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Départ
pour Erfoud à travers le Moyen Atlas en 4x4 car nous sommes revenus à
notre mini-groupe.
Aujourd'hui, nous avons environ
400 km à parcourir en direction du sud et à
franchir deux chaînes de montagnes -rien que ça!- Moyen puis Haut
Atlas pour
atteindre Erfoud...
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Après
avoir traversé la
petite ville d'Imouzzer, sur les contreforts du Moyen Atlas, nous arrivons
à Ifrane, ville créée
en 1929 et station de ski aux surprenants
chalets, ce qui lui vaut le qualificatif de "Petite Suisse", ce à
quoi font aussi penser les rues et parcs bien entretenus. Le pays compte une douzaine
de stations de ski (souvent rustiques au niveau des équipements et de la
préparation des pistes).
Une
énorme statue de lion rarpelle l'époque où l'Atlas était
encore habité par ces fauves disparus à la fin du XIXe s.
Les toitures des immeubles et des maisons font plus penser à l'Europe qu'à
l'Afrique du nord mais quand il pleut beaucoup (ou qu'il neige), il n'y a rien
de mieux qu'un toit!
C'est sans doute pour profiter de cette station climatique
que l'université privée internationale Al Akhawayn s'est installée
non loin d'ici.
Route
à travers des paysages verdoyants et des forêts de cèdres
centenaires du parc national d'Ifrane
(1650 m). Au coeur du Moyen Atlas,
ce parc brille par la diversité de ses paysages, lacs et cours d'eau. Il
abrite notamment la plus grande et peut-être la plus belle forêt de
cèdres du Maroc mais ces arbres magnifiques qui peuvent atteindre 14 m
de circonférence à la base sont atteint par une maladie qui les
fait mourir.
Les khaïmas,
les tentes des campements de nomades font leur apparition. En fait il s'agit de
semi-sédentaires car ils nomadisent avec leurs troupeaux l'été
mais les déplacent en camion lorsqu'ils font de longues distances.
Nous traversons, Azrou, centre d'artisanat berbère important et faisons une halte à Zeida, avant d'attaquer le Haut Atlas. Un important camp militaire est établi en bordure de la petite ville dont l'activité minière (plomb) s'est arrêtée entraînant une reconversion dans l'arboriculture (vergers de pommiers).
Entre Fès et Erfoud, halte à Zeida
Ayant
repris la route, nous traversons Midelt, ville
étape entre le Moyen et le Haut-Atlas, cité
montagnarde à 1488 m d'altitude au coeur des montagnes de l'Atlas, réputée
pour la culture de la pomme, établie au pied de Djebel El Ayachi dont les
cimes sont enneigées en hiver.
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Traversée de la partie orientale du Haut Atlas en passant par le col de Tizi-n-Talghemt (1907 m.) la route fait passer près de plusieurs villages fortifiés puis on longe les gorges de l'oued Ziz ("la gazelle" en langue berbère) et ses impressionnantes falaises (secteur du Tunnel du Légionnaire) et enfin le lac de retenue du barrage Hassan Addakhil près de Errachidia (62000 hab., ville de garnison dotée d'un aérodrome) à 1060 m. d'altitude.
C'est là, à
Errachidia,
que nous faisons étape pour prendre un déjeuner
bien mérité après quelques 350 km de route...
Nous
reprenons la route pour parcourir les 70 km qui nous séparent de notre
fin d'étape de ce jour, Erfoud.
Les premiers ksars (villages
forteresses construits en pisé) font leur apparition (ksar de Targa). Dans
les zones planes que l'érosion a dégagées, surgissent des
reliefs tabulaires (certes pas aussi spectaculaire que ceux de l'Arizona) ou des
lacs aux efflorescences salines. Ce sont aussi les premières grandes
palmeraies des oasis au fond des vallées (oued) telle la longue palmeraie
du Tafilalt qui s'étire sur une trentaine de km le long du Ziz en s'étendant
jusqu'à Erfoud tandis que dans le lointain apparaissent les premières
dunes.
Palmeraie du Tafilalt (Erfoud)
Erfoud,
ville coloniale aux rues orthogonales et aux maisons habillées d'un crépi
rose, "la petite Mésopotamie", ville célèbre
pour sa fête régionale des dattes, au coeur de la région
fertile du Tafilalet ou Tafilalt. Mais l'aridité se fait de plus en
plus sentir dans la région.
L'oued
Ziz conflue ici avec l'oued Rheris et en prenant le nom d'oued Daoura se dirige
vers le sud pour disparaître complètement quelques 150 km plus
loin, du côté de la frontière avec l'Algérie.
De
cette région du Tafilalt sont originaires les dynasties des Saâdiens
(XVI-XVIIe s.) et l'actuelle dynastie des Alaouites (Moulay er Rachid au
milieu du XVIIe s.).
Petit moment de repos à
l'hôtel Bellere avant de partir en excursion vespérale. Hôtel
pastiche mais néanmoins charmant avec son architecture rappelant celle
des kasbas: aspect de pisé, tours à créneaux et les bungalows
installés au fond d'un vaste parc (mais les palmiers crèvent du
fait de remontées salines) avec piscine. Les bungalows sont apparemment
habillés d'adobe (brique d'argile séchée au soleil) ou revêtus
d'un torchis.
Mais la journée n'est pas terminée. La partie
la plus intéressante va encore nécessiter une bonne centaine de
kilomètres, aller-retour dont une soixantaine sur piste dans le désert.
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L'excursion
optionnelle aux Dunes de Merzouga est finalement coûteuse quand on n'est
pas doué pour le marchandage (supplément de 380 dirhams pour le
transport en 4x4 par piste jusqu'au pied des dunes + 200 pour la promenade à
dos de dromadaire dans l'option longue). Prévue le matin dans le programme,
notre guide nous incite à la faire le soir et il avait sans doute raison
comme vous le verrez plus loin. La lumière du soir est aussi intéressante
que celle de l'aube et ça évite de se lever à 3h du matin.
Le seul risque, c'est de rencontrer davantage de touristes. Ce qui ne fut pas
le cas.
Cette série de dunes magnifiques aux couleurs ocre orange fascine
depuis des générations. La plus haute s'élève à
150 m au-dessus de la plaine désertique caillouteuse.
Cet
ensemble dunaire se nomme en fait l'erg Chebbi***, le plus intéressant
du sud marocain (mais l'erg le plus étendu est celui de Mhamid, à
une centaine de kilomètres au sud de Zagora). L'erg Chebbi* s'étend
sur 40 km de long selon une orientation nord-sud. Malgré le vent qui
balaie une petite pellicule de sable et y dessine des rides, ces dunes ne se déplacent
pratiquement pas car l'alternance de vents contraires les maintient dans une position
d'équilibre. En hiver un lac temporaire s'y forme. L'erg est le
désert de sable (donc de dunes) tandis que le désert de pierre se
nomme reg (tandis que l'hamada est un plateau formé de dalles
rocheuses).
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Départ
à 16h30: 25km de route avalés en un quart d'heure (!) puis 30 km
de piste parcourus en une demi-heure. Nous pouvons voir des traces d'érosion
laissées par un violent orage survenu l'été 2006. La nappe
d'eau était telle qu'elle a sapé les murs en pisé des maisons
qui se sont alors écroulées tandis que les bivouacs aménagés
aux abords des dunes ont été détruits.
Il est 17h15
et nous sommes à pied d'oeuvre ou plus exactement au pied de quelques dizaines
de dromadaires (de leur vrai nom local méhari au singulier et méhara
au pluriel) paisiblement couchés et que l'on vient déranger dans
leur rumination.
Les Saraouis du Sahara Occidental montent les dromadaires
tandis que les Berbères du Tafilalt les utilisent comme bêtes de
bât ou pour la viande. Dans la page suivante, je présenterai plus
en détail ces étranges créatures que d'aucuns trouvent même
disgracieuses...
En selle (sans véritable selle) pour une heure et quart de montée
sur les dunes. Pour moi c'est un baptême et je trouve que ça
n'a rien de désagréable. On s'habitue à la démarche
chaloupée et glissée des méhara. La montée finale
qui se fait à pied sur l'arrête d'une dune nous prend peut-être
10 minutes. Avec le sable qui se dérobe sous les pieds, la progression
est lente et demande beaucoup d'efforts (ça me rappelle la Dune du Pilat).
Nous arrivons au sommet un peu avant de voir le disque d'or du soleil disparaître
derrière les dunes à 18h30 et l'obscurité descendre tandis
qu'à l'opposé, à 18h45, la pleine lune surgissait de derrière
d'autres dunes. Formidables instants de sérénité et de sentiment
d'équilibre parfait.
La nuit est là, il faut retourner
à nos montures.
Comme dans un rêve de Mille et Une Nuit,
on nous propose de nous asseoir sur un tapis magique au sommet de la dune. Rien
d'étrange à cela puisque depuis le début de ce voyage, tous
les boutiquiers et mes chameliers m'affublent du nom d'Ali Baba.
Les contes des Mille et Une Nuits...
La matière originelle des contes des Mille et Une Nuits proviendrait d'Inde et remonterait au IIIe s.
Ces récits populaires, plus ou mmoins interdépendants, issus de traditions orales, se sont enrichis et déformés en passant par la Perse puis par le monde arabe jusqu'à se fixer au XIVe s.
Ils sont connus en Occident depuis le XVIIIe s. grâce à Antoine Galland (1646-1715) qui en fait une traduction plus ou moins fidèle et qui, à son tour, y incorpore d'autres récits (syriens, turcs...) qui vont devenir particulièrement célèbres, y compris dans le monde musulman.
Tel est le cas d'Ali Baba et les 40 voleurs.
En France, le cinéma a popularisé ce dernier conte par la figure comique de Fernandel dans le film de Jacques Becker (1954). Maintenant, la télévision a pris le relais avec un téléfilm produit par TF1, tourné dans le sud marocain et diffusé à l'automne 2007 (rôle principal occupé par Gérard Jugnot)...
Mais
en fait de vol, le tapis se borne à nous faire glisser "à la
ramasse" sur le flanc de la dune...
Donc revenus sur "terre", en quelque
sorte, nous enfourchons nos montures qui sont un peu plus rapides à la
descente mais aussi moins confortables. En effet, on se cambre et on a tendance
à glisser vers l'encolure car on ne sait pas monter ces animaux comme le
font les chameliers qui prennent justement appui avec leurs pieds sur l'encolure
de leur monture.
Autre moment mystique et émouvant lorsque notre chamelier
le plus âgé s'écarte quelque peu pour faire sa prière
du soir en se prosternant au creux d'une dune, face à cette pleine lune
c'est-à-dire en fait plein est, direction qui correspond pratiquement (la
direction exacte est en réalité est-sud-est) à celle de La
Mecque pour les musulmans d'Afrique du Nord...
A 19h45 nous reprenons
le 4x4 et à 20h30 nous arrivons à l'hôtel pour dîner,
sans autre cérémonie!
Dunes de Merzouga dans l'erg Chebbi
Inoubliable
fin de journée...
MAROC