SIGIRIYA (jour 2 et jour 3),
POLONNARUWA (*)
,
AVUKANA (*),
DAMBULLA (*)
.

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Petit jeu des comparaisons:
Inde du sud et Sri Lanka...

A un an d'intervalle, un voyage en Inde du Sud suivi par un voyage au Sri Lanka, ça incite à se livrer au jeu des comparaisons. Exercice absurde quand on a une perception aussi fugace des pays et de leur peuple.

Des ressemblances, il semble y en avoir.
Pas de différences morphologiques flagrantes entre les populations.
Une nourriture assez semblable, plutôt végétarienne à base de riz, lentilles jaunes et divers sautés ou curries de légumes (cresson, aubergine, haricots verts, coco râpé...) parfois enrichis de viandes et poissons... et l'on peut manger avec les doigts.
Importance de la culture du riz…
Le sari très porté par les femmes bien que parfois drapé de manière particulière (jupette au niveau de la ceinture) mais également le penjabi (tunique et pantalon). Les hommes portent une sorte de pagne-jupe, le sarong, équivalent du longhi d'Inde du sud ou du dhoti d'Inde du nord.
Les rivières et canaux qui suppléent aux usages domestiques de l'eau: hygiène corporelle (les hommes s'y lavent en sarong et les femmes vêtues de leur sari), lessive, cuisine et vaisselle.
Déconcertant pour nous, ici comme là-bas, on dodeline de la tête de gauche à droite pour signifier "oui"!
Une circulation à gauche, bruyante (klaxon) et anarchique avec les mêmes véhicules qu'en Inde. Des panneaux de propagande politique (gouvernement)... Des vaches en liberté (ou semi-liberté), l'omniprésence des zébus et buffles d'eau...
Des femmes cantonnières... travaillant sur des chantiers routiers partout commencés et finis nulle part... Des écarts de richesse tout aussi flagrants: vastes demeures modernes plus ou moins kitsch souvent voisines de masures voire de bidonvilles, somptueuses berlines se disputant l'asphalte avec des antiques camions, bus et tracteurs ou avec d'improbables attelages motorisés (motoculteurs).
Une présence diffuse de l'Islam: mosquées, femmes voilées (au moins par le pan de leur sari).
Un même attrait pour les loteries. Quant aux termitières, nombreuses, elles sont toujours l'abri de cobras, serpents quasi-divinisés. Enfin, lorsqu'une construction se termine, on s'empresse d'y accrocher un épouvantail pour chasser les mauvais esprits...

Des différences, il en existe également.
Le climat beaucoup plus humide (latitude plus basse et caractère insulaire) et une omniprésence de l'eau due en partie à l'action humaine. Il y a plus de deux millénaires que des souverains de ce pays ont été à l'initiative de la création d'un système de réservoirs (lacs artificiels) et de canaux afin de favoriser l'irrigation.
Donc un pays vert : la verdure des cocoteraies, celle des rizières (nous étions à quelques semaines de la grande récolte de fin d'hiver), celle de la jungle, luxuriante forêt pluviale et celle des montagnes recouvertes par les rases plantations de théiers.
Autre différence, le relief. On a l'impression d'un pays très montagneux lorsque l'on parcourt le centre de l'île.
Sur le plan culturel et ethnique, les lieux de culte de ce pays bouddhiste sont évidemment assez différents de ceux de l'Inde du sud hindouiste (bien que ce culte soit également présent minoritairement ici) mais la dévotion y est tout aussi expressive. Dans ce pays bouddhiste, les Sri Lankais devrait s'astreindre à l'abstinence par rapport à l'alcool (tout comme le font le hindous en Inde du sud) or il n'en est rien. l'alcool est ici un fléau social. Alors que la crémation est pratiquée dans de nombreux pays bouddhistes (et évidemment chez les Hindous), ici on enterre généralement les morts.
Pays plus dépendant du tourisme (malgré les difficultés liées à l'insécurité), on note ici une plus grande visibilité sinon agressivité des petits vendeurs et mendiants.
Ici pratiquement pas d'attelages tirés par des zébus et dans l'ensemble des véhicules (voitures et camions) apparemment plus récents et pourtant des vélos hors d'âge.
Mais l'enseignement semble moins développé, ici on ne voit pas de grands campus scientifiques ou de grands centres de recherche.


Mais bien difficile de savoir où l'on est le plus pauvre…


SARONG et SARI
...

Outre une chemise, les hommes portent des pantalons ou une sorte de jupe ou de pagne appelé ici, tout comme en Malaisie et en Indonésie, sarong (l'équivalent du dothi ou du longhi indiens) qui descend de la taille aux chevilles.

Les femmes sont plutôt vêtues de saris, de penjabis et parfois à l'occidentale (grandes villes).

 

AU PAYS DES DRAPEAUX...

En parcourant ce pays, on voit beaucoup de drapeaux, outre les drapeaux de prière blancs qui sont placés dans les villages à l'occasion d'un deuil ou qui sont accrochés à l'arbre Bô d'un temple et outre le drapeau national qui décore souvent les véhicules...

Aux abords des temples, on voit souvent les drapeaux bouddhistes multicolores (bleu, jaune, rouge, blanc et safran) annonçant une fête religieuse. Le drapeau rouge et jaune est le signe des tamouls indiens (ceux du centre de l'île). Les drapeaux bleus signalent une réunion politique des socialistes, les verts ceux des conservateurs et aussi les rouges, ceux des communistes ...évidemment! (mais c'est moins évident qu'il n'y paraît quand on sait qu'il y a 4 ou 5 partis communistes différents ! un peu comme dans l'Inde voisine).

 


LANGUES...

On note une parenté entre le hindi parlé en Inde (et issu du sanskrit) et le cinghalais ou sinhala (issu du pâli) de Ceylan, dans la mesure où ces langues sont d'origine indo-européenne. Toutefois l'écriture du cinghalais due aux moines du Xe s. est plus ronde. L'alphabet comporte 52 caractères.
C'est la langue de 78% de la population (sachant qu'environ 75% de la population est d'ethnie cinghalaise).

Cinghalais et Hindi...

FrançaisCinghalaisHindiSanskrit

un
deux
trois
dix

eau
pain
thé
merci

éka
decca
touna
daya

oittourou
pane
thé
istouti
ek
do
tin
das

pani
roti
tchai
shukrya





(pani)

(chai)
(shukrya)

On ce qui concerne les nombres, on notera une parenté du cinghalais et de l'hindi avec les langues occidentales (d'origine indo-européennes également).


Le tamoul, langue d'origine dravidienne, marque des variations entre le parler d'Inde du sud (Tamil Nadu) et celui du Sri Lanka.

Le tamoul est la langue parlée par 17% de la population notamment par la majorité des Tamouls de Ceylan (8% de la population) et des Tamouls indiens (5% de la population) ainsi que par les Moors (ou Maures, autrement dit les Musulmans représentant 7% de la population).

Tamoul de Ceylan et d'Inde du sud...

FrançaisTamoul de CeylanTamoul d'Inde du sud

un
deux
trois
dix

eau
pain
thé
merci

rou
irandou
moundrou
pattou

tanni
pahn
teetani
nandri
ondu
iranyu
munuru
pattu

nir
rotti
tenir
nanri


Enfin, 10% de la population (les élites) parle couramment anglais.

...ET SYSTEME SCOLAIRE

L'enseignement primaire, nationalisé en 1959, concerne les enfants entre 5 et 9 ans. L'enseignement secondaire est obligatoire (en principe) jusqu'à 16 ans. A côté de cet enseignement, existent des écoles privées notamment internationales (enseignement en anglais). Les cours commencent en général vers 8 heures et durent jusqu'à 13 heures 30, avec un goûter vers 11 heures. Selon Sina, le Sri Lanka serait l'un des pays d'Asie les plus alphabétisés (après le Japon, la Thaïlande, la Corée du sud) avec un taux de 92%.

Comme dans de très nombreux pays, afin d'effacer les différences sociales mais bien que ce soit coûteux pour les pauvres, les écoliers portent un uniforme. Pour les filles, parfois tout blanc, avec ou sans cravate et, d'autres fois, avec une jupe bleu marine. Pour les jeunes garçons, chemisette blanche sans cravate, short bleu marine. Au collège, c'est le pantalon qui remplace le short.

L'année scolaire est divisée en quatre trimestres. : juillet-septembre, octobre-décembre, janvier-mars et les vacances d'avril à juin.

Avant 1956, l'anglais était la langue d'enseignement. Des cours de religion sont organisés dans les écoles publiques, en fonction de la religion majoritaire localement.



Accueil par Sina à l'aéroport situé à Negombo, à 37 km au nord de Colombo.

Fatigués mais avec une petite faim car il n'est pas prévu de petit-déjeuner.

Quelques mots sur les petits plaisirs culinaires et gustatifs des Cinghalais... Ils consomment beaucoup de thé préparé dans des sortes d'échoppes ou d'officines à thé, les thay caday. Le mudalali (le bistrotier local) y prépare un thé corsé mais coupé de lait (en poudre) et copieusement sucré (trois cuillerées). Le tout mis dans un shaker est vigoureusement touillé avec la cuiller... Une autre façon de faire qu'en Inde. Mais ce n'est pas le genre de thé que boivent les Occidentaux.
S'ils ont un petit creux, les Cinghalais vont en profiter pour déguster une crêpe au lait de coco, des nids de pâte de riz fourrés de mélasse, (sirop brun tiré de la canne à sucre), des chaussons aux légumes épicés ou des croquettes de lentilles pimentées...


Départ pour Sigiriya (120 km), sachant que le réseau routier de Ceylan ne permet guère de faire des moyennes supérieures à 40 km/h...

Le jour se lève vers 6h30, lorsque nous quittons Colombo qu'il a fallu traverser car si l'aéroport est bien au nord de la ville, il faut quand même redescendre vers Colombo d'où partent les grands axes. Sortis de la ville, nous allons vers le nord-est.
Nous cotoyons les gens se rendant à leur travail (c'est samedi) et sommes surpris de voir les motocyclistes porter un casque. Quant aux "équipages familiaux motocyclistes" de 4 ou 5 personnes comme on peut le voir en Thaïlande ou en Inde, ici ils sont plutôt rares.


Paysage de cocoteraies (l'île en compte 416 000 ou 260 000 ha ???). De la fleur, on tire un nectar qui sert de boisson, une sorte de vin, le toddy. En le chauffant, on obtient un sirop épais. Fermenté et distillé, on obtient un alcool, l'arrak (différent de l'arrak anisé du Proche Orient). Bien sûr, la noix de coco permet d'obtenir le lait de coco et sa pulpe râpée est largement utilisée dans la cuisine. Après dessiccation de la pulpe, on peut en tirer de l'huile de coprah (alimentation, savons...). Les fibres imputrescibles de la coque sont utilisées pour faire des cordages, des balais ou des nattes. Quant au feuillage tressé, il sert à couvrir les maisons tandis que du tronc on tire du bois de charpente...

Beaucoup de circulation, plus mécanique qu'en Inde du sud. Beaucoup de véhicules de marques indiennes Tata, Ashok Leyland (mais ces derniers assemblés au Sri Lanka). Des véhicules des marques japonaises et coréennes (Toyota, Nissan, Mazda, Usuzu) et même un camion Renault.
Sans oublier les omniprésents et pétaradants auto-rickshaws ou tuck-tucks Bajaj, importés d'Inde. Les pneumatiques sont aussi indiens (Birla Tires) mais le plus souvent bien usagés et rechapés. Des marques de produits pétroliers que l'on n'est plus habitués à voir chez nous (Caltex). Singer et Solex ( pompes à eau) bénéficient d'une seconde vie en se réincarnant ici...

Paysage de cocoteraies et aussi paysage de rizières bien vertes, ponctué de grosses collines rocheuses. Pour défendre les rizières contre les prédateurs, de place en place, des cabanes de guet sont perchées dans des arbres au milieu des parcelles. Le riz sera mûr dans quelques semaines. Ici, on fait 2 récoltes, parfois 3, dans l'année. Le plus souvent le riz est semé à la volée (sans repiquage) et son cycle végétatif dure de 3 à 4 mois. On cultive une dizaine de variétés de riz dans le pays.
Après la récolte, afin de faciliter la conservation, le riz est étuvé et séché par les entreprises de conditionnement.

Les scieries artisanales
sont nombreuses et utilisent un bois plus banal, souvent le cocotier pour en tirer des éléments de charpente. Aussi des briqueteries familiales car une partie des demeures sont construites en brique (tout comme de nombreux anciens monuments, on le verra par la suite) et couvertes en tuiles (mécaniques et plus traditionnellement de petites tuiles de forme ronde ou canal, genre tuiles "romaines" ).

Premiers signes du bouddhisme, religion majoritaire du pays: lieux cultuels avec des stupas blancs en forme de cloches, bannières et drapeaux aux 5 couleurs du bouddhisme (bleu, jaune, rouge, blanc et safran), temples villageois avec des statues du Bouddha (assis ou debout) et aussi quelques modestes temples hindous.

Premiers autres signes moins enchanteurs qui rappellent le terrorisme régnant dans ce beau pays: les fréquents barrages dressés par l'armée mais que notre autocar de touriste franchit allègrement.

Avant 1970, l'armée du pays se réduisait à 12000 hommes alors qu'actuellement, elle en compte plus de 100000. C'est une armée de métier dans laquelle on recrute des femmes comme on pourra souvent le voir en passant les barrages routiers.

 

En raison du terrorisme, notre circuit ne remonte pas jusqu'à la première capitale, Anurâdhapura, inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO dès 1982 .




C'est aussi l'heure de la toilette sur les berges des rivières, lacs et dans les canaux pour les hommes torse nu avec leur sarong et pous les femmes en sari. L'heure de la lessive est passée car le linge et les vêtements sont mis à sécher au grand air, souvent disposés sur des haies et arbustes.


Des constructions en voie d'achèvement sont confiées à la garde d'épouvantails sensés chasser les mauvais esprits ou, plus exactement, les empêcher de s'y installer...

Enfin, SIGIRIYA se signale de loin par son imposant rocher émergeant de la forêt.

A l'approche du site,
la forêt a fait l'objet de reboisement avec des essences précieuses: teck, palissandre, acajou, ébène...


Les quelques maisons que l'on aperçoit au bord de la route, le plus souvent ne payent guère de mine: petites, de facture sommaire, couvertes de tôles plus ou moins rouillées...
D'autres sont bâties selon un système du pan de bois avec remplissage en pisé (et enduit de pisé sur le tout) et couverte de feuilles de cocotier tressées.






SIGIRIYA *** (voir plus loin les visites du jour 3)

Déjeuner à l'hôtel.

Après l'installation dans les bungalows dispersés dans un parc paysager tropical habité par toutes sortes d'oiseaux colorés et bruyants (coucous, hérons des rizières, martins-pêcheurs, aigrettes, perroquets...) et aussi par des macaques, petits écureuils, tortues et varans...

Visite de la ferme de l'hôtel.
Jardins aux légumes extraordinaires (gousse de haricot de 50 cm). Plantation de goyaviers (l'arbuste pousse jusqu'à 6 m de haut et vit 5 ans).
Passage par la porcherie (porcs noirs et porcs-tomates (!) à peau rouge) et par le poulailler.


Visite du village en char à boeufs.
Ridicule et éclair (un quart d'heure)... Les 7 ou 8 touristes qui hissés sur la charrette ont l'air de malfaiteurs conduits au supplice tandis que les rares locaux les observent avec un air goguenard du pas de leur porte. Et en guise de village, quelques misérables boutiques surgies là par les seuls effets du tourisme. Une petite ondée sert de prétexte au charretier pour interrompre prématurément sa prestation... que nous reprenons derechef, mais cette fois à pied et sans accompagnateur...

Nous en profitons pour jeter un coup d'oeil dans un atelier de sculpteur où l'on peut voir nos premiers masques d'exorcisme (
très colorés et plutôt effrayants avec leurs yeux proéminents et leur denture peu engageante), puis dans une boutique qui vend des tissus et vêtements teints, ou plus exactement devrait-on dire, peints selon une technique originale, le batik, dont on reparlera.



Dîner et prise de contact avec la bière Lion et musiciens au répertoire ...tahitien!
Nuit à l'hôtel
. Eclairage un peu à éclipses dans cette région plutôt perdue...

Le Sri Lanka, comme l'Inde voisine, en raison de sa géologie, ne dispose pas de ressources pétrolières. Environ 80% de l'électricité est d'origine hydraulique.
Il y aurait toutefois des possibilités de ressources off-shore, au nord-est de l'île, dans le prolongement de gisements sous-marins indonésiens. La Norvège (qui jouait les Messieurs bons offices jusque il y a peu dans la guerre civile) participe à la prospection mais la Chine pointe aussi le bout de son nez. Ce pourrait aussi être un grand malheur pour ce petit pays en guerre civile car cela pourrait exacerber le projet indépendantiste tamou
l.

 

Petit déjeuner. Découverte d'une spécialité du pays, une sorte de yaourt ou de fromage blanc fait à partir de lait de bufflesse et qui se déguste avec du sirop de palme ou avec du miel. Les plus téméraires peuvent aussi l'agrémenter avec de l'oignon ou du piment!

Départ vers l'est en direction de Polonnaruwa (environ 65 km dont 13 en forêt).
Au bord de la route, divers aperçus de la vie locale: une petite école toute violette et ouverte aux quatre vents, une moissonneuse-batteuse se déplaçant sur la route (ce sera la seule que l'on verra), quelques chargements de sacs (de riz?), panneaux de propagande, baignade et lessive dans les rivières... Arrêt dans un atelier de sculpture sur bois précieux: Bouddha, divinités hindoue, masques d'exorcisme...


et Anuradhapura...


Si le pays n'était pas le lieu de troubles (attentats-suicides notamment), une découverte de ce pays aurait dû commencer logiquement et chronologiquement plus au nord, à Anuradhapura, capitale du premier royaume cinghalais.

Evoquons brièvement l'origine mythique de la civilisation cinghalaise.

Cette épopée fait suite à l'un des récits de la tradition hindoue, le Ramayana, plus ancien (IIIe s. av. J - C à IIIe s. après J - C) qui relate comment après l'enlèvement de la belle et fidèle Sita par Ravana, prince de Lanka, son peuple des Rakshasa fut exterminé par le roi Rama aidé par l'armée des singes du général Hanuman, ce qui lui permit de ramener sa fidèle épouse Sita en Inde.

Plus récent, le Mahavamsa (ou Généalogie de la Grande Dynastie), récit du mythe cinghalais date du VIe s. dont le cadre de départ est le Bengale, au nord de l'Inde. Des prédictions annoncèrent lors de la naissance de la princesse Suppa Devi que son destin serait de s'unir à un lion (rien que ça!). Evidemment le destin devait se réaliser et pour cela elle échappa à la vigilance de son père et fut enlevée par un lion dont elle eut un fils, Sinha Bahu, et une fille, Sinha Valli.
Sinaha Bahu tua le lion, son père, qui terrorisait les villageois puis épousa sa propre soeur. De cette union naquit un garçon, Vijaya. Avec ce lourd héritage, ce petit-fils de lion devint un vaurien que son père jeta à la mer avec 800 de ses compagnons, sur un bateau livré aux caprices des vents et des courants. C'est ainsi qu'il aborda à Lanka, l'île où il n'y avait plus d'hommes depuis l'extermination des Rakshasa par Rama. Pour se concilier les esprits de la forêt qui peuplaient l'île, il épousa leur princesse Kuveni. Après l'avoir répudiée, lui et ses hommes s'en allèrent chercher des épouses humaines sur le continent....

Anuradhapura fut fondée au milieu de Ve s. av. J-C et devint bouddhiste deux siècles plus tard. Elle fut abandonnée au VIIe s.
Parmi de nombreux vestiges, on y trouve le plus gigantesque monument en brique jamais construit (avec 160 m de haut à l'origine, il nécessita 10 millions de tonnes de briques). Les ruines abandonnées depuis longtemps n'en furent dégagées qu'au début du XXe s. Ce site accueille aussi l'Arbre Bo, un ficus banian issus d'une bouture du ficus banian de l'Eveil de Bouddha apportée du nord de l'Inde au IIIes. av- J-C (l'arbre-père fut détruit au Moyen Age).

 

POLONNARUWA ***

Polonnaruwa était un haut lieu du bouddhisme (l'une des 16 étapes que l'on prête au Bouddha en terre de Lanka). Au IVe s., le moine chinois Fuxian relatait qu'un complexe monastique y accueillait 10 000 moines (importance attestée par l'archéologie)...


Le site archéologique
de Polonnaruwa qui a été reconquis sur la jungle (comme Anuradhapura) est inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1982.

Du début de notre ère jusqu'au XIIe s., les Cinghalais créèrent quelque 80 000 retenues d'eau complétées par 1000 km de canaux d'irrigation. le lac Parakrama Samudra qui couvre 2400 ha fut créé à l'apogée de cette civilisation de l'eau et juste avant son brusque déclin. Il s'agissait d'améliorer la fertilité des sols dans les zones où étaient établies les capitales (Anudhapura antérieurement puis Polonnaruwa) soumises à l'alternance des saisons sèches et humides.
Toute cette organisation exceptionnelle fut laissée à l'abandon et les lacs devinrent des marécages paludéens... jusqu'à ce qu'au XXes. on se soucie de les remettre en état.


Après la destruction d'Anuradhapura par les Cholas du sud de l'Inde en 933, ceux-ci firent de Polonnaruwa leur capitale car elle était plus accessible à leurs bateaux en empruntant le fleuve Mahaweli Ganga.
Des monuments ont conservé l'influence de l'architecture hindoue de l'Inde méridionale.

Les Cingalais s'en emparèrent au XIe s. et elle devint leur capitale. Ils affirmèrent leur puissance en développant un style de statuaire bouddhique colossale.
Le roi Parakrama Bahu fut à l'origine du grand lac (réservoir Parakrama Samudra) qu'il fit réaliser grâce à une digue de 12ou 13  km de long et grâce à des canaux l'alimentant, ce qui permit de réunir trois anciens petits lacs.
Elle connut son apogée aux XIe-XIIe s. avant d'être abandonnée à la suite d'une nouvelle invasion tamoule et envahie par la jungle.

Belles et nombreuses ruines de palais, dagobas, temples et bassins...

Les dagobas
(leur forme rappelle celle du bol à riz retourrné des moines mendiants) sont les véritables emblèmes de l'architecture bouddhique (souvent connus sous le terme générique de stupas).
Ce sont des reliquaires en forme de cloches construits en briques recouvertes d'un stuc (sorte de crépi blanc). Ils sont couronnés par "la maison des dieux", karmita, elle-même surmontée par un toit symbolique, chattra.
Inspiré des tumulus, le modèle adopté au IIIe s. était celui d'un dôme recouvert d'un enduit (stuc) posé sur une triple terrasse en gradin et surmonté d'un tabernacle. Par la suite, les construction se sont sophistiquées en perdant une partie de leur forme originelle.

Les fidèles en font le tour dans le sens des aiguilles d'une montre (sens positif) et déposent des offrandes sur les tables à fleurs, autels situés au niveau des porches s'ouvrant en direction des quatre points cardinaux.

Ces temples sont inspirés des stupas indiens. A l'origine, il s'agit de reliquaires destinés à accueillir des restes du corps du Bouddha voire ...d'une empreinte de ses pas!

La visite commence par le Musée Archéologique, l'un des plus beaux du pays, donnant une excellente présentation du site et les explications techniques nécessaires pour comprendre à quoi correspondent les vestiges de ce site exceptionnel.
L'enceinte extérieure de la citadelle mesurait 6 km de long, s'élevait jusqu'à 11 mètres et était percée de 14 portes. Le site fut pillé et détruit lors d'une grande invasion tamoule au début du XIIIe s. .

Nous avons quasiment le site pour nous seuls.





Dans la citadelle, visite des ruines du Palais royal du roi Parakrama Bahu (1153-1186). Il comportait 6 étages (il reste des vestiges des deux premiers niveaux) et comptait paraît-il quelque 1000 pièces. Des poteaux de bois noyés dans le maçonnerie servaient à supporter la charge des étages supérieurs. La construction était recouverte de stuc dont il subsiste quelques traces.


 

 

 

Ruines de la Salle du Conseil dont le rebord de la terrasse est orné de trois frises: éléphants, lions et nains (comme dans les temples hindous de l'Inde voisine).


 

 

 

Ruines du Hatadage. Vaste sanctuaire (38x27 m). L'escalier à deux volées est précédé d'une pierre de lune. Il portait un étage où était abritée la Dent du Bouddha.

 

 



Ruines du Vatadage (littéralement "maison des reliques"), l'un des plus anciens édifices du site et témoin d'un style d'architecture religieuse particulière au Sri Lanka.
Il se présente sous forme d'une plate-forme circulaire à deux niveaux. On y accède par des escaliers placés aux quatre points cardinaux. Le dagoba central était protégé par un toit conique qui reposait sur les murs et piliers périphériques.

 

 


 

 

Ruines de l'Atadage, premier temple dédié à la Dent de Bouddha, avec des éléments récupérés à Anuradhapura. Il comportait un étage en bois.

 

 

 

 

 

Ruines du Satmahal Prasada. Stupa de style khmer (XIIe s.).

 

 

 

 

 

Le Gal Pota ou "Livre de pierre". Cette énorme dalle (8,20x1,20x1,00 m soit environ 30 tonnes) provenant d'une carrière située à 90 km est gravée de textes.

 

 

 

Le sites comporte de nombreux autres vestiges: Bain du Prince, des vestiges de temples hindous (notamment des temples de Shiva en raison des épouses royales d'origine tamoule), d'anciennes échoppes, des centaines de vestiges d'édifices monastiques s'étendant au nord de la Citadelle, ce complexe ayant encoire hébergé jusqu'à 3 000 moines au XIIe s....

En remontant le site vers le nord, nous passons au pied du Rankot Vihara (fin du XIIe s.), avec ses 60m de haut, c'est le plus grand dagoba du site. Puis nous franchissons la porte nord pour pénétrer dans le complexe monastique (hôpital, cellules...).

 

 

 

 

Ruines du Lankatilaka**, dans un décor d'inspiration indienne (colonnes, frises). Ses murs de 4 m d'épaisseur s'élévent encore à 17 m mais une voûte disparue culminait à 30 m. Cette "maison de l'image" abrite un grand Bouddha fait de brique et de stuc, très dégradé. Il se dresse face à une salle hypostyle.

 

 

 

 

 

Le Kiri Vihara. Ce dagoba bien conservé était originellement peint à la chaux.

 

 

 

 

 

 

 

Toilettes "à la turque" du monastère de Pollonnaruwa...

 

 

 

Visite du Kalu Gal Vihara*** ou "monastère de pierre noire". C'est une partie d'un autre ensemble monastique fondé toujours par Parakrama Bahu au XIIe s. De splendides et gigantesques statues monolithiques de Bouddha, taillées dans le gneiss sont protégées par un inesthétique auvent. Mais sans protection, quel aspect auraient-elles (verdâtre?).

On peut y admirer quatre statues du XIIe s sculptées à même le roc de la falaise et en parfait état. A l'origine les statues étaient peintes. On y admire un Bouddha assis auréolé de 5 m, un Bouddha** de 11 m et surtout un impressionnant Bouddha*** de 14 m, couché pour l'éternité. Ce Bouddha dans la position de la "grande extinction", la tête reposant sur un oreiller, dégage une grande sérénité. Les plis de la robe sont parfaits. D'après les spécialistes, bien des siècles après, on retrouve là l'influence de la plastique hellénistique (exportée en Inde du nord par Alexandre au IIIe s. av. J-C). Face à ce Bouddha couché, se dresse un ficus, un arbre Bô, enrubanné de drapeaux de prières et au pied duquel sont déposées des offrandes.

     

 

Nous quittons le site à l'heure où les écolières rentrent déjeuner, tout comme les paysans agglutinés dans la carriole d'un motoculteur transformé en véhicule de transport en commun.

 


Déjeuner à base de curries divers (viandes, poissons et surtout légumes).

Retour à Sigiriya (80 km environ). Des maisons de factures très diverses, modernes (un crépis bien vert qui se fond dans l'environnement!), maisons traditionnelles plus ou moins dénaturées par l'adjonction de parties neuves avec des grandes fenêtres ou des toit en tôles métalliques ou en amiante-ciment (l'utilisation de ce matériau nocif pour la santé se poursuit toujours dans ce pays), ces dernières étant parfois dissimulées sous des tuiles canal...

Le trajet n'en finit pas.
Première cause: la route est en voie d'élargissement mais si les chantiers sont commencés un peu partout, ils ne sont finis nulle part! De nombreuses femmes cantonnières ou terrassières s'y affèrent.
Seconde cause: les nombreux barrages de l'armée qui ponctuent le trajet. Notre autocar de tourisme passe évidemment les chicanes sans subir de contrôle ce qui n'est pas le cas des bus locaux qui sont fouillés et dont les passagers doivent descendre pour se présenter à un poste de contrôle d'identité.

En milieu d'après-midi, nous faisons étape chez une famille afin de visiter une maison traditionnelle. La base des murs, à l'extérieur, et le sol sont recouverts d'un mélange de terre et de bouse (pour éloigner les parasites). Les murs sont faits d'un colombage servant d'armature, un clayonnage en bois de cocotier, et de pisé (20% des habitations du pays seraient encore construites selon ces techniques). Cela n'est pas sans rappeler les techniques des anciennes maisons à pans de bois d'Occident.
Sur une charpente de bambou, le toit est un tressage de feuilles de cocotier qui doit être renouvelé au bout de 18 mois.
Le plan est simple, un rectangle divisé en quatre pièces sensiblement égales, sans fenêtres. Côté façade, une porte conduit à une première pièce, sorte de vestibules et pièce de réception où se trouve un petit autel. Une porte à droite ouvre sur une première chambre et une autre porte, au fond, donne sur la seconde chambre. Il faut y pénétrer pour passer, à gauche, une autre porte qui mène à la cuisine très enfumée mais qui donne sur l'extérieur par une porte située à l'arrière. Mais la modernité est quand même là car il y a l'électricité.

Je n'ai pas posé la question de savoir combien de personnes vivaient sous ce toit. Probablement une demi-douzaine.

La visite a été complétée par des démonstrations de la maîtresse de maison. Décorticage du riz à l'aide d'un mortier et d'un pilon harmonieusement et alternativement lancé d'une main puis de l'autre. Pour compléter, vannage du riz décortiqué pour en retirer la balle (une autre technique qui ne nous est pas présentée consiste à se réhausser en se plaçant sur un sorte de trépied afin d'avoir plus de hauteur et de profiter ainsi d'un plus fort courant d'air pour séparer la balle).
Les grains de riz brisés servent à préparer des potages et ils peuvent être réduits en farine pour la préparation des galettes, crêpes et pâtes srilankaises. Démonstration également de préparation de la sauce de piment (écrasé).


SIGIRIYA ***

Retour au rocher... l'ascension des quelque 800 marches se fera donc dans la chaleur de fin d'après-midi. Une bonne heure de montée en perspective... et un site pour nous seuls (ce n'était pas le cas la veille car du village on voyait un groupe de moines au sommet).
Le site de Sigiriya est inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1982.

Visite de la forteresse du Lion, ce nom évoque l'ancêtre mythique des souverains de l'île (
Sinhala, Fils de Lion).

Le "château céleste" fondé au Ve s. par le roi parricide Kassyapa (il fit emmurer vivant son propre père pour s'emparer du trône car il craignait d'en être écarté au profit de son demi-frère, dans la mesure où il était né d'une mère non noble) qui déplaça la capitale depuis Anuradhapura sans doute pour fuir ses remords et se mettre à l'abri de représailles. Cette forteresse est édifiée autour d'un monolithique massif de pierre rouge qui domine la jungle de 200 m. (ou 140? ou 370?). Ce roi mégalomane qui avait fait appel aux plus grands artistes de son temps, voulait disposer d'une citadelle inexpugnable... Pourtant il fut chassé du trône (en fait, vaincu, il se suicida) par son demi-frère revenu d'Inde avec une armée, 18 années après le début de son règne (477 à 495).
Le site fut abandonné et le palais fut détruit un siècle plus tard.


A la base du rocher, direction plein ouest, après avoir franchi des douves et anciennes fortifications de brique, nous pénétrons dans les jardins.
Dans une ordonnance à la française, nous traversons une succession de jardins remis en état: jardin miniature, jardin d'eau, jardin de la fontaine où s'élevaient des pavillons et palais. Il faut se débarrasser de sherpas et faux-guides particulièrement collants...
Le cheminement s'élève pour entrer dans la citadelle sur les premières pentes de laquelle sont suspendus des jardin de rocaille qui étaient occupés une bonne partie par un monastère. Sous le surplomb des gros rochers, formant de sortes de grottes, s'adossaient des constructions (on voit les entailles où se logeaient les pièces de charpente) dont la façade était constituées de poteaux et de murs de brique. Une encoche en larmier ceinturait le haut des blocs afin d'empêcher le ruissellement dans le creux des rochers. On discerne encore des traces d'écritures et de fresques. Après la mort du prince, cette partie du site fut occupée par des ermites.
Après une arche naturelle, le cheminement devient plus aérien. Pour arriver aux grottes situées à mi-hauteur,, il faut emprunter un étroit escalier métallique en colimaçon accroché à la falaise. L'effort joint à la chaleur qui rayonne de la falaise surchauffée nous fait transpirer abondamment.


 

A mi-hauteur, sur la face ouest du rocher, profitant de la meilleure lumière, celle de fin de journée (flash interdit), découverte des fresques aussi célèbres que mystérieuses des 12 "Demoiselles de Sigiriya" ou "Demoiselles des Nuages", âgées de 15 siècles. Selon la tradition, il y en aurait eu 550 à l'origine et ces figures auraient comme enveloppé la paroi du rocher. Elles furent redécouvertes par les Anglais en 1831.
Kassyapa, prince fou était sans doute aussi un esthète...

La beauté (impudique pour les puritains) et le mystérieux sourire de ces personnages mi-déesses, mi-princesses, ne se sont pas altérés en 15 siècles.
Accompagnées de servantes (à la peau foncée), elles portent des offrandes en se dirigeant toutes dans la même direction, celle du temple bouddhiste voisin. De la fresque d'origine, ne subsistent qu'une douzaine de demoiselles représentées avec des couleurs appliquées sur une base d'huile et de colle.


Il faut reprendre un escalier pour redescendre un peu et atteindre le passage en balcon ménagé derrière le parapet du "miroir". Ce parapet a servi de support à des graffitis laissés par des "touristes" des VIII-IXe s. exprimant leur admiration pour la beauté des demoiselles...
Bref moment pour souffler sur la terrasse du Lion, située sur le côté nord du rocher. De l'avant du corps de lion qui devait être représenté couché et était construit en brique et stuc, ne subsistent que les pattes.

L'accès à la terrasse du sommet se fait par un escalier qui débute entre ces pattes. Cet accès rebute certains d'entre nous... La succession de volées d'escaliers métallique voisine avec les anciennes marches taillées à même le rocher.

Arrivés au sommet du rocher, les courageux sont récompensés par une vue imprenable*** sur le paysage de forêts verdoyantes qui s'offre depuis le sommet sur les environs (le Pic d'Erawalagala au sud) et sur les jardins et tout cela avec la fabuleuse lumière d'un soleil couchant.

Au sommet du rocher, le roi fou avait construit un palais de 15000 m² (le roi y entretenait 500 concubines!) dont les murs étaient paraît-il habillés de miroirs afin que les nuages et le ciel s'y reflètent. Il n'en subsiste que des fondations et un bassin.

Désormais, ce sont des macaques un peu agressifs qui habitent le site.

Il reste à redescendre dans la lumière du crépuscule, à passer près d'un charmeur de serpents (cobra et python), à profiter de la descente qui les met mieux en valeur pour redonner un coup d'oeil sur le rocher de la salle d'audience (avec un trône de 5 m de largeur) puis à l'énorme rocher en forme de cobra près duquel on passe.


Dîner. Ce soir un autre groupe de musiciens nous offre un répertoire ...mexicain!
Nuit à l'hôtel.

En raison des risques terroristes, notre circuit ne nous conduit pas à
Anurâdhapura, la plus ancienne des villes royales de l'île dont les ruines sont enfouies dans une végétation luxuriante.



Petit déjeuner.

Départ pour Aukana (45 km environ). Au menu du spectacle qui se présente au long du trajet: le bain d'un éléphant, une fête villageoise avec une dizaine d'attelages de boeufs sur des charrettes (nous n'en verrons jamais autant pendant tout le voyage) décorées de ballons de baudruche de toutes les couleurs, des rizières avec des cabanes de guet perchées...

A propos de rizières, Sina nous propose une petite balade dans les rizières. Le riz est bien vert mais bien en épis. Il reste de l'eau dans les rigoles principales et un héron des rizières est là pour pêcher sa pitance. Une très longue couleuvre se repose ou digère quelque rongeur à l'ombre d'arbrisseaux.

Dans ce pays on compte 89 sortes de serpents ! Certains sont des auxiliaires des paysans tout comme le sont les mangoustes (petits mammifères carnivores) qui protègent les cultures contre les rongeurs.

Le pays compte près d'un million (ou un demi-million ???) d'hectares de rizières qui lui permettent d'assurer son autosuffisance depuis 2002. La culture occupe le terrain de 3 à 4 mois et une culture de haricots est souvent intercalée entre deux cultures de riz. De temps à autre, afin de réduire les dommages dus aux insectes, les paysans font pousser une sorte de marguerite sauvage qui produit du pyrèthre, un insecticide naturel. Le rendement est de l'ordre de 40 quintaux par hectare. De grandes fêtes villageoises sont organisées en mars, après la principale récolte. La culture est désormais largement mécanisée (tracteurs, motoculteurs).
Les rizières appartiennent à l'Etat qui gère et entretient les retenues d'eau et les canaux d'irrigation. Une surface d'un hectare est mise gratuitement à la disposition de chaque famille (dans ce pays, les grandes propriété privées sont celles des temples, des cocoteraies et des plantations). Des bornes jaunes aux marques de l'Etat sont visibles au bord du sentier.



AVUKANA ** (prononcer Aukana)

C'est l'un des quelque cent villages voisins du réservoir Kala Wewa construit au Ve s. (restauré au XIIe s. puis laissé à l'abandon par la suite puis de nouveau remis en service depuis le XIXe s.). Sur deux kilomètres, nous empruntons la digue au bout de laquelle une statue a été érigée en l'honneur du roi Dhatusena auquel on doit la création de ce lac de 50 000 ha, il y a 2500 ans!

Peu de moines résident sur le site qui est d'ailleurs peu fréquenté. Au bas du site, des petits dagobas commémorent la mémoire d'anciens abbés. Pour la visite, il faut se déchausser.

QUELQUES MOTS SUR LE BOUDDHISME...

Le Sri Lanka compte quelque 30 000 moines bouddhistes et 650 monastères relevant de diverses congrégations (deux principales s'imposent).

Le bouddhisme est présent dans l'île depuis 24 siècles puisqu'il y fut introduit par Mahinda, fils ou frère du grand roi indien Ashoka qui au IIIe s. av. J-C avait fait de cette doctrine la religion officielle de son pays et qui déployât donc aussi un zèle missionnaire.

La religion bouddhiste a un tel rôle symbolique que de manière formelle le pouvoir temporel est placé à un niveau inférieur (dans une assemblée, un moine occupe une position plus élevée qu'un dirigeant politique du pays). Il est vrai que ce pays revendique trois visites éffectuées jadis par le Bouddha lui-même, venu par voie des airs (!) honorer 16 lieux de ce pays...

Aux communautés s'imposent une règle comportant 270 articles (par exemple la prise de deux seuls repas quotidiens: à l'aube et juste avant midi).
La communauté monastique (sangha) est soutenue par les laïcs qui lui font des dons (dana).
Contrairement à d'autres pays bouddhistes d'Asie du Sud, la pratique quotidienne de la mendicité de nourriture se raréfie et les dons monétaires sont de plus en plus courants.

Chaque pleine lune, jour de poya (dévotion) est chômé (le prochain aura lieu quelques jours après notre retour, le 21 février).

Des ermitages sont aussi présents dans les forêts et il est possible d'y admirer une forme d'art minimalistes des jardins qui n'est pas sans faire penser au zen japonais (héritier de la secte bouddhiste chinoise chan) .

Les premières effigies bouddhiques remontent aux II-IIIes. et le Bouddha est alors représenté assis, en attitude de méditation. Vers les VIIIe-Xes., apparaît une statuaire monolithique avec des Bouddha debout, en attitude d'apaisement ou d'enseignement.

La prééminence du bouddhisme et parfois son intolérance exploitée par des intégristes et des politiques à visées nationalistes n'empêche pas que le pays mixte des jours chômés empruntés aux divers cultes (comme Noël) et que certaines grandes commémorations ou pèlerinages sont fréquentés par des fidèles des autres religions.

Ainsi le courant dévotionnel hindou bhakti a déteint (ferveur délirante, mortifications, transes...) sur de grandes commémorations bouddhiques du pays tels qu'à Kataragama (sud-est de l'île) ou au Pic d'Adam. Ce dernier site est revendiqué aussi bien les bouddhistes (empreinte du pied du Bouddha), que les hindous (empreinte de Shiva dansant) ou que les chrétiens qui à la suite des musulmans y voient l'empreinte d'Adam après qu'il eut été chassé du Paradis Terrestre...

 

Magnifique et immense Bouddha monolithique debout, de 12 m de hauteur (14 ou 15 ? avec le socle) taillé directement dans le roc. Tourné vers l'est, on le dit "mangeur de soleil"! Si ce n'est la plus haute statue ancienne de Bouddha au Sri Lanka, c'est la plus belle tant par l'attitude que par les traits et les plis parfaits de sa robe (drapé dit "mouillé").

Cette colossale statue de Bouddha en geste de bénédiction dont on dit qu'elle se nourrit du soleil, porte son regard en direction du réservoir.
Selon la tradition (mythique), la sculpture aurait été réalisée à la demande du roi Dhatusena au Ves. av. J-C. mais selon certains, elle serait en fait
datée entre le VIe et le VIIIe s. Elle était abritée alors par un sanctuaire (vestiges de fondations).
Ce chef d'oeuvre de l'art cingalais est la statue la mieux préservée de l'île.

Un arbre bô avec ses drapeaux de prière et un dagoba moderne formant chapelle et au décor peint très kitsch complètent le site.
D'énormes ossements qui traînent dans un coin nous intriguent, il s'agit de ceux d'un pachyderme.



Départ pour Dambulla (20 km environ).



DAMBULLA *

C'est dans cette petite ville, centre géographique de l'île, que le roi du pays, chassé d'Anuradhapura lors d'une invasion tamoule, trouva refuge au Ier s. av. J - C et lui conféra un caractère religieux.
Plus concrètement, cette bourgade est un vrai centre de la vie locale.

Avant de déjeuner nous profitons d'un arrêt d'une demi heure pour arpenter la rue principale à l'heure où le commerce est en pleine activité. C'est l'occasion de constater la présence d'ONG (japonaise).

 

Déjeuner.

Les visiteurs les plus flémards s'arrêteront au niveau du village où ont été édifiés un dagoba moderne doré et surtout une immense et sévère Bouddha de béton également bien doré, surmontant le très kitsch "Golden Temple", une sorte de supermarché religieux à façade en forme de lion! Cette réalisation remonte à 1997.

C'est le plus grand des sanctuaires rupestres de Sri Lanka. Le roi Vattagamani chassé d' Anuradhapura y avait trouvé temporairement refuge au Ier s. av. J - C, face aux envahisseurs tamouls. Témoignage de sa reconnaissance et de la prodigalité de princes du XIIIe et du XVIIIe s., les cinq grottes sont devenues un somptueux sanctuaire bouddhiste décoré de fresques remarquables et de statues colorées, un véritable trésor.

Le site est inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1991.

Les grottes creusées à mi-hauteur dans un énorme bloc de granit sont perchées à 160 m au-dessus de la plaine (de la terrasse on aperçoit le rocher de Sigiriya) et s'étendent sur 2100 m² et comportent 157 statues.
L'accès au site nécessite donc de gravir quelques centaines de marches et de grimper quelques sentiers aménagés sur de gros rochers.

Peu de visiteurs et des pélerins eu nombreux...


Rocher aux 5 temples ou grottes-monastères abritant 150 statues (ou 155 ou seulement 112 selon certaines sources???) de Bouddha et de bodhisattvas.

Elles remontent à de époques très diverses allant du Ier siècles avant J-C au XIXe s. et se présentent au visiteur dans cet ordre.

Pour la visite, il faut se déchausser et une tenue décente est exigée (épaules nues et shorts sont bannis).

La grotte du Roi Divin Deva Raja Vihara (dite grotte n°1) abrite un beau Bouddha couché datant du Ier siècle av.J-C, monolithe de 14 m de long taillé dans le granit. La peinture décorant la plantes des pied est originale. Les fresques du XVIIIe s. sont abîmées. L'étroitesse de la grotte rend la prise de photo très difficile.

Dans la Grotte des Grands Rois Maharajalena ou Maharaja Vihara (dite grotte n°2), la plus vaste (53x23 m), on peut admirer une cinquantaines de statues anciennes de Bouddha et de quelques bodhisattvas. On y voit encore un immense Bouddha couché (15 m). Autre statue de Bouddha assis, protégé sous le capuchon de trois cobras déployés au-dessus de sa tête (les superstitions populaires font que le nombre de cobras est toujours impair, généralement de 1 à 7). Au XIIe s., les statues étaient recouvertes d'or (on en voit quelques traces). On peut également y voir les statues en bois des dieux hindous Vishnu et Saman !
Il faut aussi admirer les parois et le plafond (à 7 m de haut) recouverts de superbes fresques murales consistant en motifs géométriques, petites effigies du Bouddha par centaines et en scènes relatant la vie de Bouddha. Elles datent du XVIIIe s. et sont abîmées.

   

 

La Grotte Maha Alut Vihara (dite grotte n°3), est moins vaste et plus basse de plafond que la seconde. Encore beaucoup de fresques de la même époque (la décoration originelle du XIIe s. a pratiquement disparu) et de statues dont un grand Bouddha couché monolithique.

Les deux autres grottes aménagées plus tardivement sont d'un moindre intérêt. Leurs peintures sont assez mal restaurées (début du XXe s.) et malgré cette restauration récente sont passablement dégradées.

 


Retour à Sigiriya (20 km environ) et, pour ceux qui ont demandé à Sina de l'organiser, promenade à dos d'éléphants (de 4 à 6 personnes par nacelle).


Dîner
Nuit à l'hôtel.



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