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MARRAKECH
Le
lendemain matin de notre arrivée, premiers regards pour cette capitale
du tourisme marocain et aussi ancienne capitale du royaume (du XI au XIIIe s.,
dynasties des Almoravides et des Almohades, puis au XVI-XVIIe s. avec les
Saadiens).
Enclos
par un mur de pisé et situés au sud-ouest de la ville ancienne,
le jardin de la Ménara
est planté d'oliviers sur 90 hectares et dispose d'un vaste bassin
(200x150 m.) datant du
XIIe s. Des seguias
ou canaux en partent pour assurer l'iririgation de l'oliveraie.
Au bord du
bassin fut édifié au XIXe s.
un pavillon aux tuiles vertes qui
vient s'y refléter et constitue l'une des images typiques de la ville.
MARRAKECH
- Jardins de la Ménara.
De
l'allée principale s'ouvre une perspective en direction du fameux minaret
de la Koutoubia, contemporain de ce jardin et dont on reparlera en fin de circuit.
MARRAKECH
- perspective vers la Koutoubia et Porte Bab el Jédid ("la neuve").
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Malheureusement,
le jardin a été dégradé par un désastreux projet
de spectacle sons et lumières maintenant abandonné.
Pour se rendre au jardin Majorelle, situé
au nord-ouest de la ville ancienne, nous avons un premier aperçu sur ses
défenses, telle la porte Bab el Jédid.
Le
jardin fut créé par le peintre Jacques Majorelle dans les années
20 donc dans le style Art Déco. Ce peintre (né en 1886) orientaliste,
passionné par le monde islamique, fut invité ici par le Maréchal
Lyautey en 1917. S'il voyageait beaucoup à travers le pays, c'est dans
le petit bâtiment de couleur bleu cobalt qu'il avait son atelier au milieu
d'un jardin qui accueille quantité de plantes rares, entre vasques et bassins
de nymphéas, bambous, palmiers, cactées et massifs de daturas...
Longtemps resté à l'abandon, il a été sauvé
et restauré dans les années 1960 par le couturier Yves Saint-Laurent.
Au long des quatre allées qui se croisent et entourent l'ancien atelier
du peintre, on peut découvrir quelques 300 espèces végétales
des pays chauds, humides (bambous, papyrus...) ou arides (superbe collection de
cactées et agaves).
Le vert des plantes ressort sur la couleur bleue
des éléments d'architecture.
Un autre jardin, celui de
l'Agdal ("la prairie" ou "le verger") , que nous ne
visiterons pas, se situe au sud-est de la ville.
La visite de la
ville et de ses monuments sera faite en fin de circuit...
Un trajet d'environ 175 km depuis Marrakech...
Traversée
de petits villages: des femmes élégamment voilées aux vêtements
très colorés. Arrêt dans une auberge où le cuisinier
s'affère à préparer les braseros des tajines...
Entre
Marrakech et Essaouira - Scènes villageoises.
En
cour de route, nous avons la chance de tomber sur un moussem dans
le village de Sidi Moktar.
La fête commémorant un saint
local dure trois jours et la partie profane est constituée par une fantasia
mettant à l'épreuve des cavaliers. Les jeunes gens rivalisent de
vitesse, d'adresse et de synchronisation dans une même salve tirée
en fin de course.
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![]() SIDI MOKTAR - Moussem (cliché de Nadia) |
Tradition
et modernité coexistent même à la campagne. Un groupe de cavaliers
s'avère finalement être un groupe de jeunes cavalières.
Tous les gens des alentours sont réunis et certains se sont déplacés
en carriole et d'autre en tracteur!
Nous traversons un paysage au sol
très aride mais des travaux d'épierrage sont effectués avant
de réaliser des plantations d'eucalyptus rouge, une variété
locale peu gourmande en eau (par rapport à celui d'Australie) afin de développer
des pâturages à l'ombrage.
Quelques bâtiments d'élevage
et de petites fermes... des Peugeots délabrées mais qui ont fait
plusieurs fois la distance de la Terre à la Lune grâce à des
rafistolages.
Puis nous arrivons dans la région où poussent
spontanément les fameux arganiers, dernier type d'arbre épineux
à pousser avant le désert (il peut se contenter de 100mm de pluie
par an car son feuillage arrive à condenser l'humidité nocturne
et, s'il le faut, il peut vivre au ralenti pendant plusieurs années de
suite), célèbres pour leur huile extraite de l'amande d'un fruit
2 ou 3 fois plus gros qu'une olive.
Ces amandes sont difficiles à
dégager de la pulpe et une méthode ancienne consistait à
laisser les chèvres manger le fruit puis à rejeter le noyau. Mais
aujourd'hui, on mécanise la récolte qui a lieu de juillet à
septembre et si on fait parfois grimper les chèvres aux arbres (elles y
sont même attachées), c'est surtout pour les touristes auxquels un
bakchich est réclamé pour la photo!
L'huile d'argan est utilisée
en cosmétique mais le rendement est faible (il varie beaucoup selon les
sources): 20kg pour 1 litre selon l'un, 50kg selon l'autre...
Des tentatives
pour implanter des arganiers se soldent toujours par des échecs car curieusement
il ne fructifie que dans certains endroits.
Peu à peu, la couleur des maisons passe de l'ocre au blanc/bleuté.
ESSAOUIRA ("La bien dessinée" !) ***
La
ville fut dès l'antiquité (Phéniciens) un port de commerce
florissant notamment pour la pourpre qui était fabriquée sur les
îles faisant face à la baie d'Essaouira et justement nommées
Iles Purpuraires. Aujourd'hui ces îles sont des réserves ornithologiques
(elles abritent notamment une espèce de faucon qui migre jusqu'à
Madagascar).
C'est sur les plans du français Théodore Cornut
que le sultan Mohammed III fit construire la ville moderne au XVIIIe s.,
exemple unique pour l'époque d'urbanisme planifié.
En
décembre 2001, l'organisation des nations unies pour l'éducation,
les sciences et la culture (UNESCO), a inscrit
la médina d'Essaouira dans la liste prestigieuse des sites qui font partie
du patrimoine de l'humanité .
La
ville servit aussi pour partie de cadre au tournage
de scènes du film "Othello"
(cf. également El Jadida).
Othello, film marocain en noir et blanc dOrson Welles, réalisé de 1949 à 1952, d'après la tragédie de William Shakespeare représentée en 1604 (Orson Welles a également mis en images Macbeth, autre oeuvre shakespearienne en 1947). Un oeuvre moderne en ce qu'elle évoque les drames liés aux différences de statuts sociaux, de culture et de religion.
Othello, général au service de Venise mais ancien esclave Maure devenu mercenaire, revient victorieux d'une bataille et recueille les suffrages du peuple. Sa gloire s'accompagne du bonheur d'épouser la blanche et jeune Desdémone quil aime dun amour partagé. Mais Iago cherche à provoquer la jalousie dOthello et finit par le convaincre que son ami Cassio (Michael Laurence) est l'amant de la jeune femme. Sans sassurer de la véracité de ces allégations, Othello étrangle Desdémone avant de se donner la mort.
Diverses interprétations existent sur l'origine de son nom Essaouira. Ce pourrait être la traduction arabe exacte du terme berbère Amgader qui serait l'ancienne forme du mot Mogador, signifiant : fortifiée. Pendant deux siècles les deux noms furent usités, indifféremment, sans contradiction. Une autre interprétation donne la signification "la bien dessinée" en rapport avec les transformations de la cité selon les plans de Th .Cornut..
Qu'est-ce qu'un sultan ?
C'est le titre traditionnel des souverains de certains pays musulmans. Le nom vient du mot arabe signifiant "souveraineté" - au sens moral ou religieux. Il est le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane. Ce titre est le plus élevé après celui de calife.
C'est au XIe siècle qu'apparut le premier sultan à Bagdad. Après la chute de ce califat, le titre fut adopté par de nombreux souverains musulmans, dont les turcs de l'Empire Ottoman. D'autres sultanats ont vu le jour tels ceux des Comores ou encore de Zanzibar mais le plus connu est celui du Maroc qui a eu cours jusqu'à la fin du Protectorat, mais depuis lors il est plus classiquement devenu un royaume.
Essaouira est une séduisante ville portuaire. L'ancienne Mogador
comme la nommaient les Portugais est aussi appelée "la Perle Blanche
de l'Atlantique". Jusqu'à aujourd'hui, cette ville est restée
complètement intacte. Elle est comme
une pierre précieuse avec ses murailles rosées serties sur une presqu'île
dont l'atmosphère intemporelle attire les artistes
Nous
sommes saisis par la forte brise venue de l'Océan mais la vue est magnifique
sur la baie et le port de pêche (charpentiers de marine). La plupart des
bateaux sont au port compte tenu d'une forte houle. Le fort vent qui en est la
cause ne décourage pas les vacanciers sur la plage. On s'étonne
de ne pas voir plus d'adeptes de la glisse nautique (planche, surf et ses variantes).
Venteux et souvent brumeux, le climat particulier de cette côte résulte
de la confrontation de l'air chaud venant de l'intérieur et des courants
froids de l'océan ce qui génère à ces latitudes les
fameux vents alizés qui soufflent sans discontinuer.
Face
au restaurant de poissons grillés "La Petite Algue", s'ouvre
la Porte de la Marine, édifiée en 1769 sous Mahommed V et datée
de 1184 selon le calendrier musulman (cf. plus loin une explication à ce
sujet).
Curieusement, son fronton orné de croissants (symboles d'Islam) comporte
aussi une coquille St Jacques. On pourrait en effet se demander pourquoi
on trouve ici ce symbole du héraut légendaire qui prêta main-forte
aux Rois Catholiques dans leur reconquête de l'Espagne occupée par
les Maures!
Tout près de là, se dresse l'imposant Bastion Nord.
Près du port, on peut admirer les remparts de la Sqala ou Scalla
aux murs crénelés de 300 m de long et leur tour à signaux
et leurs batteries de canons espagnols des XVII-XVIIIe s.
ESSAOUIRA
- bastion nord et Porte de la Marine.
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Il
faut entrer dans la ville pour apprécier l'ancien quartier juif, le Mellah,
avec les arcs de ses portes frappées de la Croix de David, la médina
(labyrinthe de maisons blanches et bleues, place Moulay-Hassan, les anciens consulats
étrangers du XIXe s. rue Laalouj) et, au pied des remparts, les souks
très
fonctionnels résultant d'un urbanisme planifié. Je me rends compte
en déambulant que l'on va sans doute m'affubler assez régulièrement
du nom d'Ali Baba (sans doute à cause de la barbe)...
Ces souks
présentent un artisanat de qualité: marqueterie et travail du bois,
peintres
( av. de l'Istiqlal et rue Mohammed-Zerktouni).
En
effet, la ville est célèbre pour sa marqueterie en bois de thuya,
arbre qui pousse en abondance dans de vastes forêts au nord de la ville,
en direction de Safi. Mais attention !
ATTENTION: du fait du climat côtier humide, risque d'éclatement
des objets en bois dans des atmosphères plus sèches. Il faut s'adresser
à des boutiques sérieuses qui disposent d'appareils permettant de
mesurer le degré de séchage à coeur...
Les dates
sculptées sur la clef de l'arc
qui surmonte les portes de certaines maisons pourraient
prêter à confusion. Une maison du XIVes. en parfait état !
Comment est-ce possible ? En fait elle date du début du XXe s.
car la datation correspond au calendrier musulman. Ici 1336=1918 ! A savoir
aussi que 2007 correspond à 1428 dans le calendrier musulman.
Voici la clef du mystère.
Le point de départ du calendrier musulman est décalé de 622 ans, année de l'hégire (Mahommed quitte La Mecque pour Médine) par rapport au nôtre et, du fait de l'adoption d'un calendrier lunaire, les années musulmanes sont un peu plus courtes (de 11 jours environ) que dans le calendrier grégorien.
Autres
curiosités, les portes des maisons de l'ancien quartier juif (les Juifs
sont partis à la suite de la création de l'Etat d'Israël).
Une croix de David aux 6 branches est sculptée sur la clef de l'arc qui
les surmonte. On voit également des Croix de Salomon à 8 branches.
Nous avons la chance de tomber en plein dans la quatrième édition
du festival Gnaoua qui se déroule cette année du 18 au 21
août et qui apporte une
animation estivale supplémentaire. Dans le melting-pot que constitue cette
ville, au fond berbère, aux apports arabes et juifs, il faut ajouter celui
de populations issues d'anciens esclaves d'Afrique Noire. D'où les musiques
qui poussent à la frénésie et jusqu'à la transe. Evoquant
les anciennes croyances animistes, maquillées de saints musulmans, ce rituel
est quelque part apparenté à la santeria cubaine, au vaudou
des Antilles voire même au gospel des afro-américains...
MAROC