Eléments sur l'ISLAM.
En 2010, on
comptait environ de 1,6 milliards de musulmans dans le
monde pour 2,2 milliards de chrétiens, et 49 pays ont une majorité de
population musulmane.
En 2050, les deux religions devrait faire jeu égal compte tenu d'un plus
fort taux de croissance (le double) des adeptes de l'islam par rapport aux
christianisme.
Les sunnites sont ultra majoritaires, environ 86%. Les chiites représentent
environ 10 à 13% et des estimations donnent un effectif allant entre
154 et 200 millions d'adeptes.
UN HOMME, MAHOMET
Le fondateur, l'inspirateur est
Mahomet (Mohamed, Mohammed, Muhammad, Mehmet, Mohand... du fait des variations
possibles que la langue arabe introduit au niveau des voyelles) qui vécut
de 570 à 632 dans la
péninsule arabique
.
Dans la continuité monothéiste de la Bible la révélation divine
qu'il reçut de l'archange Gabriel en 610, amena Mahomet à prêcher
à La Mecque, sa ville natale où l'on continuait de vénérer des idoles dans
la Ka‘ba (ou kaaba). L'hostilité de la population le conduisit
à s'installer à Médine ("l'hégire" en 622 devenu An 0 du
calendrier musulman) où il fut bien accueilli et divers pouvoirs lui furent
confiés. Il engagea et remporta une guerre contre La Mecque (630). Avec
le ralliement d'autres tribus se forma ainsi un Etat arabe dont Mahomet
fut brièvement le chef temporel.
UNE DOCTRINE, L'ISLAM
Venu après le judaïsme et le christianisme, l'islam se réfère au Dieu
d'Abraham qui s'est révélé aux hommes par ses prophètes, Moïse, Jésus et
Mahomet. Cette dernière révélation venant clôre les temps prophétiques.
En un peu plus d'un siècle, l'islam s'est répandu au fur et à mesure des
fulgurantes conquêtes arabes dans tout le Proche-Orient, autour de la Méditerranée,
jusqu'au Maroc et même à l'Espagne (jusqu'à la fin du XVe s) à l'ouest
mais aussi jusqu'à la péninsule Indienne à l'est. Il s'est diffusé encore
plus loin, ponctuellement, à la faveur de migrations (Indonésie, Asie du
sud-est, Chine...).
On compte aujourd'hui plus d'un milliard de fidèles à l'Islam, répartis
sur les 5 continents.
Les Chiites forment une importante minorité de 200 millions de fidèles (un
tiers en Iran, un autre tiers réparti entre Pakistan et Inde).
Le Coran et la Sunna
L'Islam repose sur le Coran, texte sacré contenant les révélations divines
transmises par l'ange Gabriel à Mahomet, le prophète (en 610). En réalité,
le texte n'a été fixé qu'aux IXe-Xe s. de l'ère
chrétienne.
Il prône la foi en un Dieu unique, créateur et juge de la vie des hommes
qu'il sanctionne par l'accès au jardin (paradis) ou par une sorte d'enfer
mais différent de celui des Chrétiens car la géhenne n'y est pas éternelle.
La Sunna est une autre source essentielle de la foi aux yeux de beaucoup
de musulmans. Il s'agit de recueils montrant l'exemplarité du prophète,
les hadith dont le contenu a été fixé par la tradition au IXe s.
Notions éparses sur le dogme et les institutions
A la base, l'islam est une religion sans clergé, où il n'y a pas de prêtre
entre Dieu et l'homme. Le musulman est tout simplement "celui qui se
soumet à Dieu".
Dans l'Islam, il n'y a pas de Démon mais un ange qui pousse aux mauvaises
actions face à l 'ange gardien qui incite aux bonnes actions. Le bilan de
la vie écrit sur le livre est examiné par Dieu le jour du Jugement Dernier
avec l'intercession de Mahomet. Les Mauvais iront en Enfer qui est plutôt
un Purgatoire où après un séjour variable ils rejoindront les Bons au Paradis...
Outre la foi, l'absence de corruption et la charité sont des qualités fondamentales
des croyants selon cette religion.
Même si le statut de la femme fut revalorisé par la nouvelle religion (interdit
de l'infanticide des filles, fidélité des époux, droit à une demi-part d'héritage,
polygamie limitée à quatre épouses), il apparaît aujourd'hui bien en retrait
des concepts occidentaux.
Mais l'idéal islamique dépasse la seule sphère privée dans la mesure où
il vise à l'établissement de "la Loi de Dieu sur Terre". Cette vision
théocratique vient donc en opposition aux courants modernistes venant d'Occident
et prônant la démocratie. Pourtant certains pays où l'islam est très présent
ont institué des Etats laïcs (Turquie notamment).
Ailleurs, à des degrés divers, la Loi Islamique, la Sharia, sert
de référence religieuse, morale et juridique. Evidemment, elle s'appuie
sur le Coran et la Sunna mais aussi sur l'interprétation par raisonnement
analogique de théologiens et juristes de l'islam et enfin sur le consensus
de la communauté, lesquels peuvent être sujets à controverses.
Cinq écoles de la loi existent territorialement, quatre sunnites (Inde-Turquie,
Afrique du Nord, Asie du sud-est et Arabie) et une chiite (Iran).
Le chiisme, outre ses divergences à propos des premiers califes (cas de
Ali), se distingue sur le plan du culte en reconnaissant des "saints" et
en disposant d'un clergé structuré.
Chez les sunnites, le courant salafiste prônant un retour à la pureté
des origines est une forme d'intégrisme qu'il ne faut pas systématiquement
assimiler à l'intégrisme violent que connaît notre époque.
Les sunnites revendiquent 85% des musulmans contre 15% pour les chiites
(surtout présents en Iran, Irak et Liban).
Précisons que 85% des musulmans ne sont ni arabes ni arabophones
(notamment en Inde, Pakistan, Bangladesh, Indonésie...).
A cela s'ajoute des courants que l'on pourrait dire marginaux voire sectaires
tels que les confréries soufistes, un courant mystique engageant
le corps. Ou encore les Chiites alevis de Turquie, les plus hétérodoxes
des musulmans.
La pratique
Les 5 piliers de la foi islamique sont
-
la profession de foi en Dieu et en son prophète Mahomet,
la shahada.
-
les cinq prières quotidiennes: aube (as-soubh
ou al-fajr), début d'après-midi (adh-dhouhr ), milieu
de l'après-midi (al-'asr), crépuscule (al-maghrib) et
la nuit (al-'icha, avant le coucher)
mais trois seulement pour les Chiites, dites en direction de La Mecque
et selon un rituel (enchaînement de postures diverses: debout, génuflexion,
prosternations, assis accompagnant la récitation de textes du Coran).
Le vendredi, ces prières peuvent être dite dans une mosquée où elles
sont complétées par le prêche d'un imam (chef estimé de la communauté
et instruit dans les choses de la religion). Après le Ramadan
(9ème mois du calendrier lunaire islamique commémorant
la première révélation reçue par Mahomet) ou lors du pèlerinage
à La Mecque, d'autres prières et dévotions s'ajoutent.
-
l'aumône, à l'origine un véritable impôt est devenue
un acte de charité volontaire
-
le jeûne et l'abstinence (privation de nourritures,
boissons et relations sexuelles) pendant le mois du Ramadan, de l'aube
au crépuscule. En cas d'empêchement, cette obligation peut être différée.
-
enfin, le pèlerinage à La Mecque (hadj)
où le croyant est tenu d'effectuer un certain nombre de rites.
"Les Occidentaux" retiennent surtout de l'islam un
certains nombres d'interdits qui les étonnent voire les choquent en fonction
de leur culture libérale, égalitaire et de plus en plus athée. Interdiction
de consommer de la viande de porc ou de l'alcool (mot d'origine arabe
!), de représenter Dieu et le Prophète. Obligation faite aux femmes de
ne sortir qu'accompagnées d'un homme de leur famille, de cacher leurs
cheveux voire leur visage...
POUVOIR TEMPOREL, LES CALIFATS
Les premiers
califes (632-661)
Les successeurs de Mahomet, dirigeants à la fois laïques et religieux
en leur qualité de chefs suprêmes de la communauté musulmane, avaient
le titre de califes et exerçaient leur pouvoir depuis l'Arabie.
L'unité dura seulement
24 ans, le temps des quatre premiers califats ("successeur" en arabe).
En l'absence de directives, les chefs de tribus choisirent une personne
apparentée au prophète: son beau-père. Il désigna un membre influent pour
lui succéder. Puis ce fut au tour d'un gendre de Mahomet mais voulant
intervenir sur la doctrine, il fut assassiné par des troupes hostiles.
Un cousin et gendre du prophète, Ali, fut désigné à son tour mais fut
aussitôt contesté par Mu'awiya, un parent du précédent calife assassiné.
Après affrontements et tentatives de conciliation, il fut assassiné par
ses propres adeptes opposés à ses atermoiements. Son fils Hussein fut
tué par l'armée de Mu'awiya
en 680.
Les Omeyades (661-750)
Ce sont des sunnites installés à Damas. Au temps de ces califes
issus d'une tribu nomade, l'expansion de l'islam fut fulgurante, grâce
à la mobilisation de troupes indigènes (notamment les Berbères). Pourtant,
sur le plan intérieur, les sunnites eurent à faire face à plusieurs révoltes
des chiites. Le califat devint héréditaire.
Des Abbassides puissants et contestés (750-1258)
Les chiites réussirent
enfin à coaliser les diverses oppositions aux Omeyades qui furent renversés.
Mais le dogme resta aux mains des sunnites sous l'autorité d'un
oncle du prophète qui fonda le plus long des califats, celui des Abbassides
(du nom de Abu al-Abbas) qui devait durer cinq siècles et dont le centre
était à Bagdad. Ce fut la période où l'islam connut son apogée
sur le plan économique et culturel.
3 califats concurrents...
A la faveur du déclin des Abbassides et en raison de la grande étendue
des terres islamisées, deux autres califats virent le jour parallèlement
dans l'ouest de la Méditerranée et durèrent environ deux siècles.
L'un chiite, en Tunisie, en 909. Ce califat est dit Fatimide
(de Fatima, la fille du prophète et épouse d'Ali). Ce califat rayonnait
sur l'Afrique du Nord. Les Fatimides furent vaincus par Saladin, sultan
d'Egypte, en 1171.
L'autre en Espagne, en 929. Ce califat sunnite fut institué par
un descendant des Omeyades qui avaient fui en 755 le massacre perpétué
par les Abbassides. La capitale en était Cordoue. En 1031, il éclata en
plusieurs petits états.
Le pouvoir des califes Abbassides de Bagdad s'affaiblissant au fur et
à mesure du développement d'une administration, il s'écroula sous la poussée
des Turco-Mongols (prise de Bagdad et exécution du calife en 1258) convertis
à l'islam sunnite au cours de leur longue migration vers l'Ouest.
Cependant des Abbassides réussirent à s'enfuir au Caire où ils
n'eurent qu'un pouvoir des plus réduits, sans aucun pouvoir politique,
sous le règne des sultans mamelouks.
Les Ottomans (1516-1924)
Le titre de calife fut par la suite pris par les sultans ottomans
(les Ottomans sont des peuples asiatiques arrivés tardivement au Moyen-Orient)
installés à Istanbul (ancienne Constantinople), évidemment sans que les
règles originelles de liens de parenté avec le prophète n'entrent en ligne
de compte. Ceci fut rendu possible par leur prise de contrôle des pays
islamisés, y compris l'Arabie, et par le prestige ou une forme de légitimité,
liés à la prise de Constantinople intervenue en 1453.
Après la Première Guerre Mondiale qui favorisa l'avènement de la jeune
république laïque turque, le califat n'avait évidemment plus sa place
en Turquie.
Le congrès musulman du Caire en 1926 ne permit pas de réinstaurer
un nouveau califat. Certains auraient bien vu les fondamentalistes sunnites
wahhabites d'Arabie Saoudite en prendre la tête, ce d'autant que
cette mouvance riche de ses pétro-dollars est à l'origine d'une certaine
propagation de l'islam (formation d'imams, financement de mosquées...)
depuis quelques décennies.
SYMBOLES
Le croissant et l'étoile formaient le symbole de l'Empire Byzantin
qui fut repris par l'Empire Ottoman après
la chute de Byzance en 1453.
Ce symbole qui était apparu bien avant en Egypte et en Mésopotamie
était donc connu des tribus turques lors de leur migration à
travers l'Asie. Il a été adopté par les paix islamiques
bien après l'apparition de l'Islam.
La couleur verte est par contre vraiment associée à l'Islam
car pour les peuples des déserts d'Arabie, elle évoque l'oasis,
le jardin et pour les Musulmans, le Paradis. C'était la couleur
préférée de Mahomet et elle fut celle des étendards
des conquérants musulmans.
Quelques
mots sur le Misbaha, le chapelet musulman, généralement
formé de 99 grains évoquant les 99 noms d'Allah et qui est
aussi une sorte de passe-temps.
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