PETRAPETRA


PETRA***, la Perle Rose

Siq et Khaznezh
(1),
ville basse (2)
Ed-Deir (3)
el-Beidha (4)


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NABATÈNE ET NABATÉENS


Les origines des Nabatéens (ou Al-Anbaat)
restent obscures. Les archéologues sont partagés.
Les Nabatéens sont-ils des Araméens venus de Babylone (c'est le nom que les Hébreux donnaient aux Araméens), des descendants de l'une des 12 tribus d'Israël ou ceux d'une tribu arabe passée sous influence araméenne?

Ce peuple commerçant d'origine nomade se sédentarisa dans des oasis entre Euphrate et Canaan et entre Syrie et Arabie. Les frontières de cet ensemble n'étaient pas précisément définies. Après une période de piraterie et de brigandage, ce peuple sut tirer profit du commerce caravanier entre Méditerranée, Arabie et Proche-orient où l'on échangeait myrrhe, encens, santal, ivoire, épices diverses et aromates.
Leur capitale était la cité troglodytique de Pétra, installée dans un cirque naturel entouré de montagnes, en plein désert, et accessible par un seul chemin. Elle est située aujourd'hui en territoire jordanien. Leur commerce se déroulait principalement entre les oasis, où ils pratiquaient l'agriculture de manière intensive. Ces oasis étaient reliées par des routes commerçantes.

Avec la captivité des Hébreux à Babylone (à partir de 586 av. J.-C.), débuta en Judée une époque de désorganisation.
Les Édomites s'emparèrent du sud de la Judée tandis que les Nabatéens en auraient profité pour occuper sans heurts leur territoire délaissé, se plaçant plus au centre de leur réseau tout en se rapprochant ainsi des ports de Méditerranée et des routes de la soie et des épices. Ce peuple d'origine nomade se fixa donc à partir du VIe s. av. J-C.
C'est en effet à cette époque que remontent les inscriptions nabatéennes retrouvées sur le territoire édomite.

Peuple de commerçants, les Nabatéens ont subi très tôt des influences culturelles étrangères cependant l'araméen continua à être la langue utilisée sur leurs pièces de monnaie et dans les inscriptions qu'ils ont laissées lors de l'établissement de leur royaume. Sur le plan architectural, les Nabatéens ont créé un style propre, héritier de divers styles: mésopotamien  (créneaux avec merlons à gradins), grec et romain.

Après la période de domination hellénistique et l'effondrement de l'empire d'Alexandre le Grand, les Nabatéens surent profiter de l'affaiblissement de ses successeurs, les Séleucides, pour étendre leur territoire vers le nord sur les terres fertiles à l'est de la Jordanie au IIe s. av. J-C. Dans cette lutte, les Nabatéens s'allièrent aux Hasmonéens (ou Asmonéens, royaume juif issu de la révolte des Juifs contre les Séleucides) dans leur lutte contre les Séleucides mais ils devinrent rapidement ensuite les rivaux des dynasties judéennes.

Beaucoup de Nabatéens furent convertis de force au judaïsme par le roi hasmonéen et grand prêtre de Jérusalem Alexandre Jannée lorsqu'il envahit Moab mais le roi nabatéen Obodas Ier lui tendit un piège près de Gaualne et détruisit l'armée israélite en 93 av. J.-C.

Ces frictions avec les Juifs sont une des causes principales des désordres qui conduisent à l'intervention de Pompée en Judée. Les Romains ayant par ailleurs établi des itinéraires commerçants contournant la Nabatène.
L'intervention romaine obtint des résultats mitigés et le roi Arétas III put garder, en tant que vassal des Romains, la plus grande partie de son territoire, y compris Damas.

Sous Malichos II, en -32, Hérode Ier le Grand, roi de Jérusalem déclara la guerre aux Nabatéens avec l'appui de la reine d'Egypte, Cléopâtre.
Sous le grand empereur romain Trajan (règne de 98 à 117), l'influence de Pétra se réduisit et les Nabatéens perdirent leur indépendance lors de la réduction de leur royaume en province romaine d'Arabie.

À partir du IIIe siècle, les Nabatéens arrêtèrent d'écrire en araméen et utilisèrent le grec à la place. Finalement, à partir du IVe siècle, les Nabatéens se convertirent au Christianisme tandis que l'influence arabe (et non musulmane, l'Islam n'apparut que 3 siècle plus tard!) se manifestait au niveau linguistique, le nabatéen glissant de l'araméen à l'arabe. Echanges croisés car l'alphabet arabe lui-même a puisé ses origines dans les variantes cursives du nabatéen du Ve siècle.

 

Après une bonne nuit, pas besoin de prendre le bus pour se rendre sur le site de Petra. Nous y sommes à 8 heures et pourrions être parmi les tous premiers groupes mais Iyad n'est pas pressé et l'on perd du temps dans les boutiques à l'entrée. Nous n'entrons qu'à 8h30 alors que d'autres groupes TOP sont entrés sur le site une heure plus tôt (comme nous le serons à l'aéroport d'Aqaba, lors du vol de retour).

Présentation générale du site de PETRA***

Autrefois, la ville s'appelait Raqmu ce qui signifie "la bariolée" en raison de la grande variété de nuances des grès et calcaires qui forment son relief. Couleurs chaudes du jaune au rouge, couleurs plus neutres voire froides: blanc, violet, noir...
Ce sont des matériaux que la nature a pu facilement entailler tout comme l'homme l'a également fait largement. La médaille a son revers. Le grès qui n'est que du sable aggloméré est un matériau fragile face à l'érosion par l'eau et par le vent ainsi que face aux tremblements de terre (entre le IVe et le VIIIe s.). A cela s'ajoute la présence d'une nappe phréatique d'eau salée qui remonte par capillarité et accentue les autres dommages.


Sites jordaniens classés par l'UNESCO

Outre le site de PETRA (classe en 1985), la Jordanie compte deux autres sites classés:

  • Qasr Amrra (1985), un château du désert
  • UImm ar-Rasas (2004), Kastrom Mefa'a au sud de Madaba

Deux demandes de classement portant sur le site de Jérash (en 2004) et sur le Wadi Rum (en 2006) ont également été déposées. A quoi s'ajouteraient une bonne douzaine d'autres projets de classement!

ET LES 7 NOUVELLES MERVEILLES DU MONDE...

Le 7 juillet 2007, The New7Wonders Foundation a officiellement dévoilé la liste des 7 nouvelles Merveilles du Monde, désignées à la suite d'un vote massif sur Internet parmi une liste de 21 propositions (en rouge, les sites non encore visités à ce jour)..

  • La grande Muraille de Chine
  • La cité de Petra en Jordanie
  • La statue du Christ Rédempteur au Brésil
  • Les ruines du Machu Picchu au Pérou
  • La cité maya Chichén Itzá au Mexique
  • Le Colisée de Rome
  • La Taj Mahal en Inde.

En ROUGE: sites non encore visités...

La ville déclina à partir de la période byzantine et le site devint un village de tribu. Ce n'est qu'au XIXe s. que les explorateurs européens le redécouvrirent, notamment par un historien suisse en 1812. Ce site merveilleux tant par son cadre naturel que par son contenu archéologique a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO dès 1985 . C'est aussi un site élu au titre de Deuxième Nouvelle Merveille du Monde au classement (controversé) effectué en 2007.

Le site complètement pillé au cours des siècles (recherche des bijoux dans les tombes) ne s'est vraiment ouvert au tourisme que depuis le milieu des années 1990, après le déménagement (entrepris à partir de 1984) des quelque 150 familles de la tribu Abdul (ou Bdul) qui vivaient dans le site (les tombeaux servant aussi d'étables). Aujourd'hui, les 3000 personnes évacuées du site habitent le village moderne d'Umm Seyhun construit sur une colline au nord du site, village visible de la ville basse et pas très bien intégré au paysage...

Pour visiter complètement ses 80 km² et ses 800 monuments (dont plus de 600 tombeaux à façade), il faudrait 3 ou 4 jours. Le site reçoit jusqu'à 4000 à 5000 visiteurs par jour ce qui le fragilise encore plus.

Passé le guichet, pour se rendre sur le site, il est possible d'aller à cheval jusqu'à l'entrée du Siq. Ce qui coûte 8€ AR (avec la difficulté de s'imposer un horaire de retour assez précis) et peut comporter quelques risques de chute (TO et guides le déconseillent bien que ce soit souvent inclus dans le prix du circuit). Autre possibilité, utiliser une calèche (plus exactement une carriole, une sorte de petit char sur pneumatiques) tirée par un petit cheval qui assure au trot toute la traversée du Siq avec deux passagers (et le cocher) pour un peu plus de 20€ AR...

Le meilleur moyen d'approcher le site pour en jouir pleinement reste incontestablement la marche à pied. Au bout de 500 m., on arrive en vue de trois gros cubes de pierre claire sur la droite. Ces monolithes des Djinns sont des tombeaux-citernes.
Un peu plus loin, sur la gauche, la falaise est creusée d'un empilement de deux tombeaux: à la base le Triclinium corinthien que surmonte le Tombeau aux Obélisques. Le triclinium était une salle de banquet, funéraire en l'occurrence, comportant trois banquettes taillées dans la pierre. Influences égyptiennes et hellénistiques dans l'architecture et la décoration (statuaire)... En face, on peut encore voire les traces d'une inscription en grec.

Le SIQ

Au bout d'une vingtaine de minutes et un kilomètre, nous arrivons à l'entrée proprement dite du défilé, Bab el-Siq. Il ne reste de la porte que des vestiges de l'arche dont ne subsistent que les berceaux et deux "gardiens" en costume d'époque...

PETRA: le Siq

Le défilé se présente comme une entaille longue de 1,2 km, profonde de plus 100 m. à certains endroits et dont la largeur varie de 3 à 11 m. seulement. Elle est en déclivité et correspond à l'ancien cours du Wadi Musa, la rivière qui a été domestiquée, retenue par un barrage et dont l'eau était captée au profit du site, à l'aide de deux aqueducs aménagés dans les parois des falaises bordant le défilé. Sur un côté, il s'agit d'un petit canal ouvert tandis que sur l'autre, subsistent des vestiges d'une canalisation en brique. Ces aqueducs avec une pente de 4% étaient alimentés à partir de la source de Wadi Musa distante de 7 kilomètres, l'une des huit sources qui alimentaient la capitale des Nabatéens.
Lors de très violentes précipitations, la maîtrise des crues de l'oued (Wadi Musa) n'est pas parfaite ainsi 23 touristes français périrent noyés le 9 avril 1963.

Extraordinaires jeux d'ombres et de lumières, éventail de couleurs du jaune au violet, en passant par les rouges (présence d'oxyde de fer) et de formes. L'érosion à la fois chimique et mécanique à creusé des alvéoles dans la roche selon le même principe que les célèbres taffonis corses (avec une couleur rappelant les taffonis des calanches de Piana sauf qu'en Corse c'est le granit qui subit ce genre d'érosion). Ce type d'érosion se manifeste en présence d’humidité et de sels. Ces cavités ont alors un microclimat humide qui favorise leur croissance.
Une partie du parcours s'effectue sur un sol régulier, cimenté tandis que d'autres portions sont encore faite du grossier pavage antique et l'on se plait alors d'être piéton plutôt que d'être transporté dans une calèche brinquebalante.

A mi parcours du défilé, dans un endroit où il s'élargit, un bloc a été travaillé en forme de niche à deux bétyles (stèles de Dushara, le dieu suprême, et de la déesse Al Uzza) dédiés aux grandes divinités sémitiques.
Peu après sur la gauche, on voit un ensemble de niches puis un relief assez dégradé, en grandeur nature, représentant deux dromadaires tenus par un chamelier dont on ne distingue plus que la partie inférieure du corps sous le drapé d'une tunique.
Soudain une lueur apparaît au fond du défilé et les formes d'une architecture harmonieuse semblent même s'y dessiner.
Nous avons effectué le parcours en une heure et quart.

 

Le KHAZNEH ("le trésor" en arabe)

Puis c'est la révélation du KHAZNEH, qui mérite son surnom de "trésor". Au fil du temps et des civilisations qui ont découvert le lieu, la notion de trésor a pu varier. Pour les premiers constructeurs ce tombeau était l'écrin destiné à recevoir des dépouilles royales. Les tribus bédouines au XIXe s. crurent que l'urne factice ornant le fronton de l'édifice recelait un vrai trésor et de ce fait ils la mitraillèrent littéralement et vainement...
Ce décor de rêve à été utilisé dans les productions hollywoodiennes comme dans la fin du film "Indiana Jones et la Dernière Croisade" (réalisé par Steven Spielberg en 1989, avec Harrison Ford dans le rôle principal).

PETRA: le Khazneh (trésor)

 

L'édifice est imposant avec ses 40 m. de haut pour 28 m. de large. Sa façade découpée à même la falaise est orientée au nord-est.
La datation de l'édifice est l'objet de débats entre les spécialistes. Certains le font remonter au Ier s. av. J-C et d'autres au IIe s. de notre ère, c'est-à-dire après l'annexion romaine survenue en l'an 106. L'architecture et la statuaire s'inspirent de modèles hellénistiques et égyptiens. On parle de tombeau-temple et même d'architecture "baroque arabe" car visant plus l'esthétique que le fonctionnel.

Ces tombeaux en hypogées et à la façade en forme de temple ne sont pas sans rappeler ceux qui furent réalisés vers le IVe siècle av. J-C dans les colonies grecques de la côte égéenne, aujourd'hui en Turquie: Kaunos,
Teimiussa (Üçagyz) ou Simena (Kalekoy).
Quant aux monolithes des Djinns vus à l'entrée du site, ces tombeaux-citernes, sont  d’un genre un peu différent de celles que l’on peut observer à Palmyre et ressemblent plutôt à ceux de la péninsule arabique où sont érigés vers le IVe siècle avant notre ère, des monolithes  pleins, sortes de mausolées, signalant et accompagnant une sépulture dans une fosse voisine.

La construction partiellement restaurée (notamment les colonnes recouvertes d'un enduit qui laisse transparaître les blocs qui ont servi à les consolider) occupe deux niveaux. Au rez-de-chaussée, le vestibule précédé de 6 colonnes donne accès à une salle vide actuellement. A l'étage le fronton est curieusement interrompu par un tholos, petit édifice commémoratif de forme circulaire portant la fameuse urne. Les niches étaient pourvues de statues dansantes et ailées, très dégradées y compris du fait de l'homme (iconoclastes byzantins puis musulmans).
Il faut souligner que la technique utilisée pour découper et sculpter les façades des tombeaux est tout à fait originale: on ne pouvait pas se servir d'échafaudages édifiés au pied du talus de la falaise et qui auraient donc été trop éloignés de la partie supérieure du monument. On a procédé tout à l'inverse, à partir du haut, en dégageant une terrasse qui s'élargit au fur et à mesure que la façade est réalisée... Cette maîtrise technique et artistique surprend venant d'un peuple de tradition nomade...

Au pied de la façade, à l'occasion de fouilles menées en 2003, ont été découverts des tombeaux plus anciens.


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Vers la ville basse

En descendant vers les vestiges de la ville basse, la vallée s'élargit et les falaises sont creusées d'une multitude de tombeaux et de grottes, le plus souvent étagés. Des façades non fonctionnelles (fausse porte ou tombeaux inachevé) ont même été sculptées en certains endroits.
La ville se trouve ainsi au coeur de l'immense nécropole et les familles riches faisaient en sorte que le tombeau familial soit visible de loin comme symbole de leur puissance. Les blocs de grès qui ont servi à édifier la cité étaient tout simplement extraits lors de la réalisation des tombeaux, tant pour dégager les façades que pour excaver les chambres funéraires.

PETRA: tombeaux de la ville basse
PETRA: ltombeaux d ela ville basse

Nous arrivons au niveau du théâtre datant du tout début de l'ère chrétienne et endommagé par les tremblements de terre. Il est taillé à même le versant nord de la vallée dans un grès rouge sombre et son agrandissement par les Romains  a éventré certains tombeaux. Ses 33 rangées de gradins accueillaient 3000 spectateurs (ou 7000?).

En face, sur l'autre versant, se dressent les façades de 4 grands tombeaux.
Nous grimpons au premier, le tombeau à l'Urne. Avec ses 26
m. de haut et ses deux étages surmontés d'un fronton à urne, il est monumental. Son aspect a été quelque peu modifié à l'époque byzantine (Ve s.) où il fut utilisé comme église d'où son appellation de cathédrale. La salle comporte trois niches d'époque byzantine formant chevet. Le plafond chamoisé est une oeuvre d'art de la nature...
Plus au nord, trois autres grands tombeaux sont creusés dans la falaise (tombeau corinthien, tombeau à 5 étages et tombeau de Sextus Florentinus, difficile à apercevoir de la ville basse). Nous n'avons pas le temps de les visiter dans ce programme sur une seule journée.
Le soleil au zénith les éclaire d'une lumière crue.

Nous redescendons et nous dirigeons vers la partie de style "romain" du site. Vestiges des nymphées (fontaines), voie centrale pavée à portiques, "Cardo Maximus". Il reste peu de choses de l'arc de triomphe, des thermes et des temples qui se dressaient sur les pentes de part et d'autre. Grâce à l'eau des sources et aux réservoirs, l'eau captée alimentait même une piscine et des jardins d'ornement.
Nous arrivons à ce qui reste de la porte monumentale (restaurée) à trois arches qui débouche sur une autre voie ou plutôt une aire sacrée, le téménos que surmontait au nord le Temple des Lions Ailés et au sud le Grand Temple.
Enfin, tout au bout se dresse la masse imposante du temple dédié à la principale divinité nabatéenne, le dieu Dushara. La rude silhouette de l'édifice lui a valu le surnom de Qasr el-Bint, "le château de la jeune fille".C'est le seul édifice maçonné et non pas taillé directement dans la roche. On se contente de la vue extérieure. Pour avoir le temps d'effectuer la montée à ed-Deir, il est grand temps de déjeuner. Des travaux de restauration s'y poursuivent.

Evidemment, le lieu ne se prête pas à la gastronomie. Le Anbat Restaurant, moitié sous la roche, moitié sous tente, nous sert un repas frugal. Cela présente l'avantage que trois quarts d'heure après nous sommes libres de partir à la découverte du site caché dans la montagne. Il est 13h20. Nous n'aurons pas froid pour notre grimpette.


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Ed-Deir ("le monastère")

Une heure est nécessaire pour gravir le sentier menant au site de ed-Deir: chemin de sable, chemin de pierrailles et aussi 800 marches plus ou moins régulières... De plus, quelques travaux sont en cours et il faut laisser la place aux ânes et mulets chargés de dalles hors gabarit.
La vue devient vite remarquable sur les tombeaux de la ville basse au pied du jebal Um al-Amr et sur la gorge vertigineuse que longe le sentier.
Sur la gauche, petit détour en direction du Biclinium aux Lions (à deux banquettes).

C'est après une légère descente que l'on trouve la façade de ed-Deir découpée dans une falaise orientée au sud-ouest. Le monument est énorme: 45 m. de large pour 42 m. de haut. Le dessin général rappelle le Khazneh toutefois sans le décor. Il se présente sur deux niveaux, surmontés d'un fronton interrompu par un tholos et d'une énorme urne de 9m de haut . Une salle presque cubique est aménagée avec des banquettes latérales.

PETRA: les grands tombeaux PETRA: ed-Deir (le monastère)
PETRA: ed-Deir (le monastère)

Ce monument est curieusement surnommé "le Monastère". Ici, il ne s'agirait pas de tombeau mais d'un lieu de culte où se réunissaient des confréries religieuses, lieu consacré à un roi nabatéen divinisé, Obodas Ier après sa victoire en 85 av. J-C sur le séleucide Antiochos XII (tué au combat).
Bien plus tard, à partir de l'an 350, tout comme le Tombeau à l'Urne de la vallée, le Deir servira d'église byzantine et de monastère chrétien.

Au prix de quelques efforts, nos pas nous conduisent au sommet du Haut-Lieu ainsi qu'au Lieu du Sacrifice (debel el-Madhbah) d'où l'on a des vues sur les montagnes qui culminent aux environs de 1600m et sont profondément entaillées par des gorges sauvages tandis qu'il faut deviner le Wadi Araba et le Néguev perdus dans la brume. Du sol sableux apparaissent quelques oignons blancs et les feuilles de fleurs dont je ne puis rien dire. Pas encore fleuries, ces plantes ressemblent à des tulipes...

PETRA: vue sur le Wadi Araba

 

Mais trêve de considérations botaniques, il faut penser à redescendre car il est bientôt 15h et il faut compter deux heures pour regagner l'entrée du site de Petra... sans s'arrêter!
La redescente est l'occasion d'admirer d'en haut les tombeaux de la ville basse maintenant mis en valeur par la lumière du soleil couchant.
Après une descente rapide, nous décidons de remonter sur la pente nord de la ville basse afin de visiter les vestiges de l'église byzantine (IVe-VIe s.). Les vestiges n'ont été découverts qu'en 1990. Les bases de murs et de colonnes subsistent et surtout les mosaïques recouvrant le sol. Représentations assez profanes, voire païennes (mythologie antique): femmes représentant les Quatre Saisons (l'une au sein nu!) , des animaux... Des tesselles non seulement de pierre mais aussi de verre coloré ont été employées pour leur réalisation.


Nous quittons les lieux à 16h45.
Retour à la ville basse, derniers regards aux tombeaux et surtout au Khazneh puis c'est le retour par le défilé du Siq déjà complètement plongé dans le noir. Les derniers cavaliers et chameliers retournent vers la ville basse d'où ils vont regagner leur village voisin. C'est aussi l'occasion de croiser des calèches dont les cochers se livrent une course stupide car nos collègues ont l'occasion d'assister à une accident, spectaculaire mais heureusement sans gravité: la roue d'une calèche ayant mordu sur un gros rocher, tout l'attelage s'est retrouvé sur le flanc, cheval compris... Heureusement, à cette heure-ci, elles ne transportaient plus de passagers.

Finalement, nous ne sortons du site de Pétra qu'à 17h30, dans l'obscurité. Il nous aurait fallu une seconde journée pour une visite plus complète et pour grimper vers quelques autres
points de vue dominant le site.

Au moins une autre journée eut été nécessaire pour visiter plus tranquillement et pour se rendre sur quelques hauts lieux comme le jebel Um am-Amr avec le tombeau tardif de Sextus Florentinus (gouverneur romain de la province d'Arabie vers l'an 130 de notre ère chrétienne) ou au haut lieu el-Madhbah avc le tombeau Renaissance (nommé ainsi en raison d'une architecture originale sur ce site avec sa porte surmontée d'un arc en plein cintre du IIe s.), ou encore pour s'enfoncer dans la gorge d'Aïn es-Siyagh...


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el-Beidha, "la blanche" en arabe, surnommée aussi "la Petite Pétra".

Départ tardif pour une fois, à 8h45. Nous effectuons un court trajet pour nous rendre à moins de 10km au nord du site de Pétra, à el-Beidha.
Ici ont été retrouvées les traces de l'une des plus anciennes et plus importantes implantations humaines de Palestine au Néolithique vers 10 000 à 8 000 et jusqu'à 6 500 av. J-C. Nous ne visiterons pas ce site archéologique.

C'est à juste titre que le site est surnommé "Petite Pétra". Les Nabatéens ont occupé ce site, vers le IXe s. av. J-C, avant le site de Pétra. Le site a servi de caravansérail.
On y accède aussi par un défilé, moins profond, moins long (400m) et plus large, Siq el-Barid.
Les couleurs de la roche sont plus claires que les couches inférieures apparentes dans la vallée de Pétra. De couleur jaune ou miel, elles ont donné naissance au nom des lieux "la blanche" (el-Beidha).
L'arrivée au site est constituée par un plateau cultivé même si cela se voit peu en cette saison sèche. En observant mieux les choses, on voit que des travaux aratoires ont été effectués en attendant l'arrivée des pluies. Une tente bédouine est dressée près de l'entrée du site tandis qu'un Bédouin réalise les fameuses bouteilles de sable coloré avec motifs de caravanes de dromadaires...

Les quelques 500 Bédouins qui résidaient dans le site ont été évacués en 2004.
Ici également on retrouve tombeaux et tricliniums (salles de banquets funéraires avec banquettes taillées dans la roche). Des citernes sont également creusées sous la falaise.
L'une de ces salles, accès un peu périlleux en raison de marches très usées, permet de découvrir des restes de fresques: murs en trompe l'oeil de maçonnerie appareillée, plafond décoré de pampres de vigne, d'oiseaux et d'un chérubin, petit joueur de flûte.
En revenant vers le village de Wadi Musa, vers le sud, on a de superbes vues plongeantes sur le site de Pétra, en particulier sur la ville basse.

Le milieu de matinée est occupé d'une façon étrange, à la manière des Tours Operators. A 10h30, on nous fait déjeuner à Pétra au Al Qantarah alors que nous avons pris le petit-déjeuner tardivement, à 8h.
Iyad déplore une telle organisation qu'il a vainement tenté de modifier en appelant plusieurs fois sa direction. Il aurait préféré nous faire déjeuner dans un campement bédouin du Wadi Rum. Autre solution qui nous aurait parfaitement convenu: un panier pique-nique...
A croire que les organisateurs n'ont jamais effectué le circuit et n'ont même pas regardé une carte. D'autant plus surprenant que le descriptif reçu avant le départ mentionne l'excursion du Wadi Rum dès le matin, au départ de Pétra, suivi de ce fameux déjeuner de retour à Pétra, pour de nouveau repartir plein sud vers Aqaba. On peut penser qu'il y a quelque part un problème de copier/coller ...
Cependant joli cadre pour ce restaurant et bonne table (moussaka, plat traditionnel du Moyen-Orient à base d'aubergines, d'oignons, de viande hachée de mouton et d'aromates, servi froid)...



Nous partons en direction du Wadi Rum à une centaine de kilomètes au sud de Pétra.



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JORDANIE - Palestine