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Dans
ce grand sud à l'écart des grands oueds, traversée
du Tafilalet et de ses villages oasis puis descente de la vallée du Drâa
soit 300 km environ, en direction du sud-ouest, Zagora, le point le plus
au sud de notre tour du Maroc (certains circuits descendent un peu plus bas, vers
Tafraoute, dans la région d'Agadir).
Pour
attaquer ce trajet, nous avons de la chance. Au lieu des 45° habituels ici
en cette saison, il ne fait que 35°!
Paysages
arides du Tafilalet, souvent de couleur sombre en raison de l'origine volcanique
des roches
(basalte)...
Ce volcanisme ancien
au milieu de sédiments calcaires a permis la formation de magnifiques marbres
avec inclusion de fossiles.
Ces couches mises au jour par l'érosion
et l'absence de sol arable, contiennent des quantités phénoménales
de fossiles.
Si l'on verra beaucoup de petits vendeurs de fossiles sur les
bords de routes entre Ouarzazate et Marrakech, l'un des grands centres pour l'exploitation
(le pillage?) des fossiles est la région de Rissani, tout près de
Erfoud.
RISSANI - atelier de "mise en valeur" (?) de fossiles
A Rissani (ville construite près des ruines de la mythique
Sijilmassa,
berceau de la dynastie des souverains actuels du Maroc, les Alaouites),
célèbre pour son marché aux dattes, nous
visitons un atelier qui "travaille les fossiles": fabrication de vasques,
fontaines, lavabos... dans des plaques de marbres incluant des fossiles qui sont
partiellement dégagés.
En fonction des "horizons géologiques"
dégagés (ère
primaire: -550 à -250 millions d'années pus ère secondaire
-250 à -65 Millions d'années),
on peut avoir des trilobites (plus de 1000 espèces recensées), invertébrés
ancêtres des crustacés, et des mollusques céphalopodes archaïques
apparentés aux nautiles et aux seiches, les ammonites à la forme
en spirale (coquille externe) dont 4000 espèces ont été identifiées
(!) et les bélemnites en forme de couteaux (mais à "coquille
interne"!).
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Des
palmeraies meurent dans les zones où l'aridité progresse ce qui
favorise l'attaque par un virus racinaire, "le bayoun" (?). Des pronostics
pessimistes font penser que beaucoup de palmeraies seraient mortes dès
2010! Que se passera-t-il alors pour les familles qui vivent souvent ici avec
seulement 3 hectares dans ces oasis?
Nomades éleveurs de moutons,
chèvres et dromadaires.
A une demi-heure de Rissani, au bord de la route, vers Tarhrout, nous nous arrêtons
saluer une famille qui a conduit son troupeau d'une quinzaine d'ânes et
d'une trentaine de dromadaire près d'un point d'eau (ils sont équipés
d'une motopompe à moteur thermique). Ces animaux peuvent vivre une trentaine
d'années et, au mieux de leur forme, ils peuvent valoir jusqu'à
1500€ la pièce (une fortune pour un paysan marocain).
Eleveurs semi-nomades (région de Tarhrout)
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Végétation
rare: arbustive avec des tamaris et le fameux calotropis, un arbuste à
latex (éviter le contact avec les yeux après l'avoir touché),
aux fruits "coucougnettes" à consistance particulière
et dont les fruits arrivés à maturité libèrent des
graines duveteuses comme celle du pissenlit, que le moindre souffle disperse.
Acacias
parasols dont se délectent les dromadaires. Faux poivriers
...
Sans oublier des plantes rases comme le melon sauvage
(le fruit en est très amer paraît-il).
Alnif,
village destiné à favoriser la sédentarisation (collège...).
Désert
de pierre (reg).
Villages oasis aux champs minuscules (de la taille d'une
salle à manger) dont les céréales sont récoltées
depuis quelques mois déjà.
Aux roches volcaniques sombres qui constituent souvent des reliefs de forme tabulaire
succèdent, de place en place, des étendues de roches du socle ancien
plus claires, gris verdâtre, riches en manganèse.
Tourbillons
de poussière et de sable, dans un ciel d'azur, sans le moindre nuage...
Il y a 4h30 que nous roulons.
Région de petites palmeraies
de Tazarine à Nekob (kasba)...
Dates dans la palmeraie de Tazarine (cliché de Nadia)
Venant
du nord-est, nous arrivons enfin dans la vallée du Drâa, vallée
que nous allons descendre en direction du sud-est.
Nous passons au pied du
majestueux ksar de Tanssikhte.
ksar de Transsikhte
Il
y a 3000 ans, le Drâa ("le coude" en langue berbère)
était un fleuve long de 1200 km peuplé de crocodiles et avait
alors un débit 20 fois supérieur à celui du Nil! Aujourd'hui
cet oued, né des oueds Dadès et Ouarzazate (qui confluent à
Ouarzazate justement) qui s'alimentent des eaux de l'Atlas, est réduit
à 450 km et se perd dans les sables au sud de Zagora.
Il permet
néanmoins l'existence de la plus longue palmeraie du pays, elle s'étend
sur plus de 100 km et compte plus de 4 millions d'arbres.
De Tanssikhte nous descendons le tiers de la palmeraie du Drâa en direction de Zagora, parcours ponctué de nombreux ksour (villages fortifiés, au singulier on dit ksar).
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Un peu avant d'y arriver nous visitons le ksar de Tissergate et sa palmeraie.
Les créneaux ou merlons de la muraille sont ici de forme dentelée
ou en gradin (et non pas de forme prismatique comme on a pu le voir ailleurs).
A l'origine, ce village qui remonte au XVIIIe s. n'avait
que deux portes et les habitations ne
possédaient aucune ouverture dans son
enceinte qui n'est percée que de meurtrières, tout comme les tours
de guet qui le surmontent. Autre moyen de défense, des ruelles ou plutôt
des galeries obscures éclairées par de rares puits de lumière
sur lesquelles donnent des entrées avec des marches, de véritables
chausse-trapes.
Sur un soubassement de pierres et galets, les murs élevés
en pisé mesurent environ 80 centimètres d'épaisseur à
la base. Les plafonds sont constitués par des poutres en bois de palmier
(fibreux donc souple) surmontées de tiges de roseaux bien serrées
sur lesquelles est coulée une dalle en pisé pour former le plancher
des pièces de l'étage (nous avions en Europe des techniques ressemblantes).
Mais ce village typique ne compte plus que 250 habitants car la population
le déserte au profit du village moderne aux maisons en parpaings (souvent
masqués par un enduit ou une peinture imitant la couleur du pisé)
certes mieux éclairées mais qu'il faut climatiser
Et toujours
des barrages et des contrôles routiers (auxquels les touristes que nous
sommes échappons). Des menaces terroristes doivent toujours planer et,
n'oublions pas que nous approchons de la date des élections législatives.
Enfin
arrivée à Zagora.
...et un bonne nouvelle!
Il ne reste
plus que 52 jours pour atteindre Tombouctou (situé au Mali, au sud du Sahara)
! Ça ne fait pourtant que1600 km
mais c'est à travers le désert et à dos de dromadaire...
Trêve de plaisanterie. Nous ne descendrons pas plus loin.
ZAGORA
C'est depuis ce village situé au bord du Drâa, à 750m. d'altitude, que les Saadiens ont conquis la région de Souss puis le Maroc tout entier. Dernier village le plus au sud avant le désert, Zagora est réputé pour l'hospitalité de ses habitants et la richesse de son folklore. Des activités artisanales y sont pratiquées (quartier des potiers aux poteries vertes).
Les
guides touristiques incitent à visiter Tamegroute,
à 20km plus au sud. On vante sa célèbre et riche bibliothèque
(4000
manuscrits) du
XIIe ou du XIIIe siècle (manuscrits
enluminés du Coran et d'anciens ouvrages d'histoire et de médecine)
et son intéressante zaouïa (mausolée
de saint homme musulman).
C'est aussi depuis Zagora que la plupart des touristes
qui "font" le Grand Sud font une escapade vers les dunes de Tinfou situées
5 km plus au sud que Tamgroute.
Mais
pour notre part , ce n'est qu'une halte pour la nuit que nous ferons à
Zagora...
MAROC