Port de Harem (ferries) Tour de Léandre Mosquée Semsi Pasa Mosquée Yeni Valide Sultan Embarcadères d'Eminönü Quartier d'Üsküdar Mosquée d'Iskel

Üsküdar, la rive asiatique d'Istanbul
1 - Une courte traversée
2 - La Tour de Léandre
3 - Le quartier et ses mosquées

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A PROPOS DE MOSQUEES...

Origines

Le nom mosquée vient de l'espagnol mezquita, venant lui-même de l’arabe masjid (également transcrit sous la forme jâmi), lui-même emprunté à l'araméen masged issu de la racine proto-sémitique signifiant "poser le front au sol". Par son étymologie, le terme rappelle qu’il s’agit d’un lieu de prosternation, prosternation possible partout sauf dans les cimetières et les lieux d'aisances (impurs).

Selon la tradition musulmane, la première mosquée serait le temple édifié à La Mecque par Adam, puis reconstruit par Abraham et son premier fils Ismaël sur un ordre de Dieu, jusqu'à ce qu'en 630 Mahomet en brise les idoles et en fait une mosquée, la masjid al-Haram plus connue sous le nom de Kaaba.

Une mosquée est un lieu de culte où se rassemblent les Musulmans pour les prières en commun.

L’ensemble architectural est le plus souvent entouré d’une ou plusieurs tours ou minarets dont le nombre est limité à six pour ne pas excéder les sept de la mosquée de La Mecque. Le toit est souvent en forme de dôme. C’est du haut d’un des minarets que le muezzin (mouadh-dhan) appelle à la prière.
Une mosquée est plus qu’un lieu de culte ; elle sert d'institution sociale, éducative : elle peut, ainsi, être accompagnée d’une madrassa, d’un centre de formation, voire d’une université. Elle sert aussi de lieu de rencontres et d’échanges sociaux.

 

Architecture(s)

Sur le plan architectural, différents types de mosquées ont vu le jour.

Dans l'ouest du pourtour méditerranéen, ce sont des constructions de type basilical (en longueur) avec un minaret carré et massif (par exemple la Grande Mosquée de Kairouan, le plus ancien et prestigieux sanctuaire de l'Occident musulman ou, plus récente, la Koutoubia à Marrakech).

En Asie centrale et méridionale, les Moghols ont apporté un autre style d’architecture, en particulier en introduisant les dômes aigus à forme étirée.
Le plan général de leurs mosquées s'organise autour d'une grande cour pavée sur laquelle donnent trois hautes portes, une sur chaque côté, tandis que la salle de prière (haram) s'ouvre par un grand portail en forme d'arc qui fait saillie sur la façade (pishtak d'origine perse). Le haram couvert par des dômes bulbeux à hauts tambours est entouré de deux minarets élancés. À l'intérieur, alors que le minbar est plutôt modeste, le mihrab est imposant.

Les premières mosquées dans l’Empire ottoman, comme la Hagia Sophia (Ste Sophie) d'Istanbul, étaient à l’origine des églises ou des basiliques de l’Empire byzantin reconverties au nouveau culte (suppression de l'iconographie et de la statuaire, ajouts d'un minbar et du mihrab à l'intérieur et de minarets à l'extérieur).
Les Ottomans ont par la suite introduit une nouvelle architecture des mosquées, avec de
grands dômes centraux, des minarets multiples et des façades ouvertes. Leurs architectes ont raffiné la conception des colonnes et les plafonds sont devenus plus hauts.
En faisant appel soit à des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye d'Istanbul), soit à un plan octogonal répartissant mieux les forces verticales (mosquée Selimiye d'Erdine), soit encore à des demi-coupoles sur les quatre côtés (Mosquée bleue d'istanbul).

 

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Etape précedente : quartiers de Galata et Pera
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Partis de l'embarcadère des ferries d'Eminönü à destination de la gare maritime de Harem, au sud d'Üsküdar, nous débarquerons en Asie 20 minutes plus tard.

Une courte traversée
Du bateau, nous avons une superbe vue sur Topkapi, la ville ancienne surmontée par les minarets des mosquées Sainte Sophie, Soliman, Fatih... la Tour de Beyazit. Et, bien sûr, sur le Pont de Galata.
Sur le quai de Karaköy, un paquebot de croisière de la flotte Costa, le Favolosa, a accosté. Au-dessus de la colline, émerge la Tour de Galata et les tours modernes des quartiers périphériques nord. Si le regard revient sur le Bosphore, plus en amont, on aperçoit le Palais de Dolmabahaçe et, dans la brume, le Pont du Bosphore (Bögaziçi Köprüsü) dont on reparlera.

Tournons nous vers Üsküdar dont nous sommes proches maintenant. Au premier plan se découpe l'îlot de la Tour de Léandre et, en arrière, la colline surmontée par la mosquée baroque Ayazma, à plan carré, avec son unique minaret (édifiée en 1760 sous le règne du sultan Mustafa III). Ce n'est là que l'une des 180 mosquées du quartier!

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En une demi après-midi, nous aurons un rapide aperçu du quartier d'Üsküdar, le troisième quartier résidentiel en dehors du centre de l’agglomération stambouliote.
Il est intéressant de parcourir les vieux quartiers musulmans situés sur un promontoire au Sud de la place de l’embarcadère. C’est là que sont concentrées les plus belles mosquées d’Üsküdar et de vieilles maisons en bois.

Au VIIe s. av. J-C, s'était développée ici la ville de Chalcédoine. Au siècle suivant, elle passa sous la domination du roi perse Darius. Après la victoire maritime qu'il gagna sur les Perses en 410 avant J-C., le général athénien Alcibiade qui la conquit fit construire un rempart autour de l'emplacement et perçut un droit de péage.
A l'époque byzantine le quartier actuel formait la ville de Chrysopolis (Hrisopolis) signifiant "Ville d'Or". Peut-être parce qu'en ce lieu était perçu un droit de péage versé par les bateaux de commerce qui s'engageaient dans le Bosphore.
Üsküdar était la base principale des soldats musulmans lors des sièges de Constantinople par les Arabes. Au Moyen Age, après s'être emparé de la province byzantine de Bithynie, le sultan ottoman Orhan, fils du fondateur de l'Empire ottoman, arriva devant Hrisopolis considéré comme la porte de Byzance.
Compte tenu du nombre de mosquées et des oratoires construits dans ce quartier, on peut estimer qu'un dixième de la population totale d'Istanbul vivait à Üsküdar aux XVle-XVIIe s. Centre de commerce, c’était l'un des points de départ de la Route de la Soie, route commerciale qui traversait l'Anatolie et se poursuivait en Arménie et en Iran. Les campagnes militaires partaient de là ainsi que les caravanes transportant les cadeaux du sultan destinés aux lieux saints de La Mecque et Médine.

Profitant du soleil, nous parcourons la promenade qui remonte vers le centre ancien, plus au nord. Cela nous réserve une vue inédite sur les quartiers de la rive européenne, du Sérail (Topkapi) et de Sultanahmet au sud, et de Beyöglu (Pera) au nord.



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La Tour de Léandre

Petite excursion sur une petite vedette vers la Tour de Léandre (tarif AR: 10YTL) distante d'une centaine de mètres. Ce n'est comme qui dirait qu'à un jet de pierre mais sur un petit bateau, c'est là que l'on réalise la force des courants qui existent en cet endroit. La Tour de Léandre, l'une des images symboliques d'Istanbul, est aussi nommée Tour de la Jeune Fille (Kiz Kulesi) ou Tour de la Vierge.

Son nom tient à une double légende.

Selon la mythologie grecque, Hero, une jeune fille enfermée dans cette tour guidait à l'aide d'une lanterne son amoureux, Léandre, qui la rejoignait la nuit à la nage. Un jour de tempête la flamme s'éteignit. Léandre perdu se noya. Lorsque la mer rejeta son corps le lendemain, Héro se suicida en se jetant du haut de sa tour.
Mais cette légende est mal placée et complètement chamboulée.
Erreur de lieu car le vrai mythe est sensé se dérouler non pas ici sur le Bosphore mais dans les Dardanelles (Hellespont), à l'autre extrémité de la Mer de Marmara.
Erreur d'orientation, car Hero est une prêtresse vivant dans une tour à Sestos sur la rive européenne tandis que Léandre vient d'Abysos sur la rive asiatique.

Les Turcs ont construit une autre légende sur ce lieu. Un empereur byzantin y cachait sa fille car selon des oracles celle-ci devait mourir d'une morsure de serpent. Pour la protéger, il la mit en sûreté, au milieu des eaux dans cette tour. Malheureusement, l'amant de la princesse lui envoya un jour un panier de figues dans lequel s'était glissé un serpent qui la piqua.
Moralité: on n'échappe pas à son destin.
..

Tour de  Léandre


Plus sérieusement et plus historiquement parlant, il semble que le général athénien Alcibiade y avait installé un péage pour percevoir une dîme sur les marchandises transportées par les bateaux venant de la Mer Noire.
Bien plus tard, une tour byzantine construite sous le règne de Manuel Ier de Commène existait ici depuis le XIIe s.
Au XVIIIe s., sous l'Empire Ottoman, les Sultans y recevaient les hommes d'Etat étrangers. On y tirait des coups de canon lorsqu'un Sultan accédait au trône. Cette tour servait aussi de phare, de lieu de quarantaine lors d'épidémies de choléra et de point de contrôle douanier et, à nouveau, de péage sur le trafic maritime.
Restaurée en 1995, elle abrite aujourd'hui un restaurant. De sa terrasse, on a une belle vue à la fois sur les rivages européens et sur la rive asiatique toute proche.

Tour de Léandre (quartier d'Üsküdar)


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Le quartier et ses mosquées

Revenus sur la promenade, après quelques centaines de mètres, nous grimpons pour pénétrer au coeur du quartier par la rue Semsi Pasa Bostan. Cela nous fait passer près de la mosquée Rum Mehmet Pasa (ou Pasha), du nom du Grand Vizir d'origine grecque qui la fit bâtir sur les bases d'une église byzantine. Ce fut la première mosquée construite sur la rive anatolienne. Commencée en 1469 et achevée deux plus tard, en 1471, elle combine des éléments architecturaux de styles ottoman et byzantin. Elle a fait l'objet d'importantes réparations en 1953 qui l'ont défigurée. Il a été largement fait usage de la brique dans la construction des murs. Coup d'oeil au cimetière ottoman qui jouxte la mosquée: stèles surmontées de turban (hommes) ou de fleur de lotus (femmes ou enfants?).

Dans un quartier populaire d'immeubles plus ou moins dégradés dont certaines constructions en bois et parmi des groupes de chats faméliques, nous remontons la rue Esref Saat pour redescendre par la petite rue Tedbirhane puis les rue Dogancilar, Aziz Mahmud Efendi et Gülfem afin de rejoindre l'avenue Hakimiyeti Milliye qui conduit vers le port. Nous nous trouvons là au niveau d'une autre très ancienne (1495) mosquée, Karadavud Pasa Camii, près d'une place envahie de pigeons pour le grand plaisir des jeunes enfants et de leur mère qui les nourissent. Une fois de plus, nous croisons un garçon costumé pour la fête de la circoncision, accompagné de sa famille. En vue de la Fête de la Jeunesse (Gençlik Günü) qui aura lieu samedi (le 19 mai, comme à l'accoutumée), les rues sont pavoisées comme dans les autres quartiers d'Istanbul
Petit tour dans un petit marché où l'on croise des femmes aux cheveux cachés par le foulard (hijab) mais également et de façon bien austère, d'autres femmes tout de noire vêtues et au visage dissimulé derrière leur niqab...
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Nous allons accordé davantage d'attention à la mosquée classico-baroque de la Sultane Valide (Yeni Valide Camii ou Valide-i Cedid Camii) située quelques centaines de mètres plus bas. Elle fut construite entre 1708 et 1710 à l'initiative du sultan Ahmet III et dédiée à sa mère Rabya Gülnus Ümmetullah. Entourée de fontaines, d’une bibliothèque, d’une soupe populaire et de mausolées, elle domine l'embarcadère. Après avoir franchi le portail surmonté d'une école coranique, on découvre la cour dont le centre est occupé par une jolie fontaine aux ablutions (sadirvan). Décors intérieurs dans les verts et marron.
Les tableaux d'affichage des heures de prière attirent l'attention, notamment le tableau lumineux à affichage digital rouge. Le tableau voisin avec des pendules analogiques n'est pas du tout en cohérence.

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Face au débarcadère, nous ne pourrons pas visiter pour cause de travaux la mosquée Iskele Camii (traduit par Mosquée de l'Escale, du Quai, des Docks ou de l'Echelle... au choix!), mais également nommée la Mosquée Mihrimah, car sa construction fut ordonnée par le sultan Soliman le Magnifique pour sa fille Mihrimah. A ne pas confondre avec une autre mosquée située sur l'autre rive (quartier de Kadiköy). Elle a été construite en 1548 par le célèbre architecte Mimar Sinan. Haut de page

Après avoir longé le rivage sur quelques centaines de mètres, nous terminerons par la visite de la petite mosquée Semsi Pasa Camii, construite en 1580 ou 1581 par le célèbre architecte Sinan, comme la précédente, à la demande du Grand Vizir Iemsi Ahmet Pasa. Oeuvre mineure mais son élégance alliée à la beauté du site en font un bijou. Elle ne possède qu’un seul minaret et une seule coupole de huit mètres de diamètre et sa salle de prière est éclairé par neuf fenêtres aux vitraux très colorés qui la rendent particulièrement lumineuse.
Les vagues viennent lécher le muret qui l'entoure ainsi que son cimetière marin.

 

Nous terminons la journée en regagnant l'Istanbul européenne...


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