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Udaipur, ancienne capitale du Mewar, "la perle du Rajasthan", "la ville des princes du soleil", "la Venise du Rajasthan" (avec 7 lacs dont 2 plus importants), à 577m d'altitude et avec 18° de température moyenne en hiver et 37° au printemps...
En 1559, le prince
Udai Singh II de la dynastie Sisodyas (la plus ancienne du Rajasthan, descendant
de "la race du soleil", suryavansh) installée dans cette
région depuis le VIIe s. décida d'établir sa nouvelle capitale
en ce lieu. Elle fut fondée en 1567 pour remplacer leur ancienne capitale
de Chittaugarh (ou Chittorgarh ) qui elle-même remplaçait l'antique
capitale de Nagda.
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On
l'a décrite comme la ville la plus romantique, d'un blanc éclatant
au milieu de vertes collines. De plus, son climat est plus agréable car
plus frais grâce à ses 577 m. d'altitude.
Son lac contribue largement à son charme comme nous avons eu l'occasion de l'apprécier tandis que certains voyageurs n'ont pas cette chance lorsque le lac est à sec et que l'on peut se rendre à pied au Lake Palace!
C'est un lac artificiel très peu profond (on
y aurait pied dans de nombreux endroits) qui couvre 12 km². Son origine
remonte au XVe s. lorsqu'en digue avait été construite pour
faciliter la circulation au-dessus d'une petite rivière. L'ouvrage fut
étendu un siècle plus tard par le maharana (terme local pour
maharajah) fondateur de la ville. Des crocodiles occuperaient certaines rives
éloignées...
Le regard est irrésistiblement attiré par le miroir du Lac Pichola
et par la tache blanche du Jag Niwas, le Lake Palace édifié
au milieu.
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On n'y a vu ni jacinthes d'eau (a-t-il été nettoyé?), ni cormorans, ni crocodiles...
Comme jailli de l'eau ou, au contraire, comme s'il sombrait, le Jag Niwas ou Lake Palace est un ancien palais de réception pour les hôtes étrangers du maharana qui a totalement recouvert un îlot par cette construction de marbre blanc en 1746. C'est désormais un hôtel de luxe de la chaîne Taj (groupe Tata) qui ne se visite pas si l'on n'est pas client.
Temple de Jagdish
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Nous traversons les esplanades est et franchissons les portes du City
Palace pour un petit tour dans le centre de la ville afin de visiter le temple
hindou de Jagdish ("seigneur du monde"), dédié
à Vishnou et bâti au XVIIe s. (1651).
Le
sanctuaire principal est précédé par un pavillon dédié
à Garuda (une sorte chimère, mi-aigle, mi-homme), la monture céleste
de Vishnou.
C'est un temple très animé avec des chants où
se pressent les pèlerins.
Des femmes se livrent à la puja
(offrande) du matin en venant verser de l'eau tandis que le soir elles viennent
y allumer leur lampe.
A noter que pendant leurs règles les femmes sont
particulièrement impures et ne doivent pas se rendre au temple!
Frises
de danseuses, d'acrobates, d'éléphants, de yogis, d'évocations
érotiques...
Hélas, nous ne pousserons pas plus loin dans la ville, ni vers la british Tour de l'Horloge, ni vers les ghats, ces escaliers sur les berges du lac pourtant prévus au programme...
Nous
revenons dans l'enceinte du City Palace...
Ce labyrinthe de marbre
et de granit a été bâti au bord du Lac Pichola du XVIe au
XXe s. C'est le plus vaste ensemble palatial du Rajasthan avec une façade
de 500 m.! La cour principale est occupée par les préparatifs
d'une réception en l'honneur d'un mariage de riches (portiques garnis d'une
profusion d'orchidées). On bien pris l'habitude chez nous aussi d'aller
célébrer ce genre d'évènement dans les châteaux
de nos hobereaux désargentés...
Des arches situées
à l'est de l'esplanade, on a une vue sur la ville blanche. Il était
de tradition que chaque année, le maharana y suspende une balance afin
de distribuer son poids en pièces d'or et d'argent à ses sujets!
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Le gigantesque édifice garde une certaine cohérence et l'on peut apprécier l'astuce architecturale qui donne à croire que la partie nord comporte un jardin en terrasse alors qu'en réalité c'est le sommet d'une petite colline qui a été enveloppée par les murs de l'édifice.
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Un portail à trois arches, le "Tripolia" constitue l'entrée principale et donne accès à une cours dont un coté est fermé par huit portiques de marbre donnat sur la ville. C'est là que chaque années les Maharanas étaient pesés sous la porte d'or et qu'ils distribuaient au peuple l'équivalent en or de leur poids!
Le palais comporte
trois parties: au sud, les constructions les plus récentes avec une partie
privée occupée le quart de l'année par le maharana actuel
et une autre par un double hôtel de luxe (Shiv Niwas et Fateh
Prakash avec un espace musée la Crystal Gallery) tandis qu'au
nord la partie principale est un musée dont le principal intérêt
est celui des miniatures (palais Chitran ki Burj) mais il en coûte
200 roupies si l'on veut faire des photos (qui sont malgré tout interdites
dans certaines salles).
La lignée royale se réclamant de
"la race du soleil", on n'est donc pas surpris de voir un soleil doré
et radieux sur la façade. On peut y admirer aussi les balcons et loggia
habillés de faïences bleutées. Par ailleurs la façade
blanche à l'origine apparaît un peu crasseuse voire lépreuse,
tout comme certaines salles.
Sur le plan de la création
artistique, il faut apprendre les règles de représentation dans
l'art des miniatures.
Il n'y a pas de perspective et les sujets sont figurés comme dans une sorte de BD unique où ils occupent différentes positions en fonction du déroulement de la scène. Ainsi sur une miniature on peut voir cinq tigres alors que cela ne représente qu'un seul tigre à différents moments de la scène de chasse. Des scènes peuvent même être représentées comme retournées de 90°. On y observe la minutie des détails et les couleurs utilisées sont extrêmement vives.
Des miroirs de couleurs décorent murs et plafonds du Moti Mahal ou du Kanch ki Burj tandis que le Chini Chitran Mahal est habillé de carreaux de faïence de Delft décorés de thèmes européens et mêmes chrétiens. A l'extrémité nord, on arrive au sommet de la colline qui est aussi le sommet du palais, dans le ardin moghol de Bari Mahal. De là, belles vues sur le lac et sur le Jag Niwas...
Circulation
anarchique en cette heure de midi. Les conducteurs motorisés semblent à
la limite plus attentifs aux vaches ou aux chiens qu'aux personnes (on se sent
moins respecté qu'au Vietnam).
Véhicules de marques purement
indiennes ou construits sous licence: outre les nombreux modèles Tata,
on voit beaucoup de Suzuli (Maruti), Honda, Ford, Toyota... et beaucoup de petites
motos Hero Honda.
Au passage à une station-service on a un aperçu
du coût des carburants: 52 INR (roupies indiennes) le litre d'essence
(soit 0,75€) et 35 INR pour le gas-oil (0,50€), c'est-à-dire
qu'ils sont très coûteux mis en rapport avec les revenus des Indiens
(salaire mensuel moyen de l'ordre de 2000 INR).
Les
pinceaux les plus fins sont en poil d'écureuil et les plus gros en sourcils
de dromadaire. Pour se rendre compte de la minutie du travail, on peut examiner
des détails à la loupe. Outre les miniatures sur
soie, il existait aussi des miniatures sur ivoire mais compte tenu de la protection
des éléphants celle-ci n'est plus autorisée. On lui a substitué
un ersatz fait à partir d'os de dromadaire reconstitués.
Avant
de déjeuner, nous allons visiter un atelier de miniatures.
Les
artisans utilisent des couleurs minérales pour leurs aquarelles vives,
ce qui rend les vraies miniatures inaltérables (donc se méfier des
faux en vente un peu partout). Les minéraux finement broyés sont
dilués dans l'eau. Le blanc est obtenu à partir de zinc, le noir
simplement avec du charbon, le rouge avec de l'oxyde de fer, le jaune avec du
soufre... on utilise aussi la poudre d'or.
Nous quittons l'hôtel
Paras Mahal
seulement à
16h30 pour aller faire une croisière au crépuscule sur le Lac
Pichola.
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Notre embarcation partie de l'extrémité sud du palais va longer toute la façade du City Palace, côté lac. A la lumière de fin d'après-midi, le palais prend des teintes dorées et ocrées. Nous arrivons bientôt aux ghâts (Gangaur Ghât) occupés par du bétail, des gens qui y lavent leur linge ou qui y font leur toilette...
Nous
rebroussons chemin afin de contourner le Jag Niwas puis de nous diriger au sud,
vers un autre îlot-palais, le Jag Mandir, plus modeste. Il fut construit
par le Maharana Karan Singh pour servir de repaire au fils de l'empereur Jehangir,
le prince Kurram, futur Shah Jahan qui y séjourna en 1623-24. L'architecture
du lieu pourr it lui avoir inspiré quelques éléments du Taj
Mahal.
Au bout d'une demi-heure de navigation, nous y accostons pour y passer
près de trois quarts d'heure. Une réception (en l'honneur de fiançailles
?) s'y prépare avec installation de tentures, de podium... On s'y sent
bien, on peut même y oublier son sac à dos!
A 18 heures, nous réembarquons en direction du City Palace. Au bout de 10 minutes nous remettons pied à terre et ...il reste à attendre qu'un vigile du Jag Mandir rapporte très aimablement le sac oublié (anecdote pour avoir une bonne estime des Indiens: un touriste a reçu quelques semaines après son retour en France, les papiers qu'il avait perdu et la somme intacte de 1000€!)...
Au-dessus
de nos têtes, dans la lueur diffuse des lampadaires, c'est le ballets des
grandes chauve-souris (de la taille des corbeaux), genre roussettes (s'il s'agit
bien de cette espèce, elle se nourrit de fruits mûrs dans les arbres,
si c'est en revanche une espèce insectivore, ses représentants locaux
ont fort à faire car les moustiques pullulent à cette heure ci).
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A l'hôtel Paras Mahal, spectacle de musique et danses gitanes...
Dilip
à mal à la gorge... Espérons qu'il n'a pas contracté
la grippe AH1N1 d'autant qu'il se soigne à l'indienne, seulement en buvant
de l'eau chaude très poivrée et infusée de gingembre!
POUR CEUX QUI DISPOSERAIENT DE PLUS DE TEMPS, ILS POURRAIENT ALLER VISITER