C'est
dans la Palestine conquise par les Romains qu'un personnage important intervient:
JESUS (qui signifie "Dieu sauve").
Sa
naissance est invoquée comme point de départ de notre calendrier
mais en réalité il serait né quelques années plus
tôt. Paradoxe
qui tient aux calculs erronés d'un moine du VIe s. !
En effet, les Evangiles ne situent-ils pas sa naissance à
Bethléem sous le règne
d'Hérode Ier le Grand (37 à 4 av. J-C) ? Hérode,
roi fantoche à la solde des Romain, de roi de Judée il s'attribue
celui de roi des Juifs et réalise
l'extension du second temple qui devient le Grand Temple de Jérusalem. Jésus
serait mort crucifié à Jérusalem, 33 ans plus tard, suite
à sa condamnation par les grands prêtres du Temple et approuvée
par l'autorité romaine... Personnage
fantastique si l'on se reporte aux Ecritures du Nouveau Testament. La conception
monothéiste biblique se brouille un peu avec ce personnage divin, incarnation
du Dieu unique à travers une femme bien humaine, Juif parmi les Juifs mais
porteur d'une loi nouvelle, celle de l'amour universel s'opposant à la
Loi du Talion et annonciateur du Royaume de Dieu. Les miracles qu'il accomplit
et sa prédication ne sont pas au goût de tout le monde... Par exemple,
dans un contexte plutôt machiste, il amorce une reconnaissance du rôle
des femmes (mais il n'y a pas une parmi es 12 Apôtres). Il interprète
de façon souple les préceptes inscrits dans la Bible ou Torah
(la loi hébraïque) mais garde
cependant les grands principes (notamment la promesse du Paradis comme suprême
aboutissement pour les Bons et les Justes) du
judaïsme.
Ses
compatriotes, Juifs opprimés par les Romains, ne l'entendent pas car ce
qu'eux attendent, en se basant sur leurs textes sacrés annonçant
un sauveur, c'est un libérateur, un Messie, terme traduit par Christ
en langue grecque. Les grands prêtres du temple voient ou feignent de voir
en lui un imposteur voire un profanateur et le font mettre à mort mais,
miracle suprême, trois jours après, il ressuscite et enfin, 40 jours
plus tard, monte au Ciel (Ascension)...
Ainsi
naît le christianisme qui apparaît au départ comme
une secte (voire
une hérésie)
juive plus libérale (notamment en matières d'interdits
alimentaires ou de notion de pureté). Il s'appuie sur la Bible et
garde cependant les grands principes (notamment la promesse du Paradis
comme suprême aboutissement pour les Bons et les Justes) du
judaïsme.
Les premiers adeptes se réunissent d'ailleurs dans les synagogues mais
ils s'ouvrent peu à peu aux non-Juifs (de culture hellénistique
et romaine) jusqu'à ce que ces communautés juives chrétiennes
soient excommuniées par les autorités religieuses pharisiennes au
synode de Jamnia (vers 90). Le foisonnement désordonné des premières
communautés au IIe s. va peu à peu céder la place à
une structure hiérarchique. A une direction collégiale succède
une direction unique représentant une succession apostolique confiée
à des évêques. Celui qui dirige alors le diocèse
de Rome jouit tout au plus d'un prestige particulier lié au fait
que les grands missionnaires des origines, Pierre et Paul y furent martyrisés.
Au Xe s., l'évêque de Rome finit par imposer que le terme
familier de "Pape" (pour papa), souvent employé
au sujet des évêques, soit réservé à sa seule
personne. Son pouvoir temporel émerge face à celui de l'empire déclinant
face aux Barbares et à la croissance des royautés. Jusqu'au Concile
Vatican I tenu en 1869, formellement, le pape n'est pas un chef spirituel
(c'est Jésus-Christ) mais il veille à l'unité de l'Eglise.
Le XIe s. est marqué par les prémices du schisme entre
les Eglises de Rome et de Constantinople pour des raisons de rivalités
géopolitiques plus que religieuses (quelques différences de rites).
C'est au tout début du XIIIe s. que la rupture est consommée
à l'occasion de la Quatrième Croisade qui met à sac Constantinople
en 1204. Ainsi naît l'Eglise Orthodoxe. Par ailleurs, la papauté
elle-même s'affranchit parfois des règles édictées
lors des conciles concernant le célibat du clergé. Quelques exemples:
au XIe s., c'est un Jean XVII dont les fils devinrent évêques
ou aux XVe-XVIe s, ce sont des les Borgia (Alexandre VI) et des Médicis
(Clément VII) qui ont des compagnes.
A
la fin du Moyen Age, d'autres ruptures s'annoncent. L'église voit
son pouvoir social et politique remis en cause avec la naissance des Etats
modernes et le développement de la bourgeoisie commerçante.
Le pape tombe sous la coupe du roi de France (Philippe Le Bel) et la papauté
s'installe en Avignon en 1303. Ses successeurs y resteront jusqu'en 1376.
En 1378, l'élection d'Urbain IV qui veut ramener l'Eglise à
l'idéal évangélique suscite l'hostilité des cardinaux,
majoritairement français restés en Avignon. Le Grand Schisme
survient lorsque un conclave dissident élit un "anti-pape",
Clément VII en 1378. Et chacun des deux papes de nouer des alliances
ou de rechercher des soutiens auprès des souverains européens rivaux.
L'Eglise bicéphale durera 80 ans. La confusion de cette époque où
règne des sentiments peu chrétiens, les intrigues et la corruption
ainsi que l'éclatement de la vision du monde qui résulte des Grandes
Découvertes (Nouveau Monde) et de la Renaissance forment le
terreau sur lequel naît la Réforme. La vie dissolue d'une
partie du clergé et la vente des indulgence permettant d'effacer les fautes
des uns et d'en enrichir d'autres, conduisent de nouveaux courants de pensée
à revenir à la Bible dans une relation plus personnelle. Au XVIe s.,
le Protestantisme apparaît, d'abord porté par Martin Luther
(influent en Allemagne, en Suisse, en Suède...) puis Jean Calvin
(influent en Suisse, en Ecosse, aux Pays-Bas, en France...). S'y ajoute le protestantisme
anglican qui un mélange des deux précédents... Face à
cela, l'Eglise Catholique entreprend une Contre-Réforme, avec un
retour aux sources: Bible, Nouveau Testament, Tradition (autorité du Pape
et du clergé) et le développement des missions y compris dans le
Nouveau Monde. Ces clivages sur fonds de religion vont provoquer guerres civiles
dites "de religion" et guerres entre Etats (Guerre de Trente Ans de
1618 à 1648).
Le
Siècle des Lumières puis la Révolution Française
viendront encore sérieusement malmener l'idée religieuse, notamment
catholique, en faisant la société glisser peu à peu vers
le laïcisme et vers l'athéisme qui sera encore renforcé
par le progrès scientifique et la survenance du marxisme, d'une
part, et du capitalisme matérialiste, consumériste et individualiste,
d'autre part...
Après
une
première partie de visite de Jérusalem-est portant sur les édifices
chrétiens situés sur le Mont des Oliviers, nous voici en route
vers Bethlléem.
Autres
visites possibles lors d'un séjour d'une semaine ou plus en Palestine/Israël
En
plus du Champ de Boaz, de la Tombe de Rachel que nous aurions dû
visiter aux environs de Bethléem ou que nous n'avons qu'aperçu comme
l'Hérodium, d'autres sites peuvent intéresser les voyageurs,
notamment ceux qui font la visite dans l'esprit pèlerinage.
Sont
mentionnés ici seulement quelques sites situés en Cisjordanie mais
qui peuvent être combiné dans un tour plus vaste avec ceux qui seront
énumérés dans la page consacrée à Jérusalem
et aux sites israéliens.
-
Béthanie (el-Azarieh),
à l'est de Jérusalem, village où vivaient les amis de Jésus
(nomma Lazare qu'il ressuscita). Les deux églises byzantines qui en commémoraient
le souvenir ont disparus. Le tombeau de Lazare est sous la garde des Musulmans.
-
Au nord de Jérusalem, en Samarie, à Sichem(Naplouse
aujourd'hui), entre l'Ebal et le Garizim, se trouve le Puits de Jacob,
patriarche biblique et prophète qui aurait vécu aux alentours du
XVIe s. av. J-C et qui aurait été l'époux des deux soeurs
Rachel et Lia. Selon l'évangile, c'est là que Jésus aurait
rencontré la Samaritaine, donc une hérétique, et aurait accepté
qu'elle lui offre de l'eau. Depuis l'époque byzantine des églises
y furent bâties et détruites jusqu'à la construction actuelle
qui débuta en 1914.
Les
Samaritains sont considérés comme appartenant à une hérésie
issue de la tradition hébraïque et ils ne reconnaissent que le Pentateuque
(les 5 premiers livres de la Bible, aussi appelés "Les 5 Livres de
Moïse") et le Livre du prophète Josué. Ils récusent
les autres livres des Prophètes et la tradition orale reprise dans le Talmud.
En fait, le fossé trouve son origine autant dans un conflit politique
que dans des divergences religieuses (chacun avait son grand temple). Vers le
Xe s. av. J-C, la plus grande partie de la Palestine actuelle était
divisée en deux Etats rivaux, Israël (la Samarie) au nord et Juda
au sud. Cette rivalité ne fit que s'accentuer lorsque les Assyriens envahirent
et annexèrent le royaume d'Israël en 722 av. J-C et en déportèrent
une partie de la population et en établissant des colonies tandis le royaume
de Juda se préservait en acceptant d'être vassal de la puissance
Babylonienne jusqu'à ce qu'il soit assujetti à son tour, le temple
de Salomon à Jérusalem détruit et la population déportée
en 536 avant notre ère. De retour d'exil en 537 av. J-C, les habitants
de Juda décident de reconstruire le temple de Jérusalem considéré
comme seul légitime et reproche une impureté raciale aux Samaritains.
C'est la rupture décisive qui met fin à l'hébraïsme
et donne naissance au judaïsme. Au début du IIe s. av. J-C, la
Samarie est annexée par le royaume juif. et après la conquête
romaine en 63 av. J-C , la Samarie ne participe pas au soulèvement des
Juifs contre Rome. Ils ne subiront donc pas la diaspora comme les Juifs. En revanche,
leur propre révolte contre l'Empire byzantin de Justinien en 529 de notre
ère, le peuple samaritain disparaît presque totalement victime des
combats et de la répression sanglante, réduit en esclavage ou converti
au christianisme. Le centre de la communauté samaritaine résiduelle
est à Naplouse. Divisés en 8 tribus qui ne compte plus que 654 membres.
Ils sont reconnus comme Juifs par l'Etat israélien mais pas par les rabbins.
-
Jéricho, l'oasis située en bordure de la vallée du
Jourdain. En trente kilomètres, de Jérusalem (+750m) à Jéricho,
on descend de 1000m et l'on trouve là un climat subtropical (!) à
250m sous le niveau de la mer. Les palmiers dattiers ne fructifient que si la
température moyenne dépasse 20° et elle est optimale si l'on
a comme ici plus de 3 mois de forte chaleur (35-40°). Son sol fertile, irrigué
est un jardin et un verger. C'est l'une des plus vieilles cités au monde
et une vingtaine d'épisodes de peuplement dont les plus anciens remontent
9000 ans av. J-C. Les fouilles ne permettent pas de confirmer le récit
biblique selon lequel les Hébreux conduits par Josué et arrivés
sous les murs en 1473 av. J-C les auraient fait s'écrouler au son de leurs
trompettes, s'emparant de la première ville du pays de Canaan. Non
loin de là, se trouve le Mont de la Quarantaine ou Mont de la Tentation,
dans le désert de Judée, où le Christ se retira pendant 40
jours à la suite de son baptême. Une église byzantine fut
construite au VIes. et le site a été réoccupé par
un monastère grec orthodoxe depuis 1874. Tell
es-Sultan et source d'Elisée. Chutes d'eau dans cette oasis située
dans le désert et mentionnée à plusieurs reprises dans le
Livre des Psaumes et dans l'histoire biblique du Roi David qui se cachait du roi
Saül.
-
Qumrân, commun pour les manuscrits de la Mer Morte découverts
à partir de 1947 est un site majeur. Il fut occupé entre le IIe s.
av. J-C et la fin du Ier s. de notre ère. Sa découverte
fortuite revient à un Bédouin parti à la recherche d'une
chèvre égarée. Dans une grotte, il trouva huit jarres contenant
des rouleaux de cuir couverts de signes mystérieux. Arrivés entre
les mains de spécialistes, les fouilles ont été élargies
depuis 1949 et plus de 30 grottes ont été explorées jusqu'en
1956 dont onze ont permis de recueillir des fragments de ces manuscrits. La controverse
sur leur origine n'a pas abouti. On a longtemps attribué ces textes à
l'une des sectes juives de l'époque, celle des Esséniens
(une minorité par rapport à d'autres courants comme ceux des pharisiens
"libéraux" ou des sadducéens "conservateurs").
Cette communauté fermée, de type monastique, adeptes de la vertu,
apparue au IIe s. av. J-C, aurait été dispersée en l'an
68 par les troupes de Titus et aurait complètement disparu après
la destruction du Temple en l'an 70 de l'ère chrétienne. Certains
pensent que ce courant aurait pu avoir une influence sur le christianisme naissant.
Pour d'autres, les manuscrits seraient l'oeuvre de rabbins retirés de Jérusalem
pour approfondir une doctrine reposant sur un retour aux sources de la loi divine,
la thorah. Certains autres encore pensent qu'il pourrait aussi s'agir de documents
sortis du temple de Jérusalem et cachés ici afin d'échapper
à la répression romaine, suite à la révolte des Juifs
en 66 face à certaines exactions des Romains et à leur refus de
faire quotidiennement des sacrifices pour l'Empereur. Outre les fameux manuscrits,
le site recèle des vestiges archéologiques dont un ensemble de bâtiments,
citernes et un cimetière comptant 1100 tombes.
-
Enfin Hébron (au sud de Bethléem, à 30km de Jérusalem),
très ancienne cité à 1000m d'altitude. Remontant à
1700 av. J-C selon la tradition biblique lorsque Abraham y acquit une concession
en terre de Canaan afin d'y construite le tombeau de son épouse Sarah dans
la caverne de Macpéla, tombeau qui sera aussi le sien, celui de son fils
Isaac et de son petit-fils Jacob et de leurs épouses Rébecca et
Lia. Dans ce lieu connu aussi sous le nom de Tombeau des Patriarches,
six cénotaphes sont érigés en leur souvenir. La ville
d'Abraham ("l'ami de Dieu") possède le rang de 4ème
ville sainte de l'Islam (après La Mecque, Médine et Jérusalem).
Une mosquée colossale a été édifiée sur les
bases d'une enceinte sacrée construite par Hérode le Grand, formée
de blocs de pierre colossaux (jusqu'à 7m de long) entourant la caverne
de Macpéla réaménagée en crypte. Y ont succédé:
église byzantine, mosquée, église romane (croisée)
puis la mosquée de Saladin, dite Mosquée d'Abraham.
La
page consacrée à Jérusalem présente de très
nombreux autres sites situés directement en Israël...
BETHLEEM
("maison du pain" en hébreu)
C'est
une petite ville de 30 000 habitants bien connue des Chrétiens.
Après la visite aux lieux de la mort de Jésus, nous voici au lieu
de sa naissance. Décidément, nous faisons tout à l'envers
dans ce pays !
Soirée
du jeudi.
Nous passons près de la vaste colonie juive
de Har Homa (renommée Homat Shmuel en 1998), toujours en construction depuis
sa mise en chantier en 1997. Environ 20 000 colons y vivent actuellement
et le gouvernement israélien vient d'autoriser la construction de 1 300
logements supplémentaires. Selon les Israéliens seulement 20% du
territoire de cette colonie résultent d'expropriations, le reste ayant
été acquis par les Israéliens dans les années 1940,
avant que ce territoire devienne jordanien (de 1948 à 1967). Mais selon
les Palestiniens, c'est 75% du territoire de la colonie qui a été
exproprié... Il
faut rappeler que ces
colonies juives pompent, par des captages à grande profondeur, dans la
vaste nappe phréatique fossile qui se trouve dans le sous-sol de la Cisjordanie.
A 3km de là, plus
à l'ouest, la construction de la colonie de Gilo est également en
cours. Elles Ces nouvelles colonies s'ajoutent à celles d'Ariel ou à
celle de Ma'aleh Adumin que nous avons aperçue en arrivant à Jérusalem-est.
La
nuit tombe lorsque nous arrivons au Champ des Bergers où selon le
Nouveau Testament des bergers qui se trouvaient là furent prévenus
par des anges de la naissance du Christ non loin de là. Les églises
qui furent bâties ici autrefois, comme en témoignent les vestiges
voisins, ont été remplacées en 1954 par le sanctuaire moderne
des Très Saints Anges. Le sanctuaire de lExcelsis Deo, en forme de
dodécagone, comprend cinq absides inclinées évoquant la forme
d'une tente. Trois grandes fresques la décorent.
Champ
de Boaz (champ où venait glaner Ruth sa future épouse, arrière
grand-père du roi David) visite prévue
au catalogue mais
que nous n'effectuerons pas.
Nous
passons près de la Tombe de Rachel qui était inscrite à
notre programme mais que nous ne visiterons
pas.
Selon
la tradition biblique, c'est le lieu où est enterrée la matriarche
biblique Rachel, épouse de Jacob (petit-fils d'Abraham), décédée
en donnant naissance son second fils, Benjamin. Une stèle est érigée
à cet emplacement. C'est un lieu sacré pour les trois religions
monothéistes et un lieu de pèlerinage pour les femmes juives qui
n'arrivent pas à avoir d'enfant.
L'édifice
est cerné par le "Mur" que, par contre, nous ne pouvons pas ne
pas voir...
Puis
nous franchissons sans
encombre le check-point
israélien contrôlant l'accès à Bethléem . Il
fait complètement nuit maintenant (il est 17h15). Déception nous
sommes refoulés à l'entrée de l'Eglise de la Nativité.
Nous devrons y revenir le lendemain car la file d'attente est trop longue. Petit
tour sur la vaste esplanade qui s'étend entre l'église et la mosquée
d'Omar... avant de nous rendre dans une grande boutique de souvenirs plus ou moins
profanes (bijoux...) prise d'assaut par un groupe de touristes-pèlerins
indiens.
Pour
retourner vers Jérusalem, le franchissement du check-point peut être
plus laborieux. Heureusement, ce n'est pas le cas, deux très jeunes militaires,
fille et garçon (le service militaire obligatoire à partir de 18
ans est de 3 ans pour les hommes et de 2 pour les femmes) se contentent de monter
dans le bus et de déambuler brièvement dans l'allée mais
l'on sent que cela stresse quand même notre Henriette. Justement, elle nous
quitte peu après car elle assure la garde d'un petit monastère voisin
dont les religieuses françaises sont momentanément absentes afin
d'éviter que les autorités israéliennes ne s'emparent des
lieux.
Revenus
à Jérusalem pour la nuit, nous pouvons étudier le programme
du vendredi qui doit se dérouler de la façon suivante: matinée
consacrée à une visite expresse de la vieille ville de Jérusalem
puis retour à Bethléem l'après-midi pour la visite de l'église
de la Nativité.
Vendredi
après-midi.
Faisant
le trajet depuis Jérusalem en plein jour, contrairement à la veille,
nous avons tout loisir d'observer les colonies et le MUR sur lequel les Palestiniens
inscrivent leurs revendications et c'est le check-point qui dans ce sens se passe
aussi facilement que la veille. Nous longeons un autre mur qui cerne la Tombe
de Rachel pratiquement enclavée en territoire palestinien.
Par
les imposantes villas en construction, on peut voir que certains Palestiniens
tire profit du développement économique qui se fait jour dans les
territoires. Un autre signe de cette richesse est visible au niveau
du parc automobile. A ce propos, on peut constater que des chrétiens apposent
le dessin d'un chapelet sur la vitre ou sur la carrosserie de leur voiture.
Une solidarité entre ces chrétiens semblent exister car évidemment
nous déjeunons au "Gardens Restaurant", établissement
appartenant à un Palestinien chrétien.
Anecdotes sur des
aspects religieux de la vie des Chrétiens et des Musulmans palestiniens (communiquées
par Henriette)
Un Musulman ne mange pas chez
un Chrétien et un Chrétien ne dort pas chez un Musulman... mais
l'inverse est possible, un Chrétien peut manger chez un Musulman et un
Musulman peut dormir chez un Chrétien... Pourquoi? Selon Henriette,
dans le premier cas, le Musulman risquerait de manger haram (impur, contraire
de halal) et l'épouse du Chrétien hébergé chez un
Musulman pourrait devenir une nouvelle épouse pour celui-ci...
Chez
les Chrétiens comme chez les Musulmans, les festivités du mariage
durent 7 jours, mêle souvent des membres de deux communautés religieuses
et coûtent fort cher. Pourquoi de telles dépenses pour des familles
souvent pas très riche? Anecdotiquement, cela peut avoir un effet dissuasif
sur un mari qui songerait au divorce!
En
Palestine, les garçons de trois religions bibliques sont circoncis, bien
que ce ne soit pas prôné par le christianisme.
Chez
les Chrétiens palestiniens subsiste une tradition bien phallocratique qui
avait encore cours en France il y a une cinquantaine d'années, il s'agit
de la cérémonie des relevailles. Pendant quarante jours après
l'accouchement, la femme (souillée? impure?) ne doit pas se rendre à
l'église. Ce n'est qu'au terme de ce temps qu'elle se présente à
l'église pour y être bénie lors d'une cérémonie
particulière.
Il est plus de 12h30 lorsque nous arrivons
sur l'esplanade de la basilique ou église de la Nativité,
face à la mosquée d'Omar. C'es un site qui reçoit deux
millions de pélerins chaque année.
Il nous faut y pénétrer par une porte très basse (1,20m)
et pourvue d'un seuil. Tout ceci oblige à prendre une attitude particulièrement
humble. Une autre explication est que ce dispositif empêcher des cavaliers
arabes d'investir le lieu sur leur monture. A l'origine, la façade comportait
trois portes, deux ont été murées et celle qui subsiste
a donc été réduite.
De l'extérieur, l'édifice a l'apparence d'une forteresse, l'église
étant comme enchâssée entre trois monastères. Un
écriteau nous indique que la charpente de l'église est en cours
de restauration grâce à un don généreux de son Excellence
le Président Mahmoud Abbas.
La première
construction fut décidée par Ste Hélène, mère
de l'empereur Constantin, en 333. Détruite par les Samaritains au VIe s.,
elle fut rebâtie peu après par l'empereur Justinien. Elle échappa
miraculeusement à la destruction lors de l'invasion perse du VIIe s.
car le commandant de la troupe aurait été sensible à une
fresque représentant les Rois Mages en vêtements perses. C'est
donc l'une des plus anciennes églises chrétiennes (nos églises
romanes sont plus jeunes de quatre siècles).
Il s'avère
que la réfection en cours n'est pas un luxe car charpente et poutres
sont en péril. D'ailleurs le lieu est en instance d'inscription au
Patrimoine mondial de l'UNESCO (2012 ?) à la demande de l'Autorité
palestinienne qui invoque le délabrement de la basilique.
Le choeur et l'abside
remplis d'une forêt d'échafaudages ne se présentent pas
sous leur meilleur jour mais on nous assuren que les travaux seront terminés
pour Noël (cela s'est bien conformé comme l'on montré les
reportages télévisés au moment de Noël).
En attendant d'accéder à la crypte où s'écoule lentement
le flot de pèlerins et de visiteurs, il est possible d'observer une partie
des mosaïques byzantines du IVe s. qui ont été retrouvées
en 1936 à un mètre environ en dessous du pavement actuel. Sur
les murs latéraux ont peut également voir des vestiges de mosaïques
byzantines du XIIe s. très dégradées.
C'est
après plus d'une heure et quart de queue que l'on a enfin accès
à la crypte de la Grotte avec ses 12mx3m. Une étoile d'argent à
14 branches posée au sol, sous un autel, marque l'emplacement où
Marie aurait mis Jésus au monde.
L'impression
que procure cette visite? Comme pour le St Sépulcre qui marque l'étape
finale de la vie terrestre du Christ, on peut être un peu déçu
car ces lieux ne dégagent pas un sentiment de grandeur. Ce sont surtout
les pèlerins qui trouveront ici matière à renforcer leurs
convictions.
La
visite se poursuit par l'église Sainte-Catherine d'Alexandrie (1882).
Un escalier permet d'accéder à des grottes abritant des chapelles.
L'une est dédiée à Saint Jérôme qui traduisit
la Bible en latin en 384. Une autre est appelée Grotte du Lait car
Marie y aurait allaité son nouveau-né. On l'appelle aussi Chapelle
St Joseph car c'est là que Joseph aurait été prévenu
en songe de s'enfuir en Egypte afin que Jésus échappe au massacre
des innocents décidé par Hérode. En ressortant de l'église,
on peut voir une sculpture en bronze représentant un arbre de Jessée
(sorte d'arbre généalogique très schématique représentant
la filiation de Jésus sur 9 siècles, depuis Jessée, le père
du roi David) réalisé à l'occasion de la venue du pape Jean-Paul II
en Terre Sainte en l'an 2000.
Il
est plus de 15 heures et il faut songer à regagner la Jordanie.
Comme
la veille le passage du check-point se passe bien si ce n'est le temps d'attente
pour l'écoulement de la file de bus (plus d'une demi-heure) et notre guide
Henriette nous abandonne près de "son monastère"... Coup
d'oeil vers le sud-est, en direction de la montagne tronquée, en forme
de volcan, l'Hérodium, situé à quelques kilomètres
au sud de Bethléem. Hérode le Grand, roi de Judée au Ier s.
av. J-C, constructeur du Second Temple de Jérusalem, s'y était fait
construire un palais fortifié (il en avait fait construire en d'autres
lieux notamment sur la montagne de Massada) et il y fut inhumé.
Nous
repassons à Jérusalem à l'ouest du Mont Sion et en longeant
les murailles occidentales de la vieille ville avant de remonter la vallée
du Jourdain. Nous atteindrons la frontière à 17h30, à la
nuit tombante. Trois quart d'heure pour les contrôles du coté israélien
et autant du côté jordanien. A 19h nous retrouvons Iyad et Ismail.
Il reste deux heures de route vers Amman, du coté jordanien. Nous retrouverons
l'hôtel al-Fanar à 21 heures passées!