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précedente : quartiers de Galata et Pera |
Partis de l'embarcadère des ferries d'Eminönü à destination de la gare maritime de Harem, au sud d'Üsküdar, nous débarquerons en Asie 20 minutes plus tard.
Une
courte traversée
Du bateau, nous avons une superbe vue sur Topkapi,
la ville ancienne surmontée par les minarets des mosquées Sainte
Sophie, Soliman, Fatih... la Tour de Beyazit. Et, bien sûr, sur le Pont
de Galata.
Sur le quai de Karaköy, un paquebot de croisière de
la flotte Costa, le Favolosa, a accosté. Au-dessus de la colline,
émerge la Tour de Galata et les tours modernes des quartiers périphériques
nord. Si le regard revient sur le Bosphore, plus en amont, on aperçoit
le Palais de Dolmabahaçe
et, dans la brume, le
Pont du Bosphore (Bögaziçi Köprüsü) dont
on reparlera.
Tournons nous vers Üsküdar dont nous sommes proches maintenant. Au premier plan se découpe l'îlot de la Tour de Léandre et, en arrière, la colline surmontée par la mosquée baroque Ayazma, à plan carré, avec son unique minaret (édifiée en 1760 sous le règne du sultan Mustafa III). Ce n'est là que l'une des 180 mosquées du quartier!
En
une demi après-midi,
nous aurons un rapide aperçu du quartier d'Üsküdar, le
troisième quartier résidentiel en dehors du centre de lagglomération
stambouliote.
Il est intéressant de parcourir les vieux quartiers musulmans
situés sur un promontoire au Sud de la place de lembarcadère.
Cest là que sont concentrées les plus belles mosquées
dÜsküdar et de vieilles maisons en bois.
Au
VIIe s. av. J-C, s'était développée ici la ville de
Chalcédoine. Au siècle suivant, elle passa sous la domination du
roi perse Darius. Après la victoire maritime qu'il gagna sur les Perses
en 410 avant J-C., le général athénien Alcibiade qui la conquit
fit construire un rempart autour de l'emplacement et perçut un droit de
péage.
A l'époque byzantine le quartier actuel formait la ville
de Chrysopolis (Hrisopolis) signifiant "Ville d'Or". Peut-être
parce qu'en ce lieu était perçu un droit de péage versé
par les bateaux de commerce qui s'engageaient dans le Bosphore.
Üsküdar
était la base principale des soldats musulmans lors des sièges de
Constantinople par les Arabes. Au Moyen Age, après s'être emparé
de la province byzantine de Bithynie, le sultan ottoman Orhan, fils du fondateur
de l'Empire ottoman, arriva devant Hrisopolis considéré comme la
porte de Byzance.
Compte tenu du nombre de mosquées et des oratoires
construits dans ce quartier, on peut estimer qu'un dixième de la population
totale d'Istanbul vivait à Üsküdar aux XVle-XVIIe s. Centre
de commerce, cétait l'un des points de départ de la Route
de la Soie, route commerciale qui traversait l'Anatolie et se poursuivait en Arménie
et en Iran. Les campagnes militaires partaient de là ainsi que les caravanes
transportant les cadeaux du sultan destinés aux lieux saints de La Mecque
et Médine.
Profitant du soleil, nous parcourons la promenade qui remonte vers le centre ancien, plus au nord. Cela nous réserve une vue inédite sur les quartiers de la rive européenne, du Sérail (Topkapi) et de Sultanahmet au sud, et de Beyöglu (Pera) au nord.
La Tour de Léandre
Petite excursion sur une petite vedette vers la Tour de Léandre (tarif AR: 10YTL) distante d'une centaine de mètres. Ce n'est comme qui dirait qu'à un jet de pierre mais sur un petit bateau, c'est là que l'on réalise la force des courants qui existent en cet endroit. La Tour de Léandre, l'une des images symboliques d'Istanbul, est aussi nommée Tour de la Jeune Fille (Kiz Kulesi) ou Tour de la Vierge.
Son
nom tient à une double légende.
Selon
la mythologie grecque, Hero, une jeune fille enfermée dans cette tour
guidait à
l'aide d'une lanterne son amoureux, Léandre,
qui la rejoignait la nuit à la nage. Un jour de tempête la flamme
s'éteignit. Léandre perdu se noya. Lorsque la mer rejeta son corps
le lendemain, Héro se suicida en se jetant du haut de sa tour.
Mais
cette légende est mal placée et complètement chamboulée.
Erreur de lieu car le vrai mythe est sensé se dérouler non
pas ici sur le Bosphore mais dans les Dardanelles (Hellespont), à l'autre
extrémité de la Mer de Marmara.
Erreur d'orientation, car Hero
est une prêtresse vivant dans une tour à Sestos sur la rive européenne
tandis que Léandre vient d'Abysos sur la rive asiatique.
Les
Turcs ont construit une autre légende sur ce lieu. Un empereur byzantin
y cachait sa fille car selon des oracles celle-ci devait mourir d'une morsure
de serpent. Pour la protéger, il la mit en sûreté, au milieu
des eaux dans cette tour. Malheureusement, l'amant de la princesse lui envoya
un jour un panier de figues dans lequel s'était glissé un serpent
qui la piqua.
Moralité: on n'échappe pas à son destin...
Plus
sérieusement et plus historiquement parlant, il semble que le général
athénien Alcibiade y avait installé un péage pour percevoir
une dîme sur les marchandises transportées par les bateaux venant
de la Mer Noire.
Bien plus tard, une tour byzantine construite sous le règne
de Manuel Ier de Commène existait ici depuis le XIIe s.
Au XVIIIe s., sous l'Empire Ottoman, les Sultans y recevaient les hommes
d'Etat étrangers. On y tirait des coups de canon lorsqu'un Sultan accédait
au trône. Cette tour servait aussi de phare, de lieu de quarantaine lors
d'épidémies de choléra et de point de contrôle douanier
et, à nouveau, de péage sur le trafic maritime.
Restaurée
en 1995, elle abrite aujourd'hui un restaurant. De sa terrasse, on a une belle
vue à la fois sur les rivages européens et sur la rive asiatique
toute proche.
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Revenus sur la promenade, après quelques centaines de mètres, nous grimpons pour pénétrer au coeur du quartier par la rue Semsi Pasa Bostan. Cela nous fait passer près de la mosquée Rum Mehmet Pasa (ou Pasha), du nom du Grand Vizir d'origine grecque qui la fit bâtir sur les bases d'une église byzantine. Ce fut la première mosquée construite sur la rive anatolienne. Commencée en 1469 et achevée deux plus tard, en 1471, elle combine des éléments architecturaux de styles ottoman et byzantin. Elle a fait l'objet d'importantes réparations en 1953 qui l'ont défigurée. Il a été largement fait usage de la brique dans la construction des murs. Coup d'oeil au cimetière ottoman qui jouxte la mosquée: stèles surmontées de turban (hommes) ou de fleur de lotus (femmes ou enfants?).
Dans
un quartier populaire d'immeubles plus ou moins dégradés dont certaines
constructions en bois et parmi des groupes de chats faméliques, nous remontons
la rue Esref Saat pour redescendre par la petite rue Tedbirhane puis les rue Dogancilar,
Aziz Mahmud Efendi et Gülfem afin de rejoindre l'avenue Hakimiyeti Milliye
qui conduit vers le port. Nous nous trouvons là au niveau d'une autre très
ancienne (1495) mosquée, Karadavud Pasa Camii, près d'une
place envahie de pigeons pour le grand plaisir des jeunes enfants et de leur mère
qui les nourissent. Une fois de plus, nous croisons un garçon costumé
pour la fête de la circoncision, accompagné de sa famille. En vue
de la Fête de la Jeunesse (Gençlik Günü) qui aura
lieu samedi (le 19 mai, comme à l'accoutumée), les rues sont pavoisées
comme dans les autres quartiers d'Istanbul
Petit tour dans un petit marché
où l'on croise des femmes aux cheveux cachés par le foulard (hijab)
mais également et de façon bien austère, d'autres femmes
tout de noire vêtues et au visage dissimulé derrière leur
niqab...
Nous allons accordé davantage d'attention
à la mosquée classico-baroque de la Sultane Valide (Yeni
Valide Camii ou Valide-i Cedid Camii) située quelques centaines
de mètres plus bas. Elle fut construite entre 1708 et 1710 à l'initiative
du sultan Ahmet III et dédiée à sa mère Rabya Gülnus
Ümmetullah. Entourée de fontaines, dune bibliothèque,
dune soupe populaire et de mausolées, elle domine l'embarcadère.
Après avoir franchi le portail surmonté d'une école coranique,
on découvre la cour dont le centre est occupé par une jolie fontaine
aux ablutions (sadirvan). Décors intérieurs dans les verts
et marron.
Les tableaux d'affichage des heures de prière attirent
l'attention, notamment le tableau lumineux à affichage digital rouge. Le
tableau voisin avec des pendules analogiques n'est pas du tout en cohérence.
Face au débarcadère, nous ne pourrons pas visiter pour cause de travaux la mosquée Iskele Camii (traduit par Mosquée de l'Escale, du Quai, des Docks ou de l'Echelle... au choix!), mais également nommée la Mosquée Mihrimah, car sa construction fut ordonnée par le sultan Soliman le Magnifique pour sa fille Mihrimah. A ne pas confondre avec une autre mosquée située sur l'autre rive (quartier de Kadiköy). Elle a été construite en 1548 par le célèbre architecte Mimar Sinan.
Après avoir longé le rivage
sur quelques centaines de mètres, nous terminerons par la visite de la
petite mosquée Semsi Pasa Camii, construite en 1580 ou 1581
par le célèbre architecte Sinan, comme la précédente,
à la demande du Grand Vizir Iemsi Ahmet Pasa. Oeuvre mineure mais son élégance
alliée à la beauté du site en font un bijou. Elle ne possède
quun seul minaret et une seule coupole de huit mètres de diamètre
et sa salle de prière est éclairé par neuf fenêtres
aux vitraux très colorés qui la rendent particulièrement
lumineuse.
Les vagues viennent lécher le muret qui l'entoure ainsi
que son cimetière marin.
Nous terminons la journée en regagnant l'Istanbul européenne...
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