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Nous quittons
Jaisalmer de bon matin (7h30) car 300 km nous séparent de Jodhpur,
notre prochaine étape.
Nous voisinons avec des autocars surchargés
de passagers sur le toit. Les zones dunaires proches de la route ont l'air presque
plus imposantes que celles de Sam, près de Jaisalmer.
La route n'a que
deux voies mais pour les conducteurs indiens, il y en a une troisième,
centrale, qu'eux seuls voient ...car elle est virtuelle ! Lorsqu'un chauffeur
indien se risque (souvent) à effectuer un dépassement alors qu'un
autre véhicule vient en face, les deux autres chauffeurs, avertis par un
coup de klaxon, serrent de bonne grâce sur leur gauche afin de laisser passer
entre eux ce téméraire empressé.
Puis c'est le désert avec ses spectacles insolites: poser culotte, gardiennes de bétail et ramasseuses de menu bois, antilope bleue ou noire, nilgau ou blackbuck (antilope cervicapra) s'enfuyant par dessus une voie de chemin de fer...
Nous faisons un arrêt en cours de matinée dans un hameau à
l'habitat dispersé afin de visiter l'atelier et la maison d'un forgeron.
Le travail s'effectue à même le sol avec un outillage rudimentaire:
un foyer de forge dans lequel l'air est insufflé soit à l'aide d'un
ventilateur relié à une jante de vélo, soit par deux soufflets
(sortes de grandes poches de toile) et dont le fonctionnement est dévolu
à l'épouse, quelques pinces et marteaux, une toute petite enclume
et des débris de métal notamment de l'aluminium qui est refondu.
Cet atelier fabrique de bien curieuses pipes faites d'un tube en aluminium tenu
verticalement, le tuyau étant remplacé par un manche en tissu.
La visite se poursuit dans la partie habitation donnant sur une petite cour: cuisine et chambre tout aussi rudimentaires, citerne en ciment dans la cour.
A l'extérieur, nous avons l'occasion de voir dans un récipient le fameux fourrage que transportent les remorques qui encombrent les routes, tirées par toutes sortes de forces motrices. Ce sont bien des feuillages broyés et séchés dont se nourrit une jeune chèvre appartenant à la famille de nos hôtes.
Nous reprenons
la route, avec son spectacle devenu habituel de charrettes avec des draps de toile
remplis à craquer de fourrage. Bref arrêt près d'une carrière
de grès rouge. Spectacle d'un couple de gazelles chinkara (gazella
bennettii appelée aussi gazelle d'Arabie et parfois gazelle de montagne
ou gazelle indienne) que notre arrêt photo improvisé dérange
quelque peu...
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Nous arrivons à Jodhpur à 13 heures, l'heure de déjeuner.
En pénétrant ans la ville, nous apercevons furtivement deux
chars très fleuris tirés par des tracteurs et transportant des jeunes
femmes vêtues d'habits très voyants et couronnées d'un diadème...
JODHPUR (1 000 000 habitants), "la ville bleue"
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A
la fin du XIIe s. le clan rajpoute des Râthor, battu par les envahisseurs
afghans, quitte la vallée du Gange et se réfugie au centre du Rajasthan,
autour de Mandor et fonde le royaume de Mârwar, aux portes du désert.
Plus tard, le clan construit alors sur le site de la future Jodhpur une forteresse
qui lui offre une plus grande sécurité. Leur chef, Rao Jodha, donne
son nom à l'endroit à partir de 1459 (son fils bâtit le fort
de Bikaner quelques décennies plus tard).
Elle fut soumise un temps à l'Empire Moghol (de Babur à Akbar et Aurangzeb). Cette ville fut une ancienne plaque tournante du commerce de l'opium, du bois de santal et des dattes.
C'est aujourd'hui la seconde ville du Rajasthan.
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La
Cité Bleue doit son nom à la couleur de ses façades. Cette
couleur était réservée à l'origine aux brahmanes ou
aurait le mérite d'éloigner les moustiques !
Jodhpur est réputée
pour ses cavaliers a donné son nom aux célèbres pantalons
d'équitation (resserrés au niveau des jambes, du genou jusqu'à la cheville) désignés
sous le nom éponyme, pantalon que Dilip arbore fièrement le soir...
La
ville est aussi réputée par sa communauté de singes arboricoles
au pelage gris clair à longue queue (jusqu'à un mètre) qui
cohabitent assez bien avec les habitants et se retirent dans les escarpements
rocheux. Connus sous le nom d'entelles, on les appelle langur en hindi.
Leur
statut d'animal sacré les préserve des persécutions des hommes,
bien qu'ils pillent souvent les cultures. Si l'un d'entre eux meurt accidentellement,
les fidèles lui font des funérailles hindoues en bonne et due forme.
Notre
bref passage dans cette ville ne nous permet de voir ces singes mais nous en verrons
ailleurs, les jours suivants.
Dans l'après-midi,
nous visitons la passionnante et magnifique forteresse de Mehrangarh ("fort
de majesté").
Ce fort fut construit en 1459 au sommet d'une colline
de 125 mètres dominant la ville. C'est un nid d'aigle à la masse
imposante de grès rouge, large de 250 mètres et long de 1500 mètres,
avec ses murs épais de 7 mètres.
C'est l'une des plus impressionnantes
forteresses du Rajasthan. On reste fasciné par le faste de cette citadelle,
encore aujourd'hui propriété du maharajah mais désormais
transformée en musée richement pourvu, avec 25 sections. Le monument
est très visité par les touristes indiens.
Surplombant le rempart, on peut apercevoir le système de treuil qui permettait de monter des charges dans le fort. On y accède à pied après avoir franchi la Jay Pol (Porte de la Victoire), porte joliment ouvragée, puis on gravit une rampe raide au long de laquelle chaque porte commémore une victoire ou une divinité. Après une chicane (dispositif de porte très répandu afin d'empêcher l'utilisation de bélier et, ici, d'éléphants qui avaient le même usage), on arrive à la dernière porte, Loha Pol (Porte de Fer) à la gauche de laquelle on peut voir les empreintes des mains de satis.
Le
palais est un dédale de ruelles et palais où la pierre calcaire
ocre et rosé vient adoucir la dureté des masses de grès rouge.
La Cour du Couronnement (Sangar Choki) est entourée de bâtiments
aux fenêtres ajourées par lesquelles les femmes observaient la vie
qui s'y déroulait. Lors du sacre royal, le maharajah prenait place sur
un trône en marbre placé sur une tribune également en marbre.
Dans le Palki Khana, on peut admirer de superbes nacelles en argent ou revêtues d'or ou de miroirs et d'aussi magnifiques palanquins (fermés pour les femmes) notamment celui aux paons.
Superbe vue sur la partie sud-est de la ville et sur quelques "pâtisseries", avec au nord le temple Jaswant Thada (1899) en marbre blanc à la mémoire du maharajah Jaswant Singh II et, à l'est sur une colline, noyé dans la brume, le Umaid Bhawan Palace, palais occupé en partie par la famille du maharajah Gaj Singh II. Le reste est utilisé en musée et surtout en hôtel de luxe (repris par la chaîne Taj appartenant au groupe Tata) de style indo-colonial, 94 chambres et suites, piscine intérieure et fascinante salle de billard. Ce palais genre Belle au Bois Dormant fut construit dans les années 1930 et terminé en 1944, le mobilier commandé en Europe n'arriva jamais.
Revenus dans une cour, deux gardiens nous font la démonstration de l'enroulement du turban rajpoute qui mesure rien moins que 18 mètres (voire 22) de long !
Nous passons dans le Daulat Khana ("le Trésor") où l'on peut voir le Grand Palanquin ("Mahadol") ainsi que des collections d'épées et sabres damasquinés, fusil (le plus long du monde!), coffre en ivoire, marionnette... Puis ce sont les collections martiales de la Salle d'Armes.
Nous
gagnons le Phool Mahal (Palais des Fleurs) qui servait de salle de bal)
aux plafonds très ornés et murs et colonnes dorés à
la feuille. Puis ce sont les enluminures et peintures exposées dans le
Umaid Vilas.
Nouveau aperçu de la ville...
Coup d'oeil dans le Shis Mahal (Palais des Glaces) avec des boules multicolores suspendues au plafond avant de pénétrer dans le Thankni Mahal, pièce qui servait aux femmes et où sont exposés d'incroyables berceaux dorés dont un surmonté d'angelots.
Zanani
Deodi, la Cour des Femmes avec des constructions en pierre blanche et stuc
dont les fenêtres sont très ouvragées.
Coup d'oeil dans
le Moti Mahal (salle d'audience) datant de 1595. On l'éclairait
avec des lampes à huile placées dans les niches des murs. Qui dit
concubines dit évidemment eunuques préposés à leur
garde.
A l'occasion, Dilip nous raconte, anecdote ou pure invention? que son arrière grand-père était au service du maharajah et faisait office de castrateur...
Superbe
vue sur "la ville bleue" depuis la terrasse aux canons.
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Notre
fin d'après-midi devait se poursuivre au bazar animé autour de la
Clock Tower (la Tour de l'Horloge) avec ses arracheur de dents, fabricants
de peignes à miroirs...
...au lieu de cela et malgré nos
réclamations, Dilip nous conduit une fois de plus dans un marché
aux fruits et légumes (tiens donc, des choux-fleurs!).
Le tout s'est
terminé par de longs palabres avec des policiers car notre bus était
semble-t-il mal stationné.
POUR CEUX QUI DISPOSERAIENT DE PLUS DE TEMPS, ILS POURRAIENT ALLER VISITER