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Ce premier
jour sur les routes des palmeraies, nous allons remonter le long de l'Oued Drâa
et de ses oasis sur 200 km
environ, en allant même à une trentaine de kilomètres au-delà
de Ouarzazate..
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Sur 70 km,
nous allons refaire à l'envers le chemin fait la veille, en remontant la
palmeraie du Drâa jusqu'à Tanssikhte.
Au-delà, nous poursuivons le long du Drâa, en direction de Ouarzazate.
Cimetière musulman
dans la pure tradition, avec simplement une pierre ou deux plantées à
l'emplacement des inhumations...
Une heure après notre départ,
nous dépassons Agdz, le ksar qui se situe à l'extrémité
la plus en amont de la grande palmeraie du Drâa et qui voisine avec la
majestueuse kasba de Tamnougalte.
Dans la campagne, les femmes coupent et transportent le fourrage pour le
bétail dont elles ont traditionnellement la charge. Comme on l'aura déjà
remarqué, ces femmes berbères ne portent pas le voile et sont souvent
vêtues d'habits aux couleurs vives.
C'est
un long parcours dans une palmeraie dense aux minuscules parcelles délimitées
par des murs de pisé et, de part et d'autre de la route, des ksour perchés
sur de minuscules pitons et parfois des koubbas ou marabouts, tombeaux
de saints (également appelés marabouts, terme ambigu puisque désignant
à la fois des personnes et leur tombeau!) surmontés d'un dôme
blanchi à la chaux.
Donc
au-delà de Agdz, ksours et kasbas se font rares tandis que
le relief devient plus accidenté. La route, qui s'est écartée
de la vallée du Drâa, longe des gorges creusées par d'anciens
affluents de la rivière. Par endroits, la roche se présente sous
forme d'orgues basaltiques. Puis l'on atteint le col de Tiz-in-Tinfifft (1660 m.),
entre les massifs du Djebel Sarhro et du Djebel Siroua.
Après
2h30 de route, nous dépassons Ouarzazate où nous allons revenir,
puisque nous y logeons.
Nous passons près de la kasba de Tiffoultoute
qui servi de décor au film "Lawrence d'Arabie" dans les
années 1960 et qui est maintenant un ensemble d'hôtels, restaurants
... Ses crépis ôcre pâle et ses constructions modernes la déparent.
C'était l'un des nombreux fiefs du pacha El Glaoui.
Au
bout d'une demi-heure de trajet sur la route vers Marrakech, nous quittons la
route principale pour celle de Talouet, d'où était originaire le
pacha de Marrakech, El Glaoui dont nous reparlerons.
Nous n'avons que quelques
kilomètres à parcourir pour arriver au ksar de Aït
Ben Haddou (haït
est un mot berbère signifiant "tribu").
Nous traversons à
pied le village moderne d'Isswid qui lui fait face, sur l'autre rive de l'Assif
Mellah (assif en langue berbère est équivalent à
l'oued de la langue arabe) aux eaux saumâtres. Traversée facile
à gué en cette saison tandis que lorsqu'il y a plus d'eau, il faut
passer à dos de mulet...
Seules cinq familles résident encore
dans l'ancien village qui devient un musée...
ksar de Aït Ben Haddou
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Sous
la conduite d'Ali, nous visitons le ksar le plus célèbre du Maroc
(il remonterait au XIe s. ?), remarquable site sur un promontoire qui, de
façon contradictoire, a servi de décor de films ("Lawrence
d'Arabie", "Sodome et Gomorrhe", "Jésus de Nazareth,
"Gladiator", "Le diamant du Nil"...) et, de ce fait, en
a été un peu défiguré alors qu'il est classé
au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1987
.
Le téléfilm produit par TF1 "Ali Baba et les 40 voleurs"
(diffusion octobre 2007), avec Gérard Jugnot, y emprunte des scènes
également.
Par
un dédale de ruelles, nous grimpons jusqu'aux ruines de l'agadir,
le grenier collectif qui le surmontait.
Au passage, nous voyons des travaux
de restauration utilisant la technique du pisé (mortier de terre et paille).
Bien des travaux sont nécessaire quand on voit d'en haut toutes ces terrasses
effondrées. En voit aussi, tout en bas, au
bord de la palmeraie, les portes monumentales
qui furent construites pour servir de décors de films et qui vont devoir
être détruites pour restituer le cadre d'origine.
Coup d'oeil
dans l'atelier d'un peintre qui utilise seulement deux couleurs naturelles en
lavis, le bleu de l'indigo et des dégradés de brun obtenu à
partir d'infusions de thé qui soumis à la chaleur d'une flamme bruni
plus ou moins.
Retour sur Ouarzazate en jetant un regard en direction des studios Atlas (décors de "Mission Cléopâtre"), rond-point sur le thème du cinéma et ...encore des barrages policiers.
Cette
ville de 40000 habitants,
dans une haute vallée (1160 m.)
aux portes du désert, est considérée comme un mini-Hollywood
où furent tournés (au moins en partie) plusieurs films, grâce
au panorama des oasis exotiques:
"Lawrence
d'Arabie", "Edith et Marcel", "Harem", "Sodome et
Gomorrhe", "Jésus de Nazareth, "Gladiator", "Mission
Cléopâtre", "Nativity", "100 milliards au soleil",
"Indigènes"...
Divers studios sont
installés dans la région: Cla Studios, Aster Productions et surtout
Atlas Corporation Studio (depuis 1984).
Avant de repartir en visite, nous arrêtons déjeuner à l'hôtel où nous logerons deux nuits.
L'après-midi, nous n'avons que quelques centaines
de mètres à parcourir depuis notre hôtel pour aller visiter
la kasba de Taourirt, à l'est de la ville de Ouarzazate.
vieux village et kasba de Taourirt
C'est un ensemble impressionnant des bâtiments où logeaient les membres de la famille d' El Glaoui. Tout comme le village auquel elle est accolée, les origines de la casba remontraient au XIIIe s. mais elle fut profondément restaurée au XVIIIe s et, par El Glaoui, en 1928
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La kasba rouge rose de Taourirt est la plus importante résidence du pacha
el Glaoui, le seigneur de l'Atlas. El Glaoui, Pacha de Marrakech dès 1908,
fut le dernier grand seigneur féodal du Maroc.
Après la disgrâce
du Pacha (et son décès en 1956) qui, bien que beau-frère
du sultan, s'était compromis avec la France en s'opposant au mouvement
en faveur de l'indépendance, la kasba fut laissée à l'abandon
avant d'être classée monument historique et restaurée récemment
mais il semble que du fait de son histoire conflictuelle avec la dynastie, sa
gestion et sa mise en valeur soient abandonnées aux instances locales...
La kasba se présente comme un imposant ensemble, construit en pisé
au crépi rosé, de plusieurs étages, surmonté de tours
crénelées, aux murailles animées par des dessins géométriques
en creux et, en contraste, des sortes de loggias en saillie.
On peut admirer notamment la salle à manger ou la chambre de la favorite
avec leurs décors de stucs peints à l'aide de colorants naturels
(indigo, coquelicot, menthe...) et les plafonds en cèdre de l'Atlas, bois
de rose et, pour les pièces moins nobles, des poutres en bois d'acacia
et de palmiers supportent un plafond fait d'un treillis de roseaux (forme en losange
typique des graphismes berbères). Les décors de type berbère
différent totalement des formes artistiques hispano-mauresques et arabo-berbères
que l'on peut voir dans les palais des grandes villes du pays. Les motifs floraux
sont d'inspiration mauresque tandis que les motifs géométriques
simples sont berbères.
Il y fait particulièrement bon malgré
les quelques 35° à l'extérieur: C'est le miracle de la masse
des murs et planchers en pisé (inertie) et d'un ingénieux système
de ventilation (puits d'air au coeur des bâtiments et entrées d'air
par le bas des loggias saillantes sur les façades).
La masse de
la kasba accolée au vieux village berbère qui existait déjà
au XIIIe s. (avant Ouarzazate) le ferait presque oublier alors qu'il est
toujours habité.
L'après-midi
se termine dans la boutique de Hakim, herboriste. "La caravane des Epices"
dispose de 2400 références de produits le plus souvent tirés
de 1200 plantes, certaines venant du bout du monde, tout cela pour la santé
et la beauté des adeptes des produits naturels. Hakim va prochainement
présenter tout cela sur l'Internet.
Oasis de l'Oued Dadès et gorges de Todra (ou Todgha) :
Seconde journée au départ de Ouarzazate
pour une excursion dans l'Oued Dadès et
ses villages oasis et les Gorges du Todgha
ou Todra: 320 km environ pour l'aller-retour.
La
route des 1 000 kasbas, l'une des plus belles du sud...
Tout d'abord nous passons non loin de studios de cinéma puis traversons une zone aride aux reliefs tabulaires (des scènes de Lawrence d'Arabie furent tournées par ici). Une tentative de reforestation menée il y a une dizaine d'années et portant sur 25000 ha a lamentablement échoué comme on peut le voir, tout cela parce que les experts n'avaient pas fait de sérieux forages qui auraient montré la présence de sel à 15 m. de la surface du sol...
Plateau aride au-dessus de l'Oued Dadès (entre Ouarzazate et Skoura), échec
de reforestation...
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Traversée de la célèbre et luxuriante palmeraie de Skoura (jardins de roses et marché le jeudi) à environ 1300 m. d'altitude. A l'entrée de la ville, les deux très belles kasbas d'Amerhidil et de Dar Aït Sidi el-Mati.
La route qui est à l'écart du fond de la vallée du Dadès se déroule dans un paysage de plaine herbeuse fréquentée par les troupeaux.
Encore
une cinquantaine de kilomètres en remontant la vallée pour atteindre
Kelaa Mgouna ou Kala M'Gouna, gros village fortifié situé
à plus de 1450 m. d'altitude et connu par son fameux festival de mai
qui célèbre la cueillette des roses.
Malgré la sécheresse
du climat, on récolte 7000 tonnes de pétales en avril! En fait la
Vallée des Roses s'étend sur quelques 140 km.
On y produit 200 000 hl d'eau de rose par an (distilleries dans les
villages). Il faut 4 ou 5 kilos de roses fraîches pour obtenir un kilo de
pétales séchés et 5 tonnes de roses fraîches pour obtenir un litre d'huile
essentielle de rose.
La
remontée de la luxuriante vallée du Dadès se poursuit encore
sur une vingtaine de kilomètres, jusqu'à Boumalne (1585 m.).
On laisse à gauche les gorges du Dadès, au paysage apocalyptique
d'éboulements de roches très colorées.
Pour
notre part, nous poursuivons notre route sur une cinquantaine de kilomètres
dans un relief accidenté et changeons de versant pour nous amener à
Tinerhir (1342 m. d'altitude et 40000 habitants) qui domine une magnifique palmeraie,
encore exempte de l'invasion du champignon parasite bayou qui se développe
dans de nombreuses palmeraies marocaines, affaiblies par la sécheresse
(et parfois les remontées salines).
C'est un centre administratif
mais aussi une petite ville active et prospère et un poste militaire. Cet
oasis charmant est l'un des plus vastes avec une belle kasba et ses maisons traditionnelles
de couleur ocre.
Palmeraie de Tinerhir
On aperçoit au loin le défilé formé par les Gorges
du Todra dont une petite quinzaine de kilomètres (distance routière)
nous séparent tandis que la route domine déjà la palmeraie
qui s'enfonce en direction des gorges.
On
peut aussi admirer la variété et les couleurs des costumes parfois
bigarrés des femmes des oasis qui, outre les travaux traditionnels qui
leurs sont dévolus (lessive), rapportent du fourrage pour le bétail,
autre tâche qui leur incombe dans ces régions.
Dans les Gorges du Todra...
La vallée
va se rétrécissant et l'on arrive aux gorges surmontées par
des falaises qui, en certains endroits, dépassent 300 m. de haut alors
qu'au plus étroit, le passage au fond n'est que de 30 m.
Pas mal de touristes, en majorité marocains. Ces gorges sont considérées
par les guides comme étant l'un
des plus impressionnants paysages du Maroc, d'une beauté exceptionnelle
malgré les disgracieux restaurants nichés au pied des falaises...
Pour ma part, je reste un peu sur ma faim.
Une piste qui prend le relais
de la route s'enfonce dans les 500 m. du défilé et des travaux
montrent qu'elle a été sérieusement dégradée
par des orages survenus en 2006. Passé le défilé, sur un
versant, on peu voir des grottes ou plutôt des abris troglodytiques.
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L'itinéraire de retour vers Ouarzazate
consiste à refaire le chemin en sens inverse et livre un autre regard sur
les paysages, éclairés différemment...
Le ciel s'est assombri un peu et une forte
brise souffle.
Pour terminer la journée et notre séjour à Ouarzazate, une
tout autre visite, celle du musée du cinéma (face à la kasba
de Taourirt). Pouvoir toucher et voir d'aussi près des décors et
accessoires de cinéma est toujours surprenant. On erre à travers
basilique-palais, cloîtres, frises assyriennes, campement bédouin,
jardin andalou (récemment planté), chambre impériale, palanquins
et chars... D'une main légère on soulève un énorme
tronc d'arbre...
Grâce au plâtre, aux résines et armatures
en fibre de verre, ici tout est toc, tout est creux et vide mais l'illusion visuelle
est là, grâce aussi à un bon rendu plastique (art de la patine!).
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MAROC