JODHPUR.

Jaisalmer    Ranakpur

 

Le tik(k)a (ou tilak)...

Le tika appelé aussi tilak, bindi ou pottu est une marque portée sur le front des Hindous.

Ce n'est parfois qu'une marque porte-bonheur, apposée au cours d'une cérémonie religieuse ou en guise de bienvenue. Sinon le tika indique l'appartenance à un groupe religieux pour un homme ou la situation maritale pour une femme.
C'est une pratique qui remonte aux origines du védisme (1200 avant J-C).

Le tika symbolise le troisième œil de Shiva et se positionne sur le front, entre les sourcils, à l'emplacement du sixième chakra, l'un des sept centres d'énergie dans le yoga (le terme chakra désigne aussi la roue, le disque, symbole du soleil et du pouvoir que l'on retrouve au centre du drapeau de l'Inde).

Traditionnellement, le tika est de couleur rouge et obtenu à partir d'une poudre de curcuma séché. Beaucoup employé dans le nord de l'Inde, c'est la marque des femmes mariées lorsqu'il est tracé à la racine des cheveux.

Quant il est de couleur blanche, la marque des vishnouites, on utilise une bouillie du bois de santal et il est tracé en forme de U.

Lorsqu'il est gris, la marque des shivaites, il s'agit généralement de cendre (symbole funéraire) avec laquelle on trace trois barres horizontales.

Dans sa version esthétique, il est porté par les femmes comme un bijou autocollant en forme de goutte, souvent assorti aux vêtements  !


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Nous quittons Jaisalmer de bon matin (7h30) car 300 km nous séparent de Jodhpur, notre prochaine étape.
Nous voisinons avec des autocars surchargés de passagers sur le toit. Les zones dunaires proches de la route ont l'air presque plus imposantes que celles de Sam, près de Jaisalmer.
La route n'a que deux voies mais pour les conducteurs indiens, il y en a une troisième, centrale, qu'eux seuls voient ...car elle est virtuelle ! Lorsqu'un chauffeur indien se risque (souvent) à effectuer un dépassement alors qu'un autre véhicule vient en face, les deux autres chauffeurs, avertis par un coup de klaxon, serrent de bonne grâce sur leur gauche afin de laisser passer entre eux ce téméraire empressé.

Puis c'est le désert avec ses spectacles insolites: poser culotte, gardiennes de bétail et ramasseuses de menu bois, antilope bleue ou noire, nilgau ou blackbuck (antilope cervicapra) s'enfuyant par dessus une voie de chemin de fer...

 

Nous faisons un arrêt en cours de matinée dans un hameau à l'habitat dispersé afin de visiter l'atelier et la maison d'un forgeron.

Le travail s'effectue à même le sol avec un outillage rudimentaire: un foyer de forge dans lequel l'air est insufflé soit à l'aide d'un ventilateur relié à une jante de vélo, soit par deux soufflets (sortes de grandes poches de toile) et dont le fonctionnement est dévolu à l'épouse, quelques pinces et marteaux, une toute petite enclume et des débris de métal notamment de l'aluminium qui est refondu. Cet atelier fabrique de bien curieuses pipes faites d'un tube en aluminium tenu verticalement, le tuyau étant remplacé par un manche en tissu.

La visite se poursuit dans la partie habitation donnant sur une petite cour: cuisine et chambre tout aussi rudimentaires, citerne en ciment dans la cour.

A l'extérieur, nous avons l'occasion de voir dans un récipient le fameux fourrage que transportent les remorques qui encombrent les routes, tirées par toutes sortes de forces motrices. Ce sont bien des feuillages broyés et séchés dont se nourrit une jeune chèvre appartenant à la famille de nos hôtes.

 

Nous reprenons la route, avec son spectacle devenu habituel de charrettes avec des draps de toile remplis à craquer de fourrage. Bref arrêt près d'une carrière de grès rouge. Spectacle d'un couple de gazelles chinkara (gazella bennettii appelée aussi gazelle d'Arabie et parfois gazelle de montagne ou gazelle indienne) que notre arrêt photo improvisé dérange quelque peu...

Carrière de grès rouge

Nous arrivons à Jodhpur à 13 heures, l'heure de déjeuner.
En pénétrant ans la ville, nous apercevons furtivement deux chars très fleuris tirés par des tracteurs et transportant des jeunes femmes vêtues d'habits très voyants et couronnées d'un diadème...

  JODHPUR (1 000 000 habitants), "la ville bleue"

 
 

 

A la fin du XIIe s. le clan rajpoute des Râthor, battu par les envahisseurs afghans, quitte la vallée du Gange et se réfugie au centre du Rajasthan, autour de Mandor et fonde le royaume de Mârwar, aux portes du désert.
Plus tard, le clan construit alors sur le site de la future Jodhpur une forteresse qui lui offre une plus grande sécurité. Leur chef, Rao Jodha, donne son nom à l'endroit à partir de 1459 (son fils bâtit le fort de Bikaner quelques décennies plus tard).

Elle fut soumise un temps à l'Empire Moghol (de Babur à Akbar et Aurangzeb). Cette ville fut une ancienne plaque tournante du commerce de l'opium, du bois de santal et des dattes.

C'est aujourd'hui la seconde ville du Rajasthan.


Fort de Mehrangarh

JODHPUR "la ville bleue" depuis le fort (direction sud-est)

La Cité Bleue doit son nom à la couleur de ses façades. Cette couleur était réservée à l'origine aux brahmanes ou aurait le mérite d'éloigner les moustiques !
Jodhpur est réputée pour ses cavaliers a donné son nom aux célèbres pantalons d'équitation (resserrés au niveau des jambes, du genou jusqu'à la cheville) désignés sous le nom éponyme, pantalon que Dilip arbore fièrement le soir...

La ville est aussi réputée par sa communauté de singes arboricoles au pelage gris clair à longue queue (jusqu'à un mètre) qui cohabitent assez bien avec les habitants et se retirent dans les escarpements rocheux. Connus sous le nom d'entelles, on les appelle langur en hindi.
Leur statut d'animal sacré les préserve des persécutions des hommes, bien qu'ils pillent souvent les cultures. Si l'un d'entre eux meurt accidentellement, les fidèles lui font des funérailles hindoues en bonne et due forme.


Notre bref passage dans cette ville ne nous permet de voir ces singes mais nous en verrons ailleurs, les jours suivants.

Dans l'après-midi, nous visitons la passionnante et magnifique forteresse de Mehrangarh ("fort de majesté").
Ce fort fut construit en 1459 au sommet d'une colline de 125 mètres dominant la ville. C'est un nid d'aigle à la masse imposante de grès rouge, large de 250 mètres et long de 1500 mètres, avec ses murs épais de 7 mètres.
C'est l'une des plus impressionnantes forteresses du Rajasthan. On reste fasciné par le faste de cette citadelle, encore aujourd'hui propriété du maharajah mais désormais transformée en musée richement pourvu, avec 25 sections. Le monument est très visité par les touristes indiens.

Surplombant le rempart, on peut apercevoir le système de treuil qui permettait de monter des charges dans le fort. On y accède à pied après avoir franchi la Jay Pol (Porte de la Victoire), porte joliment ouvragée, puis on gravit une rampe raide au long de laquelle chaque porte commémore une victoire ou une divinité. Après une chicane (dispositif de porte très répandu afin d'empêcher l'utilisation de bélier et, ici, d'éléphants qui avaient le même usage), on arrive à la dernière porte, Loha Pol (Porte de Fer) à la gauche de laquelle on peut voir les empreintes des mains de satis.

Le palais est un dédale de ruelles et palais où la pierre calcaire ocre et rosé vient adoucir la dureté des masses de grès rouge.
La Cour du Couronnement (Sangar Choki) est entourée de bâtiments aux fenêtres ajourées par lesquelles les femmes observaient la vie qui s'y déroulait. Lors du sacre royal, le maharajah prenait place sur un trône en marbre placé sur une tribune également en marbre.

 

Dans le Palki Khana, on peut admirer de superbes nacelles en argent ou revêtues d'or ou de miroirs et d'aussi magnifiques palanquins (fermés pour les femmes) notamment celui aux paons.

Superbe vue sur la partie sud-est de la ville et sur quelques "pâtisseries", avec au nord le temple Jaswant Thada (1899) en marbre blanc à la mémoire du maharajah Jaswant Singh II et, à l'est sur une colline, noyé dans la brume, le Umaid Bhawan Palace, palais occupé en partie par la famille du maharajah Gaj Singh II. Le reste est utilisé en musée et surtout en hôtel de luxe (repris par la chaîne Taj appartenant au groupe Tata) de style indo-colonial, 94 chambres et suites, piscine intérieure et fascinante salle de billard. Ce palais genre Belle au Bois Dormant fut construit dans les années 1930 et terminé en 1944, le mobilier commandé en Europe n'arriva jamais.

Revenus dans une cour, deux gardiens nous font la démonstration de l'enroulement du turban rajpoute qui mesure rien moins que 18 mètres (voire 22) de long !

Nous passons dans le Daulat Khana ("le Trésor") où l'on peut voir le Grand Palanquin ("Mahadol") ainsi que des collections d'épées et sabres damasquinés, fusil (le plus long du monde!), coffre en ivoire, marionnette... Puis ce sont les collections martiales de la Salle d'Armes.

Nous gagnons le Phool Mahal (Palais des Fleurs) qui servait de salle de bal) aux plafonds très ornés et murs et colonnes dorés à la feuille. Puis ce sont les enluminures et peintures exposées dans le Umaid Vilas.
Nouveau aperçu de la ville...

Coup d'oeil dans le Shis Mahal (Palais des Glaces) avec des boules multicolores suspendues au plafond avant de pénétrer dans le Thankni Mahal, pièce qui servait aux femmes et où sont exposés d'incroyables berceaux dorés dont un surmonté d'angelots.

Zanani Deodi, la Cour des Femmes avec des constructions en pierre blanche et stuc dont les fenêtres sont très ouvragées.
Coup d'oeil dans le Moti Mahal (salle d'audience) datant de 1595. On l'éclairait avec des lampes à huile placées dans les niches des murs. Qui dit concubines dit évidemment eunuques préposés à leur garde.

A l'occasion, Dilip nous raconte, anecdote ou pure invention? que son arrière grand-père était au service du maharajah et faisait office de castrateur...

 

Superbe vue sur "la ville bleue" depuis la terrasse aux canons.

JODHPUR "la ville bleue" depuis le fort (direction nord-ouest)


 

Notre fin d'après-midi devait se poursuivre au bazar animé autour de la Clock Tower (la Tour de l'Horloge) avec ses arracheur de dents, fabricants de peignes à miroirs...

...au lieu de cela et malgré nos réclamations, Dilip nous conduit une fois de plus dans un marché aux fruits et légumes (tiens donc, des choux-fleurs!).
Le tout s'est terminé par de longs palabres avec des policiers car notre bus était semble-t-il mal stationné.

POUR CEUX QUI DISPOSERAIENT DE PLUS DE TEMPS, ILS POURRAIENT ALLER VISITER



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