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Arrivée
à CASABLANCA en fin de journée.
CASABLANCA (3,3 millions d'habitants ou 6,5 millions
selon d'autre sources ! quelle définition ? ville ou agglomération?).
"Dar
el_Beïda" en arabe et "Casa Blanca" en espagnol,
c'est-à-dire, "la ville blanche",
ville côtière bâtie dans la plaine de la Chaouïa.
Il
subsiste peu de vestiges du passé
(quelques maisons blanchies à la chaux, témoignages du XVIIIe s.,
d'où la ville tire son nom) pour
une ville rebâtie à partir du XIXe s. par les Français
après le départ des Espagnols.
En 1907, les troupes françaises
débarquèrent pour réprimer une révolte ce qui anticipait
de peu l'établissement du Protectorat sur l'ensemble du Maroc en 1912 et
Lyautey, le premier résident général, décida de moderniser
la ville et d'en faire la capitale économique du pays. C'est de là
qu'est né le quartier de la place des Nations-Unies, ancienne place de
France (au sud de la Medina) et de l'avenue Mohammed V. On y voit l'hôtel
Excelsior, l'immeuble Shell, l'ancien hôtel Lincoln...
Cette
ville légendaire et cosmopolite, la plus grande ville du Maroc, capitale
économique et financière, est le lieu de flagrants contrastes entre
misère (bidonvilles) et luxe.
De
grand projets urbanistiques continuent de voir le jour pour cette vitrine du Maroc...
mais son grand port (artificiel) va être surpassé très prochainement
par l'implantation en cours de Tanger-Méditerranée ou, plus court,
"Tanger-Méd".
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Le
sud de la ville par lequel nous arrivons est en plein développement dans
un contexte de zone "off-shore" (exemptions fiscales pour les
entreprises mais évidemment les salariés marocains qui y travaillent
paient des impôts
sur leur revenu).
Le quartier
résidentiel d'Anfa avec ses belles villas est une sorte de "Beverly
Hills" marocain: résidence du roi d'Arabie, "maison ronde"...
C'est dans ce quartier qu'eut lieu la conférence des Alliés en 1943
dans un hôtel aujourd'hui disparu.
Rapide tour de ville avec
la place Mohamed V, le parc de la ligue arabe jouxtant l'ancienne cathédrale
du Sacré-Coeur...
Puis
une
heure de marche sur le boulevard de la corniche d'Ain Diab, au-dessus des plages
où les estivants sont encore nombreux tandis que vers l'est se découpe
le haut minaret de la mosquée Hassan II que nous visiterons le lendemain.
Ces quartiers contrastent fortement avec la médina
entourée de ses remparts que notre guide déconseille de parcourir
la nuit venue alors que notre hôtel ("Oum Palace") en est pourtant
tout proche. En revanche, il est plaisant la nuit venue de déambuler sur
l'avenue Mohammed V, également tout proche de l'hôtel.
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De bon matin, avant le départ pour
la visite de la mosquée Hassan II, il est très agréable
de faire à nouveau un petit tour dans le quartier de l'avenue Mohammed V.
Beaux immeubles des années 30 et d'autres plus délabrés
(ancien hôtel Lincoln en travaux), chambre de commerce, hôtel des
postes et télécommunications, le cinéma "Le Rialto",
l'immeuble du Glaoui...
Enseignes étranges (restaurant "Peau
de Vache", hôtel "Kon Tiki")...
Et petit tour par
le marché central dont les étals commencent tout juste à
se garnir (il n'est que 6h30).
Puis c'est le clou de l'étape à Casablanca avec la Mosquée
Hassan II qui est pratiquement la seule mosquée visitable au Maroc
(sauf les Vendredi ou fêtes religieuses) pour des non Musulmans mais ce
n'est possible que moyennant paiement d'un droit d'entrée (incluant quand
même la visite guidée de 120 MAD ou 12€,).
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Cette
mosquée est la plus grande après celle de La Mecque avec
un minaret
haut de 200 m. et une capacité
d'accueil de 25000 personnes dans la grande salle (comme à Cordoue mais
l'architecture n'a rien à voir) et 80 000 sur l'immense esplanade gagnée
sur la mer (9 hectares sont utilisés pour l'ensemble comportant
la mosquée et divers édifices annexes) puisque selon un verset du Coran "le
trône de Dieu est sur la mer".
Elle fut inaugurée
en 1993
C'est l'oeuvre d'un architecte français Michel Pinseau et de l'entreprise
Bouygues. Elle a été réalisée en 5 ans avec la participation
de plus de 10 000 ouvriers et les contributions de 35 000 artisans de Fès,
Safi ou Marrakech et l'utilisation d'un maximum de matériaux du pays!
Arcs immenses, 25 portes colossales en titane et laiton, son haut plafond
en
cèdre peint (cèdre
de l'Atlas, évidemment) de plus de 1000 tonnes et malgré cela coulissant,
revêtements de marbre, d'onyx, énormes piliers de granit rose encadrant
une salle de 20 000 places, mezzanine pour 5 000 femmes avec moucharabieh en cèdre,
ébène et acajou, lustres en cristal de Murano... plancher de verre
d'où l'on voit la salle d'ablution du sous-sol...
Bref, une oeuvre
pharaonique à laquelle ont contribué diverses organisations, souvent
émanations d'états étrangers dont la France.
Un
premier niveau de sous-sol est occupé par les salles d'ablution et le second
est consacré à des hammams et bains turcs. Les murs sont revêtus
d'un enduit du genre stuc qui permet une "respiration" de la vapeur
d'eau.
Quelques mots sur le STUC.
Il n'existe pas une règle de composition unique.
A l'origine, mortier de poudre de marbre et chaux, ce dernier matériau étant parfois remplacée par du gypse (plâtre) plus facile à mouler mais moins résistant. De même, la poudre de marbre est parfois remplacée par du sable ou d'autres broyats de roches calcaires
Depuis la Renaissance, pour améliorer ses qualités plastiques ou allonger le temps de séchage, on ajoute aussi des matières organiques comme du blanc d'œuf et des laitages pour augmenter la dureté de la chaux, et de la colle (gélatine, fabriquée au XVIIIe siècle selon des techniques déjà connues des Romains) pour accroître la plasticité du mélange.
Le stuc tel qu'il est souvent réalisé au Maroc est constitué de poudre de marbre blanc, de plâtre, de blanc d'œuf, de fibres d'agave.
Le soir, du sommet du minaret le plus haut du monde avec ses 200 mètres,
un rayon laser d'une portée d'une trentaine de kilomètres pointe
en direction de La Mecque..
Un trajet autoroutier d'environ 115 km pour arriver à Rabat...
...en passant par la ville nouvelle créée
pour les employés des raffineries,
Mohammedia (10000 hab.) dont les terrasses ont une allure mexicaine tandis qu'un
plus loin va surgir une autre ville nouvelle de 250000 habitants, Tamesna...
RABAT***, ville impériale (1,7 million d'habitants ou 2 millions en incluant Salé):
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L'approche
de la capitale marocaine permet d'en découvrir des aspects contrastés.
Prétentieuses résidences, bidonvilles, notre consulat avec la statue
équestre de Lyautey qui établit notre protectorat sur le pays (photo
prise avant qu'un agent de sécurité nous prenne à partie),
tribunal d'instance... Lyautey y établit la Résidence Générale.
Il avait une conception du colonialisme visant à préserver l'identité
de la colonie (par exemple, le strict respect des lieux de culte), en jouant parfois
les Berbères contre les Arabes pour conforter la domination sur le pays.
Son attitude jugée trop complaisainte à l'égard des "indigènes"
ne plaisait pas à tout le monde en métropole, c'est pourquoi il
fut destitué en 1925. Mais son attachement à ce pays était
si fort qu'il demanda à être inhumé à Rabat. Ce qui
fut fait à sa mort en 1934 mais sa dépouille fut rapatriée
en 1961.
L'après-midi, visite de Rabat, capitale actuelle des Alaouites: Méchouar,
nécropole de Chellah, le Mausolée Mohamed V,
Tour Hassan (XIIe s. 44 m)
et la Kasbah des Oudayas...
L'histoire
de Rabat remonte à la préhistoire. Des traces de civilisation paléolithique
ont été découvertes à l'entrée sud de la ville.
Puis ce fut un ancien comptoir phénicien au XIe siècle avant J.C.
Ce quartier est devenu par la suite une véritable ville romaine sous le
nom de Salah.
Puis au XIIe siècle commença, avec l'arrivée
des musulmans Almohades, l'histoire de la ville de Rabat dans ce quartier dit
de Chellah au sud-est de la ville d'aujourd'hui. Ville
sage et tempérée, son nom "ribat", désigne
un ancien couvent fortifié au Xe s.
Il
y a huit siècles et demi que Rabat, face à sa jumelle Salé,
domine l'oued Bou Regreg et l'océan Atlantique. Plus de huit cents ans
d'histoire y ont laissé quelques très belles réalisations,
les unes réputées, les autres un peu moins connues des touristes.
Cette
ville impériale du règne des Almohades, est la capitale administrative
et politique du Royaume depuis 1912 (avec le protectorat français).
RABAT
- consulat de France et statue équestre de Lyautey
Après
avoir montré patte blanche, nous accédons au quartier du Palais
Royal, le Méchouar (nom
donné à la grande place d'un palais ou d'une kasba),
au sud de la ville. L'ensemble comporte des cabinets et bureaux de ministères
(notamment du Premier Ministre).
Nous passons un moment sur la vaste esplanade
située entre, d'un côté, le long alignement de l'enceinte
du palais percée de plusieurs portes gardées et, de l'autre côté,
face au palais, la mosquée "du vendredi", el Faeh, à
l'usage du roi, et, plus proche du centre de la ville, la grande mosquée.
En certaines occasions, le roi est visible sur l'une des terrasses dominant le
palais.
RABAT - Palais Royal, mosquée El Faeh et
Grande Mosquée (au fond)
Nous
passons au sud-est de la ville pour visiter la nécropole de Chellah**
: lieu magique amputé par le tremblement de terre de Lisbonne de 1755
et qui se dissimule derrière ses remparts et une porte imposante (XIVe s.).
Elle abrite depuis 1339 les tombes des sultans mérinides (XII-XVe s.,
dynastie au pouvoir entre celle des Almohades et celle des Saadiens) dans des
mausolée ruinés, une mosquée dont subsiste le minaret et
le bassin des ablutions (devenu le bassin des Anguilles, objet de diverses superstitions),
des tombes et tombeaux de marabouts (saints hommes) et aussi les vestiges d'une
medersa (souvent définie comme "école coranique"
mais serait plutôt une sorte de cité universitaire).
Au milieu des remparts, une porte impressionnante nous accueille. Les créneaux
ou merlons de la muraille sont ici de forme prismatique ce qui n'est pas sans
rappeler les enceintes mauresques que l'on voit en Andalousie.
Après
avoir pénétré dans l'enceinte, depuis les escaliers qui descendent
vers le site, on voit à la fois la nécropole (et surtout le minaret
garni d'un nid de cigognes), le site antique de Salah, l'autre côté
des murs, la vallée de l'Oued Bou Regreg et, sur l'autre versant, la ville
de Salé.
RABAT
- la nécropole de Chellah (porte et enceinte XIVe s.), Salé
au fond (au-delà de l'O. Bou Regreg)
Sur
la partie haute du site s'étend le site romain très ruiné
de Salah... Le site fut occupé du milieu du Ier s. av. J-C jusqu'à
la fin du IVe s. La cité antique comportait des boutiques, un arc
de triomphe, un capitole, un bassin, un forum, des thermes et sans doute une basilique.
![]() RABAT - Tour Hassan (XIIe s.) |
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Nouveau
déplacement, cette fois au nord-est de la ville.
La
Tour Hassan** est un minaret historique, symbole de la ville (il date de
1195 et est donc contemporain de ceux de Marrakech et de ...la Giralda
de Séville!).
C'est le vestige d'une ébauche d'une vaste mosquée
almohade à 16 portes, comptant près de 400 colonnes (marbre) et
piliers découpant 19 nefs et devait être l'une des plus importantes
de l'Islam.
Changement de souverain, abandon
du projet dès 1199. Le chantier abandonné servi de carrière
et le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 acheva sa ruine.
Le minaret
se présente sous forme d'une tour carrée de 44 m. de haut et
de 16 m. de côté. Par ses proportions, ce minaret aurait dû
être deux fois plus élévé.
A l'intérieur,
comme dans les deux autres minarets de cette période déjà
cités, une rampe de 2 mètres de large, en pente douce permettait
de la gravir avec des montures, chevaux, mulets et ânes, pour les besoins
de la construction, selon les uns, ou pour faciliter la vie du muezzin
(avant l'avènement de l'électronique, fidèle choisi pour
la puissance et la "beauté" de sa voix et chargé de lancer
les appels (adhan) à la prière 5 fois par jour) , selon les autres (!)...
Symboliquement, Mohammed V de retour de son exil, en 1956, lors de l'indépendance,
dirigea d'ici la prière du vendredi.
Tout aussi
symboliquement, c'est tout près de là que fut édifié
le mausolée Mohammed V*, en hommage au père de l'indépendance.
Achevé en 1971, c'est une débauche de l'art traditionnel marocain
recouvrant une armature en béton, l'ensemble étant dû à
un architecte d'origine vietnamienne: stucs, mosaïques formées de
fins zelliges, bois peints, bronzes sculptés, coupole en cèdre selon
les uns, en acajou selon les autres (!) et vitraux de Saint-Gobain, lustre en
bronze doré de 1,5 tonne, toits en tuiles vertes (couleur de l'Islam)...
Des gardes royaux en burnous blanc et rouge se tiennent devant la porte monumentale.
A l'intérieur, d'une galerie qui court sur le pourtour de l'édifice,
on domine le niveau inférieur au centre duquel se trouve le sarcophage
en onyx blanc du Pakistan, aux angles se trouvent aussi le tombeaux de ses deux
fils (dont celle d'Hassan II, père du souverain actuel).
Changement de quartier. Sur les rives de l'Oued Bou
Regreg des investisseurs des Emirats construisent un grand complexe touristique,
face à Salé tandis que la vue s'ouvre en direction du nord de la
ville, vers la kasba des Oudaïas (avec la tour des pirates et le minaret
de la mosquée el Atiqa).
La kasba se situe en dehors de la médina
(le vrai coeur de la ville dont l'origine doit beaucoup aux moriscos, les
musulmans chassés d'Andalousie par les rois chrétiens au début
du XVIIe s.), à l'embouchure même de l'oued.
RABAT - projets touristiques, vue sur Salé
et sur la kasba des Oudaïas
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Visite de
la kasbah des Oudaïas**...
Le nom des Oudaïas associé
à celui de cette kasba est tardif. Il découle du fait que la tribu
arabe qui s'était installée à Fès et qui était
souvent en conflit avec le sultan fut dispersée en divers points du royaume.
Les Oudaïas de Rabat eurent la reconnaissance du sultan Moulay Ismaïl,
fondateur de l'actuelle dynastie Allouite au XVIIe s. et il leur accorda
certains privilèges...
L'enceinte de la kasba, haute de 10 m.
remonte aux Almohades. Renforcée au XVIIe s., elle est en cours de rénovation.
La porte monumentale Bab Oudaïa, bâtie par les Almohades au XIIe s.
pour compléter les fortifications, est originale avec son entrée
en chicane ce qui fait penser à un rôle défensif (pour empêcher
l'utilisaton de béliers) très étudié semble plutôt
décorative.
Derrière cette porte se cachent des petites maisons
blanches et bleues qui rappellent immanquablement les Cyclades ou ...l'Andalousie.
Un musée des Oudaïas, avec sa tour carrée, est installé
dans un ancien palais de Moulay Ismaïl à l'extrémité
du Jardin Andalou (créé en 1915 dans un esprit mauresque).
Etape rafraîchissante au Café Maure qui domine l'oued et fait face
à Salé. Puis promenade dans les ruelles pentues (rue Bazzo...) de
la kasba pour sortir par la Grande Porte des Oudaïas.
En sortant de la médina par le boulevard Mohammed V, coup d'oeil sur la Muraille des Andalous puis on rejoint la ville moderne qui vaut surtout par un ensemble harmonieux d'architecture des années 1930 : poste centrale, chambre des députés, gare ferroviaire et mosquée Sunna.
RABAT
- Muraille des Andalous de la médina, et ville moderne...
Malheureusement pour finir la soirée, notre hôtel ("Oumlil")
se situe à l'écart du centre ville et offre peu de charme.
MAROC