Région centrale des HAUTES TERRES Ambalavao FIANARANTSOA Parc NatIonal de Ranomafana Manakara, l'extrémité sud du Canal des Pangalanes ANTANANARIVO Andasibe - Réserve d'Analamazaotra Rova d'Ambohimanga Andasibe - Réserves Vakôna Forest Lodge

Page précédente: l'ouest, de Morondava aux Grands Tsingy de Bemaraha

 



 


FAMILLE ET SOCIETE


UNE NOTION LARGE DE LA FAMILLE


Outre la famille à lignage au sens habituel, c'est-à-dire la descendance d'un ancêtre commun et les liens matrimoniaux tissés autour, dans la tradition malgache on trouve des fraternités de sang (fatidra), un peu comme chez les Indiens d'Amérique !
L'alliance par le sang (fanange) consiste en une petite incision chez les deux personnes qui doivent boire quelques gouttes de sang de l'autre et les voici comme frères et leurs familles apparentées.
A côté de cela on trouve les entraides villageoises pour les gros travaux (comme chez nous il y a encore une cinquantaine d'années).
A cela s'ajoute l'étrange "parenté à plaisanterie" (lohateny ou tokondohateny) qui associe parfois des clans de statuts très différents qui se doivent assistance mais qui s'autorisent des relations (par exemple échangisme entre les conjoints) qui ne sont pas admises dans une famille à lignage.


LA QUESTIONS DES "NOMS"

Dans les anciennes traditions, le nom était strictement personnel. L’attribution d’un nom à un enfant relevait de divers critères et circonstances (un souhait, un destin, une parole, un souvenir, un évènement, une combinaison de noms de parents ou d'ancêtres).
Sur les Hautes Terres, le préfixe Ra est une marque de politesse tandis que le préfixe Andriana signifiait "chef, noble ou prince" mais il arrive qu'il ait été porté par des personnes de plus basse caste.
Les noms peuvent porter la marque d'une lignée. Certains font référence à un ascendant avec les préfixes Zafi (petit-fils, petite-fille de...) et Zana (fils ou fille de..), sachant qu’il n’y a pas de distinction de genre en malgache. D'autres font référence à la qualité de parents de tel enfant avec les préfixes Rai (père de..) et Reni (mère de..). En effet, dans la tradition les noms malgaches présentaient l'originalité de n'être pas forcément permanents. Ainsi un souverain prenait un nouveau nom lors de son accession au trône (par exemple
Ilaidama devenu Radama Ier). Tout Malgache pouvait changer de nom tout au long de sa vie: lors de la circoncision pour les garçons, à l'âge adulte, après son mariage, à la naissance du premier enfant, et même à sa mort (un nom posthume était attribué aux rois Merina et Sakalava).

La colonisation puis l'Etat malgache ont imposé peu à peu la mise en place d'un Etat civil moderne qui a figé les noms malgaches, devenus patronymiques, transmis de génération en génération mais aussi dépersonnalisés, même si la tradition subsiste dans les campagnes. Par ailleurs, l'usage de sobriquets s'est répandu, compensant l'abandon de la tradition du nom strictement personnel.
Les prénoms choisis pendant la période coloniale venaient du calendrier chrétien alors qu'après l'indépendance des prénoms typiquement malgaches sont apparus. Celui de notre dernier chauffeur Mamy ("doux, sucré") en est un exemple.
Les missionnaires protestants anglo-saxons et scandinaves (Norvegian Missionnary Society) ont également joué un rôle dans la création de certains patronymes comme ceux qui ont le suffixe -son signifiant "fils de", reprenant ainsi d'une certaine façon la coutume malgache (qui utilisait le terme Zana comme on l'a vu un peu plus haut). Deux exemples: le propriétaire de l'agence "A la carte A Mada", Richard Rakotoarison ou encore notre dernier chauffeur Mamy Rasamoelison.


FAMILLE, FEMME ET MARIAGE

La famille malgache est un cercle très large par rapport à la notion de famille européenne moderne et la lignée génétique prise en compte remonte aux trisaïeuls (arrière-arrière-grands-parents). Sans se rattacher à un "clan" par les ancêtres, un Malgache n'est rien
d'autre qu'un vulgaire descendant d'esclave.
Le mariage entre membres de ce grand cercle familial est considéré comme un inceste.

Les jeunes filles n'ont pas d'âge minimum pour avoir des relations sexuelles et les jeunes filles ayant déjà accouché, même mineures, sont considérées comme adultes.
L'âge de la procréation est évalué encore à 15 ans chez les filles comme chez les garçons. La procréation est le point de départ pour un éventuel mariage, que les procréateurs vivent ensemble ou chacun de leur côté (chez leurs parents).

Comme dans d'autres pays où existait la tradition des mariages arrangés, les Malgaches évoluent vers les mariages avec accord des parents sur le choix du (ou de la) fiancé(e). Ainsi Jean Lamour (un nom prédestiné !), notre guide à Manandona, nous a confié avoir dû présenter plusieurs fiancées à ses parents jusqu'à obtenir leur agrément.
Dans la tradition, le mariage se déroule au domicile des parents de la jeune fille et deux entremetteurs interviennent, celui du fiancé, le mpangataka, adresse sa demande à celui de la promise, le mpanatitra.

Depuis 2007, l'âge légal du mariage pour les filles a été repoussé de 16 à 18 ans et donc aligné sur celui fixé pour les garçons. Les filles ne peuvent sortir du pays en compagnie d'un étranger, même s'ils sont mariés, si elles n'ont pas 21 ans.

Contrairement à d'autres évènements ritualisés, le mariage ne donne pas lieu à une grande fête.

Le divorce peut être demandé par le mari tandis que la femme ne peut demander que la séparation (fisaoram bady) mais elle ne peut se remarier.

Il y a quelques décennies, la polygamie (fampiraferana) n'était pas rare car elle a longtemps été traditionnelle. Le plus souvent, les hommes polygames avaient deux ou trois femmes (jusqu'à 4 chez les Musulmans). En revanche les nobles et surtout les princes pouvaient en avoir beaucoup plus (12 "officielles" pour les souverains Merina, 60 pour le roi Lamboina des Antankarana).

Les filles ne participent pas à l'héritage qui se trouve dévolu à parts égales entre les garçons.


CONTRACEPTION

La contraception est peu développée pour au moins deux raisons.
Elle est d'abord contraire à une culture où l'on révère la virilité et la fécondité.
Nécessitant un suivi, elle est également difficilement applicable dans la plus grande partie de ce pays à l'infrastructure médicale absente ou déficiente. Charline, notre guide dans les Tsingy, nous confiait y avoir personnellement renoncé en raison de l'impossible suivi médical lié à l'isolement de son village à la saison des pluies.

Le nombre moyen d'enfants par famille est de l'ordre de 4 ou 5 mais dans les zones rurales il est plutôt de 6. L'accroissement démographique est de 3% par an soit une perspective de doublement de la population en 25 ans.



SCOLARISATION ET MALGACHISATION

Depuis 1976, en principe l'école publique est gratuite et obligatoire à partir de l'âge de 6 ans jusqu'à 14 ans (cycle élémentaire de 6 à 11 ans) mais les maîtres sont mal formés et mal payés. La grève de trois mois qu'ils ont menée d'avril à juin 2012 n'a rien donné. Puis sont venus les trois mois de grandes vacances (juillet à début octobre). En quelque sorte "une année blanche" qu'il vaudrait mieux appeler "année noire" pour les enfants...
Selon l'UNICEF, depuis le début de la crise politique de 2009, 900 000 enfants sont déscolarisés, 12% des enfants échappent complètement à la scolarisation.

Hors système scolaire, l'accès à la culture est très limité (depuis 2005, une vingtaines de bibliothèques rurales ont été ouvertes ans le cadre des CLIC Centres de Lecture, d'Information et de Culture).

Avant 1975, le français était parlé couramment par 60 à 70% des Malgaches alors qu'aujourd'hui le français, avec le statut de deuxième langue officielle, ne serait plus parlé que par 15 à 20 % des Malagasy.
Jusqu'en 1975, les jeunes Malgaches étudiaient l’histoire et la géographie de la France mais pas celles de leur pays. L'histoire qu'ils apprenaient commençait par "Nos ancêtres les Gaulois"... Un étudiant malgache pouvait connaître la distance de Paris à Lyon ou Marseille sans connaître les villes de Diego-Suarez ou Fort-Dauphin et il pouvait parler du Massif Central en ignorant l'existence de celui de l’Isalo.

L'hostilité populaire à l'égard de l'héritage colonial a poussé le gouvernement à lancer le mouvement de malgachisation réclamé par les étudiants lors des événements de mai 1972.
En 1975, avec l'accès au pouvoir de Ratsiraka, le français est remplacé par le malgache comme langue d'enseignement dans le primaire et le secondaire mais cette politique n'a pas atteint l'objectif visé, au contraire. La malgachisation n'a fait qu'accentuer l'écart entre les enfants des milieux défavorisés, n'ayant pas d'autre accès au français que l'école, et ceux de la bourgeoisie urbaine francisée. Les élèves avaient des grandes difficultés à l’université, où l’enseignement se fait en français.
À partir de 1985, le processus de malgachisation a donc été arrêté et on en est revenu progressivement à une réintroduction du français comme langue d'enseignement
depuis 1993.
Les cours sont dispensés en malgache durant les premières années de scolarité. À partir de la classe de 6è, ils sont donnés en français pour les matières non littéraires mais certains enseignants n'ont pas une compétence linguistique suffisante pour pouvoir transmettre correctement des connaissances et un savoir-faire en français.

Si le malgache assume toujours les fonctions de langue
véhiculaire nationale, de langue du foyer, de la religion et de la culture traditionnelle, le français a acquis un rôle de sélection car sa connaissance pour donner accès à la promotion sociale des individus. Même s'il y a superposition des deux langues, un clivage se produit entre populations rurales et élites bilingues urbaines qui ont un pratique courante du français.

REVENUS ET CONDITIONS DE VIE

Selon la Banque Mondiale, en 2008 le Revenu National Brut par habitant s'établissait a à peine 26€ par mois.

Le salaire moyen mensuel d'un cadre supérieur avoisine les 50 Euros, celui d'un ouvrier qualifié les 30 Euros, le double de celui d'un ouvrier non qualifié.
Les salaires des enseignants sont faibles: en moyenne, en primaire/collège, le salaire est de 25 à 50€ par mois.
Un chauffeur de taxi-brousse peut gagner jusqu'à 7€ par jour, à condition de trouver un employeur et d'assumer la responsabilité du véhicule.

Pour les plus bas salaire, le taux de l'impôt sur le revenu retenu à la source est de l'ordre de 0,2% tandis qu'il est de 25% à partir de 180 000 Ariarys (soit 60€ à ce seuil) de salaire mensuel.
Si le Malgache moyen gagne environ 1 dollar par jour (par exemple un employé de maison), 85% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
C'est une société très inégalitaire puisque 10% des ménages les plus aisés possèdent 35% des revenus.

Il faut savoir que les ménages dépensent en moyenne 70 €/mois dont une bonne moitié pour s'alimenter, 16% pour l'énergie.

Madagascar, "l'île bénie des dieux", est devenu l'un des dix pays les plus pauvres du monde.
Madagascar est un géant pauvre au milieu des îlots de relative prospérité voisins que sont Maurice, la Réunion, Mayotte ou les Seychelles.


LE SYSTEME DE SANTE

Le système de santé est dans un état déplorable et ne s'est pas amélioré depuis une vingtaine d'années.
Les dépenses totales de santé du pays s'élèvent à 320 millions de dollars soit seulement 3,2% du PIB (en France, ces valeurs sont respectivement de 350 milliards de dollars et de 12% du PIB).

Depuis le coup d'Etat de 2009, les pays donateurs ont cessé d'octroyer toute aide non humanitaire. De son côté, le gouvernement malgache a procédé à des coupes draconiennes dans le budget des services sociaux.
En 2010, les dépenses de santé inscrites au budget de l'Etat ont diminué de 30% par rapport à l'année précédente et pour 2012 elles ont été de nouveau réduites de moitié par rapport à 2011. Ces coupes budgétaires ont entraîné la fermeture de quelque 240 centres de santé sur les 3000 existants (dont 300 seulement disposent d'un médecin tandis que les autres ont seulement un infirmier qualifié et parfois une sage-femme). Ces centres sont accessibles -à moins de 10 km- aux deux tiers de la population. En raison de ces coupes, les centres de santé ne trouvent plus de travailleurs de la santé car mal payés et démotivés, ils abandonnent leur métier. De plus, les centres de santé ne disposent pas de matériels adéquats (les centres de soins sont loin de tous disposer d'un tensiomètre). A ces centres s'ajoutent un peu moins de 80 hôpitaux principaux et secondaires.
L'ensemble du secteur public emploie 1100 médecins. Par ailleurs, seulement 600 médecins sont installés dans le secteur libéral car la population n'a pas les moyens de les rémunérer.

Mamy, notre chauffeur en fin de circuit, nous donne une idée de l'état déplorable du système de santé. Si l'on doit aller à l'hôpital, on n'y trouve qu'un châlit et il faut apporter matelas et literie. Pour être examiné a minima, il faut avoir assez d'argent pour payer un "pot de vin" ou un bakchich afin qu'un médecin s'intéresse à votre cas, puis il faut faire apporter médicaments et seringues nécessaires et également avoir les moyens d'acheter la nourriture.
Dans ces conditions, la population déserte les établissements de soins et a recours à des expédients de la médecine traditionnelle et à l'automédication.

Quant à Charline, notre guide dans les Tsingy, elle nous donne un exemple concret des conséquences sanitaires et médicales découlant de l'isolement de sa région à la saison des pluies à tel point qu'en 2009, dix femmes de Bekopaka étaient mortes en couches ou en suites de couches. Cette déficience fait aussi que la contraception orale ne fonctionne pas de fait que l'indispensable suivi médical qu'elle exige fait défaut.

C'est pourquoi en cas de sérieux problème de santé survenant pendant le séjour touristique à Madagascar, il est fortement conseillé de se faire rapatrier vers St Denis-de-la-Réunion afin de bénéficier du système hospitalier français.

Quant à la retraite, la question se pose malheureusement bien peu car l'espérance de vie ne dépasse guère les 60 ans. Enfants et famille supportent les quelques vieux..

ACCES A L'EAU ET A L'ELECTRICITE

Environ 6 ou 7 personnes sur 10 n'ont pas accès à l'eau potable et 4 ménages sur 10 sont privés d'assainissement.
Mais c'est seulement 14% de la population rurale de Madagascar qui a accès à l’eau potable. Même à Antananarivo, environ 20% seulement des foyers disposent d'un branchement au réseau public de distribution d’eau.
Comment l'objectif de 65% de la population ayant accès à l'eau potable en 2015 pourrait-il être tenu alors que six ans après le lancement du programme d’alimentation en eau potable et d’assainissement en milieu rural, seules 420 des 1250 installations prévues ont été réalisées ?

Madagascar est caractérisé par une sous-consommation énergétique phénoménale avec en moyenne 0,2 tonne d'équivalent pétrole (TEP) par habitant alors que la moyenne mondiale est 8 fois supérieure. Cette énergie n'est fournie sous forme électrique que pour 1% alors que l'utilisation directe de la biomasse -bois et charbon végétal- en apporte 83%.
En 2006, le taux de couverture en électricité à Madagascar était globalement de 28 % mais de seulement 5 % en zone rurale (où vit 70 % de la population du pays !).
Haut de page



Etape précedente : Ouest: de Morondava aux Grands Tsingy de Bemaraha

 

A l'aéroport d'Ivato, il fait 15° à 10 H. Nous sommes rapidement récupérés par Mamy, notre nouveau chauffeur-guide, car finalement Richard a confié d'autres clients à Patrick, notre premier chauffeur.
Plus de 4x4 mais une Peugeot 406 break.

Mamy, étrange prénom !
Rien du diminutif affectif mais un nom typiquement malgache qui signifie "doux, sucré". Le personnage incarne parfaitement ce nom, il parle aussi doucement qu'il conduit.
Mamy possède sa propre petite agence "Mamitours" et se trouvant actuellement disponible, Richard a fait appel à lui en freelance pour les trois derniers jours de notre circuit. Mamy est originaire de Morondava et il a émigré vers la capitale où il est plus facile de trouver du travail et des clients.

Traversée d'Antananarivo et route vers Andasibe

La circulation chaotique et cahotante dans la capitale nous laisse tout loisir d'observer les enseignes rigolotes de "gargoTTes":(!), de "Dédé & Lily, tailleur couturière" et surtout celles des enseignes des écoles privées. Un florilège sur lequel nous reviendrons plus tard...
Les rizières et les briqueteries s'insinuent dans les parties basses de la banlieue informe. Nous arrivons bientôt dans une région plus vallonnée avec des collines aux sommets rocheux mis à nu.

Après avoir quitté les embarras de circulation de la capitale, nous avons à parcourir 140 km sur la Nationale 2 qui conduit sur la côte est, notamment vers Toamasina (ex-Tamatave), la seconde ville du pays.

Un peu avant midi, Mamy arrête à l'entrée de la petite ville de Manjakandriana pour le déjeuner. Un discret restaurant local "Espace Hasina" se dissimule pratiquement aux regards derrière la "Providence School". Une surprise, le personnel ne parle ni ne comprend le français. Selon Mamy, c'est rare mais il s'agit d'employés récemment montés à la ville. Nous sommes les seules convives, il est vrai qu'il est encore tôt. Salle propre. Les steaks de zébus sauce poivre vert s'avéreront coriaces (7000 MGA pièce). Une banane en dessert (250 MGA pièce).
Nous arrivons maintenant dans le pays des Bezanozano
.

Nous ne nous attardons pas outre mesure.
Bientôt nous coupons la ligne de chemin de fer du réseau nord Tananarive Côte Est (TCE). Nous roulons tranquillement et pourrions presque nous endormir si la route ne présentait pas quelques dangers (virages, côtes). Vers 14h15, nous traversons bientôt la ville de Moramanga animée par ses tricycles (vélo-rickshaws). Moramanga est la capitale des Bezanozano.
Mais déjà nous changeons d'ethnie en arrivant au pays des
Betsimisaraka (leur capitale est Toamasina - Tamatave).


Arrivée à Andasibe

Une petite demi-heure plus tard, nous quittons la nationale et trois cents mètres plus loin, nous voici déjà à destination à l'hôtel Feon'ny Ala, situé environ 4km avant le village d'Andasibe.

Nous confirmons les propos du Routard sur l'accueil plutôt froid dans tous les sens du terme. Quelle différence avec nos précédentes étapes! Bref, l'hôtel vaut pour l'emplacement et pour le cadre mais certainement pas pour l'accueil ou le confort.

A 15 heures, nous prenons possession de nos bungalows. Le cadre dans lequel s'insèrent la trentaine de bungalows est superbe. Mais les pensionnaires des chambres d'hôtes et guest-houses voisines "Marie" et "Chez Luc" ont tout autant d'agrément à n'en pas douter.
De retour vers la réception, nous rencontrons Mamy qui nous présente Agathe, qui doit être notre guide pour la matinée du lendemain. Curieusement, nous sentons que le courant ne passe pas bien.


Haut de page

Parc National d'ANDASIBE - ex-Réserve Périnet

Un peu après 16 heures, après le premier concert de cris, plaintes et glapissements des indris (Indri indri), nous partons faire une petite balade en direction du village en suivant la route qui chemine à travers la forêt. Il faut s'activer un peu car dès que des nuages masquent le soleil l'air est bien frais, d'autant qu'il y a un peu de vent.

Nous passons devant une clairière provoquée par le cyclone Giovanna (ou Giovana) qui a traversé l'île le 14 février 2012, en faisant 31 victimes et 250 000 sinistrés. Les villageois ont été autorisés à récupérer le bois qu'ils débitent à l'herminette ou par sciage de long de tronc posé sur un chevalet rudimentaire.

Le parc national d'Andasibe est composé du Parc National de Mantadia (15000 ha) et de la Réserve spéciale d'Analamazaotra (800 ha) soit 10000 ha de forêts primaire presque intactes. Antérieurement, à la période coloniale, le parc était appelé Réserve Périnet. Pour la visite de cette forêt très humide, la période la plus favorable correspond à notre automne. La température remonte et il ne pleut pas encore trop.


Rappel en quelques mots sur les lémuriens

Comme les singes (et les humains), les lémuriens appartiennent à l'ordre des primates et ont donc un ancêtre commun à ce niveau. En revanche, ils se rattachent à des sous-ordres différents: Haplorrhini pour les singes et Strepsirrhini pour les lémuriens ainsi que leurs "cousins" les loris d'Afrique et d'Asie voire les tarsiers.
Sur la presque centaine d'espèces de lémuriens réparties entre les cinq familles (Cheirogaleidae, Lemuridae, Lepilemuridae, Indriidae et Daubentoniidae) vivant à Madagascar près de vingt sont menacées. Depuis l'arrivée des hommes sur l'île, une quinzaine d'espèces de lémuriens se sont éteintes (dont l'Archaeoindris fontoynonti qui pesait de 160 à 200 kg).
Présents en Afrique, ils auraient gagné Madagascar sur des radeaux d'herbes dérivantes il y a environ 50 ou 60 millions d'années. Sans concurrence, ils se sont diversifiés et ont occupé diverses niches écologiques tandis que sur les autres continents ils ont dû céder la place devant d'autres concurrents, en particulier les singes plus "intelligents".

 

A l'entrée de la Réserve Mitsinjo

Nous arrivons bientôt devant l'entrée de la Réserve Mitsinjo, une association villageoise pour la conservation de la biodiversité dans le cadre de la Forêt d'Analamazaotra, notamment celle des batraciens.
Vu l'heure, il n'est pas question de s'engager sur l'un des trois circuits aménagés dans cette réserve. Nous nous contentons d'un petit tour aux abords des bâtiments d'accueil.


Dans les arbres, nous avons tout loisir d'observer un groupe de Lémurs bruns (Eulemur fulvus fulvus).
Polygames et nomades, ils vivent en groupes de 3 à 12 individus, sans hiérarchie systématique. Dans le forêts orientales (car il se rencontre aussi au nord-ouest de Madagascar), la densité est de l'ordre de 50 individus au kilomètre carré. Le pelage est court mais dense. Le dos présente une coloration brune alors que le ventre est plus clair. Le museau et la couronne sont pratiquement noirs. Les oreilles sont courtes tandis que la queue est longue et légèrement touffue à son extrémité. Les yeux sont rouge orangé. C'est la seule espèce que l'on rencontre hors de Madagascar, dans l'archipel des Comores, où elle aurait été introduite il y a une centaine d'années.

ANDASIBE - Réserve  Analamazaotra

Nous poussons jusqu'à l'entrée toute proche de la Réserve Indri indri où nous devons passer la matinée suivante.

 

A l'hôtel Feon'ny Ala

Retour à Feon'ny Ala un peu après 17 heures. Coup d'oeil dans la boutique d'artisanat villageois. Nous y croisons Agathe qui nous ignore superbement. Bizarre fille !

Nous allons dîner vers 19h30. Il y a déjà beaucoup de monde dans la salle et les tables encore inoccupées sont pour la plupart réservées. D'où viennent tous ces gens (on entend des vocables étrangers ici et là) ? Sont-ils tous pensionnaires ici ?
Par rapport aux autres endroits de Madagascar que nous venons de visiter, on ressent une ambiance un peu différente, plus guindée, plus froide.


La fraîcheur de la soirée fait que la plupart des convives se sont installés en salle. Nous, on se trouve une table, face à la porte qui reste ouverte, donc en courant d'air. Nous ne regrettons pas nos polaires. Ici tout est frais, pas seulement le fond de l'air ou l'accueil à la réception mais aussi le personnel en salle.
Pour nous réchauffer, ce sera soupe safranée ou potage (6000 MGA) puis talapia grillé ou en sauce (13000 MGA) ou de l'anguille au porc ! (11000 MGA). Et toujours, pour nos réchauffer, ananas copieusement flambés en dessert (4500 MGA).

Il ne fait pas chaud dans nos bungalows. Le traditionnel serpentin fumigène antimoustique voisine avec des éditions du Nouveau Testament en langues occidentales et malgache et avec une boîte de préservatifs.
Sommeil peu reposant, matelas peu épais et creux, empilement de couvertures peu chaudes mais lourdes (nous aurions apprécié un duvet ou une couette), cris d'animaux.

A six heures, pendant cinq à dix minutes, les indris donnent un nouveau concert de leurs cris à vous glacer le sang dans les veines. On a hâte de voir ces curieux et bruyants lémuriens.
Petit coup d'oeil dehors, à la fraîche (10°)...

 

Balade dans la Réserve d'Analamazaotra et découverte des indris

A 8 heures nous quittons l'hôtel pour un court trajet de 2km qui nous amène à l'entrée de la réserve.
Ce n'est pas complètement surpris que nous apprenons qu'Agathe avec laquelle nous avions rendez-vous à 8h15 nous a fait faux bond en partant avec un autre groupe de touristes. Elle sera remplacée au pied levé par Justin Rakotovao, un jeune guide qui ne porte pas ses 26 ans et qui pourtant exerce son métier depuis 6 ans déjà.
Bien qu'il s'exprime avec un accent et de manière un peu récitative, on va passer trois bonnes heures en sa compagnie et parcourir 3 ou 4 km dans la Réserve.

 

ANDASIBE - Réserve  Analamazaotra

Sur le trajet, dans la forêt secondaire d'Analamazaotra nous rencontrons plusieurs groupes de touristes, notamment des germanophones et anglophones, manifestement en découverte thématique de la flore ou des insectes, outre la visite aux indris indris, évidemment. Cela confirme l'impression particulière que nous avions ressentie la veille au restaurant.

Justin nous présente différentes plantes, fougères arborescents et pandanus géants, plantes médicinales... et des arbres comme le palissandre (il nous précise que le bois de rose ne pousse pas ici dans la forêt humide mais dans les régions plus chaudes et plus sèches). Dans des fougères on peut observer une minuscule grenouille. Là, c'est un caméléon vert (Calumma parsonii uroplatus).

Plus loin, ce sont des fourmilières des arbres et des termitières qui ont parfois plusieurs dizaines d'années d'existence. Lorsque des martins-pêcheurs viennent pour y faire un repas de larves, les termites soldats leur projettent dans les yeux un gaz irritant tandis que les ouvrières s'affairent à colmater les brèches. Du côté des oiseaux, nous apercevons un coua bleu (Coua caerulea) et un coucal toulou (Centropus toulou), espèces endémiques. Puis un vanga ou corbeau-pie.

Cliquez ci-dessus pour voir et entendre les indris
ANDASIBE - Réserve  Analamazaotra

Enfin, honneur à l'indri, le roi de cette forêt. C'est la seule contrée où l'on peut voir cette espèce.
Avec l'aide des pisteurs qui nous ouvrent un sentier sommaire nous pouvons en observer un groupe d'une dizaine d'individus.
L'indri est le plus grand lémurien (jusqu'à 7 à 9 kg pour 70 cm de haut) avec une fourrure blanche et noire, qui, outre ses longs cris modulés et puissants, possède un signe distinctif qui le singularise des autres lémuriens, c'est qu'il n'a qu'un moignon de queue. Cette espèce vit en groupe matriarcal.


Monogames fidèles, les indris forment des couples permanents et ils ont généralement un petit tous les trois ans. Leur longévité est importante, de l'ordre de 80 ans, lorsqu'ils parviennent à échapper à leurs prédateurs: aigles et fossas. Leur pelage très dense est un mélange de noir et de blanc. La face surmontée d'oreilles d'ourson ainsi que le museau sont noirs, tout comme les mains et les pieds. Leurs yeux sont jaune vert. Vus de loin, ils ressemblent à des pandas. Malgré leur taille, ils sont d'une grande adresse pour sauter de branche en branche. Leur allure humaine fait qu'ils ont inspiré de nombreuses légendes qui leur valent un respect marqué par des fady interdisant de les tuer et les manger. Un fady identique préserve les sifakas dans le pays sakalava, sur la côte ouest.
Depuis une vingtaine d'années, les individus de ce groupe se sont familiarisés à la présence humaine, ce qui en facilite l'observation. Leur cri extraordinaire s'entend à 3 ou 4 km à la ronde. Nous n'aurons pas la chance de voir des indris descendre de leur arbre pour manger un peu d'argile latéritique comme ils le font en général une fois par semaine pour détoxiquer leur organisme.

Si ça remue dans les arbres, au sol c'est aussi la bousculade car plusieurs groupes de touristes avec leur guide se pressent à la recherche du meilleur point de vue. Nous apercevons notre fameuse Agathe qui a choisit de guider un groupe un peu plus nombreux, sans doute dans l'espoir d'un pourboire supérieur...

Un peu plus loin, on peut apercevoir une espèce que nous avions vue la veille au soir, des lémurs bruns (Eulemur fulvus fulvus).



ANDASIBE - Réserve  Analamazaotra

Notre parcours va encore nous permettre d'observer une autre espèce de lémurien, le magnifique propithèque ou sifaka à diadème (Propithecus diadema). Il s'agit d'un petit groupe de quatre adultes avec un petit qui se reposent.
C'est la quatrième espèce (sur la dizaine existante) du genre sifaka que nous avons l'occasion de pouvoir bien observer.
Ce cousin des indris (il appartient à la même famille) est le plus grand représentant des propithèques. Ses membres supérieurs et inférieurs vont de l'orange au jaune doré tandis que la teinte de la poitrine, des épaules et des bras varie du jaune au brun doré. Le museau et la face sont noirs et entourés d'un diadème blanc. Ces animaux sont polygames et nomades, contrairement aux indris.
Spectacle magique de cette famille de lémuriens.

Il est onze heures et Justin nous reconduit vers l'entrée de la Réserve.
On aperçoit un Coua (Coua caerulea) au plumage bleu nuit et quelques pas plus loin un Coucal toulou (Centropus toulou) au plumage roux.
Nous passons près d'une station de pisciculture abandonnée depuis de nombreuses années suite aux inondations consécutives à un cyclone. Arrivés près de la rivière, Justin nous précise qu'elle est sacrée et qu'un fady interdit qu'on y lave tout objet de couleur noire car cela attirerait les crocodiles et apporterait des maladies dans le village de celui qui aurait enfreint l'interdit.

A 11h45 nous sommes de retour au Feo'ny Ala. Sur la terrasse, en attendant le déjeuner, c'est une nouvelle occasion d'observer le Gecko vert malgache (Phelsuma madagascariensis) sur un aloès.


Haut de page

Réserves VAKÔNA et ville d'ANDASIBE

ANDASIBE - Réserve  Vakôna

Après le déjeuner, départ pour la visite des réserves privées de l'hôtel Vakôna Forest Lodge, établies sur 200 hectares (ou 600?), à une dizaine de kilomètres au-delà du village d'Andasibe, par une piste.
Nous visiterons le village au retour. Un peu plus loin, à une bifurcation, nous voyons l'indication du parc national d'Andasibe-Mantadia.

Sur le trajet du Vakôna, un moment sur la gauche, nous passons près du site d'une ancienne mine de graphite à ciel ouvert abandonnée depuis 2009 et qui serait visitable sur demande selon le Routard. Elle appartenait aux "propriétaires blancs" (ancienne famille coloniale) du superbe ensemble hôtelier où nous arrivons. La réception et le restaurant sont construits dans un petit lac enchâssé dans un écrin de forêt.

 

La Réserve Vakôna

Après les sorties en pleine nature à la découverte de la faune sauvage, on finit donc notre circuit malgache par un petit côté visite de jardin zoologique.

Nous commençons parc la traversée d'un minuscule plan d'eau en canoë pour gagner l'île aux lémuriens. Le Routard parle de six espèces, pour notre part nous en verrons trois.


Nous sommes accueillis par un envahissant vari blanc et noir (Varecia variegata variegata) qui saute sur nos épaules. Cette espèce appartient au genre Varecia, l'un des cinq genres que compte la famille des Lemuridae ou grands lémurs. L'animal est assez imposant (60 cm, queue non comprise et un poids de 4-5 kg). Son museau allongé lui donne un peu un air canin.
A la différence des autres lémuriens, les varis dorment dans des nids et les femelles qui peuvent avoir une portée de trois petits ont trois paires de mamelles au lieu d'une seule.



ANDASIBE - lémur des bambous

Quelques pas de plus et le relais est pris par leurs cousins un peu plus petits du genre Eulemur, les lémurs fauves, lémurs ou makis bruns (Eulemur fulvus fulvus). Nous les avions observés dans la nature avant hier à l'entrée de la Réserve Mitsinjo mais nous ne pensions pas les voir de si près. Pelage soyeux, face noire et yeux noisette. Ils sont gourmands et les guides les attirent avec des bananes. On se retrouve parfois avec deux ou trois lémurs que les épaules.

Enfin, la visite de l'îlot se poursuit avec les représentants d'un troisième genre de Lemuridae, celui des Hapalemur, avec les lémurs des bambous (Hapalemur griseus). Ces animaux diurnes plus petits (40 cm, queue non comprise pour 1 kg) se dissimulent dans les branchages et gardent leurs distances en nous observant de leurs grands yeux marron.





Changement de décor avec un parcours autour du lac aux crocodiles. Ils sont nombreux, une quarantaine ou une cinquantaine, de l'espèce crocodile du Nil (Crocodylus niloticus). C'est la plus grande espèce de crocodiles avec une longueur moyenne de 4 mètres, un poids de 500 kg et une longévité de 50 ans. C'est le plus grand reptile de Madagascar qui le partage avec les pays d'Afrique australe et orientale.
Avec leur air endormi, ils prennent un bain de soleil. Ils sont nourris une fois par semaine. Plus loin, deux crocos sont aux aguets, yeux ouverts et mâchoires entrouvertes. Un autre reste là, bayant aux corneilles, la gueule grande ouverte ! Leurs oeufs sont placés dans un enclos spécial afin d'éviter que les petits ne soient pas dévorés après leur naissance.

Nous passons près des enclos dédiés aux fossas.
Le fossa (Cryptoprocta ferox) est un carnassier endémique, cousin des félins et unique représentant de son genre. Cet animal au pelage roux aurait colonisé l'île il y a 20 millions d'années. C'est un super prédateur, si l'on excepte l'homme évidemment. D'un poids de 5 à 8 kg pour un corps long d'environ 80 cm, il possède des griffes semi rétractiles qui lui permettent de grimper facilement aux arbres et même d'en descendre tête en avant.
Nala est une veuve inconsolable depuis la mort de Kovu. Ce couple a donné naissance à Gitan et Baby qui vivent dans un enclos séparé. Ces animaux en captivité qui ne cessent d'arpenter leur cage nous font pitié.

Encore quelques pas et nous passons près de l'enclos aux tortues puis de celui aux serpents. Ceux que nous voyons vivent dans les arbres mais ne se nourrissent pas en captivité. Ils sont donc relâchés périodiquement et remplacés. Pour finir, c'est la volière aux oiseaux aquatiques: hérons, poules d'eau, canards en tout genres, par exemple canard à bosse bronzé ou canard casqué (Sarkidiomis melanotos).


La bourgade d'Andasibe

Après cette visite qui a duré presque une heure et demie, Mamy nous dépose à l'entrée de la bourgade d'Andasibe (la population de la commune s'élève quand même à 12000 habitants !).

Ancienne ville minière, avec ses maisons en planches et en tôle, on a l'impression d'être plongés en plein farwest. En raison de la localisation sur le côté oriental de l'île, il serait plus approprié de dire "fareast". Dans ce décor de western, nous arpentons la rue principale et pouvons jeter un coup d'oeil aux commerces locaux sans être le moins du monde importunés. Couleur locale garantie: nous ne croiserons qu'un couple de touristes.
Marchands de riz, de haricots secs, de petits poissons séchés, boucherie, vendeurs de brochettes, de petits crabes, de beignets, de boulettes de viande... magasins d'articles de pacotille kitschissimes (lampes à LEDs, pendulettes et réveils...). Petit coup d'oeil à l'église catholique.
Ici une mendiante et là, comme on l'a vu déjà dans d'autres villages, des enfants qui shootent dans un petit ballot de vieux sacs plastiques bouchonnés et ficelés ensemble en guise de ballon...

Nous regagnons la sortie du village ce qui permet de découvrir le bureau de "Postes et Télécommunications Périnet" et la gare (desservie par la ligne
Tananarive Côte Est TCE).
Sympathique petite balade d'une demi-heure !

A 17 heures nous sommes de retour à l'hôtel Feon'ny Ala et nous prenons la précaution de réserver une table dans une partie de la salle éloignée de la porte. On a donné !
Dans notre bungalow, nous constatons que la demi bouteille de vin blanc que nous avions rapportée du restaurant la veille a quelque peu été soulagée par le personnel de service...

Dîner à 19h30. Des soupes sont bienvenues mais pas données (6000 MGA l'unité). Suivent soit brochette "terre et mer" soit des nems (14000 MGA). Pour finir, soit tarte (3000 MGA) soit ananas flambé (4500 MGA).

Sommeil médiocre dans le relatif inconfort de nos bungalows.
Comme la veille, concert matinal des indris un peu après 6 heures.


Route vers Antananarivo


Du sous-développement à l'économie numérique

En Afrique, moins de 7% de la population dispose d'un compte bancaire. Par contre, il y aurait 450  millions d'abonnés au téléphone mobile en 2010. A Madagascar, le taux de pénétration du téléphone mobile est de 51% alors que le taux de bancarisation stagne à 5%.
Ici comme dans plusieurs autres pays africains,
envoyer de l'argent via son mobile est désormais monnaie courante. Ces circuits de transfert sont relativement ouverts, loin des circuits plus fermés  des institutions bancaires. Comme avec des cartes bancaires,  les téléphones portables sont équipés  d'une puce spécifique et sécurisée. Ils permettent de créditer un compte, de recevoir de l'argent,  de payer dans les établissements habilités et même de transférer et de recevoir de l'argent (y compris à l'international). Le destinataire est avisé par SMS qu'il peut retirer la somme en tapant le code reçu dans un distributeur de billets ou en donnant son code dans un bureau de l'opérateur de transfert. Il n'est pas tenu d'avoir un compte à la banque et dans certains cas, il n'est pas même pas tenu d'être abonné auprès de l'opérateur ni d'avoir de mobile (Mvola).

Haut de page

A 7h30, nous prenons la direction de Tana pour notre dernier jour à Madagascar.

Traversée de Moramanga. Enseignes amusantes comme "Auto Moto Ecole La Réussite". C'est aussi l'occasion de voir de voir l'omniprésence des bureaux de PMU. Oui ! il s'agit bien du Pari Mutuel Urbain français. Les Malgaches jouent et parient sur les courses qui se déroulent sur nos hippodromes !

Là des dépôts de sacs de charbon de bois. Ici, dans les rizières, le labour s'effectue avec des boeufs, plus puissants que les zébus. On peut même voir un vieux tracteur vert.
Un peu plus tard, des paysans moins fortunés font ce travail à la bêche tandis que sur une autre parcelle, une rangée de femmes procède au repiquage.

Traversée de la ville de Manjakandriana. Sur la ligne de chemin de fer une demi douzaine de cheminots sont en pleine pause (il est 9h15). On croise un groupe de cyclistes sportifs malgaches, avec maillot et casque à l'avenant. Les panneaux publicitaires (y compris pour l'église protestante FJKM) qui se font plus nombreux nous indiquent la proximité de la capitale: toujours des enseignes et des pubs pour le PMU, ADSL, téléphonie et transferts d'argent par téléphone MVola Telma, Airtel ou Orange, Loterie Malagasy, TV satellitaire Canal SAT, Leader Price...

 

C'est Antananarivo.

Après le PMU, nous pouvons voir quelques autres héritages de la période coloniale: "la Vache qui rit" et les vendeurs de baguettes...

Les enseignes des écoles privées (y compris collèges et lycées) sont extrêmement drôles, un florilège ai-je écrit plus haut.
En voici quelques unes que j'ai relevées en traversant la ville: Les Gais Bambins, Les Flamants Roses, Les Mignons, Les Capucines, Le Petit Nid, La Belle Ruche, Le Petit Cheval d'Or, La Source, La Grâce, Les Joyeux Poupons, Les Loupiots, La Pépite d'Or, Les Bout'Chous, Bizoukalin, L'Avenir, Kiadi, Petit à Petit, Les Chatons d'Or, Au Bel Enfant, Les Petits Rois, Lauréat, Sine qua non, les Gais Bambins, Les Colibris, Les Joyeux Canetons, La Belle, Pythagore, Pinocchio, l'Hirondelle, Le Nid des Oisillons...

Le passage dans une station-service est l'occasion de voir le prix des bonbonnes de gaz de marque Vitogaz: 74500 MGA la bouteille de 13kg soit plus de 27€, après une récente hausse de 10%. C'est-à-dire le même prix que chez nous sauf qu'ici cela représente un mois de salaire !

Nous gagnons la périphérie nord de la ville où l'on passe près de grandes villas cossues.

 


Haut de page

AMBOHIMANGA, les palais de "la Colline Bleue"

Bientôt notre voiture grimpe la route conduisant à "la Colline Bleue", Ambohimanga, à environ 15 km du centre d'Antananarivo. Cette ville sacrée depuis le XVe siècle était interdite aux vazaha (terme générique désignant les blancs et plus généralement les étrangers) et aux cochons. Cette colline fortifiée fut la résidence du roi Andriamasinavalona au XVII-XVIIIèmes siècles. Les reines Ranavalona Ière et Ranavalona II venaient séjourner dans de jolis pavillons de bois construits au XIXe siècle.
Ce palais est le pendant du Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana) qui était la demeure officielle des souverains de Madagascar au XIXe s. à Antananarivo. D'autres rovas existaient sur onze autres sites: Ilafy, Antongona, Ambohidratrimo, Ambohidratrimo, Tsinjoarivo...

Il est 11 heures et demie et Mamy nous dépose pour déjeuner au restaurant "Tsara Tazana - la Terrasse", au pied du rova, le palais.

Nous y prendrons des steaks de zébu bien servis mais trop cuits à 7000 MGA (pièce) et des bananes flambées à 3500 MGA. Nous offrirons à Mamy une glace trois parfums à 4000 MGA. Il faut ajouter 10% pour le service, une pratique que nous n'avions pas encore rencontrée pendant ce voyage. Le cadre est agréable avec la terrasse donnant sur la plaine. Des instruments de musique traditionnelle participent à la déco. Nous sommes bientôt rejoints par deux couples de touristes avec leur guide.
Au bas du restaurant, des enfants pas très propres "jouent aux billes" mais, en guise de billes, ils utilisent des capsules métalliques de bouteille..

Ambohimanga Ambohimanga

Après le repas, visite du seul monument malgache inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2001. La visite peut être effectuée librement ou guidée. Nous optons pour cette seconde solution. Emma parle parfaitement notre langue mais son degré de motivation à l'air inversement proportionnel avec la vitesse à laquelle elle expédie sa tâche. Les évaluateurs du Routard n'avaient pas du tomber sur elle lorsqu'ils évoquent d'excellents guides et une visite guidée d'une heure. Notre guide aura tout au plus passé une vingtaine de minutes en notre compagnie.

La place Fidasiana devant l'enceinte est occupée par des arbres plusieurs fois centenaires que leur caractère sacré n'a pas empêchés certains d'être déracinés par le dernier cyclone: figuiers "Amontana", jacarandas, filaos. Autour de l'un d'eux, douze blocs de pierre sont disposés en cercle. Ils servaient de siège aux douze épouses du roi (en réalité il en avait 47), chacune étant originaire de l'une des douze collines entourant Antananarivo. D'autres pierres fichées dans le sol sont couvertes de sang séché témoignant de quelque récent sacrifice d'une volaille. Il faut savoir qu'au décès de la reine Ranavalona Ière, on a immolé des zébus pendant le passage du convoi funèbre jusqu'à Ambohimanga et sur les lieux 3000 autres bêtes ont encore été décapitées et leur viande distribuée à la population.

Des blancs d'oeuf ont été utilisés comme liant dans l'enduit de sable et de chaux du mur d'enceinte.
C'est sur cette place qu'avaient lieu, devant le peuple, le sacre du roi et autres cérémonies rituelles. Plus loin on peut voir une chaise à porteurs avant de pénétrer dans le palais par la porte monumentale. La citadelle comportait un parc à zébu et un bassin dont l'eau était renouvelée tous les jours pour le bains des épouses royales. Sa couleur verdâtre actuelle n'est pas signe de grande fraîcheur

L'édifice le plus ancien est le palais du roi Andrianampoinimerina (vers 1787-1810) et fut le premier souverain reconnu par les autres royaumes malgaches. La sombre case royale (mahandrihono) à pièce unique de 6 m sur 4 m, aux murs de palissandre et au toit initialement en chaume (remplacé par des bardeaux) de 18 m de haut est caractéristique du style Imerina. Le roi méfiant grimpait se cacher tout en haut de la bâtisse, sur la poutre transversale supportée par le pilier central, lorsque des visiteurs se présentaient et il laissait son épouse les recevoir dans un premier temps. S'il consentait à les recevoir, ceux-ci ressortaient afin que le roi puisse descendre discrètement de son perchoir. De même, c'est dans l'angle nord-est, lieu très sacré, que se trouve suspendue la couche royale à laquelle la favorite du moment avait accès. Dommage qu'on ne puisse pas prendre de photos.

Près de là, dans une architecture complètement différente, se dressent deux pavillons en bois à étage, avec galeries à balustrades, où venaient séjourner les reines Ranavalona Ière (1828-1861), avec son conseiller-amant Jean Laborde, et Ranavalona II (1868-1883). Le plus grand fut bâti par la Reine Ranavalona II en 1871 et elle modifia le plus petit. On peut y voir du mobilier d'origine européenne. La salle de réception occupe en bas tandis que la chambre de la souveraine et celle de sa dame de compagnie sont à l’étage.

La nécropole royale avait été déplacée à Tananarive en 1897 par Gallieni pour désacraliser les lieux lorsqu'il en fit sa résidence d'été jusqu'au récent retour des restes royaux sur cette colline.

Petit tour au sommet de la colline d'où la vue est très étendue mais l'air un peu brumeux limite la visibilité.

Ambohimanga

En redescendant au village par un long escalier de pierre, on passe près de la petite place dite Ambatorangotina ("La pierre qu’on gratte") le lieu où se tenaient les “kabary” (discours). Le centre de la place est occupé par un petit tertre formé des trois cercles concentriques. C’était à l’ombre des “Amontana” (figuiers) qu’étaient prises les décisions importantes : les diverses lois y étaient proclamées et le roi y rendait la justice. C'est là aussi qu'il recevait l'hommage (hasina) de ses vassaux auxquels on faisait boire de l'eau bénite mélangée à la terre sacrée.

En quittant le village, on peut apercevoir sur la droite l'ancien chemin pavé qui montait au palais avec une sorte de porte naturelle formée par deux rochers. Cette porte dite Ambavahaditsiombiomby ("où un bœuf ne peut passer" était réservée au souverain (on peut y voir aussi une symbolique sexuelle).

Au bas du village, au nord-est, se dresse la porte Ambatomitsangana, l'un des deux accès principaux. Elle est surmontée d’un poste de guet. Un disque de pierre de 4,50m de diamètre et 30 centimètres d’épaisseur est adossé contre les murs. Elle était roulée chaque soir et chaque matin par plusieurs dizaines d’hommes pour en condamner l’entrée. Un fossé le doublait. Cette porte était réservée au souverain et aux vivants tandis que les cadavres passaient par la porte Miandrivahiny, au nord.

Ambohimanga - porte Ambatomitsangana Ambohimanga - porte Ambatomitsangana



Haut de page

ANTANANARIVO (2 millions d'habitants soit près de 10% de la population du pays): un bien bref aperçu !

Il est 14 heures et nous reprenons la direction de la capitale que nous atteignons une demi-heure plus tard: hôtel Ibis, une mosquée. Si le pays n'était pas si pauvre, il faudrait d'urgence envisager la création de rocades pour désengorger la capitale.
En guise de marché traditionnel, Mamy nous conduit dans un tout nouveau Mall inauguré quelques jours plus tôt et dont les boutiques de marques de luxe ont un lointain rapport avec l'artisanat traditionnel. Puis, nous dirigeant vers le centre, Mamy juge prudent de remonter les vitres et de verrouiller les portes de l'intérieur car il faut être prudent dans les embouteillages.
Nous passons devant quelques immeubles de bureaux modernes avant d'arriver sur l'avenue de l'Indépendance (Araben'ny fahaleovantena) et de stationner sur la place devant la gare de Soarano, héritage colonial de la Belle Epoque qui fut édifiée en 1910.



Un coup d'oeil place de l'Indépendance

Il est 15 heures et Mamy nous donne quartier libre en nous incitant à la plus grande prudence au milieu de la foule qui déambule sur l'avenue. Il nous précise que l'insécurité est grande dans la ville et que dès la nuit venue, lui-même évite de sortir. Les actions humanitaires (association Akamasoa) auprès des populations des décharges que mènent le missionnaire d'origine argentine le Père Pedro Opeka ne suffiront pas à endiguer le glissement de la jeunesse dans la délinquance voire dans la criminalité.
Ainsi conditionnés, notre petit tour sera extrêmement rapide (un aller-retour sur un peu plus d'un kilomètre, en une demi-heure). Les mendiants s'y font extrêmement pressants. Nous verrons tout juste l'imposant hôtel de ville (Lapan' Ny Tanana) qui a la faculté de donner des idées de grandeur aux élus qui y passent. Cette construction qui comporte une centaine de pièces date de 2010 (oeuvre de l'architecte malgache Mamy Rajaobelina) et elle remplace l'édifice colonial de 1936, incendié lors des manifestations étudiantes de 1972, qui avait été l'oeuvre de  l'architecte Jean Henri Collet de Cantalou, à qui on doit par ailleurs tous les bâtiments à arcades de l'actuelle avenue de l'Indépendance.
Retour à la gare où se tient un forum des instituts de formation aux métiers du tourisme.
Vers 16 heures Richard vient nous retrouver sur la place de la gare pour un debriefing qui sera extrêmement sommaire. Richard n'avait pas l'air dans son assiette ce jour là et avait manifestement d'autres soucis en tête. Nous devons le revoir ce soir à l'aéroport juste avant notre départ.

Mamy nous rembarque.
Nous passons au bord du Lac Anosy sans même pouvoir prendre une photo du plan d'eau avec au milieu l’Ange noir, monument aux morts dressé en l’honneur des combattants malgaches de la Première Guerre mondiale et avec au fond la perspective sur la colline surmontée le Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana) qui a rouvert ses portes au public le 22 septembre 2012 après les longs travaux de restauration commencés en 2006 (et loin d'être achevés car les mobiliers et oeuvres d'art qu'il contenait sont partis en fumée), suite à l'incendie criminel (?) du 6 novembre 1995. C'était une résidence royale depuis le XVIIe siècle qui comportait cinq palais, un temple et neuf tombeaux. Le gouvernement malgache y fut établi durant un siècle, de 1794 à 1896, date de l'annexion de Madagascar par la France.

Pas d'arrêt au pittoresque Marché aux Fleurs voisin, ni plus loin au marché de la Digue près duquel nous passons pourtant.
Aux abords des embouteillages, les petits vendeurs et les mendiants (dont des enfants) se pressent autour des véhicules, agressifs, sans un sourire.


ANTANANARIVO, la capitale qu'on ne visite pas !

On pourrait dire qu'il y a dans le monde deux capitales que l'on ne visite pas: Naypyidaw, la capitale politique de la junte militaire au Myanmar et Antananarivo, la capitale de Madagascar devenue un conglomérat urbain criminogène...

Principe de précaution !

Pourtant de nombreux voyagistes continuent de mettre à leur programme la visite de la ville basse et de la ville haute (superbe vue panoramique) ainsi que des marchés de la capitale...




L'heure du retour en France est déjà arrivée

Il est 17h15 lorsque Mamy nous dépose à l'hôtel Cosmos pour le "day use" (réservation d'une chambre pour utilisation momentanée en journée). Au revoir Mamy !
Heureusement que l'on n'y séjourne pas car on serait dévoré par les moustiques qui n'ont aucune peine à venir de l'extérieur par des ouvertures mal ajustées. On serait à 5 minutes à pied de l'aéroport qu'on voit par la fenêtre mais nous accepterons de bon coeur le transfert, même avec une berline pourrie car, la nuit venant, le quartier a l'air glauque. Et n'oublions pas qu'il faudrait traîner nos bagages !

Vers 19 heures, nous sommes à l'aéroport.
Dîner léger à la cafétéria Elabola. Dernières salutations à Richard qui vient récupérer de nouveaux clients mais qui a toujours l'air aussi préoccupé. Dommage, on aurait aimé échanger davantage !

Le passage au contrôle des passeports donne lieu au même drôle de manège qu'à l'entrée dans le pays. Au moment où arrive mon tour, un employé me grille la politesse en présentant au guichet un paquet de trois ou quatre passeports... ce qui signifie qu'il n'y a aucun contrôle sur la qualité réelle de leur titulaire. De petits billets ont encore dû suffire pour graisser la patte de quelques préposés...
Et pourtant, que de contrôles pour embarquer ! Et jusqu'au pied de la passerelle !

Même A340-300 qu'à l'aller mais bien à l'heure cette fois. Tranquille vol de nuit, nous somnolons donc ce qui ne permet pas de suivre précisément l'itinéraire emprunté mais limite la fatigue. Pour la partie finale, à partir de la Méditerranée, nous passons plus à l'est et survolons les Alpes.

L'avion a gagné 35 minutes sur le temps de vol prévu. Il est 9h30 à Roissy où il fait 16°, une température à laquelle nos dernières journées malgaches nous avaient réadaptés.

 


MADAGASCAR EST-ELLE MAL PARTIE ?

En conclusion, je ne vais pas reprendre les temps forts du voyage ni revenir sur des points intéressant le touriste lambda mais c'est sur l'avenir préoccupant du pays que j'ai envie de m'exprimer en posant la question "Madagascar est-elle mal partie ?".

MADAGASCAR A GÂCHÉ SES ATOUTS

J'ose ce titre en détournant celui d'un ouvrage du célèbre agronome René Dumont ''L'Afrique noire est mal partie'' (Editions du Seuil - Paris 1962) et en espérant que l'avenir (proche) me démentira comme cet auteur a été démenti par une Afrique qui s'est enfin engagée dans le développement mais après une quarantaine d'années de difficultés. D'ailleurs, au moins sur une partie de la Grande Île, on ne voit pas d'enfants faméliques comme il y en a au Sahel ou dans la Corne de l'Afrique, même si certains sont crasseux et parfois vêtus pauvrement.
Espoir ?

Pour que le sort de la Grande Île s'améliore, des quantités de choses devraient changer.
Je vais donc me laisser aller au répertoire facile des YAKA FAUKON.

Le retour à un exercice véritable de la démocratie est un préalable. Il devrait être accompagné d'une lutte impitoyable contre le banditisme et toutes les formes de délinquance, pas seulement dans les zones urbaines et touristiques (vols avec ou sans violence, prostitution), sans oublier de lutter contre le braconnage des lémuriens, le trafic de bois précieux....) mais cela n'est possible qu'en éradiquant aussi la corruption qui règne actuellement ''à tous les étages'' (personnel politique, armée, forces de l'ordre et administrations) en l'assortissant de sanctions sévères et appropriées (destitution, inéligibilité, confiscation… et évidemment emprisonnement).
Mais le meilleur moyen d'endiguer ces dérives, c'est la lutte contre la pauvreté, autrement dit c'est de promouvoir le développement. Il faudrait notamment revaloriser les professions de l'enseignement et de la santé, vecteurs de changements sociaux (de progrès ? ça c'est une autre histoire !).
Sur ces bases, les pays développés pourraient réactiver des coopérations et les ONG s'impliquer plus efficacement. Mais ce sera d'autant plus difficile que le monde est plongé dans une grave crise économique et que les partenaires traditionnels (la France en particulier) sont fortement affectés. Mais attention à ne pas faire tomber le pays sous l'emprise du néocolonialisme (Etats-Unis, Chine, Australie ou Corée du Sud comme lors du scandale des terres en 2008) qui dépouillerait le pays de ses ressources et richesses naturelles, minérales et minières.
De même, le basculement brutal d'une économie de la misère vers une économie qui s'appuierait sur le tourisme engendrerait des effets pervers redoutables. "Les fondamentaux" politico-économiques sont un préalable à un développement sain.

L'amélioration des conditions de vie pourrait passer en bousculant quelque peu des traditions. Les services publics en charge de l'éducation et de la santé en seraient des vecteurs essentiels en interrogeant la société sur certaines pratiques traditionnelles (quelques unes n'ayant d'ailleurs que quelques siècles).
Par exemple:

  • Comment ''le culte de la fécondité'' et le rejet de la contraception conduisent à avoir plus d'enfants qu'il est possible d'en bien nourrir ?
  • ''Le culte des ancêtres'' peut-il continuer d'imposer d'aussi lourdes dépenses aux familles ?

Et dans des domaines plus techniques.
Par exemple:

  • N' y a-t-il pas parfois trop de zébus et des troupeaux mal gérés (zootechnie déficiente)  ?
  • Comment enrayer au cercle vicieux "destruction de la biomasse=>désertification" ?
    • manque de ressources agricoles -> brûlis et déforestation -> érosion -> détérioration de la qualité agronomique des sols , érosion et changement climatique (aridité)
    • manque de ressources énergétiques -> production de charbon de bois -> érosion -> détérioration de la qualité agronomique des sols , érosion et changement climatique (aridité)

A la fin du XIXe s., le géographe Émile-Félix Gautier voyait déjà les conséquences souvent irréversibles de la déforestation de l'île (sa thèse "Géographie physique de Madagascar" publiée en 1902).


MADAGASCAR PART EN FUMÉE

Je vais m'étendre un peu sur ce dernier domaine en évoquant le recours à d'AUTRES SOURCES D'ENERGIE afin de lutter contre la dégradation de l'environnement et de réduire les dépenses d'énergie (elles pèsent en moyenne 16% du budget des ménages).
Experts et ONG auraient sans doute là de vastes champs d'intervention (formation) visant à améliorer les conditions de vie, notamment dans les zones rurales, tout en luttant indirectement contre la déforestation, ce qui n'empêche pas de mener parallèlement d'indispensables actions de reboisement ou plus exactement de reforestation.

En voici cinq exemples:

  • A la campagne, il serait possible d'adopter les dispositifs de méthanisation domestique, autrement dit de production de biogaz utilisable pour le cuisson à partir de latrines, de déchets et d'excréments des animaux (sur le modèle de ce qui se fait en Chine). Cette technologie de digestion anaérobique (sans air) de déchets organiques est réalisable avec des matériaux de construction traditionnels et elle requiert très peu d'entretien.
    Elle ne supprime pas la production d'engrais organique que l'on retrouve comme résidu de la méthanisation et elle a de plus l'avantage de réduire la pollution et la dégradation de l'environnement (rivières, sources).

  • Enfin, pourquoi ne pas promouvoir une modification des pratiques culinaires car dans ce domaine d'importantes économies d'énergie sont également possibles: remplacer le "mijoté" par le "sauté". En passant de l'un à l'autre, on consomme trois fois moins d'énergie... La poêle en tôle ou le wok trouveraient leur place à côté de la si typique cocotte en alu (la toxicité éventuelle de ce métal fait d'ailleurs débat).

  • Autre piste pour les régions les plus ensoleillées (centre, ouest et surtout sud): réduire les besoins en énergie tirée de la biomasse en installant des chauffe-eau solaires rustiques dans la majeure partie du pays où le climat le permet du fait d'un bon ensoleillement. Ainsi, les familles disposeraient d'eau chaude pour la toilette et aussi d'eau préchauffée (65°) pour la cuisine qui ne nécessiterait plus qu'un complément pour être portée à ébullition (grâce au biogaz par exemple). Il convient de préciser qu'ils fonctionnent en thermosiphon donc sans pompe et donc sans besoin de moteur.
    Même s'ils sont inesthétiques, ces chauffe-eau rustiques sont répandus par exemple en Israël (90% des maisons en sont équipées) ou en Grèce...

  • Encore une autre technique solaire appropriable: le cuiseur solaire, appelé aussi marmite ou four solaire domestique permettant de cuire des aliments en utilisant le rayonnement du soleil grâce à des réflecteurs (chutes de tôles en inox) en forme d'entonnoir ou avec des paraboles. Ce dispositif permet aussi de sécher viande, poisson, fruits…

    La plupart de ces quatre dispositifs techniques pourraient être réalisés par les Malgaches eux-mêmes quand on voit leur habilité à récupérer, transformer, adapter... Bref, à faire des choses utiles à partir de presque rien. De nouveaux métiers auxquels d'anciens charbonniers pourraient être reconvertis..

  • Enfin, de petits équipements photovoltaïques (complétés d'accumulateurs) suffiraient à produire l'électricité pour recharger les batteries des téléphones mobiles ou à faire fonctionner un téléviseur (voire un ordinateur portable). L'équipement pouvant être domestique, commercial ou communautaire… Sans oublier les appareils qui peuvent fonctionner grâce à des chargeurs à manivelle: lampe torche, poste de radio. Ces petits équipements sont plus difficiles à produire localement et donc plus coûteux.


Tout n'est donc pas perdu. La dégradation de la situation peut être ralentie voire stoppée.
Peut-être même que ces démarches  pourraient marquer le début d'un futur développement.

Les Malgaches peuvent s'en sortir à condition de ne pas baisser les bras.


Veloma ! Au revoir !


Page précédente: l'ouest, de Morondava aux Grands Tsingy de Bemaraha

Menu MADAGASCAR