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Nous avons la matinée libre pour notre dernière
journée à Cuba.
Chacun l'utilise à sa guise. Certains
vont au centre ville en taxi. Pour notre part, nous en profitons pour remonter
à pied le Malecon jusqu'à son extrémité ouest.
Il fait beau mais comme la veille, la tempête fait toujours rage et les
lames viennent s'écraser contre la digue dont les voitures s'écartent
le plus possible. Belles américaines poussives et vieille 4L Renault qui
tombe en panne mais le chauffeur lève le capot et çà repart!
Juste derrière l'hôtel Melia Cohiba qui l'écrase et le surclasse désormais se dresse donc l'hôtel Riviera conçu dans les années 1950 et qui appartint à Meyer Lansky, chef de la mafia, qui envisageait de faire ici un Las Vegas caraïbe.
Nous
arrivons bientôt au niveau d'une sorte de petit château construit
sur le rivage, le Torreon de la Chorrera (Fuerte de Santa Dorotea de
la Luna en la Chorrera!). Il date de 1645 et fut dessiné par l'Italien
Giovanni Battista Antonelli auquel on doit aussi le Castillo del Moro que nos
avons visité il y a deux jours, à l'autre extrémité
du Malecon. Ce monument national qui fut un élément défensif
important héberge un restaurant espagnol.
Surprise de découvrir
à l'arrière de l'édifice, un groupe d'une dizaine de jeunes
métis, garçons et filles, entonnant des sortes de litanies ou plutôt
de mélopées, ce qui était probablement
un rituel de la santeria, le culte afro-cubain des anciens
esclaves.
Tout
près de là, nous arrivons au Club Colonial ou Restaurante
1830. Le Malecon s'arrête là, par un tunnel qui s'enfonce sous l'estuaire
du Rio Almandares, tandis que sur l'autre rive, dans le quartier Miramar, il cède
la place à la Quinta Avenida. Nous rebroussons chemin à l'entrée
du tunnel car nous avons encore 2,5 km pour regagner l'hôtel.
Anciennes
maisons à colonnes et ferronneries décrépites, monument kitsch
d'art naïf du genre "Palais Idéal du Facteur Cheval" fait
de pierres cimentées formant des tourelles, arcades, lanternes.
Baignades
et vols de pélicans...et aussi une sorte de kiosque à baldaquin
dans
la mer avec son dôme
soutenu par des colonnes dont la forme évoque les chhatris de l'architecture
moghole...
De jeunes Cubains qui ne se hasardent pas à surfer jouent dangereusement
allongés sur leur planche dans les vagues rugissantes à quelques
brasses de la digue.
Nous quittons définitivement l'hôtel en bus en empruntant une nouvelle fois le Malecon.
Nouveau
regard sur le massif Edificio Focsa (année 1950).
Le consulat de suisse
héberge dans un immeuble anonyme la représentation américaine
(US Interests Section) mais que signalent à l'attention les 138
drapeaux noirs frappés d'une étoile blanche hissés en face
pour représenter les victimes des actes perpétrés contre
le pays par les Etats-Unis.
Puis c'est encore l'une des milliers de statues
de José Marti dans un petit square, avec la tour à gradins de la
Casa de las Americas en arrière-plan.
Enfin, nous arrivons au fastueux Hotel Nacional sur une petite éminence dominant le Malecon et à l'entrée de la baie (très belle vue sur le Castillo del Morro).
Il
fut bâti dans les années 1920 sur le modèle du Breakers Hotel
de Palm Beach, en Floride.
Sa galerie des célébrités
donne une idée des personnages, de tous ordres, qui y ont séjourné.
Un
pêle-mêle résume chaque décennie depuis sa construction.
Années
30: Buster Keaton, Errol Flynn, Gary Cooper, Johnny Weissmuller ou le mafieux
Meyer Lansky...
Années 40: Fred Astaire, Rita Hayworth, Churchill...
Années
50: Walt Disney, Ava Gardner, Marlon Brando, John Wayne, Nat King Cole, Frank
Sinatra...
Années
60-70: Benny Moré, Yuri Gagarine, Joséphine Baker, Jean-Paul Sartre,
Garcia Marquez, Alejo Carpentier...
Années 80-90: Arnold
Schwarzenegger,
Pierre Cardin, Géraldine Chaplin, Francis Ford Coppola, Danièle
Mitterrand...
Années 2000: il faudra y retourner pour voir...
On
trouve aussi le portrait de 21 "duodécagénaires" cubains
(autrement dit le Club des 120 ans) avec le slogan approprié "Cuba,
un lugar para vivir". En effet, il y aurait 1488 centenaires dans l'île
(16% de la population a plus de 60 ans).
Sans
oublier le portrait du président bolivien et ami Evo Morales!
Dehors,
arcades ombragés et fraîcheur des jardins.
La vieille Havane est inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1982.
On
reprend le bus.
Le Malecon cède la place à l'Avenue du Port
à hauteur du Castillo de San Salvador.
Statue équestre de Maximo
Gomez, Parque Cespedes, Castillo de la Real Fuerza, El Templete.
Depuis
une vingtaine d'années, un programme de restauration de ce quartier a été
entrepris à l'instigation d'historiens (Emilio Roig et Eusuvio Leal).
A pied, nous gagnons la Plaza de San Francisco sur laquelle se dresse l'imposante basilique San Francisco de Asis (St François d'Assise) à deux clochers dissymétriques datant des XVIIe-XVIIIe s. Cet ancien couvent franciscain fut utilisé pour le culte protestant par les Anglais lorsqu'ils occupèrent la ville. Son campanile de 42 mètres en fit un bâtiment stratégique. Par la suite, il servit de douanes, d'entrepôt et il est utilisé aujourd'hui comme musée de l'art religieux et salle de concert en raison de son acoustique exceptionnelle.
Sur cette place qui était un centre d'affaires, on peut voir l'ancienne bourse de commerce (Lonja del Comercio de 1914), les anciens bureaux des douanes et le terminal ferroviaire Sierra Maestra. Au centre se trouve une copie de la Fontaine des Lions (Fuente de los Leones) de l'Alhambra de Grenade.
Deux
cents mètres par la rue Brasil, avec au fond la perspective de la coupole
du Capitole et après être passés près du bureau du
CDR n°1, nous arrivons sur la Plaza Vieja*, autrement dit "la
vieille place" très bien restaurée maintenant.
Aménagée
au XVIe s., elle s'appelait alors la "place neuve" jusqu'à ce qu'elle
fut détrônée en importance par la Place d'Armes. Elle accueillait
des corridas.
Nous entrons sur la place au niveau du bâtiment jaune de
style éclectique dit "la Chambre Noire" (Camera Obscura).
Dans l'angle opposé, on peut admirer la Casa de los Condes de Jaruco dédiée
à l'art cubain contemporain. Cette demeure coloniale à arcades du
XVIIIe s. présente à l'étage trois belles fenêtres
à vitraux ou mediopuntos. C'était la demeure d'une comtesse
d'origine française.
La fontaine aux dauphins qui ornait le centre
de la place a disparu dans les années 1930.
Nous déjeunons au restaurant "El Santo Angel" qui se trouve à l'angle nord-ouest de la place. Déjeuner de langouste dans cette ancienne mais superbe demeure coloniale à patio.
Nous reprenons la visite pédestre de la vieille ville par la Calle Muralla où l'on peut voir des vestiges de l'aqueduc qui alimentait la ville.
Un
coup d'oeil rapide au Café des Moines où de façon
folklorique les serveurs ont revêtu la bure.
Et là, grosse surprise!
Ce personnage, est-ce le vrai? Est-ce un sosie? Des enseignants du groupe n'ont
pourtant aucun doute sur l'identité de celui qui fut leur ministre.
Notre
Jack Lang, aux marocains multiples, est donc là aussi, en curieux
et en pleine décontraction. Il ne fait pas mystère de son identité
et, toujours aussi cabotin, il se prête au mitraillage photographique. Et
tout aussi hypocritement, toutes opinions politiques confondues, chacun d'entre
nous se précipite auprès de l'animal politique afin de se faire
tirer le portrait en sa compagnie.
Il nous explique être envoyé
ici par Nicolas Sarkozy, notre cher président, comme "émissaire
spécial" afin de renouer les relations avec Cuba afin de devancer
le nouveau président américain Barack Obama dans la mise en oeuvre
de ses promesses électorales d'ouverture vers Cuba. Accompagné du
seul ambassadeur portant un dossier sous le bras mais sans escorte ou service
d'ordre d'aucune sorte, il profite du week-end pour faire un peu de tourisme dans
la capitale avant de remplir sa mission... Notre scepticisme sur la réalité
de la mission sera balayé à notre retour quand les media donneront
l'info une semaine plus tard.
Chacun poursuit son chemin...
Nous par la Calle Sol qui nous amène
Avenida del Puerto, dans une zone d'entrepôts face auxquels se trouve le
musée du rhum (Museo del Ron) de la Fondation Habana
Club que nous visitons. On y voit des pressoirs à canne, des cuves
de fermentation bouillonnantes (c'est purement factice) d'énormes alambics
en cuivre, une maquette de plantation et usine sucrière ou ingenio,
et une cave de vieillissement en tonneaux (vides, ils sont là pour le décor).
Et, bien sûr, dégustation de rhum vieux puis d'un dernier cocktail
mojito.
Le
bus qui va nous conduire à l'aéroport nous attend déjà
près de là, non loin d'une église orthodoxe.
Il
faut déjà mettre fin à notre agréable périple de deux semaines à
CUBA !
De retour vers la France, notre avion n'aura eu qu'une heure de retard (à ce qu'il
paraît les retards de 3 ou 4 heures ne sont pas exceptionnels avec la compagnie aérienne cubaine).
CUBA