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Après
déjeuner, nous quittons l'hôtel "Heritage Resort"
pour visiter la ville.
Dans les faubourgs nous passons près du collège
catholique Ste Sophie et d'une église toute proche. C'est aussi un secteur
où se trouvent de nombreuses casernes et camps militaires (le Pakistan
n'est qu'à 80 km.
Cette
ville et citadelle de grès rouge était une étape caravanière
et selon la tradition, elle fut fondée en 1488 par Râo (roi) Bika
ou Bîkâjî (d'où vient le nom de la ville) du clan des
Rathor, second fils du râja Rathor Râo Jodhajî du Marwar, fondateur
de Jodhpur.
A partir du XVIe s., sous l'empereur Akbar, les souverains
de Bikaner durent accepter la suzeraineté moghole qui en retour leur confia
des commandements dans l'armée impériale.
La
famille du maharajah actuel vit dans le palais de Lalgarh, à quelques
kilomètres de là, palais dont une aile sert d'hôtel et une
autre de musée.
Râjas et Maharajahs :
Râja
-roi- est le titre porté par les chefs hindous qui règnent
sur un territoire. Son épouse est une rani.
Lorsqu'un
râja est le suzerain de plusieurs autres, il prend parfois le titre de mahârâjah
- de mahâ, grand - ou l'une des formes râjadhirâja
ou râjarâja, "roi des rois".
Suivant les régions
de l'Inde, ce mot devient (mahâ)râi, (mahâ)râna
(féminin rânî) comme à Udaipur, (mahâ)râwal
comme à Jaisalmer, dans le nord du sous-continent. Ailleurs, on trouve
râo à l'ouest, chez les Marathes par exemple, râya
dans le sud.
Au
Rajasthan, leur épouse s'appelle la maharahni.
L'héritier
présomptif d'un maharajah régnant est un yuvaradjah.
Les
autres fils d'un maharajah régnant, du vivant de leur père, sont
des maharadjkumars, et prennent au décès de leur père
le titre de maharadjah, sans pour autant régner.
Les
fils de râja sont appelés râjputs, de putra "fils".
Cette appellation a été étendue à tout chef militaire
d'une principauté, d'une seigneurie, d'un canton petit ou grand, puis à
toute la caste des kshatriyas, enfin aux habitants du Rajasthan, autrefois
le Râjputâna.
Les filles d'un maharajah régnant sont
des maharadjkumaris.
La veuve d'un maharajah régnant est une
radjmata (= reine mère).
Ces
anciens seigneurs ont perdu leurs derniers privilèges et pensions sous
Indira Gandhi, en 1971, après qu'ils se fussent plus ou moins volontairement
dépouillés de leur pouvoir politique lors de l'indépendance
et de la partition du 15 août 1947. Ils possèdent souvent des palais
au décor kitsch, témoignage de leur prestigieux passé. A
leur souvenir, on pense à la chasse au tigre, aux danseuses sacrées
mariées aux divinités de pierre, aux satis, ces veuves
(et parfois courtisanes) qui s'immolent sur le bûcher funéraire de
leur époux ou maître. Ils se sont inventé d'incroyables généalogies
rattachant leurs ancêtres aux dieux du riche panthéon hindou.
L'essentiel
de notre temps, environ une heure et demie, est consacré à la visite
du Fort de Junagarh (construction commencée en 1587 et achevée
en 1593, ou selon d'autres sources de 1571 à 1611) entourant les anciens
palais de maharajahs (palais bleu Chattar Mahal). Ces constructions dues
au maharajah Rai Singh ont remplacé le fort construit par Rao Bika.
Le
fort est une citadelle avec un rempart de 986 m de long, doté de 37
bastions, de douves et de deux accès protégés par des portes
massives (garnies de piques pour empêcher d'utiliser les éléphants
comme béliers).
A la seconde porte, on voit les empreintes de mains
des satis, les princesses qui s'immolaient dans le bûcher funéraire
de leur époux. La troisième porte (Suraj Pol) défendue
par les statues de deux éléphants portant deux jeunes guerriers,
on trouve un petit oratoire dédié à Ganesh (des fils de coton
sont noués jusqu'à ce qu'un voeu soit exaucé).
Après
le porche principal, les fenêtres à moucharabieh des appartements
de la reine, des favorites et concubines donnent sur une petite place. Après
avoir franchi la troisième porte, on remarque dans la première cours
un kiosque de marbre blanc au milieu d'un bassin abritant un trône également
de marbre. Le maharajah s'y tenait lors de la fête du printemps, holi,
ou fête des couleurs célébrée à l'occasion de
la pleine lune de mars. De là, il bombardait de poudre vermillon ses épouses
et favorites qui se tenaient à ses pieds, dans la piscine. Sur une façade,
une fresque représente un train à vapeur, un bateau et un tramway
tracté par un éléphant. A remarquer aussi une loggia habillée
de faïence bleue.
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Nous passons par le Diwa-i Am (hall des Audiences Publiques) puis par le Anup Mahal avec une profusion de décorations (trône relevé par des incrustations de miroirs et une porte en noyer du Cachemire incrustée d'ivoire). Quant à la décoration du Badal Mahal, le Palais des Nuages, toute de bleu et de blanc, elle est parfaitement explicite.
La visite se poursuit par l'aile la plus récente, le Ganga Niwas, aménagé en musée. On commence par une belle collection de trônes, palanquins et de nacelles d'éléphants habillés d'or, argent, ivoire. Des gravures, telle celle présentant les signataires du traité de Versailles en 1919 sur laquelle figurent le maharajah Ganga Singh en tant que membre de la délégation britannique et notre tigre, Clémenceau (qu'il invita après guerre à la chasse au tigre!). Le maharajah de Bikaner se distingua en effet pendant la Première Guerre Mondiale en conduisant ses chameliers à l'assaut des tranchées en France. Pour sa bravoure, il fut promu général et devint membre du cabinet de guerre britannique pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Moins pacifiques, font suite toutes sortes d'armes: poignards à lame large à double effet (en forme de ciseaux), épée de 27 kg, sabres, masses d'arme, armures, boîtiers à poudre noire.
Bref un palais intéressant à visiter et un musée où l'on ne s'ennuie pas...
Avant
de retourner à l'hôtel, petite balade d'une demi-heure dans une rue
commerçante du Bazar Suraj Pol, voisin du fort.
Première expérience un peu stressante de devoir se mêler à la circulation anarchique car les trottoirs sont accaparés par les deux roues en stationnement, quant à la traversée de rue, elle nous rappelle le Vietnam. Dans la cohue et la bousculade générale, il vaut mieux éviter de se perdre de vue...
Joli
groupe de jeunes gens sikhs avec leur joli turban (noué de façon
différente des Rajpoutes).
![]() Notons
que tous les sikhs portent le nom de singh, "lion" (cf.
Manmohan Singh, Premier
Ministre depuis 2004).
Le nom complet de notre guide est DILIP SINGH RATHOR. Il n'est pas sikh malgré son nom de Singh mais hindou d'une caste de guerriers, kshatriya, donc c'est un lion! De plus son nom en dit encore plus sur son pedegree, il appartient au clan des Rathors, famille princière établie sur les royaumes de Jodhpur et ensuite de Bikaner. Rien que cela! Il suffit de voir comment il est servi de manière tout à fait servile par les employés des hôtels et restaurants... D'une
idée passons à l'autre. On évoque le lion, parlons
de l'animal proprement dit. |
POUR CEUX QUI DISPOSERAIENT DE PLUS DE TEMPS, ILS POURRAIENT ALLER VISITER
Retour
à l'hôtel Heritage Resort.
Dîner (kébab végétarien
avec des rouleaux de légumes, patates à la menthe, sauté
d'agneau).
Après déjeuner,
nous quittons l'hôtel "Heritage Resort" en direction de
Deshnoke, à 35 km plus au sud.
Spectacle
de rivière polluée, recouverte d'icebergs de mousse, interminable
train chargé de charbon, camion échoué dans le sable bordant
la route, vache broutant des détritus de plastique.
Moment
sensation et adrénaline!
Puis c'est l'arrivée au fameux temple des rats sacrés, le Karniji Mata Mandir.
Visite
pieds nus, chaussettes autorisées) au milieu d'un milliers de rats galeux!
En raison de l'heure matinale (8h30) , nous sommes parmi les premiers visiteurs,
les employées passent encore la serpillière sur le carrelage (ouf!)
et les pèlerins sont encore peu nombreux.
Le sanctuaire est entouré d'un mur d'enceinte peint en rouge. On y vénère Karni Mata, née en 1387 et qui aurait vécu 150 ans avant d'être emportée au ciel. Déjà vénérée de son vivant, on venait la consulter pour connaître l'avenir. Sollicitée pour ressusciter un enfant de la tribu Charan, elle ne put y parvenir car il s'était déjà réincarné en rat. Elle décida que tous les Charans se réincarneraient en rats.
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On pénètre dans la cour en passant par un porche de marbre blanc muni d'une porte en argent massif.
En pénétrant plus avant dans le sanctuaire, on voit des groupes de rats près de trous ménagés tout exprès dans les murs de marbre blanc. D'autres, plus hardis, traversent les salles en trottinant juste devant nos orteils, d'autres encore plus intrépides sont juchés sur les barrières en fer forgé, à portée de nos mains.
Bien nourris ou trop nourris de lait, riz et friandises, leur aspect n'est guère engageant. La consanguinité y est aussi peut être pour quelque chose. Finalement leur petit gabarit (par rapport à leurs congénères de chez nous) qui les fait ressembler à de grosses souris les rend un peu moins effrayants.
Il
reste à faire un brin de toilette avant de se rechausser. C'est là
que l'on se rend compte que malgré un carrelage passé à la
serpillière, on ressort avec la plante des pieds littéralement noire...
En suivant un convoi
de camions chargés d'explosifs, nous repassons à Bikaner afin de
nous diriger vers l'ouest, vers Jaisalmer distante de 250km.
Hautes cheminées fumantes de briqueteries, huttes isolées, minuscules villages de huttes, petits temples de villages...
![]() Une importante réforme est annoncée pour le début 2010 en ce domaine. Tous
les Etats de l'Union seront dans l'obligation d'assurer gratuitement la scolarisation
des enfants âgés de 6 à 16 ans, jusqu'au brevet. La scolarité
est gratuite, y compris le repas de midi, ce qui peut motiver certaines familles mais en revanche elles paient l'uniforme.
Il en coûtera 30 milliards d'€uros sur les cinq années 2011-2016, répartis pour 55% à la charge de l'Etat Fédéral et les 45% restants à la charge des gouvernements régionaux... Beau
programme quand on sait que le quart des postes d'enseignants sont vacants et
que seuls la moitié des "enseignants" en postes enseignent réellement
(ce qui nous a semblé le cas dans l'école visitée où
certains adultes avaient l'air de parfaits dilettantes), il est vrai que
seulement 40% des instituteurs ont reçu une formation. Donc moins de 40%
des postes d'enseignement fonctionnent réellement ! Beau
programme donc mais on sait que dans ce pays la plus belle législation
peut rester lettre morte. |
En
milieu de matinée, vers 10h30, pour répondre à nos souhaits,
Dilip nous fait arrêter au milieu de nulle part, à quelques centaines
de mètres d'une école du désert que l'on va visiter.
Les
cours ont lieu de 10 heures à 16 heures. Les vacances ont lieu en mai et
juin, lorsque les températures avoisinent les 50°! Les écoles
publiques sont gratuites et la scolarité obligatoire dure 10 ans.
Près
d'une cinquantaine d'élèves sont rassemblés dans la cour,
moitié de garçons et moitié de filles mais ce sont deux filles
qui sont leaders du rassemblement. Sous le contrôle des instituteurs, elles
mènent de mains de maître(sse) la prière et les proclamations
patriotiques qui suivent. Les élèves parfaitement alignés
sont totalement concentrés, yeux clos, mains jointes, malgré notre
présence importune.
Les élèves sont en uniforme (à
quelques exceptions près notamment les plus petites filles), les filles
sont en punjabi, tunique bleue, écharpe et pantalons blancs et les garçons
en chemisette bleue et pantalon beige.
Une seule jeune fille porte un foulard
sur les cheveux... témoignant de la faible proportion de musulmans dans
a population locale.
Classes
spartiates, les élèves s'assoient à l'indienne, à
même le sol. Matériel pédagogique réduit pour les trois
ou quatre classes de l'établissement: portraits des dirigeant historiques
(ceux d'anciens premiers ministres Jawaharlal Nehru, Indira Gandhi... ou celui
de la présidente du pays depuis juillet 2007, Pratibha Patil). Tableaux
pédagogiques illustrés sur l'anatomie, le sport, la faune, vocabulaire
basique (en hindouistani, hindi et anglais), carte des états de l'Union
Indienne et l'inévitable tableau noir... La cuisine est aussi rudimentaire.
Nous
laissons quelques cahiers et crayons et on nous remercie en nous demandant de
transmettre nos photos par courriel (meghnavrang@yahoo.com).
Une fois de
plus, une visite d'école édifiante dans une pays en développement.
Squelettes d'animaux dans le désert, cadavre de vache au bord de la route
Arrêt déjeuner
au "Desert Resort", effectivement en plein désert...
Cela
remplace le déjeuner prévu au Fort de Pokaran qui date de 1532.
Ville tristement rendue célèbre par les
essais nucléaires réalisés dans le désert voisin
en 1974 et 1998 , ce à quoi le Pakistan riposta la même année.
Nous ne verrons donc pas ses austères remparts de grès rouge...
Nous reprenons la route vers Jaisalmer
à quelque 100 km encore...
En cours
de trajet, Dilip évoque quelques traits de l'hindouisme. Un univers cyclique,
sans commencement, ni fin.
Entre deux réincarnations, la vie est découpée
en quatre étapes: jeunesse (de 5 à 25 ans), activité (25
à 50 ans), retraite (de50 à 75 ans en cohabitation avec ses enfants
et petits-enfants) et renoncement (à partir de 75 ans où les sadhus
ou renonçants, hommes ou femmes, se retirent du monde pour devenir ermites).
L'incinération
est le rite important attaché aux défunts, il permet à l'âme
immortelle qui erre sur terre de poursuivre son chemin, libérée
de son enveloppe charnelle, et de renaître sous une nouvelle forme.
En
revanche sont inhumées les personnes déjà sauvées,
dont la dépouille n'a donc pas besoin d'être brûlée
pour atteindre le salut: les sadhus, les enfants (moins de 10 ans) considérés
comme encore innocents, les personnes décédées d'une morsure
de cobra (signe de Shiva)
L'homme
naît trois fois. La première fois, il naît de son père
et de sa mère. Puis une seconde fois par le mariage et, enfin, quand il
meurt et qu'on le dépose sur le bûcher, c'est alors qu'il naît
pour la troisième fois.
Lhomme se marie une première fois
vers 30 ans puis, vers 60 ans, se consacre au domaine du spirituel à loccasion
dun deuxième "mariage"(avec la même femme). Lors
du premier mariage lhomme est en blanc (le sperme) et la femme en rouge
(le sang). Lors du second, lhomme est en blanc et la femme en jaune. leur
fils prend alors en charge tous les aspects matériels de la vie. Il est
donc essentiel que chaque famille ait au moins un fils, trop de filles sont, de
ce fait, craintes et la dernière parfois abandonnée.
Toujours dans le désert, nous voyons des casernements militaires, cela annonce l'approche de Jaisalmer... Dilip nous précise que des bases aériennes sont installées dans le désert avec des abris souterrains.