| ||||
| ||||
| ||||
CEFALU =>
PALERME => MONREALE
Après avoir approché le volcanisme, pendant une journée et demie, nous allons
visiter des chefs-d'oeuvre de l'art normand en Sicile.
La période
nommée ici Sicile normande, bien que courte (XIe-XIIe s.) a
profondément marqué l'île, en mettant fin aux périodes
byzantine (Ve-VIIe s.) puis arabe (IXe-Xe s). Puis elle fit place à
une longue période (XIIIe-XIXe s.) de tiraillements entre les principales
puissances européennes...
Nous quittons Lipari à 8H, toujours sur l'Eolian Queen, pour une traversée d'une heure qui nous ramène à Milazzo.
Après avoir repris le bus pour
longer la côte nord en direction de Palerme. Nous sommes sur les contreforts
des montagnes, notamment des Madonie, ce qui explique les 20 ans qui ont été
nécessaire pour créer cette autoroute de 200 km achevée
en 2006. Le grand nombre de tunnels et de viaducs témoigne de ces difficultés.
Court
arrêt au pied de la montagne surmontée par la basilique de la Santa
Madonna Nera di Oliveri au Cap Tindari.
Puis c'est le Capo d'Orlando,
San Stefano di Camastra (ville de la céramique rouge et noire) puis
Castel di Tusa avec sa tour.
| ||||
CEFALU
Temps
de visite consacré à CEFALÙ, en particulier à
sa superbe cathédrale normande.
Cette ville côtière
de 14 000 habitants est blottie au pied d'une haute falaise. Son nom viendrait
du grec kephalé qui signifie, tête ou chef (plutôt que
de kepha mot araméen qui signifie pierre ou rocher, nom donné
à l'apôtre Pierre par Jésus).
La ville fut prise aux sarrazins
par Roger Ier en 1063, elle fut reconstruite par Roger II.
Les
Normands ont investi ce pays avec la bénédiction de Rome (opposé
à l'Empire Byzantin lequel ne disparaîtra qu'au XVe s.) Pourtant
ici comme on le verra aussi à Palerme, l'influence byzantine est visible
dans l'expression artistique (art de la mosaïque, représentations
iconographiques). En revanche, si les conquérants normands ont pu (heureusement)
s'accomoder de vestiges de l'Antiquité (on le verra avec la cathédrale
de Syracuse), les témoignages pourtant récents de la présence
musulmane ont été effacés (sauf quelques réemplois).
La cathédrale (90m x 40m) serait le résultat
du voeu fait par le roi normand Roger II qui fut sauvé d'un naufrage
sur cette côte. Sa construction qui dura un siècle, débuta
en 1131. La façade fut élevée en 1240. Les poutres conservent
quelques traces des peintures du XIIIe s.
| ||||
Avec la cathédrale de Monreale décrite plus bas (nous découvrirons demain) et la chapelle palatine de Palerme, c'est un chef-d'oeuvre de l'art arabo-normand. Ses mosaïques en pâte de verre coloré ou sur fond d'or sont magnifiques. C'est un parfait exemple d'architecture religieuse syncrétique de style normanno-arabo-byzantin, fusionnant l'art d'artistes et d'artisans de cultures différentes: plan en croix latine, coupole byzantine et plafond de bois à alvéoles (ou caissons) et stalactites et peints à tempera selon une ancienne technique arabe (Roger II fit appel à des artistes de l'école de Samara, en Irak).
MOSAÏQUES
La
mosaïque est un art décoratif où l'on utilise des fragments
de pierre, d'émail, de verre ou encore de céramique, assemblés
à l'aide de mastic ou d'enduit, pour former des motifs ou des figures.
Quel que soit le matériau utilisé, ces fragments sont appelés
des tesselles.
La
mosaïque antique, romaine, était faite de pierre et de marbre (après-demain,
on en verra un superbe exemple à la Villa
du Casale). Par la suite, la mosaïque byzantine dont nous avons de beaux
exemples ici (cet
après-midi nous allons en
avoir d'autres à Palerme et demain à la cathédrale de Monreale),
puis vénitienne utilise des émaux et pâtes de verre (y compris
recouverte d'or). Enfin, la mosaïque arabe a subi l'influence antique et
byzantine (mosaïque à fond d'or), on y rencontre une mosaïque
de céramique assez spécifique à l'art timuride.
On
est frappé par le visage gracieux du Christ Pantocrator, qui en
fait serait le portrait de Roger II.
En dessous, on peut voir une mosaïque
de la Vierge entourée d'archanges.
LE
CHRIST PANTOCRATOR
Ce type de représentation du Christ Tout-Puissant
(il est l'α et l'ω), Christ de Gloire, au moment du
Jugement Dernier remonte au VIe s. (Ste Catherine dans le Sinaï)
a été diffusé par l'art byzantin, notamment dans les icônes.
Il tient souvent un livre de la main gauche et esquisse de la main droite un geste
de bénédiction, deux doigts tendus symbolisant sa double nature,
humaine et divine, et les trois autres joints figurant la Trinité.
Nous prolongeons la visite par une petite balade dans cette ville pittoresque où des éléments d'architecture se révèlent intéressants.
A VOIR DANS LE SECTEUR DE CEFALU
Arrière-pays
de Cefalù (Montagnes des Madonies, vergers et oliveraies)
Matrice
Vecchia, église de 1350
Village
médiéval de Geraci Siculo, à 1000 m d'altitude,
au coeur du Parc des Madonie
Castelbuono:
château médiéval de Ventimiglia avec
la Chapelle Palatine contenant des reliques de Ste Anne.
Nous reprenons la route afin de parcourir
les 70 km qui nous séparent de Palerme.
Arrivée
à PALERME (750 000 habitants ou un million ?).
La ville
fut fondée par les Phéniciens de Carthage.
Cette ville, qui
compta parmi les plus florissantes du monde méditerranéen sous la
férule des Arabes puis des Normands, se trouve aujourd'hui dans un état
de décrépitude avancée. Lourdement bombardée pendant
la Deuxième Guerre mondiale, elle souffre depuis de l'incurie des édiles.
Au milieu de cette atmosphère chaotique, qui n'est d'ailleurs pas dépourvue
de charme, Palerme dissimule pourtant d'authentiques joyaux hérités
du temps de sa splendeur.
La capitale de la Sicile a bien grandi depuis
son époque espagnole, au XVe s., où elle comptait 30 000
habitants.
La ville est dominée par les 606 m du Monte Pellegrino
(qui signifie "pèlerin") où se trouve le sanctuaire de
Santa Rosalia (fêtée le 15 juillet), sainte patronne de Palerme
qui s'y retira au XIIe s. à l'âge de 14 ans. En 1624, lors d'une
grande épidémie de peste, ses reliques retrouvées dans la
"montagne" furent ramenées en grande procession à Palerme.
Un miracle eu lieu alors car l'épidémie cessa.
Le
nom de Rosalia (Rosalie en français) est une déformation
du latin rosaria, "le jardin des roses", prénom de notre
guide de circuit.
Les faubourgs de la ville comportent des immeubles modernes aux balcons passablement dégradés (a-t-on respecté les dosage du béton et le ferraillage?)...
Déjeuner dans le cadre agréable de la Villa Corvaia (ex-Villa
Scovazzo) de l'hôtel Casa dei Colli où nous serons hébergés.
L'hôtel et son parc sont situés au nord de la ville, dans
le Parc de la Favorite avec le palais chinois (Pallazina cinese),
construit en 1799 pour le roi des Deux Siciles, Ferdinand III de Bourbon et la
reine Marie-Caroline. Une bonne partie de ce parc est aujourd'hui utilisée
par des grandes infrastructures sportives et les environs sont occupés
par de grands immeubles modernes sans charme et déjà dégradés...
Par 28°, notre bus emprunte un axe rectiligne formé des artères
Croce Rossa, la très longue Via della Liberta (plus de 4 km), les
artères plus étroites Ruggero Settimo et Marqueda.
Nous voyons
les extérieurs du Théâtre Massimo (1897).
Guidés
par Juliana, nous poursuivons à pied jusqu'à la Piazza
Pretoria, le coeur de la cité. Face à l'Hôtel de Ville
(Municipio) et à l'église San Giuseppe dei Teatini,
se dresse la fameuse fontaine dite "Fontaine de la Honte", initialement
destinée à Florence, réalisée en 1555 et installée
ici en 1575.
C'est l'un des rares exemples d'art Renaissance en Sicile. Sculptures
de divinités païennes, nymphes et allégories mythologiques
érotisantes en marbre blanc et stuc pouvaient convenir aux libertins Toscans
mais fut mal vu chez les prudes Palermitains. Non loin nous passons près
du couvent de Ste Catherine (XVIe s.) et l'on dit que l'émasculation
de certains statues fut jadis l'oeuvre des religieuses lors d'une expédition
nocturne...
| ||||
Une centaine de mètres plus loin, nous arrivons face à deux églises anciennes à l'aspect inhabituel. Elles sont de style arabo-normand (XIIe s.).
| ||||
| ||||
Quant
à la Martorana ou Santa Maria dell'Ammiraglio (Ste Marie
de l'Amiral), elle fut érigée en 1143 avec son clocher de style
gothique. C'est là que les nobles siciliens révoltés se réunirent
en 1282 après les "Vêpres Sanglantes" en vue d'offrir la
couronne à Pierre d'Aragon.
Elle conserve de beaux pavements polychromes
en marbre et surtout de superbes mosaïques byzantines recouvrant intégralement
les murs: Christ Pantocrator, Evangélistes, Couronnement de Roger II
par le Christ (!)...
Beaucoup d'artistes et artisans musulmans y travaillèrent,
on réemploya également des colonnes de mosquées (des sourates
calligraphiées subsistent)...
Revenant sur nos pas, nous arrivons au carrefour entre la Via Marqueda et la Via Vittorio Emmanuelle, le carrefour des Quatre Saisons, Quattro Canti (réalisé entre 1609 et 1620). Au XVIIe siècle, la ville baroque était ainsi divisée en quatre grands quartiers. Quatre maisons baroques ornées de fontaines, de statues représentant les saisons et surmontées de blasons agrémentent ce carrefour.
Nous
reprenons le bus pour une visite extérieure de la Cathédrale
normande Notre-Dame-de-lAssomption, Madonna Assunta (construction
initiale entre 1169 et 1190).
Elle présente un conglomérat de
styles, en fonction des apports de chaque envahisseur. Construite par un archevêque
anglais sur lemplacement dune ancienne église reconvertie en
mosquée par les Arabes, un architecte italien lui ajouta un dôme
en 1801.
| ||||
L'Ordre des Bénédictins fut établi en 817 selon la règle écrite par St Benoît dès le VIes. Outre l'aspect spirituel, elle repose sur le travail manuel et la pauvreté. L'Ordre Cistercien fonde labbaye de Cîteaux en 1098 et applique la règle de St Benoît... En 1210 et 1215, apparaissent deux ordres mendiants, celui des Franciscains et celui des Dominicains. Pour pratiquer une vie de pauvreté et de prédication, ils s'installent dans les villes. "Nos" Frères mineurs capucins institués en 1517 forment l'une des trois branches masculines du premier Ordre franciscain. Ils sont ainsi nommés à cause du capuce ou capuchon dont ils se couvrent la tête. Le retour authentique aux sources (pratique intransigeante de pauvreté absolue selon l'exemple de François d'Assise lui-même) est la principale motivation dans la réforme capucine. La Compagnie de Jésus, plus connue par le terme Jésuites, fut créée en 1540 avec un objectif missionnaire. C'est
à cette même époque qu'apparurent les premières congrégations
féminines: Ursulines ensignantes, Carmélites contemplatives (cloîtées)... |
Nous repartons
pour quelques kilomètres jusqu'au Couvent des Capucins, Convento
dei Cappuccini, pour la sinistre visite (photos interdites) des catacombes
constituées de galeries souterraines aux murs desquelles sont accrochées
(oui! pas allongés) 8 000 corps momifiés dans leurs habits.
Par manque de place dans leur cimetière, les frères capucins commencèrent
à recourir à ce procédé au tout début du XVIIe s.
La majorité des momies datent du XIXIe s., époque où
il était chic de "survivre" ainsi pour l'aristocratie sicilienne.
En
fait les corps sont dans l'ensemble plutôt mal conservés. On a là
plutôt une exposition de squelettes. Ici, la ségrégation sociale
existe même après la mort puisque l'on a des "quartiers"
réservés aux moines, aux prélats, aux militaires...
Ces
cadavres étaient dès lorigine destinés à être
vus et visités par leurs proches. Elles servaient à édifier
les vivant sur la vanité du monde matériel. Après la fermeture
en 1880, la dernière momification fut réalisée en 1920 sur
une petite fille, petite Rosalia Lombardo, par Alfredo Salafia. Parfaitement conservée,
la couleur de la peau vire cependant au marron (impact des visites ?).
Lieu
touristique? Bof!
Dommage qu'il n'y avait pas une option telle que la visite
du Palais des Normands et de la Chapelle Palatine!
| ||||
Près
de là, nous apercevrons le Palais des Normands (XIe-XIIe s.) et, au
premier étage de l'austère et imposant palais, la chapelle Palatine
(1130-1140) qui incarne à merveille la richesse du style arabo-normand
avec ses superbes mosaïques byzantines et son plafond à stalactites.
Il fut édifié à l'emplacement de forts antiques grecs
et romains, puis du château des Emirs arabes. Depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, le palais abrite l'Assemblée Régionale Sicilienne.
Hélas,
nous n'aurons pas le loisir de visiter ces superbes monuments.
Nous passons près du Palais de Justice, Palazzo di Giustizia (1938-57) des architectes Gaetano et Ernesto Rapisardi, bel exemple d'architecture mussolinienne...
Nous
tombons dans d'inextricables embouteillages, pourtant les Palermitains ont de
petites voitures (Fiat évidemment mais aussi beaucoup de Smart encore plus
petites!) et il existe une ligne de métro périphérique (1,20€
le ticket pour une heure et demie de validité). La circulation est rendue
difficile par l'insuffisance chronique de parkings. Dans ces conditions de circulation
et de stationnement difficile, ajoutées au climat du pays, on comprend
le succès des deux roues à moteur. Le port du casque n'est pas du
tout une nouveauté en Italie, puisque l'obligation date de 1987 pour les
deux roues motorisés de plus de 50 cc. La seule nouveauté de la
loi du 31 mars 2000 a été l'extension de cette obligation à
tous les deux roues motorisés. Mais ici, beaucoup d'usagers n'en ont cure...
Bref,
revenons à notre problème du moment, il va falloir modifier le déroulement
de notre programme. Au lieu de nous rendre à Monreale, nous allons visiter
le marché qui était prévu (plus judicieusement) pour le lendemain
matin...
Ainsi,
nous arrivons à l'entrée
du marché, Mercato del Capo, pittoresque bien que nous arrivions
en fin d'après-midi. C'est l'un des quatre marchés de la ville (les
autres sont Vucciria, Ballarò, Borgo Vecchio).
Escargots, agrumes
en tous genres, courgettes en bâton à crosse, légumes secs:
pois chiches, fèves, haricots, lentilles, lupin, riz... assortiments d'épices
(aux noms évocateurs: Etna, Mafioso...) destinées à
relever les plats de pasta, concentré de tomate (pomodoro) dans des sachets
transparents et inévitables pâtes en tous genre.
La nuit approche et nous rentrons dîner à la Villa Corvaia
(ex-Villa Scovazzo) de l'hôtel Casa dei Colli.
Au menu pâtes
aux fruits de mer, crevettes frites, filet de poisson roulé et farci...
A VOIR AUSSI A PALERME OU DANS SES ENVIRONS
Outre le Palais des Normands et la fabuleuse Chapelle Palatine
St
Jean-des-Ermites (1132), surmontée de cinq dômes de couleur rose
et agrémentée d'un ravissant jardin jouxtant les ruines d'un cloître
Marché
de la Vucciria
Ancien Corso Vittorio Emanuele
Théâtre Politeama Garibaldi
Mondello:
ancien village de pêcheurs aujourd'hui plage des Palermitains (au nord de
la ville), à l'ombre du mont Pellegrino
Nous quittons Palerme à 8H
car nous n'avons que quelques kilomètres à parcourir pour atteindre
MONREALE** (sans "T"), annexe résidentielle
de Palerme au pied du Monte Caputo, ville qui compte aujourd'hui près de
40 000 habitants.
| ||||
NOTRE
CIRCUIT DELAISSE COMPLETEMENT LA PARTIE OCCIDENTALE DE L'ILE,
ON AURAIT ENCORE
PU VISITER :
Segestre: temple dorique solitaire, chef d'oeuvre
Erice:
ville médiévale au sommet du mont Eryx d'où on voit les îles
Egades et Trapani,
le château normand, le château médiéval du Bàlio
avec la tour de Vénus (restaurée en 1873), le château Pépoli
du XIXes et la Cathédrale
Selinonte: Acropole, temples de la
colline orientale et les carrières
de Cusa.
C'est la partie de l'île la plus proche des côtes africaines,
à 140km du Cap Bon en Tunisie.
...et
déguster du vin Marsala (vin d'apéritif) !