SANTIAGOPinar del RioVinales




LA HAVANE**, dernier jour
sur le Malecon* (1),
l'Hotel Nacional** (2)
Havana Vieja*
(3).





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LE RHUM
CUBAIN...

Son origine remonte au début des années 1500 avec une première distillation de jus de canne à sucre par Facundo Bacardi. Il était plus fort et plus amer que le rhum actuel mais très apprécié des pirates (que l'on appelle flibustiers dans les Caraïbes) et des boucaniers (terme utilisé dans ces régions pour désigner les chasseurs de boeufs sauvages) qui ont beaucoup contribué à sa réputation dans le monde !
Parfois on en atténuait l'amertume en y ajoutant du sucre et une variété de menthe. C'est l'ancêtre du mojito.

Ce n'est qu'au XVIIème siècle, vers 1640, que l'on commence à trouver trace dans différentes îles de la région Caraïbe, d'une eau de vie tirée de la canne à sucre ou plus exactement de la mélasse, résidu de fabrication du sucre.


Pour sa fabrication on part donc de la mélasse, une épaisse pâte sucrée de couleur ambrée, sous-produit de la fabrication du sucre, que l'on dilue avec de l'eau additionnée de levures afin que la fermentation se produise. Le moût ainsi obtenu est distillé.
La distillation du rhum suit plusieurs étapes précises.

Autre procédé plus direct. La canne encore fraîche est broyée dans des moulins pour séparer le jus de la fibre, la bagasse ("paille"). Le jus est filtré puis amené par des tuyaux vers les cuves pour une fermentation qui dure entre 36 et 48 heures. C'est le temps nécessaire pour que le sucre se transforme en alcool et libère ses notes aromatiques qui donneront toutes ses caractéristiques au produit fini. Le vin de canne obtenu est alors dirigé vers la colonne de distillation. Le procédé permet de récupérer un rhum de coulage incolore qui titre au alentour de 70°.

Après coupage, la dernière étape de la fabrication du rhum consiste en une mise au repos avec brassage et aération pendant un
vieillissement en fûts de chêne qui dure au moins trois ans pour le Carta Blanca, cinq ans pour le Carta Oro et sept ans pour le Añero qui se boit sec (compter 15-20 CUC la bouteille). Le processus de fabrication du rhum jeune et clair utilisé dans les cocktails, Silver Dry, ne dure qu'un an et demi.

Les Cubains consomment aussi l'aguardiente, un alcool amer et plus fort que le rhum mais beaucoup moins cher, 60 CUP (soit environ 2,5 €uros), et ce malgré l'augmentation de 100% des taxes depuis 1990
(Periodo Especial).

Les touristes peuvent emporter 2 litres de rhum par personne.
La marque Havana Club est connue car exportée en France mais il y a de meilleurs rhums à Santiago comme le Caney (qui a remplacé le Bacardi) et le Mathusalem.

 


Les rythmes...

Du fait de son peuplement métissé, Cuba
hérite de l'instinct musical très développé chez les Africains. Les esclaves ont apporté le rythme pour tout bagage. Musique, chant et danse ont alors acquis une force identitaire plus grande, en devenant un refuge et une forme de résistance. Le phénomène s'est poursuivi avec la fin de l'époque coloniale.
Je pense qu'il n'est pas exagéré de dire que dans le contexte d'une Révolution à bout de souffle, qui a manqué ses objectifs et qui opprime, c'est encore aujourd'hui un moyen de résister ou de s'échapper par le rêve...

Cuba a marqué le XXe siècle par son extraordinaire palette de musiques et de danses : rumba, punto, tonada, danzón, son (genre de country du XIXe s. redécouvert), batanga, bolero, changüi, guajira, mambo (origine mexicaine), cha-cha-cha, pachanga, songo, salsa, filin, timba (proche de la salsa), etc.

Aujourd'hui elle s'exprime avant tout par la timba et le reggaeton. Elle s'inspire aussi de la rumba congolaise, pour cause, la forte communauté originaire d'Afrique centrale (ex-Zaïre) depuis l'esclavage.
On retrouve ici une proximité culturelle avec l'Afrique comme dans le culte de la Santeria dont on a déjà parlé.

Des chansons comme "Guajira Guantanamera", "Hasta Siempre", "Quizás, quizás, quizás" sont mondialement célèbres.


...et le cinéma.

En 1994 vint "Fresa y Chocolate", film culte de deux réalisateurs cubains : Tomas Gutierrez Alea (décédé en 1996) et Juan Carlos Tabío. Ce grand film, suivi en 1996 par "Guantanamera", puis par "Madagascar" confirme le renouveau du cinéma cubain.

Ces dernières années, le cinéma cubain s'est orienté vers le thème de l'émigration et des aspirations au départ, avec un très beau film sorti en 2001 : "Nada". Au festival de Cannes 2005, le film "Viva Cuba" de Juan Carlos Cremata a été distingué par le jury. Sorti début 2006, "Barrio Cuba", de Humberto Solas, plante l'univers de La Havane fait de mélange de races, de croyances et d'espérances.


MALECON ouest*

Nous avons la matinée libre pour notre dernière journée à Cuba.

Chacun l'utilise à sa guise. Certains vont au centre ville en taxi. Pour notre part, nous en profitons pour remonter à pied le Malecon jusqu'à son extrémité ouest. Il fait beau mais comme la veille, la tempête fait toujours rage et les lames viennent s'écraser contre la digue dont les voitures s'écartent le plus possible. Belles américaines poussives et vieille 4L Renault qui tombe en panne mais le chauffeur lève le capot et çà repart!

Juste derrière l'hôtel Melia Cohiba qui l'écrase et le surclasse désormais se dresse donc l'hôtel Riviera conçu dans les années 1950 et qui appartint à Meyer Lansky, chef de la mafia, qui envisageait de faire ici un Las Vegas caraïbe.


Nous arrivons bientôt au niveau d'une sorte de petit château construit sur le rivage, le Torreon de la Chorrera (Fuerte de Santa Dorotea de la Luna en la Chorrera!). Il date de 1645 et fut dessiné par l'Italien Giovanni Battista Antonelli auquel on doit aussi le Castillo del Moro que nos avons visité il y a deux jours, à l'autre extrémité du Malecon. Ce monument national qui fut un élément défensif important héberge un restaurant espagnol.

Surprise de découvrir à l'arrière de l'édifice, un groupe d'une dizaine de jeunes métis, garçons et filles, entonnant des sortes de litanies ou plutôt de mélopées, ce qui était
probablement un rituel de la santeria, le culte afro-cubain des anciens esclaves.


Tout près de là, nous arrivons au Club Colonial ou Restaurante 1830. Le Malecon s'arrête là, par un tunnel qui s'enfonce sous l'estuaire du Rio Almandares, tandis que sur l'autre rive, dans le quartier Miramar, il cède la place à la Quinta Avenida. Nous rebroussons chemin à l'entrée du tunnel car nous avons encore 2,5 km pour regagner l'hôtel.


Anciennes maisons à colonnes et ferronneries décrépites, monument kitsch d'art naïf du genre "Palais Idéal du Facteur Cheval" fait de pierres cimentées formant des tourelles, arcades, lanternes.
Baignades et vols de pélicans...et aussi une sorte de kiosque à baldaquin
dans la mer avec son dôme soutenu par des colonnes dont la forme évoque les chhatris de l'architecture moghole...
De jeunes Cubains qui ne se hasardent pas à surfer jouent dangereusement allongés sur leur planche dans les vagues rugissantes à quelques brasses de la digue.


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HOTEL NACIONAL**

Nous quittons définitivement l'hôtel en bus en empruntant une nouvelle fois le Malecon.

Nouveau regard sur le massif Edificio Focsa (année 1950).
Le consulat de suisse héberge dans un immeuble anonyme la représentation américaine (US Interests Section) mais que signalent à l'attention les 138 drapeaux noirs frappés d'une étoile blanche hissés en face pour représenter les victimes des actes perpétrés contre le pays par les Etats-Unis.

Puis c'est encore l'une des milliers de statues de José Marti dans un petit square, avec la tour à gradins de la Casa de las Americas en arrière-plan.

 

Enfin, nous arrivons au fastueux Hotel Nacional sur une petite éminence dominant le Malecon et à l'entrée de la baie (très belle vue sur le Castillo del Morro).

Il fut bâti dans les années 1920 sur le modèle du Breakers Hotel de Palm Beach, en Floride.

Sa galerie des célébrités donne une idée des personnages, de tous ordres, qui y ont séjourné.
Un pêle-mêle résume chaque décennie depuis sa construction.

 


Années 30: Buster Keaton, Errol Flynn, Gary Cooper, Johnny Weissmuller ou le mafieux Meyer Lansky...

Années 40: Fred Astaire, Rita Hayworth, Churchill...

Années 50: Walt Disney, Ava Gardner, Marlon Brando, John Wayne, Nat King Cole, Frank Sinatra...

Années 60-70: Benny Moré, Yuri Gagarine, Joséphine Baker, Jean-Paul Sartre, Garcia Marquez, Alejo Carpentier...

Années 80-90: Arnold Schwarzenegger, Pierre Cardin, Géraldine Chaplin, Francis Ford Coppola, Danièle Mitterrand...

Années 2000: il faudra y retourner pour voir...


On trouve aussi le portrait de 21 "duodécagénaires" cubains (autrement dit le Club des 120 ans) avec le slogan approprié "Cuba, un lugar para vivir". En effet, il y aurait 1488 centenaires dans l'île (16% de la population a plus de 60 ans).

Sans oublier le portrait du président bolivien et ami Evo Morales!

Dehors, arcades ombragés et fraîcheur des jardins.


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HABANA VIEJA*

La vieille Havane est inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1982.

On reprend le bus.

Le Malecon cède la place à l'Avenue du Port à hauteur du Castillo de San Salvador.
Statue équestre de Maximo Gomez, Parque Cespedes, Castillo de la Real Fuerza, El Templete.

Depuis une vingtaine d'années, un programme de restauration de ce quartier a été entrepris à l'instigation d'historiens (Emilio Roig et Eusuvio Leal).

Plaza Vieja A pied, nous gagnons la Plaza de San Francisco sur laquelle se dresse l'imposante basilique San Francisco de Asis (St François d'Assise) à deux clochers dissymétriques datant des XVIIe-XVIIIe s. Cet ancien couvent franciscain fut utilisé pour le culte protestant par les Anglais lorsqu'ils occupèrent la ville. Son campanile de 42 mètres en fit un bâtiment stratégique. Par la suite, il servit de douanes, d'entrepôt et il est utilisé aujourd'hui comme musée de l'art religieux et salle de concert en raison de son acoustique exceptionnelle.

Sur cette place qui était un centre d'affaires, on peut voir l'ancienne bourse de commerce (Lonja del Comercio de 1914), les anciens bureaux des douanes et le terminal ferroviaire Sierra Maestra. Au centre se trouve une copie de la Fontaine des Lions (Fuente de los Leones) de l'Alhambra de Grenade.

Deux cents mètres par la rue Brasil, avec au fond la perspective de la coupole du Capitole et après être passés près du bureau du CDR n°1, nous arrivons sur la Plaza Vieja*, autrement dit "la vieille place" très bien restaurée maintenant.

Aménagée au XVIe s., elle s'appelait alors la "place neuve" jusqu'à ce qu'elle fut détrônée en importance par la Place d'Armes. Elle accueillait des corridas.
Nous entrons sur la place au niveau du bâtiment jaune de style éclectique dit "la Chambre Noire" (Camera Obscura). Dans l'angle opposé, on peut admirer la Casa de los Condes de Jaruco dédiée à l'art cubain contemporain. Cette demeure coloniale à arcades du XVIIIe s. présente à l'étage trois belles fenêtres à vitraux ou mediopuntos. C'était la demeure d'une comtesse d'origine française.
La fontaine aux dauphins qui ornait le centre de la place a disparu dans les années 1930.

El Santo Angel Nous déjeunons au restaurant "El Santo Angel" qui se trouve à l'angle nord-ouest de la place. Déjeuner de langouste dans cette ancienne mais superbe demeure coloniale à patio.

Nous reprenons la visite pédestre de la vieille ville par la Calle Muralla où l'on peut voir des vestiges de l'aqueduc qui alimentait la ville.

Un coup d'oeil rapide au Café des Moines où de façon folklorique les serveurs ont revêtu la bure.
Et là, grosse surprise! Ce personnage, est-ce le vrai? Est-ce un sosie? Des enseignants du groupe n'ont pourtant aucun doute sur l'identité de celui qui fut leur ministre.
Notre Jack Lang, aux marocains multiples, est donc là aussi, en curieux et en pleine décontraction. Il ne fait pas mystère de son identité et, toujours aussi cabotin, il se prête au mitraillage photographique. Et tout aussi hypocritement, toutes opinions politiques confondues, chacun d'entre nous se précipite auprès de l'animal politique afin de se faire tirer le portrait en sa compagnie.
Il nous explique être envoyé ici par Nicolas Sarkozy, notre cher président, comme "émissaire spécial" afin de renouer les relations avec Cuba afin de devancer le nouveau président américain Barack Obama dans la mise en oeuvre de ses promesses électorales d'ouverture vers Cuba. Accompagné du seul ambassadeur portant un dossier sous le bras mais sans escorte ou service d'ordre d'aucune sorte, il profite du week-end pour faire un peu de tourisme dans la capitale avant de remplir sa mission... Notre scepticisme sur la réalité de la mission sera balayé à notre retour quand les media donneront l'info une semaine plus tard.

Chacun poursuit son chemin...
Nous par la Calle Sol qui nous amène Avenida del Puerto, dans une zone d'entrepôts face auxquels se trouve le musée du rhum (Museo del Ron) de la Fondation Habana Club que nous visitons. On y voit des pressoirs à canne, des cuves de fermentation bouillonnantes (c'est purement factice) d'énormes alambics en cuivre, une maquette de plantation et usine sucrière ou ingenio, et une cave de vieillissement en tonneaux (vides, ils sont là pour le décor). Et, bien sûr, dégustation de rhum vieux puis d'un dernier cocktail mojito.

Le bus qui va nous conduire à l'aéroport nous attend déjà près de là, non loin d'une église orthodoxe.


Il faut déjà mettre fin à notre agréable périple de deux semaines à CUBA !

De retour vers la France, notre avion n'aura eu qu'une heure de retard (à ce qu'il paraît les retards de 3 ou 4 heures ne sont pas exceptionnels avec la compagnie aérienne cubaine).



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