Région de Shekhawati
Nawalgarh (1),
Mandawa (2).

Bikaner, Deshnoke

 

AUTRE PRESENTATION DE L'INDE...

Sur le plan international, ce pays est connu sous le nom d'Inde (India en anglais) terme provenant du nom du fleuve Indus (tout comme le nom de la langue, le hindi) tandis que l'appellation officielle utilise Bharat (du nom d'un antique souverain hindou). Enfin, dans le langage courant, les habitants désignent leur pays sous le nom d'Hindustan (terme d'origine perse signifiant ''la terre des Hindous'').

On a toujours tendance à comparer les deux géants mondiaux voisins que sont la Chine et l'Inde.
La Chine est perçue comme un monde monolithique soudé par diverses forces dominantes.
Toute différente est l'Inde. Diverse dans son peuplement, ses langues et ses religions.

Même l'Hindouisme qui est le plus répandu est émietté en milliers de courants sectaires. Les divers courants de pensées dans ce pays, s'imbriquent et déteignent les uns sur les autres. Ainsi le christianisme ne peut officiellement reconnaître les castes pourtant il arrive que les diverses castes accèdent par des portes différentes dans certaines églises !
Cette Inde multiple est pourtant une, à l'image du monde, dans un "vivre ensemble dans la différence".

L'Inde est le seul pays au monde qui a prolongé (hormis quelques rares coupures) sa culture et sa religion depuis des milliers d'années et jusqu'à nos jours, contrairement à l'Europe pourtant originellement aussi sous l'influence de civilisations indo-européennes.
Dans cette culture, le monde est régit par une organisation ternaire (contrairement à la Chine taoïste avec sa vision duale, yin et yang, de passivité et d'activité) : la puissance de l'esprit, la force physique et la fécondité (chez les Romains, on retrouvait les cultes à Jupiter, Mars et Quirinus). On la retrouve aussi dans l'organisation en trilogie des panthéons hindouistes ou dans l'existence des "trois castes pures" dominantes.

Autre différence immédiatement perceptible par rapport au monde sinisé, c'est la façon de vivre, l'art de vivre pourrait-on dire.
Si l'on peut dire de l'Hindou qu'il n'a ni l'agilité ni la vélocité du tigre, en revanche, il faut bien reconnaître qu'il a la force opiniâtre du buffle et même de l'éléphant!

Par ailleurs, ces deux pays dont le taux de croissance économique est pratiquement à deux chiffres semblent emprunter des chemins différents. Si la Chine est l'atelier ou plutôt l'usine du monde, l'Inde est en train d'en devenir le bureau d'études.

Là où les Chinois s'affèrent en d'interminables journées de labeur, commencées dès l'aube et qui s'achèvent tard dans la soirée, on voit des Indiens qui vont à leur rythme et inscrivent leur labeur dans les belles heures du jour. Certains interprètent cela comme de la nonchalance assortie d'une bonne dose de fatalisme, de résignation voire de renoncement philosophico-religieux...
D'aucuns, au régime alimentaire carné, mettent en partie cette attitude sur le compte du régime végétarien des Hindous!

On dit que l'esprit de compétition n'existe pas en Inde. Les résultats du pays dans les grandes confrontations sportives internationales tendraient à le prouver (hormis dans quelques sports confidentiels "importés" et même, ici encore, l'Inde ne brille pas forcément comme le montre sa récente défaite dans le championnat du monde de cricket). Et pourtant, l'Inde du sud revendique la création des arts martiaux (même le kung-fu chinois en serait issu)...

Mais tout semble changer
Les contradictions internes du mode de vie indien s'exacerbent sous les effets de la mondialisation qui fait craquer les coutures de son vieil habit.

 

DELHI => REGION DE SHEKHAWATI 250 Km


...et du RAJASTHAN.

L'Inde des Mille et Une Nuits...

Le Rajasthan est l'Etat indien le plus étendu, mesurant les deux tiers de la France et presque aussi peuplé
(près de 60 millions). Pour 10% de la superficie de l'Inde, il compte 5,5% de sa population. La capitale en est Jaipur.

Son nom évoque l'Orient exotique avec ses palais de contes de fées défiant l'imagination alors qu'il est pourtant en large part (plus de la moitié) occupé par le désert du Thar et que la population y est peu alphabétisée (61% et seulement 44% chez les femmes), ce qui place le Rajasthan au dernier rang des 28 Etats de la Fédération Indienne. Le chômage y touche 17% de la population.

Dans un cadre communautaire se forma une caste guerrière, celle des Rajpoutes, ''les fils de rois'', descendants de brahmanes, métissés aux peuples locaux et peut-être à quelques envahisseurs Huns, caste qui domina une bonne partie de l'Inde du nord du Xe au XIIe s. au travers de nombreux principautés et royaumes rivaux.

Puis ils durent de plus ou moins bonne grâce se soumettre au sultanat de Delhi puis aux Moghols avec lesquels des alliances furent passées (femmes rajpoutes admises au harem) en échange de quoi leur furent reconnus certains droits (rajahs à la cour, revenus). Les fils de râja sont appelés râjputs, de putra fils". Cette appellation a été étendue à tout chef militaire d'une principauté, d'une seigneurie, d'un canton petit ou grand, puis à toute la caste des kshatriyas (les guerriers), enfin aux habitants du Rajasthan, autrefois le Râjputâna.

Après le déclin des Moghols, les luttes internes qui reprirent et la menace de leurs voisins orientaux, les Marathes, favorisèrent l'établissement de protectorats britanniques au XVIIIe s. Les Rajpoutes inféodés aux Anglais leur apportèrent un fort soutien lors des révoltes de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe s.

Compte tenu de cette compromission, lors de l'indépendance en 1947, les Rajpoutes eurent à choisir entre leur intégration à l'Inde ou leur rattachement au Pakistan car le nouvel Etat fédéral n'envisageait pas l'établissement d'un Etat rajpoute indépendant.
Ce ne fut qu'en 1949 que naquit l'Etat du Rajasthan intégrant 22 anciennes principautés (Etat auquel l'Ajmer fut rattaché ultérieurement).

Le Rajasthan est principalement agricole, produisant du millet, du blé, de l'orge, du maïs et du coton. A l'ouest des monts Aravilis formant une diagonale sud-ouest à nord-est et coupent donc l'Etat en deux, le climat est beaucoup plus sec et cette région est consacrée à l'élevage. En dehors de l'agriculture, cet Etat est connu pour son artisanat alors que l'industrialisation a débuté dans les années 1960 avec les filatures de coton et de polyester et les cimenteries...

Les hindous représentent 89% de la population, qui comprend également des musulmans (8,5%) et des sikhs et des jaïns. Le rajasthani et le hindi sont les langues principales.

Le Rajasthan est la destination touristique par excellence en Inde. La moitié des touristes étrangers sont français ! 

Nous quittons l'hôtel Ashoka Country Resort à 8h30, sortant de Delhi en direction de l'ouest pour un voyage d'environ 250 km ou plus précisément quelque 5 heures de trajet vers le Rajasthan.
Très vite, à une vingtaine de kilomètres de Delhi, nous passons de l'Etat de l'Uttar Pradesh à celui de l'Haryâna que nous allons parcourir sur environ 120 km.

Policiers avec un foulard sur la bouche (protection contre la pollution ou contre la grippe AH1N1?). Campements de nomades que Dilip nous dit être en réalité des réfugiés du Bangladesh (? suite à la guerre avec le Pakistan en 1971 ?).

Première impression comparative avec l'Inde du Sud, les animaux errants y sont beaucoup plus nombreux et la saleté est ici omniprésente (invasion de détritus divers dont les sacs en plastique).

Spectacle folklorique d'attelages avec de petits chevaux et, tout à fait nouveau pour nous, des dromadaires qui s'avèrent être utilisés ici comme animaux de trait (même pour la traction d'araires) concurremment avec les équins (ânes, mulets et petits chevaux) ou les bovins alors que nous n'en avions qu'une image d'animaux de bât ou de selle.


En route vers le Shekhawati

Toutefois, les tracteurs ne sont pas absents et constituent le moyen de traction moderne. Il s'agit de petits modèles, de 35 à 45 CV, de marques indiennes ou fabriqués sous licence: Mahindra, Eicher, Massey-Ferguson, International, Ford...

Etranges chargements "camélotractés" ou motorisés faits de grands draps remplis de fourrage sec broyé obtenu à partir des feuillages du prosopis
cineraria, arbre apparenté aux mimosas et aux acacias, poussant dans les régions arides grâce à des racines qui puisent l'eau jusqu'à une trentaine de mètres.
On peut voir que les paysans protègent soigneusement les jeunes plants pour assurer leur survie. Au bout de 15 à 20 ans, on émonde chaque arbre pour obtenir du fourrage. La production moyenne de feuilles (et de fruits) est de 3 kg/arbre/an, outre quelque 80 kg de branches et de petit bois utilisés pour le feu. Dans cette région encore fertile, les champs sont donc complantés avec ces arbres.
Nous verrons de plus en plus ce type de végétation les jours suivants, en s'enfonçant vers le désert du Thar. De même nous verrons souvent les broyeurs actionnés par des tracteurs.
 

Drôles de véhicules de transport à trois roues tenant de la berline et du triporteur avec moteur non carrossé. Innombrables camions TATA aux lignes austères (petites vitres planes) bien que customisés de manière plus ou moins kitsch et avec le sempiternel rappel à l'intention des conducteurs suivants "Please horn" ou "Blow horn".
 

Plus traditionnellement, on voit souvent les femmes transportant diverses choses sur leur tête, les bouses de vache repétries et mises à sécher en vue de servir de précieux combustible pour la cuisson dans une région où le bois est rare.
 

En milieu de matinée, petit arrêt sur un petit chantier où des ouvriers scient et débitent des dalles dans une pierre schisteuse.


 

Nous achevons notre traversée à travers l'ouest de l'Etat d'Haryana dans une petite ville dont un rond-point est orné de trois stèles portant des inscriptions en hindi et décorées de la croix gammée, le svastika (vieux symbole panthéiste et porte-bonheur utilisé par tous les peuples de l'Eurasie et détourné par les nazis au siècle dernier).

Le (plutôt que "la") svastika dextrogyre (tournant ou pointant vers la droite), symbole religieux d'origine aryenne et indo-européenne (voire chinoise ?) omniprésent dans l'hindouisme où il est associé au dieu-éléphant Ganesh, il est repris dans la symbolique jaïne et bouddhique (signe présent sur le thorax du Bouddha) pour signifier également la prospérité, la chance (en Chine pour symboliser l'éternité). Il s'est répandu de l'Extrême-Orient à l'Europe mais sa réputation est entachée depuis le siècle dernier lorsqu'il fut adopté par les nazis sous le nom de croix gammée.

C'est un symbole cosmique autour duquel gravitent de nombreuses interprétations. Evoquant le mouvement perpétuel de rotation autour d'un point fixe, celui de l'univers, cette croix représente le développement dans le multiple, en partant du point central représentant l'unité cosmique et ses 4 branches rappellent les quatre éléments (eau, terre, feu et air), les quatre domaines dans lesquels l'homme peut renaître : le monde animal ou végétal, l'enfer, la terre et le monde de l'esprit, elles pointent aussi vers les quatre points cardinaux et leur forme coudée évoque le monde en mouvement tout en signifiant que la vérité, l'absolu, ne sont pas faciles d'accès et qu'il faut déjouer les illusions pour atteindre la réalisation. Les branches aux extrémités incurvées et les quatre points ajoutés près du centre évoquent aussi les quatre étapes de la vie (jeunesse, activité, retraite et renoncement), les quatre Vedas .

Après un trajet d'environ 150 km, avant de rentrer au Rajasthan, nous déjeunons près d'un temple moderne dédié au dieu-singe Hanuman.


Au menu: boulettes laddu (à base de farine de pois chiches et de graines de melons), sauté d'aubergines, choux-fleurs, curry de poulet... banane.



Après une dernière étape, nous allons découvrir l
a pittoresque région de Shekhawati, une petite principauté féodale.

Son nom vient de celui du prince Shekkaji, vassal du maharajah de Jaipur, qui en 1471 proclama l'indépendance d'un éphémère royaume qui s'émietta en principautés minuscules des princes-bandits Thakurs.

Shekhawati, n'est donc pas une ville mais une région au nord de Jaipur où, au du XVIIe au XIXe s., des riches hommes d'affaires et commerçants (soie, épices, indigo, opium...) Marwari (de Marwar, nom de la partie du Rajasthan au nord-est des Monts Arawallis) construisirent des haveli, somptueuses demeures fortifiées aux fenêtres et portes sculptées et aux murs surchargés de splendides peintures. Puis les Marwari quittèrent la région pour des lieux plus prospères tel Calcutta avec l'arrivée des moyens de transports modernes (cargos dans les grands ports et chemin de fer qui mirent fin aux anciennes routes de la soie et des épices).

Au moment ou l'Empereur Moghol Aurangzeb accède au trône en 1658, l'art de la miniature est à son plus haut degré de sophistication. Au XVIe s. l’Inde tourne une page de son histoire avec l’arrivée des Moghols, descendants de Gengis Khan et de Tamerlan. Ils vont diffuser la culture arabo-persanne dans le sous-continent face à la mobilisation des farouches guerriers Rajpoute qui défendent leur religion et leurs royaumes.
Aurangzeb, empereur cruel, chasse de la cour les artistes et qui ensuite cherchent refuge auprès des demeures Hindous et en particulier au Rajasthan. C'est alors que naît l'art de la peinture murale qui s'enrichira peu a peu en empruntant les scènes de la vie quotidienne des villageois puis plus tard l'époque coloniale, en assimilant l'influence Occidentale. Nul par ailleurs qu'au Shekhawati, cette région désertique du Rajasthan, l'art n'aura autant prospéré.

La famille du fameux Lakhsmi Mittal (achat d' Arcelor) appartient à la communauté des Marwari du Rajasthan, d'une caste (jâti) qui pratique depuis des siècles la banque et le commerce en Inde, au Rajasthan d’abord puis au Bengale et finalement dans toute la péninsule

Deux sociétés sont aujourd’hui fort connues en Inde sont issues de familles originaires du Rajasthan: les Bajaj, troisième fabricant mondial de scooters, moyen de transport très usité dans le pays, et les Birla, qui sont à la tête de son second groupe industriel, un conglomérat qui fabrique du ciment, de l’aluminium, des produits chimiques, des pneumatiques et vend des contrats d’assurances et des produits financiers.



Haut de page

NAWALGARH (57 000 habitants)

Installation au "petit" palais de Nawalgarh, le Roop Niwas Palace où nous sommes reçu avec musique traditionnelle au son du sarangi (signifiant "100 couleurs", instrument à archet fait d'une caisse de résonance recouverte de peau et d'un manche sur lequel se trouvent 35 cordes sympathiques et 7 cordes résonance) et avec le tout aussi traditionnel collier de fleurs d'oeillets d'Inde et un cocktail léger à base de rhum blanc et de citron..


En milieu d'après-midi, promenade à pied dans les rues de Nawalgarh, "la ville aux cent havelîs" afin d'en apprécier les peintures murales puisque cette ville a le privilège de posséder parmi les plus beaux spécimens de havelîs.
La ville fut fondée en 1737par le fils du roi de la région.

 

Nous entrons à pied dans la ville (par le nord me semble-t-il). Dans un vaste cloaque où aboutissent les égouts à ciel ouvert des rues environnantes, une incroyable faune aviaire prospère tandis que les grands arbres dont la base est ainsi noyées n'ont, eux, pas prospérés de la sorte.
Rues sales et défoncées, envahies par les tuk-tuks, autrement dit les triporteurs plus ou moins gros, plus ou moins kitschs (chromes), à base de mécanique indienne Bajaj (constructeur auquel Renault s'est associé pour rivaliser avec Tata dans la course à la petite voiture) ou de moteur italien Piaggio, sans oublier les vaches et taureaux (en fait il s'agit le plus souvent de zébus, autrement dit des bovins à bosse), un petit cheval borgne ou un semi-remorque qui peine à manoeuvrer dans les rues étroites. Camionnette avec son gros ballot de fourrage... et au milieu de la circulation anarchique, du boucan des klaxons et de la saleté, apparaît une belle voiture décorée en vue d'un mariage avec quantités de guirlandes d'oeillets ...d'Inde! Plus loin, un étal où sont présentées de jolies dosettes colorées, en fait il s'agit de tabac à chiquer dont les Indiens sont friands (comme des fameuses petites cigarettes beedies, beedis ou plus simplement bidîs)...

Nous pouvons admirer de l'extérieur un grand nombre de havelîs, plus ou moins dégradées, avec parfois des échoppes qui éventrent le rez-de-chaussée ou un ficus des pagodes qui s'est enraciné à même un mur. Ils sont ornés de fresques naïves: évocations mythologiques, nombreux éléphants, scènes de la vie courante et même érotique (le vieillard et le moine en galantes compagnies, on dit pour le moine qu'il s'agit d'évoquer un péché et pour le vieillard un miracle!).


Nous longeons un vaste temple "baroque", assez dégradé, dédié à Ganesh, surmonté de nombreux dômes, coupoles et pavillons à toit bengali (en arc applati en demi lune). Un drapeau signale qu'un prêtre y est présent.

NAWALGARH - Temple de Ganesh

Sur l'esplanade qui le précède, installé sur une petite terrasse, un ficus des pagodes (feuilles en forme de coeur) est vénéré par les femmes qui viennent ici le matin, après leur toilette, pour enrouler autour du tronc des fils de coton colorés dans l'espoir de la prospérité.

Plus loin, les racines adventices d'un ficus banian ont presque rejoint le sol. Le puits voisin du temple est impressionnant par son diamètre (8 ou 10 mètres) et par sa profondeur (50 mètres). Il est entouré par quatre sortes de minarets et par quatre pavillons qui servaient autrefois au bain (deux aux côtés fermés pour les femmes et deux ouverts pour les hommes).

Près du puits, une sorte de corbeau dévore le cadavre d'un rat sans doute venu des caniveaux et égouts voisins.

Plus réjouissant, le spectacle des petits métiers sur le trottoir, par exemple un barbier-coiffeur dont le statut relève de la plus basse des quatre castes (celle des sudra consacrée aux services aux personnes) ou grilleur de cacahouètes (plus précisément d'arachides). Spectacle aussi dans les boutiques ouvertes sur la rue: repasseur, tailleur-couturier, atelier de bijouterie d'argent. A ce sujet, il faut savoir que les Indiennes, surtout au Rajasthan Etat assez pauvre, sont les coffres-forts des ménages. S'ils disposent d'économies, elles sont investies en bijoux surtout portés par les femmes. Si des difficultés financières surviennent, elles les revendent!

Bains près du puits du temple de Ganesh


A l'hôtel
Roop Niwas Palace, dîner avec sautés divers à base d'oignons, pommes de terre, haricots rouges, pâtes et ...curry de poulet (on y trouve autant de fragments d'os que de chair). En dessert, gâteau de pois chiches concassés et confis, beignets de banane.
Chambre rustique et douche sans eau!


Haut de page

NAWALGARH => BIKANER: 190 Km avec visite de MANDAWA (21 000 habitants)

Départ en autocar à 8h30 en direction de Mandawa, bourgade à une vingtaine de kilomètres au nord de Nawalgarh. C'est une ancienne place fortifiée e c'est un marché régional.


Après avoir dépassé des pèlerins partagés en deux groupes unisexe, les hommes devant et les femmes derrière, nous parcourons à pied le labyrinthe des rues mieux entretenues qu'à Nawalgarh. Par la présence de quémandeurs, on imagine le lieu plus touristique d'ailleurs un haveli près duquel nous passons fait même une publicité bilingue, anglais et ...français.

Nous allons visiter le Gulab Rai Ladia Havelî organisé sur trois niveaux (le dernier étant une toiture-terrasse). Il date de 1870. Les gardiens y tiennent une boutique d'artisanat et de vente de cartes postales.

 

Les murs extérieurs sont recouverts de frises dégradés où la thématique éléphantesque est récurrente. La première cour était réservée aux hommes et aux marchands. Au fond, un portail en arc polylobé décoré d'incrustations faites de miroirs concaves conduit aux parties privées qui étaient destinées aux femmes. Afin que l'on ait pas une vue directe sur la vie qui se déroulait dans la cour privée , une sorte de vestibule comporte une porte décalée, un peu comme les chicanes à l'entrée des châteaux (avec un mur avancé, elles avaient pour but d'empêcher le maniement du bélier). Le luxe apparent ne doit pas faire illusion car les riches marchands qui habitaient les lieux il y a un siècle ne disposaient pas de toilettes dans les bâtiments et devaient sortir du village le matin pour satisfaire leurs besoins!


Le même thème des éléphants se retrouve sur la frise qui surmontent les arcades polylobées entourant la cour intérieure. Les alcôves desservies depuis la galerie sont le lieu de diverses activités: fabrication de galettes, prières, jeux d'enfants, artisanat. L'étage est à double encorbellement, à la fois sur rue et sur cour et on accède aux pièces de l'étage par une coursive.

Enfin, de la terrasse, la vue s'étend sur la ville: vue plongeant à l'ouest sur un imposant haveli voisin à trois niveaux, au centre de la ville, en direction du nord, le fort bâti par les descendants de Rao Shekha en partie transformé en palais-hôtel "Castel Mandawa" (le programme laissait penser que nous aurions pu y dormir la veille).

 

LE DROMADAIRE,
UN DRÔLE DE CHAMEAU...

Il y a un million d'années, avant la séparation des continents, à l'origine les camélidés vivaient en Amérique du nord d'où ils ont disparu (probablement exterminés pour la consommation de leur chair) mais ils se sont diffusés dans le sud de l'Amérique et, surtout sous forme d'animaux plus corpulents, dans l'Ancien Monde, avec les dromadaires que l'on trouve de l'Afrique de l'Ouest à l'Asie méridionale et les chameaux d'Asie centrale.
Comme on le voit, ce sont des animaux qui ont eu la faculté de s'adapter à des conditions climatiques extrêmes: haute montagne, déserts chauds aussi bien que froids.


Les coussinets épais et larges de la plante des pieds du dromadaire facilitent sa marche sur le sable des dunes et sur les sols caillouteux. Ces coussinets ainsi que les callosités des articulations de ses pattes, sur lesquelles il s’appuie en position agenouillée, lui permettent de supporter le contact avec le sable très chaud du désert.

Il est aussi capable de fermer hermétiquement ses narines pour éviter de respirer des grains de sable. Ses yeux sont protégés par de très longs cils. Le dromadaire, généralement utilisé comme animal de selle, malgré sa placidité apparente peut parcourir plus de 160 km par jour.

Le dromadaire, très résistant à la sécheresse, est bien adapté à la vie dans le désert. Il est capable de rester plusieurs semaines sans boire, se contentant du peu d’eau contenue dans sa nourriture : des dattes, du fourrage et des plantes épineuses comme les acacias.

Dans le désert, en plein soleil, il peut survivre quinze jours sans eau s’il est au repos. En revanche, lorsqu’il trouve un point d’eau, il est capable d’avaler près de 100 l en à peine dix minutes !

Son grand secret, c'est sa bosse. Cette réserve de graisse permet la fabrication d’eau quand les conditions sont difficiles. Elle est alors dégradée en hydrogène qui forme des molécules d’eau par association avec l’oxygène fourni par la respiration. Au fur et à mesure de son utilisation, la bosse s’affaisse.

Continuation vers Bikaner, en passant par Fatehpur (qui aurait mérité une visite: haveli de Nadine), ancienne capitale d'un petit état musulman fondé au début du XVe s.

D'autres trésors à Fatehpur (à ne pas confondre avec Fatehpur Sikri dans l'Uttar Pradesh où nous irons en fin de circuit) ancienne capitale d'un petit état musulman au XVe s. compte également parmi les plus beaux haveli de la région.
Il faudrait voir aussi Dundlod (puits typique, cénotaphe et réservoir), Sikar, Samode…le village typique de Churu ou la principauté de Mukundgarh (château).

Courte pause en milieu de matinée du côté de Sri Dungargarh avant de nous enfoncer dans le désert du Thar. Ecriteaux en mauvais anglais: "silaw dawn" pour "slow down" (ralentir) ou encore "enterance"...

Nous traversons des zones désertiques avec de place en place des lignes téléphoniques ou électriques, des relais de téléphonie mobile, quelques points d'eau et parfois de petites zones de culture encore vertes. C'est un désert arboré avec de temps en temps de rares petits villages aux huttes et abris de branchages, des prosopis élagués par les paysans, des arbustes toxiques aux feuilles larges, calotropis (appelé aussi "pommier de Sodome" ou tourge) que les mêmes paysans éliminent.
Nous sommes dimanche mais les paysans vaquent à leurs occupations et des maçons s'affèrent sur plusieurs chantiers (notamment un grand bâtiment d'une centrale électrique). La présence des femmes s'impose avec leurs saris en voile léger et parfois penjabis (ensemble tunique/pantalon) colorés de bordeaux, carmin, orangé, jaune, marron... dans des nuances moins lumineuses nous emble-t-il qu'au sud de l'Inde.
Les animaux sont présents, des paons bleus (animal symbole du Rajasthan et de l'Inde et associé à plusieurs divinités dont Krishna) dans des zones de petites dunes. Dans les villages ce sont plutôt des bovins, des chevaux et des dromadaires. Rien d'étonnant à l'omniprésence de ces derniers quand on sait que l'on compte environ 2 millions de dromadaires au Rajasthan dont un millier est encore utilisé par l'armée du désert à la frontière pakistanaise, vestiges des troupes chamelières du XIXe s. et qui eurent encore l'occasion de servir lors de la Guerre 1914-18. A cela s'ajoutent chèvres, moutons, chiens (on ne voit pratiquement pas de chats dans ce pays!) et même quelques porcs noirs. Ces derniers surprennent dans un pays d'hindous ou de jains souvent végétariens, sans oublier les musulmans... en fait, leurs côtelettes font les délices de seuls intouchables!

Arrivée à Bikaner et installation à l'hôtel "Heritage Resort" avant un déjeuner copieux : sautés de lentilles jaunes qui sert de sauce pour le riz vapeur, chou, pois chiches, épinards à la crème, curry de poulet (!) avec toujours le pain indien, les chapatis, ces délicieuses galettes. En dessert: nouilles au lait (!) et bananes cuites avec crème anglaise.

Les lentilles occupent une grande place dans la cuisine indienne. Cette graine légumineuse très riche en éléments nutritifs et particulièrement en protéines, fibres et des sels minéraux (dont du fer) est originaire des régions tempérées chaudes allant de la Grèce à l’Asie centrale, en passant par le Proche-Orient et le Caucase. Les graines des variétés cultivées en Asie sont de couleur jaune, orange, rose ou rouge.

Logement dans d'agréables bungalows (mots d'origine indienne pour désigner une petite maison en bois, de l'hindoustanî bangla , repris en anglais après passage par le gujarâtî bangalo).


Bikaner, Deshnoke

RAJASTHAN