Cisjordanie JERUSALEM

jeudi 4 novembre 2010
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vendredi 5 novembre 2010 (2)

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NOTIONS SUR LE JUDAÏSME

ET QUELQUES COMPARAISONS

Shalom Alekhem,
"que la paix soit sur vous"
(As-Salamu Alaykum pour les Musulmans)

Qui est JUIF?
Toute personne née de mère Juive (ou s'étant convertie au judaïsme) ou ayant adhéré au judaïsme par le biais d'une conversion religieuse selon les règles de la Halakha. La judéité est inaltérable, même par le fait de pratiques idolâtres, hérétiques ou d'apostasie.
Henriette nous précise toutefois qu'en pratique les Juifs se mariant avec des Palestiniens sont rejetés de la communauté.

Parlons des origines géographiques
Après les diasporas des premiers siècle chrétiens les Juifs s'étaient dispersés. Les mizrahim sont les Juifs d'Asie (jusqu'en Inde, à Cochin par exemple). Ils émigreront en Israël à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948. Les ashkénazes (ou ashkenaze ou achkenaze de Achkenaz,l' un des arrières-petit-fils de Noé) s'établissent en Europe et en Afrique du nord.
Les persécutions les touchent en France dès le VIIe siècle. Plus tard, lors des Croisades, ils sont également repoussés d'Angleterre et d'une partie de l'Allemagne. Cela alimente une migration vers l'Europe orientale (Pologne, Russie et Lituanie). Leur langue est le yiddish, voisin de l'allemand. Puis c'est au tour des Juifs installés dans la Péninsule ibérique d'en être chassés vers l'Afrique du nord. Ce sont les sépharades ou séfarades qui ont quelques particularités au niveau du rituel et des prononciations. Bien plus tard, avec la décolonisation, entre 1656 et 1962, ils émigrent en masse en Israël.
Les ashkénazes d'Europe orientale (d’Allemagne, de Pologne, de Russie, de l’ancien Empire austro-hongrois) subissant des pogroms (mot russe signifiant pillage et meurtres) furent repoussés vers l’Ouest de l’Europe au XIXe siècle et au début du XXe siècle jusqu'à l'horreur suprême que fut la Shoah, le génocide ou l'holocauste par les nazis de 6 millions de Juifs. A la suite de cela, ils émigrèrent nombreux en Israël où ils ont fondé les institutions et où ils sont particulièrement nombreux dans le courant religieux ultra-orthodoxes. Même s'ils ne sont plus les plus nombreux, de sont eux qui tiennent les rênes de la politique et de l'économie.

Et du point de vue religieux ?
Les Juifs orthodoxes pratiquent la Halakha dans on intégralité, à l'opposé des Juifs libéraux ou laïcs.
Les ultra-orthodoxes ou Haredim "ceux qui tremblent devant Dieu", refusent beaucoup d'aspects du monde moderne et sont d'origine ashkénaze. Ils se regroupent dans des quartiers séparés et se distinguent par leurs vêtements (les "hommes en noirs" ou les "chapeaux noirs"). Sans rejeter toutes les technologies modernes si elles sont kacher (pures) comme les mobiles, baladeurs... ils bannissent la télévision en raison de son "contenu souvent non conforme". Ils appliquent de façon rigoureuse la Halakha, dans leur costume, dans la mise à l'écart des femmes (à la synagogue et même en les obligeant à faire la queue à part dans les commerces), dans le respect du Shabbat (ils font même pression sur les commerçants pour les heures d'ouverture)...
Certains hommes très religieux passent leur vie à l'étude du Talmud dans yeshivot (école talmudique) en recevant une allocation (issue de donateurs) de l'ordre de 500 dollars par mois, ce qui oblige leur épouse à avoir une activité salariée car ils ont généralement en charge de nombreux enfants.
Si les ultra-orthodoxes représentent environ 10% de la population israélienne, soit à peu près 850 000 personnes, en, revanche dans le système scolaire israélien, ils représentent 25% des effectifs. D’ici une génération, ils pourraient représenter 20% de la population israélienne et 40% des effectifs du réseau scolaire israélien.
Le courant ultra-orthodoxe des hassidims se distingue au niveau du culte par la communion joyeuse avec Dieu, en particulier par le chant et la danse.

La prière. Les hommes juifs doivent prier 3 fois par jour, matin (Chaharit), midi ou après-midi (Min'ha) et soir (Ma'ariv ou Arvit) les jours ordinaires, 4 fois le jour de shabbat et 5 fois le jour de Yom Kippour (jour de pénitence et de jeûne, jour de demande de pardon pour les fautes). La prière en miniane ou minyan, groupe communautaire de dix juifs (hommes en général) est considérée comme excellente. Quant aux femmes, une seule prière quotidienne suffi.
Rappelons que les Musulmans prient cinq fois par jour.
Le nom de Dieu, YHWH. Il ne pouvait être prononcé que par le seul grand prêtre du Temple de Jérusalem lors de Yom Kippour. Depuis la destruction du temple en l'an 70, il ne peut plus être prononcé par aucun juif sous peine de blasphème. Il est souvent remplacé par des termes en formes de litotes tels que Hashem, "le Nom" ou Adonaï "Mon Seigneur". Chaque hochement de tête des Juifs en prière devant le Mur des Lamentations correspond au passage d'une prière ou d'une lecture où le nom de Dieu est sous-entendu.

La synagogue (shul ou sla') n'est pas à proprement parler un temple (seul celui de Jérusalem avait ce statut) mais un lieu de rassemblement pour prier (il faut rassembler au moins 10 hommes juifs pour les cérémonies). A partir du Moyen Age, l'édifice comporte le plus souvent des espaces séparés pour les hommes et les femmes lors du culte. Dans les synagogues ultra-orthodoxes, les hommes sont devant et les femmes derrière ou à l'étage (comme dans les mosquées modernes). Elles doivent quitter la synagogue avant la fin des prières du shabbat, ou alors rester enfermées dans la galerie réservée aux femmes pendant un quart d'heure pour éviter de rencontrer les hommes.

Le chabbat, shabbat ou sabbath (francisé en sabbat), terme issu du yiddish signifiant le chiffre 7, "le jour du repos" qui selon la tradition biblique marque la fin de la Création du monde par Dieu (les Chrétiens ont déplacé ce jour au dimanche, jour de la Résurrection de Jésus tandis que les Musulmans célèbrent le vendredi, jour qui marque la création d'Adam, le jour qu'il en fut retiré et le jour du jugement dernier.). Il débute vendredi avant le coucher du soleil et se termine le samedi après l'apparition des étoiles.
Malgré de nombreux interdits attachés à ce jour (notamment abstention d'activité y compris intellectuelle sauf contexte médical), c'est un jour très festif et de réjouissance où tout jeûne est interdit.

La Torah (ou Torah orale) fut selon la tradition pharisienne reçue de la bouche même de Moïse. Son exégèse orale fut transmise au judaïsme rabbinique à la suite de la destruction du Temple par les Romains puis compilée sous le nom de Talmud entre les IIe et Ve siècles.

La Halakha, "la Loi juive" ne guide pas seulement la vie rituelle ou les croyances mais règle aussi de nombreux aspects de leur vie quotidienne et les statuts personnel et familiaux, ce qui fait qu'elle a quelques similitudes avec la Charia musulmane. Elle comporte 613 commandements appelés mitzvot (mitsva ou encore mitzva, mitzvah, au singulier).

Justement, à propos du mariage...
La demande de dissolution du mariage revient au conjoint masculin, à l'identique du droit islamique! Les femmes divorcées civilement ne peuvent pas se remarier religieusement tant que leur ancien époux ne leur a pas donné le guet, un acte écrit dans lequel l'homme divorce de sa femme. Les orthodoxes utilisent cette disposition pour faire du chantage car en son absence, la femme ne pourra pas se remarier religieusement. Pour y remédier, bon nombre d'époux signent une entente prénuptiale établissant que l'épouse pourra obtenir le guet si les circonstances l'exigent.

Le port des Téfilines résulte d'une mitsva (un commandement) s'imposant aux hommes juifs(sauf Shabbat et jours de fête), à partir de leur Bar Mitzvah (13 ans). On y habitue le jeune homme un mois avant cette date.

La cérémonie de Bar-Mitzvah est centrée sur la lecture par le jeune homme d'un passage de la Thora (ou Torah) correspondant à la semaine de sa majorité religieuse. Pour cela, il doit être revêtu des accessoires de prière.
C'est un rite initiatique (un peu comparable à la communion ou à la confirmation chez les catholiques) par laquelle le jeune garçon juif marque sa majorité, en principe à 13 ans et 1 jour, entouré d'un miniane ou groupe de dix hommes au minimum permettant un office collectif. Il existe un équivalent féminin, plus simple, de la Bat Mitsvah, une cérémonie par laquelle la jeune fille juive atteint sa majorité religieuse à 12 ans.

Les règles se rapportant aux Téfilines ont été édictées par les rabbins dans le Talmud. Une première boîte ("cassette" selon Henriette) en cuir appelée Télifah de bras, contenant un morceau de parchemin sur lequel un scribe a écrit quatre morceaux de la Torah est posée sur le bras gauche (pour les droitiers). Puis l'on enroule une sangle en cuir, les Téfilines ou phylactères 7 fois autour du bras. Un second Télifat, de tête (il contient quatre parchemins placés dans quatre compartiments séparés), est attaché avec les Téfilines au niveau de la racines des cheveux du front. Tout cela s'effectue en récitant silencieusement des prières de circonstance. Ces objets appellent à la cohérence des forces vives de l'homme et, selon notre guide Henriette, ce sont aussi des sortes d'amulettes qui permettent de suppléer aux défaillances dans la récitation des prières.

Autre mitsva, le port du Talith (ou taleth, tallis, talit…), ou châle de prière. C'est un long rectangle de laine sur lequel sont tracées des barres de couleurs (généralement noir, bleu, ou blanc) et qui est pourvu de Tsitsit (franges) puisque comportant 4 coins. Le juif pratiquant adulte s'en enveloppe pour la prière du matin où, comme on peut le voir aussi, pour prier au Mur des Lamentations.
Les Tsitsit (tzitzis ou tsitsis selon la prononciation ashkénaze) sont donc des "franges" ou "tresses" façonnées au coin des vêtements et comportant 8 fils et 5 noeuds que l'on trouve sur les bords du Talith. Les Juifs observants portent des vêtements également munis de tzitzit afin de se conformer à une autre Mitsva.
On retrouve ces franges rituelles également sur un vêtement ordinaire des juifs orthodoxes, c'est le" petit-Tallit" (Tallit-Qatane), qui,dispense de mettre les franges aux vêtements qui ont 4 coins. Ce sont ces fils que l'on voit parfois dépasser des vestes.

Les Péotes (payos ou péot) que nous déformons parfois en papillotes sont des tresses latérales ou mèches de cheveux spiralées que portent les hommes (ultra-orthodoxes) près des oreilles, caractéristiques des Juifs depuis toujours. Cela se référe aux commandement de ne pas tailler la barbe ainsi que les coins de la tête, le reste des cheveux étant entièrement rasé, ou bien coupé très court (variable selon les communautés).

Encore une mitsva, se couvrir la tête d'une Kippa (calotte) pour s'humilier devant le Tout-Puissant. En mettant quelque chose entre Lui et soi-même, c'est reconnaître Son pouvoir et Sa domination. On ne rentre pas dans une synagogue tête nue. Même les non-juifs se font un devoir de se couvrir la tête (d'une casquette par exemple) quand ils pénètrent dans les lieux saints. Les femmes orthodoxes portent un chapeau, un foulard ou une perruque.
Chez les ultra-orthodoxes, pour les deux sexes, bras et jambes doivent être recouverts. Comme on le verra près de la vieille ville de Jérusalem, les hommes portent parfois une redingote (bekeshes) et un chapeau typique bordé de fourrure (shtreimel). Henriette nous précise que chez les azkhénazes, les femmes ne portent jamais de pantalon.

Parlons un peu de l'impureté des femmes dans le judaïsme Nidda ou niddah. Dans la plus stricte observance de la Bible, pendant ses règles et pendant les 7 jours suivant la fin des menstrues, la femme est impure et elle rend impur tout ce qui la touche ou même l'approche (on comprend mieux pourquoi elles tombaient si facilement enceinte après cette période d'abstinence). Pendant cette période, son mari ne doit pas se rendre à la synagogue."La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa chair, restera sept jours dans son impureté. Quiconque la touchera sera impur jusqu`au soir." (Lévitique 15-19 et cela se poursuit sur le même registre jusqu'au verset 15-30).
L'Islam est moins strict. Les relations intimes ne sont pas autorisées pendant la période de menstruations et la femme est alors exemptée des rituels tels que les prières quotidiennes et le jeûne.
Le christianisme n'a pas ce type d'interdit si l'on se réfère à l'Evangile mais dans la pratique le clergé a longtemps imposé des restrictions de cette nature (interdiciton faite aux femmes de toucher aux objets liturgiques, obligation du rituel des relevailles 40 jours après l'accouchement cf. page "Bethléem" de ce site).
En étendant encore la réflexion, on pourrait voir que le même type d'exclusion se retrouve plus ou moins dans l'hindouisme, le bouddhisme ou le shintoisme. En fait, toutes ces cultures associent le sang à la mort alors qu'au paléolithique (35000 à 3000 ans avant notre ère), les humains vénéraient la Terre, la fertilité et la fécondité au travers du culte de la "Déesse Mère" (le culte de la Vierge Marie n'en est-il pas une réminiscence?). C'est au-delà de cette époque que le patriarcat se serait peu à peu institué.

Et à propos de la circoncision des petits garçons, milah ou brith milah ("la coupure"), le judaïsme impose l'ablation du prépuce le huitième jour après la naissance en faisant remonter cette obligation à Abraham qui marquait ainsi son alliance avec Dieu. Le christianime a vite abandonné cette pratique lorsqu'il s'est diffusé dans le monde hellénistque et romain qui prohibait cette mutilation. En revanche, l'Islam l'a conservée bien qu'elle ne figure pas dans le Coran. Pratiquée dès le jour de la naissance en Iran,ailleurs elle intervient en général vers l'âge de 7 ans et au plus tard avant la puberté. La circoncision a des origines anciennes que l'on retrouve dans les cultures animistes africaines et qui existait au temps de l'Egypte ancienne (IIIe- IIe milléanires av. J-C)

Les maisons aussi n'échappent pas aux commandements.
Sur le montant droit des portes doit être fixé un mezouzah (mezouzot au pluriel) représentant un rouleau de parchemin sur lequel un commandement du Deutéronome enjoint de marquer ainsi les maisons des Juifs.

Finissons par le mystérieux cacherout, c'est un ensemble de prescriptions et proscriptions alimentaires, un bien étrange inventaire à la vérité, mais qui pouvait se justifier en partie dans le contexte de l'époque (fragilité de certains aliments tels que la viande de porc, le sang)..
Les aliments doivent être kascher, francisé en cachères, c'est-à-dire "aptes"ou "convenables" à la consommation, à l'opposé de ce qui est tamè (impur) ou tarèf (inacceptable).
Concernant les animaux, cela implique l'exclusion des animaux terrestres qui n'ont pas des sabots fendus (cheval...) ou qui ne ruminent pas (lapin, porc). Parmi les animaux aquatiques ne sont admis que les poissons à écailles. Quant aux oiseaux, une exclusion majeure porte sur les rapaces (qui sont carnivores ou charognards). Mais cela ne suffit pas, il faut qu'ils soient tués conformément à un rituel précis d'égorgement, d'ablation de certaines parties impures (sang, nerf...), de rinçage et salage de la viande (cachérisation).
L'une des règles les plus suivies (mais des plus étranges!) concerne l'interdiction de mélanger certains aliments en particulier aliments carnés (rapport au sang donc à la mort) et aliments lactés (le lait qui nourrit la vie) même cuits séparément. Les deux types d'aliments ne peuvent pas être consommés dans le même repas. Pour consommer ces deux types d'aliments, il faut respecter un délai. Après consommation de viande, il doit s'écouler au moins une heure avant de consommer un produit lacté tandis que dans le cas inverse, le délai doit être d'au moins cinq heures! Quant aux ustensiles et batteries de cuisine, il ne suffit pas d'un bon lavage mais ils doivent être différents. Même les feux pour cuire les aliments doivent être différents!
Quant aux végétaux doivent être soigneusement nettoyés afin de ne comporter aucun parasite qui les rendrait impurs. A noter que des frites sont considérées comme aliment carné si elles sont cuit dans une graisse animale. La consommation de vin est permise (Jésus l'a illustrée aux Noces de Cana).

On ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec les Musulmans pour lesquels les notions de "halal"et de "haram" recouvrent pratiquement les mêmes prescriptions (égorgement en ajoutant l'obligation de tourner la tête de l'animal vers La Mecque tout en prononçant certaines paroles sacrées, non utilisation du sang) et les mêmes interdits (porc). A noter que les Musulmans sont moins restrictifs concernant la faune aquatique en revanche ils le sont davantage sur le plan des boissons en prohibant celles qui sont alcoolisées (Mahomet déplorait la dépravation qui résultaitde l'ivresse).

Abordons un tout autre sujet, laïc cette fois,
le KIBBOUTZ
(kibboutzim au pluriel)
Le premier kibboutz fut créé en 1909 à l'initiative d'immigrants juifs venus d'Europe de l'Est. Il s'agit d'une forme d'organisation communautaire agricole à laquelle chacun participe en fonction et de ses besoins et de ses capacités. Si les formes d'organisations collectivistes ont vu le jour dans les régimes marxistes, elles n'ont pas survécu alors que les kibboutzim se sont adaptés à l'évolution économique: accueil de touristes, possibilité de travail hors de la communauté.

et le calendrier juif ?.
Ce calendrier luni-solaire comporte des mois de 29 ou 30 jours. De ce fait, les années ordinaires ont environ 11 jours de retard sur notre calendrier. Les années emboliques (à 13 mois), un mois intercalaire est ajouté en milieu d'année pour compenser ce retard.
La semaine de 7 jours commence le dimanche, le lendemain du jour de prière et de repos, le shabbat.
Les Juifs sont entrés dans l'année 5771 (- 3761 de notre ère chrétienne)
le 1er du mois tishri ou tichri (ce jour commémore la création du monde) soit le 6 septembre 2010.
Aujourd'hui, 4 novembre 2010, pour les Juifs nous sommes le 27e jour du mois hesvan (le second du calendrier juif).

Rappelons que le calendrier musulman est purement lunaire avec 12 mois de 29 ou 30 jours, donc également avec un retard de 11 jours chaque année par rapport à notre calendrier, mais sans recalage solaire. Son point de départ, l'ère de l'Hégire ou Hijra, correspond au 16 juillet 622 de l'ère chrétienne. Cette origine commémore l'exil du prophète Mahomet lorsqu'il quitta la Mecque pour se réfugier à Médine. La semaine musulmane comporte 7 jours et commence le dimanche bien que le jour de prière et de repos soit le vendredi.
Pour les Musulmans, nous sommes le 27 du mois Dhou Al-Qi'da de l'an 1431.

 


En quittant Amman, la plupart d'entre nous réalisons à quel point nous lisons superficiellement la documentation transmise par le Tour Operator mais il faut dire que celle-ci est passablement trompeuse. Le descriptif parle du point de passage de frontière Sheikh Hussein mais la carte qui l'accompagne trace un passage direct au niveau de Jéricho... Il s'avère que ce dernier passage est réservé exclusivement aux Palestiniens et que pour les autres personnes passant de Jordanie en Israël, ils n'existent que deux passages, un au sud et un au nord. C'est ce dernier que nous devons emprunter soit plus de 150km au lieu d'une cinquantaine de kilomètres ou soit encore deux ou trois heures supplémentaires de trajet. Ce n'est pas négligeable même si l'on a pris la précaution de partir dès 7h, ce qui s'avérera bien insuffisant.
Pendant ce long trajet, Iyad nous passera de la musique et surtout des chansons de la chanteuse libanaise
Nouhad Haddad, plus connue sous son nom de spectacle de Fairuz (ou Fairouz ou Fayrouz), qui reste une idole en Jordanie bien qu'elle ne soit plus très jeune (née le 21 Novembre 1935)...

Sur un court trajet, nous empruntons la route du nord menant vers Jérash avant d'obliquer vers l'ouest, au niveau de la ville de Salt (première capitale du royaume) afin de gagner la route qui longe le Jourdain en direction du nord. Les bourgades que nous traversons n'affichent pas une grande prospérité. Toutefois, on peut voir un peu de cultures irriguées le long de la vallée du Jourdain qui, en certains endroits, atteint 15km de largeur.

Les Jordaniens (et les Palestiniens) accusent Israël de faire de trop gros prélèvements sur le Jourdain. Iyad explique que c'est pour cela que, par exemple, le prix du kilo de tomates a été multiplié par 30 (!) en quelques années, passant de 0,05DOD à 1,5JOD.

Arrivée à la frontière, côté jordanien, à 9h. Les photos dans la zone frontière sont interdites (en principe). Premier contrôle de nos passeports dans le bus par un policier jordanien. Nous devons descendre pour un nouveau contrôle de passeport et un contrôle biométrique. Puis la taxe de sortie de Jordanie doit être acquittée. Nous arrivons alors au poste frontière israélien et attendons une demi-heure dans le bus. Un "civil" déambule sur l'aire d'attente avec un pistolet-mitrailleur à la main tandis que des personnels en uniforme inspectent les camions dans une file voisine. Pour ce faire ils utilisent des miroirs placés au bout d'un manche afin de voir s'il n'y a rien de suspect sous les véhicules. Finalement les camions passent bien plus vite que nous.
Nous allons quitter Iyad, notre guide jordanien, ainsi que notre bus pendant une journée et demie, et nous devons passer les contrôles israéliens sans sa présence mais il nous assure qu'il n'y aura pas de problème et que nos passeports ne recevront pas le cachet de visa israélien afin que nous puissions les utiliser par la suite dans les pays arabes.
Mais pour plusieurs d'ente nous, les choses ne se dérouleront pas exactement ainsi et ils se retrouveront avec leur passeport "grillé".

Lorsque nous aurons franchi les divers contrôles policiers et douaniers jordaniens et israéliens, il sera presque 11h30 ! La présence dans le groupe d'une voyageuse d'origine maghrébine au nom à consonance arabe (en fait plutôt berbère) aura allongé la durée des contrôles d'une demi heure environ. Elle a été isolée, conduite dans un bureau où on lui a demandé de donner sa généalogie sur plusieurs générations et de réciter une prière en arabe... (ce qu'elle ne sait pas faire!).

 

D'un bus Mistsubishi nous passons à un bus Mercédès et notre guide est maintenant une Palestinienne chrétienne nommée Henriette employée par le réceptif O.S. Tours & Travel.

Nous passons la ville frontière de Beth-Shean, sans la visiter.
Cest l'une des 10 villes de la Décapole, surnommée la "Pompéi du Proche-orient" avec son amphithéâtre romain bien conservé.
Le Talmud mentionne cette ville comme étant "l'entrée au paradis".
C'est l'un des plus grands sites de fouilles d' Israël
....

La rive occidentale du Jourdain semble plus riche que la rive jordanienne,avec plus de cultures, de palmeraies et de vergers irrigués près du Jourdain.
Les Israéliens semblent accaparer une grosse partie des eaux du Jourdain y compris en amont du Lac de Tibériade, au détriment des Jordaniens et des Palestiniens (non respect des accords de partage). A son débouché dans la Mer Morte, le Jourdain n'est plus qu'un ruisseau aux eaux sales. De plus, les colonies juives pompent, par des captages à grande profondeur, dans la vaste nappe phréatique fossile qui se trouve dans le sous-sol de la Cisjordanie.

Une vingtaine de kilomètres après le passage de la frontière, nous passons en territoire palestinien sans vraiment nous en rendre compte dans la mesure où la vallée du Jourdain est sous contrôle israélien.
Depuis les accords d'Oslo de 1994, les permis de circulation comportent 3 catégories: A, petite zone (Gaza et seulement 3% de la Cisjordanie) relevant de l'autorité palestinienne incluant les villes palestiniennes (dont Bethléem où habite Henriette), C la plus étendue (70% du territoire en Cisjordanie incluant les colonies israéliennes et
Jérusalem-est) dépendant des seuls Israéliens et enfin la zone B très morcelée, gérée en commun et qui couvre principalement des secteurs ruraux dont la zone frontalière que constitue la vallée du Jourdain. A noter qu'Israël respecte peu ces zones. Une centaines de check-points fixes émaillent les routes de Cisjordanie.
Par moment le couloir routier que nous empruntons est bordé de clôtures barbelées...
Henriette nous fait remarquer des plantations qui ont été détruites par les Israéliens dans cette zone B au prétexte de raisons de sécurité, afin de dégager la vue.

La CISJORDANIE grignotée par ISRAEL

Nous voici donc effectuant une sorte de pélerinage-éclair sur les pas des papes JeanPaul II et Benoît XVI qui visitèrent les lieux saints de Jordanie, d'Israël et de Palestine. le premier lors d'un voyage jubilaire (année de pénitence pour les catholiques) du 20 au 26 mars 2000 et le second, l'an dernier, du 8 au 15 mai 2009.

Compte tenu de l'horaire déjà avancé, Henriette émet de sérieux doutes sur la possibilité de visiter les sites musulmans de Jérusalem qui ne sont ouverts aux touristes que jusqu'à 13 heures ce jeudi et n'oublions pas que demain c'est vendredi, jour de la grande prière...

Brève "pause technique" dans une station service où quelques militaires israéliens tuent le temps.
Le paysage se fait plus rude avec des collines et montagnes arides où l'on aperçoit quelques troupeaux de chèvres et de moutons et quelques campements de Bédouins.
Henriette meuble le trajet en essayant de relever un impossible défi, nous inculquer des rudiments de l'histoire biblique, ce qui n'intéresse pas forcément tout le monde et alors que nous sommes fatigués et avons faim.

Lorsque nous arrivons dans la banlieue nord-est de Jérusalem il est 13h15, donc nous ne visiterons pas les lieux saints musulmans...

JERUSALEM-est ("la cité de la paix" en hébreu... un nom bien mal donné !)

Nous voici dans "la ville trois fois sainte", ville sainte des grandes religions monothéistes: juive, chrétienne et musulmane.

Construite sur un plateau à près de 800 mètres d'altitude (donc à 1200m au-dessus de la Mer Morte), la ville compte envion 800 000 habitants, un premier tiers, des Juifs pour l'essentiel, vivant à l'ouest tandis que la population de Jérusalem-est se partage entre Juifs et Palestiniens.


Nous arrivons au Mont Scopus, peu après être passés non loin du camp de réfugiés de Shuafat. Nous longeons une ce qui doit être une zone palestinienne enfermée derrière la Barrière de sécurité ou Mur de séparartion, autrement dit lle fameux "mur de la honte", haut de 8m et renforcé de miradors. Vers le sud, sur une colline, nous apercevons la colonie israélienne de Ma'aleh Adumin, à quelques kilomètres à l'est de Jérusalem. Nous passons devant l'Université avant de nous arrêter pour déjeuner au Shalizar, restaurant palestinien chrétien de Jérusalem-est. Petit restaurant mais cadre bien sympathique et on y mange bien. Les Nations-Unies interviennent dans ce secteur à en juger par la présence de voitures dotées de l'acronyme "UN".
Par rapport à Amman, notre première impression à la vue de Jérusalem-est, c'est que c'est une ville banale, pas très propre, à l'architecture terne et un peu grisâtre.


Sites israéliens classés par l'UNESCO

Outre la Vieille ville de Jérusalem et ses murailles (classe en 1981 à la demande de la Jordanie), Israël compte 6 sites classés:

  • Massada (2001)
  • Vieille ville d'Acre (2001)
  • Tel Aviv, la ville blanche (2005)
  • Route de l'encens dans le Neguev (2008)
  • les "Tels" (tertres) bibliques(2005)
  • Temple des Baahais à Haïfa (2008).

Des demandes de classement de la Tombe de Rachel (à Bethléem) et du Tombeau des Patriarches (à Hébron) ont également été déposées mais sont bloquées en raison des problèmes de statut territorial.

La vieille ville de Jérusalem et ses murailles ont fait l'objet d'un classement par l'UNESCO dès 1981, alors à l'initiative de la Jordanie (qui n'a renoncé à ses territoires d'outre-Jourdain qu'en 1988).

 

Jeudi après-midi .

Après un court trajet en bus, on nous dépose au sommet du Mont des Oliviers d'où on a une superbe vue sur la vieille ville, vue qui serait encore bien meilleure le matin lorsque le soleil l'éclaire de face.
L'ensemble des fortifications actuelles entourant la vieile ville s'étendent sur 3km. Elles mesurent 13m de haut, sont renforcées de 34 tours et comportent 8 portes.

Face à nous, au delà de la vallée du Cédron (ou de Josaphat, lieu du Jugement Dernier selon les Ecritures) et au dessus du rempart oriental, un édifice au dôme doré s'impose, c'est le Dôme du Rocher, appelé aussi Mosquée d'Omar.


JERUSALEM - Dôme du Rocher

En ce lieu, sur le Mont Moriah (le Mont du Temple), les Juifs vénéraient un rocher sur lequel selon la tradition Abraham s'était apprêté à immoler son fils Isaac jusqu'à ce que Dieu retienne sa main (pour les mUsulmans il s'agit d'un autre fils, Ismaël ou Ismail). C'est pourquoi ont exité ici deux temples juifs où lon procédait à des holocaustes, sacrifices rituel par le feu d’un animal après immolation, leur dang s'écoulant par un orifice ménagé dans le rocher. Le premier temple, selon la tradition biblique, fut l'oeuvre du roi d'Israël Salomon, fils de David (Xe s. av. J-C). Il fut détruit par Nabudochonosor II au VIe s. av. J-C lors de la déportation des Hébreux à Babylone. Après un demi siècle d'exil, les Juifs bâtirent le second temple au cours de siècles suivants. Puis Jérusalem fut conquise par le gréco-macédonien Alexandre le Grand en 332.
Pompée, général romain s'empara de Jérusalem en 63 av. J-C et emmena de nombreux Juifs en esclavage à Rome. En 37 av. J-C, les Romains établirent une sorte de roi fantoche sur la Judée, Hérode le Grand (73 av. J-C à l'an 4). Il fut grand en tant que constructeur de palais et surtout en réalisant l'extension du second temple, le Grand Temple de Jérusalem commencée en 19 av. J-C. Mais ce temple n'a pa défié le temps car la révolte des Juifs commencée en 66, d'abord réprimée par Vespasien (qui devient empereur en 68), conduisit à la destruction du temple en l'an 70 de l'ère chrétienne par son fils Titus (qui lui succéda comme empereur en 79), après un siège de 6 mois.
Cette destruction eut un impact majeur dans la dispersion du peuple juif à travers le monde
Après l'écrasement de la seconde révolte juive de Bar Kokhba par les Romains entre 132 et 135, l'empereur Hadrien voulu faire disparaître toute trace des religions juives et chrétiennes, rasant leurs édifices et les remplaçant par des temples païens et interdisant l'accès de la ville aux Juifs sous peine de mort.
La renaissance chrétienne fut l'oeuvre de l'empereur Constantin, après sa conversion en 330
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En 614, Jérusalem fut détruite par les Perses et peu après, en 636, conquise par les Arabes. A la fin du VIIe s., le calife Omar puis le calife Abd el-Mali Ben Marwan firent ériger un édifice remplaçant un temple dédié à Jupiter. Pour les Musulmans, c'est Ismaël (et non Isaac, fils d'Abraham et de sa femme Sarah comme le revendiquent les Juifs), un autre fils d'Abraham (conçu avec sa servante Agar) qui avait été conduit ici en vue du sacrifice. Par ailleurs, selon leur tradition c'est également de là qu'une nuit, monté sur son destrier ailé, Mahomet aurait fait une visite au Ciel. Pour ces diverses raisons, c'est le troisième lieu saint de l'Islam après Médine (tombe de Mahomet) et La Mecque (la Kaaba, bâtiment cubique vide, lieu d'adoration pour les Musulmans). Le contrôle du lieu n'a échappé aux Musulmans que pendant un court intermède de 88 ans lors des Croisades au XIIe s.

La ville passa sous contrôle turc (ottoman) du XVIe s. au début du XIXe s. (protectorat britannique de Palestine). Ainsi Soliman le Magnifique, sultan ottoman, en sa qualité de calife, c'est-à-dire dirigeant de l’oumma (la communauté des musulmans) et commandeur des croyants, confia son architecte favori Mimar Sinan le de remplacer mes décors du Dôme du Rocher par un revêtement de carreaux de céramique ottomans (1545-42).
La ville a été scindée en deux en 1948, entre Israël et la Jordanie, lors de la création de l'Etat d'Israël et maintenant la partie orientale est également sous contrôle israélien depuis la Guerre des Six Jours de 1967 qui a vu la défaite de la Jordanie (mais aussi de la Syrie et de l'Egypte).
Il est curieux d'associer le nom de ce monument de pierre à celui d'un monument du terrorisme islamique, l'universellement connu depuis les attentats du 11 septembre 2011 contre les Twin Towers de New-york, le tristement célèbre Oussama Bel Laden, instigateur du djihad, la guerre sainte contre l'Occident. Pourtant, bien avant cela, c'est en tant que jeune (22 ans) magnat de l'entreprise familiale saoudienne de BTP qu'il conduisit la restauration de la mosquée du Dôme en 1969. C'est dix ans plus tard qu'il bascula dans le salafisme...

Autre édifice voisin, au sud du Dôme et à un angle des muraille, on aperçoit la Mosquée al-Aqsa ("la lointaine") et son esplanade, Haram al-Sharif, bâtie à l'emplacement d'un premier édifice construit une vingtaine d'années après le Dôme, au début du VIIIe s., ce premier édifice musulman succédant au Palais de Salomon et à une église byzantine. Le lieu fut temporairement repris par les Croisés.

Le milieu de la muraille face, au Mont des Oliviers, est percé par une double porte murée, la Porte Dorée (Sha'ar Harahamim) ou Porte de la Miséricorde ou Porte de la Vie éternelle. Elle date du Ve siècle. Cette porte est la seule qui permette d'accèder directement au Mont du Temple. Pour les Juifs, c'est par cette porte que le Messie (pas le Jésus des Chrétiens) doit un jour rentrer dans Jérusalem. C'est pourquoi le sultan Soliman le Magnifique la fit murer en 1541 et que les Musulmans ont établi un cimetière (marque d'impureté) à ses pieds.

Reposons le regard plus près maintenant. Tout d'abord ce Mont des Oliviers sur lequel nous nous tenons est selon la tradition juive, le lieu par lequel le Messie doit passer avant d'entrer dans Jérusalem par la Porte Dorée. C'est pourquoi se trouve établi sur ses pentes le plus grand cimetière juif du monde, le Messie devant ressuciter les morts lors de son passage. C'est l'occasion d'observer quelques particularités de ce cimetière. Les tombes ne sont pas fleurie mais les visiteurs déposent des cailloux sur la pierre tombale lors de leur passage, survivance de pratique antiques où l'on érigeait un cairn sur la dépouille pour la protéger des charognards, c'est aussi une marque plus autère et plus durable du souvenir... Par ailleurs l'ouverture latérale ménagée sur le côté des tombe est destinée à y placer une bougie.

JERUSALEM: vue de la vieille ville depuis le Mont des Oliviers



Autres visites possibles lors d'un séjour d'une semaine ou plus en Palestine/Israël

- Commençons par JERUSALEM que nous avons visitée à la japonnaise et uniquement dans sa partie est, la vieille ville pour l'essentiel et en faisant une impasse monumentale sur l'Esplanade des Mosquées!

Citons les sites chrétiens:

St Pierre en Gallicante ou St Pierre au Chant du Coq est une église constuite en 1931 à l'emplacement du palais du grand prêtre Caïphe et commémorant le triple reniement de Pierre lorsque le Christ fut jugé, reniements coïncidant avec le chant d'un coq
...
Dans l'église du Pater Noster on peut lire le texte du "Notre Père"inscrit en 92 langues.
D'origine byzantine puisque construite par Constantin, elle fut détruite par les Perses au VIIe s. Elle fut rebâtie par les Croisés au XIIe s. puis détruite par les Musulmans. Un couvent (le Carmel) a été construit au XIXe s.
A voir encore la source de Gihon, la piscine de Siloé, l'Ophel.

Dans la partie ouest de Jérusalem, la Knesset (1966), le Parlement israélien avec sa bibliothèque de plus de 50 000 volumes.
Le Musée-mémorial Yad Vashem consacré au souvenir de la Shoah (six millions de juifs disparus durant la Seconde Guerre Mondiale)
Musée d'Israël, Temple ou Sanctuaire du Livre conçu comme une grotte précédée d'un tunnel renferme les manuscrits de la Mer Morte dont les 8m du livre d'Isaïe. Y voir aussi la Menorah (chandelier à 7 branches), symbole de l'État juif, qui a été donné par le peuple britannique au peuple juif en 1956, tapisserie de 8m de haut de Marc Chagall.

Quittant Jérusalem par l'ouest, on va contourner le nord-ouest de la Cisjordanie pour rejoindre le Jourdain et remonter vers le lac de Tibériade puis redescendre en longeant la côte, couper le nord du Négev et remonter le long de la Mer Morte vers Jérusalem. Un circuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

- Ein Karem, village au sud-ouest de Jérusalem, où naquit Jean-Baptiste, lieu de la Visitation de Marie de Nazareth à sa cousine Élisabeth mère de saint Jean Baptiste. Une église du XVIIe s. remplace un édifice byzantin et une autre a été construite en 1938 à l'emplacement d'un autre édifice de la même époque.

- Abu Gosh (Emmaüs de l'Evangile), monastère de la Résurrection.

- Kiryat-Yéarim, colline de l'Arche d'Alliance.

- Plaine de Yizréel (entre Jenin en Cisjordanie) et Afula (en Israël).

- De là, en se dirigeant vers l'ouest, on arrive à Beth-Shean (que nous avons traversée dès notre entrée en Israël, venant de Jordanie, mais sans la visiter).
C'est l'une des 10 villes de la Décapole, surnommée la "Pompéi du Proche-orient" avec son amphithéâtre romain bien conservé. Le Talmud mentionne cette ville comme étant "l'entrée au paradis". C'est l'un des plus grands sites de fouilles d' Israël...

- Revenant sur vos pas, après avoir traversé Afula, on arrive à Nazareth, ville qui compte la principale communauté arabe en Israël avec 35 000 habitants, en majorité chrétiens. On y voit la supposée maison où Jésus vécut avec Marie et Joseph. Succédant à une église byzantine et à une basilique croisée et à une modeste église franciscaine du XVIIe s., la Basilique de l'Annonciation, la plus importante du Moyen-Orient, a été bâtie entre 1960 et 1966.
Petit détour vers Cana, lieu des noces célèbres et du miracle du vin.
Autre détour avant le Lac de Tibériade, au Mont Tabor, 588m, ancienne frontière entre les tribus du nord et du sud. Pour les Chrétiens, c'est la Montagne de la Transfiguration où le Christ apparut à ses disciples, entouré des prophètes Moïse et Elie. Le plateau sommital vit s'y construire des monastères et une forteresse musulmane au XIIe s. Aux ruines, a succédé en 1924 la basilique de la Transfiguration.

- Bataille de Hittin ou de Tibériade.
Les Cornes (ou Fourches) de Hittin (ou Hattin), ce fut le dernier repli des Croisés sur un relief où ils subiront l'assaut victorieux et définitif de Saladin mettant fin à leur domination. 20 000 chrétiens (et 10 000 musulmans) périrent dans un combat acharné et 30 000 furent déportés dont leur roi, Guy de Lusignan. Symbolique mais suprême humiliation pour les Croisés, Saladin emporta la relique de la Vraie Croix à Damas

- Le Lac de Tibériade ou Mer de Galilée, à 210m au dessous du niveau de la mer. Lieu de villégiature balnéaire à l'époque romaine. Le lieu est souvent évoqué dans la tradition chrétienne puisque plusieurs épisodes de la vie de Jésus s'y déroulent (recrutement des apôtres pêcheurs, guérison du lépreux, pêche miraculeuse...). Après la seconde révolte des Juifs (Bar Kokhéda), beaucoup se réfugièrent dans cette région. La mishna, compilation des traditions orales rabbiniques y a vu le jour vers l'an 200 puis, plus tard, le talmud qui en est le prolongement. Des rabbins très célèbres sont ensevelis ici.

- Le Mont des Béatitudes, où une église franciscaine fut bâtie en 1937.
Tabgha, au pied du mont des Béatitudes, offre aux visiteurs ses mosaïques byzantines de deux églises (1932). C'est le site du miracle de la multiplication des pains et des poissons. Chapelle de la Primauté fut construite en 1934.

- Sur la route de Damas: Capaharnaüm (ruines de la maison de St Pierre ? découvertes en dessous des vestiges d'une église octogonale byzantine). La ville fut totalement détruite par un tremblement de terre au VIIIe s. et complètement abandonnée au XIe s. Elle est aux mains des archéologues depuis 1905. Une synagogue du IIe ou IIIe s. y a été découverte. Ici, Jésus a servi en tant que rabbin local.

- Puis ce sont les Sources du Jourdain et le Plateau du Golan : Dan, Banyass, Césarée de Philippe, massif de l'Hermon, villages Druzes, Kuneitra, le mont Bebtal et sa région viticole.

- Acre (Akko dans la Bible), port phénicien florissant, l'une des plus anciennes cités du monde. Ptolémaïs à l'époque gréco-romaine. La ville aux 17 sièges! Les Croisés de Baudouin Ier s'emparent de la ville en 1140. Elle est prise par Saladin après la bataille d'Hattin en 1187 mais les Croisés s'y réinstallèrent en 1189 et y restèrent jusqu'en 1291 avec la destruction de la ville vaincue par les 200 000 soldats de l'armée du sultan Malek al-Ashraf. De l'époque des Croisades subsiste la crypte (en fait la salle à manger) des Chevaliers de St Jean. De la période turque, restent les remparts et surtout la mosquée al-Jazzar, l'une des plus grandes et des plus belles d'Israël.
St Jean d'Acre, fut édifiée au XVIIIe s, sur les fondations de la forteresse des Croisés, remarquable par son port de pêche, ses ruelles, ses remparts et son caravansérail.

- Plus au sud, Haïfa, avec 270 000 habitants, dont la population a été multipliée par 25 en l'espace d'un siècle est la troisième ville d'Israël. C'est le centre mondial de la secte d'origine perse des Bahaïs dont le temple au dôme doré se dresse sur les pentes du Carmel, au milieu de jardins persans. Cette secte fondée au XIXe s. à partir du chiisme prône un monothéiste indépendant visant à unir pacifiquement l'humanité dans sa diversité. Elle compte 7 millions d'adeptes dans le monde.

- La chaîne du Mont Carmel ("vigne de Dieu") s'étend sur 25km et culmine à 600m. Le prophète Elie vint y combattre l'idolâtrie des prêtres de Baal. L'ordre religieux du Carmel a été institué au XIIes. Vue sur la baie et les jardins bahaïs.

- Puis c'est Césarée (nommée ainsi en l'honneur de César Auguste, ami et protecteur d'Hérode). Au Ier s. av. J-C Hérode y construisit temple; amphithéâtre (20 000 places), palais, port en eaux profondes. La ville devint le lieu de résidence du procurateur romain (Ponce Pilate entre autres) et la capitale de la province romaine de Judée. St Pierre et St Paul s'y sont rendus. En 66, c'est d'ici, à la suite du massacre de 2000 Juifs par les Syriens, que partit la révolte des Juifs qui devait aboutir à leur écrasement par Titus et à la destruction du Temple de Jérusalem. Après être passée entre les mains des Arabes puis des Croisés, elle fut complètement détruite par Baïbars (sultan mamelouk d'Égypte) en 1261. Les vestiges ne sont mis à jour que depuis 1956.

- Tel Aviv, la ville blanche à l'architecture du Bauhausen fondée en 1901, en continuation du premier quartier construit sur des dunes désolées dès 1887, Neve Tzedek. 400 000 habitant mais au coeur d'une agglomération de 3,3 millions d'habitants. Ville principale sans vrai statut de capitale car Israël la revendique à Jérusalem où se trouve gouvernement et parlement depuis la fin de la guerre de 1948. La communauté internationale ne reconnaît pas le fait et beaucoup de pays ont leur ambassade à Tel Aviv.

- Vieille ville de Jaffa avec ses rues pavées est l'un des plus anciens ports du monde. Eglise St Pierre offrant une vue sur Tel Aviv. Jaffa dans l'antiquité fut un grand port de la Méditerranée et servait de port à Jérusalem. C'est de là que le christianisme commença à s'ouvrir aux "Gentils", les non-Juifs.

- Se succèdent encore sur la côte, les cités de Yavne (Yamnia), et en Philistie, Ashdod et Ashkelon.

- Descente vers le désert du Négev (ou Neghev) par Beer-Sheva, fondée selon la tradition 2800 av. J-C par Abraham qui y creusa un puits.Puis ce sont les sites de Yeroham, Sde-Boqer, Mitzpe-Ramon, vallée de Paran), Timma, Yotvata, Arad.
Plus au sud, au bout de la Mer Morte, se trouve la fameuse ville de Sodome qui d'après le récit de la Genèse fut détruite par un déluge de soufre et feu et ses habitants transformés en statues de sel pour leur inconduite (le même sort échu à la ville de Gomorrhe).
Des statues de sel sont effectivement visibles non loin de là, en fait il s'agit de concrétions salines qui ont une origine tout à fait naturelle.

- Si l'on se dirige maintenant vers le nord, on atteint Massada, haut lieu de la résistances des Juifs zélotes face aux Romains, symbole de l'ancien royaume d'Israël: fortifications, ruines de palais forteresse d'Hérode subsistent au sommet d'une montagne de granit à 500m au-dessus de la Mer Morte. Le site fut retrouvé en 1842 et fouillé de 1963 à 1965. Il avait été fortifié dès le IIe s. av. J-C mais c'est surtout Hérode le Grand qui y établit un palais somptueux et bien défendu pour faire face à l'éventualité d'une attaque romaine ou d'une révolte du peuple juif.
Lors de la première révolte des Juifs contre les Romains en l'an 66 pour s'opposer à leurs exactions et aux sacrifices quotidiens dus à l'Empereur, une faction de rebelles juifs, Sicaires et Zélotes s'empara du site tenu par une garnison romaine. En 70 d'autres Juifs fuyant Jérusalem assiégée par les Romains vinrent se réfugier avec eux dans un site qu'ils pensaient imprenable. Un millier de rebelles faisaient face aux Romains, fort de 8000 soldats, qui entreprirent le siège en 72, avec l'édification d'une rampe colossale pour atteindre le sommet de la forteresse. En 73, après 7 mois de siège, les Romains réussirent à percer une brèche dans les fortifications. Les Romains ne rencontrèrent aucune résistance. Ils découvrirent les bâtiments incendiés et surtout tous les corps des défenseurs morts volontairement pour échapper à l'humiliation de la défaite et à la capture. Ce fut interprété comme un suicide collectif alors qu'en réalité ils s'étaient entretués à l'issue d'un tirage au sort (le judaïsme prohibant le suicide).

- Plus paisiblement, sur les rives de la Mer Morte, avant de pénétrer en Cisjourdanie, hâvre de fraîcheur avec l'Oasis de Ein-Geddi, "la source du chevreau", site biblique (vestiges de synagogues mais beaucoup apprécient surtout sa réserve naturelle en raison du caractère exceptionnel de sa faune et de sa flore).

La page consacrée à Bethléem présente de très nombreux autres sites situés directement en Cisjordanie...

Pour les Chrétiens, le Mont des Oliviers est le lieu où le Christ venait souvent prier, méditer ou retrouver ses apôtres. C'est aussi de là qu'il serait monté au ciel, 40 jours après sa résurrection. Un édicule roman, la Chapelle de l'Ascension, que nous ne visitons pas, a remplacé l'église byzantine détruite par les Perses. Il est sous la garde des Musulmans.
Le site a donc été également investi par des édifices chrétiens.
A droite du cimetière juif, on aperçoit la coupole de la petite église dominicaine Dominus Flevit ("le Seigneur a pleuré" sur Jérusalem le jour des Rameaux parce qu'il savait que ses habitants vont attirer sur eux la colère divine du fait de leur endurcissement) construite en 1955 face à la vieille ville.

A mi-pente, brillent les bulbes dorés de l'église russe orthodoxe Ste Marie-Madeleine construite en 1888 à la demande du tsar Alexandre III.
Arrivés au bas du Mont des Oliviers, nous traversons sur la gauche un jardin planté de très vieux oliviers (contemporains du Christ) et arrivons à l'église catholique de Gethsemani ("Pressoir à huile") nommée aussi église de "Toutes les Nations". Selon le Nouveau Testament, c'est ici que le Christ pria avec ses disciples la veille de sa mise à mort. Les édifices byzantin et croisés ont cédé la place à cet édifice moderne construit en 1924 avec la participation de 16 pays. A l'intérieur, outre le rocher de l'agonie qu'embrassent les pèlerins, on peut en admirer la décoration. Sa façade extérieure est également intéressante avec le fronton revêtu de mosaïque surmontant des colonnes portant les statues des quatre évangélistes.
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En regagnant notre bus dans la vallée du Cédron, nous passons près du Tombeau de la Vierge Marie ou Eglise de la Dormition (le corps de Marie y aurait séjourné pendant les trois jours de sa dormition avant sa montée au ciel) construite en contrebas. L'édifice roman actuel du XIIe s. remplaça une église byzantine du Ve s.
Mais chose curieuse, d'autres traditions chrétiennes place,t le tombeau de Marie près d'Ephèse, en Turquie, où elle aurait accompagné l'apôtre Jean après la mort du Christ...

Nous ne visitons pas l'église du Pater Noster (le texte du "Notre Père" y est inscrit en 92 langues).

Nous prenons la direction de Bethléem, en passant au pied de la mosquée al-Aqsa (et des fouilles effectuées à ses pieds). Des juifs orthodoxes se rendent au Mur des Lamentations (ou Mur Occidental) en pénétrant dans la vieille ville par la Porte des Immondices ou Porte des Maghrébins (Sha'ar HaAshpot). Puis nous passons au pied du Mont Sion où se trouve le Cénacle ou salle de la Cène (institution de l'Eucharistie, la veille de l'exécution du Christ). Cette colline porte l'église de la Dormition de la Vierge Marie construite en 1910 avec les dons de chrétiens allemands et abrite aussi le Tombeau du Roi David (personnage biblique, roi plus ou moins mythique des temps anciens d'Israël vers le XIe s. av. J-C). Ce dernier lieu est le plus vénéré en Israël après le Mur des Lamentations.


Revenant de notre visite partiellement ratée à Bethléem, n
ous arrivons au très confortable et assez central hôtel israélien Rimorim Jerusalem Shalom ("Paix", tout un programme!). Nous poursuivrons la visite de Jérusalem, le lendemain, vendredi...
L'hôtel est très confortable où nous y mangerons kacher comme il se doit. Déjà, sur le montant droit de la porte des chambres sont fixés des mezouzot (mezouzah au singulier) représentant un rouleau de parchemin sur lequel un commandement du Deutéronome enjoint de marquer ainsi les maisons des Juifs. Pour certains Juifs, c'est une sorte d'amulette porte-bonheur. Comme nous en avait prévenu Henriette, le buffet ne proposait pas à la fois aliments carnés et aliments lactés (cf. encadré en haut de page)...


Haut de page

Matinée du vendredi.

Départ de l'hôtel dès 7 heures pour une matinée du vendredi consacrée à la visite expresse de la vieille ville de Jérusalem.

JERUSALEM: les quartiers de la vieille ville

 

Le bus passe au pied de la Citadelle ou Tour de David et nous dépose à la porte de Jaffa qui donne accès au quartier chrétien et au quartier arménien (la vieille ville comporte également un quartier juif et un quartier musulman).

La Citadelle qui était à l'origine le palais d'Hérode le Grand subit des transformations avec les Romains (après la prise de la ville en l'an 70), puis par les Croisés et les musulmans Mamelouks puis Ottomans, en particulier par Soliman le Magnifique en 1540. Par un dédale de ruelles pavées, ponctuées de marches ici et là, nous passons près de l'école des Soeurs du Rosaire, non loin du Patriarcat Grec et devant un accès à la Mosquée d'Omar pratiquement imbriquée dans le Saint Sépulcre.


JERUSALEM: au St Sépulcre

 

Pour les chrétiens, l'Anastasis ou Saint Sépulcre correspond aux lieux de la crucifixion et de l'inhumation du Christ et trois millions de pélerins viennent s'y recueillir chaque année.
Le Nouveau Testament a placé le lieu hors des murs de la ville mais les fortifications furent étendues par la suite.

L'empereur Hadrien fit construire un temple dédié à Jupiter à cet endroit jusqu'à sa démolition décidée en 326 par l'empereur Constantin et par sa mère Ste Hélène. Des phases de destruction et de reconstruction vont durer jusqu'au XIe s. En 1852, les Ottomans fixèrent l'usage des lieux principalement au profit des catholiques, des grecs orthodoxes et des arméniens. Les chrétiens de tradition syrienne, abyssines ou coptes disposent également de certains droits.

Nous allons pratiquement parcourir le Chemin de Croix à l'envers afin de gagner du temps...

Dans le St Sépulcre, nous commençons par la 13e station (sur 14), "la descente de la croix" et l'on voit des pèlerins qui baisent la pierre sur lequel le crucifié aurait été déposé après sa mort.
Après avoir emprunté un escalier, nous arrivons au Golgotha, le rocher sur lequel les croix étaient dressées (il y avait 800 crucifixions par an), à l'époque en dehors des fortifications. En fait le rocher sur lequel l'édifice est construit est peu visible car recouvert par deux chapelles, celle des catholiques marquant le lieu où le Christ fut dépouillé de ses vêtements et cloué sur la croix tandis que la chapelle grecque orthodoxe voisine marque l'emplacement même où fut dressée la croix. Ce sont les 11e et 12e stations. En dessous, nous passons dans de petites chapelles dédiées à la Vierge et à Adam. Puis nous arrivons à la chapelle où se dresse le tombeau du Christ (14e et dernière station). Le tombeau primitif a été détruit par les musulmans fatimides au tout début du XIe s. et reconstruit peu après. Quant au monument actuel, il est dû aux orthodoxes russes et grecs date de 1810. Le lieu reste sombre malgré la verrière dont le dôme a été doté selon les souhaits du pape Jean-Paul II.
Ceci dit, les Protestants tiennent pour tombeau du Christ, "la tombe du Jardin" découverte en 1883, au-delà des fortifications actuelles, près de la Porte de Damas. Etonnant n'est-ce pas?

Sortis du St Sépulcre, à quelques pas de là, sur la terrasse d'un immeuble habité par les Palestiniens, un Juif s'est installé, entouré de barbelés et arborant le drapeau israélien. Au final, le fouillis des lieux ne donne pas une impression de grandeur comme peuvent nous la procurer les cathédrales gothiques...
Après cela nous poursuivons par la Via Dolorosa, "la voie douloureuse", voie étant entedue au sens spirituel ou mental comme dans les religions orientales et non au sens de voie de circulation... ce qu'elle est cependant!
La plus grande partie se trouve dans le quartier musulman, en remontant les stations, par exemple la sixième (chapelle grecque catholique) évoquant Véronique essuyant le visage du Christ (pour les croyant, c'est le linge vénéré à Turin sous le nom de St Suaire). Ce chemin s'apparente à un bazar où il y a une décennie il était encore possible de croiser ânes, mules et dromadaires...
C'est un mélange d'habitations, de boutiques, de passages couverts et les petites chapelles du Chemin de Croix se dissimulent en rez-de-chaussée ou en cryptes. Bibelots et bondieuseries diverses trônent sur les étals tandis que se mêlent, outre les touristes et pèlerins, les diverses communautés: hommes juifs en noir, les cheveux retombant de chaque côté du visage en
péotes (et non pas en papillotes), coiffés d'un chapeau de feutre ou d'une kippa ou d'un toque de fourrure, femmes palestiniennes voilées, hommes arabes coiffés de leur keffieh à carreaux noirs (symbole du Fatah et couleur traditionnelle chez les Palestiniens) ou rouges (symbole du FPLP ou Front populaire de libération de la Palestine, plus à gauche que le Fatah), couleur portée couramment en Jordanie, Irak ...
Nous voici dans le quartier musulman ou des "enclaves" israéliennes s'affichent de manière provocante.

Mais où est donc passée la jeunesse?
Les jeunes musulmans font-ils la grasse matinée en ce vendredi, jour de prière, puisque ce n'est pas l'heure de celle-ci en milieu de matinée?
Et les jeunes juifs?
Le shabbat n'est que demain, samedi, alors ils travaillent sans doute ou étudient hors de la vieille ville? On ne voit que quelques garçonnets (avec la kippa) accompagnant leurs parents au Mur des Lamentations...


Nous quittons la Via Dolorosa pour tenter d'avoir une vue extérieure du Dôme du Rocher. Henriette tente en vain de parlementer avec le policier en faction.

JERUSALEM: le Mur des Lamentations

 

Nous passons notre chemin pour arriver au quartier juif, en particulier pour accéder au Mur des Lamentations, vestiges des fondations du Grand Temple d'Hérode le Grand, détruit par les Romains en l'an 70. A partir de l'époque byzantine, les Juifs dispersés (diaspora) pouvaient se rendre à ce mur à l'anniversaire de la destruction du temple. Cela ne fut plus possible de 1948 (création d'Israël) à 1967 (Guerre des Six Jours) car cette partie de Jérusalem était placée sous l'autorité jordanienne.
Le mur se trouve littéralement surmonté par l'Esplanade des Mosquées...

Les rouleaux de la thorah (thora ou torah) et des arches sacrées sont conservés dans des salles souterraines.
Le pan de 57 mètres de long visible n'est en fait qu'une partie de la muraille occidentale, de 497 mètres de long. Le reste du mur est actuellement situé pour une partie dans le quartier arabe de la ville, utilisé comme quatrième mur par les maisons attenantes, et, pour l'autre, enterré sur plus de 200 mètres. Jusqu'en 1967, l'accès au mur se limitait à un étroit corridor en bordure du quartier des Maghrébins jusqu'à ce que les Israëliens détruisent les maisons pour dégager l'actuelle esplanade située devant le mur.
C'est aussi au nord du Mur (dans la partie réservée aux hommes) que s'amorce le tunnel du Mur occidental ouvert après la Guerre des Six Jours, entre 1988 et 1996 et qui longe le mur sur plus de 200 m mais nous n'aurons pas le temps de visiter le tunnel.

Il est étonnant que cette vaste esplanade (pouvant accueillir 250 000 fidèles) soit accessible à des non Juifs, 24h sur 24, mais tête couverte (même d'une vulgaire casquette afin de signifier l'humilité par cet écran mis entre Dieu et l'homme). Etonnant aussi de ne pas subir de contrôle ni même de voir d'uniformes à l'entrée du site (ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait pas de surveillance plus discrète). Heureusement, nous sommes vendredi et il n'y a pas la foule qui doit se presser ici le samedi, jour du sabbat (shabbat, ou sabbath, ou chabbat pour les Juifs), jour d'abstention d'activité y compris intellectuelle (sauf contexte médical) et grand jour de prière pour les Juifs mais c'est un jour de fête et de réjouissance où tout jeûne est interdit.

Le sabbat commence au coucher du soleil le vendredi et se termine 24 heures plus tard. Tout autre activité manuelle quotidienne est prohibée. Comme l'utilisation de l'électricité est interdite, des bougies doivent être allumées au moins 18 minutes avant le début du sabbat (!) Quant aux repas, ils sont préparés à l'avance et laissés à mijoter car il est interdit d'allumer du feu pendant le sabbat.

Un joli mezouzah en bronze marque l'entrée du site comme il marque l'entrée de toute habitation juive. La partie droite de l'esplanade, chichement comptée, est réservée aux femmes qui s'y entassent littéralement.
Du coté des hommes, deux mètres séparent chaque personne en prière au pied du mur, il y a donc de la place pour la photo un peu sacrilège d'un touriste qui se glisse au milieu d'eux...
C'est donc l'occasion d'observer les Juifs en prière, la tête couverte d'un chapeau de feutre noir ou de la calotte appelée kippa ou d'une toque de fourrure (shtreimel ou spodik, originaire d'Europe orientale), une lanière de cuir enroulée autour de la main et du bras gauches (pour les droitiers) appelée phylactères ou téfilines et remontant jusqu'à une "cassette" (théfilat). Certains ont les épaules recouvertes par un thalit, un châle de prière rectangulaire de laine claire, rayé et pourvu de franges (tsitsit). La récitation de la prière est ponctuée d'inclinaisons de tête pour signifier l'évocation du nom de Dieu qui n'est jamais prononcé. Certains posent le front et étendent les mains sur le mur. Surprenant aussi, ces petits bouts de papier plié enfoncés dans les joints creux entre les pierres du mur, papiers porteurs de prières ou de voeux auxquels le plus grand respect est accordé puisque lorsqu'ils finissent par tomber, on ne les détruits pas mais on les enterrent au Mont des Oliviers.Autre curiosité, c'est de les voir quitter les lieux à reculons afin de ne pas tourner le dos au mur.
Première présence d'uniformes policiers et militaires accompagnant un juif coiffé de la kippa et les épaules couvertes d'un thalit et lançant quelques appels de trompe avec un shofar, une longue corne de bélier qui rappelle la substitution de cet animal pour être sacrifié en lieu et place d'Isaac, fils d'Abraham.


Retour sur la Via Dolorosa.
Chemin faisant nous arrivons à la 3e station rappelant la première chute de Jésus (il tombe trois fois). Puis nous passons devant la grande maison de l'ancien premier ministre, Ariel Charon (toujours dans le coma depuis 5 ans) avec un drapeau flottant au vent. Non loin de là, deux militaires à l'air débonnaires sont en faction à un carrefour. Impression bizarre alors que moins d'une vingtaine d'années plutôt, les Juifs se déplaçaient ici armés dans la vieille ville.
Poursuivant notre chemin, nous croisons un petit groupe de pélerins, justement porteurs d'une croix de bois. Nous arrivons au Couvent de l'Ecce Homo ("Voici l'Homme") qui serait bâti à la place de la forteresse de l'Antonina ou Pilate aurait livré Jésus aux Juifs qui voulaient le crucifier. Les religieuses de Sion y accueillent des Juifs secrètement convertis au catholicisme. Tout près de là se trouve l'église franciscaine de la Flagellation correspondant à la première station du chemin de croix. Elle fut bâtie en 1920 à l'emplacement d'une église de l'époque des croisades. On peut y voir trois grands vitraux et une coupole revêtue de mosaïque.

Nous avons presque traversé la vieille ville et nous arrivons près d'une rue conduisant au Mont du Temple (Dôme). Là encore trois militaires à l'allure toujours aussi débonnaires sont en faction. Nous visitons l'église Ste Anne (selon la tradition Ste Anne, la mère de Jésus serait née dans la crypte), toute proche. C'est un intéressant édifice roman bâti par les Croisés au XIIe s. A la fin de ce même siècle, Saladin, artisan de la reconquête de Jérusalem par les musulmans en 1187 en fait une école coranique. Au-dessus du portail d’entrée, il fait apposer une inscription portant la date de 588 (1192 selon le calendrier chrétien) et invoquant l’aide de Dieu pour tous les croyants. A la fin du XIXe s., l'édifice a été confié aux Pères Blancs (français). Tout près de là nous jetons un coup d'oeil aux vestiges de la Piscine de Béthesda ou Piscine Probatique, lieu du miracle de Jésus guérissant un paralytique, dont les vestiges ont été dégagés par les Pères Blancs. Enfin, nous franchissons la Porte St Etienne dite aussi Porte des Lions (ou Sha'ar HaArayot) percée dans le mur oriental, face au Mont des Oliviers.

Quel bilan tirer de cette visite expresse à Jérusalem?
Un sentiment étrange. Une sensation d'irréel, de vécu en rêve. L'impression de rentrer dans un décor de film avec des figurants qui remplissent tranquillement leur petit rôle mais pas de vrais gens. L'impression de communautés qui s'ignorent, ne se voient pas et cheminent sur des chemins parallèles... jusqu'à ce qu'elles se percutent!
En réalité, je pense que l'image qui conviendrait le mieux pour décrire la situation, c'est celle du volcan endormi, et non éteint, qui pourrait exploser à tout moment...

Partant pour Bethléem, nous quittons une nouvelle fois Jérusalem en suivant la vallée du Cédron qui nous fait longer les murailles orientales et méridionales de la vieille ville, en passant au pied du Mont Sion (ou Zion).



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