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Un trajet d'environ 200 kilomètres vers l'ouest en direction de Marrakech via Aguelmous- Ighrem Nougdal avec le col de Tizin'Tichka ("des pâturages") à 2260 m d'altitude, le plus haut col du pays. Près de là, Telouèt où naquit et mourut Thami el-Glaoui, pacha de Marrakech.
D'abord
un fort puis des studios de cinéma, nous sommes encore proches de Ouarzazate.
Kasba en ruine et reliefs tabulaires. Peu à peu le paysage se fait plus
montagnard car la route longe un oued affluent du Dadès. Les pentes deviennent
plus accentuées. Maisons de pierre pourvues de toiture, climat de montagne
oblige. Contraste des couleurs minérales des montagnes et des verdoyantes
cultures de fond de vallée.
Enfin, lacets qui serpentent à
l'assaut du col.
Petite bouffée d'air frais et c'est parti pour
la descente sur l'autre versant. Petits villages, cultures, tapis berbères,
vendeurs de tajines (il s'agit d'une route très touristique) et des roches
aussi colorées que sur l'autre versant...
Col de Tizi-n Tichka
Puis c'est l'approche de Marrakech. Les gens sont plus nombreux et nous longeons
l'enceinte du Palais Royal...
Palais Royal de Marrakech
Nous
voici revenus à notre point de départ, pour compléter la
visite des jardins faite lors de notre arrivée, par celle de la ville
et de ses monuments.
MARRAKECH
(900 000 habitants), "la perle du Sud",
capitale
des Saadiens, après avoir été celles des Almohades et des
Almoravides:
Marruecos,
ville du centre du pays fondée par
les Almoravides au XIIe siècle
(1062 ou 1070 ?) bénéficie
d'un patrimoine culturel et architectural impressionnant, ce qui justifie sa position
de capitale
touristique du Maroc, après avoir été
la capitale de trois dynasties (interruption à l'époque des Mérinides
qui lui préfèrent Fès, Fès
et Marrakech, éternelles rivales qui se sont disputées la place
de capitale pendant près de 900 ans)
.
Son nom a même donné
celui de tout le pays.
C'est
une ville fascinante par ses groupes ethniques divers, par l'architecture, ses
couleurs et ses odeurs.
Marrakech,
"la perle rouge du Maroc", est considérée comme
l'une
des plus belles villes du monde, inserée
au débouché de l'Atlas et au cur de la plaine du Haouz, ce
qui lui permet d'être coiffée de palmeraies de plantations d'oliviers
et d'orangers. La palmeraie de Marrakech était l'une des plus belles au
monde avec l'arrière-plan dessiné par les cimes du Haut Atlas dont
les sommets ne sont qu'à une dizaine de kilomètres mais qui restent
cachés dans la brume de chaleur de l'été. Mais aujourd'hui
sa palmeraie meurt (parasitée par le champignon bayoud qui s'attaque
aux racines), abandonnée et peu à peu phagocytée par de gigantesques
opérations immobilières...
La montagne semble suspendue, irréelle,
entre terre et ciel. Le Jbel Toubkal (4167 m) entre Marrakech et Ouarzazate, le
sommet du pays, reste la destination préférée des randonneurs.
La fin de matinée est consacrée à des visites dans les quartiers
sud, non loin du Palais Royal et du
Palais El Bali (vestiges de hammam, galeries souterraines, esplanade plantée
d'orangers) que nous ne visitons pas.
Les
Alaouites, successeurs des Saâdiens, notamment Moulay Ismaïl (XVI-XVIIe s.),
grand constructeur comme on l'a vu à Meknès, mais aussi grand destructeur
de monuments, respecta exceptionnellement les tombeaux des rois de la dynastie
précédente. Toutefois, il les emmura en les dissimulant dans l'architecture
de la mosquée de la Kasba (XIIe s.) dite aussi mosquée aux
Pommes d'Or, de telle sorte qu'ils ne furent découverts qu'en 1917! C'est
pourquoi, on n'a qu'un étroit couloir pour y accéder.
La
medina est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1985
.
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Les Tombeaux Saâdiens** sont deux splendides mausolées du 16ème siècle. On arrive dans le jardin des roses (évocation du paradis) également planté de bigaradiers (oranger à fleurs très parfumées mais aux fruits amers).
Il faut admirer "la salle des douze colonnes", chef d'oeuvre de l'art
hispano-mauresque) où se trouve le tombeau du plus célèbre
des Saâdiens, Ahmed el Mansour ("le victorieux") qui vécut
au XVIe s. Imposantes colonnes de marbre blanc mais finesse du décor
de stucs dont les évidements sont orientés de 45° vers le bas
afin que l'on en perçoive bien la profondeur.
L'emplacement des
tombeaux est marqué par des zelliges et, pour les personnages plus importants,
par un relief en demi-colonne de marbre couchée. Les tombeaux disséminés
dans les jardins sont ceux de serviteurs.
La
plupart des inhumations sont orientées nord-sud car le défunt est
couché sur le coté droit, la tête tournée à
gauche vers La Mecque (autrement dit l'est) mais quelques unes leur sont perpendiculaires.
Cette bizarrerie n'est qu'apparente car le corps peut aussi être couché
sur le dos avec la tête à l'est.
Quelques regards sur la
vie dans les rues environnantes: commerces en tous genres, magnifiques portes
de maisons particulières et toujours "la Vache qui Rit"
omniprésente dans ce pays!
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La
visite suivante, le Palais
de La Bahia ("Palais de la Belle") **,
est celle qui m'a le plus enthousiasmé, pour ce qui concerne les monuments
de Marrakerch.
La construction de cette demeure immense du
XIXe s.fut entreprise, non loin du
palais royal, à partir de 1880 par le grand vizir du sultan (titre
donné aux ministres, hauts dignitaires de l'État, qui secondaient
le sultan) Sidi Moussa en hommage à la plus belle favorite parmi ses vingt-quatre
concubines officielles et achevée. Son oeuvre fut achevée par son fils.
Par
rapport à son maître, le sultan,
la position ambiguë de ce grand vizir qui a de grands pouvoirs
en matière de finances, n'est pas sans rappeler celle d'un Nicolas Fouquet,
surintendant des Finances, devenu le véritable banquier de notre Roi Soleil,
de 1653 jusqu'à sa disgrâce en 1661...
Le
riche vizir put acquérir peu à peu des propriétés
voisines pour agrandir sa demeure de nouveaux appartements, de patios et cours.
Le tout couvre 8ha et représente 150 pièces (160 chambres?). Faisant
appel aux meilleurs artisans, il nous a offert un véritable éblouissement.
A tel point que ses décors
de zelliges et stucs le font surnommer l'Alhambra.
Au temps du Protectorat, le palais servit de demeure au Résident Général.
L'étage n'est pas ouvert
à la visite.
On
peut y admirer...
La cour d'honneur entourée de galeries aux colonnes
de bois peint.
La salle
de réception du grand vizir.
La salle du conseil décorée
de faïences de Tétouan et coiffée d'un superbe plafond en bois
de cèdre enluminé.
Le grand riad andalou (salle de prière, d'ablution).
Les appartements de la favorite et des trois autres épouses légitimes
Le harem des 24 concubines
Les patios et magnifiques jardins arborés,
plantés
d'arbres fruitiers et de jasmin, réservés
jadis aux femmes du palais.
Les épouses disposaient chacune d'une grande salle qui était divisée en trois partie (chambre, salon de réception et boudoir où se trouvaient les bijoux et la garde-robe). Un accès privé aux appartements des dames était aménagé afin que le vizir puisse leur rendre visite incognito nuitamment ... lorsqu'il n'avait pas jeté son dévolu sur une concubine.
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L'après-midi, visite historique de la ville, ancienne
ville impériale à l'architecture magnifique et aux souks dits enchanteurs,
selon les guides, mais qui sont surtout des souks à touristes qui noient
les
souks des teinturiers et chouaris (paniers, vannerie) et
qui , selon moi, n'ont rien de l'authenticité des souks de Fès et
l'Ali Baba que je suis aux yeux des marchands n'apprécie guère...
Regard rapide au minaret de la Koutoubia, nous y reviendrons et en reparlerons.
Traversée de la fameuse place Jemaa-el-Fna
peu fréquentée à cette heure de début d'après-midi.
Porteurs d'eau et conducteurs de calèches se disputent les rares clients.
Nous traversons les souks de la médina, de peu d'intérêt
comme je l'ai déjà dit, pour atteindre la Médersa
Ben Youssef** ("fils de Joseph"), au coeur
de la médina.
Elle fut construite au XVIe s., par le sultan saâdien
Moulay Abdellah, c'était la plus importante école coranique du Maghreb.
Dans un tout autre registre, moins austère, la
Medersa Ben Youssef, elle servit de décor à des scènes au
film "Angélique et le Sultan ".
Nous commençons la visite par la cour des ablution dont le bassin reflète
le bâtiment où se trouve la salle de prière tandis que sur
les côtés, s'ouvrent à l'étage les étroites
fenêtres des chambres des étudiants, car il faut plus définir
par ce terme les jeunes pensionnaires des médersas que par celui d'élève
en théologie islamique dans la mesure où le champ des connaissances
qui y était enseigné était bien plus large que cela (astronomie,
mathématiques...).
La visite de la partie résidentielle, "la
Cité U" de l'époque, révèle à la fois
l'austérité des lieux . Les chambres ont l'allure de cellule monacale,
organisées en duplex mais un certain agrément résulte des
décors simples des coursives, des puits de lumière et des vues sur
la cour centrale.
Marrakech - médersa Ben Youssef (VIe s.)
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Retour place Jemaa-el-Fna où Djamel nous laisse l'après-midi libre. Nous ne le reverrons que le lendemain soir pour la soirée fantasia qui doit être le point final de notre circuit.
Pour
passer le temps, en attendant que la place s'anime, et sur la proposition de Jacques,
après une nouvelle traversée des souks voisins de la place, nous
nous dirigeons laborieusement vers le souk des tanneurs. Pour la partie finale,
on se guide à l'odeur. Ce souk n'a rien de typique par rapport à
celui de Fès. Ici, il y a plusieurs établissements, mais aujourd'hui
c'est vendredi et il n'y a donc quasiment pas d'ouvriers. Ceux qui travaillent
dans les bains le font, ici, en cuissardes.
Pour le début de soirée, revenus sur la
place Jemaa-el-Fna,
il reste à choisir une terrasse en étage de l'un des trois ou quatre
cafés qui en disposent autour de cette place où se réunissent
les touristes et ceux qui en vivent et qui fut autrefois "la réunion
des ...trépassés!".
Avec Nadia, mon choix se porte
sur celle du Glacier.
Ainsi nous sommes à l'écart des quémandeurs en tous genres
et nous disposons d'une vue étendue.
De là, nous pouvons voir
la place s'animer progressivement. Aux conteurs,
porteurs d'eau, charmeurs de serpents viennent s'ajouter
danseurs,
jongleurs et acrobates et surtout les restaurants à l'air libre
que l'on installe pour le temps de la soirée.
Retour pédestre
un peu laborieux lorsque la nuit fut complètement venue...
Après une bonne nuit, dernière journée à Marrakech
où nous avons quartier libre jusqu'à la soirée fantasia.
Nous
en profitons donc pour retourner dans le centre ville, à pied. Il faut
de la persévérance pour repousser les offres des taxis et calèches
qui rôdent en quête de touristes. Plus d'une heure de marche depuis
le quartier de la Ménara, avec un détour à la porte Bab Agnaou
qui avait été zappée. Vue sur les remparts (trop?) bien restaurés.
Les travaux de restauration du prestigieux hôtel de La Mamounia (cet hôtel
de grand luxe doit réouvrir à la clientèle à la fin
de 2009) allongent quelque peu le trajet en nous obligeant à contourner
les palissades qui ceignent son parc transformé en chantier.
La porte Bab Agnaou ("bélier sans corne")
du XIIe s. date donc de la même époque que la Koutoubia. Son
originalité par rapport aux portes de villes que l'on a pu voir au cours
de ce circuit tient à l'utilisation de décors en pierre, un grès
gris-bleu travaillé en magnifique décor floral et
non pas de céramiques.
Marrakech - Porte Bab Agnaou (XIIe s.)
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En
remontant vers la
place Jemaa-el-Fna,
nous rencontrons pour la énième fois un défilé électoral
et une fois de plus, il s'agit du parti à la rose. Curieuse coïncidence
! (malgré un tel déploiement d'efforts, ce parti sera loin de faire
un tabac aux élections qui auront lieu la semaine prochaine).
Le monument le plus célèbre de Marrakech, construit par les Almohades,
est peut-être le minaret de la Koutoubia qui accompagnait la mosquée
du même nom (qui signifie "des libraires"). Il date du
12e
siècle et
servit de modèle pour la tour Hassan de Rabat et la Giralda de Séville.
Sa
majestueuse silhouette de
69 m de haut (dont le
lanternon qui mesure 16 m) domine les maisons rouges. Le tout est surmonté
par une hampe de 8 m. qui embroche 4 boules de cuivre doré. Ce minaret
à section carrée de près de 13m. de côté comporte
un noyau abritant six salles superposées autour desquelles s'enroule une
longue rampe que pouvaient emprunter des équidés. Le même
dispositif existe dans ses contemporaines de Rabat et de Séville.
La mosquée dont elle était le signal fut détruite très
vite après la construction car les théologiens considéraient
que son orientation était défectueuse par rapport à La Mecque
comme en témoignent les vestiges de piliers. Une nouvelle et vaste mosquée
(90 mx60 m pour 16 nefs) fut construite en conservant le minaret aux
décors à entrelacs en relief, les bandeaux de céramique turquoise
et blanche...
Pour terminer la
matinée, un petit tour dans la médina, en s'échappant le
plus vite possible des souks pour gagner des ruelles parfaitement tranquilles
à quelques pas de là et où les habitants étonnés
nous croient égarés...
Marrakech - la Koutoubia (XIIe s.)
Retour à l'hôtel en calèche...
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La nuit venue,
ramassage en autocar par le tour operator de ses touristes dispersés dans
divers hôtels afin de se rendre à la soirée dîner-fantasia
en dehors de la ville. Bien d'autres autocars sont déjà arrivés.
Nous ne serons donc rien qu'entre touristes...
On
nous a "vendu" la soirée dîner-fantasia en vantant son
menu aux nombreux plats traditionnels (méchoui...),
son accueil personnalisé d'hommes et de femmes en costumes traditionnels
de leurs tribus, ses troupes folkloriques de musiciens et de danseuses,
ses cavaliers acrobates... De
là à ajouter ...
un show digne des milles et une nuit,
il y a plus qu'un pas... que je ne franchirai pas! Accueil par les musiciens et des groupes costumés. Nous
sommes installés pour le dîner dans des sortes de grandes tentes
bâchées qui bordent l'espace d'évolution pour la fantasia
qui doit clôre la soirée. Pendant le service de plusieurs plats traditionnels
les musiciens et les danseuses se déplacent entre les rangées de
tables.
Enfin, c'est le moment de la brève fantasia où l'on
est quelque peu gêné par les projecteurs qui nous font face.
Retour
à l'hôtel pour une dernière nuit. Adieux aux compagnons de
route...
Nous laissons le Maroc à son actualité mouvementée
de septembre: élections législatives, puis rentrée scolaire
et enfin, le ramadan!
Départ matinal pour l'aéroport...