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A l'aéroport d'Ivato, il fait 15° à 10 H. Nous sommes rapidement récupérés
par Mamy, notre nouveau chauffeur-guide, car finalement Richard a confié
d'autres clients à Patrick, notre premier chauffeur.
Plus de 4x4 mais
une Peugeot 406 break.
Mamy,
étrange prénom !
Rien du diminutif affectif mais un nom
typiquement malgache qui signifie "doux, sucré". Le personnage
incarne parfaitement ce nom, il parle aussi doucement qu'il conduit.
Mamy possède
sa propre petite agence "Mamitours" et se trouvant actuellement disponible,
Richard a fait appel à lui en freelance pour les trois derniers jours de
notre circuit. Mamy est originaire de Morondava et il a émigré vers
la capitale où il est plus facile de trouver du travail et des clients.
Traversée d'Antananarivo et route vers Andasibe
La
circulation chaotique et cahotante dans la capitale nous laisse tout loisir d'observer les
enseignes rigolotes de "gargoTTes":(!), de "Dédé &
Lily, tailleur couturière" et surtout celles des enseignes des écoles
privées. Un florilège sur lequel nous reviendrons plus tard...
Les rizières et les briqueteries s'insinuent dans les parties basses de
la banlieue informe. Nous arrivons bientôt dans une région plus vallonnée
avec des collines aux sommets rocheux mis à nu.
Après avoir quitté les embarras de circulation de la capitale, nous avons à parcourir 140 km sur la Nationale 2 qui conduit sur la côte est, notamment vers Toamasina (ex-Tamatave), la seconde ville du pays.
Un peu avant midi, Mamy arrête à
l'entrée de la petite ville de Manjakandriana pour le déjeuner.
Un discret restaurant local "Espace
Hasina"
se dissimule pratiquement aux regards derrière la "Providence School".
Une surprise, le personnel ne parle ni ne comprend le français. Selon Mamy,
c'est rare mais il s'agit d'employés récemment montés à
la ville. Nous sommes les seules convives, il est vrai qu'il est encore tôt.
Salle propre. Les steaks de zébus sauce poivre vert s'avéreront
coriaces (7000 MGA pièce). Une banane en dessert (250 MGA pièce).
Nous arrivons maintenant dans le pays des Bezanozano.
Nous ne nous attardons
pas outre mesure.
Bientôt nous coupons la ligne de chemin de fer du
réseau nord Tananarive Côte Est (TCE). Nous roulons tranquillement
et pourrions presque nous endormir si la route ne présentait pas quelques
dangers (virages, côtes). Vers 14h15, nous traversons bientôt la ville
de Moramanga animée par ses tricycles (vélo-rickshaws). Moramanga
est la capitale des Bezanozano.
Mais déjà nous changeons d'ethnie
en arrivant au pays des Betsimisaraka
(leur capitale est Toamasina - Tamatave).
Arrivée
à Andasibe
Une petite demi-heure plus tard, nous quittons la nationale et trois cents mètres
plus loin, nous voici déjà à destination à l'hôtel
Feon'ny Ala, situé environ 4km avant le village d'Andasibe.
Nous confirmons les propos du Routard sur l'accueil plutôt froid dans tous les sens du terme. Quelle différence avec nos précédentes étapes! Bref, l'hôtel vaut pour l'emplacement et pour le cadre mais certainement pas pour l'accueil ou le confort.
A
15 heures, nous prenons possession de nos bungalows. Le cadre dans lequel s'insèrent
la trentaine de bungalows est superbe. Mais les pensionnaires des chambres d'hôtes
et guest-houses voisines "Marie" et "Chez Luc" ont tout autant
d'agrément à n'en pas douter.
De retour vers la réception,
nous rencontrons Mamy qui nous présente Agathe, qui doit être notre
guide pour la matinée du lendemain. Curieusement, nous sentons que le courant
ne passe pas bien.
Parc National d'ANDASIBE - ex-Réserve Périnet
Un
peu après 16 heures, après le premier concert de cris, plaintes
et glapissements des indris (Indri indri), nous partons faire une petite
balade en direction du village en suivant la route qui chemine à travers
la forêt. Il faut s'activer un peu car dès que des nuages masquent
le soleil l'air est bien frais, d'autant qu'il y a un peu de vent.
Nous
passons devant une clairière provoquée par le cyclone Giovanna
(ou Giovana) qui a traversé l'île le 14 février 2012,
en faisant 31 victimes et 250 000 sinistrés. Les villageois ont été
autorisés à récupérer le bois qu'ils débitent
à l'herminette ou par sciage de long de tronc posé sur un chevalet
rudimentaire.
Le parc national d'Andasibe est composé du Parc National de Mantadia (15000 ha) et de la Réserve spéciale d'Analamazaotra (800 ha) soit 10000 ha de forêts primaire presque intactes. Antérieurement, à la période coloniale, le parc était appelé Réserve Périnet. Pour la visite de cette forêt très humide, la période la plus favorable correspond à notre automne. La température remonte et il ne pleut pas encore trop.
A l'entrée de la Réserve Mitsinjo
Nous arrivons bientôt
devant l'entrée de la Réserve Mitsinjo, une association villageoise
pour la conservation de la biodiversité dans le cadre de la Forêt
d'Analamazaotra, notamment celle des batraciens.
Vu l'heure, il n'est pas question de s'engager sur l'un
des trois circuits aménagés dans cette réserve. Nous nous
contentons d'un petit tour aux abords des bâtiments d'accueil.
Dans les arbres, nous
avons tout loisir d'observer un groupe de Lémurs bruns (Eulemur
fulvus fulvus).
Polygames et nomades, ils vivent en groupes de 3 à
12 individus, sans hiérarchie systématique. Dans le forêts
orientales (car il se rencontre aussi au nord-ouest de Madagascar), la densité
est de l'ordre de 50 individus au kilomètre carré. Le pelage est
court mais dense. Le dos présente une coloration brune alors que le ventre
est plus clair. Le museau et la couronne sont pratiquement noirs. Les oreilles
sont courtes tandis que la queue est longue et légèrement touffue
à son extrémité. Les yeux sont rouge orangé. C'est
la seule espèce que l'on rencontre hors de Madagascar, dans l'archipel
des Comores, où elle aurait été introduite il y a une centaine
d'années.
Nous
poussons jusqu'à l'entrée toute proche de la Réserve Indri
indri où nous devons passer la matinée suivante.
A
l'hôtel Feon'ny Ala
Retour à Feon'ny Ala un peu après 17 heures. Coup d'oeil dans la boutique d'artisanat villageois. Nous y croisons Agathe qui nous ignore superbement. Bizarre fille !
Nous allons dîner
vers 19h30. Il y a déjà beaucoup de monde dans la salle et les tables
encore inoccupées sont pour la plupart réservées. D'où
viennent tous ces gens (on entend des vocables étrangers ici et là) ?
Sont-ils tous pensionnaires ici ?
Par rapport aux autres endroits de
Madagascar que nous venons de visiter, on ressent une ambiance un peu différente,
plus guindée, plus froide.
La fraîcheur de la soirée fait que la plupart des convives se sont
installés en salle. Nous, on se trouve une table, face à la porte
qui reste ouverte, donc en courant d'air. Nous ne regrettons pas nos polaires.
Ici tout est frais, pas seulement le fond de l'air ou l'accueil à la réception
mais aussi le personnel en salle.
Pour nous réchauffer, ce sera soupe
safranée ou potage (6000 MGA) puis talapia grillé ou en sauce
(13000 MGA) ou de l'anguille au porc ! (11000 MGA). Et toujours,
pour nos réchauffer, ananas copieusement flambés en dessert (4500 MGA).
Il ne fait pas chaud
dans nos bungalows. Le traditionnel serpentin fumigène antimoustique voisine
avec des éditions du Nouveau Testament en langues occidentales et malgache
et avec une boîte de préservatifs.
Sommeil
peu reposant, matelas peu épais et creux, empilement de couvertures peu
chaudes mais lourdes (nous aurions apprécié un duvet ou une couette),
cris d'animaux.
A
six heures, pendant cinq à dix minutes, les indris donnent un nouveau concert
de leurs cris à vous glacer le sang dans les veines. On a hâte de
voir ces curieux et bruyants lémuriens.
Petit coup d'oeil dehors, à
la fraîche (10°)...
Balade dans la Réserve d'Analamazaotra et découverte des indris
A 8 heures nous quittons
l'hôtel pour un court trajet de 2km qui nous amène à l'entrée
de la réserve.
Ce n'est pas complètement surpris que nous apprenons
qu'Agathe avec laquelle nous avions rendez-vous à 8h15 nous a fait faux
bond en partant avec un autre groupe de touristes. Elle sera remplacée
au pied levé par Justin Rakotovao, un jeune guide qui ne porte pas
ses 26 ans et qui pourtant exerce son métier depuis 6 ans déjà.
Bien qu'il s'exprime
avec un accent et de manière un peu récitative, on va passer trois
bonnes heures en sa compagnie et parcourir 3 ou 4 km dans la Réserve.
Sur le trajet, dans
la forêt secondaire d'Analamazaotra nous rencontrons plusieurs groupes
de touristes, notamment des germanophones et anglophones, manifestement en découverte
thématique de la flore ou des insectes, outre la visite aux indris indris,
évidemment. Cela confirme l'impression particulière que nous avions
ressentie la veille au restaurant.
Justin nous présente différentes
plantes, fougères arborescents et pandanus géants, plantes médicinales...
et des arbres comme le palissandre (il nous précise que le bois de rose
ne pousse pas ici dans la forêt humide mais dans les régions plus
chaudes et plus sèches). Dans des fougères on peut observer une
minuscule grenouille. Là, c'est un caméléon vert (Calumma
parsonii uroplatus).
Plus
loin, ce sont des fourmilières des arbres et des termitières qui
ont parfois plusieurs dizaines d'années d'existence. Lorsque des martins-pêcheurs
viennent pour y faire un repas de larves, les termites soldats leur projettent
dans les yeux un gaz irritant tandis que les ouvrières s'affairent à
colmater les brèches. Du côté des oiseaux, nous apercevons
un coua bleu (Coua caerulea) et un coucal toulou (Centropus toulou),
espèces endémiques. Puis un vanga ou corbeau-pie.
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Cliquez ci-dessus pour voir et entendre les indris |
Enfin, honneur à
l'indri, le roi de cette forêt. C'est la seule contrée où
l'on peut voir cette espèce.
Avec l'aide des pisteurs qui nous
ouvrent un sentier sommaire nous pouvons en observer un groupe d'une dizaine d'individus.
L'indri est le plus grand lémurien (jusqu'à 7 à 9 kg pour
70 cm de haut) avec une fourrure blanche et noire, qui, outre ses longs cris
modulés et puissants, possède un signe distinctif qui le singularise des
autres lémuriens,
c'est qu'il n'a qu'un moignon de queue. Cette espèce vit
en groupe matriarcal.
Monogames fidèles, les indris forment des couples
permanents et ils ont généralement un petit tous les trois ans.
Leur longévité est importante, de l'ordre de 80 ans, lorsqu'ils
parviennent à échapper à leurs prédateurs: aigles
et fossas. Leur pelage très dense est un mélange de noir et de blanc.
La face surmontée d'oreilles d'ourson ainsi que le museau sont noirs, tout
comme les mains et les pieds. Leurs yeux sont jaune vert. Vus de loin, ils ressemblent
à des pandas. Malgré leur taille, ils sont d'une grande adresse
pour sauter de branche en branche. Leur allure humaine fait qu'ils ont inspiré
de nombreuses légendes qui leur valent un respect marqué par des
fady interdisant de les tuer et les manger. Un fady identique préserve
les sifakas dans le pays sakalava, sur la côte ouest.
Depuis une vingtaine
d'années, les individus de ce groupe se sont familiarisés à
la présence humaine, ce qui en facilite l'observation. Leur cri extraordinaire
s'entend à 3 ou 4 km à la ronde. Nous n'aurons pas la chance de
voir des indris descendre de leur arbre pour manger un peu d'argile latéritique
comme ils le font en général une fois par semaine pour détoxiquer
leur organisme.
Si ça remue dans les arbres, au sol c'est aussi
la bousculade car plusieurs groupes de touristes avec leur guide se pressent à
la recherche du meilleur point de vue. Nous apercevons notre fameuse Agathe qui
a choisit de guider un groupe un peu plus nombreux, sans doute dans l'espoir d'un
pourboire supérieur...
Un peu plus loin, on peut apercevoir une espèce que nous avions vue la veille au soir, des lémurs bruns (Eulemur fulvus fulvus).
Notre parcours va encore
nous permettre d'observer une autre espèce de lémurien, le magnifique
propithèque ou sifaka à diadème (Propithecus diadema).
Il s'agit d'un petit groupe de quatre adultes avec un petit qui se reposent.
C'est
la quatrième espèce (sur la dizaine existante) du genre sifaka que
nous avons l'occasion de pouvoir bien observer.
Ce cousin des indris (il appartient à la même famille) est le plus grand représentant
des propithèques. Ses membres supérieurs et inférieurs vont
de l'orange au jaune doré tandis que la teinte de la poitrine, des épaules
et des bras varie du jaune au brun doré. Le museau et la face sont noirs
et entourés d'un diadème blanc. Ces animaux sont polygames et nomades,
contrairement aux indris.
Spectacle magique de cette famille de lémuriens.
Il
est onze heures et Justin nous reconduit vers l'entrée de la Réserve.
On aperçoit un Coua (Coua caerulea) au plumage bleu nuit et
quelques pas plus loin un Coucal toulou (Centropus toulou) au plumage roux.
Nous passons près d'une station de pisciculture abandonnée
depuis de nombreuses années suite aux inondations consécutives à
un cyclone. Arrivés près de la rivière, Justin nous précise
qu'elle est sacrée et qu'un fady interdit qu'on y lave tout objet de couleur
noire car cela attirerait les crocodiles et apporterait des maladies dans le village
de celui qui aurait enfreint l'interdit.
A
11h45 nous sommes de retour au Feo'ny Ala. Sur la terrasse, en attendant le déjeuner,
c'est une nouvelle occasion d'observer le Gecko vert malgache (Phelsuma madagascariensis)
sur un aloès.
Réserves VAKÔNA et ville d'ANDASIBE
Après le déjeuner,
départ pour la visite des réserves privées de l'hôtel
Vakôna Forest Lodge, établies sur 200 hectares (ou 600?), à une dizaine de kilomètres au-delà
du village d'Andasibe, par une piste.
Nous visiterons le village au retour.
Un peu plus loin, à une bifurcation, nous voyons l'indication du parc national
d'Andasibe-Mantadia.
Sur le trajet du Vakôna, un moment sur la gauche, nous passons près du site d'une ancienne mine de graphite à ciel ouvert abandonnée depuis 2009 et qui serait visitable sur demande selon le Routard. Elle appartenait aux "propriétaires blancs" (ancienne famille coloniale) du superbe ensemble hôtelier où nous arrivons. La réception et le restaurant sont construits dans un petit lac enchâssé dans un écrin de forêt.
La Réserve Vakôna
Après les sorties en pleine nature à la découverte de la faune sauvage, on finit donc notre circuit malgache par un petit côté visite de jardin zoologique.
Nous commençons parc la traversée d'un minuscule plan d'eau en canoë pour gagner l'île aux lémuriens. Le Routard parle de six espèces, pour notre part nous en verrons trois.
Nous sommes accueillis par un envahissant vari
blanc et noir (Varecia variegata variegata) qui saute sur nos épaules.
Cette espèce appartient au genre Varecia, l'un des cinq genres que compte
la famille des Lemuridae ou grands lémurs. L'animal est assez imposant
(60 cm, queue non comprise et un poids de 4-5 kg). Son museau allongé
lui donne un peu un air canin.
A la différence des autres lémuriens,
les varis dorment dans des nids et les femelles qui peuvent avoir une portée
de trois petits ont trois paires de mamelles au lieu d'une seule.
Quelques
pas de plus et le relais est pris par leurs cousins un peu plus petits du genre
Eulemur, les lémurs fauves, lémurs ou makis bruns (Eulemur
fulvus fulvus). Nous les avions observés dans la nature avant hier
à l'entrée de la Réserve Mitsinjo mais nous ne pensions pas
les voir de si près. Pelage soyeux, face noire et yeux noisette. Ils sont
gourmands et les guides les attirent avec des bananes. On se retrouve parfois
avec deux ou trois lémurs que les épaules.
Enfin, la visite
de l'îlot se poursuit avec les représentants d'un troisième
genre de Lemuridae, celui des Hapalemur, avec les lémurs des bambous
(Hapalemur griseus). Ces animaux diurnes plus petits (40 cm, queue
non comprise pour 1 kg) se dissimulent dans les branchages et gardent leurs
distances en nous observant de leurs grands yeux marron.
Changement de décor avec un parcours
autour du lac aux crocodiles. Ils sont nombreux, une quarantaine ou une cinquantaine,
de l'espèce crocodile du Nil (Crocodylus niloticus). C'est la plus
grande espèce de crocodiles avec une longueur moyenne de 4 mètres,
un poids de 500 kg et une longévité de 50 ans. C'est le plus
grand reptile de Madagascar qui le partage avec les pays d'Afrique australe et
orientale.
Avec leur air endormi, ils prennent un bain de soleil. Ils sont
nourris une fois par semaine. Plus loin, deux crocos sont aux aguets, yeux ouverts
et mâchoires entrouvertes. Un autre reste là, bayant aux corneilles,
la gueule grande ouverte ! Leurs oeufs sont placés dans un enclos
spécial afin d'éviter que les petits ne soient pas dévorés
après leur naissance.
Nous passons près des enclos dédiés
aux fossas.
Le fossa (Cryptoprocta ferox) est un carnassier
endémique, cousin des félins et unique représentant de son
genre. Cet animal au pelage roux aurait colonisé l'île il y a 20
millions d'années. C'est un super prédateur, si l'on excepte l'homme
évidemment. D'un poids de 5 à 8 kg pour un corps long d'environ
80 cm, il possède des griffes semi rétractiles qui lui permettent
de grimper facilement aux arbres et même d'en descendre tête en avant.
Nala est une veuve inconsolable depuis la mort de Kovu. Ce couple a donné
naissance à Gitan et Baby qui vivent dans un enclos séparé.
Ces animaux en captivité qui ne cessent d'arpenter leur cage nous font
pitié.
Encore
quelques pas et nous passons près de l'enclos aux tortues puis de
celui aux serpents. Ceux que nous voyons vivent dans les arbres mais ne
se nourrissent pas en captivité. Ils sont donc relâchés périodiquement
et remplacés. Pour finir, c'est la volière aux oiseaux aquatiques:
hérons, poules d'eau, canards en tout genres, par exemple canard à
bosse bronzé ou canard casqué (Sarkidiomis melanotos).
La bourgade d'Andasibe
Après cette visite qui a duré presque une heure et demie, Mamy nous dépose à l'entrée de la bourgade d'Andasibe (la population de la commune s'élève quand même à 12000 habitants !).
Ancienne ville minière, avec
ses maisons en planches et en tôle, on a l'impression d'être plongés
en plein farwest. En raison de la localisation sur le côté
oriental de l'île, il serait plus approprié de dire "fareast".
Dans ce décor de western, nous arpentons la rue principale et pouvons
jeter un coup d'oeil aux commerces locaux sans être le moins du monde importunés.
Couleur locale garantie: nous ne croiserons qu'un couple de touristes.
Marchands
de riz, de haricots secs, de petits poissons séchés, boucherie,
vendeurs de brochettes, de petits crabes, de beignets, de boulettes de viande...
magasins d'articles de pacotille kitschissimes (lampes à LEDs, pendulettes
et réveils...). Petit coup d'oeil à l'église catholique.
Ici une mendiante et là, comme on l'a vu déjà dans d'autres villages, des
enfants qui shootent dans un petit ballot de vieux sacs plastiques bouchonnés
et ficelés ensemble en guise de ballon...
Nous regagnons la sortie
du village ce qui permet de découvrir le bureau de "Postes et Télécommunications
Périnet" et la gare (desservie par la ligne Tananarive
Côte Est TCE).
Sympathique petite balade d'une demi-heure !
A
17 heures nous sommes de retour à l'hôtel Feon'ny Ala et nous prenons
la précaution de réserver une table dans une partie de la salle
éloignée de la porte. On a donné !
Dans notre bungalow,
nous constatons que la demi bouteille de vin blanc que nous avions rapportée
du restaurant la veille a quelque peu été soulagée par le
personnel de service...
Dîner à 19h30. Des soupes sont bienvenues mais pas données (6000 MGA l'unité). Suivent soit brochette "terre et mer" soit des nems (14000 MGA). Pour finir, soit tarte (3000 MGA) soit ananas flambé (4500 MGA).
Sommeil médiocre
dans le relatif inconfort de nos bungalows.
Comme
la veille, concert matinal des indris un peu après 6 heures.
Route vers Antananarivo
A 7h30, nous prenons la direction de Tana pour notre dernier jour à Madagascar.
Traversée de Moramanga. Enseignes amusantes comme "Auto Moto Ecole La Réussite". C'est aussi l'occasion de voir de voir l'omniprésence des bureaux de PMU. Oui ! il s'agit bien du Pari Mutuel Urbain français. Les Malgaches jouent et parient sur les courses qui se déroulent sur nos hippodromes !
Là
des dépôts de sacs de charbon de bois. Ici, dans les rizières,
le labour s'effectue avec des boeufs, plus puissants que les zébus. On
peut même voir un vieux tracteur vert.
Un
peu plus tard, des paysans moins fortunés font ce travail à la bêche
tandis que sur une autre parcelle, une rangée de femmes procède
au repiquage.
Traversée de la ville de Manjakandriana. Sur la ligne de chemin de fer une demi douzaine de cheminots sont en pleine pause (il est 9h15). On croise un groupe de cyclistes sportifs malgaches, avec maillot et casque à l'avenant. Les panneaux publicitaires (y compris pour l'église protestante FJKM) qui se font plus nombreux nous indiquent la proximité de la capitale: toujours des enseignes et des pubs pour le PMU, ADSL, téléphonie et transferts d'argent par téléphone MVola Telma, Airtel ou Orange, Loterie Malagasy, TV satellitaire Canal SAT, Leader Price...
C'est Antananarivo.
Après le PMU, nous pouvons voir quelques autres héritages de la période coloniale: "la Vache qui rit" et les vendeurs de baguettes...
Les
enseignes des écoles privées (y compris collèges et lycées)
sont extrêmement drôles, un florilège ai-je écrit plus
haut.
En voici quelques unes que j'ai relevées en traversant la ville:
Les Gais Bambins, Les Flamants Roses, Les Mignons, Les Capucines, Le Petit Nid,
La Belle Ruche, Le Petit Cheval d'Or, La Source, La Grâce, Les Joyeux Poupons,
Les Loupiots, La Pépite d'Or, Les Bout'Chous, Bizoukalin, L'Avenir, Kiadi,
Petit à Petit, Les Chatons d'Or, Au Bel Enfant, Les Petits Rois, Lauréat,
Sine qua non, les Gais Bambins, Les Colibris, Les Joyeux Canetons, La Belle,
Pythagore,
Pinocchio, l'Hirondelle, Le Nid des Oisillons...
Le passage dans une station-service est l'occasion de voir le prix des bonbonnes de gaz de marque Vitogaz: 74500 MGA la bouteille de 13kg soit plus de 27€, après une récente hausse de 10%. C'est-à-dire le même prix que chez nous sauf qu'ici cela représente un mois de salaire !
Nous gagnons la périphérie nord de la ville où l'on passe près de grandes villas cossues.
AMBOHIMANGA, les palais de "la Colline Bleue"
Bientôt
notre voiture grimpe la route conduisant à "la Colline Bleue",
Ambohimanga, à environ 15 km du centre d'Antananarivo. Cette ville
sacrée depuis le XVe siècle était interdite aux vazaha (terme générique
désignant les blancs et plus généralement les étrangers)
et aux cochons. Cette colline fortifiée fut la résidence du roi
Andriamasinavalona au XVII-XVIIIèmes
siècles. Les reines Ranavalona Ière
et Ranavalona II venaient séjourner dans de jolis pavillons de bois
construits au XIXe siècle.
Ce palais est le pendant du Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana)
qui était la demeure officielle des souverains de Madagascar au XIXe s.
à Antananarivo. D'autres rovas existaient sur onze autres sites: Ilafy, Antongona,
Ambohidratrimo, Ambohidratrimo, Tsinjoarivo...
Il est 11 heures et demie et Mamy nous dépose
pour déjeuner au restaurant "Tsara Tazana - la Terrasse",
au pied du rova, le palais.
Nous y prendrons des steaks de
zébu bien servis mais trop cuits à 7000 MGA (pièce)
et des bananes flambées à 3500 MGA. Nous offrirons à
Mamy une glace trois parfums à 4000 MGA. Il faut ajouter 10% pour
le service, une pratique que nous n'avions pas encore rencontrée pendant
ce voyage. Le cadre est agréable avec la terrasse donnant sur la plaine.
Des instruments de musique traditionnelle participent à la déco.
Nous sommes bientôt rejoints par deux couples de touristes avec leur guide.
Au
bas du restaurant, des enfants pas très propres "jouent aux billes"
mais, en guise de billes, ils utilisent des capsules métalliques de bouteille..
Après le repas, visite du seul monument
malgache inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO
en 2001. La visite peut être effectuée librement ou guidée.
Nous optons pour cette seconde solution. Emma parle parfaitement notre langue
mais son degré de motivation à l'air inversement proportionnel avec
la vitesse à laquelle elle expédie sa tâche. Les évaluateurs
du Routard n'avaient pas du tomber sur elle lorsqu'ils évoquent d'excellents
guides et une visite guidée d'une heure. Notre guide aura tout au plus
passé une vingtaine de minutes en notre compagnie.
La place
Fidasiana devant l'enceinte est occupée par des arbres plusieurs
fois centenaires que leur caractère sacré n'a pas empêchés
certains d'être déracinés par le dernier cyclone: figuiers
"Amontana", jacarandas, filaos. Autour de l'un d'eux, douze blocs
de pierre sont disposés en cercle. Ils servaient de siège aux douze
épouses du roi (en réalité il en avait 47), chacune étant
originaire de l'une des douze collines entourant Antananarivo. D'autres pierres
fichées dans le sol sont couvertes de sang séché témoignant
de quelque récent sacrifice d'une volaille. Il faut savoir qu'au décès
de la reine Ranavalona Ière, on a immolé des zébus pendant
le passage du convoi funèbre jusqu'à Ambohimanga et sur les lieux
3000 autres bêtes ont encore été décapitées
et leur viande distribuée à la population.
Des blancs d'oeuf
ont été utilisés comme liant dans l'enduit de sable et de
chaux du mur d'enceinte.
C'est sur cette place qu'avaient lieu, devant le
peuple, le sacre du roi et autres cérémonies rituelles. Plus loin
on peut voir une chaise à porteurs avant de pénétrer dans
le palais par la porte monumentale. La citadelle comportait un parc à zébu
et un bassin dont l'eau était renouvelée tous les jours pour le
bains des épouses royales. Sa couleur verdâtre actuelle n'est pas
signe de grande fraîcheur
L'édifice le plus ancien est le
palais du roi Andrianampoinimerina (vers 1787-1810) et fut le premier souverain
reconnu par les autres royaumes malgaches. La sombre case royale (mahandrihono)
à pièce unique de 6 m sur 4 m, aux murs de palissandre
et au toit initialement en chaume (remplacé par des bardeaux) de 18 m
de haut est caractéristique du style Imerina. Le roi méfiant grimpait
se cacher tout en haut de la bâtisse, sur la poutre transversale supportée
par le pilier central, lorsque des visiteurs se présentaient et il laissait
son épouse les recevoir dans un premier temps. S'il consentait à
les recevoir, ceux-ci ressortaient afin que le roi puisse descendre discrètement
de son perchoir. De même, c'est dans l'angle nord-est, lieu très sacré,
que se trouve suspendue la couche royale à laquelle la favorite du moment
avait accès. Dommage qu'on ne puisse pas prendre de photos.
Près de là, dans une architecture complètement différente, se dressent deux pavillons en bois à étage, avec galeries à balustrades, où venaient séjourner les reines Ranavalona Ière (1828-1861), avec son conseiller-amant Jean Laborde, et Ranavalona II (1868-1883). Le plus grand fut bâti par la Reine Ranavalona II en 1871 et elle modifia le plus petit. On peut y voir du mobilier d'origine européenne. La salle de réception occupe en bas tandis que la chambre de la souveraine et celle de sa dame de compagnie sont à létage.
La
nécropole royale avait été déplacée à
Tananarive en 1897 par Gallieni pour désacraliser les lieux lorsqu'il en
fit sa résidence d'été jusqu'au récent retour des
restes royaux sur cette colline.
Petit
tour au sommet de la colline d'où la vue est très étendue
mais l'air un peu brumeux limite la visibilité.
En redescendant au village par un long escalier de pierre, on passe près de la petite place dite Ambatorangotina ("La pierre quon gratte") le lieu où se tenaient les kabary (discours). Le centre de la place est occupé par un petit tertre formé des trois cercles concentriques. Cétait à lombre des Amontana (figuiers) quétaient prises les décisions importantes : les diverses lois y étaient proclamées et le roi y rendait la justice. C'est là aussi qu'il recevait l'hommage (hasina) de ses vassaux auxquels on faisait boire de l'eau bénite mélangée à la terre sacrée.
En quittant le village, on peut apercevoir
sur la droite l'ancien chemin pavé qui montait au palais avec une sorte
de porte naturelle formée par deux rochers. Cette porte dite
Ambavahaditsiombiomby ("où un buf ne peut passer"
était réservée au souverain (on peut y voir aussi une symbolique
sexuelle).
Au bas du village, au nord-est, se dresse la porte Ambatomitsangana,
l'un des deux accès principaux. Elle est surmontée dun poste
de guet. Un disque de pierre de 4,50m de diamètre et 30 centimètres
dépaisseur est adossé contre les murs. Elle était roulée
chaque soir et chaque matin par plusieurs dizaines dhommes pour en condamner
lentrée. Un fossé le doublait. Cette porte était réservée
au souverain et aux vivants tandis que les cadavres passaient par la porte Miandrivahiny,
au nord.
ANTANANARIVO (2 millions d'habitants soit près de 10% de la population du pays): un bien bref aperçu !
Il est 14 heures et nous reprenons la direction de la capitale que nous
atteignons une demi-heure plus tard: hôtel Ibis, une mosquée. Si
le pays n'était pas si pauvre, il faudrait d'urgence envisager la création
de rocades pour désengorger la capitale.
En guise de marché
traditionnel, Mamy nous conduit dans un tout nouveau Mall inauguré quelques
jours plus tôt et dont les boutiques de marques de luxe ont un lointain
rapport avec l'artisanat traditionnel. Puis, nous dirigeant vers le centre, Mamy
juge prudent de remonter les vitres et de verrouiller les portes de l'intérieur
car il faut être prudent dans les embouteillages.
Nous
passons devant quelques immeubles de bureaux modernes avant d'arriver sur l'avenue
de l'Indépendance (Araben'ny fahaleovantena) et de stationner
sur la place devant la gare de Soarano, héritage colonial de la Belle Epoque
qui fut édifiée en 1910.
Un
coup d'oeil place de l'Indépendance
Il est 15 heures et Mamy nous donne quartier
libre en nous incitant à la plus grande prudence au milieu de la foule
qui déambule sur l'avenue. Il nous précise que l'insécurité
est grande dans la ville et que dès la nuit venue, lui-même évite
de sortir. Les actions humanitaires (association Akamasoa) auprès des populations
des décharges que mènent le missionnaire d'origine argentine le
Père Pedro Opeka ne suffiront pas à endiguer le glissement de la
jeunesse dans la délinquance voire dans la criminalité.
Ainsi
conditionnés, notre petit tour sera extrêmement rapide (un aller-retour
sur un peu plus d'un kilomètre, en une demi-heure). Les mendiants s'y font
extrêmement pressants. Nous verrons tout juste l'imposant hôtel
de ville (Lapan' Ny Tanana) qui a la faculté de donner des idées
de grandeur aux élus qui y passent. Cette construction qui comporte une
centaine de pièces date de 2010 (oeuvre de l'architecte malgache Mamy
Rajaobelina) et elle remplace l'édifice colonial de 1936, incendié lors des
manifestations étudiantes de 1972, qui avait été l'oeuvre de
l'architecte Jean Henri Collet de Cantalou, à qui on doit par ailleurs tous
les bâtiments à arcades de l'actuelle avenue de l'Indépendance.
Retour à la gare où
se tient un forum des instituts de formation aux métiers du tourisme.
Vers 16 heures Richard vient nous retrouver sur la place de la gare pour un debriefing
qui sera extrêmement sommaire. Richard n'avait pas l'air dans son
assiette ce jour là et avait manifestement d'autres soucis en tête.
Nous devons le revoir ce soir à l'aéroport juste avant notre départ.
Mamy
nous rembarque.
Nous passons au bord du Lac Anosy sans
même pouvoir prendre une photo du plan d'eau avec au milieu lAnge
noir, monument aux morts dressé en lhonneur des combattants
malgaches de la Première Guerre mondiale et avec au fond la perspective
sur la colline surmontée le Palais de la Reine (Rova Manjakamiadana)
qui a rouvert ses portes au public le 22 septembre 2012 après les longs
travaux de restauration commencés en 2006 (et loin d'être achevés
car les mobiliers et oeuvres d'art qu'il contenait sont partis en fumée),
suite à l'incendie criminel (?) du 6 novembre 1995. C'était
une résidence royale depuis le XVIIe siècle qui comportait cinq
palais, un temple et neuf tombeaux. Le gouvernement malgache y fut établi
durant un siècle, de 1794 à 1896, date de l'annexion de Madagascar
par la France.
Pas d'arrêt au pittoresque Marché aux Fleurs voisin, ni plus loin
au marché de la Digue près duquel nous passons pourtant.
Aux abords des embouteillages, les petits vendeurs et les mendiants (dont des
enfants) se pressent autour des véhicules, agressifs, sans un sourire.
L'heure
du retour en France est déjà arrivée
Il est 17h15 lorsque Mamy nous dépose à l'hôtel Cosmos pour
le "day use" (réservation d'une chambre pour utilisation
momentanée en journée). Au revoir Mamy !
Heureusement
que l'on n'y séjourne pas car on serait dévoré par les moustiques
qui n'ont aucune peine à venir de l'extérieur par des ouvertures
mal ajustées. On serait à 5 minutes à pied de l'aéroport
qu'on voit par la fenêtre mais nous accepterons de bon coeur le transfert,
même avec une berline pourrie car, la nuit venant, le quartier a l'air glauque.
Et n'oublions pas qu'il faudrait traîner nos bagages !
Vers
19 heures, nous sommes à l'aéroport.
Dîner léger à la
cafétéria Elabola. Dernières salutations à Richard
qui vient récupérer de nouveaux clients mais qui a toujours l'air
aussi préoccupé. Dommage, on aurait aimé échanger
davantage !
Le passage au contrôle des passeports donne lieu au même
drôle de manège qu'à l'entrée dans le pays. Au
moment où arrive mon tour, un employé me grille la politesse en
présentant au guichet un paquet de trois ou quatre passeports... ce qui
signifie qu'il n'y a aucun contrôle sur la qualité réelle
de leur titulaire. De petits billets ont encore dû suffire pour graisser
la patte de quelques préposés...
Et pourtant, que de contrôles
pour embarquer ! Et jusqu'au pied de la passerelle !
Même
A340-300 qu'à l'aller mais bien à l'heure cette fois. Tranquille
vol de nuit, nous somnolons donc ce qui ne permet pas de suivre précisément
l'itinéraire emprunté mais limite la fatigue. Pour la partie finale,
à partir de la Méditerranée, nous passons plus à l'est
et survolons les Alpes.
L'avion a gagné 35 minutes sur le temps
de vol prévu. Il est 9h30 à Roissy où il fait 16°, une
température à laquelle nos dernières journées malgaches
nous avaient réadaptés.
Veloma
! Au revoir !