küçük Ayasofya 'St Serge & St Bacchus) Mosquée Küçük Ayasofya 'St Serge & St Bacchus) Mosquée Küçük Ayasofya 'St Serge & St Bacchus) Mosquée Küçük Ayasofya 'St Serge & St Bacchus) 


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