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Une nuit passée à Amman après notre périple express
en Palestine nous a permis de récupérer. Départ à
8h30 pour un petit tour dans le quartier résidentiel d'Abdoun avant de
prendre la direction du sud, pour la Route des Rois.
310km pour atteindre Pétra.
Première étape à une
trentaine de kilomètres au sud d'Amman.
Cette région présent plusieurs particularités. D'après les récits bibliques, ce fut le terme de l'Exode des Hébreux entre l'Egypte et la Terre Promise au XIIIe s. av. J-C. Ils l'occupèrent jusqu'au IXe s. av. J-C.
A l'époque byzantine, ce fut aussi un important foyer du christianisme avec 14 églises byzantines et aussi comme en témoignent les vestiges des mosaïques de l'époque. C'est la ville chrétienne la plus importante de Jordanie avec 40% de Chrétiens (5% en moyenne dans l'ensemble du pays) surtout orthodoxes. En effet, elle fut recolonisée par des tribus arabes chrétiennes à la fin du XIXe s.
Nous
consacrons une visite à l'église grecque orthodoxe Saint Georges,
édifice moderne mais intégrant les vestiges de la fameuse mosaïque
du VIe s. représentant la carte des lieux saints de Palestine (le
nord est à gauche, Jérusalem et la Mer Morte occupent la position
centrale) découverte en 1896. Quelque 150 lieux y sont
cités mais à l'origine, la mosaïque mesurait environ 16m de
long (montant jusqu'au Lac de Tibériade) et constituée de 2 millions
de tesselles (fragments de pierres de couleur). Les détails y sont amusants,
par exemple on voit les poissons rebrousser chemin à l'entrée du
Jourdain dans la Mer Morte...
Les couleurs sont toujours naturelles cependant
certains sont obtenues par traitement à la chaleur. Ainsi, le travertin
chauffé devient rouge (la trouvaille remonte à l'Antiquité
romaine).
Nous ne visiterons pas l'église des
Saints Apôtres (mosaïque de la Déesse de la Mer).
Avec
une telle richesse archéologique, le gouvernement jordanien a favorisé
l'ouverture en 1992 d'une école de mosaïque unique en son genre
et dans la région. La boutique et l'atelier de présentation du Madaba
Institute for Mosaic Art & Restoration (MIMAR) donnent une bonne idée
de la minutie du travail et aussi, à contrario, de la grossièreté
de productions banales destinées aux touristes. Il y a quelques années
cette école a fait l'objet d'une présentation par Patrice de Carolis
dans le cadre de l'émission "Des Racines & Des Ailes".
On
peut y admirer notamment une reproduction de la mosaïque du baptistère
de l'église du Mont Nébo. L'atelier développe aussi des créations
notamment en se dispensant des mosaïques plus foncées marquant les
contours des objets dessinés. Moins authentiques mais de belle facture,
on peut aussi voir des céramiques mosaïquées, poteries donnant
parfaitement l'illusion d'un revêtement en mosaïque ou des oeufs d'autruches
peints...
Nous
effectuons un court trajet pour nous rendre au Mont Nébo. Cette petite
montagne de 820m (840?) qui domine la Mer Morte (de 1200m!) perdue dans la brume
serait le lieu d'où Moïse vit la Terre Promise vers laquelle il avait
conduit son peuple après 40 années d'errance dans le désert.
Il y serait mort et enterré.
Bien des touristes et pèlerins sans
gêne sont passés par là depuis si l'on en juge aux plastiques
et détritus divers qui jonchent les abords de la route d'accès au
site.
A l'entrée du site, un monument a été érigé pour commémorer la venue du pape Jean-Paul II en l'an 2000, à l'occasion du jubilé.
Un peu plus loin, une stèle est dressée à la mémoire de Moïse.
Nous
n'avons pas le temps de nous attarder dans le hall présentant une exposition
pédagogique sur le site et montrant quelques beaux exemples de mosaïques
en attendant l'ouverture de la nouvelle structure en cours de construction et
destinée à protéger les vestiges de l'ancienne basilique.
Nous gagnons l'esplanade dominant la vallée du Jourdain, noyée dans
la brume de chaleur. En cette saison (contrairement à la fin de l'hiver),
on ne verra donc pas la Mer Morte, les Monts de Judée ou l'oasis de Jéricho
et encore moins Jérusalem. Il faut s'en remettre à la table d'orientation
(Jérusalem à 46km, Jéricho à 27km...).
Une sculpture
moderne se dresse tout près de là. L'oeuvre due à Giovanni
Fantoni représente le serpent de bronze de Moïse s'enroulant autour
de la croix (pour punir les Hébreux révoltés par la longue
errance dans laquelle Moïse les conduisait furent châtier par Dieu
sous la forme de serpents venimeux mais Moïse pouvait guérir les Hébreux
qui étaient mordus en leur présentant le serpent de bronze qu'il
avait fabriqué).
Un
quart d'heure de route, toujours des terrains aménagés pour les
meetings électoraux, et arrêt déjeuner très quelconque
au restaurant Dana.
Pour les touristes disposant
de plus de temps, il faut envisager deux détours au sud de Madaba.
L'un
vers Mukhawir (Machéronte, cité dans l'Evangile). Sur cette
montagne culminant à 700m et constituant un poste avancé des Judéens
face à la Nabatène, Hérode le Grand transforma la forteresse
en palais (comme au sommet des monts de Madaba ou de l'Hérodium en Palestine).
L'Evangile place ici la mise à mort de Jean-Baptiste qu'accorda Hérode
à Salomé, la fille de sa maîtresse (et belle-soeur).
Autre
détour vers UImm
ar-Rasas (appelé aussi Kastrom Mefaa), site classé
par l'UNESCO
en 2004. Superbes mosaïques des
VIe-VIIIe s., provenant des anciennes églises St Etienne et St Serge.
Ruines de civilisations romaines, byzantines et proto-arabes du IIIe s. av.
J-C au IXe s. de notre ère.
Au départ de Madaba, environ 90km nous séparent de Kérak.
A peu près à mi-trajet, au bout de trois quarts d'heure de route,
sur un plateau aride où l'on voit quelques villages gagnés par l'effervescence
électorale (on est pourtant le samedi), on arrive au niveau d'une profonde
gorge se 1000m qui entaille se plateau et se dirige vers la Mer Morte. C'est le
canyon du Wadi Mujib qui se prolonge en aval par une réserve naturelle.
La rivière Arnon qui y coule séparait deux royaumes au temps
bibliques (Moab et Ammon). Un barrage a été construit en 2005. Une
longue route en lacet s'étend sur 9km pour atteindre le fond de la gorge
avant de partir à l'assaut de l'autre versant.
Pour les amateurs de paysage, nature, de verdure et d'eau fraîche,
il faudrait envisager un détour par la Réserve Naturelle de Dana...
Encore une heure de route avant d'arriver à Kérak. Il est plus de 16h30. Le jour baisse rapidement.
Le site du château de Kérak
occupe un nid d'aigle, au-dessus de la ville, à 900m d'altitude.
Le nom du site provient de l'arabe "karak" qui désigne
une construction fortifiée édifiée par les Croisés
en Palestine et qui est souvent abrégé sous la formez KRAK.
Région
très christianisée à l'époque byzantine, elle passa
facilement sous le contrôle des Croisés au XIIe s. Baudouin Ier,
roi de Jérusalem, y installa une seigneurie. Le château
de Renaud de Chatillon, seigneur du lieu, résista à deux assauts
de Saladin (calife fatimide du Caire). Il ne tomba qu'en 1188, un après
la défaite du roi de Jérusalem à la bataille de Hattin (non
loin du Lac de Tibériade).
Le
château largement remanié par les nouveaux occupants fut aussi l'enjeu
d'autres combats avec l'intervention des Mamelouks puis des Ottomans.
Les
vestiges de la citadelle ne semblent pas imposants au premier abord. En fait,
ils sont constitués d'un enchevêtrement de construction, de couloirs,
de souterrains... disposés sur plusieurs niveaux. La visite en une heure
de ces vestiges laisse une curieuse impression qu'elle est faite pour partie dans
l'obscurité, en raison de l'heure tardive et de la disposition des lieux.
Prévoir une lampe de poche pour la visite n'est pas superflu!
Pour les touristes moins pressés, arrêt possible au château croisé de Sobak (Shaubak ou encore Shobak). Connu sous le nom de krak de Montréal, il est impressionnant au sommet d'une colline avec ses murs épais et son pont-levis.
De Kérak, il reste plus de 150km à parcourir pour arriver à
Pétra. Nous laisserons de côté le village et la Réserve
Naturelle de Dana qui ne sont pas à notre programme.
Encore deux heures
de trajet. Il fait complètement nuit et à 20h nous voici à
Wadi Musa ("la rivière de Moïse"), autrement connu
sous le nom de PETRA. Le nom de Wadi Musa rappelle la tradition selon laquelle
Moïse aurait fait jaillir une source en ce lieu, en frappant le rocher de
son bâton... L'ancien nom de la cité était Gaïa.
Nous logeons à l'Edom Petra Hotel, un hôtel de qualité bien
médiocre mais qui présente l'intérêt d'être à
quelques minutes de marche de l'accès au fameux site...
JORDANIE - Palestine