SANTIAGOPinar del RioVinales




PINAR DEL RIO (1),
VIÑALES** (2).






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DU TABAC AU CIGARE.

Lorsque Christophe Colomb (encore lui!) arrive à Cuba, la médecine indienne utilise déjà le tabac en inhalant la fumée de la feuille du "cohiba" (la plante du tabac qui donnera son nom au plus célèbre des cigares cubains) à l'aide d'une pipe appelée la "tobago"'. Il y a donc eu glissement de sens du nom de la pipe vers celui de son contenu!

On raconte qu'un certain Jerez, faisant partie du corps expéditionnaire de Cristobal Colón, débarquant sur la côte septentrionale, aperçut un Indien taïno avec aux lèvres un bâton de feuilles roulées en feu. Il l'imita et aprécia mais mal lui en prit, car de retour à Madrid, il fut condamné par l'Inquisition à deux ans de prison ferme. En effet, selon les témoignages de son entourage, de la fumée sortait de sa bouche et des étincelles de ses yeux... Certainement des manifestations du Malin!

Si fumer se dit "sikar" en indien (du maya zicar), ce geste est rituel et possède une signification précise dans leur culture et serait à l'origine du mot cigare (autre origine possible cigarra en espagnol qui signifie cigale à laquelle il ressemble par la forme et la couleur).

Ainsi les conquérants espagnols vont, quelques années plus tard, "inventer" l'ancêtre du cigare en fumant directement les feuilles de tabac roulées sur elles-mêmes.

Tabac...

A Cuba, les feuilles de tabac vont être cultivées dans un but commercial vers 1580, et deviennent même vers 1700 sa première source de revenu à l'exportation.

Les autorités coloniales espagnoles établirent un monopole royal en 1717, monopole que les planteurs ne tardèrent pas à remettre en cause.

Cette plante fragile, cultivée par les vegueros pousse en trois ou quatre mois pendant la saison d'hiver (ce qui est bien relatif sous les tropiques), disons après la saison des ouragans.
La terre est labourée en juillet-août par des boeufs plutôt que par des tracteurs qui compactent trop le sol. Après un semis effectué en septembre, le plant de tabac de variété Criolo
, d'une quinzaine des centimètres, est repiqué en pleine terre entre octobre et décembre. 90 jours plus tard, le plant mesure alors un bon mètre et est prêt pour la récolte qui est toujours manuelle.
Les feuilles destinées à devenir la cape du cigare (c'est à dire la feuille qui 'finit' le cigare) sont issues de la variété Corojo et poussent à l'abri du soleil et de la pluie, sous des bâches de tissu tendues à même le champ, à intervalles réguliers.

Afin de stimuler la croissance des feuilles, la tige centrale est alors coupée.
Récoltées par paires d'un même niveau, les feuilles sont alors successivement coupées à intervalle de temps régulier, dès qu'elles arrivent à maturité.

Au long de la tige, on récolte trois qualités de feuilles. Compte tenu du nombre de paires de feuilles, entre janvier et mars, 6 à 9 passages par pied sont nécessaires. Les paires de feuilles de même taille sont ensuite attachées grâce à une aiguille que l'on passe à travers la nervure centrale de chaque feuille.

Les feuilles récoltées sont mises en bottes pour être séchées à l'horizontale sur un système de lattes formant claire voie.
Encore vertes et gorgées d'eau, elles subissent 50 jours (un mois et demi à deux mois)
de séchage dans les ''casas de tobago'' (sorte de granges aérées faites de bois et de feuilles de palmiers) où elles sont suspendues en atmosphère à température et humidité contrôlées. Elles vont donner à la feuille, devenue marron, un aspect fripé. C'est ainsi que le paysan les vendra à la coopérative. Mises alors en tas d'une cinquantaine de centimètres de hauteur, les feuilles vont reposer et subir leur première fermentation à 35° pendant 30 jours.

Les feuilles sont ensuite humidifiées et triées avant d'être remises en tas pour une seconde fermentation qui durera 2 mois à 42°. Après cela, les feuilles subissent une nouvelle opération de séchage avant d'être mises en ballots, couverts par des feuilles de palmiers. Après vieillissement, c'est sous cette forme que les manufactures de cigares (pour l'immense majorité situées à La Havane, d'où le nom générique de ''Havane'' pour désigner les cigares) reçoivent leur matière première, six mois et demi après la récolte.

Alors que le quintal de feuilles séchées est acheté par l'État -qui a le monopole de l'industrie du cigare- 350 pesos cubains (soit environ 15€) au paysan, le prix d'un cigare de grande marque oscille entre 2 et 10€ l'unité sur le marché cubain.


...et cigares

Au début du XXe siècle, le pays comptait environ 120 manufactures, lesquelles produisaient plus de 200 marques différentes. Quant aux cigariers, ils constituaient alors le noyau de la classe ouvrière cubaine. Après la chute de Batista en 1959 et la Révolution, l'embargo américain toucha la production de cigares. Les Cubains ripostèrent en créant les marques Montécristo, puis Cohiba, qui allaient devenir les marques les plus recherchées au monde. Chaque année, Cuba exporte désormais entre 50 et 80 millions de cigares de plus de 40 marques différentes.

Actuellement, l'industrie du cigare, qui est nationalisée, est la troisième industrie de l'île juste après celle du tourisme et de la canne à sucre. Très populaire à Cuba, les cigares sont l'équivalent de nos vins français. Le portrait de Fidel Castro, un havane aux lèvres en a fait la publicité.

Mais revenons à nos feuilles de tabac.
Avant de devenir Esplendidos ou Montecristo, la feuille de tabac est passée par plusieurs étapes très complexes.

Avant d'être travaillées, elles sont humidifiées afin de ne pas être trop friables.
La première opération consiste alors à ôter (manuellement) la nervure centrale de chaque feuille, divisant ainsi chaque feuille en deux. De la même façon que pour élaborer un grand vin, le maître cigarier est alors chargé de procéder à un savant mélange des feuilles qui seront choisies pour réaliser le cru. De son choix dépendra la réussite et le goût du produit.

Il ne reste alors plus aux ouvriers qu'à rouler les feuilles de leurs mains expertes. Le cœur du cigare s'appelle la tripe (tripa) et est constitué de trois types de feuilles (pour la combustion, l'arôme et la force) roulées à la main par le torcedor. Elle est maintenue en place par la sous-cape (capote) faite de deux demi-feuilles enroulées en sens contraire tandis que la cape (capa) forme l'enveloppe extérieure d'aspect lisse et velouté et qui est classée en fonction d'une gamme de couleur allant du claro-claro à l'oscuro. La ''tête'' qui sera portée à la bouche est enveloppée dans un morceau de feuille collé à la colle végétale. Elle sera coupée avant d'allumer le cigare tandis que l'autre extrémité, "le pied", sera portée à incandescence. Depuis 1830 on ajoute une bague qui enserre le milieu du cigare.

Dans la manufacture Francisco Donatien de Pinar del Rio, une centaine d'ouvriers (torcedores) roulent ainsi une moyenne de 100 cigares par jour.
Travail d'experts payés environ 17 $US (environ 20€) par mois. La salle où les torcedores travaillent 44 heures par semaine est appelée la Galera (la galère). En effet, au début du XXe siècle, les fabriques étaient des prisons. De ce modèle est née la coutume d'asseoir les torcedores en longues rangées, comme des galériens. La salle ressemble aussi à une grande salle de classe. En guise de professeur, un lecteur intervient plusieurs fois par jour pour lire le journal et quelques chapitres d'un roman.... Attentifs, hommes femmes roulent alors sur un fond sonore "culturel" et ...politique! A quand des lecteurs de l'Huma sur les chaînes de montage chez Renault?...
Chaque torcedor regroupe ses cigares par botte de 50 dans laquelle il glisse sa marque. De chaque botte est prélevé un cigare pour la vérification du poids et de la taille.
Vient enfin le contrôle final où chaque cigare est calibré et pesé. Tout défaut est alors signalé à l'ouvrier et le cigare est déclassé, voire démonté. Son tabac sera alors récupéré pour des productions de cigarettes.
Après que les cigares ont reposé plusieurs semaines dans l'escaparate, l'escogedor les classe par teintes.
C'est à ce prix que la qualité des cigares cubains ne connaît pas de véritable concurrence et que des noms aussi prestigieux que Cohiba, Partagas, Romeo y Julieta, Hoyos de Monterrey, N. Hupmann ou encore Montecristo ont fait le tour du monde et font le bonheur de millions d'amateurs de cigares... toutes ces marques que nous avons vues dans le magasin de dégustation la veille, à La Havane.

A côté de ces cigares roulés à la main, existent des cigares industriels, roulés mécaniquement et souvent garnis de tabac haché issu des chutes des fabriques manuelles. Les Cubains, grands fumeurs devant l'Eternel, font partir en fumée chaque année plus de 200 millions d'unités de ces cigares déclassés, les cigares du peuple, à base de tabac de seconde catégorie non destiné à l'exportation.

Depuis 1990 (Periodo Especial), les taxes ont augmenté de 100%.

La plupart des amateurs de cigares n'en inhalent pas la fumée mais la gardent en bouche de qui suffit pour en sentir la pleine saveur et les pleins effets.
Si l'on est "fumeur" de cigarettes, en revanche on est "amateur" de havanes. Le très officiel Club des parlementaires français fumeurs de havanes compte des personnages aussi célèbres que Juppé, Balladur, Séguin, Pasqua, Soisson, Charasse, Sarkozy, Madelin... mais pas un seul communiste!
Le monde du show-biz n'est pas en reste avec un Jacques Dutronc, inséparable de son Cohiba Robusto. Et n'oublions pas le plus grand des fumeurs de havanes, DIEU, comme le chante le fumeur de gitanes Serge Gainsbourg...

Les touristes peuvent emporter jusqu'à 50 cigares par personne sans facture mais les douanes cubaines sont assez pointilleuses afin d'éviter les contrefaçons (mauvais cigares avec souvent une seule feuille d'enveloppe et même parfois de bananier!).


L'éducation...

L'Education est considérée comme l'activité sociale la plus importante à Cuba.

Avant la Révolution, il y avait un enseignant pour 3 000 habitants. Aujourd'hui le rapport est de 1 pour 42, avec une moyenne d'un enseignant pour 16 élèves, sachant qu'une école est ouverte dès lors qu'il y a cinq enfants a y être inscrits.

Les enfants portent un uniforme. Les cours finissent à 16 heures et sont suivis par des activités sportives, artistiques ou culturelles. L'école est obligatoire de 5 ans à 18 ans. l
Les études universitaires durent 5 ans sauf en médecine où elles sont portées à 7 ans.

L'accès à l'éducation est gratuit du primaire à la fin des études universitaires.

Cuba a un taux de diplômés plus élevé que la plupart des pays en voie de développement, et si sa population ne représente que 2 % de la population de l'Amérique latine, 11 % des scientifiques latino-américains sont cubains.

...et la santé

Avant la Révolution Cubaine de 1959, il y avait un médecin pour 2000 habitants. Le taux est actuellement de 1 pour 167. 60 % des médecins sont des femmes.
Cuba a aussi une école internationale de médecine et forme des médecins pour d'autre pays pauvres (Venezuela par exemple). Cuba a ainsi formé plus de 8000 médecins étrangers grâce à des bourses d'études gratuites.

Cuba formerait chaque année plus de 5 000 médecins.
Environ 20 000 (30 000 selon d'autres sources) médecins cubains travaillent à l'étranger où ils séjournent pendant trois ans. Ils perçoivent 100$ par mois la première année, 200$ la deuxième, 300$ la troisième. A Cuba leur famille perçoit 50 pesos convertibles (CUC) par mois.

Les médecins et les infirmières vivent au sein de la communauté où ils exercent et sont généralement hébergés au-dessus de la clinique.
Dans les zones rurales reculées, des bâtiments de trois étages sont construits, avec le cabinet médical au rez-de-chaussée, et des appartements au premier et second étage, un pour le médecin et un pour l'infirmière.

La politique familiale se manifeste par l'aide apportée aux futures et jeunes mères.
Pendant les deux mois précédant l'accouchement, elles peuvent se reposer dans des Foyers Maternels (Hogar Materno). Après l'accouchement, elles ont un congé d'une année.

Mais cette médecine reste rustique. Pour les accouchements, l'anesthésie péridurale pour réduire les douleurs n'est pas pratiquée et son existence semble même ignorée du personnel des Foyers Maternels comme on a pu le constater. Les instruments médicaux à usage unique (aiguilles et seringues) n'y sont pas de pratique courante.


PINAR DEL RIO

Nous quittons LA HAVANE par les quartiers ouest Miramar et Cubanacan.
Ce sont des quartiers résidentiels où les villas les plus cossues ont été transformées en ambassades. Un t
Trajet de plus de deux heures pour environ 170 km par l'autopista en direction de Pinar del Rio.

PINAR DEL RIO, ville de 200 000 hab. (anciennement Nueva Filipa fondée au XVIe s.). Important centre de la culture et de la transformation du tabac. Surnommée la ville des chapiteaux pour ses nombreuses colonnes corinthiennes et ioniques de ses constructions.
La ville est également connue pour sa liqueur locale, ''la Guayabita''.

A proximité de Pinar del Rio, dans le village de Guardelaria, nous visitons la petite fabrique de cigares, la Fabrica de Tabacos Francisco Donatien, installée dans une ancienne prison.
Ce serait l'une de deux seules fabriques ouvertes à la visite dans la région, ce qui expliquerait l'embouteillage sur lequel nous arrivons, les autres touristes ayant été plus matinaux.

Le cœur du cigare s'appelle la tripe (tripa) et est constitué de feuilles roulées à la main par le torcedor. Elle est maintenue en place par la sous-cape (capote) tandis que la cape (capa) forme l'enveloppe extérieure d'aspect lisse et velouté. La ''tête'' est enveloppée dans une rondelle de feuille de tabac collée à la colle végétale (elle sera coupée avant d'allumer le cigare). Depuis 1830, on ajoute une bague qui enserre le milieu du cigare.
Les meilleurs Havanes sont fabriqués dans cette région où pousse le fameux tabac noir, le puro.
A l'époque coloniale, la fabrication de cigares était un privilège royal (établi en 1717) contre lequel les planteurs s'élevèrent bientôt. Les cigares de Cuba étaient exportés en Espagne vers les ports de Séville et de Cadix.


Curieusement, les photos sont interdites dans ce petit atelier exigu alors qu'il n'y a aucune technologie extraordinaire ou grand secret de fabrication à découvrir dans un tel lieu.
Donc comme pour les Cubains, il nous reste à contourner la règle!

L'usine comprend 115 employés. Les rouleurs (torcedores) fabriquent quotidiennement de 80 à 110 authentiques cigares de ...Trinidad!
La journée est de 8 heures. Pour en rompre la monotonie et accessoirement, assurer l'endoctrinement, un employé est chargé de faire la lecture (presse, livre) dans l'atelier. Ici, on est loin des grandes manufactures de La Havane qui ont un millier d'employés et disposent de services intégrés (dentiste, manucure...).
Le travail est totalement manuel et il faut une bonne expérience pour que la tripe fasse le calibre en diamètre et en longueur, que la robe soit bien lissée. Un contrôle est effectué et certains cigares sont déclassés.
En prime, par jour de travail, les employés bénéficient de deux cigares qu'ils peuvent vendre. Sur le lieu de travail, ils n'ont pas le droit de le faire mais des employés en pause ne se gênent pas pour faire des propositions.
Passage obligé par la petite boutique de vente. On nous met en garde contre les vendeurs de cigares de contrefaçon (mauvais cigares avec souvent une seule feuille d'enveloppe et même parfois de bananier!) qui sans aucune discrétion proposent leur marchandise dans la rue ou sur le pas de leur porte à quelques mètres de là.


Nous prenons une route secondaire en direction de Viñales, village distant de quelques 20 km.

Certains d'entre nous souhaitant faire bénéficier les jeunes écoliers cubains de quelques fournitures scolaires, Doris repère bientôt dans le village de Auba une petite école de campagne* dans la cour de laquelle est érigé un buste de l'inévitable José Marti...

La jeune maîtresse est totalement déstabilisée par cette irruption totalement impromptue et surtout ne se sent pas habilitée à nous recevoir sans avoir obtenu l'autorisation. Mais au fait, avant de critiquer, essayez donc de faire ce genre de chose en France, il faudrait au moins remonter à l'inspection académique sinon au rectorat...
L'argument qui la convainc: si elle refuse "vaut-il mieux alors donner cahiers et crayons à de enfants de rues non scolarisés et qui en font un trafic?".

On peut en profiter pour jeter un coup d'oeil dans les classes. Tient donc, pourquoi ce petit garçon resté tout seul à jouer dans une classe et de surcroît parfaitement indifférent aux visiteurs? Pourtant il ne semble ni puni, ni malade...
On peut remarquer que par rapport aux autres écoles des pays du Tiers-Monde, un minimum d'équipement existe dans cette école: bureaux, chaises, livres, jeux et jouets, téléviseur, , matériel pédagogique..

Pour nous remercier, les enfants s'improvisent en chorale et entonnent une longue chanson qui commence par quelque chose du genre "Nous sommes nés, nous avons le droit de grandir, le droit d'être heureux...".


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VIÑALES**

Une demi-heure de route à travers un paysage ponctué de reliefs en pains de sucre, les fameuses mogotes.

Le site est inscriteau Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1999 .

Sans nous y arrêter, nous passons devant l'entrée de la petite ville de Viñales afin de nous rendre à la Casa de Benito** qui cultive les plans de tabac et en sèche les feuilles dans son "despalillo" dans la campagne de Viñales.

Le procédé de récolte qu'il applique semble plus expéditif, dans la mesure où il sectionne la tige du plant par tronçon portant les deux feuilles appariées plutôt que de détacher chacune et de les attacher par un fil (cf. ci-contre).







Le TABAC (ou plutôt cohiba de son nom indien devenu aussi l'une des quatre grandes marques).
Les Indiens mélangeaient le tabac à des plantes hallucinogènes pour un usage médicinal ou lors de rites chamaniques.
Les autorités coloniales espagnoles établirent un monopole royal en 1717.

plants de tabac chez BenitoCette plante fragile pousse en trois ou quatre mois pendant la saison d'hiver (ce qui est bien relatif sous les tropiques), disons après la saison des ouragans, entre novembre et avril. Le Criolo pousse en pleine terre et ses premières feuilles sont les plus aromatiques tandis que le Corojo plus délicat et dont on tire la cape est cultivé sous serre. Lorsque le plant se développe, il est étêté afin d'empêcher la floraison.



Le séchage dure trois mois. Cela explique que les séchoirs ravagés par les ouragans de l'an dernier étaient heureusement vides alors (un moindre mal!). Les feuilles récoltées sont d'abord mises en bottes pour être séchées à l'horizontale sur un système de lattes formant claire voie en plein air. Puis elles sont suspendues verticalement dans de séchoirs, ces sortes de hangars bardés de feuilles de palmiers afin que l'air circule, pendant un mois et demi à deux mois. Il faut veiller au bon degré d'hygrométrie et à la bonne température.
Avant d'être travaillées dans les manufactures de cigares, elles seront humidifiées afin de ne pas être trop friables.

Après la fin de la récolte, en été, on remplace dans les champs le tabac par du manioc, des haricots, de maïs ou des topinambours.


Benito est un personnage haut en couleur, photogénique et cabotin à souhait, ce qui lui permet d'être une célébrité mondiale (aux USA notamment). Après la visite de son séchoir où il roule quelques cigares et les vend par lots de cinq, on peut également visiter sa maison et sa basse-cour (c'est l'heure du déjeuner pour ses volailles dindons et poulets...



VIÑALES, petite ville de 30 000 hab., fondé en 1607, doit son nom aux vignes plantées ici au tout début du XVIIe s. par un colon canadien.

Cette ville est blottie au creux d'une superbe vallée ponctuée de mogotes, des reliefs karstiques en forme de pains de sucre de la Sierra de los Organos ("les Orgues").

Palmiers, pins et orchidées sauvages en font aussi l'attrait de ce paysage de l'ouest de Cuba…

Très court trajet pour nous rendre au restaurant installé au pied de l'extraordinaire Mur de la Préhistoire**, sur le flanc de la mogote des Deux Soeurs (Las Dos Hermanas).
Repas traditionnel criolo sous une paillotte avec animation musicale tout aussi traditionnelle. En revanche, ce qui l'est moins et attire beaucoup plus l'attention, c'est le repas que fait un serpent au dessus de nos têtes. Nous assistons à la longue agonie d'une sorte de grenouille qui crie longtemps jusqu'à ce qu'elle soit avalée.
Sur ces propos, Bon Appétit quand même!

Pour nous remettre de ces émotions, quelques centaines de mètres à pied pour atteindre la base de l'étrange falaise peinte du Mur de la Préhistoire qui retrace le développement de l'évolution de l'homme jusqu'au socialisme!
Cette immense fresque, commandée par Fidel Castro, qui mesure 120 m. de haut et 180 m. de large fut exécutée sur le flanc d'un mogote entre 1959 et 1962 sous la direction du célèbre peintre mexicain Diego Rivera (auteur des fresques réalistes du Palacio Nacional à Mexico) par le peintre cubain Leovigildo Gonzales assisté d'une dizaine d'autres artistes.
Elle a été restaurée en 1980 et, semble-t-il, plus récemment dans sa partie droite. Ce n'est que de près que l'on se rend compte de la technique de réalisation. D'abord les peintres sont assis sur un siège rudimentaire suspendu au flanc de la falaise. Ensuite, de loin, on ne perçoit que des aplats de couleurs, alors que de près on observe que le relief de la paroi a été exploité (comme les peintures rupestres dans les grottes préhistoriques) et surtout on découvre une alternance de stries horizontales noires et de stries colorées. Quelle est la finalité de ces stries sombres ?

Trois kilomètres seulement et nous voici à Viñales.

Pendant trois quarts d'heure, nous allons découvrir à pied cette bourgade rurale dont la rue principale est cependant interdite aux carrioles et aux tracteurs. Les rues sont bordées de maisons basses couvertes de tuiles, maisons simples bien que souvent les façades soient en retrait sous des portiques à colonnes.

Visite du Foyer Maternel (Hogar Materno). Une seule femme s'y trouve hébergée en ce moment.
Les futures mères viennent se reposer dans ce type d'établissement pendant les deux mois précédant l'accouchement (après, elles ont un congé d'une année).

On y fait la promotion de l'allaitement maternel avec le slogan "Allaiter c'est Aimer". Un peu de propagande aussi avec une longue citation de Che ("[...] construire plus et promettre moins [...] recevoir moins et donner plus [...] ").
Donc une politique familiale développée mais à côté de cela,
l'anesthésie péridurale pour réduire les douleurs que nous évoquons n'est pas pratiquée dans ce pays et son existence est même ignorée des employées.

Coup d'oeil dans une petite tienda, une boutique à prix libres mais en monnaie locale. A défaut d'y faire notre marché, profitons-en pour faire un inventaire à la Prévert.
La bouteille d'eau de source de 1,5 litre est proposée à 25 CUP (environ 1€, donc plus chère que dans le supermarché de La Havane où elle coûtait 0,65€). En bouteilles de 2 litres le TuKola et autres boissons gazeuses sont à 32 CUP, la bouteille de vin local à 35 CUP, la cannette de bière Mayabe à 38 CUP, les paquets d'amuse-gueule apéritifs de 6 à 18 CUP, les bouillons de soupe en sachet Maggi à base de poulet, porc fumé, bacon ou chorizo et la poudre de cannelle à 2,5 CUP, sachets de Sauce Mayonnaise et de Sauce Russe à 10-12 CUP, paquet de gâteaux secs à 4 CUP ou encore paquet de bonbons à la menthe à 6 CUP...

Quoi d'autre à signaler? Belle américaine, temple baptiste, un restaurant tout bleu en cours de restauration où nous aurions dû déjeuner...
Une fois de plus, on peut se rendre compte des ravages d'une alimentation deséquilibrée (excès de sucre) dans la population féminine moins exposée aux gros travaux qui brûlent l'excès d'énergie apportée par cet aliment.

Trois kilomètres à nouveau pour nous permettre de profiter du panorama depuis la terrasse de l'hôtel Los Jasmines (ou Jazmines?). On a le souffle coupé. D'abord parce qu'il fait un vent de tous les diables malgré un ciel bleu ponctué de légers cumulus mais surtout par la beauté du paysage.
Celui des mogotes, ces reliefs karstiques en forme de pains de sucre.
S
'il se trouvait ici une rivière, on penserait presque aux paysages chinois comme dans de la région de Guilin ou à ceux de "l'Halong terrestre" au Vietnam.

Les mogotes sont des reliefs karstiques en forme de pains de sucre formés dans la Sierra de los Organos ("les Orgues") que l'érosion a taraudé en y creusant grottes et cavernes (grottes de l'Indien, St Michel, St Thomas…...).
Les reliefs karstiques sont des formes de paysages particuliers dus à l’action de l'eau qui s'infiltre dans la terre ou à l'eau qui se déverse des sources dans certains types de sols. Le mot karst vient du nom d'une région côtière de Yougoslavie où l'on voit des formes de reliefs particuliers (dolines, cavernes, ponts naturels, pertes de rivières, etc.). Plutôt que de couler en surface comme dans un système fluvial, l'eau s'y écoule en passant par un réseau souterrain de grottes de dissolution dont, lorsqu'elles deviennent trop vastes, la voûte finit par s'écrouler.
La formation des reliefs karstiques est restreinte aux régions constituées de roches relativement solubles, surtout le calcaire, les dolomies (roches carbonatées), le gypse… et elle a été favorisée par une présence d’eau en abondance, eau froide à certaines périodes donc eau plus riche en gaz carbonique et donc aussi plus acide (acide carbonique). Le karst représente 20% des terres émergées.

Mogotes de Vinales


Retour vers la capitale.
Soit près de 200km et deux heures et demie de trajet.

L'autopista nous offre un spectacle autoroutier peu banal mais devenu habituel ici: rares ponts enjambant l'autoroute (à l'inverse on peut voir aussi un pont mais pas de route au-dessus!) mais plutôt des franchissements à niveau, camion ou carriole circulant à contresens (!), tracteurs, véhicules en panne un peu partout, piétons, voyageurs des transports en commun inséparables de leurs amarillos attendant un véhicule (et au besoin tendant des billets pour prouver de leurs moyens de s'acquitter), vendeur de chapelets d'ail planté là, en plein milieu de la chaussée.
Par endroit il n'y a aucun terre-plein car certains tronçons sont aménagés pour servir de piste d'aviation en cas de guerre... Prévoyants ces Cubains!

De nombreuses réserves d'eau ont été aménagées et des kayakistes en profitent. On peut aussi observer l'étrange palmier ventru, typique de cette région. On n'en tire rien si ce n'est qu'il sert dans la complantation en protégeant des cultures au sol.

Puis ce sont les faubourgs de La Havane, dans le quartier agréable et arboré de Miramar, avec la très laide ambassade de Russie, et nous retrouvons Vedado et le Malecon qui essuie une tempête sous le soleil couchant.

 

 



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