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Après avoir quitté Pétra, au bout d'une heure de route, nous arrêtons sur un plateau aride dominant le Wadi Arab, près d'une résidence royale et d'un cimetière musulman.
WADI RUM* (ou Wadi Ram) surnommé souvent "vallée de la Lune"
Une
autre heure de route, et nous arrivons dans le Wadi Rum vers 13h en traversant
une plaine sableuse sur un vingtaine de kilomètres.
Quelques villages. Des massifs rocheux de grès rouge (comme à Pétra)
émergent d'un désert ocre et rouge. Traversée de la voie
ferrée étroite et unique permettant de rejoindre Istanbul (!) et
La Mecque, en passant par Damas et évitant Aqaba à l'origine. Cette
ligne du Hedjaz remonte à la fin de l'empire ottoman destinée
à remplacer les caravanes fut inaugurée en 1908.
C'est le TPV
(Train à Petite Vitesse) selon IYAD car ce tortillard chemine à
30km/h (sauf sur la partie entre Damas et Amman où il double sa vitesse!).
Ce n'est plus maintenant qu'un transport de marchandises.
Le classement
du site du Wadi Rum est demandé
à l'UNESCO depuis 2006. Le désert s'étend sur 70km du nord
au sud. La partie au sud de Diseh est protégée. Iyad nous indique
qu'il n'y a plus que 4000 à 5000 Bédouins nomades en Jordanie.
C'est
un abus de langage de dire que Wadi Rum signifie "vallée de la
lune" certes le paysage y a un aspect lunaire mais en arabe WADI
désigne la "vallée" et en araméen
(l'ancienne langue de Palestine) RUM signifie "grande montagne".
En effet, une vallée désertique se dirige vers le sud, avec pour
horizon les plus hauts sommets de Jordanie notamment l'Umm Adaami (culminant à
1875 m) au-dessus du golfe d'Aqaba et de l'Arabie Saoudite. C'est le plus grand
et le plus majestueux des déserts jordaniens. Situé dans une zone
géologique semblable à celle des parois rocheuses de Petra, le Wadi
Rum est une large vallée posée sur un socle de granit, bordée
de falaises et de massifs de grés rouge dont l'origine remonte à
300 millions d'années.
Très
habilement, Iyad réussit à nous faire prendre une option. Au lieu
de deux heures dans le désert figurant dans notre programme, nous en aurions
trois (dont seulement une bonne moitié en roulant sur une trentaine de
kilomètres ?) moyennant un supplément de 15 dinars jordaniens (JOD),
soit à peu près le même montant en €uros.
C'est
du Visitors' Center que partent nos 4x4 (vieux Toyota ou Mitsubishi hors
d'âge, en général) à 14h. Trois passagers peuvent trouver
place dans la cabine et quatre à l'arrière, dans la benne découverte
du pick-up. Pour ceux-ci, penser au sable, au vent et à la fraîcheur
au crépuscule...
Sur le nôtre, hormis l'essentiel c'est-à-dire
le moteur, rien ne fonctionne plus vraiment. Sièges défoncés,
compteur de vitesse bloqué, lève-vitre hors d'usage...
Pour notre point de départ, nous avons face à nous le magnifique massif surnommé "les 7 piliers de la sagesse" du nom du livre écrit par le colonel T. E. Lawrence, connaisseur (études à Damas) et héros de cette contrée où notamment il rassembla ses troupes des tribus bédouines pour attaquer Aqaba en 1917. Le fameux film de David Lean sur "Lawrence d'Arabie" a d'ailleurs pour une grande part été tourné ici en 1962 (d'autres scènes ont eu un décor marocain avec la kasba de Tiffoultoute et le ksar d'Aït Ben Haddou, dans la région de Ouarzazate). Peter O'Toole tenait le rôle principal et Omar Sharif celui du Sherif Ali.
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Au bout d'un petit moment, en considérant l'heure et la direction du soleil, je réalise que notre convoi se dirige (vers la région du djebel Abu Nadlah?) à l'opposé de la zone protégée où se trouvent les sites les plus célèbres notamment celui des sources près desquelles se trouvent des inscriptions rupestres nabatéennes et proto-arabes (Aïn esh-Shellaleh) et celui de la gorge Aïn Kazali (au sein du Jebel du même nom). Ces sites étaient pourtant explicitement désignés dans le programme reçu avant le départ.
Magouille
entre le guide et les Bédouins? Caprice ou envie de varier les itinéraires
pour notre guide. Je crains que la première hypothèse soit la bonne
car cela permet au guide de passer "à gauche" les droits d'entrée
dans la zone protégée. Ah! ces guides! souvent pas très honnêtes
mais avec la justification de leur maigre salaire...
J'ai la naïveté
de croire, qu'aucun autre voyageur du groupe ne s'est rendu compte de la supercherie
et de nombreux touristes doivent se faire avoir de la même façon
(y compris des "individuels"). Pour se consoler, disons que ce secteur
nord moins célèbre a pour lui l'avantage d'être moins fréquenté
et que l'on a pu voir quelques arches sans s'enfoncer à l'extrémité
méridionale du Wadi (à une quinzaine de kilomètres) où
se trouvent les arches de Umm Fruth et de Burdah et le canyon de Burrah....
Hors
de la zone protégée, nous n'aurons pas l'occasion de croiser les
patrouilles de la police montée
à dos de dromadaire de la "Mobile Desert Force". En fait
nous ne croiserons qu'un confortable 4x4...
Nous
allons vers le nord-est en passant au village de Diseh. Nous longeons la route
et coupons la voie ferrée.
Au bout de 20 minutes, bref arrêt flore
pour voir des coloquintes du désert, fruits sphériques de 8cm de
diamètre, toxiques à ce qu'il paraît.
Quelques minutes
plus tard, nous quittons la zone de sable roux pour une partie parfaitement plane
au sol de couleur gris-jaune fait de vase craquelée. Les multiples empreintes
laissés par les pneus des 4x4 font forcément penser aux fameux Dupont(d)
dans l'album "Tintin au pays de l'or noir" d'Hergé .
Au
bout d'un autre vingtaine de minutes, revenus dans une zone sableuse, nouvel arrêt
d'un quart d'heure devant un décor de tournage de film. Il s'agissait
d'une série télévisée de 1982 "Conrad Killian,
le fou du désert" de Jean-Paul Trébouet avec Mathieu
Carrière dans le rôle de Conrad. Cette série présentait
les aventures d'un géologue ardéchois fou du Sahara.
Certains
conducteurs profitent de la pause pour dégonfler les pneus de leur véhicule
afin de réduire le risque de s'ensabler.
Etranges
empreintes animales laissées sur le sable...
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Après 10 minutes de piste, nouvel arrêt (secteur de Abu al-Hawl?) de quelques minutes pour observer des gravures rupestres (nabatéennes ou bien plus anciennes?) représentant un troupeau de dromadaires.
Au pied de la falaise, on a loisir d'observer les gros bulbes blancs sortant du sol comme on l'a déjà signalé à Pétra (mais leur développement végétatif semble moins avancé).
Nouvelle étape de vingt minutes qui nous conduit dans une zone où l'on peu voir deux arches naturelles ("rock bridges"). Nous allons passer une demi-heure sur ces sites. La première arche est de dimension modeste tandis que la seconde est impressionnante mais elle est moins mise en valeur car l'heure déjà avancée (16h) fait qu'elle se trouve en partie dans l'ombre de la montagne voisine. La hauteur sous voûte doit être de l'ordre de 5-6m tandis que la portée de l'arche doit être d'environ 15-20m. L'accès au sommet de l'arche s'avère un peu acrobatique (côté montagne) mais c'est un petit exercice sympa. Encore de curieuses empreintes animales sur le sable...
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Après
10 minutes de piste, nouvel arrêt bref devant des gravures rupestres
représentant des empreintes de paires de pieds (symbole de l'unité?)
et de personnages munis d'une arme.
Moins d'une demi-heure plus tard, le soleil
flamboyant disparaît à l'horizon, en direction de l'Europe.
Arrêt
d'un quart d'heure dans un "campement bédouin" ou plutôt
une boutique où l'on peut boire du thé avec les hommes tandis que
leur femme s'affèrent à vendre des souvenirs (bijoux, tissus...).
Tout près de là, un magnifique champignon sculpté par le
vent s'offre à des photos sous tous les angles.
Pour les touristes disposant de plus de temps, il faudrait visiter la zone protégée (sud du site) sur une journée voire plus (possibilité de bivouac en camp de Bédouins) afin de voir les sources de Aïn esh-Shellaleh près desquelles se trouvent des inscriptions proto-arabes, la gorge Aïn Kazali, les arches de Umm Fruth et de Burdah et le canyon de Burrah.
17h,
nous retrouvons le bus au bord de la route et regagnons la Desert Highway.
Il
faut une heure pour arriver à Aqaba encore distante d'environ 50km.
Nous descendons au Mina Aqaba Hotel a 18 heures, dans les quartiers ouest de la
ville (en direction d'Eilat, en Israël).
Dans cet hôtel se retrouvent
tous les groupes de notre TO et c'est une pagaille totale pour avoir les clefs
des chambres, pour utiliser les ascenseurs et pour dîner. Après ce
repas a oublier pour faire une petite balade by night qui nous conduit vers la
plage avec vues sur le port et de l'autre côté du golfe, sur la toute
proche ville israélienne d'Eilat, à moins de 4km de là. Nous
rentrons en traversant le souk encore en activité à 22 heures.
AQABA est l'unique port de Jordanie. Cette situation portuaire en fait le point d'exportation de phosphates et des raffineries y sont également implantées.
La
ville située à un carrefour géographique stratégique
à l'entrée de la Mer Rouge fut fondée par le roi Salomon,
c'était un fort et un caravansérail. Au Ier s., ce fut un comptoir
nabatéen sur la Route des Epices avant d'être incorporée à
l'Empire Romain. Elle passa sous l'autorité de Byzance au IVe s. puis
fut conquise par l'Islam en 631, devenant alors une étape pour les pèlerins
se rendant à La Mecque et à Médine. Elle fut pillée
lors des guerres avec les Croisés au XIIe s. En 1917, le colonel Lawrence
et du chef bédouin Awda abu Tayi à la tête de troupes anglo-arabes
en chassèrent les Turcs (alliés de l'Allemagne). Ici, en 2005, un
attentat islamiste à la roquette eut lieu manquant un navire de guerre
américain et la ville israélienne voisine.
Aqaba
bénéficie actuellement du statut de zone franche. La ville est aussi
connue pour ses plages de sable fin (mais à l'eau polluée) et ses
fonds marins aux coraux et poissons multicolores (centres de plongée et
excursions en bateau à fond transparent). Ici, la vie sous-marine et particulièrement
les coraux se développent à la faveur d'un climat tempéré
et de courants chauds.
Dernière matinée en Jordanie.
Nous ne pourrons pas l'utiliser au mieux car même si le départ
de l'hôtel est prévu à 11h30, il faut venir sortir les valises
à 10h, toujours dans une ambiance de pagaille avec les départs des
différents groupes.
Donc impossible
d'envisager une petite sortie en mer afin de voir les coraux et les poissons exotiques
de Mer Rouge avec les "glass boats", les bateaux à fond
transparent (pour que la sortie en vaille la peine, il faudrait disposer de 3
heures). Ce ne sont pourtant pas les bateaux de promenade qui manquent!
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Nous aurons tout juste le temps de faire un petit tour d'une heure de temps au bord de la mer, en passant par le souk qui n'est pas encore animé.
C'est le jour des élections législatives aussi y a-t-il un peu de monde à la plage mais seuls les enfants de baignent et au surplus l'eau est très polluée à ce qu'il paraît. Nous n'aurons pas le spectacle de femmes jordaniennes se baignant totalement vêtues et avec leur voile ni d'occidentales se baignant peu vêtues sous le regard concupiscent d'hommes jordaniens.
Cela
n'empêche pas quelques pêcheurs de sortir quelques beaux poissons.
Sous les paillotes, des femmes jordaniennes se prélassent en fumant le
narguilé (ou shisha, chicha). Paradoxalement, c'est une mère de
famille qui accepte d'être photographiée alors que sa fille le refuse
et se cache le visage avec son voile.
Nous rentrons en longeant des jardins
ouvriers qui se trouvent juste derrière la plage. Il fait déjà
chaud (21°) et l'on s'accorde encore un petit moment de repos dans un parc
proche de l'hôtel et nous avons la surprise de voir un prédicateur
ou un prosélyte musulman venir nous parler et nous remettre une carte nous
invitant à nous documenter sur l'Islam à travers un site Internet...
Notre avion s'envole avec trois quarts
d'heure de retard, à 14h45.
Durée de vol prévue pour
arriver à l'escale de Metz de 5 heures car il y a un vent de face de 100km/h.
Comme aller, il faut contourner Israël, cette fois par le sud, en survolant
le Sinaï et le Caire. Nous sommes un peu secoué car il nous faut traverser
un orage, les avions civils n'ayant pas le droit de modifier leur route dans cette
région.
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La nuit est tombée lorsque nous arrivons au-dessus de la Méditerranée.
Arrivée à Metz à 18h50 sous la pluie. Débarquement
de presque tous les passagers et changement d'équipage.
Nous voici
à Nantes à 21 heures, par 8°, et il pleut...
JORDANIE - Palestine