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Une
longue route nous attend d'ici La Havane mais nous prendrons tout notre temps
pour la parcourir en une dizaine de jours, au fil de notre circuit. Pour les Cubains
plus pressés, le trajet en train prend quand même une douzaine d'heures
pour un millier de kilomètres.
Départ en direction de Baracoa par une route sinueuse.
(environ 250 km
par des routes secondaires).
Par
LA MAYA et GUANTANAMO
En
quittant Santiago, on peut voir des voitures sans roue (parfois
rangées sous un auvent), reposant
sur des cales.
Réparations, entretien (pneus) et carburant sont trop
onéreux (1 à 1,15€ le litre d'essence 0,6€ le litre de
gas-oil) pour les faire rouler ou les garder en état de marche...
Elles
sont remisées là dans l'attente de jours meilleurs...
Etape
à La Maya.
Monument à la gloire de la Révolution
sur une grande place dégageant une impression de désolation. Sentiment
accru à la vue des éternels moyens de transports rudimentaires...
En revanche, divers arbres à fleurs émaillent le paysage de ci delà: biguinias (orange), tulipiers d'Afrique (presque rouges), chênes d'Amérique à la floraison rose, carolinas aux panaches rouge fuchsia. L'humidité de la région sud-est permet aux bromelias de coloniser les branches des arbres et même de s'installer sur les fils électriques car il ne s'agit pas de plantes parasites mais de saprophytes (qui se nourrissent de matière organique décomposée et de poussières transportées par le vent).
Après quelques 80 km, nous arrivons en périphérie de Guantanamo,
La
ville de GUANTANAMO compte 200 000 habitants.
Elle fut fondée
en 1796 pour accueillir les colons Français fuyant l'île voisine
d'Haïti à la suite de son indépendance (1803).
Elle a d'abord
été rendue célèbre par la chanson Guantanamera (composée
en 1940 en l'honneur d'une fière fille de cette ville) avant de l'être
à la suite des attentats du 11 septembre 2001 car la base navale américaine
de 110 km² (protégée par 27 km de clôtures)
qui existe depuis 1903 et qui est louée aux Etats-Unis par bail de 99 ans
conclu en 1934 (pour en contester la validité, le régime refuse
d'en encaisser le modique loyer) sert de camp de prisonniers, plus ou moins terroristes,
afin qu'ils ne bénéficient pas des garanties du système judiciaire
et pénitentiaire américain. Si on en avait eu le temps, on aurait
pu l'observer depuis le Mirador Los Malones à 15 km plus à
l'est, au milieu d'une forêt de cactus.
Dans nos mémoires, Guantanamo sera associé à
un tout autre souvenir, un imprévu... En effet, nous sommes arrêtés
par un service d'ordre dans une zone de camp militaire (photos interdites) car
"la vuelta ciclista a Cuba" dont c'est la première
étape, emprunte en sens inverse l'unique route reliant Baracoa à
Santiago.
Pendant trois heures, faisant plus ou moins contre mauvaise fortune
bon coeur, nous allons nous mêler à la foule de badauds qui grossit
peu à peu (collégiens et lycéens arrivent en fin de matinée).
Nous assistons au bruyant balai des motos de la police qui vont et viennent, puis
c'est le tour des voitures et de la caravane précédant les coureurs:
berlines Hyundai, Volkswagen, Skoda... portant sur le capot une publicité
Peugeot (et diverses autres dont Castrol).
Les derniers coureurs ne sont
pas encore passés et il est déjà 13h30 alors que nous devrions
être déjà loin, en train de nous régaler d'un déjeuner
typique aux saveurs exotiques sur les bords du Rio Toa, la plus grande rivière
de l'île, classée Parc Naturel. On aurait agrémenté
le tout d'une petite promenade sur
le Rio Toa en cayucas,
sorte de canoës
à fond plat pour remonter à contre-courant
des Indiens Caney afin de se familiariser avec les plantations
et cultures de café (arabica planté à l'ombre des albizias)
et de cacao et de voir les huttes circulaires des villages indiens... Promenade
que l'on aurait complétée par la visite d'une plantation de cacao
avec des explications sur le processus de séchage et de fermentation des
fèves de cacao.
Que faire pour rattraper le temps perdu alors qu'il
faudra cinq heures pour faire les 165 km de trajet restant jusqu'à
Baracoa? Certains collègues expriment vivement leur mécontentement
auprès de Doris sur le fait que cet évènement qui n'a rien
d'un imprévu n'avait pas été pris en compte (mais pour éviter
la course il aurait fallu quitter Santiago dès 3 ou 4 heures du matin!)
et sur la lenteur de l'agence pour prendre la décision de nous faire déjeuner
ici car on aurait pu gagner deux heures en mangeant dès midi et moins de
fatigue en partant plus tard de Santiago comme l'ont fait quelques autres bus
de touristes.
Le restaurant proposé par nos chauffeurs et retenu
par l'agence Cubanacan a dû improviser un petit repas. Aurions-nous tout
"loupé" puisque le restaurant se nomme "La Lupe"!
Pas tout à fait car le restaurant se situe dans un cadre agréable
au bord d'une rivière et dans un environnement d'arbres à fleurs:
sortes de plumeaux rosés de l'helicornia dont les graines tombent
plus tard dans la saison en tourbillonnant comme les pales d'un hélicoptère,
fleurs rouges du cardinal, tandis que les flamboyants sont encore en repos végétatif.
Bref, avec tous ces évènements, nous ne sommes sortis de
table qu'à 15h30.
Nous partons enfin après avoir pu observer comment les chauffeurs sont
astreints à tenir un carnet de route détaillé.
Après
la région humide parcourue le matin, la route longe la côte est semi
désertique de la Costa Sur (secteur des villes de Inias et Cajobado)
comme en témoignent la présence des
cactus candélabres et des
agaves. Il s'agit plus précisément ici de l'espèce d'agave
nommée sisal avec les longues fibres duquel on fait des cordages.
De nombreux plants de sisal sont en fleur, cela survient au bout de 15 ans après
quoi la plante meurt. Sur la côte, la roche calcaire
des falaises en retrait du rivage est creusée de grottes naturelles tandis
que le rivage est constitué de vieux coraux.
Nous changeons de
cap pour nous diriger vers le nord en traversant une chaîne de montagnes
perdues dans des nuages bien sombres.
Nous
empruntons la pittoresque
route de la Farola
("balise"), une route en béton de 49 km serpentant parmi
les plantations et les villages vers 600 m. à travers la Sierra del
Purial
(viaduc) dans une végétation
de plus en plus luxuriante qui explique son classement au Patrimoine Naturel de
l'UNESCO
en l'an 2000 et 2001 (Paysage archéologique des premières plantations
de café du sud-est de Cuba et Parc national Alejandro de Humboldt).
Cette
"route du ciel" ne fut créée qu'au cours des années
1960 afin de relier les côtes nord et sud de cette pointe orientale de Cuba.
Bref
arrêt au point de vue situé au point haut du trajet, le crépuscule
approche, les montagnes accrochent les nuages et un vent épouvantable fouette
le visage des courageux qui sont descendus du bus, pourtant quelques jeunes paysans
sont encore là pour vendre leurs produits: mandarines, bananes rouges et
surtout les fameux berlingots ou plutôt cornets de noix de coco râpée
et confite sur feu de bois dans le sucre de canne. L'enveloppe est constituée
d'écorce de palmier (une sorte de carton naturel tiré de la base
du pétiole des feuilles) qui sert d'emballage à divers produits
(cigares par exemple) et leur conserve leur fraîcheur.
On nous propose
également des jolis coquillages bariolés d'escargots polymita,
une espèce menacée et qui contribue pourtant à la bonne santé
de la végétation en la débarrassant de certains lichens.
Cette région très arrosée permet la plus grande biodiversité des Caraïbes.
Il
fait nuit et ça crachine lorsque nous arrivons enfin à Baracoa
en empruntant la vallée du Rio Miel.
Nous entrons dans la ville en passant près des fortifications du Fuerte
Matachin jadis érigé contre les pirates, tandis qu'elle est dominée
par un ancien fort devenu l'Hotel El Castillo.
BARACOA,
petite ville de 50 000 habitants, est la plus ancienne de Cuba. Elle est construite
en avant du
relief tabulaire du massif d'El Yunque ("l'Enclume", site sacré
des Indiens Taino, réserve de la biosphère pour l'UNESCO
).
Son
nom amérindien en langue arauaca signifie ''présence de
la mer'' comme le montre sa situation de port de pêche niché
dans une petite baie au pied des montagnes ou bien, selon d'autres, ''nature''.
Moins poétiquement, les Espagnols la surnommaient "le pot de chambre
du monde" en raison de l'humidité constante de cette région
exposée à l'Atlantique.
Dans la baie même où Christophe
Colomb avait abordé près de 20 ans plus tôt, ce fut la première
ville fondée en Amérique par Diego Velazquez, en 1511 (ou 1512),
sous le nom de Nuestra Señora de la Asuncion. Mais il la délaissa
au profit de Santiago en 1515.
Son rang de capitale entre 1511 et 1515 seulement
fut donc bien éphémère. Par la suite, elle a vécu
de la pêche, du cacao, de la noix de coco, de la banane
La
visite de la ville qui était prévue en fin d'après-midi est
quelque peu chamboulée car il fait nuit et nous devrions déjà
être en train de dîner. Nous faisons donc une première visite
rapide, à la faible lueur des réverbères et sous la pluie.
Etape abritée dans les locaux de l'association culturelle "Abelino"
(conservatoire de danse du style danzon mais on y fait aussi de l'éducation
plus générale telle l'information sur l'utilisation du préservatif dans la lutte contre
le Sida).
Dîner
et nuit à l'hôtel Porto Santo*** sur l'autre rivage de la baie, face
à la ville dont on a une
superbe vue panoramique, avec plage privée
dont nous n'aurons pas le loisir de profiter (c'est là que Christophe Colomb
aurait planté la fameuse Cruz de Parra).
Il comporte 60 chambres situées dans des pavillons et bungalows
répartis dans un parc descendant vers un océan particulièrement
démonté en ce moment. La tempête va souffler toute la nuit
et notre bâtiment proche du rivage y est particulièrement exposé.
Nous aurons également deux coupures de courant pendant le dîner.
Dans les chambres, pas de pression au robinet, pas de gel douche ni de shampoing...
On a vraiment l'impression d'être ici loin de tout, au bout du monde.
Cet
établissement appartient à la chaîne hôtelière
Gaviota ("la mouette") sous contrôle de l'Etat.
On
commence à bien connaître et même à apprécier un traditionnel
accompagnement de la viande, le moros y cristianos (Maures et Chrétiens,
tout un programme!), le riz mélangé aux haricots noirs, ce qui donne
sa couleur métissée à ce plat au nom bien évocateur
donné par les Espagnols. Plus insipide, le platano (banane plantain
cuite).
Lever matinal (7H30) afin de rattraper la visite de Baracoa que l'on n'a
pu faire correctement et complètement la veille au soir
Nous commençons
par une petite balade dans la ville à l'architecture non coloniale mais
d'influence néoclassique et française.
Sur la Place de l'Indépendance
a été érigé un buste en l'honneur du chef indien
Hatuey brûlé sur un bûcher par les conquistadors. Il est
vénéré car on lui attribue des pouvoirs occultes.
On
voit les premières locations de logement chez l'habitant signalées
par une enseigne au logo bleu, les "Casa Particulares", équivalents
des Chambres d'Hôtes ou des Bed and Breakfast pour les touristes
voyageant en formule individuelle. Il en coûte entre vingt et trente cinq
dollars pour une nuit.
Ce mode d'hébergement a été légalisé
en 1996, dans la logique du développement touristique. En principe, il
est interdit aux Cubains de louer ainsi la totalité de leur logement ou
de le faire sans le déclarer.. mais c'est pratique courante. De plus, de
leur côté les touristes doivent normalement se faire enregistrer
à l'aide d'un formulaire spécial.
Après avoir eu
quelques difficultés pour se procurer la clé permettant de visite
la cathédrale Nuestra Senora de la Asuncion, nous entrons dans un
édifice qui menace ruine. Il est vrai qu'il date de 1522 mais il a pourtant
été restauré en 1833. On peut y voir la précieuse
croix de bois qu'aurait plantée Colomb sur ce rivage le 27 novembre 1492,
la Cruz de la Parra, la plus ancienne croix du Nouveau Monde. Les
extrémités des bras de la croix sont recouverts de métal
argenté car les fidèles avaient pris l'habitude de la rogner pour
emporter des reliques.
Autre curiosité, la grande croix en arrière
du choeur. Elle est placée juste devant le symbole de la franc-maçonnerie,
l'équerre et le compas. Nous aurons l'occasion de reparler des "maçons"
à Cuba (le Grand Orient de Cuba et des Antilles, le GOCA, fut fondé
en 1862)...
Trois
anecdotes illustrant le XXe s. de Baracoa.
Une riche émigrée
russe, Magdalena Rowenskaia, qui avait fui la Révolution bolchévique
de 1917 s'était établie ici et paradoxalement elle tomba sous le
charme de la Révolution cubaine puisqu'elle a fait don de sa maison devenue
un hôtel nommé justement "La Rusa". Autre histoire, celle
d'un vilain homme barbu rejeté par la population et qui pour se venger
jeta une malédiction sous forme d'une maladie qui décima les plantations.
Enfin, la curieuse histoire d'un médecin Suisse, "Henri, surnommé
la Française". Dans ce pays machiste qu'est Cuba, il s'était
déguisé en femme afin de pouvoir les soigner. Le travestissement
était parfait au point qu'il y eut erreur sur la personne puisqu'un jeune
homme le demanda en mariage. Celui-ci eut lieu et fut rapidement suivi d'un divorce.
Après cette idylle, le garçon jura de garder le secret.. mais tout
fini par se savoir!
Petit trajet en bus vers le sentier du cacao, à la Finca
Duaba* (près de la rivière de même nom, Duaba).
Le
cacao est cultivé dans cette région depuis 1688 et c'est toujours
la première région productrice en raison de son climat humide et
donc propice.
Cette plante fut découverte il y a 3500 ans par les Olmèques
dans le nord de la forêt amazonienne. Au Mexique voisin, le cacao ("cacahualt")
était utilisé par les indiens Mayas et les Aztèques comme
plante médicinale ou comme boisson ("xocolatl") lors de
rituels religieux voire comme monnaie. Les botanistes européens le nommèrent
en langue grecque "la boisson des Dieux", Theobrama Cacao. Sa
diffusion fut favorisée par les divers déplacements du conquistador
Hernan Cortés.
Quant
au café, il fut introduit dans la partie orientale de Cuba à la
fin du XVIIIe s. lorsqu'il rencontrait déjà un grand succès
dans la haute société européenne. Ce fut l'action de planteurs
français installés dans l'île toute proche d'Haïti. Il
faut un sol riche et humide, un couvert de grands arbres (des albizias
notamment) est
utile dans les régions très chaudes.
En quatre années,
le nombre de caféiers passa de 100 000 en 1803 à 4 000 000
en 1807 pour 191 plantations.
La production ne débute qu'au-delà
de 5 ans après la plantation. La cueillette sélective des fèves
du café fournit les meilleures récoltes, mais doit être réalisée
en plusieurs fois. De ce fait, cette culture qui requiert beaucoup de main d'uvre
contribua à l'essor de l'esclavage.
Le
long de la piste boueuse nous apercevons des chaumières et une toute petite
école rurale (on ouvre une école dès qu'il y a cinq élèves).
La pluie cesse comme par magie lorsque nous débarquons et sommes accueillis
par Juan.
La
Mariposa blanca (ou "papillon blanc") est une variété
du jasmin endémique à Cuba. Quoiqu'il pousse principalement en des
lieux humides tels le bord des rivières ou celui des lagons, il est aussi
fréquemment cultivé dans des jardins ou des terrasses. |
Présentation
de plantes tropicales diverses: arbustes à fleurs tels les hibiscus ou
la blanche mariposa, (la fleur nationale), fruits tropicaux (goyaviers,
ananas..), tulipiers d'Afrique, "arbre des belles-mères" aux
feuilles bicolores qui se retournent lorsque le temps se dégrade (!), "arbre
à touriste" dont Doris nous reparlera souvent car son écorce
rougit puis pèle, comme la peau des touristes (et celle du bouleau) et,
bien sûr, diverses variétés de cacaoyers (la variété
la plus réputée est le criollo).
Les cabosses
se forment à même les branches. Une cabosse ouverte permet de voire
les fèves agglutinées au coeur du fruit. Pendant quelques
jours (une semaine environ), les fèves sont soumises à une fermentation
en diverses étapes qui exigent des conditions précises de température
et d'humidité et pour cela traditionnellement elles passaient dans une
série de caisses en bois. Elles sont régulièrement brassées
et aérées afin de les débarrasser des restes de pulpe sèche,
de diminuer l'amertume et de développer l'arôme.
Pour arrêter la fermentation et éviter les moisissures, elles sont
séchées au soleil en méthode traditionnelle. Là s'arrête
la préparation sur les lieux de production.
Les fèves sont
alors travaillées par des chocolateries qui commencent par les torréfier
(150°), les concassent pour ôter la coque des amandes et enfin les broient
pour produire une pâte grasse (contenant 60% de beurre de cacao). Cette
pâte refroidit en barres ou en boules et peut être travaillée
de manière plus élaborée par des ajouts (sucre...) et divers
moulages (tablettes...) ou la fabrication de poudre (procédé du
Néerlandais Van Houten mis au point au début du XIXe s.).
En
quittant la plantation, si l'on se retourne, on peut enfin apercevoir fugitivement
dans
la brume la
montagne plate d'El Yunque.
Pendant
un bon moment, nous allons rouler sur la piste qu'est en fait la route côtière
dite ''route colorée'', route sans revêtement autre que la boue,
en slalomant entre les nids de poules, que dis-je, des cratères remplis
d'eau (26 km parcourus en 1H). Paysage de chaumières isolées,
de cochons sauvages ou plus exactement en liberté...
Bas
côtés des routes impeccablement entretenus par les paysans qui les
fauchent à la machette afin de récolter du fourrage vert pour leur
bétail.
Le
temps se dégage peu à peu et nous passons près de petites
baies offrant de jolies criques à l'état sauvage et une végétation
de mangrove.
Parmi les rares véhicules récents et en bon état,
on peut remarquer les très voyantes et impeccables camionnettes oranges
de la compagnies nationale d'électricité. Quelques chose de neuf
à Cuba, comment est-ce possible ? Serait-elle à ce point florissante
cette société ?
La région de sols rouges avec parfois
des veines de serpentine que l'on voit autour de Moa est exploitée pour
ses mines de nickel et de cobalt. Cuba est le cinquième ou sixième
(?) ou septième (?) producteur du monde de nickel mais l'île est
au second rang mondial pour ses réserves. Aux industriels canadiens qui
l'exploitent sont venus s'ajouter la Chine, l'Allemagne et le Venezuela (lequel
de son côté approvisionne Cuba en hydrocarbures).
Une pollution
visuelle et au moins minérale (si ce n'est plus!) est visible partout:
hautes cheminées de l'Empresa Cdte Ernesto Che Guevara crachant
une fumée rousse, rivières et rivage aux eaux rougies (le nickel
est largement mêlés au cuivre).
Paysage de désolation,
avec de grands bâtiments et entrepôts détruits par les ouragans,
désolation aussi la pluie qui revient et par dessus le marché le
fameux slogan "Socialismo o muerte" (qui a remplacé depuis
les années 1990 le vieux slogan "Patria o muerte")...
Contrairement aux Etats-Unis, le Canada a continué à avoir des
relations avec Cuba et même des formes de coopération au développement
comme en témoignent les nombreux bus jaunes portant l'inscription "School
bus" ou "Ecoliers".
Doris nous fait remarquer en traversant
les villages, la maison du "médecin de famille". Elle est plus
haute que les autres car le cabinet médical occupe le rez-de-chaussée
et les appartements sont au premier (et parfois au second étage quand il
y a une infirmière). Ces médecins n'ont pas que le rôle de
soignants mais ils ont un rôle dans la prévention et notamment par
rapport à l'éducation sexuelle et au planning familial.
CAYO SAETIA, playa El Cristo**
Après
avoir contourné une centrale thermique nous arrivons au bord d'un bras de mer
que nous franchissons par un ancien pont-bascule et nous voici sur l'îlot
de 42 km² qu'est Cayo Saetia.
C'est un site à la flore
et à la faune indigènes riches mais faune complétée
par des animaux exotiques qui furent introduit ici pour le plaisir de la chasse
des notables: autruches, antilopes, zèbres, buffles.
Avant
1989 et l'épuration
des instances du parti communiste cubain
consécutive
à la fin
du système soviétique (perestroïka, glasnost
puis effondrement), le site était réservé à la nomenklatura
cubaine et était notamment apprécié d'un certain Raul Castro.
Le
site est exploité par le groupe touristique Gaviota.
Nous
embarquons dans de vieux camions militaires russes pétaradants qui vont
nous conduire par une piste vers une plage où est installé un restaurant.
On
nous y sert, outre un traditionnel cocktail, un délicieux ragoût
d'antilope! Oui! D'antilope! En effet, lorsqu'il y a surpopulation certains animaux
sont abattus...
Près du restaurant, on peut voir de curieux petits lézards
(à moins qu'il s'agissent de caméléons) à queue retroussée
ou un vieil iguane.
Plage paradisiaque El Cristo mais dès que l'on est à l'ombre,
on subit l'attaque de nuées de petits insectes piqueurs, genre moucherons,
les redoutables "héhé" à l'égard
desquels certains d'entre nous manifesterons une véritable allergie pendant
plusieurs jours (gros boutons) alors qu'en général les rougeurs
avaient disparu le lendemain.
Sur
le chemin du retour, les chauffeurs des camions nous offrent en prime un petit
safari chez les buffles et les zèbres (les antilopes sont très loin,
à la lisière des bois).
Les touristes voyageant en individuel
peuvent s'offrir un safari photo à dos de cheval ou en jeep, à la
recherche de buffles, zèbres et antilopes (9 CUC environ / personne).
Il faut toutefois
repartir car nous avons encore un long trajet (200 km) sur routes secondaires.
Les chauffeurs de notre bus ont ouvert le capot. Marquerait-il quelques signes
de fatigue ? Ce serait ennuyeux. En effet, pour atteindre la zone balnéaire
de Guardalavaca, il faut faire un grand détour par la ville de Holguin
en traversant des plaines de culture de canne à sucre irriguée.
Pour faire passer le temps, Doris nous initie au déchiffrage du code des plaques minéralogiques des véhicules à partir de la couleur du fond de ces plaques:
Lorsque
l'on prend un taxi, il est préférable d'en prendre un à plaque
bleu donc officiel car ceux à plaque jaune sont sans compteur et roulent
sans assurance!
Enfin,
Guardalavaca !
Le nom ne désigne pas le vacher (gardien de vache)
mais l'aigrette pique-buf.
C'est
le second centre touristique après Varadero (dans l'ouest). Une plage au
sable fin et à l'eau transparente s'étend sur 4 km en forme
de croissant jusqu'au récif corallien et, en avant, d'une végétation
luxuriante.
Dîner,
nuit et une journée de séjour à l'hôtel Playa Pesquero
***** en formule all-inclusive ("tout compris") à partir
du moment où l'on nous a nantis d'un élégant bracelet en
plastique bleu.
Cet
hôtel appartient tout comme le précédent au groupe Gaviota.
Il a été inauguré par Fidel en 2003. Récent donc mais
ce qui n'empêche pas que les chambres soient déjà défraîchies,
peintures salies, taches de colle sur les sols, réglage de la clim cassé
et que l'on ait droit à une petite coupure d'électricité...
En revanche, les femmes de chambre font du zèle dans l'espoir de pourboire
en disposant sur les lits de jolis cygnes formés avec les serviettes de
la salle de bain... ce que l'on retrouvera dans d'autres villes par la suite.
Il
comporte 944 chambres réparties dans 59 bâtiments dispersés
sur un vaste espace entre la zone de service (réception, restaurants),
les vastes piscines et la plage. Il compte aussi sept bars et une douzaine de
restaurants! Pour les touristes en séjours (nombreux Canadiens et plus
particulièrement Québécois), diverses activités sont
proposées: aquagym, volley, tir, danse...). Des animations musicales ont
également lieu notamment avec un curieux instrument, un orgue mécanique
(ce type d'instrument est fabriqué à Holguin).
La
fête des quinze ans est une fête traditionnelle dans le monde
latino-hispanique, elle est communément appelée Quinceañera
ou Quince Años. |
Une
Québécoise en séjour ici depuis deux semaines nous apprend
que le beau temps vient seulement d'arriver. Nous sommes vernis!
A ce propos,
il faut dire que ni la Révolution, ni l'embargo décidé par
les Etats-Unis n'ont altéré la "fidélité"
des touristes canadiens qui viennent hiverner sur les plages tropicales de Cuba
par charters entiers qui les conduisent sur des aéroports proches des grande
stations balnéaires (mais ces touristes font peu de circuits).
Depuis
que les Cubains aisés y sont autorisés (2008), certaines familles
se mettent en grands frais pour y organiser "la fête des filles
de 15 ans" ou pour un mariage dans ce genre de grand hôtel. Même
des touristes québécois profitent de leur séjour ic pour se marier!
Notre
séjour balnéaire de 24 heures permettra certes de se reposer
mais aussi de tester tout un éventail de cocktails et notamment de découvrir
le "piña colada" (jus d'ananas, lait de coco, rhum, glace pilée)
fortement conseillé par Doris.
En réservant, tôt le
matin, pour le second dîner, sans aucun supplément, on a pu déguster
une délicieuse langouste flambée au Trattoria, le restaurant italien
qui se transforme en restaurant de fruits de mer en soirée car les Sea Food situé
sur la plage a été endommagé par les ouragans.
Par
contre, n'est pas compris l'accès à l'Internet qui est loin d'être
donné avec un tarif de 6€ pour une heure...
CUBA