Région centrale des HAUTES TERRES Ambatolampy et les cocottes en alu Antsirabe, artisantats de joaillerie, bonbons et corne, Manandona, communauté agraire (riziculture) Ambositra, atelier de marqueterie Ambohimahasoa, réserve privée de Ialatsara Sahambavy, plantations de théiers

Les Hautes Terres
1 - Ambatolampy 4 - Ambositra
2 - Antsirabe 5 - Ambohimahasoa Réserve Ialatsara
3 - Manandona village de riziculteurs 6 - Sahambavy
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LES LEMURIENS...

Pour les touristes, ces adorables peluches font penser tout à la fois au paresseux, au koala et au panda.

ORIGINES

Le terme LÉMURIEN provient du latin lemures signifiant "spectre" ou "fantôme" (que les Romains exorcisaient pendant le fête de Lemuria).
En 1758, Carl von Linné désigne ainsi ces animaux
en se fondant sur leurs habitudes nocturnes et leur aspect fantomatique lors de leurs déplacement nocturnes silencieux (avec leurs grands yeux réfléchissant et les cris de fantômes que poussent certaines espèces). Il avait peut être également eu connaissance de légendes malgaches selon lesquelles les lémuriens étaient les âmes de leurs ancêtres.

Les lémuriens sont des primates prosimiens qui ont bifurqué des autres primates il y a environ 63 millions d'années.
De ce fait, ils se rattachent à des sous-ordres différents: Haplorrhini pour les singes et Strepsirrhini pour les lémuriens ainsi que leurs "cousins" les loris d'Afrique et d'Asie voire les tarsiers. Des fossiles de prosimiens ont été découverts dans différentes parties du monde, y compris en Europe, en Asie, en Égypte, et même dans le nord-ouest des États-unis tels les galagos trouvés en Afrique, les loris en Asie et les tarsiers à Bornéo et aux Philippines.

Les lémuriens partagent donc de nombreux traits communs de base avec les autres primates, tels que doigts opposables aux mains et aux pieds et ongles au lieu de griffes pour la plupart des espèces. Ils sont majoritairement arboricoles, grâce à leurs mains et pieds préhensiles, caractéristiques des primates. Ainsi ils peuvent sauter d'une hauteur de 10 mètres, ce qui leur permet de passer d'un arbre à l'autre sans descendre au sol. En une seconde, ils franchissent les deux mètres de vide séparant deux arbres. Les primates sont en général très vocalisateurs et les lémuriens ne font pas exception, certaines espèces ont de vastes répertoires vocaux. Cependant, la taille du cerveau par rapport à leur corps est inférieure à celle des primates anthropoïdes.
Le plus souvent ils vivent selon une organisation matriarcale (notamment les makis cattas, varis, indris), phénomène peu courant chez les animaux. Les espèces diurnes et cathémérales (c'est-à-dire qui restent actives à la fois le jour et la nuit) sont principalement organisées en groupes sociaux de taille variable alors les lémuriens nocturnes sont plutôt solitaires ou vivent en petits groupes. Les lémuriens sont folivores (feuilles), nectarivores, frugivores, granivores ou encore insectivores même parfois même certains mangent des petits oiseaux et mammifères. Il arrive qu'ils pratiquent l'automédication notamment en mangeant de la terre (géophagie) afin d'éliminer les toxines et d'aider à la digestion en fournissant des minéraux et des sels.

Présents en Afrique, les premiers lémuriens ont colonisé Madagascar il y a de cela environ 50 ou 60 millions d'années alors que Madagascar s'était détachée de l'Afrique il y a plus de 120 millions d'années. L'explication la plus communément admise face à ce paradoxe est qu'il devait s'agir de petits animaux nocturnes arrivés sur des radeaux d'herbes dérivantes depuis le continent africain.

Les espèces ont divergé peu après cette colonisation. Du fait de la faible présence de prédateurs et de concurrents, évoluant seuls sur Madagascar, les lémuriens se sont diversifiés jusqu'à occuper de nombreuses niches écologiques normalement remplies par d'autres types de mammifères (singes, écureuils et grands ongulés) tandis que sur les autres continents ils ont dû céder la place devant d'autres concurrents, en particulier les singes plus "intelligents".

Les familles de lémuriens se sont diversifiées au cours d'une première période d'une douzaine de millions d'années située entre l'Éocène supérieur (il y a 42 Millions d'années) et l'Oligocène (il y a 30 Millions d'années) au cours de laquelle il y a eu un refroidissement du climat.
Un second épisode de diversification s'est produit au cours du Miocène supérieur, il y a environ 8 à 12
Millions d'années, notamment pour Eulemur, diurne, et pour Microcebus, nocturne. Cet épisode a coïncidé avec le début de la mousson sur Madagascar.

Autrefois les lémuriens occupaient donc toute l'île avec une grande variété d'habitats: forêts sèches à feuilles caduques, forêts de plaine, forêts épineuses, forêts sub-humides, forêts humides et mangroves.

L'arrivée de l'homme sur l'île il y a 1500 à 2000 ans a eu des répercussions importantes, non seulement par la réduction des populations de lémuriens, mais aussi de leur diversité. En raison de la destruction de leurs habitats et de la chasse, au moins 17 espèces et 8 genres ont disparu et les populations de toutes les espèces ont diminué.
Et la tendance ne s'arrête pas malgré la protection résultant de leur inscription en 1973 dans la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
En 2008, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classé 90% des lémuriens dans la catégorie des "espèces vulnérables" et près de 20 espèces sont particulièrement menacées.
Il semble que le poids de la tradition des fady se perde. Aujourd'hui, dans l'est du pays, des braconniers chassent les lémuriens. Certaines populations (10 à 20%) de cette région sont attirées par le prix avantageux de cette viande (2000 Ariary le kilo), moitié prix par rapport à celle du poulet.
Et aucun chasseur n'a encore été arrêté !

Sur la petite centaine d'espèces de lémuriens réparties entre les cinq familles (Cheirogaleidae, Lemuridae, Lepilemuridae, Indriidae et Daubentoniidae) vivant à Madagascar, 90, soit 86%, sont en voie de disparition.

Aujourd'hui, l'aire de répartition des lémuriens est limitée à 10% de l'île, soit environ 60 000 km2. La plupart des forêts et donc des lémuriens, se trouvent à la périphérie de l'île, sachant que l'île a perdu 11 millions d'hectares de forêts au cours des vingt dernières années.
On considère aujourd'hui que 94% des lémuriens sont menacés de disparition.
 

CLASSIFICATION

La classification complexe et mouvante des lémuriens repose sur des critères anatomiques, les modes de vie et maintenant sur des analyses génétiques.

La plupart des 98 (ou 99 ou 105 ?) espèces de lémuriens vivants dont le poids va de 30 grammes à 9 kilogrammes sont réparties en quinze genres et cinq familles.
- Famille des Cheirogaleidae: 5 genres, 31 espèces (et +)
- Famille des Daubentoniidae : 1 genre, 1 espèce (+1 espèce éteinte) Aye-aye
- Famille des Indriidae: 3 genres, 19 espèces
- Famille des Lemuridae: 5 genres, 21 espèces (+1 genre et 2 espèces éteints)
- Famille des Lepilemuridae: 1 genre, 26 espèces.

Trois autres familles ont disparu entre 2000 et 500 ans par rapport à aujourd'hui, du fait de l'homme, soit 8 genres et 17 espèces...
- Famille des Archaeolemuridae: 2 genres, 3 espèces (toutes éteintes) dont l'Archaeoindris fontoynonti  qui pesait de 160 à 200 kg !
- Famille des Megaladapidae: 1 genre, 3 espèces (toutes éteintes)
- Famille des Palaeopropithecidae: avec 4 genres, 8 espèces (toutes éteintes).

Les classifications ne sont pas toujours très stables et l'inventaire des lémuriens n'est pas complet.
Ainsi en mars 2013 (info aimablement relayée par Richard de A la carte A Mada) des biologistes allemands ont fiat part de l'existence de deux nouvelles espèces de Micocèbes: Microcebus tanosi et Microcebus marohita.


ESPECES RENCONTREES

Au cours de notre périple, nous avons seulement vu une douzaine d'espèces de lémuriens soit 8,50% de celles qui sont recensées (et toujours vivantes).

Dans la famille des Cheirogaleidae, nous avons rencontré:
- Microcèbe roux (Microcebus rufus).

Dans la famille des Indriidae, nous avons rencontré:
- Indri ou babakoto (Indri indri)
puis différents sifakas ou propithèques:
- Propithèque de Verreaux (Propithecus verreauxi)
- Propithèque à diadème (Propithecus diadema)
- Propithèque de von der Decken   (Propithecus deckenii)
- Propithèque de Milne-Edwards      (Propithecus edwardsi)

Dans la famille des Lemuridae, nous avons rencontré:
- Hapalémur gris (Hapalemur griseus)
- Hapalémur doré (Hapalemur aureus)
- Maki catta (Lemur catta)
- Lémur fauve ou brun (Eulemur fulvus)
- Lémur à ventre rouge (Eulemur rubrimenter)
- Vari noir et blanc (Varecia variegata).

Un regret, nous n'aurons pas eu la chance de voir "la danse des sifakas" lorsqu'ils se déplacent sur le sol dans un mouvement à la fois vertical et horizontal par sauts successifs sur un mode qu'on ne retrouve chez aucun autre mammifère. Quadrupède dans l'environnement arboricole, au sol ils se sont adaptés à une forme de bipédie et leur marche ressemble plutôt à un galop. Cette bipédie est également pratiquées par les indris et plus rarement par les makis cattas (au sol, ces dernier marchent habituellement sur leur quatre pattes).

Après avoir rencontré ces adorables peluches que sont les lémuriens, on en viendrait à regretter qu'ils ne soient pas les ancêtres de l'Homme plutôt que leurs laids cousins les singes.

 

Même les marionnettes des vitrines de Noël 2012 des Galeries Lafayette du quartier de l'Opéra à Paris font un clin d'oeil aux makis cattas avec les sacs Louis Vuitton ! Dérision quand on pense à la pauvreté malgache...

Vitirines de Noël 2012 des Galeries Lafayette

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...et quelques mots sur les "lézards"

DIVERSITE...

Les lézards au sens très général du terme forment un sous-groupe des sauriens, les Lépidosauriens, à côté de celui des Archosaures (crocodiles et oiseaux). Par certaines caractéristiques, certains de ces animaux empruntent des caractères aux crocodiles, aux serpents ou aux tortues ! Ils ont ordinairement quatre membres, rarement deux et quelquefois aucun. Leurs doigts sont garnis d'ongles crochus; ils ont des dents; ils ne subissent pas de métamorphose.

Les lézards se répartissent en 9 grandes familles (une bonne trentaine de "familles" en tout) comportant plus de 440 genres et plus de 4500 espèces !
Madagascar abrite plus de 210 espèces de "lézards".


..QUELQUES RENCONTRES

Au cours de notre périple, nous avons rencontré quelques espèces appartenant à quatre des "super-familles".

- Les Chaméléontoïdés: la queue des caméléons a la faculté de s'enrouler pour soutenir l'animal qui par ailleurs possède des yeux indépendants d'où un champ de vision horizontal de180° et vertical de 90°). Leurs mouvements de déplacement imperceptibles d'une seule patte à la fois, sont comme au ralenti. leur corps est agité par un lent balancement qui simule l'effet du vent sur les branchages. Selon les espèces, leur taille s'échelonne entre 2 et 50 cm. On en voit partout, même sur le sable des pistes, sur les feuillages sur les troncs d'arbres, dans les roseaux. A la Réserve de l'Ialatsara, on a pu voir l'espèce rare de caméléon vert Belalanda (Furcifer belalandaensis). Dans le Menabe (ouest) on a fréquemment vu des caméléons à capuchon (Calumma brevicorne) de couleur beige et à Andasibe le
caméléon vert de Parson (Calumma parsonii uroplatus).
Certaines sources dénombrent dix-huit espèces à Madagascar, d'autres vont jusqu'à une soixantaine voire soixante-quinze !
- Les Iguanidés: le dos et la queue des iguanes sont assez ordinairement pourvus d'une crête parfois, haute et dentelée et la queue peut être armée d'écailles épineuses disposées par anneaux (Oplurus quadrimaculatus).
- Les Geckonoïdés: les geckos ont la particularité d'avoir des doigts qui leur permettent d'adhérer aux surfaces les plus lisses et même de se tenir accrochés sous une feuille ou un plafond. Ce sont aussi les seuls sauriens capables d'émettre des cris. Ici nous rencontrerons des geckos verts malgaches (Phelsuma madagascariensis) et des plus communs geckos des maisons (Hemidactylus frenatus).
- Quant aux divers lézards à proprement parler, ils forment la famille des Lacertoïdés.


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Manao ahoana ! Bonjour !

Debout à 7h30, après moins de 6 heures de sommeil. Nous avons à peine eu le temps d'apprécier le confort de notre chambre au Chalet des Roses.
Petit-déjeuner continental qui nous permet de faire connaissance avec les sachets de l'incontournable thé malgache TAF...

A 9 heures nous avons rendez-vous avec Richard, le responsable de notre agence pour un briefing d'avant circuit, régler le solde de ses prestations et faire du change de monnaie et nous nous retrouvons avec d'impressionnantes liasses de billets. Afin de ne pas nous retarder, il commence à nous expliquer notre circuit sans attendre une jeune stagiaire qui est en retard !

Pour démarrer, ce n'est pas vraiment un rythme mora mora ("doucement, lentement") que l'on prête traditionnellement aux Malgaches.
Peut-être que les traditions se perdent car ce que l'on a pu percevoir de la vie des Malgaches au cours de notre circuit, c'est qu'ils étaient loin d'être oisifs et qu'ils s'affairaient souvent à des travaux pénibles. La notion peut en revanche tout à fait s'appliquer aux transports collectifs...

Départ de Tananarive par la Nationale 7

A10h, c'est parti avec Patrick au volant d'un 4x4 Mitsubishi Pajero. C'est un véhicule de seconde main, importé du Japon comme en témoigne le volant placé à droite. Confortable, avec climatisation dont nous ne ferons pas usage car la température est agréable et lorsque nécessaire on peut baisser facilement les vitres électriques, ce qui ma foi est bien commode pour saisir quelques photos sur le vif.
Nous avons environ 200 km à parcourir pour cette première étape sur la fameuse Route Nationale 7, sur la route de nos vacances françaises, non pas vers la Côte d'Azur mais vers la côte sud-ouest de Madagascar !
Il faut commencer par remplir le réservoir. Dans la station Jovenna où nous faisons le plein, je suis effaré par le prix des carburants: le litre de gasoil à 2710 MGA (ou Ariarys) soit pratiquement 1 €uro, le revenu journalier moyen d'un salarié malgache... La grande bouteille d'eau achetée en boutique revient à un demi Euro (et un peu plus du double dans les restaurants). Pas cher pour nous mais inabordable pour le Malgache de base.

Nous découvrons les embarras de circulation dans une ville qui a grandi trop vite, sans plan directeur et sans infrastructures pensées pour l'automobile. Facteur aggravant le relief vallonné. Facteur favorable: la pauvreté limite le nombre de véhicule et leur taille. On dit que Madagascar est un "musée vivant de l'automobile française" et c'est vrai. On y voit en quantité tout ce qui a circulé chez nous depuis les années 1960-70 et notamment des quantités de Renault 4 mieux connues sous le nom de 4L. Ceci n'empêche pas de voir également leurs aînées 2CV Citroën. Ce qui est remarquable, c'est le relatif bon aspect extérieur des véhicules. Ici, on a l'air d'accorder de l'importance à l'apparence. Ce qui n'empêche de voir souvent des capots levés et des mains dans le cambouis. Souvent ces véhicules ont un petit quelque chose d'étrange dans leur allure... Après observation plus attentive, on les trouve un peu "haut sur pattes" (suspensions adaptées pour avoir un plus grand débattement sur les pistes), avec en quelque sorte un petit air de famille avec les races de poulets haut sur pattes que l'on voit sous les tropiques...

L'agglomération d'Antananarivo est très étendue, une bonne douzaine de kilomètres à partir du centre, pour la quitter en direction du sud. Plus on s'éloigne et plus les espaces de rizières viennent se mélanger aux zones d'habitat.
A 13 km au sud de la ville, nous passons près du Palais présidentiel d'Iavoloha sans le savoir car
Patrick ne nous l'a pas indiqué. C'était le palais mégalomaniaque que se fit construire lors de son premier mandat Didier Ratsiraka, le quatrième président du pays (1976-1993).

Sur la route, nous pouvons voir les premiers petits chariots astucieusement bricolés que de jeunes Malgaches poussent et tirent pour transporter toutes sortes de marchandises, du bois, du fourrage, des sacs de charbon de bois et des sacs de riz qu'ils laissent dévaler dangereusement les côtes dès que c'est possible. Ces engins improbables expriment la débrouillardise de ces gens démunis: roues faites de rondelle de bois, de roulettes de récupération et même de simples roulements à billes, direction actionnée parfois par un volant récupéré sur des voitures ou des camions, freins fait de patins de bois frottant sur les roues...
Une spécialité malgache parmi d'autres...

La route est particulièrement dégradée car c'est un axe très emprunté. Aux nids de poule et aux accotements ravinés, il faut ajouter les rétrécissements à une seule voie pour le passage de nombreux ponts, les piétons aux abords des localités, les petits chariots, les véhicules en pannes, les taxis-brousse à l'arrêt à une halte....

 

Premier arrêt, à 11H, aux environs d'Ampangabe, pour voir un étal d'artisanat de vannerie en raphia coloré et tressé, objets plus ou moins utilitaires du genre chapeau (satroka), accessoire apprécié des Malgaches, ou jouets et objets décoratifs. A l'arrière de l'étal, tout un clan de plusieurs familles, avec leurs enfants car la rentrée n'a pas encore eu lieu, s'affaire au travail sur le raphia ou aux feux qui chauffent les cocottes où mijote le déjeuner. Cette cuisine au bois à l'inconvénient de dégager beaucoup de fumée et les objets achetés en gardent encore l'odeur des mois après notre retour...

Les lanières de raphia qui sont ainsi tissées ou tressées proviennent d'un palmier de zone humide dont les feuilles peuvent atteindre 25 m de long, un record ! Ce n'est pas pour rien que le nom désignant la fibre se trouve être d'origine malgache puisque Madagascar a pratiquement le monopole du raphia employé dans le monde.

Aux abords de la route, outre les rizières et les premiers fours à briques en cours de cuisson si l'on en juge à la fumée qui s'en dégage (du bois est intercalé dans la meule entre les briques de terre crue) et d'autres sont en train de refroidir (il faut attendre trois semaines), on peut observer déjà les méfaits de la déforestation qui favorise le ravinement des collines à la saison des pluies. Ces cônes de ravinement sont désignés avec un mot malgache, lavaka (qui signifie "trou"), mot passé dans le langage international des géomorphologues.
Contrastant avec le vert des rizières, la couleur rouge de la latérite s'impose dans le paysage (d'où le surnom "d'île rouge") et dans les maisons faites en pisé ou en briques.
Les maisons de ce style, en brique et à étage, avec balcon supporté par des colonnes de brique, sont apparues sous l'influence du fameux Jean Laborde, conseiller de la
Reine Ranavalona Ière (première moitié du XIXe s). Les plus anciennes sont couvertes de chaume tandis que le toit de certaines constructions récentes est en tôle. Ces maisons récentes sont parfois recouvertes par des enduits modernes faits avec un mortier à base de ciment et peint de diverses couleurs. Seuls points communs, elles comportent un étage (parfois deux pour les maisons récentes les plus cossues) et n'ont pas de cheminée d'où des traces de fumée sur les façades, au-dessus des fenêtres. Heureusement que Madagascar est une île peu affectée par la sismicité car la plupart de ces maisons s'effondreraient comme de simples châteaux de cartes.
Des églises multiples (protestante et catholique) dans le moindre village et parfois au milieu de nulle part. Plus loin, un long étal de grandes statues de la Vierge Marie occupe l'accotement.

Un petit air landais ou périgourdin avec des publicités pour le foie gras de canard. La technique de gavage a été expérimentée au début des années 1960 et la filière s'est développée vraiment à partir des années 1980 avec la société Bongou. Certains programmes de voyage font une visite sur ce thème au petit village de Behenjy.

Il est bientôt midi lorsque nous arrivons à Ambatolampy après avoir traversé des paysages à l'incroyable palette de couleurs.


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AMBATOLAMPY [ambatoulamp']

Avant de déjeuner Patrick souhaite nous faire visiter une fonderie de cocottes en aluminium avec la technique de coulage "à moule perdu".
Dans une impasse à la chaussée en terre défoncée, première fabrique fermée nous dit-on pour finalement se raviser et nous dire que se tient dans la cour un "banquet-pique-nique" de fête de retournement de mort (Famadihana) mais que des ouvriers travaillent quand même...
A cette heure de la journée et avec tous les foyers disposés dans la cour pour fondre de vieux morceaux d'alu (y compris des morceaux de blocs moteurs) à l'aide de charbon de bois, il fait particulièrement chaud et enfumé. Mon épouse frôle le malaise vagal et ne voit donc pas grand chose du processus de fabrication.

Pourquoi travailler l'alu et non pas la fonte ?

L'alu est l'un des métaux qui fond à assez basse température, 660°, donc sa métallurgie est abordable de façon artisanale (en recyclage du métal car sa fabrication initiale à partir de la bauxite, un minerai pauvre, est complexe -utilisation de produits chimiques- et coûteuse, particulièrement en énergie électrique).

En recyclage, la fusion du métal n'est donc pas trop difficile à obtenir. La partie la plus étonnante de la fabrication concerne la réalisation du moule ou plutôt des moules et le coulage proprement dit.



AMBALOTAMPY

Quatre ouvriers s'affairent dans l'atelier en totale insécurité par rapport aux risques de brûlure et d'inhalation de fumées et poussières, où l'on assiste à quelque chose de spectaculaire.
Les moules sont fait d'un sable très fin, de couleur sombre, humidifié pour se tenir. Le moule intérieur correspond au pâté de sable fait avec le contenu d'une cocotte-modèle retournée sur un plateau. Ce moule est réutilisé et retouché si nécessaire. Ce moule est recoiffé par la cocotte-modèle afin de confectionner le moule extérieur qui est fait de deux cadres de bois qui sont remplis de sable fortement tassé afin de pouvoir être retirés méticuleusement afin de dégager la cocotte-modèle. Maintenant, ces moules extérieurs viennent emboîter le premier moule. Pour que l'ensemble se maintienne bien en place, outre des guides faits de tiges d'acier traversant les moules extérieurs, deux ouvriers grimpent sur l'assemblage pendant la phase de coulage ! Dans l'espace ménagé ainsi entre moule intérieur et moule extérieur on coule l'aluminium fondu. On verse le contenu en fusion d'un creuset (une petite poche de transport) dans un orifice de moule supérieur jusqu'à ce que qu'un évent faisant office de trop-plein rejette le métal excédentaire. Rapidement les ouvriers qui travaillent pieds nus procèdent au démontage du moule, libèrent la nouvelle cocotte et le cycle de fabrication recommence.

Après refroidissement les cocottes brutes passent dans un atelier de finition où on ébarbe et où on lime les bavures de fonte, ce qui explique les petites particules de limaille brillante qui flottent dans l'air.

AMBALOTAMPY AMBALOTAMPY


Tout cela nous aura mis en appétit lorsque nous nous attablons pour déjeuner une petite demi-heure plus tard "Au Rendez-Vous des Pêcheurs - depuis 1951 Restaurant Gastronomique". Il n'y a pas foule pourtant le service traîne un peu. Mes accompagnatrices se laissent tenter par des plats à base de porc ou de volaille. Pour ma part, j'attaque mon premier repas typiquement malgache, un copieux "romazava de zébu aux brèdes mafana", servi en cocotte alu comme il se doit !
Décodage: le romazava mafana, c'est une sorte de pot au feu dont les légumes sont uniquement les feuilles de ces brèdes mafana (Acmella oleracea parfois appelée "cresson de Pará" et originaire d'Amérique du sud), les fleurs jaunes et les feuilles de brèdes mafanas ont un goût piquant (mafana veut dire "chaud") et poivré très persistant en bouche avec une sensation légèrement astringente, après coup.
Coût du plat servi accompagné au choix de riz, pois chiches ou rougail (sorte de ratatouille à base de tomates, oignons, gingembre, citron, piment): 10 000 MGA soit 3,50€. La grande bouteille d'eau (1,5 l) tout comme la grande bière THB de 65 cl. coûtent 3000 MGA.

On continue sur la Nationale 7

Trois quarts d'heure plus tard, il faut songer à reprendre la route. Le soleil est ardent et sa position septentrionale nous rappelle que nous sommes dans l'hémisphère austral, ce qui nous surprend moins depuis notre circuit péruvien.
En traversant la ville, c'est l'occasion de voir les premiers pousse-pousse. Cette invention japonaise et non pas chinoise qui s'est répandue à travers le monde depuis la fin du XIXe s. a été particulièrement adoptée par les Malgaches, toujours dans sa version d'origine, la traction humaine. La version modernisée de type tricycle (ou cyclo-pousse) est peu représentée. On verra ces "hommes chevaux" courant dans les rues de toutes les bourgades et villes traversées le long de la Nationale 7. Et n'allez pas croire que ce moyen de transport soit destiné aux touristes. Les Malgaches en font usage pour se faire transporter, parfois à deux ou trois (une mère et des enfants par exemple), ou pour le transport d'objets (madriers...), sacs et colis.

Dans la campagne, des maisons se font plus coquettes avec leur pisé peint dans des pastels rosés. Nous commençons également à remarquer les premiers tombeaux monumentaux érigés dans les champs. Près d'une rivière, les lavandières étalent le linge à sécher sur des rochers. Et plus loin, les troupeaux de zébus se dirigeant vers les abattoirs de la capitale font étape dans des pâturages.
Les fonds de vallées sont occupés par des rizières ainsi que les premières pentes cultivées en esthétiques terrasses, héritages des lointaines migrations indonésiennes. Moins gracieusement, on aperçoit de temps à autre les fumées de feux, brûlis (tavy) ou feux de forêt... Puis ce sont des femmes occupées à casser des cailloux au bord de la route (ça nous rappelle l'Inde ou la Birmanie). Des vendeurs de charbon de bois ont installé de vraies barricades de sacs blancs au bord de la route. Un moment nous longeons la voie ferrée allant d'Antsirabe à Tamatave (Toamasina), en passant par la capitale.

En approchant d'Antsirabe, surprise de voir un tuk-tuk Bajaj, la grande marque indienne pour ces engins. Ne parlait-on pas de l'Inde à l'instant ? Un auto-rickshaw égaré ? En fait, il faut savoir que Madagascar accueille une importante communauté indo-pakistanaise qui "prospère" dans le commerce... Mais c'est plutôt un flot de pousse-pousse que l'on va rencontrer ici car Antsirabe a la réputation d'être "la capitale des pousse-pousse".


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ANTSIRABE ("là où abonde le sel ") [antsirabé]

Antsirabe est la troisième plus grande ville de Madagascar après Antananarivo et Toamasina (ex-Tamatave), avec une population qui pourrait être estimée à près de 200 000 habitants. Cette ancienne capitale du Vakinankaratra est située à 1450 m d’altitude.
La ville a été célèbre à l'époque coloniale: "ville d'eaux de l'hémisphère sud", à l'atmosphère rafraîchie par l'altitude (c'est l'endroit le plus froid du pays) ce qui est apprécié à la saison chaude. La ressource thermale est à mettre en rapport avec l'environnement d'anciennes montagnes volcaniques. Cette activité a périclité tandis que quelques activités industrielles ont pris la relève: embouteillage de l'eau minérale gazeuse "Vasy Gasy" , brasserie de la fameuse bière THB (Three Horses Beer) et textile.
La production de fromage est aussi l’une des principales activités d’Antsirabe (en concurrence avec les fromages d'Ambatolampy et d’Ambatomanga).


Antsirabe: atelier de lapidaire

Première visite d'artisanat au programme, un petit atelier de travail de gemmes. Rien d'étonnant avec la grande variété de pierres semi-précieuses que la Grande Ile recèle. Nous sommes gentiment reçu par les lapidaires de la "Taillerie de la Ville d'Eau Chez Joseph".

Antsirabe: artisan confiseur

Un peu plus tard, cette fois il s'agit d'un artisanat plus banal puisqu'il s'agit d'un atelier de confiseur "Chez Marcel" où nous passerons une petite demi-heure. L'atelier ne paie pas de mine mais l'accueil est charmant. On nous fait une démonstration complète de fabrication de bonbons en nous proposant de choisir deux parfums naturels parmi une quinzaine. Nous optons pour citron et gingembre. Ça va piquer un peu...
Le sucre de canne est fondu dans une cocotte en alu pour en faire un sirop épais. Pour le type de bonbons croquants que l'on va nous fabriquer, il faut porter le sirop à environ 140°, au stade "cassé". A la température requise le sirop est versé sur une sorte de paillasse, une pierre de granit huilée. La poudre des ingrédients apportant le parfum est ajoutée puis
la pâte est travaillée d'abord à la spatule puis lorsqu'elle a un peu refroidit et commencé à se figer, elle est travaillée à la main et étirée pour y incorporer de l'air. Le malaxage continue en étirant le cordon de pâte sur une tige métallique. Après quoi, trois formes sont données aux bonbons: découpage en biais avec des ciseaux en forme de berlingots dits "bonbons à la française", bonbons coupés au fil puis roulés en boule dits "bonbons malagasy" et enfin technique plus sophistiquée, passage du cordon de pâte entre les rouleaux d'une presse à bonbons qui y imprime des motifs après quoi il est facile de séparer les bonbons d'autant qu'après refroidissement leur matière est devenue cassante.


Antsirabe: artisanat de cornes de zébus

La journée sera riche en visites puisque quelques minutes plus tard nous nous retrouvons "Chez les Six Frères", un atelier travaillant la corne de zébu.

Cette démonstration nous permet d'assister au travail d'ébauche d'un objet décoratif en forme d'oiseau stylisé. Là aussi nous passerons une petite demi-heure.

Les cornes récupérées dans les abattoirs sont chauffées et à un moment donné, un coup sec frappé sur la corne permet d'en détacher le cornet osseux (le chauffage liquéfie les tissus entre os et kératine). A noter que la couleur de la corne dépend de la couleur de la robe du zébu duquel elle provient. Ensuite, c'est un travail plus artistique d'entaillage à la scie, de chauffage pour assouplir la kératine afin de déformer et tordre certaines parties, puis de polissage en passant successivement au touret, à la lime, à la toile émeri, à la lame de verre en guise de grattoir et, pour finir, lustrage avec de la cendre. La fabrication complète de ce modèle d'oiseau demande trois heures de travail, un ouvrier en produit donc trois par jour... Les déchets transformés en farine servent d'engrais et d'aliment pour le bétail.
Côté boutique on peut voir la grande variété d'objets que l'on peut faire avec la corne. Objets utilitaires comme peignes ou chausse-pieds, verres, couverts, coupe-papier... Objets de parures: pinces à cheveux, bracelets, colliers, bagues, pendentifs, boucles d'oreilles... en couleurs naturelles ou teintés. Objets décoratifs plus ou moins fantaisistes: coffrets à incrustations de corne
, bateaux, oiseaux, poissons, insectes monstrueux...


Pour être complet, il nous manquera la visite d'ateliers de broderie.


Antsirabe: la ville en vitesse

Il est déjà 16h30 et le tour de ville pour voir les bâtiments coloniaux sera donc vite expédié. Après coup, j'ai constaté que nous avons débouché sur l'avenue de l'Indépendance, avec derrière nous l’Hôtel des Thermes que nous ne verrons même pas. Remontant l'avenue, nous sommes passés entre la Poste et la Stèle de l'Indépendance à la gloire des 18 ethnies du pays ...sans que Patrick nous les signale le moindrement du monde.

Photo rapide depuis la voiture en passant devant le bâtiment à tour centrale de la gare construite en 1923 mais nous n'aurons pas le loisir d'observer les maisons merina à colonnes, ni de jeter un coup d'oeil à la cathédrale de la Salette ou de voir l'établissement thermal construit en 1917 (qui d'après la doc a une architecture qui rappelle celle de la gare).
Nous quittons la ville toujours au milieu d'une dense circulation de pousse-pousse.

La région située aux alentours de la ville d’Antsirabe s'appelle le Vakinakaratra. Il est un peu plus de 17 heures quand nous arrivons dans la bourgade de Manandona, un village entouré de rizières. Le jour baisse, lorsque nous quittons la route pour prendre sur notre droite une piste qui traverse les rizières et qui bientôt, de plus en plus défoncée, grimpe sur un coteau.


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MANANDONA [manan'doun']

A 17h15, sur notre gauche, un grand tombeau familial derrière une bâtisse.
Nous voici arrivés au terme de l'étape, notre gîte Bakobako, chez Jean-Gustave et Honorine Rabary, à Ambohitrimanjato. Il se situe vers les 1400 m. d'altitude, au pied de la montagne Ibity (2254 m.). Le village compte 370 habitants dont la moitié d'enfants (environ 6 par famille).

Bakobako, c'est une onomatopée évoquant le roucoulement du pigeon malgache ( "coo-coo-ooooooooo") et c'est aussi un mot malgache signifiant "gentils" lorsque l'on qualifie des jeunes enfants car on ne doit jamais dire qu'ils sont beaux ou jolis. Tiens donc, voila un point commun avec l'Inde !

Quelques mots sur nos hôtes

Ce gîte et ses hôtes sont évoqués sur le site des voyageurs Claudie et Jacques. Si nous sommes d'accord avec eux sur le surnom de "vieux coq" dont s'affuble lui-même le maître des lieux, en revanche il y a un petit problème sur son prénom car il s'agit pas d'Eugène. Le personnage haut en couleur est débordant de dynamisme malgré ses 78 ans. Il se fait aussi appeler Dada Bary (dada signifie grand père et bary est un raccourci du nom de famille). C'est un ancien technicien hydraulicien en charge de la gestion de l'irrigation des rizières. Après l'indépendance en 1960, il a bénéficié d'un séjour de 18 mois en Camargue pour se former.

On est bien accueilli ici. Ce sera l'une des deux seules étapes du circuit où l'on nous offrira un pot d'accueil: bière (une THB de 65 cl !) et cacahuètes. Jean-Gustave est aussi un conteur et un animateur qui manie l'humour avec art.
En excellent français, il raconte sa vie et celle des membres de sa famille en émaillant le tout d'anecdotes tandis que la nuit tombe vers 18 heures. Notre conteur remonte même jusqu'à un grand-père qui eut rang de gouverneur de la Reine ! Il parle de son épouse Honorine, maîtresse cuisinière, spécialiste du zébu. Il évoque aussi ses enfants, certains partis à la ville, et en particulier son fils Jean Lamour dont il semble très fier et auquel il nous confiera demain pour la ballade dans les villages et les rizières.
Personnage intéressant et ...intéressé lorsqu'il nous montre sa "collection", en fait un sac en plastique rempli de pièces de monnaies étrangères auquel des euros font défaut comme il le déplore puis il embraye sur sa "collection" de billets de banque en nous proposant un curieux (é)change: un billet de 10 000 MGA contre un billet de 5€, ce qui lui procurerait ainsi un gain de 4 000 MGA puisque le cours est de 2 800 MGA pour un Euro !

MANADONA, au gite "Bakobako"
Quelques mots sur le gîte

Nos habituels voyages organisés en groupe ont pu nous amener à loger dans des hôtels peu confortables mais nous ne sommes ni des routards ni des trekkeurs et nous ne nous attendions pas à la grande rusticité du gîte et à son confort monacal (je serais tenté d'écrire son inconfort), surtout que notre première nuit malgache avait été fort écourtée. Cela n'en reste pas moins une expérience intéressante mais, heureusement, limitée...
Le gîte se présente sous forme d'une grande maison à étage dont le rez-de-chaussée est précédé par une galerie-terrasse. A chaque niveau, on trouve deux chambres lesquelles comportent deux lits superposés soit 4 personnes. La maison comporte donc 16 couchages. Dans une maison voisine, il y a également deux chambrées à 4 couchages. Jean-Gustave peut donc accueillir jusqu'à 32 personnes... Ailleurs sur le site du gîte on trouve mention de 52 lits (!).
Ce soir nous ne sommes que trois pensionnaires alors que le gîte doit être au complet le soir suivant.
En fait dans le cadre des actions de développement s'appuyant sur le tourisme, il existerait également quatre autres gîtes aux environs.

L'installation électrique est des plus sommaire (câbles et dominos apparents) et l'éclairage n'est assuré que pendant environ deux heures grâce à un groupe électrogène faiblard. Avec un bat-flanc et un matelas plutôt mince, le couchage est dur. La protection antimoustique se limite à des spirales à brûler qui, en raison de l'humidité, refusent de brûler.
Un mot sur les sanitaires. Il n'y en a évidemment pas dans le gîte. Des petits cabanons non loin de là dans le jardin en font office. L'eau ne coule pas de robinets ni de chasse d'eau. Des seaux d'eau froide et même chaude, à la demande, sont mis à disposition. Vase de nuit également disponible... sur demande.

La salle de restaurant ou plutôt le réfectoire se trouve dans un petit bâtiment face au gîte.

La soirée et la nuit au gîte

Avant le dîner, entre 19h et 19h30, Jean-Gustave nous a concocté un petit spectacle sans prétention, autour d'un feu de camp, pour lequel il mobilise une demi-douzaine de jeunes gens pour faire l'orchestre et une quinzaine d'enfants, dont certains de ses petits-enfants. Les instruments relèvent de l'inventivité malgache: guitares à cordes faites avec des câbles de freins de vélo, banjo à cordes en fil de pêche... et plus traditionnels aponga, tambours en peau de zébu. Dans la traditions malgache, danses et chants empruntent parfois à l'actualité: "danse de la reine", "danse des kalaks" (les Kalachnikovs utilisées par les dahalos, les voleurs de zébus"), "danse exotique"...
Quête pour les musiciens tandis que les enfants espèrent des sacs de bonbons. Comme nous avons le souci de préserver leur dentition, nous n'avons rien de tel à leur proposer. Nous remettons un peu d'argent à Jean-Gustave contre la promesse qu'une partie sera transformée en cahiers et crayons.

A table !
Honorine n'a pas failli à sa réputation de cuisinière pour le dîner
.
Une surprise la légèreté de la vaisselle que nous aurions pu prendre pour de la faïence. En réalité il s'agit de fine tôle émaillée et décorée, que Jean-Gustave qualifie de "vaisselle de le Reine" puisqu'il s'agit d'une technique héritée de Jean Laborde, le conseiller de la
Reine Ranavalona I
ère (première moitié du XIXe s).
Dîner très (trop) copieux: délicieuse soupe de légumes (on en reprend), hachis de zébu accompagné de choux-fleurs, tomate et radis, côtelettes de porc grillées accompagnées de mange-tout et pour finir salade de banane compotée.

Mal dormi: trop mangé et couchage trop dur ! De plus, on perçoit l'aurore au travers des volets qui joignent mal dès 5 heures.

A 7heures, petit-déjeuner tout aussi copieux que le dîner de la veille. Confiture maison, fromages et miel aux goûts particuliers, thé, café, chocolat au lait (à base de lait concentré Socolait). Également des galettes à pâte blanche faites à base d'une farine grossière de riz, des sortes de pancakes sans oeuf. Et aussi du "pain français", en fait il s'agit d'un pain blanc trop pétri, à mie très légère, comme on en trouvait chez nous il y a une trentaine d'années. Au cours de notre voyage, nous retrouverons pratiquement partout cette même texture de pain.

Balade dans les rizières et les villages

Ainsi réconfortés, notre petit groupe de vazahas (prononcer [vaza]) peut aborder la matinée de découverte des villages et rizières de la plaine en compagnie de Jean Lamour, le fils de Jean-Gustave. Outre son activité de guide et son implication dans une association de développement local, il exerce le métier d'architecte-ingénieur et il dirige des projets de construction y compris à Tananarive.



Vazaha

La notion de vazaha est un moyen de catégoriser l'étranger par l'apparence physique, celui venu d'ailleurs, sans notion péjorative ou raciste. Le terme peut aussi être appliqué à un Malgache qui a vécu longtemps hors du pays. Enfin, il peut en être fait usage pour désigner une personne au statut social élevé, comme on dirait "patron". Mais a contrario, d'un expatrié bien acculturé, on dira qu'il n'est plus vazaha ou alors que c'est un "vazaha gasy" (étranger malgache).
La notion de vazaha se décline comme celle de vahiny, invité. Quand on est parfaitement intégré, on n'est plus invité mais on est comme chez soi.
Quant aux Blancs nés dans le pays, ce sont des zanatany, des "fils du sol".

D'autres désignations ethniques s'appliquent aux étrangers (ils n'ont pas la nationalité malgache) notamment ceux venant d'Asie: Karana pour les Indo-pakistanais et Sinoa pour les Chinois. Les Karanas tiennent une grande part du commerce et les Malgaches ne les apprécient guère (pogrom de 1987).



A 7h45, avec nos chaussures de marche aux pieds, nous quittons le gîte avec un sac léger (il faut quand même compter 1,5 litre d'eau par personne) et sans même porter notre pique-nique. Nous allons parcourir environ 8 km en 4 heures de marche très tranquille,
à portée de tout "petit marcheur".

Un coup d'oeil dans le hameau voisin avec ses maisons
élémentaires, plus ou moins anciennes et plus ou moins vastes, en pisé, en brique, à toit de chaume, à toit de tôle, à terrasse couverte... Les enfants sont adorables, souriants et polis et apparemment en excellente santé. Près du hameau, on peut voir une sorte de fumière où les déchets ménagers et animaux sont mis en compost, un lieu qui ne déplaît pas à une poule venue picorer accompagnée de sa couvée et à un porcelet tacheté qui vient y fouiner.
Un peu plus loin, nous voyons quelques jeunes gens et des garçons affairés à la fabrication de briques crues: pétrissage et moulage, briques mises à sécher au soleil avant de rejoindre les murs de la maison voisine en construction. Puis nous passons devant l'école primaire à 4 cours: CE1-CE2 et CM1-CM2 avec des dessins et maximes peints sur les murs ("Nettoyer, c'est bien", "Ne pas salir, c'est mieux"...). Le monument voisin érigé en 1998 commémore le quatre-vingt-cinquième anniversaire de sa création ("R. M. 1913-1998 85 taona...").

MANANDONA



Puis nous continuons à descendre vers la plaine
en accompagnant un bout de chemin deux enfants conduisant trois zébus au pâturage. Maintenant nous allons marcher sur les chemins de terre des hameaux, le long des canaux d'irrigation et parfois sur les diguettes séparant les parcelles. Nous rencontrons Honorine qui s'en va faire des courses à vélo.
On découvre les rizières. Aucune mécanisation et pratiquement aucun recours à la traction animale (nous ne verrons qu'un attelage qui, semble-t-il, ne procédait qu'à l'ameublissement d'une terre déjà retournée) pour le travail de la terre. Les seuls zébus que l'on voit sont gardés en pâturage sur de petites parcelles portant encore d'anciens chaumes ou sur les digues. En effet, certaines parcelles ne sont pas encore retournées, d'autres sont en cours de labour à l'aide de bêches à long fer légèrement arrondi. Ces outils sont utilisés de façon curieuse, on enfonce le fer non pas en s'aidant du pied mais en précipitant le fer de toute sa force appliquée sur le manche. Pour les jeunes filles à marier, plus le fer de la bêche est long, plus celui qui la porte est un parti enviable. Autre curiosité, l'ouvrier se place sur la partie retournée et attire la motte vers lui.
Dans certaines parcelles, on peut voir le vert très tendre des semis de riz dont les plans commencent à être repiqués ailleurs dans la boue par les femmes. Notre guide nous explique que l'on fait deux récoltes par an dans cette région. Voyant que certaines parcelles sont transformées en "carrière" pour en extraire la terre non loin de four à briques, Jean-Lamour indique que c'est un moyen de pallier la baisse de production qui se manifeste au bout de quelques années, il est bon d'extraire la terre usée pour en faire des briques et retrouver un sol neuf.

On ne cultive pas seulement le riz comme on peut le constater: manioc (qui se bouture simplement avec des bout de tiges), taro ou "oreille d'éléphant" (Colocasia esculenta), patate douce, papaye, pomme de terre, petits pois, tomates, orge, armoise (Artemisia)... De cette plante (à ne pas confondre avec l'ambroisie, sa cousine allergisante) à fleurs jaunes d'origine chinoise dont on extrait une substance médicamenteuse, l'artémisinine pour soigner les malades atteints de paludisme. Depuis 2006, la société Bionexx a développé la culture sur quelques centaines d'hectares à Madagascar mais il semble que cette culture soit de moins en moins rentable pour les producteurs.
Autres cultures, cette fois dans les potagers, celles de différentes variétés de brèdes (divers légumes à feuilles comestibles).
Les paysans les plus pauvres exploitent moins d'un hectare et doivent trouver un complément de revenu en travaillant comme journaliers dans des fermes plus importantes, dont la surface peut atteindre la trentaine d'hectares. Ce qui se traduit dans la taille et l'apparence des fermes mais étant précisé que le summum de richesse se manifeste dans les maisons colorées de fonctionnaires ! On voit même une vieille Renault posée là au bord d'un sentier, aussi déplacée que s'il s'agissait d'un OVNI !
Nous visitons d'ailleurs une modeste maison dont l'unique pièce du rez-de-chaussée sert de cuisine et salle à manger. Le noircissement du plafond et du haut de murs résulte de l'absence de cheminée. Heureusement, comme on le constate, à la saison sèche, on fait souvent la cuisine à l'extérieur. Une échelle permet d'accéder à la chambre collective des membres de la famille.
Dans une ferme plus riche, nous arrivons lorsque la maîtresse de maison est en train de vanner le riz. Dans une cour voisine, des tubercules de manioc sèchent au soleil.
Nous croisons des troupeaux de zébus et aussi des villageois et de nombreux enfants, toujours courtois et ne sommes jamais importunés. Cette règle du jeu que l'association pour le développement a définie est bien intégrée par les habitants en contrepartie des avantages collectifs que leur apportent les retombées du tourisme.

Près d'un hameau, un panneau en bois est disponible pour affichage libre, une sorte de dazibao à la malgache. On peut y lire des messages en français ou en malgache, écrits à la craie ou au charbon : "La fille de M... est très jolie", "Je t'aime. Au revoir", "Mauvaise habitude de vazaha ...paresseux".
Plus loin nous arrivons devant une cabane en planche dont la façade ouverte sert de comptoir à une épicerie de campagne devant laquelle la foule se presse tandis que des lavandières sont à l'oeuvre dans le canal principal où barbotent les canards et où les zébus viennent aussi s'abreuver (et s'ils ne faisaient que cela !).
Des maisons en construction: l'une que l'on commence à couvrir de chaume et l'autre dont les dernières briques des pignons sont en cours de pose tandis que le drapeau malgache qui la surmonte témoigne de son achèvement imminent... et toujours pas de cheminée. Un bon moment plus tard, nous passons près d'une carrière où des hommes tirent des moellons de granit avec l'outillage le plus rudimentaire.

Nous arrivons au pied de la cascade de la source sacrée, surmontée d'un petit barrage permettant de dériver une partie de l'eau vers le canal d'irrigation. C'est l'une des seules occasions où l'on nous parlera de fady, de tabou. Ici il est interdit de se baigner dans la rivière. Par contre rien n'interdit au jeune couple d'amoureux que nous apercevons de franchir le barrage en quête de quelque coin tranquille !

MANANDONA


Un peu plus loin on voit des femmes remontant péniblement des rizières où un four à brique est installé en transportant sur leur tête des paniers contenant au moins une douzaine de briques (15 kg probablement), sous un soleil déjà ardent, il est 10h30. Arrivées sur le sentier aux abords d'un hameau, le relais est pris par des fillettes qui emportent de la même façon la moitié de la charge.
Maintenant nous rentrons carrément dans les rizières, nous dirigeant vers le centre de la plaine. Sur les diguettes on aperçoit des aigrettes (ou pique-boeufs ou encore garde-boeufs) venues compléter leur repas d'insectes par quelques grenouilles ou crustacés (écrevisses)...

Bien entendu, Jean Lamour est connu de tous et semble respecté comme un notable, qu'il n'est pas ! car il se refuse à se présenter aux élections locales. En revanche, il a un rôle d'éducateur, discutant ici avec une femme atteinte d'une tumeur au cerveau qui a besoin de médicaments, là avec un adolescent qui travaille dans une rizière et qu'il soutient dans ses études de fin de lycée pour l'orienter par la suite vers l'Université...


LES VATOLAHY, pierres dressées malgaches

A l'époque des royautés, seuls les nobles érigeaient des Vatolahy ou "pierres mâles" (forme phallique).
C'est une tradition très ancienne qui remonte aux premiers habitants de Madagascar.
Ce type de monument dont la taille et l'ornementation dépendent de la puissance du groupe social de ceux qui l'ont érigé était destiné à commémorer un événement important: funérailles, circoncision, réconciliation, passage du roi... et plus rarement à borner une frontière.


Un autre hameau, d'autres maisons, d'autres villageois... Une pierre levée au bord d'un chemin. Ce mégalithe qui dépasse du sol sur environ 1,50m. n'est pas une borne mais un vatolahy, une stèle ou "pierre royale" ou "pierre mâle" (forme phallique) commémorant le passage ici d'un roi mérina il y a trois siècles.

Plus loin, un avis (filazana) en langue malgache (NB: en malgache, la structure générale de la phrase simple est de type VOS "verbe - objet
 - sujet") invite à inscrire les élèves en vue de la rentrée prochaine, le 5 octobre (comme nous ! qui rentrerons en France ce jour là).

Nous terminons notre visite par un petit atelier de tissage et d'élevage de vers à soie de Clarisse et Haingo. Outre la soie d'élevage issue des larves de Bombyx élevées dans des paniers remplis de feuilles de mûrier, on y travaille aussi la soie sauvage achetée aux paysans et dont on fait des écharpes...

Il est bientôt midi et tout cela nous a ouvert l'appétit. Nous allons pique-niquer sous un petit préau de l'école primaire d'Ambohiponana. Environ 350 élèves y sont accueillis dans 8 classes. Dommage que la rentrée ne soit pas encore effectuée car il aurait été certainement intéressant de visiter cette école en activité. L'établissement qui bénéficie de financements d'ONG a l'air important mais reste rustique... nous en utilisons les "cabinets" en toilettes sèches se présentant sous la forme d'une batterie de cabanes en planches, plus ou moins branlantes et pourries. On se demande comment les plus jeunes enfants ne passent pas au travers des trous...

Jean Lamour a apporté le pique-nique pour tout le monde dans son sac: copieuse salade végétarienne à base de plusieurs légumes et d'oeuf dur émietté. Pour finir, une orange en dessert.


Après ce repas, nous retrouvons Patrick et son 4x4 à la sortie du hameau tandis qu'un attroupement d'enfants se forme autour des vazahas en train de changer de chaussures.

Au revoir Jean Lamour et bon vent pour tes projets.
Nous avons passé une agréable et instructive matinée en ta compagnie.
Nous avons vu tellement de choses mais pas le Palais Royal indiqué au programme !


Sur la piste conduisant à la Route Nationale 7 nous croisons Jean-Gustave, alerte comme une jeune homme, qui rentre à pied du village principal.
Nous retrouvons le paysage de collines chauves par l'effet des feux de brousse et feux en forêt (charbonnières) que l'on aperçoit souvent et avec pour corollaire des marchands de sacs de charbon de bois installés au bord de la route.
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AMBOSITRA [amboustch']

Après une soixantaine de kilomètres avec le cadre des montagnes de l'Ankaratra, nous avons quitté le pays mérina pour celui des Betsileo, plus précisément des Zafimaniry, un sous-groupe des Betsileos, et nous arrivons à Ambositra.

Un peu avant l'agglomération, sur le bord droit de la route, Patrick fait un arrêt à l'atelier de marqueterie et sculpture zafimaniry sur bois précieux (bois de rose, acajou, palissandre...) "Arts Malagasy - Jean et Frère". Ce n'est pas notre jour de chance car une bonne partie du personnel (le tiers ou la moitié !) se trouve absent ce jeudi, pour des causes qu'on ne sait pas trop bien nous préciser: fête de retournement de mort (famadihana)... Toujours est-il que nous ne verrons que des sculpteurs au travail, ce qui est commun, mais ne verrons aucun travail de marqueterie (technique de découpage notamment), beaucoup plus passionnant selon les témoignages que j'ai recueilli auprès d'autres voyageurs.

Le savoir-faire du travail du bois des Zafimaniry a fait l'objet du classement de la culture zafimaniry, proclamée par l'UNESCO chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité en 2003 puis inscrite en 2008 sur la liste patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Il faudrait se rendre dans les villages de montagne autour du Mont Vohibe pour vraiment l'apprécier dans sa forme authentique (portes et fenêtres sculptées de motifs géométriques) de maisons en bois construites sans tenons ni mortaises et donc sans chevilles (et évidemment sans clous).

Ambositra "Art Malagasy - Jean et Frère" Ambositra "Art Malagasy - Jean et Frère" Ambositra "Art Malagasy - Jean et Frère" Ambositra "Art Malagasy - Jean et Frère" Ambositra



Nous traversons Ambositra sans visiter le quartier de Tompon'I Vinany, ni l'église des Jésuites, ni le Palais Royal (encore un de raté!) mais il vrai que l'heure tourne. Il est près de 15 heures et nous avons encore 85 kilomètres à parcourir soit environ deux heures de trajet si l'on adopte cette mesure des distances plus appropriée ici. Et toujours des fumées de feux, brûlis (tavy) ou feux de forêt. Les maisons en pisé se font plus nombreuses.
Les défaillances mécaniques et la fatigue aidant sont causes d'accidents. C'est sans doute ce qui est arrivé au camion que nous voyons renversé sur le côté de la route. Nous passons très près de feux de brousses qui sont comme toujours hors de contrôle.
Notre chauffeur à demi rassuré nous indique qu'à partir de maintenant nous entrons dans une des "zones rouges" pour les attaques par les bandits, les dahalos, voleurs de zébus et détrousseurs de voyageurs. Il ajoute qu'il vaut mieux ne plus être sur la route à la nuit venue... Pour limiter les risques, et de panne, et d'embuscade, les taxis-brousse qui roulent la nuit se déplacent en convois de 5 ou 6 véhicules.

Ambositra  à Ambohimanga Ambositra  à Ambohimanga Ambositra  à Ambohimanga Ambositra  à Ambohimanga Ambositra  à Ambohimanga

 

La panne !


16h20, c'est la panne ! Ça n'arrive pas qu'aux taxis-brousse.

Même si nous ne sommes qu'à environ trois kilomètres de notre destination. C''est ennuyeux. Il y a là nos affaires à transporter et comment les choses vont-elles se passer pour la suite du circuit ?
Patrick est catastrophé. Il a la responsabilité de nous acheminer. Le véhicule appartient à son patron, Richard. Et il a clairement en vue qu'il va perdre les 6 jours suivants où il devait nous accompagner jusqu'à Ifaty. Apparemment aucun témoin n'a alerté sur un problème et c'est la vapeur s'échappant du capot qui révèle un gros problème de joint de culasse ou même, selon les dires de Patrick, de fissure de culasse. Après dix minutes, le moteur ayant un peu refroidi, il met dans le radiateur ce qui nous reste d'eau et, pour compléter, demande à des villageois passant par là d'aller nous chercher de l'eau au ruisseau qui coule en contrebas avec nos bouteilles vides. Ceux-ci s'acquittent bien de la commande et reçoive de petits billets en échange de l'eau trouble rapportée.
Avec ce dépannage de fortune, nous arrivons à destination un peu avant la nuit, vers 16h45.



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AMBOHIMAHASOA [ambouhimasou]

L'Ecolodge de l'Ialatsara ou "Lemur Forest Camp" se trouve en bordure de route, sur la gauche, quatre kilomètres avant d'arriver à la ville d'Ambohimahasoa.
Ouvert en 2002, il est tenu par Daniel Rajaona, un grand malgache métissé (mais ne le sont-ils pas tous, plus ou moins ?) d'apparence bourrue mais fort sympathique qui vit ici pendant la belle saison avec Bérénice, une Française. C'est d'ici que demain la matinée nous devons partir à la découverte de la Réserve privée de l'IADE (IAlatsara Développement Ecoutourisme).


L'Ecolodge

Une autre expérience intéressante en matière d'hébergement.
Nous aurons encore une nuit rustique car nous logeons dans des bungalows légers sur pilotis, non totalement clos (pointes de pignons non fermée). Eau pour la (et les) toilette(s) à disposition dans des seaux, y compris l'eau chaude livrée sur demande. Moustiquaire bien pratique au-dessus du lit mais cette fois-ci pas du tout d'électricité. Il faut mettre les batteries de nos appareils électroniques à charger dans la salle de restaurant. On peut s'éclairer à la bougie posée sur le chevet mais ça ne me semble pas judicieux avec la proximité des voilages des moustiquaires et dans un tel bâtiment tout en bois. Il vaut mieux utiliser une lampe électrique si on n'a pas oublié de s'en munir.
Le camp se trouvant au milieu des bois, nous allons entendre des bruits divers de branchages, d'animaux. D'ailleurs Daniel nous a dit de prendre la précaution d'accrocher à un clou de la salle de restaurant ce que nous pourrions avoir de comestible avec nous, bananes, bonbons... car cela pourrait amener des animaux à s'introduire dans les bungalows, notamment les lémurs à ventre roux (Eulemur Rubriventer).
Les 14 bungalows, dont trois dotés de toilettes intérieures (nous en bénéficions), peuvent accueillir 20 pensionnaires mais nous ne serons que cinq ce soir, nous trois et un jeune couple d'Alsaciens en voyage de noces.
Nous voyons Patrick aller et venir, suspendu à son portable et faisant grise mine. Il semble que Richard ne tienne pas à faire réparer par ici et il lui faut donc trouver une solution pour ramener le 4x4 à Tana. Quant à Patrick, il devra rentrer en empruntant les traditionnels moyens de transport du pays...


Balade nocturne dans la forêt: les premiers lémuriens et les plus minuscules

En attendant le dîner, entre 18 heures et 18 heures 45, on nous propose de faire
une brève visite nocturne dans les parages du camp sous la conduite de Jean-Baptiste. C'est une option un peu chère: 70 000 MGA. Cela nous permet de faire connaissance avec Jean-Baptiste qui nous guidera la matinée suivante (et qui a guidé cet après-midi les Alsaciens).
Munis de lampes de poche (les frontales c'est mieux), nous aurons l'occasion d'y voir nos premiers lémuriens, les plus petits de tous les primates, une espèce de grosse souris aux grands yeux en raison de son mode de vie nocturne, le microcèbe roux (Microcebus Rufus). Moins de 15 cm pour le corps et moins de 30 cm avec la queue et un poids moyen d'environ 50 grammes. Il y a un peu de tricherie pour les observer facilement. En écrasant un peu de banane, on répond à leur régime alimentaire omnivore.
Il existe une autre espèce de lémurien nocturne dans cette réserve, mais nous ne la verrons pas,
les lépilémurs (Lepilemur) qui pèsent un peu moins d'un kilo.

Nous apercevrons également des caméléons de couleur verte (la Réserve abrite 7 espèces de caméléons)
dont on peut observer l'extraordinaire capacité à mouvoir leurs yeux de façon indépendante (d'où un champ de vision horizontal de180° et vertical de 90°). Il s'agit de l'espèce rare de caméléon vert belalanda (Furcifer belalandaensis).
Les caméléons sont emblématiques de Madagascar car la moitié des espèces existantes dans le monde y sont endémiques. Selon les espèces, leur taille s'échelonne entre 2 et 50 cm. Leurs mouvements de déplacement d'une seule patte à la fois sont imperceptibles, comme au ralenti, et leur corps est agité par un lent balancement qui simule l'effet du vent sur les branchages.

Puis ce sont des mantes religieuses (de bien drôles d'amantes et pas si religieuses que ça, qui n'attendent parfois même pas la fin de l'accouplement pour dévorer leurs amants !) également vertes, tout cela se confondant parfaitement avec les feuillages, brindilles et branchages qui les portent.

Ambohimahasoa - réseve Ialatsara Ambohimahasoa - réseve Ialatsara Ambohimahasoa - réseve Ialatsara: caméléon
Ambohimahasoa - réseve Ialatsara: microcèbe Ambohimahasoa - réseve Ialatsara: mante religieuse Ambohimahasoa - réseve Ialatsara: mante religieuse




Soirée et nuit à l'Ecolodge

Dans une "ambiance refuge" la demi-pension incluse dans le forfait nous offre un (trop) copieux dîner: soupe de légumes, curry de poulet accompagné de riz et de feuilles bouillies de tétragone (sorte d'épinard) et pour finir, un crumble à l'ananas.


La nuit ne va pas être très reposante. Il fait vraiment frais à près de 1500 m. De plus il y a du vent et les bungalows ne sont pas du tout étanches aux courants d'air. Et tous ces bruits !
Pendant la nuit les chiens de garde du camp auront quelques épisodes d'aboiements. A l'aurore, dès 5 heures, ce seront d'autres bruits: concert de braiments d'ânes, de chevrotements de chèvres et de chants de coqs, chocs proches de cognées et haches des bûcherons suivis après un court silence des craquements du bois lorsque des arbres s'abattent dans la forêt.
Mais ce voyage n'est-il pas un peu placé sous le signe de l'aventure ?

Au fait pourquoi toute cette ménagerie ? Daniel nous explique que cela permet l'autosuffisance par rapport aux besoins en viandes et légumes-feuilles pour son restaurant.

Après un petit-déjeuner continental, nous faisons nos adieux à Patrick avant de partir à la découverte de la réserve pendant la matinée. Cela tombe bien car ce temps est mis à profit par Richard pour organiser le relais avec un autre véhicule et un autre chauffeur.


Balade en forêt pour voir les lémuriens
A 9 heures, bien chaussés, nous partons tous les trois en visite sous la conduite de Jean-Baptiste pou une randonnée facile, à portée de tout "petit marcheur".
Notre guide est très aimable, parle très bien français et connaît parfaitement son sujet mais gagne-t-il correctement sa vie ? Sa mise permet d'en douter. C'est sans doute pour cela qu'il rêve de venir en France qu'il voit comme un Eldorado. Nous essayons de lui faire comprendre que pour lui la vie pourrait ne pas être si rose que cela chez nous...

Quelques mots sur la réserve: en 2012 elle couvre 2500 hectares dont 500 ha de forêt d'eucalyptus, 1000 ha de pinède et 1000 ha constitués par un lambeau de forêt primaire. Les spécialistes des lémuriens y ont observé jusqu'à six espèces de lémuriens.
Parmi les espèces diurnes, signalons: l'hapalémur gris (Hapalemur Griseus) ou lémur des bambous, 80cm queue comprise (la queue mesure près de la moitié de la longueur totale de l'animal) pour 1kg, le lémur à ventre roux (Eulemur rubriventer),
80-90cm queue comprise pour environ 2kg et le rare et menacé sifaka ou propithèque de Milne-Edwards (Propithecus Diadema Edwardsi), la troisième plus grande espèce de lémuriens par sa taille d'environ un mètre (queue comprise) pour 6 kilos. Pendant une partie de l'hiver austral, ils hibernent dans des terriers ou des arbres creux. A la différence des autres espèces de sifaka, ils ont une robe sombre. Cette espèce appartient à la famille des Indris et nous aurons la chance d'en observer tout à l'heure.

Nous allons pendant un bon moment grimper à travers une forêt d'eucalyptus. Ce n'est pas un arbre endémique puisque originaire d'Australie mais il a été introduit par les colons il y a un siècle. Ce type de plantation couvre plus de 150 000 hectares à Madagascar. Son avantage, sa croissance rapide, grâce à ses feuilles qui produisent de la photosynthèse par leur deux faces, a pour contrepartie plusieurs inconvénients: il s'oppose à la biodiversité car il est invasif et quasi exclusif. De plus il appauvrit les sols. Il produit toutefois un excellent charbon de bois et après abattage, cet arbre a la faculté d'émettre des rejets. Avec le taillis qui en résulte, pas besoin de renouveler la plantation.

L'exploitation de cette forêt est conduite de façon raisonnée: on n'abat pas la totalité d'un secteur ce qui évite l'érosion. Ne sont coupés que les arbres de taille moyenne qui correspondent à des repousses de 3 ou 4 ans (avec des haches, il serait difficile de s'attaquer à des arbres de 60 m de haut et de 6 ou 7 m de circonférence).
Il n'est fait place nette qu'à l'emplacement des charbonnières ou "meules" qui ne sont pas hémisphériques comme en Europe mais sous forme de parallélépipèdes.
Nous rencontrerons les bûcherons et passerons près de nombreuses meules à divers stades de la fabrication, de la mise en place des bûches et des branchages servant de combustible à la mise en sac du charbon, en passant par la couverture en terre (afin d'éviter l'apport d'air qui produirait la combustion alors qu'on recherche seulement la carbonisation produite par une chauffe lente mais prolongée). Le cycle de fabrication s'échelonne sur une semaine. Une charbonnière fournit 30 sacs de 25kg. Autres infos: un sac est venu 3000 MGA (soit 6 fois moins qu'en Somalie, un autre pays pauvre en train de se "déforester" en exportant du charbon de bois) et il faut compter qu'en moyenne un malgache consomme deux sacs par mois pour la cuisson soit une dépense de près de 2 Euros et demi (pour un revenu moyen mensuel de 30 Euros). A savoir: le coût d'une bouteille de gaz équivaut au salaire mensuel moyen !
Notre guide nous fait découvrir l'étrange araignée-crabe qui ne mord pas, bien que tenue au creux de la main, ainsi que des caméléons. Puis ce sont des fourmilières et des termitières.
Arrivés dans la pinède qui coiffe la colline, la végétation de sous-bois se diversifie et l'on voit de nombreuses espèces d'orchidées qui malheureusement ne sont pas en fleurs à cette saison. Si nous avons souvent entendu le chant du courol vouroudriou ou coucou-rollier (Leptosomus discolor), nous pourrons en observer un perché dans un arbre,
de taille intermédiaire entre pigeon ramier et tourterelle.

Au sommet de la colline un poste de défense avait été ménagé dans une tranchée taillée dans le granit. Nous avons une vue sur la vallée en contrebas et sur la colline voisine qui sont recouvertes par la forêt primaire vers laquelle nous allons nous diriger. De ce point de vue on aperçoit également la petite ville d'Ambohimahasoa à quelques kilomètres de là.

Jean-Baptiste communique par des cris avec deux pisteurs que nous rejoignons en descendant vers la vallée. Ils ont repéré un groupe de propithèques de Milne-Edwards (Propithecus edwardsi) au pelage foncé et nous frayent un chemin dans la jungle à grands coups de machette. Il faut suivre leurs déplacements dans la cime des arbres. On peut admirer leurs déplacements acrobatiques avec des sauts de branche en branche. Nous aurons le loisir de voir cinq adultes avec leur tâche caractéristique blanche au bas du dos et un bébé qui s'agrippe à sa mère. L'heure n'est pas très propice pour les observer car à 11 heures le soleil est presque au zénith et du coup nous voyons les lémuriens à contre-jour.
Jean-Baptiste nous explique que ces animaux se déplacent. Ainsi, en deux jours ils peuvent rejoindre la Réserve de Ranomafana distante de 40 km à "sauts de lémurien".

Mais déjà il faut songer à rentrer. Nous remontons vers la pinède puis redescendons vers le camp au travers des eucalyptus.

Midi.
Nous retrouvons le restaurant de Daniel qui nous sert une "salade de vermicelle" en entrée puis un curry de porc accompagné de pommes de terre et de haricot. Un flan d'oeuf vient terminer le repas.

Nous commençons à nous inquiéter pour la suite car à 13 heures nous ne voyons toujours pas de véhicule...


On repart sur la RN7 avec un nouveau chauffeur

Un peu de patience et nous voyons arriver un 4x4, toujours un Japonais de seconde main (volant à droite) mais cette fois il s'agit d'un Nissan Patrol. Dominique, notre nouveau chauffeur-guide travaille pour Mad Trekking, une agence de Fianarantsoa à laquelle Richard a demandé de le dépanner.
Dominique a une formation de guide et il a un moment exercé cette activité mais, à celle-ci, il a préféré la conduite. On n'en doute pas et on pourra constater qu'il conduit parfaitement et calmement: vigilance, manoeuvres toujours sûres et respect des autres usagers de la route, de quelque type que ce soit (petit chariots, piétons, zébus, véhicules à l'arrêt).

Nous avons environ 80 km à parcourir pour atteindre Sahambavy, le terme de notre étape journalière. Nous poursuivons notre traversée du pays Betsileo. Nationale 7 toujours en mauvais état, troupeaux de zébus (un mois de sursis avant l'arrivée aux abattoirs de Tana), chariots petits mais pourtant encombrants, cultures en terrasses, feux de brousse, collines dénudées, fours à briques et un nouveau camion dans le fossé.

La RN7 au sud d'Ambohimahasoa


Nous dépassons un étrange cortège, une troupe joyeuse et endimanchée avec quelques personnes pourtant sur les épaules en civière recouverte d'un linceul. S'agit-il de festivités pour une première inhumation ou pour un rituel ultérieur de retournement des morts
(famadihana?
Dans les pages consacrées à la route du sud-ouest (Isalo) et à l'ouest (Morondava), je reviendrai de façon plus détaillée sur cette étrange et macabre coutume.

Nous quittons la Nationale 7 en direction de l'est, par une petite route qui a un moment nous fait passer au-dessus de la ligne de chemin de fer reliant Fianarantsao à Manakara. Trajet que nous aurions dû effectuer le lendemain avec le train pittoresque s'il n'était pas tombé en panne... Justement, un sifflet de train ! Étrange ! A ce moment précis, nous longeons la voie sur notre droite et l'on voit venir soudain le fameux train qui n'est pas en panne mais quelque peu cassé avec sa locomotive toute de guingois, probablement à la suite d'un déraillement survenu il y a 11 jours, le 10 septembre. Avec seulement deux wagons au lieu des quatre habituels, à petite vitesse, le train regagne Fianarantsao et ne sera sans doute pas remis en service avant longtemps... La seconde motrice, hors d'usage depuis déjà longtemps, aura-t-elle encore assez de pièces de rechange à fournir à sa collègue ?

A l'approche du village de Sahambavy (avec sa petite gare et un hôtel au bord d'un joli lac ), la route devient carrément mauvaise. De son ancien revêtement ne subsistent que quelques plaques.


Haut de page SAHAMBAVY [sahambav]

 

Il est 15 heures lorsque nous arrivons à Sahambavy ("le champ des femmes"), village de 17000 habitants.

 


La Manufacture de thé TAF (SIDEXAM)

 

Ici la production du thé ne remonte pas très loin, une quarantaine d'années. Les premières boutures venant du Kenya furent plantées en 1969-70 à l'initiative de l'Institut Français du Café et du Cacao pour être testées dans un environnement a priori favorable (altitude de 1250 m et climat humide). Cela abouti en 1978 à la construction d'une première usine gérée alors par l’Etat. En 1996 les plantations furent privatisées au profit d’une société anonyme, la SIDEXAM (Société d'Investissement et D'EXploitation Agricoles de Madagascar), actuellement sous contrôle mauricien. Le domaine compte près de 335 hectares (ou 385 ?) de plantations dont 94 hectares sont gérés par les paysans eux-mêmes. Comme la transformation du thé nécessite beaucoup d'énergie pour son séchage qui doit être rapide, la Sidexam a planté une forêt d’eucalyptus de 522 hectares pour la production de bois de chauffe.
La saison de la récolte se situe entre les mois de septembre et mars. La production journalière est en moyenne de 20 tonnes de feuilles humides, toutes ramassées à la main, par environ 250 personnes, soit 80 kg par cueilleuse car il s'agit évidemment de femmes ! A partir de 5 kg de feuilles vertes on obtient 1 kg de thé séché. La production annuelle de thé est d'environ 500 tonnes, principalement du thé noir. En dehors de la vente directe, une part de la production est expédiée vers Tana où elle est conditionnée en dosettes sous la marque TAF mais l'essentiel, 80% de la production, est exporté (notamment vers la Bourse de Mombasa au Kenya).


La visite de la manufacture n'est pas passionnante. Après 15 heures, il n'y a plus grande activité à voir. La plupart des machines (notamment les rouleuses) sont arrêtées. Un coup d'oeil sur le banc de séchage qui sert à ramener à 30% le taux d’humidité des feuilles avant de les réduire en poudre et passage express dans le local d'ensachage.
L'employée peu motivée qui nous guide n'a qu'une hâte, celle de nous conduire dans le magasin de vente.


Dans les plantations de théiers

Plus agréablement, puisque nous sommes tout près de notre hôtel qui est au bord du lac, nous profitons d'un peu de temps libre pour grimper sur la colline voisine au milieu des plantations de théiers et nous y balader très tranquillement pendant une heure sur les chemins d'exploitation de la plantation. Magnifique spectacle que toutes ces collines couvertes de théiers qui descendent vers la vallée et le lac. Mais le paysage est étrange car des parcelles entières sont toutes grises, comme mortes. En y regardant de plus près, on se rend compte qu'en réalité les théiers de ces parcelles ont été sérieusement rabattus afin que repoussent de jeunes branches dès la prochaine saison des pluies.
Bientôt nous apercevons un groupe de cinq jeunes (on le devine à leur tenue vestimentaire) qui gravissent la colline
en courant. Où diable s'en vont-ils donc ? Nous aurons bientôt la réponse. Ils nous rejoignent. Ce sont des lycéens, encore en vacances, et nous commençons à parler de tout et de rien. De nous et surtout d'eux, de leurs études et de leurs projets d'avenir. D'après leurs dires, ils sont bons élèves et ne manquent pas d'ambition visant des métiers de médecin, avocat... Justement, pour les aider à financer leurs études, voila qu'ils sortent de leur sacoche, des cartes ornées de découpages qu'ils nous proposent car leurs professeurs les dissuadent de mendier ! OK ! mais un petit conseil si vous faites ce type de rencontre, répartissez de manière égalitaire vos achats sinon vous verrez la bonne humeur générale se dissiper ("Et moi ? Et moi ?")...
 
La joyeuse bande de Radoniaina Angelo Rakotoarisoa

Après notre bonne action auprès de Radoniaina Angelo Rakotoarisoa et de sa joyeuse bande de copains repartis aussi vite qu'ils étaient venus, nous nous asseyons pendant que le soleil baisse à l'horizon, face à nous.




 

La RN7 au sud d'Ambohimahasoa


 

Soirée à l'hôtel du Lac

Il est pratiquement 17 heures lorsque nous arrivons à l'Hôtel du Lac.
Un petit saut en voiture pour aller à l'annexe à 5 minutes de là. L'hôtel est superbe et son annexe n'est pas mal non plus avec ses bungalows dans un petit parc, tout à côté de la ligne de chemin de fer que nous aurions dû emprunter le lendemain pour "descendre" vers Manakara.

A 19 heures, retour à l'hôtel pour dîner.
Cadre agréable et personnel stylé. Nos choix se portent sur trois plats différents mais au même tarif (26000 MGA): salade variée (tomate, chou-fleur, grains de maïs, oignon, carotte râpée, haricots verts...) avec une friture de petit poissons, ) accompagnée de pommes de terre sautées, feuilles cuites, petites tomates, croquette de purée... et enfin un gros steak de zébu avec le même accompagnement que le plat précédent. Ajoutons y une bouteille de vin (rouge à 11°) "Grand cru d'Antsirabe" pour 9000 MGA (un peu plus de 3 Euros). Il vient du Domaine de Saofierenana et est élevé par le négociant d'origine chinoise Chan Fao Tong.

Nuit calme. Aucun passage de train sur la voie ferrée toute proche... Et pour cause !

 


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