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aux VOYAGES Etape
précédente : Côte lycienne |
Départ à 8h15 malgré le court trajet qui nous attend
mais nous avons beaucoup de visites aujourd'hui!
A
partir du XIe s. av. J-C, cette région a vu arriver des populations
originaires de la Grèce. C'est un foyer de la civilisation hellénique aux VIIe et VIe siècles av. J-C, qui avec d'autres états voisins formaient un ensemble appelé Grèce d'Asie. L'élégant ordre ionique (succédant à l'ordre dorique) est apparu dans cette région vers 560 av. J-C et s'est répandu dans le Péloponnèse. Mais c'est également dans ce territoire que sont nées la science et la philosophie grecques. Après
un bref protectorat de la puissante Lydie voisine, l'Ionie passa sous domination
des Perses au VIe-Ve s. Au IIIe s., elle fut conquise par le macédonien
Alexandre le Grand. Au
Ier siècle avant J-C, tout comme les autres états d'Asie Mineure
bordant la mer Egée, l'Ionie fera partie de l'Empire romain. Par la suite,
elle fera partie de l'Empire byzantin avant de finir dans l'Empire ottoman au
XIVe s. |
Nous sommes sur le territoire de l'ancien état de Ionie, Ephèse étant l'une des plus importantes et plus riches (grâce aux taxes portuaires) cités Grecques d'Asie Mineure.
Le bus emprunte une route qui s'élève sur les
pentes du BulBul Dagi (Mont Corissos ou "Mont du Rossignol"), une route
qui conduit à la Maison de la Vierge car selon la tradition, l'apôtre
St Jean y conduisit la Vierge Marie (Meryemana) après la mort
de son fils et Marie y serait morte et enterrée.
Pourtant curieusement, Jérusalem y revendique son tombeau sans qu'aucun
document ne vienne l'attester! N'y aurait-il pas eu une confusion avec une autre
Marie, Marie-Madeleine?
Le site aurait été découvert
par la religieuse allemande Catherine
Emmerich (1774-1824) qui aurait reçu des saints
stigmates et aurait eu la vision de l'endroit. Les
murs de fondation de l'édifice remontent au Ier siècle et à
l'époque byzantine la maison fut restaurée.
En creusant, on y a trouvé une source...
En
1967, le pape Paul VI y vint en pèlerinage puis cela a été
le tour du pape Jean-Paul II en 1979.
Nous nous arrêtons au
niveau de la statue de la Vierge aux proportions disgracieuses, érigée
en 1996 par une fondation américaine.
De là, nous avons une
vue sur le site antique et en particulier sur l'Odéon.
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Port
très important dans l'Antiquité, Ephèse abritait l'une
des sept merveilles du monde, le temple d'Artémis. Le site se trouve
à 5km de Selçuk et nous y rendrons un peu plus tard.
Ephèse
occupa d'abord le site d'une
colline fortifiée
habitée dès l'époque préhistorique (2 000 ans av.
J.-C.), avec l'acropole du Mont Ayasuluk qui, selon la légende, aurait
été fondée par les Amazones.
Cavalières
émérites, portant armure et casque, pour être plus efficace
au tir à larc, les Amazones se brûlaient (ou se comprimaient)
le sein droit, ce qui leur laissait une plus grande liberté de mouvement.
C'est l'origine de leur nom qui signifie ''sans mamelles'' (mazos, en grec,
signifie "sein"). Après une relation sexuelle, elles coupaient
le sexe de leur partenaire! Aimant la chasse et les jeux violents, les Amazones
vénéraient la déesse Artémis et tout particulièrement
celle dEphèse dont elles furent, dit-on, les premières à
instituer le culte.
A ce propos, on a longtemps supposé que la poitrine
de lArtémis dEphèse était recouverte de nombreuses
mamelles mais il semble quil sagisse plutôt de testicules de
taureau.
A un fond de population hittite se seraient mêlés
des apports mycéniens et athéniens au cours du second millénaire
avant J-C, installés sur les pentes Nord-est de la colline Ayasuluk. Il
y eut fusion des cultes de la primitive déesse-mère Cybèle
et de l'Artémis.
Il en subsiste les vestiges de l'Artémision
que nous visiterons en milieu de journée.
Vers la moitié
du VIe siècle av. J.-C., la ville dut reconnaître la suzeraineté
du roi de Lydie, Crésus. La ville va commencer à s'étendre
vers l'est (stade).
Lors de la conquête perse, elle passa sous la domination
de Cyrus. Alexandre le Grand la libéra. A la mort d'Alexandre, la cité
échut à Lysimaque (IVe siècle av. J.-C.) qui décida
de la transférer à 1,5 km au sud-ouest où un nouveau port
fut aménagé au débouché d'un chenal de 2km. Il
fit construire une enceinte de 8 km qui reliait les crêtes du Panayir
Dagi (mont Pion) et du Bulbul Dagi (mont Coressos) et enfermait la ville antique
et le port. C'est dans cette enceinte que se trouvent les ruines les plus intéressantes.
En 190 av. J.-C., Ephèse fut vassale de Pergame. A la mort du dernier
Attale (133 av. J.-C.), elle revint à Rome qui en fit la capitale des provinces
romaines d'Asie. Elle
fut l'une des sept Églises d'Asie citées dans l'Apocalypse
avec Laodicée du Lycos, Izmir, Sardes, Philadelphia, Pergame et Thyatira.
La ville, capitale de la Province Romaine d'Asie comptait alors 200 000 habitants.
Sa prospérité est assurée aux IIIe-IVe s., sous les
règnes des empereurs Dioclétien et Constantin.
Puis la cité
périclita peu à peu en raison de l'envasement de son port (la mer
est aujourd'hui à 10km du site!) et du paludisme. De plus, en 262 de l'ère
chrétienne, elle fut ravagée par les Goths. Au VIIe s.,
elle subit d'abord un tremblement de terre puis la conquête
arabe
C'est à cette troisième ville d'Ephèse que
nous consacrons la visite qui suit.
A l'époque byzantine, un
Concile oecuménique s'y déroula en 431.
Plus tard, avec les invasions
et l'avènement de l'Empire ottoman, la ville est retournée près
de son site initial et est devenue l'actuelle ville de Selçuk.
VISITE DU SITE DE "LA TROISIEME EPHESE" ***
Il n'est pas encore 8 heures quand nous démarrons la visite depuis la partie haute du site, à l'est, pas seulement pour une raison de confort par rapport au relief mais afin d'avoir une progression dans la découverte des splendeurs architecturales du site (10€ de droit d'entrée en individuel).
La connaissance et la mise en valeur du site doit beaucoup à l'Institut d'archéologie autrichien qui pendant plus de soixante-dix ans, jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, exhuma les ruines de la cité antique. On estime que 85% du site est encore enterré...
Un
site remarquable par la diversité et le nombre de ses vestiges et notamment
par la Bibliothèque de Celsus restaurée.
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Passer la souris sur le PLAN Î
PARTIE
HAUTE DU SITE : Rue des Courètes***
Nous empruntons la rue
appelée Rue des Courètes (nom donné aux prêtres chargés
du culte d'Artémis).
Il
reste peu de chose de la Porte de Magnésie et du Gymnase de l'Est (voûtes
écroulées). Dans celui-ci de nombreuses statues de jeunes filles
furent trouvées d'où son surnom de Kizlar Saray (palais des
jeunes filles).
Dans un secteur récemment fouillé, nous pouvons
voir tout un système de canalisations faite d'éléments en
terre cuite emboîtés. Non loin de là, une construction circulaire,
une rotonde romaine, aurait selon la légende recueilli la dépouille
de l'apôtre Luc mais aurait plus certainement été une église.
Nous
nous trouvons à l'emplacement de l'Agora d'Etat du Ier siècle
de notre ère. C'était
le centre politique de la cité.
Il
était entouré de portiques sur trois côtés et ses dimensions
étaient de 160x58m. Sur le côté nord, précédant
l'Odéon, une rangée de 67 colonnes royales était érigée
tandis que les statues (visibles au Musée à Selçuk) du couple
impérial, Auguste et Livia, se dressaient à l'est. On l'appelle
aussi la Basilique (au sens romain et non pas chrétien)
Sur
notre droite, se dresse l'Odéon du IIe s. après J-C.
Il possédait 23 rangées de gradins et accueillait jusqu'à
1400 ou 1500 (2000?) spectateurs et servait de salle de réunion du conseil
municipal. Les côtés des escaliers menant aux gradins sont sculptés
en forme de pattes de lion.
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Suit
le Prytanée, salle de réunion des magistrats de la ville,
qui abritait des colonnes, des inscriptions et des
statues, notamment les deux statues
d'Artémis que l'on verra au musée. Les prytanes,
hauts fonctionnaires religieux, devaient entretenir nuit et jour le feu sacré
dédié à Hestia, la déesse du foyer (la racine du mot
foyer est bien feu).
En
face se trouve le Temple de Domitien (il mesurait 24x34m). Construit à
la fin du Ier siècle en mémoire de l'Empereur éponyme puis
dédié à la famille de Flavius, il comportait 8 colonnes dans
sa largeur et 13 dans sa longueur. Il fut largement démoli à l'arrivée
du christianisme.
Puis nous franchissons la Porte d'Hercule, le défi consistant
à plaquer les paumes des mains sur chacune des colonnes... En face se
trouve le Monument de Memmius et près de là de nombreuses
sculptures intéressantes : Caducée (serpents enroulé),
Hermès, dieu des voyageurs, des voleurs et des commerçants
(étrange rapprochement!), Nikê, la déesse de la victoire
dont cette représentation alanguie aurait inspiré les créateurs
de la célèbre marque Nike...
Puis
ce sont les Nymphées de Pollio et de Trajan et les Thermes
de Scholastikia, établissement de bains du Ier siècle à
plusieurs étages qui fut restauré au IVe siècle.
Des vestiges
de système de chauffage par le sol, le chauffage hypocauste sont
out à fait visibles ainsi que des sortes de vasque.
En
face de ces monuments, sur la pente du Mont Coressos, se trouve le chantier toujours
en fouilles dit des "Maisons en terrasses" du Ier siècle
qu'habitaient de riches Ephésiens (ATTENTION: pour
les visiter, il faut un ticket spécifique).
Sur le coté
sud de la rue, on peut voir de superbes mosaïques qui habillaient le sol
d'une galerie longeant la rue.
On
arrive au Temple d'Hadrien, datant de 138, restauré sous la Tétrarchie,
ravagé par les Goths en 262, restauré sous la Tétrarchie
au IIIe s., avant de l'être par des archéologues autrichiens
à notre époque! La frise est d'ailleurs un moulage (originaux au
musée de Selçuk).
Le fronton en arc en plein cintre ou arc roman
(je devrais plutôt dire romain!) de son élégante façade
corinthienne d'inspiration syrienne est supporté par 4 colonnes. Derrière
apparaît un fronton hémicirculaire où est représentée
Tyché, déesse de la fortune et de ...la ville.
Au IVe s.,
l'édifice reçut des statues des empereurs Dioclétien , Constantin,
Maximien et Théodose.
Puis
se sont les latrines collectives, véritable espace social, en marbre
et disposées autour d'un atrium.
Pour faire bonne mesure, venait ensuite la Maison Close!
(l'un des trois établissements de ce type qui virent le jour au Ier siècle
av. J-C et qui fonctionnèrent jusqu'au IIIe siècle de l'ère
chrétienne).
A ce propos, justement, nous
sommes intrigués par les signes gravés sur une dalle de marbre:
une forme de pied et un buste de femme. C'est tout simplement un signe de piste
ou un panneau indicateur assez hypocrite donnant la direction de la maison close
toute proche. Se rendre à la bibliothèque devait aussi être
un prétexte courant....
PARTIE
BASSE DU SITE : Rue de Marbre***
Plus bas, lorsque la Rue des Courètes
change de nom devenant Rue de Marbre en se dirigeant vers le nord, sur la gauche,
s'étend l'Agora dont les cotés mesurent 110m. Elle était
entourée d'un portique qui abritait des boutiques.
Elle date de l'époque hellénistique.
Près de l'Agora, au bout de la Rue de Marbre, se dresse la bibliothèque de Celsus, monument emblématique d'Ephèse près de laquelle s'élèvent , sur la gauche, la Porte monumentale d'Hadrien construite entre 113 et 118 de l'ère chrétienne et, lui faisant face, la Porte de Mazeus et Mithridate construite en l'an 3 avant notre ère en l'honneur de l'empereur Auguste.
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La
bibliothèque
de Celsus est
une des ruines les plus intéressantes de l'Antiquité, une prouesse
d'architecture
et de technologie pour son époque.
Sa construction au début du Ier siècle av. J-C est due à
Caius Julius Aguila qui désirait honorer la mémoire de son père,
Tiberius Julius Celcius Polemanius, gouverneur de la Province d'Asie.
Elle fut agrandie en 135 et détruite
par le tremblement de terre de l'an 270.
Avec ses 12000 parchemins, la bibliothèque
d' Ephèse était la troisième en importance après celles
d'Alexandrie et de Pergame.
Les rouleaux manuscrits reposaient dans des niches
derrières lesquelles se trouvait un couloir d'un mètre de large
destiné à se prémunir contre l'humidité. Une chambre
funéraire où fut déposé le sarcophage de Celcius est
ménagée sous la niche centrale. Le
fronton donnant accès à la dernière salle du fond a été
remonté par une équipe d'archéologues autrichiens entre 1970
et 1978.
L'Etat turc lui fait honneur puisque ce monument sert de décor
au nouveau billet de 20 liras.
Nous
dominons l'Agora. au sud-ouest de laquelle se trouvent les vestiges d'un
grand temple qualifié de Sérapiéion car il aurait
été dédié au culte du dieu égyptien Serapis,
culte toujours
vivant au IVe siècle comme l'indiquent
des inscriptions gravées dans la roche. Ce temple s'ouvrait
au nord par un vaste portique de 29 m de longueur orné de colonnes qui
atteignait 12 m de haut et dont le fût monolithe était couronné
par un chapiteau corinthien. Ce monument est resté en partie en ruine après
la catastrophe de 262. Une église y aurait probablement été
installée dans la cella (le sanctuaire proprement dit) du temple dès
la fin du IVe siècle.
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Après l'Agora, sur le côté est de la Rue du Marbre, s'élève le Grand Théâtre, commencé entre 41 et 54, il fut complété sous Trajan (53-117). Couvrant 12 000m², et large de 145m, il comptait 66 travées et pouvait contenir 60 000 (ou seulement 24 000 ou 25 000 ou 40 000?) spectateurs. Derrière son mur de façade de 18 m à trois étages, la scène est assez bien conservée. Saint Paul qui avait établi une communauté chrétienne dans la cité et y prêcha en 55-58. Son prosélytisme suscita une vive émotion chez les partisans du culte d'Artémis (son temple que nous verrons en milieu de journée, après la visite de ce site, se trouve à 1,5km environ plus au nord-est, au pied de la colline de l'Ayasoluk) qui tiraient leurs revenus des offrandes faites au temple. Rassemblés au grand théâtre, ils demandèrent l'extradition de l'apôtre.
On
peut admirer la qualité du dallage de marbre de la Rue du Marbre
dont les côtés étaient ornés de statues.
Notre
attention est attirée par d'autres signes curieux gravés sur certaines
dalles, signes que nous avions déjà aperçus en d'autres endroits
du site.
Il s'agit de cercles divisés en huit portions ou contenant
une forme de Croix de Malte.
Nurcan
nous apporte l'explication.
Il s'agit d'un monogramme ou plus précisément de l'un des christogrammes,
signe de reconnaissance des premiers Chrétiens installés sur ce
site. En fait le chrisme combine en forme d'acronyme 5 caractères grecs
IXΘYΣ signifiant Ièsous Christos Théou Uios
Sôtêr, c'est-à-dire "Jésus-Christ, Fils de
Dieu, Sauveur". Mais ce n'est pas qu'un acrostiche, car la transcription
latine de ce mot grec donne ICHTUS qui signifie "poisson",
or le poisson est un autre symbole fort des premiers Chrétiens, utilisé
du Ier siècle au IVe siècle, en ce qu'il rappelle des miracles
imputés au Christ: multiplication des pains et des poissons, pêche
miraculeuse.
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Poursuivant
sur la Rue de Marbre, à angle droit, sur sa gauche s'ouvre sur 500 (ou
400 ou 600m?) mètres la perspective de la rue principale, la Voie Arcadiane
ainsi nommée en l'honneur de l'empereur Arcadius, voie également
pavée de marbre et large de 11 mètres. Elle fut construite à
la fin du IVe s. et reliait la cité au port. Elle était bordée
jadis de galeries commerçantes pavées de mosaïques. Selon certaines
sources, en son milieu, il y fut construit au IVe s. un tétrapyle
orné de la statue de Quatre Evangélistes. Selon d'autres sources
ce monument fut érigé au VIe s. et il représentait des
membres de la famille de l'empereur byzantin...
En poursuivant vers le nord,
sur la gauche (direction de l'ancien port), des sarcophages semblent échoués
sur un terrain pas tout à fait vague. Un touriste s'amuse stupidement à
prendre la pose allongé dans un sarcophage! On comprend que ce site reste
sur la liste indicative de classement par l'Unesco depuis 1994. La Turquie il
est vrai comporte trop de sites archéologiques pour pouvoir bien les gérer...
Après
et à l'écart, apparaissent les vestiges de l'Eglise de la Vierge
encore nommée Eglise des Conciles dont les vestiges indiquent les dimensions:
145x30m. Elle
fut transformée en basilique au IVe s. En 431 s'y déroula le
troisième Concile oecuménique
au cours duquel fut prononcée la condamnation de l'hérésie
nestorienne et proclamé le dogme de la virginité de Marie. Un synode
des évêques s'y tint également en 488. Plus tard deux églises
furent édifiées sur les ruines de la basilique, d'où l'autre
nom "Eglise Double". Elle fut reconstruite plusieurs fois, la dernière
au VIIe s.
Revenu sur le sentier, tout proche de la sortie (qui est aussi
l'entrée nord!), sur la droite se trouvaient le stade et le Gymnase de
Vedius dont les structures de briques datant du IIe siècle supportaient
des panneaux de marbre aujourd'hui disparus.
La
visite se termine. Il est midi et demi et nous sommes restés 4h30 sur le
site, sans voir le temps s'écouler. Il reste à passer devant
les étals des boutiques de souvenirs de l'entrée nord...
On y
voit en bonne place des reproductions de pièces un peu spéciales
du Musée d'Ephèse (on verra des originaux cet après-midi),
de nazar boncuk, dont le sol est d'ailleurs incrusté. Cet
"oeil bleu" qui protège du mauvais oeil aussi bien qu'en Grèce
(pour lutter contre le matiasma ou le kako mati) est en fait répandu
au Proche-Orient. On trouve son origine dans la haute antiquité en Mésopotamie,
en passant par l'Egypte (l'oeil oudjat ou oeil de Ré ou encore oeil
d'Horus), Rome et la Grèce.
Dans ce "bazar", on croise également
une troupe de scouts turcs (haya izci ou "partisans boys scouts").
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La visite de la Grotte des Sept Dormants ou Caverne des Sept Dormeurs n'est pas à notre programme. A 10 minutes de marche de l'entrée nord, elle se situe sur les pentes occidentales du Panayir Dagi (Mont Pion). Au IIIe s. des jeunes chrétiens fuyant la persécution s'étaient réfugiés dans cette grotte avant de s'endormir pendant 200 ans après que leur persécuteur les eut emmurés.
En reprenant la direction de Selçuk
pour un très court trajet, immédiatement à gauche juste avant
la grande place de Selçuk, se trouve le site de l'Artémision
ou
temple d'Artémis, au
milieu d'une zone marécageuse.
Artémis
est le nom donné
en Anatolie à la déesse-mère, protectrice des femmes en couches,
que les Egyptiens appelaient Isis. C'est
aussi la déesse de la chasse (Diane pour les Romains).
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En
arrière-plan, la colline d'Ayasoluk, la ville primitive et la forteresse
byzantine puis seldjoukide (VIe et XVe s.)..
Plan médian, à
droite, la période byzantine avec l'église St Jean (VIe s.),
à gauche la mosquée seldjoukide d'Isa Bey (XVe s.).
Premier
plan avec la colonne vestige du temple grec d'Artémis (-VIIe à +
IIIe s.).
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C'est l'un des plus célèbres
édifices d'Ephèse et une des Sept Merveilles du Monde antique
dont il ne reste qu'une colonne à cannelure sur les 21 que comptait
le temple.
Selon l'historien grec Strabon, Athènes surpeuplée
y aurait envoyé une colonie. L'oracle dit de se fixer en un lieu où
on verrait en même temps un poisson et un sanglier. Rien de tel ne se présentait
jusqu'à ce que l'on eût pêché un poisson mais en voulant
le faire griller, le feu se communiqua à la forêt d'où surgit
judicieusement un sanglier... C'était donc ici que devait s'établir
la colonie!
Le temple fut construit sept fois. Citons en trois séquences
essentielles.
Vers les VIIe-VIe s. av. J-C, un premier petit temple (13,5x8m)
à 24 colonnes de bois vit le jour.
Au VIe s. av. J-C, il fut remplacé
par un temple à double colonnade en marbre, mesurant de 100x60m et comptant
106 colonnes. Un petit édifice se situait à l'ouest.
Les Grecs
étaient jaloux de ce temple qui, selon la tradition, fut incendié
par Hérostrate (ou Erostratos) le jour même de la naissance d'Alexandre
le Grand en 365 (ou 356?) av. J-C (en fait Alexandre serait né en 336!).
Quelques piliers et panneaux de marbre ayant appartenu à cet ancien temple
sont exposés à Sainte-Sophie d'Istanbul et dans le cloître
du monastère Sainte-Catherine au pied du mont Sinaï. Un autre des
piliers, exposé au British Museum, porte une inscription au nom du roi
Crésus.
Il fut aussitôt reconstruit pratiquement à l'identique
si ce n'est qu'il comportait une frise, davantage de colonnes (127 ou 128?) et
était plus vaste (133x69m) et plus haut (18,40 ou 19m?).
Le
Temple d'Artémis servait de refuge inviolable pour les bandits qui s'y
réfugiaient et il servait de mont de piété, ce qui faisait
la fortune de ses prêtres. Quant l'apôtre Paul y vint en 55-58, le
culte d'Artémis auquel il s'opposait était encore vivace.
Il
périclita après l'abandon complet du site au IIIe s., au profit
de la nouvelle ville. Sa destruction fut l'oeuvre des Goths (statues décapitées
au IIIe s.) puis de l'empereur chrétien Théodose (VIe s.),
les Byzantins avec l'empereur Justinien (VIe s.) se serviront des ruines
comme carrière (pour bâtir Ste Sophie ou le palais de Justinien
à Constantinople!).
Le temple fut redécouvert en 1869 (ou 1866 ou 1870?), à l'occasion de fouilles dirigées par John Turtle Wood pour le British Museum. Les fouilles se poursuivirent jusquen 1874.
Tout
près du site, on peut voir des vestiges turcs seldjoukides.
Il s'agit d'un türbe (terme issu du persan et passé
par l'arabe signifiant "construction dont le toit est un dôme"),
autrement dit un tombeau ou mausolée funéraire d'un personnage important
des XIVe-XVe s. L'édifice à plan carré de 6,50x6,50m
est bâti en pierre et surmonté d'une coupole en brique.
La présence
cette coupole ou dôme fait que l'édifice est souvent appelé
kümbet ou en künbet
Anatolie (ce qui correspond aux "marabouts" des pays
arabes).
Nous déjeunons dans une usine à touristes
située au milieu de nulle part, ou plus exactement entre une plantation
de cognassiers et un grand champ d'artichauts, à mi-chemin entre Selçuk
et Kusadasi.
SELÇUK: Musée Archéologique d'Ephèse**
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Très
court trajet!!!
Malheureusement, nous ne disposerons que d'une demi-heure pour visiter le très riche musée (2,50€ l'entrée en individuel). Il contient notamment deux fameuse statues de l'Artémis d'Ephèse découvertes en 1956.
Le
dépôt
archéologique constitué à partir de 1929 est devenu musée
en 1976.
En salle I, on
peut voir une statue décapitée (beaucoup de statues ont été
traitées de la sorte par les Perses et plus tard par les Goths) du dieu
Priape, en érection (IIe
siècle av. J-C).
Il s'agit du dieu
grec de la fertilité (cette érection perpétuelle a servit
à désigner une maladie sous le nom de priapisme), fils de Dionysos
(dieu de la vigne) et d'Aphrodite (déesse de l'amour et de la beauté).
C'est aussi le dieu
de la cité d'Ampsakos
et le protecteur des apiculteurs et des pêcheurs!
Dans la même
veine, o n y voit aussi une statuette en terre cuite du Dieu Bes ou "Olias
Priapa", de la mythologie égyptienne, qui accueillait les visiteurs
dans les maisons de plaisir avec son priapisme triomphant. Il a été
découvert en 1956 au fond d'un puits profond de 14m, évidemment,
dans la Maison de l'Amour... Il s'agit d'un godemiché ou pour s'exprimer
au goût du jour, d'un sex toy qui servait à déflorer
les toutes nouvelles prostituées de cette maison...
Il
y a moins de 2 mois, en voyage au Pérou, nous avons vu au Musée
Rafael Larco Herrera une représentation quasi similaire mais il s'agissait
d'une poterie érotique rituelle de la civilisation mochica et bien
plus récente (période se situant entre le IIe et le Xe s. après
J-C)...
Plus poétiquement, on y trouve aussi des statuettes,
Eros
chevauchant un dauphin
(IIe s. av. J-C découverte près de la Fontaine de Trajan)
et une tête poupine d'Eros (Ier
siècle av. J-C) en marbre (copie ancienne d'un bronze), d'Aphrodite
et d'Eros, d'Eros et de son épouse Psyché, un Eros
au lapin!...
Quelques mots sur le dieu Eros, dieu de l'amour
et de la puissance créatrice. Avec Chaos, Gaia (la Terre), c'est l'un des
cinq ou six divinités primordiales (au sens de premières) de la
mythologie grecque, précédant les dieux olympiens. Beau, immortel,
intelligent et sage, Eros selon les mythes exprime la dualité sexuelle
dans l'unité. Toutefois dans ces représentations tardives les sculpteurs
romains le dotent d'attributs masculins...
Des
têtes du philosophe Socrate, de Zeus,
le roi des dieux dans le panthéon grec (Ier
siècle après. J-C,
trouvée dans la Fontaine de Pollio)...
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En
salle II, bien qu'elle soit décapitée et amputée,
on peut admirer la plastique d'une Aphrodite, la Vénus des Romains, provenant
des Nymphées (Ier
siècle après. J-C).
Selon
l'une des légendes de la mythologie grecque relatives à Aphrodite,
elle descendrait de l'union du dieu suprême de l'Olympe Zeus et de la fille
du dieu Océan. Déesse de la germination, de l'amour (charnel ou
chaste, selon divers points de vue), du plaisir et de la beauté. Elle fut
l'une des épouses du dieu Hermès (ils engendrèrent Hermaphrodite)
dont on a parlé un peu plus haut, et elle fut
également l'épouse de Dyonisos (dieu du vin et du théâtre)
et l'un de leurs enfants fut Priape dont on a également parlé plus
haut. Eros, dieu primordial, l'inspire...
A voir encore, le Guerrier
au Repos (Ier
siècle av. J-C trouvé dans le Temple de Domitien),
le buste du
dramaturge athénien Menandros (IVe s.
av. J-C), un groupe de statues qu ornaient la Fontaine de Laecanus
(Ier
siècle après. J-C),
dans la partie haute de la ville.
Dans la cour, on peut voir une reconstitution
du fronton du Temple d'Isis, transformé en temple d'Auguste, avec le groupe
de statues d'Ulysse et Polyphème (1er
siècle après J-C) alors situé
près de la fontaine de Pollio. Un étrange cadran solaire (IIIe s.)
se présente sous la forme d'un quart de sphère. Des sarcophages
aussi de diverses périodes...
En salle IV sont présentés
des objets de culte et objets funéraires.
La salle V
est consacrée à l'Artemision.
On peut voir deux surprenantes
représentations d'Artémis dans une version "déesse
de la fertilité" si l'on considère qu'elles portent un grand
nombre de seins d'où leur qualificatif de statues polymastes (du grec signifiant
un nombre anormalement élevé de mamelles ou de seins). En fait,
plutôt que de seins, il s'agirait de testicules de taureau (23 pour la grande
statue et 18 pour "la belle")! A moins qu'il s'agissent d'oeufs... Bref,
ça colle toujours avec la notion de fertilité!
Elles datent du
1er siècle après J-C et ont été trouvées sur
le site du Prytanée en 1956.
La "grande Artémis",
couronnée, mesure 2,92m (!) tandis que la "belle Artémis"
ne mesure que 1,74m...
Sur ces statues, en dessous du buste et de face, sont
représentés des lions et des taureaux vus de face tandis que, sur
les côtés du corps, on peut voir des abeilles. Les prêtresses
dArtémis portaient d'ailleurs le nom d"abeilles".
A noter que dans la haute Antiquité, un lien fort uni abeille et taureau,
apis (les abeilles naissant du sacrifice de taureaux).
Enfin, la salle VI est dédiée à l'époque romaine avec, tout particulièrement, des frises originales et des statues des temples d'Hadrien (IIe s.) et de Domitien (frise d'autel du Ier siècle).
A la sortie du musée, on peut voir qu'un couple de cigognes a perché son nid au sommet d'un poteau électrique, ce qui n'a pas empêché l'éclosion d'un cigogneau.
SELÇUK: Basilique de Saint Jean
Au centre ville, près d'un tümbet (mausolée) et d'une mosquée, nous empruntons la route qui venant du centre de Selçuk mène au sommet de la colline de la citadelle.
L'accès à la Basilique St Jean (2,50€ l'entrée en individuel) se fait sur la droite où se dresse la Porte byzantine, encore appelée porte de la Persécution ainsi nommée à cause des scènes du combat illustrant la vie d'Achille qui ornaient l'une de ses dalles.
La basilique Saint-Jean
d'époque romaine tardive et byzantine est construite sur la tombe attribuée
à l'évangéliste Jean (qui aurait accompagné ici,
Marie, la mère du Christ), dans les faubourgs nord de la ville gréco-romaine,
sur
la colline d'Ayasoluk.
Une première église fut construite au IVe s. sur une nécropole romaine. De plus cruciforme, elle possédait trois nefs et mesure plus de 80 m de long. Elle fut démolie et reconstruite dans de plus amples dimensions au VIe s. sous l'empereur Justinien et son épouse Théodora selon le même type de plan. Elle était longue de 110m et large de 40m.
Après la conquête d'Ephèse par les Seldjoukides, la basilique devint une mosquée en 1330. Plus tard, après l'achèvement de la mosquée d'Isa Bey, un bazar s'y installa. Puis un tremblement de terre démolit l'édifice vers la fin du XIVe siècle.
Les
archéologues ont bien trouvé une tombe qui date du Ier siècle
lors des
fouilles de 1926-1928. On considère qu'il s'agit
de celle de St Jean. Son emplacement a été mis en valeur par
une débauche de marbres contemporains. Non loin de là, se trouve
un baptistère où les catéchumènes devaient
immerger leurs jambes.
Honnêtement, sauf si l'on est ou un spécialiste
ou un pèlerin, les vestiges de cette basilique n'ont rien de très
excitant.
Du site, coté ouest, une esplanade fleurie donne une vue plongeante sur la mosquée d'Isa Bey tandis que côté nord, les vestige de la basilique sont dominés par les murailles de la citadelle qui coiffe la colline d'Ayasoluk. D'origine byzantine, elle fut restaurée par les Turcs.
SELÇUK: Mosquée d'Isa Bey (ou Isabey)
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Le
lieu de culte occupe pratiquement un carré de 57x49m dont le tiers nord
est constitué par la cour des ablutions.
Cette
mosquée fut construite à la fin du XIVe s. (1375) par un architecte
damascène au temps de la splendeur de l'émirat d'Aydin.
Elle
a été restaurée en 1975 et 2005.
A
l'origine, elle comportait deux minarets à base octogonale et corps cylindrique
mais l'un d'eux s'écroula lors des tremblements de terre de 1653 et 1668.
Celui qui subsiste se trouve sur le mur occidental qui est la façade principale
dont les murs extérieurs sont revêtus d'un placage de marbre.
Du
fait de sa surélévation, on
y accède par un perron à escaliers affrontés menant au portail
à stalactites qui débouche dans la cour. Dans la salle de prières,
les trompes d'angles de la coupole du mihrab possèdent un décor
de carreaux de faïence bleue.
Village de SIRINCE (visite à option)
Encore
un court trajet (7km) pour ceux qui ont fait l'acquisition de l'option
(soit l'option globale dite "impériale" à 60€ soit
au détail à 25€) assez chère payée à mon
avis...
Nous
quittons Selçuk, par le nord, en direction d'Izmir
puis empruntons une route sinueuse qui grimpe au milieu des oliveraies et l'on
aperçoit de temps en temps des vestiges de constructions (aqueducs). Les
cistes aux fleurs roses ou blanches égayent le paysage.
SIRINCE est un ancien village grec construit à flanc de colline.
Lors de la partition de l'Empire Ottoman suite à la défaite ottomane lors de la Première Guerre Mondiale, du fait d'une malheureuse alliance avec l'Allemagne, la Grèce tenta de se maintenir dans la région d'Izmir mais le nouveau leader turc, Mustafa Kémal Atatürk, leva une armée en 1919 qui reprit ce territoire. Finalement, un accord (Traité de Lausanne de 1923) décida d'un échange de populations entre les deux pays.
La population
grecque du village fut ainsi remplacée par les Turcs venant de Grèce.
Au changement de population, il fut procédé à un changement
de graphie du nom mais il est lourd de sens. De Cirkince signifiant
"laid", on est passé à Sirince qui, tout
au contraire, signifie "charme"(cf. le guide du Routard) ou "mignon".
Le
site est protégé et aucuns travaux ne peuvent être entrepris
pour restaurer les maisons sans accord de l'administration.
La population
vit du tourisme mais de l'avis de collègues, c'est l'un des endroits où
l'on peut trouver des articles d'artisanat au meilleur prix: vin, huile, savon,
pain artisanal, broderies et dentelles au crochet...
Même si l'on n'est
pas tenté par des achats, il n'est pas désagréable de déambuler
dans les ruelles ou d'aller visiter les églises abandonnées. Nous
jetterons un coup d'oeil à l'église St Jean-Baptiste dont la
restauration est prise en charge par la même fondation américaine
de l'Ohio qui a érigé la statue de la Vierge Marie dont j'ai parlé
au tout début de cette page.
En dehors de la haute saison, les touristes restent en nombre raisonnable et dès que l'on quitte la rue principale (et commerçante), on trouve plus de calme et d'authenticité. Le guide du Routard est un peu féroce quand il évoque Disneyland à propos de la visite de ce village.
Retour
à notre hôtel Richemond de Kasadasi.
Nous avons encore
le loisir de profiter du confort 5* et de nous familiariser avec le dispositif
perfectionné du siège des toilettes turques modernes qui n'ont rien
à voir avec l'équipement bien connu que l'on nom "toilettes
à la turque". Ces dernières existent évidemment toujours
dans le centre et l'est du pays mais elles sont remplacées par ces nouvelles
dans les zones urbaines et touristiques de l'ouest...
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