MEKNÈS
(1),
Volubilis
(2).
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LA FEMME
...

NOUVEAUX DROITS...

Depuis l'accession au trône de Mohammed VI, des réformes sur la condition de la femme ont été réalisées. Suite aux luttes du mouvement féministe et du mouvement démocratique et malgré la farouche résistance opposée par le mouvement intégriste et les conservateurs.
Il faut rappeler que dans le droit islamique traditionnel les droits d'une femme sont réduit de moitié par rapport à ceux d'un homme: elle n'hérite que d'une demie part et son témoignage dans un procès ne compte aussi que pour moitié. De plus, dans l'ordre social, la femme ne trouve rang qu'après les adolescents mâles...

Le roi Mohammed VI a joué un rôle d’arbitre en sa qualité de commandeur des croyants qui lui est conféré par la constitution marocaine. Il constitua une commission consultative royale qu’il a chargé de répondre aux attentes des militantes féminines qui avaient dénoncé toutes les injustices endurées par les femmes marocaines. Après des concertations avec toutes les parties concernées qui ont duré près de trente mois, c’est le roi qui a tranché en présentant devant le parlement, le 10 octobre 2003, le nouveau projet de code de la famille, appelé Moudawana, qui a été discuté, amendé et adopté à l’unanimité par toutes les forces représentées au parlement en janvier 2004.

Le Moudawana, le nouveau code de la famille promulgué en 2004, est fondé sur l’égalité entre les sexes et abolit la tutelle exercée sur les femmes. La notion de Chef de famille est abolie et remplacée par la co-responsabilité entre les époux.

Traditionnellement le mariage est arrangé entre les familles et avec le recours d'entremetteurs... Mais après tout, n'était-ce pas une pratique encore fréquente ici il y a une cinquantaine d'années dans les milieux ruraux et dans la bourgeoisie?

En outre, le mariage d’une jeune femme n'était possible qu'en présence de son père en tant que tuteur, seules les filles ayant perdu leur père pouvaient se marier sans tutelle : désormais, une femme peut se marier en toute liberté que son père soit vivant ou décédé. L’âge légal de mariage pour la jeune femme a été revu à la hausse: il est maintenant de dix-huit ans pour les filles et les garçons au lieu de quinze ans auparavant pour les filles. Enfin, et cela représente une grande avancée, la femme mariée a le droit d’obtenir le divorce de son mari sans être obligée comme c’était le cas auparavant de fournir des preuves et des témoignages pour justifier les raisons de sa demande.

En 2007, il est désormais possible pour la mère marocaine de transmettre la nationalité marocaine de plein droit et automatiquement à ses enfants nés de père étranger.

Le mariage de la marocaine musulmane n’est légal qu'avec un époux musulman, et un Marocain musulman ne peut se marier avec une non-musulmane, sauf si sa religion est monothéiste.

Ce code s’applique aussi aux marocains de confession juive, soumis de plus aux règles du statut personnel hébraïque marocain.

En 2007, le pays compte un taux d’analphabétisme à l’échelle nationale de 43 %, plus élevé chez les femmes (54,7 %) et en milieu rural (60,5 %). Le taux d’activité s’élève à 76,9 % chez les hommes contre 47,9 % chez les femmes.


ET ANCIEN DEVOIR, LE VOILE...

C'EST TOUTE UNE HISTOIRE...

Au tout début de l'histoire de l'humanité, le vêtement a d'abord été une protection du corps notamment à l'égard des conditions climatiques. Il deviendra par la suite et grâce au développement technologique, une parure à connotation sexuelle et une distinction sociale en vigueur dans les sociétés patriarcales du pourtour de la Méditerranée.

La pudeur n'est pas une notion strictement judéo-chrétienne et on retrouve son équivalent dans d'autres civilisations.

Vers l'an 1100 avant J-C, le roi d'Assyrie imposait aux épouses et concubines le port du voile dans les lieux publics afin de les distinguer des prostituées.

Plus tard, l'usage du voile existait aussi dans le monde gréco-romain, chez les Celtibériens, les Mèdes, les Perses, les Arabes, les peuples de l'Asie Mineure, les Juifs. En Palestine, du temps de Jésus, les femmes portaient le voile.
À Rome, la femme mariée devait cacher son corps et signaler par sa tête voilée son honorabilité d'épouse, contrairement à la courtisane qui cherche à attirer le regard. Cette notion d'honorabilité publique était liée à un certain statut social.

Assez naturellement, on voit Saint Paul reprendre cet usage à son compte dans la première Epître aux Corinthiens (11,2-16), pour en faire symbole de la soumission et de l'infériorité. La femme, seconde dans l'ordre de la création selon la Genèse, n'a donc pas accès à l'expression de la parole sacrée. Il en est évidemment de même de cette obligation à l'égard des religieuses et moniales.
Donc, des premiers temps de l'Eglise jusqu'au Concile Vatican2 (1962-65), les chrétiennes durent garder la tête couverte (des coquettes coiffes régionales d'antan ou simple fichu) à l'occasion du culte. Remarquons que les femmes âgées catholiques du bassin méditerranéen portent encore souvent un foulard à l'église et que dire des riches espagnoles en mantille ?


Signalons que les Almoravides, fondateurs de la seconde dynastie marocaine, étaient des Berbères sahariens qui nomadisaient entre le Sénégal et le sud du Maroc et qui, avant l'islamisation, avaient déjà pour coutume de porter un voile (litam) sur le bas du visage ce qui n'est pas sans rappeler un accessoire vestimentaire très utilitaire, le tagilmust, turban destiné à protéger les ''hommes du désert'', les touaregs , des brûlures du soleil et du vent de sable.

Alors pourquoi en serait-il allé différemment dans l'Islam apparut sept siècles plus tard dans le même environnement géographique et culturel ?
Les passages du Coran relatifs au port du voile (''Prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, d'abaisser un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes'') ont été diversement interprétés selon les époques, les régions et les écoles juridiques (il y a 4 écoles de l'Islam sunnite dont la ''Hannbalite'', la plus rigoriste, qui préconise de cacher totalement le corps).


Le Coran considère la pudeur comme une vertu cardinale et reprend une notion du monde sémitique (donc commun aux Juifs). Cette pudeur islamique vise surtout à maintenir la paix sociale, l'ordre public en évitant tout trouble sexuel causé par la femme, qu'il faut donc voiler, cacher à la vue du mâle.
Dans l'Islam, le tchador ou tchadri cache les cheveux de la femme qui, laissés libres, passeraient pour une provocation coupable. C'est une sorte de tunique recouvrant tout le corps et cachant le visage derrière une sorte de grille, un masque ajouré pour la vue, appelée également burqa, porté par les femmes dès qu'elles sortent de chez elles. Porté par les chiites en Afghanistan ou en Iran, on ne rencontre pas au Maroc.

Chez les musulmanes, les foulards et les châles se conjuguent selon les saisons, les couleurs et les occasions. La paysanne voilée sortait elle-même ses troupeaux, travaillait sa terre et allait même au marché vendre ses produits. Elle participait activement à l'économie. Ce sera la femme citadine, surtout à l'époque ottomane, qui va devenir de plus en plus cloîtrée. Ceci n'avait aucun lien direct avec la religion, c'était plutôt une nouvelle réalité économique.
En usage surtout en ville, le voile est souvent ignoré dans les villages et chez les nomades.

Le port du voile peut résulter de contraintes sociales et familiales, de la conviction religieuse strictement personnelle (fréquent chez les converties), l'expression d'une affirmation identitaire (contre qui? ou quoi?) ou, paradoxalement, comme un moyen de "libération" par rapport au regard des autres.

Les tissus des voiles sont généralement du coton et du polyester et la manière de le porter change d'une région à une autre selon les traditions culturelles.
La couleur peut être sobre ou uniforme mais pour le hidjab les motifs et toutes les couleurs sont permises.
Ce qui laisse une place à la coquetterie et va à l'encontre des préceptes visant à rendre la femme invisible! comme le fait de se vêtir d'un riche et voyant caftan...


ET LE VOILE AU MAROC ?

Concernant le Maroc, avant l'arrivée du mouvement politico-religieux des islamistes intégristes le voile tel que nous le connaissons aujourd'hui n'existait pas.

Les femmes dans les milieux populaires sortaient
en Djelaba, avec la capuche sur la tête et un petit voile un peu transparent qui couvrait le bas du visage à partir du nez, mais ce n'était pas une obligation !
Cela ne s'appliquait pas aux jeunes filles et n'était pas en usage chez les jeunes femmes de la classe moyenne qui s'habillaient à l'Européenne comme souvent encore aujourd'hui.

Au Maroc, si l'on voit souvent des femmes portant un foulard couvrant les cheveux, il est très rare de voir une femme toute vêtue de noir avec un voile sur le visage laissant tout juste une fente pour les yeux. Dans quelques autres cas, le voile couvre les cheveux tandis qu'une sorte de petit foulard masque la bouche.
Et les populations berbères semblent moins rigoristes avec leurs vêtements très colorés.


De nos jours le voile islamiste est présent dans les divers couches de la société pour raisons variées: politico-religieuse, sociale, mode...
et à des degrés divers, l'extrême étant une personne entièrement couverte jusqu'au bout des doigts avec des gants.

Aujourd'hui, il y aurait 40% de femmes voilées dans le pays…


GLOSSAIRE autour du VOILE:

Hijab - type de voile carré (souvent porté en Occident) qui couvre la tête, le cou, les oreilles et les cheveux mais laisse paraître le visage.
Remontant à l'époque romaine, il s'est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les tenues traditionnelles,comme le "haïk" en Afrique du Nord.

Al-amira - voile composé de deux pièces: une plus serrée qui couvre les cheveux, cache les oreilles et le contour du visage suivie de l'autre en forme ovale couvrant la première pièce et qui tombe sur les épaules de manière plus relâchée.

Shayla - long voile rectangulaire qui enveloppe la tête et le contour du visage en recouvrant les épaules et généralement maintenu par une pince ou une broche au niveau des épaules. Voile populaire dans la région du Golfe persique.

Khimar - long voile qui ressemble à une cape qui s'arrête juste au-dessus de la taille. Il couvre complètement le contour du visage (oreilles, cheveux, cou) et les épaules mais laisse le visage à découvert.

Chador - voile typiquement iranien, il s'agit plutôt d'un long manteau qui couvre tout le corps et la tête, souvent accompagné d'un autre petit voile qui maintient le contour du visage caché en ne laissant qu'une fente pour les yeux.
Il s'agit d'une pièce de tissu semi-circulaire ouverte sur le devant qui ne possède ni ouverture pour les mains ni fermeture, mais est tenue par les mains ou les dents, ou encore en entourant ses extrémités autour de la taille.

Niqab - petit voile qui cache la partie inférieure du visage laissant les yeux libres, très souvent porté avec un Khimar, un Haïk ou un Chador.

Burqa - exagération du niqab, c'est le plus conservateur des voiles islamiques, porté en Afghanistan, de couleur bleue il couvre tout le corps incluant le visage et ne laisse qu'un rectangle de mailles (une sorte de ''grillage'') au centre du visage.

Variations régionales des noms et du voile:

Safsari : le voile traditionnel tunisien, est un voile blanc, devenu quelque peu désuet, qui sert à se protéger du soleil comme de la pluie.

Purdah : voile porté dans le subcontinent indien qui peut s'accompagner d'un yashmak, petit voile pour couvrir le visage.

Haïk
(ou ''Mlaya''): vêtement traditionnel algérien plutôt que voile, souvent de couleur blanche qui couvre tout le corps à la manière d'un chador et accompagné d'un niqab.
C'est une grande pièce de laine, de coton ou de soie d'environ 5 m sur 1,60 m réalisée selon différentes techniques de tissage et de couleurs, qui dissimule les formes du corps.


Nous quittons Fès en autocar, avec le même groupe qui nous accompagnait la veille dans la visite de Fès.

Le programme du jour: visites de Meknès et de Volubilis.
Après une accalmie, on peut constater que police et gendarmerie ont repris leurs contrôles par les nombreux barrages que nous franchissons sans être arrêtés. Des menaces terroristes doivent encore planer et, n'oublions pas que les élections législatives sont proches (9 septembre)...

Nous avons de nouveaux aperçus sur la plaine du Saïss, autrefois occupée par un grand lac et qui doit sa fertilité actuelle à la proximité des montagnes du Moyen Atlas et aux barrages qui ont été construits et qui jouent le rôle de châteaux d'eau.
De place en place, on traverse des oliveraies et le guide nous fait observer que les oliviers marocains ont plusieurs branches partant du sol à la différence des oliviers d'Andalousie dont les branches partent d'un tronc. Bien évidemment, tout chauvinisme mis de côté, l'huile d'olive marocaine serait bien meilleure (plus douce) que l'espagnole... La récolte des olives a lieu d'octobre à janvier, selon les variétés et le degré de maturité recherché (qui dépend de l'usage auquel on destine la récolte).
Jusqu'en 1967, les Français ont pu exploiter de grandes propriétés, notamment viticoles. Actuellement de grandes tribus arabes exploitent collectivement des terres sans en être propriétaires.





MEKNÈS** (600 000 habitants):

Meknès, capitale berbère se situe à 520 m. d'altitude.

Meknès est la plus grande ville de garnison (position centrale) et sa population d'origine européenne vient en second pour son importance, après celle de Casablanca.
Pour les touristes, c'est une étape incontournable avec ses monuments majestueux.



La ville fondée au Xe s., fortifiée par les Almoravides, reconstruite par les Almohades au XIIe s., fut agrandie par leurs successeurs après l'éclipse des Mérinides.

C'est la ville de Moulay Ismaïl, le second monarque de la dynastie alaouite qui en fait sa capitale au détriment de Fès dont il craignait l'esprit frondeur.

Meknès eut son heure de gloire lors du règne de Moulay Ismaïl, ce "Louis XIV marocain". Il y fit élever les remparts de 40 km de long, pilla les ruines de Volubilis et le palais el-Badi de Marrakech pour construire sa cité impériale. Il ne reste de ce palais, Dar el-Makhzen, que les immenses greniers à blé, un lac artificiel et les écuries.
Certaines portes des remparts sont de toute beauté. La médina abrite des médersas, des souks, la place el-Hdim et ses galeries latérales.


C'était un roi mégalomane, contemporain, admirateur et imitateur du Roi Soleil qui voulait faire de sa ville un "Versailles marocain".
La ville est protégée par trois enceintes, les plus longues atteignant 25 km et 40 km!


MeknèsMEKNÈS - panoramique sur la vieille ville

La ville est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1996 .

Après avoir traversé la Meknès moderne, à l'est donc côté Fès, nous dominons la vallée de l'Oued Boufekrane et faisons face à l'ancienne ville avec sa médina.
La visite est guidée par Djamila.

Nous longeons une enceinte dotée de très belles portes, notamment Bab-el-Khémis ou Bab Lakhmiss ("porte du jeudi") aux mosaïques vertes, près du mellah (ancien quartier juif).

Arrivée sur la place El Hedim ou Lahdim (qui servi d'entrepôt de matériaux pour les travaux pharaoniques de Moulay Ismaïl), vaste esplanade reliant la médina et la ville impériale, avec ses galeries latérales et ses kiosques.

VOIR

Mais c'est surtout la porte Bab el Mansour qui se trouve en bordure de cette place, à l'opposé du musée Dar Jamaï, qui retient l'attention.
Ce portail massif situé entre la vieille ville et la ville impériale fut pour l'essentiel réalisé de 1672 à 1675. Il fut achevé par le fils de Moulay Ismaïl en 1731 ou 1732. Cette porte en chicane (pour éviter l'usage de béliers) atteint 16 m. de haut et comporte deux salles dans ses annexes. Un magnifique réseau d'entrelacs en relief se détache sur fond de mosaïque verte.
Elle doit son nom à son architecte, un renégat chrétien Mansour el Aleuj.

 

La visite se poursuit à la périphérie de l'ancienne ville impériale dans le quartier de l'Agdal (ou Sahrij Souani) avec un bassin de 4 ha (alimenté par des canalisations de 15 km depuis le Moyen Atlas), tout proche du Dar el Ma, "la maison de l'eau".


Meknès Meknès Meknès
MEKNÈS - Dar el Ma ("maison de l'eau")

Cet étrange édifice aux pièces sombres dont les voûtes s'élèvent à 16 m. au-dessus du sol, abritait des citernes enterrées (40 m. de profondeur) et servait de lieu pour stocker bien au frais (murs de 4 m. d'épaisseur) des quantités de denrées (céréales et fourrages) dans l'éventualité de longs sièges car il fallait assurer la subsistance de la population, de l'armée et, évidemment, du palais et de la Cour (et de 600 concubines?!).
Ces greniers bien restaurés voisinent avec les ruines des écuries qui abritaient 12000 chevaux et couvraient 4 ha (à noter que, non loin de la ville, de grands haras furent créés en 1912). Les 4000 piliers massifs subsistent tandis que les plafonds se sont écroulés lors du tremblement de terre de Lisbonne (1755). Malheureusement, les intempéries et la végétation attaquent les arcades subsistantes (en terre et chaux). Dommage car les vestiges sont impressionnants et présentent de belles perspectives droites et obliques.

On dit que 60000 esclaves et prisonniers (chrétiens surtout) auraient travaillé pendant 20 ans à l'édification de l'ensemble.

Notre courte découverte de Meknès se termine par la visite du Mausolée de Moulay Ismaïl (ou Ismael). L'entrée est libre mais on doit se déchausser bien que l'on n'ait pas accès à la partie principale où se trouvent son tombeau, celui de son épouse et de ses deux fils. Les horloges comtoises que l'on voit seraient des cadeaux offerts par Louis XIV pour atténuer l'affront de son refus de lui accorder la main de sa fille légitimée (qu'il eut avec Mme de la Vallière), la future princesse de Conti.

VOIR
Tout près de là, notre matinée de visite se termine dans un atelier-boutique de damasquinage.


Le damasquinage...

C'est une technique d'orfèvrerie consistant à réaliser des décors par incrustation dans les sillons ou ciselures gravés sur un métal plus banal (fer, acier) de filets de métaux précieux, fils d'or jaune ou d'argent (ou de cuivre... attention à la tromperie!), à l'aide d'un poiçon et d'un marteau léger à panne large. Souvent en forme d'arabesques, ces dessins ainsi formés ressortent alors par contraste de couleurs. Ceci nécessite plusieurs cuissons du métal et polissages. L'assemblage de plaques de métal formé par martelage permet d'obtenir des objets de grand volume.
La technique fut utilisée pour la décoration ou la signature d'armes (épées, fusils) avant de l'être en joaillerie ou sur des objets purement décoratifs, comme on en voit ici. Technique orientale comme son nom l'indique (Damas en Syrie), c'est pourtant aujourd'hui une spécialité de Tolède en Espagne. Comme à propos du maillechort, il y a encore débat ici sur cette origine. La technique aurait été (re)découverte ou affinée par l'espagnol Eusebio de Zuloaga (de Eira) .



La boutique vend aussi des ouvrages brodés qui, paraît-ils seraient réalisés par des religieuse françaises...

Nous quittons la médina en passant près de l'ancien quartier des potiers établit dans la vallée qui sépare de la ville nouvelle. C'est dans la partie boisée de cette vallée que nous allons déjeuner, dans le magnifique restaurant "Zitouna" (ancien fondouk, autrement dit une ancienne hôtellerie ou caravansérail sur plusieurs niveaux, les étages servant de logements).

En quittant le restaurant, on passe devant les panneaux électoraux (comme les prospectus, ils sont essentiellement écrits en arabe). Le Maroc est connu pour héberger beaucoup des fameux centres d'appels. Ici, un établissement de formation à ces métiers en témoigne...


Meknès  Meknès
MEKNÈS - d'autres aperçus sur la vie ici...


Une vingtaine de kilomètres nous séparent de Volubilis.
A 5 km du site antique, nous passons près de la ville sainte de Moulay Idriss. Rien à voir avec Moulay Ismaïl car presque un millénaire sépare ces deux souverains du pays. La petite ville blanche perchée sur une colline abrite le mausolée du fondateur arabe (descendant de Fatima, la fille du prophète) de la première dynastie marocaine. Les non musulmans ne sont pas très appréciés dans cette ville et ce, d'autant qu'un grand pèlerinage à lieu tous les ans fin août.
Par ailleurs la petite ville s'anime le samedi, jour du marché rural.


Moulay-Idriss  Volubilis  Volubilis
Moulay Idriss et VOLUBILIS (capitole et basilique)


Volubilis**:

Sur une petite éminence, proche de la ville de Moulay Idriss (ou Moulay Driss Zarhoun), au milieu d'une plaine de cultures et d'oliveraies aux enclos protégées par des agaves, figuiers de barbarie et eucalyptus, émergent les vestiges romantiques d'un site antique où les cigognes viennent nicher au sommet des colonnes. C'est la plus vieille cité du Maroc dont les vestiges nous sont parvenus dans le meilleur état.

Le site de Volubilis fut habité du Ier s. avant J-C jusqu'à la fin du IIIe s. Ce fut la capitale de Juba II, roi de Maurétanie au début de l'ère chrétienne avant que la région soit directement rattachée à l'Empire Romain au milieu du Ier s.. Après le déclin de Rome, le site fut occupé par des Berbères christianisés et leur servit aussi de carrière. Le site n'aurait été complètement abandonné qu'au XIIe s.

Le site antique de Volubilis, pillé par Moulay Ismaïl au XVIIe s., avait été repéré par un britannique en 1721, avant d'être encore davantage ruiné par le tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Les Français entamèrent des fouilles à partir de 1915 et certains éléments du site furent remis en place en 1933. Le site est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1997, ce qui se justifie par la beauté du site et l'ampleur des ruines: maison d'Orphée, maison de l'Ephèbe, Arc de Triomphe de Caracalla (remonté en 1933), l'avenue decumanus maximus...

Les archéologues attendent des aides de l'Unesco pour poursuivre les fouilles car seule une partie du site de 40 ha a été explorée.

Sous un soleil brûlant, dans un site pratiquement sans ombrage, nous entreprenons la visite en compagnie de notre guide Abdoul. Après avoir franchi le vallon de l'oued Fertassa, nous gagnons le coeur de la cité, le forum. Les colonnes du temple du Capitole sont l'élément le plus voyant du site. Tout près (au nord) se dressent les arcades bien restaurées d'une basilique à trois nefs (de 80m de long) qui servait de bourse et de lieu couvert pour se réunir.

Petit détour pour expliquer que Volubilis tirait sa richesse de l'olive. Dans une construction, on nous présente une huilerie avec meule et pressoir à olives.

Maintenant, admirons la mosaïque qui ornait le centre de la pièce principale de la Maison d'Orphée: on y voit Orphée tenant toute une ménagerie (lionne, éléphant...) sous le charme de son chant. Il s'agit bien là de mosaïques antiques faites de fines tesselles taillées dans des roches naturellement colorées , ce qui n'a rien à voir avec les mosaïques arabo-berbères faites à partir de zelliges, morceaux taillés dans diverses céramiques.
Nous remontons vers le haut du site en passant par la Maison au Desultor où une mosaïque présente un acrobate chevauchant un âne à l'envers. Puis nous arrivons à l'Arc de Triomphe qui s'inscrivait dans la perspective de la large avenue Decumanus Maximus. Il fut édifié en 217 en l'honneur de Caracalla et dû être totalement remonté en 1933.

La Maison aux Colonnes est intéressante par ses colonnes torses et par l'originalité de son bassin, l'impluvium, de forme circulaire. La Maison au Cavalier qui fait suite possède une belle mosaïque représentant Bacchus surprenant Ariane endormie sur la plage de Naxos...

Volubilis  Volubilis
VOLUBILIS - la Maison aux Colonnes et la Maison au Cavalier (Bacchus et Ariane)
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VOLUBILIS - mosaïques de la Maison aux Travaux d' Hercule et de la Maison de Dionysos

En suivant l'avenue centrale, on peut encore admirer les mosaïques de la Maison aux 12 Travaux d'Hercule (Hercule et les deux serpents, Hercule et le lion) avec le svastika ou croix gammée (vieux symbole panthéiste et porte-bonheur utilisé par tous les peuples de l'Eurasie et détourné par les nazis au siècle dernier) puis celles de la Maison de Dionysos (les quatre saisons) et celle de la Maison du Bain des Nymphes...
La visite se termine par le Palais de Gordien et la Maison du Cortège de Vénus...

MOSAÏQUES
La mosaïque est un art décoratif où l'on utilise des fragments de pierre, d'émail, de verre ou encore de céramique, assemblés à l'aide de mastic ou d'enduit, pour former des motifs ou des figures. Quel que soit le matériau utilisé, ces fragments sont appelés des tesselles.
La mosaïque antique, romaine, était faite de pierre et de marbre. Par la suite, la mosaïque byzantine, puis vénitienne utilise des émaux et pâtes de verre (y compris recouverte d'or). Enfin, la mosaïque arabe a subi l'influence antique et byzantine (mosaïque à fond d'or), on y rencontre une mosaïque de céramique assez spécifique à l'art timuride.

Retour à Fès sans revenir par Meknès. Après le passage du Col du Zagotta, nous retrouvons la route venant du nord par laquelle nous arrivions à Fès deux jours plus tôt... Paysage toujours aussi étonnant vu à la chaude lumière d'une fin d'après-midi.



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