TANGER (1),
Chefchaouen
(2).
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Un trajet autoroutier d'environ 280 km vers le nord depuis Rabat via la plaine du Gharb, Larache et Asilah....

A la sortie de Rabat, nous longeons les haras royaux puis traversons la forêt de chênes-lièges de Maâmora.

La plaine du Gharb (ou Rarb) est l'une des trois grandes plaines fertiles du pays (avec celles de Fès et d'Agadir).
On y cultive des bananes et des agrumes, du thé, de l'arachide, du riz non inondé (même variété qu'en Camargue), cultures maraîchères avec les fraises (deuxième zone de production après l'Espagne) ou les tomates naines pour conserves.

Une architecture urbaine moderne parfois étrange avec toits de tuiles en forme de pagode!





Après la Réserve de Moulay-Bousselham et la région de Larache, on rencontre des zones de cultures céréalières mais aussi bananières sous serre, maraîchages (melons jaunes, pastèques...), des cultures d'arachide, de canne à sucre et quelques orangeraies... et aussi, plus rustiques, des meules de charbonniers!


Tanger nous accueille avec des dromadaires sur les plages, encore des toits en pagode, des publicité vantant les mérites de la ville candidate pour l'Exposition Universelle de 2012 ou une mosquée surprenante par le style de son minaret qui n'est pas typiquement marocain...

 

 


TANGER* (700 000 ou 1 million d'habitants mais 3 millions avec les estivants):

Tingis ou Thingé, de population berbère dès ses origines a été phénicienne, carthaginoise puis romaine (Maurétanie occidentale).
Avec le déclin de l'empire romain, elle connut les invasions des Vandales venus d'Espagne puis passa sous domination des envahisseurs arabes au tout début du VIIIe s. et elle fut leur point de départ pour l'invasion de l'Espagne.
Au Xe s., la ville fut disputée entre les Omeyyades d'Espagne et les Idrissides marocains.
Du XIVe s. jusqu'au début du XXe s., elle fut l'objet des visées coloniales des différentes puissances européennes.
Au XVes., les Portugais s'en emparent et elle passe à l'Espagne un siècle plus tard pour redevenir brièvement portugaise au XVIIe s. avant de faire partie de la dot royale d'une infante qui épousa le roi d'Angleterre.
Les tentatives marocaines pour s'emparer de la ville échouèrent tandis que les puissances européennes s'entendirent pour établir un statut international sur la ville en 1923.

Place financière internationale depuis 1991 (investisseurs de la péninsule arabique), c'est aussi une plaque tournante du commerce et d'échanges en tous genres: drogue (rifaine), contrebande, émigration clandestine vers l'Europe, spéculation immobilière, blanchiment d'argent...
Aujourd'hui c'est une grande ville industrielle (textile) qui pointe son nez vers l'Europe (hypothétique projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar)...
La veille de notre arrivée ici, un cargo a fait naufrage
dans le détroit de Gibraltar et on peut être surpris qu'il n'y ait pas plus de problème avec le trafic maritime...

Notre étape déjeuner nous fait passer devant le port fréquenté par les ferries qui mettent Algésiras, en Espagne, à deux heures de navigation pour une trentaine de kilomètres (un quart d'heure en avion) avant un bon repas de tajine de poulet
au restaurant "le Grand Bleu".
A noter que,
malgré les risques sismiques
correspondant  à une zone d'effondrement (2000 m) résultant d'une faille séparant l'Afrique de l'Eurasie, où s'entrechoquent les deux masses continentales et qui sont à l'origine de fréquents tremblements de terre, un projet de tunnel destiné à rejoindre Tarifa (long de près de 39km dont 28 sous le détroit de Gibraltar), en Espagne, a vu le jour en 1996 mais est au point mort, faute de financement et .

TANGER  TANGER     
Tajine de poulet - TANGER - Ferries dans le port

Notre visite pédestre de la médina et des soccos (déformation hispanique de "souk") part du restaurant, tout proche de la place du 9 avril 1947 (commémorant le discours tenu à Tanger du futur Mohammed V), au coeur du Grand Socco que jouxte le Parc de la Mandoubia (avec un énorme ficus banian) où se trouvait jadis la résidence du mendoub (1923-1956), représentant du sultan auprès de la Commission Internationale à l'époque du Consulat.
Parcours de la rue d'Italie aux immeubles coloniaux cossus avant de s'enfoncer dans les ruelles des souks vers le Petit Socco. Les paysannes rifaines venues vendre leur produits attirent le regard avec leurs bizarres chapeaux bicolores à pompons et leurs vêtement en tissu éponge (leurs jupes sont des sorte de serviettes blanches à rayures rouges)...

Puis retour avec une vue de l'église anglicane St Andrew à l'allure très contemporaine bien que datant de 1883.

Ayant repris notre véhicule, nous nous dirigeons vers l'ouest en traversant de riches zones résidentielles


A l'approche du Cap Spartel, dans le quartier dit "de la Montagne", des "grandes oreilles" (antennes d'écoute du trafic électronique) sont érigées sur les hauteurs.

Moins de 20 km plus loin, nous arrivons aux Grottes d'Hercule où l'affluence de touristes marocains est grande comme en témoigne la présence de dromadaires évoluant sur quelques mètres en plein milieu d'un parking pourtant saturé.
Lieu légendaire de l'un des 12 travaux d'Hercule (la cueillette des pommes d'or), ces excavations naturelles où la mer pénètre à marée haute ont servi aussi de carrière de pierre meulière (meules pour les olives).

Retour à Tanger où s'affichent (comme partout au Maroc) des panneaux en l'honneur du souverain qui fêtait son quarante quatrième anniversaire le jour précédent.

Notre hôtel ("Rif SPA") aux salons somptueusement meublés est idéalement situé sur le front de mer, avec la longue plage qui borde la baie. La promenade dont l'aménagement se termine nous permet de faire une longue balade mais la brise du nord est forte (un tel vent souffle sur Tanger 6 mois sur12!) et nous met du sable dans les yeux...


Après les couleurs marines de la veille, nous pouvons admirer les magnifiques couleurs dorées de l'aube le lendemain matin. On comprend
que les couleurs et paysages de la ville aient influencé de grands peintres comme Delacroix et Matisse.

TANGER     
TANGER - aube sur la baie

Nous quittons Tanger pour un trajet d'environ 90 kilomètres vers l'est puis le sud en direction deTétouan (325 000 habitants) via le Cap Malabata, Ksar Essaghir, Ceuta (ou Sebta)...

TANGER   
TANGER  TANGER
En quittant TANGER... (cap Malabata)

Vue d'ensemble sur la baie de Tanger puis Cap Malabata où fut établie une résidence princière au XVIIIe s. puis nous nous enfonçons dans le Rif.

Le peuple rifain serait, au moins pour partie, descendant des Mongols de Gengis Khan!

La région est connue pour ses cultures "clandestines (?) de cannabis sur 120000 hectares ce qui fait du Maroc le premier producteur mondial de hachisch et de marijuana.

Nous passons à Ksar es Shrir d'où le conquérant Tarik (originaire de Zagora) embarqua ses troupes arabo-berbères pour la conquête de la péninsule ibérique (pour motiver ses hommes, à l'arrivée il brûla ses vaisseaux!). Il a donné son nom au détroit (Djebel Tarik = Gibraltar).

Puis nous traversons l'immense chantier de construction du port "Tanger-Méd" que Bouygues doit livrer en 2008. Ce port aura un trafic 7 fois supérieur à celui de Marseille et donnera 120 000 emplois directs (150 000 en tout). Le chantier est donc bien avancé et l'on voit se dresser les flêches des portiques de transbordement des conteneurs.
Un réseau autoroutier, en construction également, doit le relier au reste du pays. Dans quelques années, la région tangérine bénéficiera d'une liaison ferroviaire de quelques 500 km par TGV vers Marrakech si la France parvient à conclure cet intéressant contrat...

Les crêtes de la région sont coiffées par des champs d'éoliennes dans la région de Jebel Moussa (Mont Moïse), l'une des colonnes d'Hercule qui fait face à Gibraltar, la seconde colonne. Selon les légendes grecques, elles étaient les bornes du monde...

La route longe l'enclave espagnole de Ceuta (après avoir été portugaise pendant plus d'un siècle, elle se prononça en 1668 pour son rattachement à l'Espagne à la suite de la victoire du Portugal en 1644 dans sa lutte dynastique contre l'Espagne, ce qui valut quelques privilèges à la ville pour avoir fait ce choix) dont on peut apercevoir les hautes clôtures malgré le temps brumeux et couvert. La ville toujours revendiquée par le Maroc est de fait délaissée peu à peu par les pouvoirs publics espagnols. Dans cette perspective de récupération, le Maroc développe la ville voisine de Fnideq en la dotant d'une zone franche afin de lutter contre la production et le trafic de drogue (culture du cannabis dont le Maroc est devenu le principal producteur et qui sert à fabriquer le hachisch et la marijuana) et en développant des stations balnéaires sur la Méditerranée (investisseurs des pays du Golfe).

En guise de tour d'orientation (médina et souks, palais Dar el Makhzen) à Tétouan (600 000 habitants, fondée au XIIe s. par les Mérinides et par la suite ancienne capitale du territoire espagnol au temps du Protectorat), sous une grosse averse, nous traversons la ville sans nous y arrêter. Dommage car sa médina est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1997.
Avant le Protectorat, la région avait été largement peuplée par des moriscos, les Andalous musulmans chassés par les Chrétiens d'Espagne, de sorte que dans cette région on parle couramment l'espagnol au lieu du français.

 

Un trajet d'environ 55 kilomètres vers le sud en direction de Chefchaouen, en traversant le pays jbala* ("de la montagne").

pays djala  pays djala
En direction de Chefchaouen... (pays djala)



Chefchaouen ("Regarde les sommets") ou Chaouen
(37 000 habitants) :

Après l'averse, un soleil radieux inonde de lumière les couleurs claires des murs chaulés de bleu (indigo) mais aussi de vert clair de la vieille ville sertie comme un joyau, à flanc de coteau à 600 m. d'altitude (les montagnes qui la dominent s'élèvent à 1600 m. et 2000 m.).

La ville fut fondée en 1471 par Moulay Ali ben Rachid pour permettre aux tribus berbères du Rif de lancer les attaques contre les Portugais de Ceuta. Elle se développa avec l'arrivée des réfugiés musulmans et juifs fuyant Grenade et les persécutions des Rois Catholiques espagnols, après 1494. Les Juifs de la petite ville excellaient dans la fabrication desbijoux en argent .
Les maisons blanches à la chaux lui donnent une allure espagnole par les balcons, les toits de tuiles et les patios.
La couleur bleue des habitations fut introduite dans les années 1930 par la population juive afin de remplacer le vert des fenêtres et des portes, couleur traditionnelle de l'Islam.
Considérée comme ville sainte et donc interdite aux chrétiens, sous peine de mort, la petite ville vécut recluse jusqu'à son occupation par les Espagnols en 1920. Les colons furent surpris d'entendre parler une variante du castillan médiéval parmi la population. Les Espagnols y restèrent jusqu'à l'indépendance en 1956.

Heureusement pour nous que ce ne soit plus le cas car si elle ne comporte pas d'important monument, les maisons de ses ruelles pentues sont un régal visuel avec des variations de couleurs bleues (parfois mauves et vertes). Cette couleur aurait la réputation d'éloigner les insectes.
Escaliers, portes, arcades... tout attire le regard.

On aimerait pouvoir flâner plus longuement que cette fin de matinée dans une ville proprette comme on n'est pas habitué à en voir au Maroc. Ici, le badigeon serait même renouvelé deux fois par an et ce travail incomberait évidemment ...aux femmes! La ville a été colonisée ces dernières décennies par des "babas cool" et des rastas parfois fumeurs de hasch... puisque l'on est pleine région de production!

La visite se poursuit par la découverte de l'ancienne Kasbah de la médina transformée en musée: palanquins de mariage du XIXe s. (la mariée y prenait place, on se demande comment?), poteries, armes, instruments de musique, costumes (et photos de costumes)...
Du sommet de la tour, vue intéressante sur la ville
: grande mosquée du XVe s. avec son minaret atypique (forme hexagonale), souk...



Nous déjeunons dans au restaurant de l'hôtel Atlas dominant la ville et offrant une vue imprenable. Le vent y rugit comme, paraît-il, c'est le cas 6 mois sur 12 à Tanger. En ce moment c'est le chergui, le vent d'est, qui est à l'oeuvre.
Une fois de plus, nous sommes les seuls convives dans une immense salle. D'intéressantes peintures et sculptures contemporaines décorent les lieux avec bon goût. On peut y voir aussi un ancien central téléphonique à fiches!

 Chefchaouen  Chefchaouen  Chefchaouen
Chefchaouen... (à l'hôtel Atlas)


En direction de Fès, un trajet d'environ 200 kilomètres vers le sud, par l'itinéraire ouest, en continuant la traversée de la région montagneuse du Rif au coeur de laquelle est installé le barrage de Al Watha (le second en importance après celui d'Assouan et stockant 3,4 milliards de m3)...
Traversée d'une région de forêts de chênes-lièges entre Chefchaouen et Ouazane (ville sainte, lieu de pèlerinages) où l'on voit les traces laissées par l'érosion lors des périodes pluvieuses d'hiver, passage au Pont du Loukkos, ancienne frontière entre les zones française et espagnole à l'époque du protectorat, puis le paysage devient plus aride: plaines et collines aux sols clairs, étranges meules de paille protégées des intempéries par un enduit de pisé, fermes dotées de leur meule à olives auprès de la maison, retenues d'eau artificielles, canaux d'irrigation modernes en béton... puis non arrivons dans la fertile plaine du Saïss, la plaine de Fès...





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