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JAIPUR - FATEHPUR SIKRI - AGRA: 270 Km
Départ
matinal (7h30) car nous avons quelques 260 km à parcourir vers Agra
avec visite en cours de route de Fatehpur Sikri.
Dernier
regard nostalgique sur le Palais de Vents en quittant Jaipur...
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Le
trajet est émaillé par le spectacle de petits temples, petits mausolées,
travaux agricoles: séchage de sorte de roseaux au bord des routes et sur
les terrasses des maisons, grandes briqueteries, pétrissage et séchage
de bouses...
Je ne profite pas pleinement du paysage car des dérangements
digestifs (que j'attribue aux épices) amènent le chauffeur à
imposer un brusque arrêt pour que je puisse soulager mon estomac révolté...
Au
bout de quelques 200 km, au niveau de Bharatpur, nous quittons le Rajasthan,
en direction de la grande plaine de la Yamuna, affluent sacré du Gange.
Des
surfaces semi désertiques, nous passons aux grandes plaines cultivées
du Nord de l'Inde.
Nous
revenons donc ainsi dans l'Uttar Pradesh, l'Etat le plus important du pays
en population avec 170 millions d'habitants (il inclut Delhi) et l'un des plus
pauvres (21% d'intouchables, chômage).
Nous quittons les Rajpoutes hindous
pour les grands Moghols musulmans.
Fatehpur
Sikri, l'étonnante et poétique cité de grès rouge
fut la capitale de l'Empire Moghol, sous le règne d'Akbar qui la
fit édifier de 1571 (1570 ? 1572? ).
Les
Moghols régnèrent sur à peu près tout le sous continent
Indien pendant plus de 200 ans. Ils
sont originaires d'Asie Centrale où ils subissaient la double pression
des Perses et des Chinois. On ne doit pas les confondre avec les Mongols même
s'ils sont de lointains héritiers de
Tamerlan (XIIIe-XIXes.). Bien que les premiers Moghols aient parlé la langue
mongole et conservé des coutumes turco-mongoles, ils avaient été
largement imprégnés de culture persane. Après
quelques soubresauts, c'est son petit-fils Akbar qui établit fermement
l'empire moghol. C'est
Etait-ce
une folie ou un rêve d'architecture ? Etait-ce pour se rapprocher d'un saint
soufi (adepte d'un courant mystique et ascétique de l'Islam), le Sheikh
Salim Chisthi, qui lui avait promis la naissance de fils ?
LES GRANDS MOGHOLS
Ainsi, Bâbur (le tigre), Humâyûn
(béni), Akbar (le plus grand) , Jahangir (possesseur du
monde), Shâh Jahân (roi du monde) et Aurangzeb (ornement
du trône) se succèdent pour gouverner les Indes de 1526 à
1707.
En 1526, après
avoir envahi l'actuel Afghanistan, Babur s'empara du sultanat arabo-turc établi
à Delhi et triompha des Rajput coalisés à Khanua, dominant
ainsi toute l'Inde du nord.
Akbar est le plus grand souverain éclairé
d'Orient après l'empereur Ashoka, hindou converti au bouddhisme au IIIe s.
av. J-C.
Comme ce dernier, non seulement Akbar l modernisa les institutions
mais il fit preuve d'une grande tolérance religieuse et d'un oecuménisme.
Il
épousa des princesses musulmanes (turques, persanes... notamment) et de
nombreuses princesses hindoues et même une chrétienne mais son épouse
la plus importante fut cependant Jodha Bai, princesse rajpoute, qui donna naissance
au prince héritier Salim. Ce dernier succédera à son père,
sous le nom de Jahângîr.
Dès 1585,
elle fut abandonnée par manque d'eau après 14 années de splendeur.
Il s'installa à Lahore (aujourd'hui au Pakistan). La ruine de la cité
fut accentuée par une épidémie de peste survenue un siècle
et demi plus tard.
La ville aujourd'hui, véritable cité-fantôme,
vit dans la solitude de son glorieux passé.
Ce
site patrimoine national est aussi classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1986 .
Après une marche d'approche d'un bon kilomètre dans un paysage d'où émergent des ruines, accompagnés d'enfants vendeurs-sangsues très collants, nous passons la porte Nakkar Khana.
Arrivés dans l'enceinte même de la cité impériale, pendant une bonne heure, on va y découvrir d'impressionnants monuments publics et d'exquises résidences privées. Des groupes d'enfants accompagnés de leur maître sont en voyage scolaire.
Le
Diwan-i Am (Hall des Audiences Publiques, ça rappelle le Rajasthan
car certaines appellations sont les mêmes que dans les palais de maharajah)
où l'empereur rendait la justice et recevait les ambassadeurs. L'édifice
est précédé d'un vaste tapis de gazon tandis que l'on voit
déjà émerger le Panch Mahal.
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Dans
la vaste cour du Pachhisi, nous nous intéressons au Diwan-i Khas
(Hall des Audiences Privées). L'énorme pilier central retient l'attention.
Son décor rassemble des éléments d'arts hindou, chrétien,
musulman mais aussi jaïn, persan et moghol! En guise de chapiteau, il comporte
36 consoles en forme de volutes soutenant quatre passerelles qui rejoignent un
balcon circulaire. Akbar s'y entretenait de religions avec les Jésuites.
Le
petit bâtiment attenant dit "kiosque de l'Astrologue" est
remarquable par ses arches finement sculptées dans le style jaïn.
Tout
près se trouve la salle du trésor qui était aussi un lieu
de jeu pour l'empereur et ses courtisanes.
Nous
traversons la cour, en passant devant le plus haut édifice, le
Panch Mahal (appelé aussi Bagdir, la Tour du Vent), étrange
construction pyramidale d'allure bouddhique ou plus trivialement rappelant un
château de cartes, faite à cinq niveaux et soutenue par 176 piliers.
Des jalis, claustras de pierre finement ciselés, occupaient l'espace
entre les piliers. Ce bâtiment à la limite du harem était
utilisé par les femmes qui pouvaient ainsi voir la vie extérieure
au palais.
Quant à l'empereur Akbar, il y venait contempler la lune.
Nous arrivons au bord d'un bassin carré, Anup Talao, occupé par une grande estrade centrale que l'on rejoignait par quatre passerelles. C'est le principe du jardin moghol (ou arabo-andalou) mais inversé, l'eau remplace le végétal et la pierre remplace l'eau. A l'arrière, on voit l'édifice tout simple qui servait d'appartement à l'empereur, le Diwan Khana-i Khas.
Près de là, nous passons au pavillon de la Sultane Turque dont les murs sont couverts de magnifiques sculptures à motifs de fleurs et d'oiseaux. Ces derniers furent martelés à l'instigation de l'arrière-petit-fils d'Akbar, l'empereur Aurangzeb qui revint à la stricte orthodoxie musulmane.
Nous arrivons dans la cour du haramsara, le harem. Par un imposant portail on accède au palais de Jodh Bâî, qui était une épouse Rajput (fille du rajah de Jodhpur).
Coup
d'oeil dans la Sunehra Makan, appelé aussi "la maison dorée"
ou "la maison des Myriam" (nom porté par la mère d'Akbar
et par sa première épouse, fille du maharajah d'Amber.
Edifice
simple gardant des traces de polychromie évocatrices du monde hindou (éléphant...).
Fin
de parcours avec le Palais de Birbal, du nom d'un grand conseiller mais
plus probablement résidence d'une épouse ou d'une fille d'Akbar.
Toute
proche mais on ne nous donne pas la possibilité de la visiter, se dresse
la Jama Masjid, la mosquée dont on aperçoit les chhatris
(clochetons de style hindou) surmontant sa porte.
POUR CEUX QUI DISPOSERAIENT DE PLUS DE TEMPS, ILS POURRAIENT ALLER VISITER
Nous reprenons la route pour une quarantaine de kilomètres qui nous séparent
d'Âgrâ.