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Départ de Piazza Armerina à 8h15. La traversée de la ville n'est guère aisée pour un bus...
Sur le trajet de
25 km, nous séparant de Caltagirone, nous passons près de San
Michele di Ganzaria (terme d'origine arabe désignant le sanglier).
C'est une "colonie" d'émigrés albanais de culte grec orthodoxe
qui s'étaient exilés ici lors de la conquête ottomane de leur
pays au XVe s.
Beaux aperçus matinaux sur l'Etna.
CALTAGIRONE
(40 000 habitants)
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On sait très peu de la période grecque et romaine et il faut attendre larrivée des Arabes pour voir paraître dans lhistoire la forteresse de Calat Ghiran ou Kalat-al-Giarun qui peuvent se traduire par "Colline des Vases" ou par "Citadelle de la Poterie".
La cité fut conquise par le byzantin Maniace et ensuite par les Normands
en 1090 sous lesquels la ville connut une période de développement
grâce à lindustrie de la céramique. Le tremblement de
terre de 1693 interrompit ce développement car une grande partie de la
ville fut rasée. La reconstruction de Caltagirone, faite au siècle
suivant, donna à la ville laspect baroque actuel.
Ce site du baroque tardif de la vallée de Noto (avec Catane et d'autres lieu du
sud-est de la Sicile) a été classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco
en 2002.
Nous aurons une heure et demie à consacrer à la visite de la ville.
Depuis
un parking au sud de la ville, nous accédons au centre par le Ponte
San Francesco aux balustrades habillées de céramique puis par
la Via Roma passant près de l'église Ste Agathe pour
arriver sur la Piazza Municipio, bordée par l'église du Collège
des Jésuites (Collegio deo Gesuiti), par l'Hôtel de ville
(Municipio), par la Galerie Luigi Sturzo (ex-Palazzo Senatorio)
et par le fameux escalier de Sainte Marie du Mont (Santa Maria del Monte).
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L'escalier,
monument emblématique avec ses 140 contremarches qui ont été
plaquées de "majoliques" dans les années 1950.
La faïence italienne de la Renaissance est ainsi appelée car sa production
aurait été stimulée par l'importation de céramiques
espagnoles venant de Malaga en Espagne ou, autre hypothèse, transitant
par l'île de Majorque, qui seraient l'une ou l'autre à l'origine
du mot maiolica ou maiolique.
Utilisant
les couleurs bleues, jaunes et vertes, elles épousent des styles néo-médiévaux
ou plus folkloriques comme celui de la charrette sicilienne.
Pour accentuer
l'effet décoratif, les marches sont garnies de pots de fleurs.
Tout
en haut, la petite place devant l'église est décorée par
un grand tableau de céramique évoquant la victoire de Roger Ier
sur les Arabes.
Petit coup d'oeil dans l'église Sainte
Marie du Mont, dans les ruelles
adjacentes à l'escalier afin de varier la descente: façade massive
de l'église du St Sauveur (San Salvatore) reconstruite après
le séisme de 1693, boutiques et ateliers de céramique proposant
plats et assiettes et aussi les fameuses têtes "trépanées" servant de pots
de fleurs...
De retour sur la Place de l'Hôtel de Ville, autre petit coup d'oeil dans la Galerie Luigi Sturzo qui fait fonction de Syndicat d'Initiative tandis qu'à son ombre de vieux Siciliens se livrent à des palabres. Egalement coup d'oeil dans un vaste magasin présentant tous les types de productions de céramiques de la ville tandis qu'une exposition (pas ouverte à cette heure-ci) présente à l'étage les fameux pupi du théâtre de marionnettes sicilien.
Le touriste qui s'attarde ici, pourrait encore consacrer du temps à la visite d'une trentaine d'églises et d'autant de monuments civils (anciens palais, fontaines...).
Ayant repris le bus, nous traversons la partie est de la ville, en empruntant la Via Roma dans l'autre sens, passant près d'un place où l'on commémore la lutte contre le racisme en évoquant la boîte de Pandore, puis nous passons près de l'église St François d'Assise (San Francesco d'Assisi) et du Tondo Vecchio ("l'ancien cercle"), sorte de scène en plein air.
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Notre
route vers l'ouest se poursuit pour une centaine de kilomètres avec toujours
des vues sur l'Etna. L'arrivée sur Syracuse est moins bucolique car on
traverse des zones industrielles dédiées au raffinage du pétrole
issu des gisements de Géla et de Raguse.
En Italie, le
salaire minimum est fixé à 900€uros par mois alors que la moyenne
est de 1200€uros.
Pour
bénéficier de la pleine retraite, il faut 40 annuités et
l'âge pour y prétendre est fixé à 55 ans pour les femmes
et à 60 ans pour les hommes..
Nous déjeunons
dans un cadre magnifique d'une ancienne villa, donnant sur la baie de Syracuse,
la ville s'étendant face à nous, sur le rivage nord. Au menu, deux
fines tranches de boeuf et une purée au citron!
Dans le parc, on peut
voir caroubiers et câpriers (en fleur).
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Cité grecque dont le nom signifie "marécage", fondée en 734 av. J.-C. par des colons de Corinthe, Syracuse gagna en puissance au point de menacer Athènes. C'est l'unique cité d'origine dorienne en Sicile. Rivalisant avec les grandes cités grecques de l'Antiquité, sa population put s'élever jusqu'à 300 000 habitants. Elle se divisait en cinq quartiers, ce qui fait que la ville était appelée aussi Pentapolis.
Elle
connut son apogée économique et culturelle sous la poigne de fer
du tyran Denys, attirant à elle des penseurs comme Platon avant de tomber
sous la domination romaine au début du IIIe siècle avant J.-C. C'est
la ville natale du mathématicien
Archimède. Elle fut convertie au christianisme par Saint Paul lui-même
qui était toujours en étroite relation avec la communauté
chrétienne de Corinthe.
La patronne de la ville est Sainte Lucie (ou
sainte Luce) : au début du IVe siècle les Romains la firent brûler
vive. La légende raconte qu'elle ne mourut pas et qu'il fallut la transpercer
avec un glaive. La ville fut plusieurs fois détruite par les tremblements
de terre de 1542 et 1693.
La ville se Syracuse (ainsi que la nécropole de Pantalica) est classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 2002.
(cf.
CI n°1015 du 15-21 avril 2010
Orignes de la mafia comme défense identitaire La mafia est originaire d'Italie du Sud (Mezzogiorno), où ce type d'organisation a été identifié et caractérisé en tant que tel en premier, dès le XIXe siècle (bien que des organisations du même type aient pu exister à d'autres endroits et en d'autres temps). La véritable origine de ces organisations est la résistance à l'occupant étranger. Il ne faut pas oublier que depuis la conquête de la Sicile par les Normands (qui ont eux-mêmes chassé les Arabes au XIe siècle), la Sicile a été gouvernée par des rois étrangers. Ainsi,
la Mafia remonte très loin dans le temps, au moment de la conquête
normande, lorsque se met en place une société féodale, avec
son cortège d'injustices contre le peuple. Face à cette oppression,
un mouvement clandestin s'organise avec des leaders reconnus pour leur force et
leur dévouement : la mûafât. Un terme arabe venant de
mû (courage) et de afât (protéger), transformé
ensuite par l'usage en Mafia. Ces occupants étrangers ont toujours été mal acceptés par les populations locales sur lesquelles ils faisaient porter un véritable joug. Le summum de l'injustice a été atteint à l'époque des bourbons d'Espagne qui sont ceux qui, pour l'histoire, ont unifié le royaume de Naples et le royaume de Sicile pour faire le royaume des Deux-Siciles. Les Bourbons, propriétaires des terres, se conduisaient comme de véritables colons exploiteurs et maintenaient une forte pression sur la population locale, fermiers, ouvriers agricoles... Les
récalcitrants étaient sévèrement punis et l'esprit
maffieux est né dans ce climat d'exploitant-exploité. Son évolution en organisation criminelle Ces organisations ont perduré après que le nouvel état italien a pris la place des gouvernements étrangers pour instituer la loi d'un royaume unifié et nouvellement créé (1861). C'est à ce moment-là qu'elles sont devenues publiques en même temps qu'elles sont devenues criminelles. A
cours du XXe s. la protection des personnes se transforme en racket, et les
actes de vengeance légitime ou d'autodéfense deviennent de vulgaires
actes de banditisme ordinaire et des règlements de compte sordides entre
clans rivaux. Le
racket désigné sous le nom de pizzo est la première
source de revenus mafieux. En
1982, assassinat à Palerme du général des carabiniers, Carlo
Alberto Dalla Chiesa. Plusieurs
organisations mafieuses sont recensées en Italie méridionale :
La mafia défraye souvent la chronique par ses pratiques criminelles racket
et surtout assassinants. Pourtant à y regarder de plus près, il
faudrait peut-être balayer devant notre porte. En effet, en Corse, pour
l'ensemble de l'année 2009, il y aura eu 17 assassinats pour 300 000
habitants soit un taux de 6 °/°° habitants alors que la Sicile
en aura eu "seulement" 19 pour 5 millions d'habitants soit 0,4 °/°°,
c'est-à-dire 15 fois moins en proportion! Toutefois
ces dernières années, une partie des Siciliens ne supporte plus
le poids de "l'honorable société" et la brigade anti-mafia,
la squadra catturandi (de cattura qui siginifie capture,
mandat d'arrêt) est soutenue par la poplation et remporte des succès
dans la lutte... |
Nous arrivons au bout de notre périple après avoir visité des hauts-lieux mafieux comme la capitale Palerme ou en passant près des villes d'anthologie comme Corleone, sans avoir entendu prononcer le mot mafia!!!
Incroyable ! mais il faut pas que ça nous gâche nos dernière visites. Après tout, nous somme venus pour cela et pas pour la mafia.
De même, pas un mot au sujet du controversé Berlusconi et de ses frasques, et, pour être clair, pas un seul mot sur la politique italienne ou sicilienne.
Nous allons visiter la zone archéologique de Neapolis, la nouvelle ville, sous la conduite du guide local, Alberto. Personnage intéressant, non seulement par ses explications mais par son allure. Vieux beau, intellectuel dandy, artiste, mafieux sur le retour ou rangé des affaire... ? On l'aurait bien imaginé deans la distribution de vieux classiques du genre "Le Parrain", "Borsalino" ou "Le clan des Siciliens"... Son chapeau de soleil, blanc, de style "Borsalino" version estivale, ajoute encore à l'impression.
le borsalino...
C'est une marque et un type de chapeau de luxe en feutre mou fait à partir de poils de lapin ou de lièvre dont l'origine remonte au milieu du XIXe s. Donc ce n'est pas ce que les touristes achètent sur le bord des rues, chapeaux blancs sans doute en fibres (artificielles?) purement chinoises et qui ressemblent plutôt au chapeau "panama" d'Amérique Latine...
Le
clocher moderne de l'église de la Madolina (Santa Madolina della Lacrime)
est comme un phare signalant le site. Cet édifice est l'oeuvre des architectes
français Michel Andrault et Pierre Parat, connus largement dans le logement
social en France, qui remportèrent en 1957 le concours international organisé
pour la construction de cette basilique.
Nous
commençons par l'amphithéâtre romain elliptique, de
vastes dimensions (20 000 spectateurs y tenaient). Il remonte au IIIe siècle.
Très dégradé car il servit de carrière, c'est la partie
inférieure, directement creusée dans la roche qui subsiste.
Nous
passons ensuite dans une partie qui fut réutilisée à l'époque
chrétienne (sarcophages).
Puis nous arrivons à l'autel des sacrifices de Hiéron II (IIIe s. av. J-C), de taille imposante (140 m x 119 m), il servait aux sacrifices publics d'animaux, jusqu'à 450 taureaux à la fois. Leur sang s'écoulait par des orifices pour satisfaire les divinités de la terre tandis que la fumée dégagée par leurs entrailles consumées allaient aux divinités du ciel alors que la chair rôtie des animaux était partagée avec le peuple assemblé. Le monument est dégradé car il servit de carrière pour construire les "fortifications espagnoles " de la ville.
Nous
poursuivons par la Latomie du Paradis qui est une ancienne carrière
de calcaire criblée de tunnels où les Grecs faisaient travailler
leurs prisonniers. De plaisants jardins plantés de magnolias et d'agrumes
recouvrent le site. On peut aussi y voir les oiseaux se régalant de mûres
pourtant encore vertes, non pas les fruits des ronces mais ceux de l'arbre dont
le feuillage est utilisé dans l'élevage des vers à soie.
A
cet endroit s'ouvre l'oreille de Denys, une grotte de 23 m de hauteur et
de 65 m de profondeur dotée d'un écho extraordinaire. Sa forme particulière
a été sculptée par des rivières souterraines. Le grand
peintre italien Le Caravage la baptisa ainsi à cause de sa forme et d'une
croyance erronée affirmant que le tyran de Syracuse mettait à profit
son exceptionnelle acoustique pour espionner les conversations de ceux qu'il enfermait.
Enfin,
nous arrivons au théâtre grec (Ve siècle av. J.-C.),
taillé en partie dans la roche, pouvait accueillir 16 000 spectateurs.
Des gradins aujourd'hui disparus qui étaient aménagés dans
la superstructure, au niveau des portiques, accueillaient les femmes et la plèbe.
C'était le plus grand de Sicile (il était plus grand que celui d'Epidaure,
en Grèce).
C'est également un monument très dégradé
bien que toujours utilisé dans sa partie inférieure dans le cadre
de festivals de musique et d'opéra. Les gradins abîmés ou
disparus sont remplacés par des gradins en bois.
Court trajet en bus, pour gagner le centre-ville.
Nous allons nous rendre dans l'Ile d' Ortygie ("île aux cailles", oiseau associé à Artémis, déesse grecque de le chasse, devenue Diane chez les Romains).
L'île ou plutôt la presqu'île d'Ortygie forme le cur physique et spirituel de Syracuse, avec la prédominance de constructions médiévales ponctuées de quelques palais et églises baroques.
Nous passons près des vestiges du Temple d'Apollon. Construit vers -565, c'est le temple dorique le plus ancien de Sicile mais aujourd'hui, il n'en reste que des ruines. après qu'il eut servi à tous les cultes (mosquée) avant de finir en caserne espagnole.
La
cathédrale (Duomo) du VIIe siècle englobe dans sa structure
les colonnes d'un temple grec dédié à Athéna que le
tyran Gélon avait financé ave cle butin tiré de la victoire
d'Himère en 480 av. J-C.
L'espace entre les colonnes extérieures
du péristyle a été comblé par un mur afin de manager
des bas-côtés tandis qu'au contraire, le mur du naos a été
évidé afin de créer des colonnes intérieures entourant
la nef centrale!
Endommagée par plusieurs tremblements de terre, elle
présente une architecture composite. Les tours attestent de son utilisation
comme mosquée pendant la période arabe. Au XVIIIes., une imposante
façade néoclassique a été plaquée sur la partie
de l'édifice donnant sur la place.
La piazza del Duomo,
sur l'emplacement de l'ancienne acropole, est bordée de palais baroques
patriciens.
Le palazzo Beneventano del Bosco (XVIIIe s.) fait face
au palazzo Vermexio (XVIIe s.). Ce denier est le siège de l'hôtel
de ville, après avoir été le siège du Sénat.
En
descendant la place, on passe devant l'archevêché avant d'arriver
à l'église Santa Lucia alla Badia consacrée à
sainte Lucie, patronne de la ville martyrisée sous l'empereur romain Dioclétien.
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Non loin de là, nous arrivons en bord de mer, à la fontaine d'Aréthuse, une source naturelle qui jaillit à quelques mètres de la mer. Suivant la légende, la nymphe Aréthuse, poursuivie par le fleuve Alphée, aurait été changée en source par Artémis.
A VOIR A SYRACUSE ET DANS LES ENVIRONS
Un
séjour plus long permettrait de visiter les
catacombes de Saint-Jean. Cette nécropole chrétienne souterraine
s'organise autour du tombeau de saint Marcien, premier évêque de
la ville, martyrisé au IIIe siècle.
En passant par Avola,
pays de production des fameuses amandes pour dragées, on peut aussi se
rendre à Noto, à 33 km au sud de la ville. Rayé de la
carte par un tremblement de terre en 1693, ce village fut entièrement reconstruit
en style baroque.
Plus loin, Raguse permet d'admirer les églises baroques reconstruites après le séisme du XVIIIe s.
Pour découvrir complètement la Sicile, il faudrait ajouter une semaine en formule organisée.
Quant à sa découverte en individuel, elle nécessiterait bien trois semaines...
Après
cette dernière visite, nous remontons vers Acireale pour passer notre dernière
nuit sicilienne.
De notre hôtel, nous pouvons jeter un dernier regard
vers l'Etna.
Le lendemain, vol de jour pour Nantes qui passe nettement plus à l'est
qu'à l'aller (cette fois pas d'escale à Toulouse) et permettant
donc d'admirer le Capo Peloro sur le Détroit de Messine, le Stromboli,
Monaco et la côte italienne jusqu'à Vintimille et San Remo.
Puis
ce sont les Alpes (les sommets du Massif de l'Oisans sont encore couverts de neige).
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