SAIGON (Ho Chi Minh ville) ("La
forêt de kapokiers" ou "La forêt du royaume"), Capitale
économique. centre-ville et ville coloniale (1), quartier
chinois de Cholon (2). | | |
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"La RELIGION" au
Vietnam, l'influence chinoise,
une affaire compliquée... |
RELIGIONS ET DOCTRINES D'ORIGINE
CHINOISE...
I - Il reste un vieux fond de cultes
antiques.
I-1 - L'animisme était une façon de chercher à se concilier les forces naturelles
supérieures (ciel) et inférieures (terre) entre lesquelles l'homme doit vivre
(la Triade chinoise primitive). Ces forces sont autant de divinités (lacs, pierres...
animaux mythiques ou aux pouvoirs surnaturels). On les vénère dans des autels
privés ou des temples. C'est en se fondant sur ces croyances anciennes qu'il est
parfois encore fait appel aux astrologues et géomanciens...
I-2 - La vénération pour la fécondité et la sexualité est commune à une partie
des anciens peuples d'Asie. Cela a été en partie repris par l'hindouisme et on
en retrouve la trace (les lingas) dans les régions telles que le sud du Vietnam
qui a été sous l'influence khmère (en suivant le cours du Mékong vers son cours
moyen, en Thaïlande, ou vers son delta, en Cochinchine) ou le centre du Vietnam,
l'ancien Royaume Cham (ou Champa), directement sous l'influence des navigateurs
indiens.
I-3 -Le culte des ancêtres s'il n'est pas à proprement parler une religion
est une pratique sociale fondamentale depuis des millénaires. Il repose sur la
croyance que pendant plusieurs générations (5), les ancêtres influent sur la vie
de leurs descendants, leur apportant leur protection dans la mesure où ils sont
honorés (tablette funéraire, offrandes par exemple lors du Têt, la fête du Nouvel
An Lunaire ou "Nouvel An chinois" selon un calendrier traditionnel qui perdure
parallèlement au calendrier officiel occidental) et où leur tombe est entretenue.
Ces obligations reviennent au descendant mâle le plus âgés de la branche aînée.
Ce culte n'a été que renforcé par le confucianisme (respect dû aux ascendants)
et le bouddhisme (cérémonies particulières ayant pour but d’assurer le salut des
parents défunts).
II - Les trois grandes religions historiques. S'ajoutant
aux croyances anciennes, par la Chine, le Vietnam a hérité dès le Ier s.
av. JC de trois grandes philosophies religieuses qui se mêlent le plus souvent
en une pratique syncrétique (surtout dans les milieux populaires): code éthique
confucéen dans la vie sociale, pratique de rites bouddhistes et célébration de
cultes taoistes... Parfois les lieux de culte mêlent les dévotions (statue de
Confucius dans une pagode, statue d'Ho Chi Minh dans un temple...).
II-1 - Le confucianisme a une origine chinoise au VI-Ve s. av. JC avec
Confucius, dont la doctrine est formalisée et approfondie par ses disciples (notamment
Mencius). Par une éducation normative, il prône le respect de l'autorité et de
l'ordre hiérarchique (des parents, des maîtres, des monarques). Mais cette doctrine
ne défend pas la dictature ou le pouvoir absolu car elle donne une responsabilité
au monarque envers ses sujets (bien-être du peuple). Le "mandat du Ciel" (le Ciel
était considéré comme l’autorité impersonnelle gouvernant l’univers) dont se prévalait
le souverain n'a de valeur que par l’approbation du monarque par le peuple. Le
confucianisme tend à rechercher l'équilibre et l'harmonie. Il faut rappeler
ici que "nos philosophes des Lumières" (Voltaire notamment) se sont inspirés
de cette doctrine pour bâtir leur idéal politique du "despote éclairé", prémices
des idées révolutionnaires.
II-2 - Le taoisme a une origine chinoise au IVe s. av. JC qui s'attache
au nom de Lao Tseu, auquel on prête les maximes que tout le monde connaît... Alors
que le confucianisme recherchait l’épanouissement de l’être humain par l’éducation
morale et l’établissement d’une société ordonnée hiérarchiquement, le taoïsme
cherchait à préserver la vie humaine en suivant la "Voie de la Nature" (Tao):
retour aux communautés agraires primitives et à un gouvernement qui n’empiète
pas sur la vie individuelle. Le taoïsme prône l’harmonie parfaite avec la nature
permettant d’atteindre l’immortalité. Dans sa pratique populaire, il intègre l'animisme
ancien dans un panthéon foisonnant peuplé de génies et de divinités autour de
"l'Empereur de Jade". Le
naturalisme, un courant voisin se développant également au IVe siècle
av. J.-C., expliquait les mécanismes de l’univers sur la base de certains principes
cosmiques: le plus connu est
le couple antinomique "yin et yang", qui représente les dualismes en
interaction dans la nature: passivité et virilité, froid et chaleur, eau et feu,
femelle et mâle, versant de lumière et versant d’ombre, hiver et été. Ainsi, la
maladie résulterait d’un déséquilibre énergétique (l’acupuncture est utilisée
afin de rétablir l'équilibre des énergies).
II-3 - Le bouddhisme originaire du nord de l'Inde au VIe s. av. JC
s'est diffusé en Chine entre le Ier et le VIe s., diffusion ponctuée de phases
conflictuelles avec les cultes autochtones. L'ENCADRÉ CI-DESSOUS
DÉVELOPPERA CE DERNIER POINT. C'est donc après
une assimilation chinoise de quelques siècles que ces doctrines seront transmises
au Vietnam pendant le premier millénaire de notre ère, période qui correspond
à l'occupation par la Chine du bassin du Fleuve Rouge, le nord du Vietnam actuel,
puis se diffuseront par l'effet des conquêtes vietnamiennes des territoires méridionaux
Comme dans d'autres dictatures communistes, l'avènement de ce genre
de régime a provoqué une SCISSION dans les religions. Ici on a vu l'institution
d'un bouddhisme patriotique, inféodé au régime, alors qu'un bouddhisme indépendant
tente de subsister. .
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ET LES RELIGIONS "MODERNES"
? Le christianisme s'implante grâce
aux jésuites à partir du XVIIe s. Les persécutions au début du XIXe s.
furent le prétexte à l'intervention coloniale de la France et à un nouveau développement
du christianisme. Bien sûr, on n'est pas surpris de voir les chrétiens pratiquer
le culte des ancêtres...
L'Islam est très peu présent (îlots dans le
sud) et pratiqué de façon peu orthodoxe (une seule prière par semaine, consommation
d'alcool) et participation aux cérémonies des autres cultes...
Le caodaisme
est un avatar purement vietnamien de l'aspiration au syncrétisme avec des visées
nationalistes apparu vers 1920. Il mêle bouddhisme, taoisme et christianisme et
aurait un nombre non négligeable de fidèles (2 millions).
Quelles sont
les parts des différentes religions au Vietnam? Difficile de s'y retrouver
mais heureusement, comme on dit, "Dieu retrouvera les siens"! Certaines
sources parlent de 70% de bouddhistes (plus ou moins taoistes), 20% de chrétiens
(très majoritairement catholiques)... mais ces chiffres s'appliquent-ils à l'ensemble
de la population ? D'autres sources (sans doute plus gouvernementales) indiqueraient
que seulement le quart de la population est adepte d'une religion, bouddhistes
et chrétiens à parts presque égales (40% des croyants) suivis par les caodaistes
(11%)... Evidemment la question est de savoir à partir de quand et jusqu'où
on peut être considéré comme rattaché à une religion ou non. Les entraves
à la pratique religieuse ont été réduites depuis 1975 et surtout 1989. Est-ce
l'effet des politiques répressives ou le type de bouddhisme du pays, toujours
est-il qu'il semble y avoir ici une moindre ferveur et moins de jeunes pratiquants
que dans un pays comme la Thaïlande. |
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| Un résumé de SAIGON: un
écheveau de flux en tous sens. |
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Ho
Chi Minh ville est le nom officiel qui a été
donné à la ville en 1975, en hommage au héros de la révolution qu'était Ho Chi
Minh et sans doute aussi en représailles à l'encontre des habitants de la ville
qui avaient pactisé avec l'ennemi. Mais dans la pratique, tout le monde est revenu
à l'usage du terme SAIGON.
SAIGON, c'est d'abord un enchevêtrement
de câbles et de fils, un indescriptible grouillement humain et pétaradant.
Des paquets de câbles et de fils font des guirlandes inesthétiques
au long des rues, pendouillant dans comme d'inextricables écheveaux, s'emmêlant
dans les branches des arbres et passant jusque sous les stores des boutiques.
Il faut s'y habituer car on verra la même chose partout dans ce pays...
Saigon est une ville de 8 millions d'habitants (officiellement la
moitié) dont la relative prospérité attire de nombreuses populations (par exemple,
les jeunes diplômés du nord).
Ce que l'on en perçoit, ce ne sont pas les
quelques bus et camions, les vélos et cyclo-pousse (triporteur à pédales) mais
c'est essentiellement la marée d'environ 6 millions de motos et
scooters (petites cylindrées
de 85 à 125 cm3), qui seraient silencieuses
si leur klaxon n'était pas actionné en permanence, et "montées" par 2, 3, 4 voire
5 passagers dont l'un au moins est adepte du téléphone mobile que compte déjà
5 millions d'utilisateurs dans le pays (pour 10 millions d'appareils fixes)! Sans
parler que ce moyen de transport est tous usages: paquets monstrueux, mobilier,
matériaux divers, taxi... On peut estimer que le flux s'écoule à 20 km/h...
Le terme moto est à prendre au sens général car on voit aussi un certain
nombre de scooters.
On pourrait dire que
jusqu'au XXe s., les rues des grandes villes de ce pays étaient envahies
par un flot de piétons (avec leur palanche), de pousse-pousse et de charrettes
à bras.
Au début du XXe s., se sont ajoutés les vélos, cyclo-pousse
(une invention française introduite en Indochine en 1837 afin de remplacer le
pousse-pousse et qui fut très rapidement adoptée)...
Le début du XXIe s.,
voit la généralisation des motos, des bus et camions...
Qu'en sera-t-il vers
2015-2020 ? On peut s'attendre à une paralysie et à une asphyxie (terme à
prendre au propre comme au figuré)... surtout dans des quartiers anciens que ce
soit ici, à Saigon, ou à Hanoi.
Pour écouler ce nouveau type de trafic, il
faudrait détruire des quartiers, percer de larges avenues, créer des parkings...
Sinon, si l'on veut conserver la structure de ces villes ou au moins de ces quartiers,
il faudrait revenir au vélo mais il est peu probable que ce soit ce versant de
l'alternative qui sera retenu sous la pression des milieux d'affaires modernistes.
On est surpris également par le fait qu'un
grand nombre de Vietnamiennes circulant sur ces divers engins portent un masque
couvrant la bouche et le nez. La cause? La pollution! Mais est-ce une parade
suffisante? D'ailleurs les hommes en portant sont beaucoup plus rares, seraient-ils
donc immunisés contre la pollution?
Notre perception du problème s'est compliquée
du fait que certaines femmes ajoutent un voile qui leur couvre le visage jusqu'aux
yeux, lesquels sont par ailleurs en partie dissimulés par un bob (ou un chapeau
conique pour certaines piétonnes). Ce ne sont pas des musulmanes et il ne s'agit
plus de se protéger de la pollution mais des rayons ultraviolets du soleil qui
ont pour effet de brunir la peau, ce qui est considéré ici comme inesthétique!
Certaines se protègent même les mains et les bras avec des gants et des manchons.
Après le vertige du son et des odeurs (pollution), l'autre vertige
c'est le tournis qui vous saisit de manière implacable à la vue de l'indémêlable
écheveau qui se dessine dans les trajectoires de tous ces engins et des piétons
qu'il ne faut tout de même pas oublier.
Une marée "moto-humaine".
| (Pour
zoomer, passez la souris sur l'image ci-dessus.) |
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Tout çà s'entrecroise, se dépasse par la droite
ou par la gauche, 50 m avant un carrefour, on anticipe la rue à prendre à
gauche en se mettant à rouler à contresens de la file d'en face! Quant aux malheureux
piétons que nous fûmes à nos débuts, envisager de traverser une rue apparaissait
suicidaire. Nous dûment apprendre à rester zens et confiants dans notre karma.
En tant que piéton, il faut passer au moins une journée dans cette ville
pour enfin oser traverser un large boulevard ou une avenue en faisant confiance
à l'art de l'évitement si bien maîtrisé par les Vietnamiens. Il faut donc s'engager
résolument, à un rythme régulier afin de ne pas surprendre les conducteurs...
A signaler qu'un nombre limité de carrefours sont équipés de feux tricolores
(avec afficheur-décompteur des secondes avant passage au rouge ou au vert) et
que même lorsqu'ils en possèdent, ce type de signal lorsqu'il passe au rouge ne
semble indiquer qu'une possibilité d'envisager l'arrêt! (à Hanoi, il semble
exister davantage de rigueur).
Bref, une seule règle: la conduite ADROITE
!
On ne peut être que surpris par le faible nombre d'accidents
et c'est heureux quand on sait qu'en agglomération le port du casque n'est pas
obligatoire. En deux jours passés dans cette ville, je n'ai observé que deux chutes
de vélo, sans gravité (les cyclistes se sont relevés et son repartis sur leur
monture).
Autre surprise, c'est la courtoisie des usagers de la voie
publique. Même lorsqu'une autre personne les met en difficulté, ils ne profèrent
pas de remarques et encore moins d'insultes et n'affichent même pas de contrariété
sur leur visage. Sans doute est-ce un témoignage du très oriental souci de la
face.
Saigon
n'est pas une ville triste même dans le deuil. Il suffit d'y voir exposés en bord
de rue les somptueux cercueils ainsi que d'invraisemblables corbillards...
Dans le sud du Vietnam, on garde le mort à la maison pendant 3 jours voire 7 jours
avant de procéder à l’incinération. L’inhumation est peu pratiquée ici (alors
que c'est l'usage dans les autres régions) d’autant que les tombes sont souvent
profanées pour récupérer le bois précieux des cercueils.
Les morts suite
à un accident sont en revanche déposés dans un funérarium car ce type de décès
est considéré comme pouvant attirer le malheur sur la famille.
Une déception, le si élégant costume des Vietnamiennes,
l'ao dai, n'est pas porté couramment. Bien sûr, les employées des hôtels
et des restaurants ainsi que les vendeuses des magasins pour touristes le portent.
Par la suite, en circulant, on le verra aussi utilisé par les lycéennes...
Ce costume fut créé à la fin du XVIIIe s. en s'inspirant du
costume mandchou (n-e de la Chine) puis imposé par les souverains vietnamiens
au XIXe s. avant de subir quelques retouches au début du siècle dernier.
En revanche il a été très mal considéré par les communistes et il fait une réapparition
(limitée) seulement depuis 1987.
Dans l'une des dernières dictatures communistes, on pourrait s'attendre
à une présence policière voyante. Or il n'en est rien.
Dans les villes, on ne verra que de rares policiers à l'allure débonnaire. En
revanche, quant on lit des publications au sujet de ce pays, on y apprend qu'il
existe des réseaux d'indics constitués par des gens qui vivent dans les rues:
petits vendeurs, conducteurs de cyclo-pousse... Dans les villages, les gens vivent
encore sous le regard inquisiteur du Commissaire Politique dont la bienveillance
doit assez souvent être achetée lorsque l'on se trouve à la tête d'une affaire
florissante. La corruption, un mal chronique de ce pays, commence dès ce stade
et peut se prolonger par des actions coercitives des milieux mafieux...
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| SAIGON, divers aspects de la circulation. |
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Une partie de la visite de Saigon est consacrée au centre ville, l'ancien "Petit
Paris", aux avenues plantées, bordées d'édifices de l'époque coloniale, villas
et bâtiments publics. Cette partie se situe à moins d'un kilomètre des quais de
la Rivière de Saigon.
L'ancien Palais du Gouverneur de Cochinchine,
le Palais Norodom bâti en 1866, devenu le palais présidentiel du sud-Vietnam
après la partition du pays en 1954 fut détruit par un aviateur en 1963 et il a
cédé la place à l'actuel bâtiment qui fut également endommagé par un autre aviateur
en 1975, à quelques jours de la prise du palais par les communistes qui en ont
fait un musée sous le nom de Palais de la Réunification (dont la visite
n'est pas à notre programme).
Sur le trottoir face au palais, première
"démonstration" par un adepte du taï chi chuan. Cette pratique traditionnelle,
plus que millénaire, visant au bien-être et à une bonne santé, en associant méditation
et gymnastique, vient de Chine (taijiquan) ...et se diffuse même chez nous
aujourd'hui !
Le Théâtre municipal construit en 1899
servit un temps de siège à l'assemblée nationale du sud-Vietnam. On y représente
du théâtre traditionnel, des spectacles d'acrobatie et on y écoute des concerts
de musique classique.
| Statue et portrait de
l'Oncle Ho. |
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Il
faut signaler également les grands hôtels renommés.
Le Continental
(1880) rendu célèbre par Catherine Deneuve dans le film Indochine était
le rendez-vous du tout Saigon pendant la période coloniale et celui des reporters
pendant la guerre d'Indochine; on y a vu André Malraux, Graham Greene, Lucien
Bodard...
Quant au Rex, ancien cinéma, il devint le Quartier
Général des officiers américains durant la guerre du Vietnam. Aujourd'hui propriété
de l'Etat, on peut accéder librement à la terrasse de cette construction de style
Arts Déco, d'où l'on jouit d'un panorama sur la ville, en particulier sur le centre.
On y organise aussi des banquets de mariage. A noter le compromis culturel:
la robe blanche pour la modernité alors que c'est la couleur du deuil en Orient.
Cependant à d'autres moments des cérémonies, les mariées revêtent encore souvent
la traditionnelle robe rouge célébrant la joie!
Proche du Rex, sur une
place fleurie se dresse une statue de Ho Chi Minh protégeant un enfant,
face à l'ancien Hôtel de Ville (1908) qui est devenu le siège du Comité
populaire de Ho Chi Minh Ville.
Le centre, ce sont les grands hôtels
internationaux modernes, Sheraton ou Ayat. C'est aussi la rue Dong Khoi, ex-Catinat
(débaptisée, on le comprend, puisqu'il s'agissait du nom de l'amiral de la flotte
qui bombarda Tourane -Da Nang- en septembre 1858) qui va de la cathédrale Notre-Dame
vers la rivière, est bordée d'élégants commerces de luxe, café, restaurants et
magasins de souvenirs artisanaux qui ont remplacé les bars à filles de l'époque
américaine.
A ce propos, on peut voir l'ancienne ambassade
américaine (on se souvient des images des dernières évacuations). Après la régularisation
des relations entre le Vietnam et les Etats-Unis intervenue en 1995, c'est un
consulat qui l'a remplacée (l'ambassade est évidemment dans la capitale, à Hanoi
et le premier ambassadeur en a été le premier pilote américain fait prisonnier)...
Dans le centre, on a aussi l'une des rares rues ayant gardé son
nom français, la rue Pasteur.
Autre leg des Français, la cathédrale
Notre-Dame, place de la Commune de Paris, édifice assez banal dans sa livrée
de brique rouge de Toulouse, sur un soubassement de granit. Ses deux grandes tours
carrées surmontées de deux flèches en métal dominent la rue Catinat. Elle date
de 1880.
Mais au fait, on remarque que les églises, même en Orient,
ont le choeur tourné vers l'est (symbole de la Résurection du Christ)
comme chez nous...
Le dimanche en soirée, impossible d'y accéder. Il ya
plusieurs messes et l'affluence des fidèles est telle qu'ils débordent sur une
partie de la place (un regain de ferveur serait à mettre sur le compte d'un miracle,
des yeux de la statue qui se dresse sur le parvis aurait coulé une larme...
La
visite est donc remise au lendemain. Quelques détails attirent le regard: un autel
d'une chapelle avec des statues d'ecclésiastiques dans leur tenue de cérémonie
bien française du début du siècle dernier et, à leurs côtés, des personnages en
costume vietnamien. Autre détail, la quantité de plaques ex-votos, notamment
à l'autel dédié à St Joseph, gravées des termes tels que "Merci" ou
"Reconnaissance" ou même "Souvenir de Lourdes" (!), donc de plaques
anciennes puisque françaises!
Toute proche, se dresse la Poste
centrale datant de 1891 et due à Gustave Eiffel, donc dotée d'une charpente
métallique, spécialité de ce célèbre ingénieur. Cette charpente en voûte supporte
une verrière qui donne beaucoup de clarté au vaste hall.
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| Palais de la
Réunification (ex- gouverneur). Passez la souris ci-dessus. |
Char dans le parc du Palais de la Réunification. |
Hôtel Continental. | Hôtel
Rex. Passez la souris ci-dessus. | |
La cathédrale Notre-Dame.
Passez la souris ci-dessus. |
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<= SAIGON, cathédrale Notre-Dame. => |
| | 
<=
SAIGON, poste centrale (de Eiffel) => | SAIGON
- Théâtre Municipal (ex Opéra) | | | |
Nous sommes heureux de nous poser un
peu à notre hôtel avant d'aller dîner en ville. Un comité d'accueil de petits
vendeurs des rues (cartes postales, tee-shirts, casquettes et autres babioles)
nous assaille gentiment et ne nous lachera plus, nous suivant en moto dans nos
diverses visites...
Première nuit de vrai repos dans un vrai lit...
Le
jour suivant est consacré totalement à une découverte plus approfondie de certains
lieux de la ville.
Visite
de la fabrique d'objets en laque Lam Son et de sa boutique de vente.
LE
laque (en effet, dans ce sens, le mot est du genre masculin!) est un vernis végétal
tiré de la gomme-résine ou sève tirée du laquier (arbre de
la famille des sumacs, originaire de Chine) et également de certains autres
arbres extrême-orientaux. Au Vietnam, on l'importe du Laos. Cette matière
a une double fonction: protection (contre le pourrissement et les termites notamment)
et décoration. La technique du laque artistique de qualité nécessite de passer
jusqu'à 20 couches de laque, avec ponçage entre chaque application. Des pigments
peuvent y être incorporés ainsi que des incrustations telles que peintures, coquilles
d'oeuf, dorures ou nacre. Le cycle de fabrication s'étale donc sur plusieurs semaines.
Les
objets présentés vont de petits tableaux portant sur des thèmes traditionnels
(paysages) ou des fantaisie ("Tintin à Saigon") jusqu'à d'imposantes salles à
manger, avec table et fauteuils richement incrustés de nacre (livrables en France!).
Pour qui a visité les grands musées des pays occidentaux ou même
ceux du Caire ou de Mexico, la visite du Musée d'Histoire (Bao Tang Lich
Su, l'ex-musée Louis Finot) n'est guère attrayante, en tout cas à mes
yeux de néophyte. L'étage est occupé par une bibliothèque réputée...
Héritage français datant de 1929, il retrace l'histoire du Vietnam dans un espace
surdimensionné, au travers de quelques collections d'objets présentés dans des
vitrines vieillottes, d'un certain nombre de reproduction d'objets du Musée d'Hanoi,
de sculptures khmères et chams. Des panneaux pédagogiques au charme désuet complètent
le tout.
Quelques surprises: pièces de monnaie de l'Empire Romain retrouvées
dans le delta du Mékong! Les échanges à longue distance se pratiquaient bien avant
le voyage de Marco Polo (XIIIe s.), par ce que l'on appelle "La Route
maritime de la Soie" (par opposition à l'autre route, terrestre et continentale).
L'attention est attirée aussi par des représentations plutôt réalistes
de symboles phalliques, des lingams ou lingas, toujours dressés
et donc potentiellement créateurs, souvent associés au yoni, symbole du
sexe féminin. Leur union représente, à l'image de Shiva, la totalité du monde,
le lingam assumant les fonctions créatrice et destructrice. On en trouve trace
dans les régions qui ont subi l'influence hindoue comme au Champa (Annam, on en
verra des témoignages au Musée de Danang) ou dans les régions soumises à l'influence
khmère, ici en Cochinchine (on l'a vu également dans le région de Phimai et Lopburi,
en Thaïlande).
Dommage que ces objets et vestiges ne puissent être vus
sur leur site d'origine...
La
visite des édifices des religions orientales telles qu'on les pratique dans ce
pays est assez déroutante par rapport à ce que l'on peut constater en Thaïlande.
Il est difficile de distinguer temples chinois taoistes et pagodes bouddhistes
tant par certaines similitudes au niveau de l'architecture que par l'interpénétration
syncrétiques des cultes.
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Autel des génies protecteurs ... dans un hôtel.
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Le
panthéon bouddhiste du Grand Véhicule est déjà riche de ses bodhisattvas, sortes
de saints compatissants qui font quelque ombre au Bouddha dont la statue, au Vietnam,
se fait relativement discrète ou au contraire un peu débordante dans sa version
ventripotente du Bouddha de l'avenir... voire mute sous une forme féminine !
D'origine purement chinoise, datant du IVe s. av. JC, les cultes taoistes
s'adressent à trois classes d’esprits : les dieux, les esprits errants et les
ancêtres. Les esprits errants sont souvent des ancêtres négligés, tandis que certains
ancêtres importants, ou figures historiques, peuvent atteindre à la dignité de
dieu. Nombreux sont donc les dieux chinois dont une biographie retrace l’existence
mortelle. Les dieux importants et secondaires du panthéon chinois sont d’origines
très diverses. Ils peuvent être locaux ou régionaux et jouissent d’une popularité
variable selon les lieux.
Avec la diffusion du bouddhisme en Chine à
partir du IVe S. après JC, les deux religions vont s'interpénétrer au niveau
des pratiques populaires jusqu'à faire coexister dans un même lieu des divinités
du bouddhisme et du taoisme!
Revenons à notre première rencontre sur le sujet, non loin du quartier chinois
de Cholon. Il s'agit de la visite de la pagode Pho Mieu dédiée à la Dame du
Ciel, Tien Hau (on retrouve ici le mot chinois tian désignant
le ciel comme dans Tian an men), une divinité taoïste chinoise protectrice
des marins. Les fidèles y font moult offrandes de spirales d'encens (8 à 10
jours pour se consumer) et accrochent des voeux inscrits sur papier rouge, couleur
symbolisant la joie (xi) ou la félicité et également le centre de l'univers.
Un tambour ou un gong sont frappés afin d'attirer l'attention des divinités...
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| SAIGON,
quartier chinois de CHOLON Pagode Pho Mieu
dédiée à Tien Hau, la Déesse de la Mer. | |
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Le quartier
chinois de Cholon s'est développé à partir de 1778 et de faubourg est devenu
une ville dans la ville (quartier n°5), encore peuplé d'un demi million de vietnamiens
d'origine chinoise, les Hoa (et ce malgré l'exode consécutif à la réunification
de 1975 et au conflit qui s'en suivi avec la Chine). Un quartier organisés en
corporations marqué par un enchevêtrement de minuscules échoppes qui débordent
sur les rues.
Un raccourci de la vie de ce quartier est constitué par
les énormes halles du marché Bin Thay dans les allées duquel on se faufile
attiré ou, au contraire, repoussé par telle ou telle odeur. Pour les marchands,
il est toujours l'heure de manger ou de s'accorder un peu de repos dans un petit
espace aménagé sous les présentoirs! Le rez-de-chaussée est surtout occupé par
les produits alimentaires (mais aussi de la quincaillerie ou des chaussures) tandis
que l'étage est consacré aux tissus et vêtements. Le bâtiment a gardé ses toits
en forme de lotus, son beffroi et ses horloges et l'intérieur est une cohue organisée
sympathique.
On a le plaisir d'y voir des femmes portant le chapeau conique
sans que cet usage relève du folklore touristique comme cela est le cas dans d'autres
quartiers.
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Le
grand marché de Cholon: Bin Thay. | Prépararation
du bétel: feuille de bétel, noix d'arek et chaux éteinte |
A côté du riz,
céréale de l'Asie, on consomme aussi des légumes verts. |
Le pain, un
héritage français mais insuffisamment salé à mon goût... | |
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| Marchande
de sel. CHOLON - Marché Bin Thay .
| Crevettes
séchées | Des
poissons vivants... | CHOLON
- Marché Bin Thay . et encore
des poissons.... | | |
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Sans doute pas encore
tout à fait rassasiés par ce spectacle, après un copieux dîner, d'aucuns ont complété
le soir même leur découverte par le marché nocturne autour du marché Ben Tanh
distant d'à peine un kilomètre de notre hôtel (situé sur l'avenue Pham Ngu Lao).
Cela a été l'occasion de constater l'engouement pour l'Internet des jeunes
Vietnamiens qui remplissent les nombreux cyber-cafés (on fera le même constat
à Hanoi) dans un pays qui compte déjà plus de 6 millions d'internautes.
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