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SITES D'INTERET, VUS (extérieur) OU VISITES
Chateaux dits (improprement) cathares (Aude) | Quéribus et Peyrepertuse |
Le Fenouillèdes (Pyrénées-Orientales) | Gorges de Galamus Oratoire St Antoine Aqueduc d'Ansignan |
Roussillon (Pyrénées-Orientales)
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Conflent
| Prades
(église St Pierre) St Michel-de-Cuxa (extérieur) Corneilla-de-Conflent Villefranche-de-Conflent Mont-Louis village de Dorres |
Vallespir
(Pyrénées-Orientales)
| St
Martin-de-Fénolar (Maureillas-las-Lilas) |
Ces localités se trouvent sur l'un des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, notamment sur la route des pèlerins venant du Languedoc, de Provence ou d'Italie. | La
partie française des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle est classée
au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
depuis 1998 (celle d'Espagne l'a été en 1993). |
Des TERRES CATALANES jusqu'à la défaite des Cathares lors de la Croisade des Albigeois au XIIIe s.
Le surlendemain,
après un tour dans le nord du Roussillon dont nous reparlerons par la suite,
nous avons fait une incursion du côté de châteaux improprement
qualifiés de cathares, tout au sud du département de l'Aude,
le long de la grande barrière rocheuse marquant à la fois le début
des Corbières et la limite administrative avec le département des
Pyrénées Orientales.
Châteaux de Quéribus et de Peyrepertuse
Antérieurement
à la Croisade, certains petits châteaux construits aux Xe-XIe s.
avaient été susceptibles d'abriter des cathares. Ils furent
rasés par le pouvoir royal français qui établit aux XIIIe-XIVe s.
cinq citadelles avec une finalité double: contrôler ces nouveaux
territoires et défendre la frontière avec le royaume d'Aragon. Ces
cinq châteaux furent alors nommés les "cinq fils de Carcassonne":
Puilaurens (sur un ancien site cathare), Aguilar, Termes, Quéribus et
Peyrpertuse.
Notre petit périple en terre cathare nous a
fait passer au pied des deux derniers cités qui ont eu la particularité
d'être rattachés à la Catalogne pendant quelques siècles.
Ce sont des sites très fréquentés en cette période
de haute saison touristique.
Tout
d'abord, il s'agit des impressionnantes ruines du château de Quéribus
("Rocher des buis") qui, perché sur un étroit piton rocheux
à 728 mètres d'altitude, domine d'un côté le Grau de
Maury et de l'autre la commune de Cucugan sur le territoire de laquelle il est
bâti. A distance, ce qui s'impose à la vue, c'est son massif et haut
donjon polygonal.
En 1020, l'ancien château de Quéribus appartient
au comte de Besalú puis, en 1111, il fait partie du domaine du comte de
Barcelone, à la limite nord du royaume d'Aragon et ce jusqu'en 1255 où
le château tombe aux mains des croisés et entre dans le royaume de
France.
Nous passons près de la bourgade de Cucugnan (une centaine
d'âmes!) qui doit sa notoriété à une des "Lettres
de mon moulin", nouvelles publiées en 1865 par Alphonse Daudet. Contrairement
aux autres nouvelles dont il est l'auteur, ici l'écrivain n'a fait que
transcrire une nouvelle écrite en provençal. Comme il se doit, la
commune ne pouvait pas négliger de restaurer le moulin à vent qui
domine le village.
Quelques
kilomètres plus à l'ouest, c'est cette fois au pied des ruines du
château de Peyrpertuse ("Pierre percée") que nous
nous arrêtons, côté Duilhac-sous-Peyrepertuse. Sur une longueur
de 300m, la forteresse dresse les vestiges de ses défenses en haut d'une
falaise de 30 à 40m., sur une crête à 900m. d'altitude dominant
les vignobles de Corbières.
Comme Quéribus, au XIe s.,
l'ancien château de Peyrepertuse appartient au comte de Besalú puis,
en 1111, il fait partie du domaine du comte de Barcelone. Lors de la Croisade
contre les Albigeois, le château devient une possession française
en 1240.
Quatre siècles plus tard, avec le Traité des Pyrénées,
ces différentes forteresses perdirent alors leur importance stratégique
puisque la frontière fut déplacée plus au sud, sur les crêtes
des Pyrénées. La préservation de leurs vestiges n'a été
entreprise que depuis les années 1950.
De l'autre côté de cette barrière, nous avons poursuivi par une incursion dans le Fenouillèdes ("pays des foins"), une région qui correspond à la vallée supérieure du fleuve Agly, région qui n'a fait partie des Terres Catalanes que brièvement comme les deux châteaux précédents. Aragonais au XIe siècle, possession du comte de Besalú puis du comte de Barcelone, le Fenouillèdes est intégré en 1258 au royaume de France par le Traité de Corbeil en 1258 à l'issue de la Croisades contre les Albigeois qui fixe la frontière avec l'Aragon au sud du Fenouillèdes. A noter que l'on y parle occitan et non pas catalan.
Pour
gagner la vallée de l'Agly ("la rivière des aigles"),
nous empruntons les deux kilomètres de l'impressionnante route en corniche
des Gorges de Galamus, reliant Cubières à St Paul-de-Fenouillet,
qui en raison de l'affluence estivale et de l'étroitesse de la voie est
soumise à la circulation alternée.
Arrivés
du "côté pyrénéen", nous en profitons pour
visiter l'Ermitage St Antoine-de-Galamus.
Cet ermitage pour partie construit en 1782 à flanc de falaise utilise aussi
pour une autre partie une grotte naturelle. En 1843, le Père Marie (Joseph
Chiron) et le Père Bon s'y retirent. Quelques décennies plus tard,
lors du rude hiver 1870-71, un autre ermite, Pierre Verdier, y meurt. La grotte
servit de refuge aux premiers ermites dès le Moyen Age et des reliques
y furent déposées. Miraculeusement (!), un platane a réussi
à s'établir sur la minuscule placette où se dresse le clocher
de l'ermitage. Le son de sa cloche aurait le pouvoir magique d'exaucer certains
voeux, en particulier ceux concernant les mariages...
Nous
traversons la vallée au niveau de St Paul-de-Fenouillet pour gagner
la vallée de la Têt, en passant par le site de l'Aqueduc d'Ansignan
(IVe s.). Cet aqueduc-pont long de 170m. fonctionne depuis dix-sept siècles
et approvisionne toujours le village voisin. Ses 29 arches, sur un seul niveau
(ce n'est pas le Pont du Gard!), portent un tunnel permettant de franchir la rivière
réellement à pied sec car le canal qui le surmonte est parfaitement
étanche. L'enveloppant chant des cigales nous accompagne.
Après
être passés par les villages de Caramany et de Bélesta, nous
quittons le Fenouillèdes.
Des TERRES CATALANES jusqu'au Traité des Pyrénées au XVIe s.
EN ROUSSILLON: Perpignan et le nord de la plaine
Nous
allons effectuer un petit tour du centre ville de Perpignan. C'est le modeste
chef-lieu des Pyrénées-Orientales avec 120 000 habitants mais
il est vrai que le département ne compte que 450 000 habitant...
Perpignan
se trouve parfaitement placé au centre d'un triangle équilatéral
dont les extrémités sont Carcassonne, Montpellier et Barcelone,
villes distantes d'environ 160km.
Arrivés au centre, nous partons de la Place de Catalogne pour longer les
Canal qui rejoint la Têt par les quais
de Lattre de Tassigny et Sadi-Carnot, en passant par la place Arago (astronome,
physicien et homme politique natif des environs de Perpignan qui effectua ses
études secondaires dans cette ville)...
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Nous
passons devant la Préfecture juste avant d'arriver au Castillet ("Châtelet"),
édifice emblématique de la ville. Il s'agit d'une porte fortifiée
tout en brique rose qui date de XIVe s.
Non loin de là, arrivés
place de la Loge, nous jetons un coup d'oeil au bâtiment de la Loge de
Mer construit au XIVe s. à l'initiative du roi Jean Ier d'Aragon
pour réglementer le commerce maritime (comme en témoigne l'enseigne
placée à l'angle). Il a été agrandi
au XVIe s. après l'entrée triomphale de Charles Quint. On y
trouve aujourd'hui le Café de France. En continuité en trouve l'Hôtel
de Ville qui date également du XIVe s. La cour intérieure
et son portique dateraient du règne de Charles Quint.
Nous
traversons la place Gambetta ce qui nous amène devant le portail de la
Cathédrale St Jean-Baptiste qui fut achevée au tout
début du XVIe s. en style gothique méridional. La maçonnerie
de la façade est faite d'une alternance de galets et de brique. Le volume
de la nef est saisissant (80m de long et 26m de haut). Le retable du maître-autel
dédié à Jean-Baptiste date de la Renaissance. La chapelle
de la porte sud abrite un squelettique Dévot-Christ.
Nous
n'aurons pas loisir de visiter le Campo Santo voisin également connu sous
le nom d'ensemble funéraire Saint-Jean en forme de cloître. En cette
période, les lieux sont utilisés pour des spectacles en plein air.
Un
bon kilomètre de marche à pied nous conduit dans la ville haute,
plus au sud, afin de visiter le Palais des rois de Majorque (tarif 4€,).
En milieu de matinée, très très peu de visiteurs...
Construit
au XIIIe s., il servait de résidence lors de la venue des rois de
Majorque sur le continent (en 1262
le Comté du Roussillon est dévolu au royaume vassal de Majorque,
lui-même vassal du royaume d'Aragon, auquel il s'intégrera complètement
en 1349). C'est
une construction faite de galets et de briques dont le style emprunte au roman
et au gothique du fait de son achèvement en 1300.
La Cour d'Honneur est encadrée par quatre corps de bâtiments flanqués
de huit tours dont le donjon-chapelle Ste Croix ou Torre Major situé
dans l'axe du palais et qui abrite à sa base deux superbes chapelles superposées
de style gothique flamboyant (XIVe s.).
En
traversant la ville pour gagner la côte, nous apercevons les couleurs vives
du "Nouveau Centre du Monde" comme aurait pu le dire Salvador Dali.
Il s'agit de la gare totalement rénovée pour la ligne TGV allant
sur Barcelone dont les bâtiments sont habillés d'un dégradé
de couleurs (bleu, vert, jaune, orange)...
Nous arrivons bientôt
au Canet-Plage: beau temps, belle mer et foule...
Nous passons notre chemin, cap au nord, pour nous diriger vers la Forteresse de
Salses, à une quinzaine de kilomètres, près de l'Etang de
Leucate.
EN ROUSSILLON, pays de Salanque: forteresse de Salses-le-Château (tarif: 7€, si possible profiter de visites guidées)
Avec
des fonds fournis par sa richissime épouse, la reine Isabelle de Castille,
le roi Ferdinand d'Aragon chargea l'architecte et expert Francisco Lopez Ramiro
de concevoir "le type de construction [...] capable de tenir un siège
pendant 30 ou 40 jours, jusqu'à l'arrivée des secours".
La Forteresse de Salses fut construite en un temps record entre 1497
et 1502 afin de défendre la frontière entre la Catalogne et la France.
Salses était capable de loger 300 (ou 100?) chevaux et 1500 (ou 3000?)
hommes.
Nous profitons d'une visite guidée sur l'heure de midi, au milieu d'autres touristes, pas trop nombreux toutefois.
La forteresse de Salses, dite également "château des Templiers", est remarquable par son architecture, révolutionnaire à l'époque. Elle présente un exemple rare de transition entre le château fort médiéval et les fortifications bastionnées de l'époque moderne par son système de "fortification rasante" permettant de résister à l'artillerie à boulet métallique qui se développe alors au XVe s. Les seuls archaïsmes dans la conception de la forteresse, restent l'existence d'un donjon et l'utilisation de tours rondes qui ont l'inconvénient de laisser des angles morts. Ce n'est pas une forteresse enterrée comme on pourrait le penser de prime abord. En réalité, la construction est bâtie au niveau du sol naturel mais elle a été entourée d'un volumineux cordon de terre rapportée qui la masque et la protège.
La
forteresse est pourvue de murs d'enceinte de 6 à 10m d'épaisseur,
de douves inondables, de très nombreuses meurtrières extérieures,
de couloirs étroits en chicanes défendus par des meurtrières
intérieures, de lourdes portes, de petites cours intérieures défendables
par des tirs croisés depuis des meurtrières intérieures flanquant
chaque porte, corridor ou escalier. Elle est entourée de casemates ainsi
que de passages sous le fossé permettant d'accéder aux ouvrages
avancés. Les spécialistes y voient des caractéristiques mauresques,
puisqu'il avait travaillé sur l'Alhambra à Grenade.
Assiégée
quatre fois, la forteresse fut conquise par les Français en 1642. Vauban
fut fortement impressionné en la découvrant et ne fera effectuer
que des adaptations mineures en 1691. Certains n'hésitent pas à
dire qu'il s'en inspira...
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On
accède à la place d'armes après avoir franchi un châtelet,
une demi-lune et trois ponts-levis. Dans la cour où se situe un puits,
les bâtiments sud, nord et est servaient d'écuries et de casernes
(les trois niveaux situés au-dessus des écuries).
Les courtines
(mur reliant deux tours ou bastions) du chemin de ronde que nous visitons sur
le flanc sud sont particulièrement originales car elles sont arrondies
afin de faire ricocher les boulets et décourager l'escalade par les assaillants.
De même l'emploi de la brique peut sembler étonnant mais il s'avère
qu'elle protège mieux qu'une maçonnerie de pierre qui éclate.
Elle amortit l'impact et évite aussi que les défenseurs soient blessés
par des éclats.
Sur une petite cour à l'ouest, on accède
au logis du lieutenant du Roi, là il y a le donjon qui se déploie
sur sept niveaux (avec système de ventilation pour évacuer la fumée
des canons, monte-charges, cheminées, éviers, latrines et égouts)
se 20m de haut et "le réduit" (assurant la subsistance: farine
et denrées diverses, eau), sans oublier poudrière et réserves
de boulets!
Nous quittons la forteresse enveloppée par le chant des cigales en cette heure très chaude (30-35°).
EN ROUSSILLON, au-dessus de la plaine: les pays de Ribéral et d'Aspres
En remontant la vallée de la Têt, on trouve la petite ville d'Ille-sur-Têt (5000 habitants) surtout célèbre par son site géologique des Orgues immédiatement visible au nord de la ville, à partir de la route qui traverse les montagnes en direction du Fenouillèdes.
C'est un paysage de "cheminées de fées" plutôt que de "demoiselles coiffées" différents de ce que l'on peut voir ailleurs en France dans le Queyras ou l'Embrunais (près du barrage de Serre-Ponçon) et bien modeste par rapport à de grands sites étrangers (Bryce Canyon aux Etats-Unis ou Cappadoce en Turquie).
A une quinzaine de kilomètres de là, direction sud-est, dans un
vallon entre les collines du pays des Aspres, nous rendons visite au petit village
perché de Castelnou
en cette fin de journée,
de sorte qu'il reste peu de touristes...
Il se serre au pied de son château féodal de la fin du Xe s.(ou
du XIe?) remanié au XIXe s.
Ce village médiéval
se situe entre le causse de Thuir et le causse de Majorque. Ce fut le siège
de l'administration militaire des comtes de Besalu puis du vicomté du Vallespir
jusqu'en 1321.
Curieusement l'église Santa Maria del Mercadal (Ste Marie du Marché!) du XIIIe s. se situe en dehors du village où se tenait le marché car ne la chapelle castrale lorsque la population fut trop importante...
Sur
une colline voisine au nord-ouest du village s'élève une tour de
guet ou tour à signaux à un seul étage voûté
datant du XIIIe siècle. Elle faisait partie du réseau d'alerte et
de défense du Roussillon, en relation avec la plaine (Millas, St Féliu
et Força Réal) et avec les Corbières (château de Quéribus).
Le principe de ces tours est le suivant: leur maillage devait être en continuité visuelle. Les codes étaient transmis, de nuit, par des feux et, de jour, par signaux de fumée.
Le
village a conservé son enceinte avec huit tours et quatre portes dont la
porte nord, dite de Millar, par laquelle nous y pénétrons. Après
un crochet par la Carrer de la Font d'Avall (rue de la fontaine) , nous empruntons
la Carrer d'Avall (bas) puis la Carrer Na Patorra jusqu'à la place du château
(trop tard pour la visite).
En parcourant les rues, on retrouve une ambiance
médiévale bien assainie car aujourd'hui Castelnou est surtout un
village d'artistes et d'artisanat pour touristes, sans oublier bars et restaurants.
Toujours
dans le pays des Aspres, près de la plaine du Roussillon, nous aurions
aimé visiter le Monastir del Camp, l'ancienne abbaye des Augustins du village
de Passa. Il se situe à 10km au sud-est de Thuir, au milieu des vignes.
Si nous avions bien lu notre guide (visites en saison à 15H, 16H et
17H ou sur rendez-vous), nous aurions évité un détour inutile
et compliqué par la présence d'une manifestation cycliste et nous
ne nous serions pas fait jeter par un propriétaire (ou un régisseur)
atrabilaire ("On ne visite qu'aux horaires indiqués"). Profitant
du fait que les cyclistes ont un point de ravitaillement dans la première
cour, nous essayons d'avoir une vue extérieure des bâtiments monastiques
dans la seconde cour mais nous sommes rattrapés par le personnage toujours
peu amène qui nous répète à plusieurs reprises "Ici,
c'est une propriété privée!". Nous apercevrons fugitivement
une façade imposante dominée à une extrémité
par une tour.
Nous n'insistons pas pourtant il y aurait plusieurs choses intéressantes
et anciennes (XIe-XIVe s.) à voir ici: une ancienne chapelle romane,
le superbe portail en marbre blanc de la collégiale ou encore le cloître
gothique, l'un des plus anciens de la région... Dommage!
Nous profitons cependant d'une belle vue sur le massif du Canigou.
EN ROUSSILLON: le sud de la plaine
Nous poursuivons notre découverte du Roussillon, cette fois en direction du sud.
Ortaffa
se signale à l'attention par l'un des monuments symboles du village,
son clocher ou plus exactement sa Tour de l'Horloge surmontée d'un campanile
méridional en fer forgé. Il fut édifié entre 1898
et 1900 et sa forme est inspirée de la Tour Eiffel (réalisée
pour l'Exposition Universelle de 1889).
Pas le moindre touriste en vue...
Sur une
hauteur, après avoir dépassé le "château",
on arrive à l'ancienne église romane d'Ortaffa construite dans l'enceinte
du cimetière. Elle est dédiée à Ste Eugénie.
De style roman, elle est citée par des textes en 1145.
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Plus
intéressante est l'étape suivante qui nous conduit à Elne
(le nom se référerait au souvenir de l'impératrice Hélène,
mère de Constantin) pour visiter la cathédrale ainsi que le superbe
cloître attenant (tarif 4,50€).
En fin de matinée, nous
ne sommes que quelques visiteurs.
La
cathédrale Ste Eulalie et Ste Julie porte la marque de
différentes époques: portail du XIe s., voûtes du XIIe,
chapelle sud des XIVe-XVe avec un retable peint...
On y voit une Croix des
Outrages ou croix des Offenses ou Croix de Passion (tout comme on en voit dans
les Alpes à St Véran, en Sicile, en Andalousie et en Amérique
du sud) portant les objets du martyre: clous, marteau, tenaille, lance...
Les Croix des Outrages, Croix des Offenses On
peut en dénombrer jusqu'à 17... -
Le coq du reniement |
A
voir également, un Dévot-Christ en croix.
Le chevet, à
l'est, a une structure trilobée inégale avec une abside majeure.
La seconde tour d'époque moderne défigure un peu l'édifice.
Mais c'est surtout le cloître qu'il faut absolument visiter, un véritable chef-d'oeuvre roman, l'un des plus beaux de France.
La
galerie sud, jouxtant la cathédrale, date du XIIe s., tandis que les
trois autres galeries ont été bâties aux XIIIe-XIVe s.
(avec certaines colonnes torsadées)
Les arcades sont portées par des colonnes jumelées dont les chapiteaux qui sont remarquables ainsi que des piliers quadrangulaires intermédiaires et aux angles dont les chapiteaux sont également sculptés sur trois faces. On peut observer des représentations d'animaux fantastiques et chimérique, des scènes évoquant l'Ancien Testament (Adam et Eve endormie) ou le Nouveau Testament (Annonciation suivie de la visite à Elisabeth, Nativité, Adoration des Mages, Fuite en Egypte)...
Changement
de décor en arrivant sur la côte...
Mauvaise surprise, alors
que l'arrière-pays était sous le soleil, le littoral est noyé
dans une épaisse brume de telle sorte que ciel et mer se confondent à
courte distance.
Dans cette atmosphère les estivants sont peu incités à la
baignade comme on le voit à St Cyprien-Plage.
Les choses
ne sont pas encore arrangées lorsque l'on passe à Argelès-sur-Mer
avec ses 7km de plage de sable baignés dans une brume de mer pas très
chaude. A quelques kilomètres de là, le soleil refuse même
d'illuminer le Château de Valmy, au milieu des vignes d'un coteau...
EN ROUSSILLON: la Côte Vermeille
Sur ces rivages rocheux, nous trouvons enfin un soleil digne et de la saison et de la région. On va encore dépasser les 30°!
Collioure est
une vraie perle de la Méditerranée. En ce début d'après-midi,
le moins que l'on puisse dire c'est que nous ne sommes pas les seuls à
trouver le site magnifique.
Dans l'Antiquité, c'était
le port d'Elne et très tôt sa position stratégique a dû
être défendue. C'était aussi un ancien bourg de vignerons-pêcheurs
qui a inspiré les peintres de l'école fauviste notamment Henri Matisse,
Henri Marre, André Derain...
Nous
décidons de visiter le "château royal", l'ancien
château des roi de Majorque (tarif 4€), visite qu'il est souhaitable
de faire en étant guidés. Notre guide nous embarque pour une visite
d'une durée annoncée de 1h30. En réalité, elle durera
trois bonnes heures. C'est la ruse habituelle de ce guide intarissable (il peut
conduire la visite pendant cinq heures, nous avoue-t-il en fin de visite), originaire
de Banyuls où il exerce également le talent de vigneron... Les enfants,
attentifs tout au long de cette visite, ont bien mérité le diplôme
qui leur a été remis à la fin!
L'ancêtre
du château actuel protégeait le petit port catalan depuis l'an 672,
d'ailleurs la base de la tour-clocher de l'église St Vincent est d'époque
romaine.
La région tombée dans l'apanage des rois de Majorque,
ceux-ci y ont fait bâtir une résidence à leur mesure pour
leurs séjours (estivaux) sur le continent du XIIIe au milieu XIVe s.
puis il devient directement possession du royaume d'Aragon. C'est l'un des derniers
châteaux forts royaux médiévaux subsistant en France.
Un siècle plus tard, il devient de fait espagnol en raison du mariage
de Ferdinand II d'Aragon avec Isabelle de Castille en 1469.
partir de
Charles Quint, sous la domination des Habsbourg d'Espagne, les Espagnols l'agrandissent
(un large emploi de la brique en témoigne). Ils surélèvent
également la tour du port qui sert de phare.
En 1642, dans le cadre
des rivalités opposant les Habsbourg (Empire) et les Bourbon (France),
Collioure est assiégé par 10000 soldats français dont les
mousquetaires avec notre fameux d'Artagnan. Privés d'eau les Espagnols
durent se rendre.
En
vertu du traité des Pyrénées (1659), le Roussillon et les
comtés voisins sont annexés par la France. Les Français renforcent
la forteresse et l'étendent au détriment de certains habitants et
sans doute pour se faire pardonner, ils construisent l'église Notre-Dame
des Anges, au bout du port et du phare voisin dont ils firent un clocher...
La
partie médiévale correspond au donjon où se trouvait le logis
du seigneur et de sa cour. Une enceinte permettant de délimiter une basse-cour
protégeait la population du village en cas d'attaque. Les agrandissements
espagnols ont consisté à créer une forteresse avec un rempart
à courtines remplaçant l'ancienne enceinte tandis que des bâtiments
s'y adossent pour accueillir une garnison. Ils ajoutent une barbacane devant l'entrée
et deux bastions. En outre, ils construisent sur les hauteurs avoisinantes les
forts Miradou, tout proche (simple tour au XIVe siècle, Charles Quint la
renforce d'une enceinte en 1554, Vauban lui donne sa forme actuelle en 1672 et
il est actuellement occupé par le CNEC,le Centre National d'Enseignement
Commando - pour les Commandos de Marine) et St Elme (construit à la
demande de Charles Quint à l'emplacement d'une tour de signal préexistante,
il occupe une position stratégique sur une colline entre Collioure et Port-Vendres)
.
Avec les Français, on assiste entre 1671 et 1676 à la destruction
des habitations du quartier voisin (au sud-ouest) et même de l'église
fortifiée médiévale Ste Marie qui fut rasée afin
de libérer de l'espace de sorte que Vauban puisse aménager un glacis
permettant de tenir l'ennemi à distance sur ce côté des terres
moins facile à défendre. La population déplacée s'installa
dans un faubourg, au sud de la forteresse, au fond de l'Anse de la Baleta, là
où se trouvent le Port et la Plage d'Avall, non loin du couvent des Dominicains.
Le village se trouve ainsi séparé en deux parties bien distinctes.
Notre intarissable guide nous explique comment les escaliers situés dans
la contrescarpe du fossé pouvaient être des pièges pour un
ennemi au cas où il serait parvenu à franchir l'enceinte. En effet,
notre cerveau se règle automatiquement sur la largeur et la hauteur des
premières marches que l'on emprunte et la ruse consiste alors à
faire que certaines marches comportent un giron (là où l'on pose
le pied) plus ou moins large ou une contre-marche (la hauteur) plus ou moins haute,
de sorte que cela entraîne un déséquilibre sinon une chute!
De même, Vauban conçoit des escalier dont la partie inférieure
en bois est amovible tandis que la seconde marche en maçonnerie est à
1,50m du fond du fossé, constituant un véritable obstacle. "Pas-de-souris"
et "pas-d'âne"...
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En
mars 1939, le château devint le premier camp disciplinaire destiné
aux réfugiés de la Retirada ("la retraite", autrement
dit l'exode des réfugiés espagnols de la guerre civile), avec la
fin de la guerre civile espagnole. On en reparlera plus tard.
Le
poète espagnol (et professeur de français) José María
Machado Ruiz, connu sous le nom d'Antonio Machado, épuisé par sa
fuite de l'Espagne franquiste est mort ici le 22 février 1939 et repose
au cimetière.
Longtemps utilisés par l'armée, les
commandos de marine en occupent encore aujourd'hui une partie du très long
et complexe réseau de souterrains (sur plusieurs niveaux). Nous finissons
justement notre visite par une petite partie accessible de ces souterrains qui
nous ramènent près de l'entrée.
Petit
tour en ville où il y a foule de touristes par le boulevard du Boramar
qui longe la plage. Foule également sur la plage qui n'est pourtant qu'une
plage de gravier et non de sable fin... Au pied du château, quelques barques
traditionnelles catalanes posées là pour le décor! Face à
la plage, on peut voir un exemple d'ancienne maison typique de vifneron-pêcheur,
étroite et sur quatre niveaux.
Visite de l'église N-D
des Anges dont l'origine a été précédemment évoquée.
Dans l'édifice très sombre, il n'est pas aisé de voir les
neufs retables en bois recouvert d'or, typique du baroque espagnol.
Retour
par la rue Mailly, la rue de la République, la place du 18 juin et le boulevard
Camille Pelletan.
En quittant Collioure, on a un autre point de vue sur le château royal et l'on aperçoit sur la digue la petite chapelle St Vincent, en arrière-plan de l'église N-D des Anges.
Nous
empruntons la route sinueuse et chargée de circulation en direction de
Banyuls.
On imagine ce que cela devait être quelques
jours avant notre passage dans la région lors du gigantesque incendie de
juillet 2012 qui a ravagé 15 000ha en Catalogne, du Perthus à
Figuères sur près de 25km, bloquant le trafic sur l'autoroute transfrontalière,
trafic qui un moment a été détourné pour partie soit
vers l'Andorre soit par cette route difficile passant par le Cap Cerbère
et Portbou où trois Français ont péri... Le sinistre favorisé
par une sécheresse extrême, pas connue depuis 70 ans, avec
un déficit pluviométrique de l'ordre de 70% suite à l'hiver
le moins arrosé depuis 1959 a
sévi pendant 5 jours (du 22 au 26 juillet) et mobilisé quelque 1500
pompiers et 25 avions Canadair, bombardiers d'eau, et hélicoptères
qui sont intervenus en terrain difficile. Heureusement l'eau du lac artificiel
de Panta de Boadella a pu être mise à profit.
Sur le chemin de
notre retour une
quinzaine de jours plus tard, tout
au bord de l'autoroute A9, nous retrouverons deux incendies en cours (pompiers
présents) dans les Corbières...
Nous
passons au pied du Fort St Elme puis traversons Port-Vendres en passant
devant l'église Notre-Dame de Bonne Nouvelle (1888). Cette localité
s'est faite une double spécificité. La plus traditionnelle c'est
la pêche à la sardine et surtout la pêche à l'anchois
(met catalan prisé) à l'aide de lamparos. L'autre spécificité,
c'est son port de commerce qui reçoit des cargos frigorifiques apportant
fruits et légumes exotiques en provenance d'Afrique du nord et d'Amérique
du Sud. C'est le port méditerranéen le mieux placé pour l'entrée
des fruits et légumes dans la communauté européenne.
Puis
c'est Banuyls, célèbre pour sa production de vin doux naturel
issu de vieilles vignes cultivées en terrasses sur les coteaux pentus.
En fait, les quatre localités de Collioure, Port-Vendres, Banyuls et Cerbère
produisent des vins doux naturels sous les appellations Collioure (330 ha)
et Banyuls (1750 ha, cépage dominant: grenache noir). La vigne fait
partie du paysage de la région depuis que les Phéniciens l'ont introduite
au VIe s. av. J-C. La production a été améliorée
au Moyen Age par récupération des eaux de pluie pour irriguer (à
l'initiative de l'Ordre de Templiers).
Les
vins sont élevés plus ou moins longtemps dans divers contenant de
bois généralement très anciens dans lesquels le vin est laissé
au contact de loxygène. L'oxydation qui en résulte est parfois
accélérée par un élevage en plein air et la fermentation est interrompue par adjonction d'alcool afin de conserver des sucres résiduels. Mais dire de
cet apéritif qu'il s'agit de "vin cuit" par ébullition (spécialité
de Palette, en Provence) est une grave erreur car il s'agit ici d'un "vin muté",
tout comme les Maury, Rivesaltes (muscat) et Porto...
Il
est tard et il faut rentrer à notre base, au Boulou. Il nous aurait fallu
disposer de quelques heures de plus pour pousser jusqu'au Cap Cerbère,
à la frontière, pour grimper à la Tour Madeloc ou pour passer
par les petits villages des Albères Sorède, Laroque ou Villelongue...
EN ROUSSILLON, les Albères: St Génis-des-Fontaines et Le Boulou
St Génis-des Fontaines est une bourgade située au pied des Albères, à une quinzaine de kilomètres de la côte et de l'Espagne.
Nous en visiterons l'église et le cloître (tarif: 2€). Il est 9H30 et nous sommes les seuls visiteurs. Dommage pour les autres!
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L'église
St Michel de St Génis-des Fontaines a été
édifiée entre le Xe et le XIIe s. et constitue une partie de
l'abbaye créée vers l'an 780 et dédiée à St-Génis,
martyr d'Arles. Après sa destruction par les Normands, elle fut reconstruite
au IXe s. Une voûte a remplacé la charpente au XIIe s.
Le linteau en marbre blanc de Céret placé au-dessus de la porte
d'entrée est orné d'un bas-relief du XIe s., ce qui en fait
la plus ancienne pièce romane datée (1019-1020). Dans une mandorle
(une forme ovale, en amande), on peut voir le Christ en Gloire sur un trône
porté par deux anges tandis que deux groupes de trois apôtres se
tiennent debout de part et d'autre. Deux autres bas-reliefs représentent
des défunts ensevelis et un autre, une crucifixion.
A l'intérieur,
on peut voir un curieux bénitier reposant sur un chapiteau représentant
des béliers provenant de l'abbaye de St André, non loin d'ici.
Plusieurs retables des XVIIe-XVIIIe s. sont visible sur les côtés
de la nef et dans les transepts (notamment celui de droite dédié
à N-D de Montserrat car l'abbaye fut rattachée au célèbre
monastère catalan en 1507)... Dans le choeur, on peut voir des stalles
en bois du XVIIe s. Dans le transept gauche, au pied d'une Croix des Outrages
portant le Christ et les instruments de la Passion, on peut voir une Vierge des
Sept Douleurs, statue habillée selon la tradition chrétienne en Méditerranée...
Mais
ce qui est plus passionnant, c'est le cloître voisin qui date du
XIIe s. (ou XIIIe?), donc contemporain de celui d'Elne.
Mais celui-ci
a connu bien des tribulations.
Il s'agissait d'une propriété
privée depuis sa vente comme Bien National en 1796.
En 1924, il fut
démantelé aux trois quart (ne resta en place que la partie sud-est)
par l'antiquaire Gouvert qui revend une partie des matériaux au propriétaire
du château de Mesnuls (Yvelines), le banquier roumain dorigine grecque
Jean Chrissoveloni. Deux arcatures et trois colonnes furent récupérées
par le Musée du Louvre et les piles centrales furent vendues au Musée
de Philadelphie aux États-Unis.
L'Etat, par sa Direction du Patrimoine,
racheta en 1981 la partie montée au château de Mesnuls qui a été
réinstallée ici en 1988, ainsi que les éléments du
Louvre...
Histoire passionnante mais encore plus passionnante "sa
lecture". Sa galerie bordée d'arcs romans appuyés sur des colonnes
simples (sauf celles accolées aux piliers d'angles ou celles engagées
dans les piliers intermédiaires) et supporte une galerie, un déambulatoire
fermé. Différents marbres ont été utilisés:
blanc de St Céret, noir de Baixas (près de Rivesaltes), rose
de Villefranche...
On
y retrouve un bestiaire d'aigles, de monstres et dragons divers, des visages,
des bergers avec des moutons, un évêque avec sa crosse, un homme
nu, des sirènes à double corps... Mon avis de non spécialiste,
c'est que l'on a là une facture plus primitive, en tout cas moins élaborée
qu'à Elne...
Le
Boulou (El Volo, en catalan) est notre base durant une semaine. Une
charmante et proprette bourgade de plus de 5 000 habitants, par ailleurs
station thermale. C'est notre base pendant une semaine dans la gentille location
de Mme Labarrière, au 6bis rue des Remparts (200€). Des retombées
de cendre du gigantesque incendie qui a sévit de l'autre côté
de la frontière (à une quinzaine voire une vingtaine de kilomètres!)
sont encore visibles.
En ville, quelques jolis décors (cadran
solaire, façade en trompe l'oeil).
Sur
la vallée, vestige des remparts (comme il vient d'être dit, nous
logions justement Rue de Remparts), construits en l'an 1197, subsiste l'une des
trois tours qui la défendait. La tour quadrangulaire, réhabilitée
en 1999 et 2005, se trouve au sud de la ville, rue del Mouli Vell, dominant le
fleuve (un grand mot, surtout en cet été particulièrement
sec!) Tech. Il ne subsiste rien du château qui était mentionné
encore au début du XIVe s...
Lors de la guerre de 1793 qui vit la confrontation des armées française et espagnole pour la possession du Roussillon, une bataille eut lieu au Boulou, les 30 avril et 1er mai 1794, assez célèbre pour être mentionnée sur l'Arc de Triomphe à Paris.
L'église
Ste Marie du Boulou date du XIe siècle mais elle a été
en partie reconstruite au XIVe siècle et agrandie au XVIIe. Certains éléments
de décor sont donc de réemploi.
La corniche du linteau de la
porte due au maître de Cabestany est remarquable. Elle représente
six scènes de l'enfance du Christ qu'il convient de lire de la droite vers
la gauche. Sur sa façade, on peut y voir une pierre tumulaire (provenant
d'un tombeau, du mot racine "tumulus") datée de 1220. A l'intérieur,
on peu voir un intéressant mobilier classé, en particulier 15 panneaux
de retables allant du XVe au XVIIe siècle et un crucifix en bois du XVIIe
également. Son autel consacré à la Vierge et à St Antoine
est de style baroque flamboyant (1755). Autre retable; celui de la Sainte Croix.
A voir aussi les panneaux des deux St Jean du XVIe s., la prédelle
(partie inférieure d'un retable) de la chapelle de la Ste Croix du
XVe (évoquant la Passion du Christ) et le panneau du Rosaire du XVIIe (évoquant
certains épisodes du Nouveau Testament, un aperçu du Conflent et
de la Cerdagne un aperçu du Conflent et de la Cerdagne de l'Annonciation
à la Pentecôte, ainsi que l'Assomption de la Vierge).
Un petit tour en CONFLENT et en CERDAGNE
Nous n'aurons qu'un aperçu du Conflent et de la Cerdagne à partir d'un circuit d'une journée effectué depuis notre base dans le Haut Vallespir, circuit bouclé côté espagnol en passant par Puigcerda et Ripoll (avec une route éprouvante et sans rien à voir d'une cinquantaine de kilomètres entre ces deux villes) , soit 300km... Une folie!
Dans
le mot Conflent, il faut sans doute voir le terme "confluent" (entre
la Têt et le Cady) puisque à l'époque romaine y passait la
Via Confluentana prolongeant la Via Domitia (de Beaucaire, près
d'Arles, au Perthus).
Après avoir contourné les Aspres et être
(re)passés par Thuir et Ille-sur-Têt, nous remontons la large vallée
de la Têt en passant au pied du village perché d'Eus, sans faire
de détour vers le Prieuré de Serrabonne dont le site ainsi que l'église
sont paraît-il remarquables... De la même façon, nous négligerons
l'abbaye de St Martin-du-Canigou et la montée au Canigou, qui nécessitent
quelques heures de marche et qui sont fort "encombrés" en haute
saison.
Prades
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A Prades, nous allons visiter l'église St Pierre, au clocher de style roman-lombard en marbre blanc datant du XIIe s. qui, par la suite, a été surmonté d'un campanile. L'édifice actuel qui date du XVIIe s. a remplacé l'ancienne église romane.
L'entrée
par un latéral, nous met face à un alignement de chapelles (grande
nef flanquée de part et d'autre de quatorze chapelles) pourvues de retables
du XVIIIe s. La voûte en croisée d'ogives est ornées
de fresques avec une dominante de bleus.
Mais pour les spécialistes,
la pièce maîtresse est le retable du maître-autel, exécuté
par l'artiste catalan Joseph Sunyer, entre 1696 et 1699, et réputé
pour être le plus grand retable baroque de France.
St Pierre,
au centre, coiffé de la tiare papale est surmonté dune Vierge
faisant la transition entre le pouvoir terrestre et pouvoir céleste, représenté
au sommet. St Pierre est accompagné par les apôtres et les disciples...
au total une centaine de statues et bas-reliefs.
Dans le croisillon gauche,
on peut voir un Christ Noir du XVIe s., la plus ancienne pièce de
l'église..
Nous
quittons le fond de la vallée par un détour sur les pentes au pied
du Canigou.
Cela
nous conduit à l'abbaye de St Michel-de-Cuxa
mais comme il est midi,
nous trouvons porte close et devons nous contenter de vues extérieures.
Dommage car l'église est un édifice remarquable par son ancienneté,
une construction préromane de la fin du Xes, l'une des plus grandes à
son époque. Cela affirmait la conquête territoriale et religieuse
des ces régions reprises aux musulmans par les carolingiens.
C'était un foyer culturel de l'obédience de Cluny qui rayonnait
sur toute l'Europe (propagation de la "Trêve de Dieu" lors des
guerres féodales aux temps de l'Avent, Noël, Carême et Pâques)
jusqu'à son déclin à partir du XIIIe s.
Aujourd'hui,
l'abbaye héberge une petite communauté monastique de moines de Montserrat.
Les petites fenêtres en arc outrepassé (en fer à cheval)
de l'église témoignent de l'architecture wisigothique. Des deux
clochers du XIe s., un seul a résisté aux tremblements de terre.
Comme celui de St Génis-des-Fontaines, Bien national après
la Révolution, le cloître fut vendu et une partie s'en alla aux Etats-Unis
en 1925 (au Metroplitan Museum de New-York) et il a été à
moitié reconstitué il y a une cinquantaine d'années.
Corneilla-de-Conflent et Villefranche-de-Conflent
Ayant
repris la route et dédaignant le Canigou qui nous écrase de sa masse,
nous passons près des vestiges d'une chapelle à Taurinya avant d'arriver
au village de Corneilla-de-Conflent et de son église romane (fermée
à cette heure zénithale) Ste Marie.
La porte à double
ventail est renforcée par des ferrures enroulées en spires en acier
catalan. Intéressant système de condamnation par verrou extérieur
combiné à une serrure qui permet de bloquer la poignée
de manoeuvre et donc empêche de faire coulisser l'extrémité
de la tige (le pêne) dans la gâche ménagée dans le montant
de la porte. L'autre extrémité est ouvragée en forme de tête
démoniaque.
Au tympan de son portail du XIIe s., figure
une Vierge à l'Enfant, encadrée de deux anges. Le chevet est éclairé
par trois superbes fenêtres, encadrées extérieurement de quatre
colonnettes avec chapiteaux et voussures décalées formant embrasure.
Nous retrouvons la vallée de la Têt en arrivant à Villefranche-de-Conflent dominée par le Fort Libéria que nous apercevions depuis un moment déjà. Etrange site pour une ville fortifiée dès le XIe s., encaissée au fond d'un verrou. Catalane jusqu'au Traité des Pyrénées, c'était l'une des positions clefs face aux "fils de Carcassonne" (les châteaux improprement qualifiés de cathares) depuis le Traité de Corbeil (en 1258, conclu à la suite de la Croisade contre les Albigeois). La ville fut refortifiée au XVIIe s. par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), architecte militaire de Louis XIV, et , à ce titre, elle fait partie des douze sites inscrits au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2008.
Les 12 sites "Vauban" inscrits au - Arras
(Pas-de-Calais)
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Ambiance peu sympathique en cette période, entre la foule des visiteurs
(sans parler de la difficulté pour stationner) et les boutiques à
souvenirs et autres...
Petit tour en ville notamment rue St Jean, avec
ses maisons du XIIIe au XVIIe s., entre la Porte de France et la Porte d'Espagne.
A
14h, nous profitons de l'ouverture de l'église St Jacques le Majeur.
L'édifice construit comporte deux nefs accolées, l'une du XIIe s.
et l'autre du siècle suivant avec des chapelles latérales. Pour
les réunir, le mur méridional de la première nef fut percé
de grandes arcades, l'église fut allongée d'un chevet plat (à
l'est) et un clocher bâtit à l'angle nord-ouest, surmontant à
moitié un portail du XIIe s. Lors de la fortification par Vauban,
le cloître qui se situait à l'ouest fut rasé et le portail
fut transféré sur le mur nord, à gauche du portail d'origine.
Ces deux portails sont en marbre rose, encadrés par quatre colonnes
surmontées de chapiteaux sculptés de feuillages, lions, singes et
les voussures du tympan s'adossent à de grossières têtes d'homme
et d'animaux. Les voussures sont très travaillées, celle de l'extérieur
ornée de bossages en forme de têtes humaines, le troisième
avec des formes hémisphériques spriralées ou étoilées
(coquilles?) et la quatrième encore plus complexe puisque sculptée
en torsade (genre pas de vis à filet carré) où l'on retrouve
les motifs précédents en taille plus réduite, accompagnés
de sortes de trèfles à quatre feuilles...
La porte à
double ventail du portail, est traitée dans le style catalan du XIIIe s.,
tout comme celle de Corneilla-de-Conflent que nous avons déjà
évoquée (verrou extérieur combiné à une serrure).
Les stalles du choeur (XVe s.) ont été déplacées
puisqu'elles se trouvaient autrefois au fond de l'église. On peut voir
une Croix des Outrages (ou de la Passion), un Christ gisant, une Vierge habillée,
une Vierge à l'Enfant, une Mise au tombeau, le retable de N-D de la Vie,
celui de St Pierre, la chapelle du Christ avec un Christ en Croix, la toile
de la chapelle St Antoine, la chapelle des Fonds Baptismaux avec la grande
cuve baptismale en marbre rose qui garde les grandes dimensions des cuves médiévales
où l'on baptisait par immersion (jusqu'au XVe s.)...
Nous n'aurons ni le temps ni le courage d'affronter les 1000 marches du souterrain
conduisant au Fort Libéria. Nous nous contentons d'un coup d'oeil au pont
fortifié sur la Têt conduisant à l'entrée de ce souterrain
et au passage à niveau sur la voie ferrée empruntée par le
Train Jaune (en réalité jaune et rouge) reliant Villefranche à
Latour-de-Carol (à la frontière avec l'Espagne, près de Puigcerdà).
Nous
avons encore un long parcours à effectuer. Remontant le cour de la Têt,
nous voyons bientôt le Pont Séjourné qui est plus précisément
un viaduc ferroviaire à deux étages permettant à la ligne
de Cerdagne, le Train Jaune, de franchir la Têt et d'enjamber la route nationale.
Contemporain de la ligne, il fut construit en 1908. La partie centrale est encadrée
par deux piles carrées ornées de créneaux.
Petite visite à l'église St Louis (XVIIIe s.) située dans la ville (il existe aussi une église dans l'enceinte militaire). L'édifice est tout empreint de rigueur militaire et la modestie du clocher provient du fait qu'il ne fallait pas qu'il serve de repère à l'ennemi...
En
Haute-Cerdagne
Nous
poursuivons notre chemin par la route de Font-Romeu plutôt que par celle
du col de la Perche, ce qui nous amène en Haute Cerdagne, c'est-à-dire
la moitié de l'ancien comté de Cerdagne, partagé avec l'Espagne
à la suite du Traité des Pyrénées.
Cette partie
correspond au cours supérieur du Rio Segre qui coule en direction du sud-ouest
(avant de confluer avec le fleuve Ebre dont le cours lui est perpendiculaire).
Après
Font-Romeu (1800m), nous pouvons jeter un regard sur le four solaire d'Odeillo.
Haut de 54m, il impressionne par sa gigantesque parabole réfléchissante
qui reçoit la lumière réfléchie par des miroirs plans
orientables et qui, du fait de sa forme, concentre l'énergie reçue
du soleil sur une cible portée à 3500°.
Nous
ne faisons pas le choix de passer par l'enclave de Llivia mais de rester
sur la route de Targassonne (site connu pour ses chaos granitiques qui rappellent
ceux du Sidobre ou du Huelgoat et également pour sa centrale solaire qui
a connu bien des déboires) afin de pouvoir faire un petit détour
par le petit village de Dorres. Nous ne partagerons pas l'enthousiasme
pour ce village que manifestent certains auteurs de guides.
Sympa mais ne
valait quand même pas le détour... Nous regrettons de ne pas lui
avoir préféré le village de Llo, par la route du Col de la
Perche.
Notre
folle boucle nous conduit à la frontière à Bourg-Madame (un
hameau devenu ville seulement en 1815 par la volonté du duc d'Angoulême,
Louis de France, exilé en Espagne par Napoléon, et nommé
ainsi en hommage à son épouse) et à sa voisine espagnole
Puigcerda.
La suite sera narrée dans une
autre page...
Le
VALLESPIR, la vallée du Tech (prononcer
[tec]) autour de Céret et d'Amélie-les-Bains
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Nous
quittons le Boulou en direction de Maureillas-las-Lilas afin d'aller visiter la
petite chapelle de St Martin-de-Fenollar,
au pied des Albères (tarif 3€), visite très intéressante
grâce aux explications fournies par la personne qui assure la garde du site.
Cette modeste chapelle est d'origine préromane (mentionnée
au IXe s.). Située sur la Via Domitia (de Beaucaire, près
d'Arles, au Perthus) se prolongeant au-delà des Pyrénées
la Via Augusta (qui allait des Pyrénées à Cadix),
elle constituait sans doute un ermitage rattaché à l'abbaye d'Arles-sur-Tech.
Sa charpente fut remplacée par une voûte de pierre et l'édifice
fut décoré de fresques au XIIe s. Ayant servi de grange et
de bergerie, l'édifice a malheureusement été très
dégradé par la création d'une porte (actuellement rebouchée)
dans son chevet plat et par le séjour du bétail. Malgré tout,
les gravures subsistantes sont de petits bijoux par la force de leur expression
et par leurs couleurs vives qui impressionnèrent Picasso et Braque.
Sur les murs, on peut voir des scènes de l'Incarnation: Annonciation, Nativité
(Marie allongée sur un lit), les Bergers et les Mages. La voûte représente
un Christ Pantocrator, en majesté, entouré des quatre évangélistes.
Sur le chevet, on peut également voir dans un losange une Vierge Orante
(en prière) entourée par deux anges.
Saint
Ferréol
Nous
faisons un détour sur l'autre versant de la vallée du Tech, à
l'Ermitage St Ferréol, à 5km au Nord-Est de Céret.
Il est situé à 300m d'altitude sur un replat rocheux dominant la
vallée. La chapelle a été érigée à la
fin du XIIIe s. par les moines bénédictins de l'Abbaye d'Arles-sur-Tech
mais les constructions ont été largement remaniées au XVIIIe s.
et une partie des bâtiments a souffert d'un incendie en 1975.
Lors
de la réfection des toitures, les décors peints sur les génoises
(XVIIIe s.) ont été refaits à l'identique. Sur la façade
restaurée, on a refait également le cadran solaire. Les reliques
de St Ferréol (saint patron de Céret) et de St Julien
sont conservées à Céret.
La région bénéficie
d'un climat favorable (300 jours de soleil par an) et de l'irrigation qui permet
des cultures de primeurs et des vergers, notamment les fameux cerisiers qui sont
les premiers à livrer leurs fruits dès la mi-avril.
Céret
Revenus à l'entrée de la ville de Céret, nous
nous arrêtons pour admirer le Vieux Pont dit aussi Pont du Diable
du XIVe s., avec son arche unique de 45m d'ouverture que s'élève
à 22m au-dessus du Tech. Selon la légende, le Diable avait permis
la construction en échange de l'âme du premier être vivant
qui franchirait l'ouvrage. Plus malins que le Malin, les Cérétans
y firent passer un chat noir...
Tout près de là, existent deux
autres ponts modernes, routier et ferroviaire.
Contrairement à certains
touristes francophones, nous avons plaisir à entendre des habitants qui
conversent en catalan...
Avant de remonter tranquillement la vallée
du Tech vers notre second point de chute à Prats-de-Mollo, nous pensions
consacrer un petit moment à la vieille ville, "La Mecque du Cubisme"
(Manola, Déodat de Séverac, Picasso) et à son église
St Pierre mais avant cela nous avions le projet d'aller jeter un coup
d'oeil sur le panorama du Pic de Fontfrède ("Fontaine froide",
à 1093 m. d'altitude) embrassant le Roussillon, le triple sommet du
Canigou, les Corbières et la Catalogne espagnole jusqu'à la baie
de Rosas...
mais le sort (le Diable ?) en a décidé autrement:
à 10h45 grosse panne (courroie de distribution) après une bonne
demi-heure sur l'étroite route de montée. Appel à l'assistance,
remorquage, négociations avec l'assistance pour un véhicule de prêt
le temps de la réparation (9 jours)... Nous pouvons transférer nos
bagages dans le véhicule de prêt à 15h45! Il nous reste à
trouver des arrangements pour prolonger de deux journées notre séjour
à Prats-de-Mollo...
Fictivement, renouons le fil des évènements
comme si rien ne s'était passé et continuons la remontée
du Tech en explorant ses sites tranquillement.
De
la ville thermale d'Amélie-les-Bains (antique Aquae Calidae,
"eaux chaudes") surmontée par son Fort-le-Bains (1670), nous
nous intéresserons surtout à son faubourg de Palalda, sur
la rive gauche du Tech, au débouché du défilé de Mondony.
Agréable déjeuner au restaurant "Le Poivre Vert" mais
personnel tyrannisé par le patron! C'est la cantine du comédien
Jean Rochefort....
Le village de Palalda (Palaudà au Moyen Age,
en référence à un "palais" ou plutôt un château)
est mentionné dès l'an 833. Les fortifications du XIIIe s.
dont subsistent quelques vestiges sont l'uvre de Guillaume-Hugues de Serralonga.
A la même époque, le village possédait sur les hauteurs une
tour à signaux dans le cadre du réseau de communication établi
par les rois d'Aragon, relais entre la tour de Montbolo et le château de
Cabrenc.
L'église du château dédiée à St Martin,
datée de l'an 993, devint église paroissiale au XVIIe s. La
ferronnerie extérieure de sa porte est remarquable.
Le village de Palalda
a été rattaché à Amélie-les-Bains en 1942.
Sources thermales et thermalisme Une source thermale est une source dont l'eau sort du sol à une température élevée, chauffée par un processus géothermique, "une chaudière géothermale", cest-à-dire par absorption au contact de roches chaudes de l'énergie thermique provenant des profondeurs de la Terre. En effet, en dehors des zones volcaniques, généralement la température des roches de la croûte terrestre augmente en fonction de la pression ambiante, pression qui évidemment augmente avec la profondeur (environ 1°C tous les 33 mètres). Les premiers usages des eaux thermales semblent remonter à 3000 ans av. J-C. Les Thermes ou gymnase grec, étaient dimmenses bains chauds utilisés pour usage médical (notamment pour soigner les lépreux ou les soldats blessés), hygiénique mais surtout social (lieu de convivialité de rencontre). Quant aux Romains, ils vouaient à leau un véritable culte. En
France, il y a plus de 1200 sources thermales. On les trouvent principalement
dans les régions montagneuses où affectées par des phénomènes
tectoniques (failles): Pyrénées, Massif Central, Savoie, Vosges-Alsace,
Corse. Le thermalisme connaîtra un engouement exceptionnel au XIXe siècle,
"surfant" sur la vague romantique. |
En
évoquant plus loin nos randonnées nous parlerons de Montalba
d'Amélie les Bains (Montalbà en catalan ce qui signifie
"mont blanc"), un hameau de montagne situé au pied du Roc Saint
Sauveur (Roca de Sant Salvador). Le hameau de Montalba apparut au XIIe s.
dans l'ombre du "Castello Monte Donno" (ce qui est traduit en Château
du Mont Dony, établit dès 1020). Il semble n'avoir guère
prospéré à l'image de sa petite église (fermée)
Notre Dame de Montalba, construite du XVIIe s.
Ce sera le point de départ
de l'une de nos randonnées. Nous y reviendrons bientôt.
Le VALLESPIR, la vallée du Tech autour de Arles-sur-Tech
A
Arles-sur-Tech, nous allons visiter l'église abbatiale Sainte
Marie.(tarif: 4€).
Au Moyen Age, la ville disposait d'un important réseau de canaux pour alimenter les fontaines, pour irriguer où pour actionner moulins et foulons. Au début du XXe s., les activités industrielles de la ville reposaient sur les tissages et les chocolateries (sept fabriques dont l'ancêtre de la marque Cémoi) mais l'inondation catastrophique de 1940 et la guerre leur furent fatales.
L'abbaye a pour origine un premier établissement créé en 778 par le moine Castellan sur l'emplacement de thermes romains situés à l'emplacement d'Amélie-les-Bains mais elle fut déplacée ici à la suite des incursions normandes du IXe s. Elle a été construite au XIe-XIIe s. et elle est considérée comme l'une des plus belles de Catalogne. Il s'agissait d'une abbaye bénédictine fortifiée qui s'étendit avec la création d'un cloître aux XIIIe-XIVe s. tandis que la ville s'entourait de fortifications (les rues courbes créées à l'emplacement des anciens fossés (valls en catalan) en conservent le souvenir.
Pour y accéder, nous passons devant l'Hôtel de Ville qui occupe l'ancienne Villa Las Indis, construite en 1900 et 1901 par l'ingénieur civil Joseph-Pierre Monin. Etrange mélange de styles architecturaux: néo-gothique, néo baroque, néo romain, Art Nouveau et Belle Epoque. Elle est cependant classée monument historique depuis 1992. Un Monument au Morts a été édifié au fond du parc qui s'étend devant la mairie.
L'accès
à l'abbaye s'effectue à partir d'un tout aussi étrange bâtiment
en maçonnerie de galets, une sorte de pastiche de palais néo-gothique
avec tour à créneaux d'un goût encore plus douteux. Le petit
jardin qui le précède présente quelques plantes méditerranéennes
et l'on peut se reposer sur les bancs artistiquement peints aux couleurs catalanes.
Nous commençons la visite de l'abbaye par le cloître
gothique non voûté, supportés par des fines colonnes double
avec des chapiteaux assez simples à feuillages déployés.
L'église
de type basilical comporte trois nefs. Au XIIes. une voûte en berceau brisé
a remplacé la charpente et elle est portée grâce à
des piliers qui ont alors été renforcés.
On peut voir,
à droite au bas de l'église, "la Rodella", un ex-voto
fait d'un cordon de cire d'abeille enroulé offert par le habitants du hameau
de Montbolo, le grand retable prébaroque (1647) dans la chapelle des Saints
Abdon et Sennen, le retable de St Pierre dans l'ancienne chapelle du Rosaire,
une Croix des Outrages et une Vierge des Douleurs dans l'absidiole sud, une chaire
date du XVIIIe s., le retable de la chapelle St Benoît (rappelons
que c'était une abbaye bénédictine), retable de la chapelle
St Antoine avec des prédelles (soubassements) de forme oblongue dont
une avec une Ste Marie-Madeleine couchée...
En sortant de
l'édifice, intéressons nous à sa façade. Le très
ancien linteau en granit gris est gravé avec l'Alpha et l'Oméga
encadrant une croix. Le tympan hémicirculaire est orné d'une croix
grecque en bas-relief de pierre claire et représentant en son centre un
Christ en Gloire (Pantocrator) tandis que les bras de la croix portent chacun
des symboles des quatre évangélistes (aigle, lion, taureau et ange).
Au-dessus du tympan, on peut admirer une petite fenêtre à arc roman
dont l'encadrement est sculpté de décors à motifs floraux.
Le haut de la façade est occupé par des arcatures et colonnades
de style lombard du premier art roman.
Au sud de l'étroit parvis,
dans une sorte de courette est présenté derrière une grille
le sarcophage de la Sainte Tombe. il aurait contenu les reliques d'Abdon
et Sennen ramenées depuis Rome par St Arnulphe. Le sarcophage est
considéré comme miraculeux car il a la particularité de se
remplir d'une eau pure.
Si la science ne fait pas de miracle, en revanche
elle peut en défaire... Les recherches effectuées depuis les années
1960 ont conclu que le couvercle est fait d'un marbre poreux qui filtre environ
30% de l'eau qu'il reçoit tandis que la cuve du sarcophage est constituée
d'un marbre imperméable. Ainsi peut il se remplir peu à peu d'eau
filtrée...
L'avant du sarcophage est orné du
chrisme, symbole qui combine en forme d'acronyme les 5 caractères grecs
IXΘYΣ signifiant Ièsous Christos Théou Uios
Sôtêr, c'est-à-dire "Jésus-Christ, Fils de
Dieu, Sauveur".
Au-dessus du sarcophage, scellé dans le mur, se trouve le gisant (qui placé
ainsi ne gît donc plus!) en forme de croix latine du seigneur Guillem Gaucelm
de Tellet qui fut inhumé en 1211.
Total
changement de décor avec les Gorges de la Fou ("précipice"
en vieux catalan?).
Chère visite (tarif: 9,50€ soit près
du double du tarif des Gorges de la Diosaz à Servoz, près de Chamonix,
certes aménagées seulement sur 1300 m.) et pas de réduction
car ne figurant pas dans le "Pass inter-sites" mis en
place par le département).
Les gorges ont été aménagées
avec des passerelles en bois en 1954 (remplacées par des passerelles métalliques
dans les années 1980). Elles sont exploitées pour le compte d'un
syndicat intercommunal regroupant les trois communes de Montferrer, Arles et Corsavy.
La Fou, petit affluent du Tech a entaillé la montagne sur une hauteur
de 250 à 300m. Les falaises les plus hautes de ce canyon atteignent 205 m.
(au Roc du Soldat). Considéré comme le canyon plus étroit
du monde dans sa partie la plus resserré qui ne dépasse pas un mètre
de large, le lit de la rivière est jalonné de marmites de géant
et ponctué de nombreux blocs coincés, galeries et grottes. Le site
n'a été exploré qu'en 1928 tandis que la tradition fait état
des exploits d'un dénicheur d'aigles et des Trabucayres, une bande de détrousseurs
de diligences du XIXe s. qui y trouvait refuge....
Sur les 1739m du canyon,
1500m ont été aménagés avec des passerelles en pente
(9% sur la totalité du parcours) et escaliers métalliques protégés
par les filets également métalliques.
La visite est complétée
par la présentation de la flore endémique des gorges et de certaines
plantes plus exotiques qui s'y sont adaptées (ramonada miconi),
sans omettre évidemment "L'Herbe aux Femmes Battues" (tamus
communi)!
Quittons un moment la vallée pour nous enfoncer sur les coteaux exposés au sud, dominant les gorges et situés au pied des contreforts orientaux du Massif du Canigou.
Corsavy et les mines de fer de Batère
Une
longue route sinueuse passe près de la chapelle romane Sant Marti (St Martin
du Xe s.) avant d'arriver au village de Corsavy (une commune de 200
âmes), à près de 800 m. d'altitude, dominé par
les ruines d'une tour de surveillance de l'ancien réseau des tours des
rois de Majorque, au XIVe s., tour qui se complétait avec le château
voisin (totalement en ruines). Plus loin, on aperçoit les vestiges d'une
autre tour, la tour de Batère située sur une crête montagneuse
à la limite entre le Vallespir et le Bas Conflent.
Si
l'on poursuit la route sur une quinzaine de kilomètre plus au sud, on arrive
au site des anciennes mines de fer (l'hématite, un oxyde fer de
densité aux environ de 5) de Batère vers 1500m d'altitude.
D'autres mines se situaient sur le versant nord du Canigou (Sahorre, Fuilla, Corneilla
de Conflent et surtout à Baillestavy). Batère est la mine ayant
fourni le plus de minerai de la région. On y extrayait le minerai du fameux
fer du Canigou ou fer catalan connu depuis l'Antiquité (IIe s. av.
J-C), fer qui a la particularité de ne s'oxyder que superficiellement grâce
au manganèse et au chrome qu'il contient naturellement. On devrait d'ailleurs
parler d'acier puisque de fait on a là un alliage naturel qui plus est
avec une assez forte teneur en carbone en raison de la fusion par bas-fourneau.
Une partie du minerai était traitée sur place dans des forges et
une autre en vallée (Arles, Le Tech, Prats-de-Mollo pour le Vallespir).
Les forges catalanes L'appellation
de "forges catalanes" s'applique en réalité à des
aires géographiques plus larges que la Catalogne puisque ce type de forges
à exister jusqu'au XIXe s. dans les régions de montagnes (pas
seulement les Pyrénées mais aussi le Massif Central et les Alpes).
Tout
part du bas-fourneau qui se présente comme une cheminée de
taille humaine (un ou deux mètres de haut) en briques et en terre cuite,
dans laquelle on dispose en alternance une couche de minerai de fer et
une couche de charbon de bois. La combustion du charbon de bois (d'où
l'importance des charbonniers dans ces régions avec le revers de la déforestation)
produit du monoxyde de carbone (CO) qui vient réduire le minerai, c'est-à-dire
"prendre" l'oxygène de l'oxyde de fer de sorte que le résultat
de la réaction donne du fer (plus ou moins pur) et un dégagement
de dioxyde de carbone (CO²). Avec ce procédé, on utilisait
de préférence des minerais riches en fer, à fusion facile,
tels les hématites brunes.
|
Tout en étant l'une des plus anciennes mines de fer de France et c'est
aussi la dernière à être restée en activité
puisque son exploitation n'a complètement cessé qu'en 1994 (ou 1987 ?)
comme en témoigne l'entrée qui semble avoir été murée
il y a peu de temps et les gros engins abandonnés au bord de la route!
D'ailleirs lLes déblais de pierre brune déversés au bord
des sentiers n'ont pas encore été colonisés par la végétation.
Ce sera le point de départ de l'une de nos randonnées.
En
repartant vers la vallée, en direction du village du Tech, nous passons
au village de Montferrer (encore une commune de 200 âmes), ancien
site de forges comme l'indique son nom ("Mont de Fer") est situé
à 830 m. d'altitude, non loin des ruines de son château féodal..
Petit rafraîchissement à la jolie fontaine voisine de la petite église
romane Ste Marie de Mollet des Xe-XIIIe s., dédiée à
la Vierge de l'Assomption.
Le portail avec une archivolte à quatre voussures s'appuie sur deux colonnes
à chapiteaux de marbre. L'église est surmontée par un petit
clocher-tour avec un toit à quatre pans. A l'intérieur, on peut
voir un sarcophage du XIVe s. de la famille de Castelnou (Dalmau II,
son épouse Beatrix et son fils Pere). Le retable du maître-autel
est du début du XVIIIe s.
Le VALLESPIR, versant nord de la vallée du Tech, au-dessus du village de Le Tech
Nous
changeons de versant: expositon nord sur les coteaux situés en dessous
des montagnes formant la ligne frontière.
Le gros village (1300 habitants) de St Laurent-de-Cerdans (qui nous servira de base de départ pour une randonnée) n'était jadis qu'une annexe de Ste Marie-de-Coustouges mais le fait de se situer sur une voie de passage transfrontalière favorisa un développement reposant en partie sur la contrebande.
Ses
activités industrielles de tissage et de fabrication d'espadrilles
ont périclité quelques années après la Seconde Guerre
mondiale.
La fabrication d'espadrilles catalanes (vigatanes) a été
introduite depuis la Catalogne ibérique en 1860. La semelle est faite par
enroulement d'une cordelette (cousue) en chanvre, sisal ou jute (importés
du Pakistan) sur laquelle est montée une empeigne de grosse toile.
En 1908 fut fondée une SCOP (société coopérative ouvrière
de production) sous le nom de "Union sandalière" qui produisait
alors 10 000 paires par jour. Au début du XXe s.cette production
occupait un millier (?) d'ouvriers dans une quinzaine d'usines et encore 450 ouvriers
en 1950. Elle n'employait plus que 80 personnes au cours des années 1980
et elle a été dissoute en 1988.
Le folklore remplace l'activité
puisque depuis 2002, les Béarnais de Salies-de-Béarn ont lancé
un "championnat mondial de lancer l'espadrilles"! Le Vallespir ne pouvant
être en reste, la commune de Sérralongue organise également
chaque été depuis 2009 son "championnat de lancer l'espadrilles"
(la session 2012 avait lieu le 12 août).
Une fabrique de toile a été
relancée depuis 1993 et il ne reste que deux artisanats de fabrication
d'espadrilles.
Particularité: c'est l'endroit qui détient un record de France pour la quantité de pluie tombée en 24 heures (1000 mm, le 17 octobre 1940, toute la région ayant à souffrir d'inondations catastrophiques).
Plus
intéressant, le coquet et petit village (commune d'une centaine
d'habitants) de Coustouges auquel il vient d'être fait allusion.
Il se situe à 830m d'altitude, à 2km de la frontière. C'est
le second village le plus méridional de France continentale.
Le village
mentionné au Xe s. dépendait de l'abbaye d'Arles-sur-Tech.
L'église
romane fortifiée du XIe s. dédiée à Notre-Dame
des Épines est remarquable. Par chance son portail, en pierre tendre, le
plus élégant de toute la statuaire romane de la région catalane,
se trouve protégé des intempéries par un narthex ajouté
aux XIIIe-XIVe s., une sorte d'avant-nef où les pèlerins en
route pour St Jacques de Compostelle pouvaient passer la nuit.
Le portail
de ce narthex est défendu par par une épaisse porte à
deux vantaux munie de pentures en fer forgé catalan, renforcée extérieurement
par des ferrures en volutes ou plutôt en spirales typiquement catalanes
que l'on peut voir sur d'autres édifices de la même période
. Une nouvelle fois, on peut admirer un intéressant et ingénieux
système de condamnation par verrou extérieur combiné
à une serrure. L'autre extrémité de la tige (le pêne)
est ouvragée en forme de tête de dragon avec tout le détail
de la denture... Système déjà vu à Corneilla-de-Conflent
et à Prades.
Ce genre d'édifice religieux et fortifié
était destiné dans l'Europe chrétienne non pas à servir
de refuge face aux armées qui n'étaient pas autorisées à
pénétrer dans ces lieux sacrés et (normalement) inviolables
mais plutôt pour se protéger de bandes de brigands pendant quelques
heures ou quelques jours (selon les réserves de provisions qui pouvaient
se trouver dans l'édifice). En effet, même une robuste porte revêtue
d'un "blindage" de fer ne saurait résister longtemps à
un bélier ou au feu d'un bûcher. Par ailleurs, les fenêtres
même placées en hauteur n'empêcheraient pas qu'on lance des
brûlots au travers pour enfumer les occupants ou que l'on y accède
par des échelles.
Venons-en au portail de l'église
proprement dite. Ses voussures sont soutenues par quatre colonnes dont deux sont
élégamment torsadées, colonnes surmontées de chapiteaux
en travertin à motif végétal (genre feuilles d'acanthe) ou
animaliers (Gorgone, lions, oiseaux et monstres divers). L'archivolte du tympan
est constituée de cinq arcades très richement ornées de motifs
floraux, de visages et d'entrelacs végétaux que l'on trouve également
sur le tympan proprement dit.
A l'intérieur, on découvre
la nef unique, sous voûte en berceau brisé. Le chevet comprend une
abside flanquée de deux chapelles aux voûtes d'ogives. Il s'ouvre
sur la nef par deux arcades encadrant un arc triomphal.
Une grille en ferronnerie
sépare le chur de la nef. C'est la plus belle que le Moyen-Âge
ait produite avec son millier de spirales qui senlacent autour de hampes
métalliques.
Une stèle comméèmore le souvenir
des 70 000 républicains espagnols (dont Antonio Machado) qui sont
passés par ici lors de la Retirada.
Amusant et instructif de lire
les plaques de rue écrites en français et en catalan... et la munipalité
affirme haut et fort son identité catalane.
Florilège de désignations et expressions en catalan
Carrer dels Botiguers | Rue des Marchands |
Tertúlia
ample del Consell dels Antecessors | Cercle
élargi du Conseil des Anciens |
Maquinacions
de xavals i pubilles en joguineig | Manège
des gaillards et filles en badinage |
Cada casa és un món | Chaque maison est un monde |
Ajuntament | Mairie |
Font del Serraller | Fontaine du serrurier |
Portal de la cavalleria | Porte (portail) de la cavalerie |
El Call Batti jueu | Quartier juif |
Pregueu per nosaltres | Priez pour nous |
El cul de la lleona | Le cul de la lionne |
Factoria de salaons | Saloir |
Nous espérons trouver un panorama intéressant sur la frontière
à Can d'Amont (en catalan can signifie "chez"). Plutôt
décevant et le hameau exsude la misère.
Après
être redescendus quelque peu, jusqu'à 600m d'altitude à la
Farga del Mig (le mot catalan farga signifie "forge"), petit
détour par un autre remarquable petit village, Serralongue
(250 âmes). Un site peuplé de longue date puisque des urnes funéraires
protoceltiques (Xe s. avant notre ère) ont été découvertes
au lieu-dit El camp de las Olles.
Serralongue
("Longue Montagne") avait un château au XIe s. détenu par
les seigneurs de Corsavy (village de l'autre versant dont nous avons parlé).
La famille, vassale de Jacques II de Majorque, se divise au XIIIe s. et le rameau
qui demeure ici prend le nom de Serralongue mais le château est rebaptisé
Cabrenç. De ce château et de son donjon détruits par Vauban
lors de la "révolte des Angelets " en 1663-1673 ne subsistent
que des ruines sur une crête à 1300 m. d'altitude, à
4km plus au sud, près des vestiges d'une tour à signaux du XIVe s.
En saison, il est intéressant de profiter d'une visite guidée (tarif: 4€) assurée l'après-midi en haute saison touristique (ou sur réservation) avec un érudit local, le conservateur du petit musée médiéval, M. René Magna. Passionnant si l'on veut faire abstraction de son ton récitatif et lorsque l'on sait qu'il se prête volontiers à toutes les questions des visiteurs.
Reposant
sur les fondations d'un édifice wisigothique, l'église romane,
un édifice fortifié en granit rose et bleu, date des XIe-XIIe s.
(l'entrée n'est plus libre depuis que des statues ont été
dérobées).
Le portail à quatre voussures sans ornement
est défendu par une épaisse porte à deux vantaux et pentures
en fer forgé catalan, renforcée extérieurement par des ferrures
comme on vient de le voir à Coustouges. Ici on retrouve également
le système de condamnation par un verrou extérieur dont l'extrémité
est ouvragée en forme de tête démoniaque, verrou combiné
à une serrure...
Originalité: un trou ménagé au
bas de la porte servait de chatière car il fallait penser à protéger
contre les rongeurs les provisions accumulées dans l'église pour
tenir face à un "siège"!
L'intérieur recèle
un retable baroque du XVIIIe s. et des objets curieux.
Ainsi une "Roda
de Fusta", une roue à clochettes du XIIe s. placée
à droite du choeur remplaçait la sonnerie des cloches du Jeudi Saint
au jour de Pâques. Les douze clochettes représentent les douze apôtres.
Sans le bas de l'édifice, on peut voir le petit sarcophage du comte
Guillem Hug, sire de Cabrenç, mort en 1270 lors de la Huitième Croisade
dont l'objectif était la Terre Sainte mais elle fut bizarrement détournée
vers Tunis, au cours de laquelle de nombreux croisés moururent de maladie,
dont le roi Saint Louis (Louis IX) qui la dirigeait. Notre guide nous explique
alors que le cadavre des seigneurs et souverains morts en croisade n'était
pas inhumé sur place mais bouilli afin d'être décharné
pour que leurs seuls ossements puissent être rapatriés. Ceci explique
la petite taille du sarcophage qui, du coup, est plutôt un ossuaire car
dans ce cas le nom de sarcophage est inapproprié puisque ce mot grec signifie
"mangeur de chair"! Le couvercle est orné d'une Croix de Malte
encadrée de blasons portant les armoiries des Cabrenç, c'est-à-dire
une chèvre (Cabrenç provient du catalan cabra).
Au-dessus,
a été placée l'une des deux poutres cornières peintes
provenant d'une salle de réception du château de Cabrenç (sans
doute lors de son démantèlement à la fin du XVIIe s.).
Elle fut retrouvée derrière le retable lors de sa restauration.
Une fois de plus, on peut voir ici une Croix des Offenses du XIVe-XVe s.
On peut encore y voir une cloche de 1783 ainsi que le mécanisme de l'ancienne
horloge fabriquée au XIXe s. dans le Jura (à Morez) par la
plus grande horlogerie pour monuments de Louis-Delphin Odobey Cadet, restaurée
par M. Magna qui a calculé qu'en 24 heures, elles tintait 336 fois!
En sortant de l'église, notre guide nous présente l'arbre qui
ombrage la placette voisine du cimetière. Il s'agit d'un micocoulier,
un arbre à feuilles caduques des régions méditerranéennes
(provençales en particulier) voire tropicales. Cet arbre n'est encore vigoureux
qu'en apparence car atteint d'une maladie qui le condamne à moyenne échéance
de sorte que les Pyrénées-Orientales devront se trouver un autre
"plus bel arbre du département" (liste qui fut publiée
par "ça m'intéresse" sous le titre "Où voir
les plus beaux arbres de France?"). Cet arbre a la particularité de
produire naturellement des branchettes fourchues qui servaient à fabriquer
de solides fourches en bois à trois (voire cinq) dents ou des fouets en
tressant les branchettes.
Il nous conduit à quelques pas de là,
au sommet d'une petite éminence sur laquelle se dresse une petite tour
carrée, avec un toit à quatre pans couvert de lauzes et dont les
façades sont percées d'ouvertures en plein cintre à encadrement
de brique. Il s'agit du Conjurador du XIVe s., dernier édifice
de ce type subsistant en France, qui comme son nom le laisse supposer, était
destiné à conjurer le mauvais sort dont les formes pouvaient varier
(épidémies, orages...). Survivance de pratiques païennes, il
fut intégré par les clercs qui s'y rendaient en procession lorsque
les circonstances l'exigeaient, adressant des prières dans la direction
d'où venait la menace tandis que la population se couchait face contre
terre au pied du monticule!
La visite guidée se termine au musée
médiéval où quelques scènes de la vie de château
ou de la vie paysanne sont rendues par des personnages de cire, grandeur nature.
On peut aussi s'intéresser aux maquettes animées représentant
les activités traditionnelles du Haut-Vallespir: forge, moulin à
farine, moulin à huile, foulons à laine et draps, charpenterie et
sciage, meules charbonnières.
En quittant le village, notre guide fait sonner le carillon récemment installé (2004) sur la mélodie de la chanson "Le temps des cerises" (composée par Antoine Renard en 1868) !
Il
se fait tard et nous ne nous rendrons pas à 7 km plus au sud, au village
de Lamanère, le plus méridional de France...
Le HAUT- VALLESPIR, Prats-de-Mollo (prononcer [prats de mo-io]) et ses environs
Prats-de Mollo (ce qui signifie "prés, pâturages de la fleur d'olivier") est la dernière commune de la vallée, mêlant caractère méridional catalan et montagnard (750 m. d'altitude). Elle se trouve très isolée de la vallée pourtant voisine du Conflent par l'imposante masse du Canigou qui présente une sévère face sud. En revanche, il est plus aisé de communiquer avec le Ripollès, de l'autre côté la frontière...
La
cité est mentionnée depuis la fin du Xe s. Fortifiée
au XIVe s., son enceinte qui comportait cinq portes fut en partie détruite
au siècle suivant par le tremblement de terre du 2 février 1428,
dit de Catalogne (magnitude 6 à 7?), dont l'épicentre se trouvait
de l'autre côté des Pyrénées. Ils furent reconstruits
au XVe s. mais onze ans après le rattachement à la France (en
vertu du Traité des Pyrénées), en 1670 les troupes de Louis XIV
les démolirent en représailles à la suite de la Révolte
des Angelets de la Terra ("Guerre du Sel" par allusion à
la contrebande portant sur cette denrée taxée). Cependant, conscient
qu'il fallait protéger la nouvelle frontière, le Roi-Soleil a fait
construire les fortifications modernes (1677-82) par son maréchal Sébastien
Vauban, qui a également construit le Fort Lagarde, surplombant les
lieux. Par la suite la ville a débordé hors des murs, notamment
dans sa partie aval.
En janvier 1939, durant la Retirada, 100 000 réfugiés
espagnols passèrent le col d'Arès, à Prats-de-Mollo. Pour
accueillir ces réfugiés on construisit quatre camps de concentration
dans la vallée du Tech qui furent fermés en mars.
L'inondation
d'octobre 1940 consécutive à quatre jours de forte pluie provoqua
une crue du Tech qui dévasta une partie de la ville et emporta le pont
d'Espagne.
Ce bourg d'environ 1100 habitants en comptait le double
en 1936 et le triple en 1836. Le déclin s'est accéléré
après la Seconde Guerre mondiale, et la population stagne au niveau actuel
depuis 1975. En raccourci, on peut dire que c'est une localité dont l'évolution
est complètement opposée à celle de Céret, en bas
de la vallée, qui avait le même effectif en 1836. C'est donc la bien
modeste capitale du Haut-Vallespir...
L'activité géothermale
se trouve au hameau de La Preste, 8km plus en amont (1130m d'altitude)
où les hôtels ont l'air de fonctionner.
Cette atonie est
immédiatement perceptible lorsque l'on aborde le village puisque l'on trouve
en déshérence l'ancien Hôtel Restaurant des Touristes et son
annexe située en face, ainsi que des parkings et l'ancien garage. A la
sortie amont, en direction de La Preste, pas mieux avec l'Hôtel d'Estamariu.
Ambiance glauque à la Stephen King... Seul signe de vitalité, quelques
maisons neuves en amont du village.
A l'unisson de la localité, notre
base pendant une semaine sera un appartement dans "la maison bleue"
déjà ancienne située près du garage fermé...
Pourtant en saison estivale, l'office du tourisme essaie d'attirer ou de retenir
les estivants en organisant des réunions festives les dimanches après-midi
sur la place, au son et au rythme de la sardane (sardana en catalan) jouée
par un groupe d'environ une douzaine de musiciens (cobla), les touristes
sont invités à se joindre à la danse traditionnelle où
les danseurs en cercle se tiennent par la main. Cette danse est plus difficile
qu'il n'y paraît car les danseurs doivent compter le nombre de pas et identifier
les changements de rythme. Tant les mélodies que les danses et même
certains instruments (tible et tarota, genres de hautbois) ne sont
pas sans rappeler les traditions festives bretonnes.
Deux parcours envisageables dans la ville.
Par l'extérieur
de remparts en passant devant les quatre portes: départ de la place
(Foirail ou Firal), de la Porte de France jusqu'à la Porte d'Espagne
dédoublée avec le Portal del Rector, en passant près du cimetière
avec la Porte de la Fabrique (au pied du fort) et les ponts de la Guillema (pont
fortifié muni de grilles en fer, un dispositif défensif qui serait
unique en Europe pour interdire les invasions par le torrent et, tout près
en amont, le vieux "pont romain" en dos d'âne) et enfin la Porte
du Verger. Cette enceinte aurait besoin de quelques restaurations et elle a été
percée au droit de quelques rues pour communiquer plus facilement avec
le quartier moderne qui s'est formé à l'est.
Autre parcours,
par les rues (carrer) à l'intérieur de la ville close
et en remontant peu à peu: rue Stes Justine et Ruffine (chapelle),
rue de la Porte d'Espagne, place d'Armes, rue piétonne et commerçante
de la Porte de France avec la place de la Trinxeria (nom d'un meneur des Angelets)
avec la mairie, rue de la Favorite, rue de la Croix Noire (carrer de la Creu
Negra), rue de l'Hospice, place del Rei... Il est intéressant aussi
d'emprunter les rues transverses qui se présentent sous forme de volées
d'escaliers en pas d'âne telle que la rue de la Croix de la Mission (carrer
de la Creu de Missio).
La chapelle Saintes Juste et Ruffine,
du même nom que l'église, est située au centre du village.
Elle a été construite en 1642, à l'emplacement de lauberge
où aurait eu lieu un "le miracle du vin". Selon la légende,
les saintes femmes avaient réussit à retirer l'eau du vin destiné
à la messe et frauduleusement coupé par un aubergiste qui le leur
avait fourni. Le petit édifice est décoré de vitraux et peintures
modernes de Jean Lareuse, artiste du pays.
| ||
La visite de l'église Saint-Juste-et-Sainte-Ruffine s'impose mais au fait sa véritable appellation devrait être Sainte-Juste-et-Sainte-Ruf(fi)ne car ces deux soeurs, Saintes, Vierges et Martyres, périrent à Séville vers l'an 287 après avoir été torturées pour avoir refusé de s'adonner au culte d'Adonis (amant d'Aphrodite dans la mythologie grecque), la première dans sa prison et la seconde décapitée.
De
la première église de 982, il ne subsiste que la cuve monolithique
(à gauche de lentrée). Le clocher crénelé ainsi
que le portail roman datent de léglise de 1245.
La nef néo-gothique
date du XVIIe s. (1649-1681).
Au
fond d'un petit porche, la porte à double ventail du portail est traitée
dans le style catalan du XIIIe s. avec ferrures enroulées en spires
selon le procédé des forges catalanes. A remarquer aussi sur la
droite, avant de passer la porte, un étrange ex-voto de deux mètres
de long. Il ne s'agit pas d'une défense d'éléphant comme
cela peut s'entendre mais d'une côte de baleine!
A l'intérieur
de la nef à cinq travées, bordée de trois chapelles au sud
et de quatre au nord, on est étonné de l'aspect quelque peu terne
pour ne pas dire poussiéreux des dix retables de l'église. Pourtant
depuis 2008-2009, le Conservatoire Départemental du Patrimoine a engagé
des actions sur cet édifice.
Face à la porte, la première
chapelle annexe dite de la Piétat date de 1427 et sert de lieu d'exposition.
Le retable du maître-autel en bois doré à la feuille
dor, sculpté par Louis Generes, est lun des plus beaux de la
région et il représente le martyre des Saintes Juste et Ruffine
(leur buste se trouve de part et d'autre du tabernacle), saintes patronnes de
la ville fêtées le 17 juillet. Le même artiste a également
réalisé le retable du Rosaire.
On peut apprécier le travail
du doreur Josep Gasch (originaire de Ripoll, de l'autre côté de la
frontière) des retables de Saint Michel et du Saint-Sacrement.
Autres
retables: Ste Catherine, St Joseph et St Eloi... On
peut aussi voir des toiles des XVIe-XVIIe s. représentant notamment
de St Antoine de Padoue et les Saintes Juste et Ruf(fi)ne (tableau de l'école
du célèbre peintre espagnol Murillo).
Malheureusement trois
des quatre statues qui ornaient le retable de St Pierre et St Paul ont
été dérobées au cours de l'année 2007. St Pierre
qui a échappé au voleur est maintenant visible en vitrine dans la
chapelle de la Piétat qui sert de salle d'exposition et les niches
du retable sont donc désormais vides.
Dans le cadre de cette exposition-musée,
on peut également voir le tableau restauré de Ste Cécile,
de l'orfèvrerie et des vêtements liturgiques (XVIIIe-XIXe-XXe s.)
et différentes statues anciennes. On y expose aussi une "Roda de
Fusta" (roue en bois) de 1,57m de diamètre munie de maillets qui
était placée dans le clocher pour remplacer le son des cloches lors
de la Semaine Sainte afin d'appeler les fidèles à la prière
et aux offices. C'est une variante des "roues à clochettes" (comme
celle de Coustouges que nous avons vue prédemment). Sur les 77 roues existant
en France, 30 sont localisées dans le seul département des Pyrénées-Orientales
(il y en a aussi en Bretagne).
Fort Lagarde est une citadelle du XVIIe siècle dominant la ville, parfait exemple d'adaptation du concept de fortification bastionnée, de manière à résister à une artillerie ennemie, notamment pour faire face à un ennemi arrivant en face, par le col d'Ares.
Désarmé après la Seconde Guerre mondiale, il a été acquis par la commune en 1976. La collectivité le restaure et l'ouvre aux visites d'avril à octobre. Du 16 juillet au 22 août 2012, on y présente un spectacle d'une et demi intitulé "Une forteresse, des cavaliers" (séances à 15h et 17h). Une navette permet aussi d'accéder au fort.
Ce fort a été construit d'abord pour protéger la nouvelle frontière du traité des Pyrénées et surveiller l'entrée du Haut-Vallespir. Il permettait aussi d'éviter que se renouvelle une révolte de la population mécontente des taxe qui la frappent (sur le sel) et plus généralement du rattachement des comtés du nord de la Catalogne à la France, sans oublier la répression culturelle, notamment sur l'usage de la langue catalane instaurée par la France.
La
majeure partie de la construction fut réalisée à partir de
1677 sur des directives de Sébastien Le Prestre de Vauban, commissaire
général des fortifications de Louis XIV qui fortifia de nombreux
édifices dans la région (Fort Bellegarde, château de Collioure,
Mont-Louis...). La conception de base découle des plans de l'ingénieur
Christian Rousselot de Monceaux (responsable des places fortes du Roussillon)
repris par Vauban (venu à Prats-de-Molló en 1679). Au coeur du monument,
une tour à signaux médiévale est encerclée par le
donjon construit en 1686.
En 1691, Rousselot élabora un plan d'agrandissement
que défendit Vauban mais il fut laborieusement et partiellement mis en
oeuvre par manque de moyens jusqu'au milieu du siècle suivant. La
fortification étant incomplète, la capacité du monument est
moitié moindre que celle prévue initialement par Vauban. Sur le
front Sud, deux lignes de défense se succèdent en avant du donjon.
Heureusement le fort Lagarde n'eut pas à soutenir un siège avant
la guerre de 1793 qui opposa les Français et les Espagnols. Le général
Ricardos lança son offensive initiale par le col d'Ares, et c'est tout
naturellement que le fort Lagarde s'est retrouvé en première ligne.
Il fut pris rapidement et resta aux mains de l'ennemi jusqu'en 1794
Partant
du fort, un souterrain de 142 marches datant du XVIIIe (ou XVIIe?) siècle
aboutit plus bas, au sud, à une redoute à mâchicoulis. Ce
poste de défense avancé est également appelé "Tour
Carrée".
Près de là, part un "chemin couvert"
(ou "tunnel blanc") construit au XIXe siècle, qui débouche
à quelques dizaines de mètres des remparts de la ville. Il a remplacé
l'ancien système de protection par palissade. Cette voie permettait aux
soldats, en poste dans la ville, de rejoindre à couvert le fort en cas
d'attaque. Il est tout à fait praticable car maintenant doté d'un
éclairage électrique qui complète l'éclairage parcimonieux
fourni par les fenêtres-meurtrières.
Tout à fait en dehors de la cité, notamment par les sentiers
de randonnée, on peut aller au lieu-dit El Mir de Dalt (1450 m.
d'altitude) pour voir la tour de Mir, tour de guet ou tour à signaux, construite
au XIIIe siècle par Jacques Ier d'Aragon, le roi de Majorque, pour surveiller
la frontière de France.
De plan circulaire elle comporte trois niveaux
couverts de voûtes en coupole. Elle a été restaurée
par le Conseil Général en 2009, à l'initiative d'une association
de sauvegarde du patrimoine (Velles Pedres I Arrels, Vieilles Pierres et
Racines) et avec l'aide de la fondation du Crédit Agricole. D'accès
libre, sa terrasse offre un superbe panorama sur la vallée.
Sur
le versant opposé, on peut aussi se rendre à l'Oratoire du Miracle,
à 1250 m. d'altitude. Selon la légende, aux Saintes Juste et
Ruffine, patronnes de la ville firent jaillir une source au milieu des roches
afin de désaltérer les moissonneurs assoiffés. En contrebas
on trouve en effet une sorte de vasque naturelle alimentée par cinq orifices
qu'auraient percés les deux saintes.
Quelques randonnées en VALLESPIR
Je
me garderai de développer
trop ce point car ce n'est pas le but de ce site de voyages.
Une première
observation: nous constatons depuis quelques années une baisse de la fréquentation
des sentiers de randonnées en montagne, quel que soit le massif. C'est
sans doute le cas ici car lors de deux randonnées nous n'avons croisé
personne d'autre. Dans un cas on a vu une douzaine de personnes sur un site attractif
(la Tour du Mir) et certaines y étaient arrivées en 4x4!
Sinon,
malgré nos départs matinaux (entre 8h et 9h) et malgré la
réputation de cette région cataloguée comme l'une des plus
ensoleillées de France et malgré la grande sécheresse sévissant
dans "les Catalognes" (les Pyrénées-Orientales au régime
sec avec un déficit pluviométrique de l'ordre de 70% suite à
l'hiver le moins arrosé depuis 1959), la météo ne nous a
pas gâtés. Belles matinées en général mais arrivés
à notre objectif, un point haut généralement, vers 12 ou
13 heures, on ne pouvait pas profiter d'un vaste panorama en raison d'une atmosphère
brumeuse et de nuages masquant les sommets (on a eu bien du mal à voir
le Canigou pourtant à moins de 10 voire moins de 5 km à vol
d'oiseau). Du Roc de France et du Mont Capele, noyés dans la brume de chaleur,
on aperçoit vers le sud-est le lac de barrage Boadella et tout au fond
la Costa Brava avec les "montagnes" de la péninsule de Cadaquès
et la baie de Rosas.
Bref, nous aurions bien voulu un petit coup de tramontane
(vent froid soufflant ici du nord-ouest), juste pour nettoyer le ciel...
Parfois
on a ressenti la crainte du feu dans un environnement très sec que la moindre
étincelle suffirait à enflammer. Cela a été particulièrement
le cas lors de notre première randonnée au-dessus de Prats-de-Mollo,
au milieu des landes desséchées du Miracle, exposées plein
sud.
Mauvaise pioche à tous points de vue pour notre 6e sortie
avec pour objectif (passage de la route vers l'Espagne). Orage la nuit précédente,
un peu de pluie en matinée. Départ en début d'après-midi
d'un lacet de la route (1200m) sous un ciel bas et souvent complètement
enveloppés par les nuages. Des sentiers mal entretenus (nettoyage, balisage).
Déception au Mont Falgas (le point haut à 1618 m.). Rien à
voir car nous arrivons au milieu d'une petite clairière cernée par
des sapins qui masquent totalement le paysage environnant...
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En
revanche, belle et bonne randonnée au Pic Gallinasse (un millier
de mètres de dénivelé montant brut) malgré un ennuagement
du midi. Une randonnée hors sentiers balisés, sans aucune rencontre.
Cette fois il s'agit d'une rando en altitude, puisqu'il s'agit d'accéder
à un sommet (2461 m.) formant un épaulement du Puig del Roc
Negre, contrefort méridional du Canigou, en passant le Puig de Pel de Ca
et le Cincreus.
Accès au niveau des anciennes mines de fer de Batère.
Depuis le Col de la Cirère on a une superbe vue en direction du nord sur
les vallée de Conflent (Têt) et les Fenouillèdes (Agly) et
bien au-delà avec l'impressionnant éperon du Pech de Bugarach (dans
l'Aude, à 40 km!), point culminant des Corbières (1230 m.).
C'est là que les mystiques, millénaristes et
autres adeptes des mythes New Age doivent se rassembler le 21 décembre
2012 afin d'échapper à la fin du monde (qui surviendrait ce jour
là selon des interprétations numérologiques du calendrier
maya) à bord d'un vaisseau extraterrestre qui serait dissimulé dans
l'une des grottes qui recèleraient aussi moultes autres trésors
(celui des Templiers!)...
Vue également en direction de l'ouest
sur la côte du Roussillon, ses étangs littoraux et la Méditerranée
(à 50 km). Evidemment le Vallespir s'offre à la vue ainsi que
les crêtes du massif des Albères qui forment la frontière.
Et par dessus les sommets des Albères (1100-1400 m.), la vue porte
jusqu'à la Costa Brava (Baie de Rosas, à plus de 60 km!).
Une marmotte entendue au loin, pas d'isard en vue mais quelques vautours volant au-dessus de la crête.
Donc
aucun regret de ne pas s'être joint à la foule qui gravit le Canigou
à partir du parking du refuge des Cortalets (randonnée qui s'effectue
en 3h30, aller-retour), accessible depuis la vallée de Conflent donc à
3 heures de voiture de notre base de Prats-de-Mollo. "On n'est pas Catalan
tant qu'on n'a pas gravi le Canigou" dit un proverbe d'ici. Nous ne serons
donc pas Catalans cette fois-ci!
A propos
de faune et de flore, juste quelques mots car je ne suis pas spécialiste.
Du côté d'Amélie-Montalba, surprise d'entendre des cigales
vers 600 m. d'altitude mais il est vrai que l'on est à ce niveau dans
un environnement de chênes-verts. Et les vautours dont il vient d'être
question... Donc plutôt maigre du côté de la faune!
Sinon,
en fonction de l'exposition (nous étions souvent sur des versants au nord)
et du terrain, on a rencontré une grande diversité d'arbres et arbustes.
Outre les chênes-verts évoqués: des chênes à
feuilles caduques, des cerisiers sauvages, des bouleaux, des frênes, des
hêtres (laissant d'énormes tapis de feuilles sèches sur le
sol), des châtaigniers, des acacias, des pins, des sapins et épicéas...
En sous-bois: des buis (sols calcaires), des noisetiers, des saules (sols humides)...
Dans les zones plus découvertes, la végétation basse varie
entre le type lande (fougères, genêts et bruyères) et maquis
(genévriers à port érigé, églantiers, bruyère
arborescente)... En zone plus montagnarde, on trouve différentes sortes
d'oeillets de montagne, de petites bruyères, du genévrier rampant,
des framboisiers, de rares myrtilliers et même des rhododendrons (en redescendant
du Col de Siern). Bonne surprise également lors de cette sortie de découvrir
sur la ligne de crête entre les cols Prégon et Siern des praires
émaillées de milliers de splendides chardons bleus...
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7 RANDONNEES DANS LE VALLESPIR
Date | Point de départ | Itinéraire | Sens | Type sentier | Météo | Dénivelés
posisifs (non cumulé) | Altitude maxi. | Durée
totale (avec pauses) | Nombre
de pas | Equivalent en plaine | Intérêt | |
1 | Mer 01/08 | Prats | Le
Miracle Puig des Loses | Balisé | 700 m | 1400 | 6h | 16000 | 11 km | |||
2 | Jeu 02/08 | Amélie Montalba | Roc de France | Balisé | 900 m | 1400 | 7h | 20000 | 14 km | |||
3 | Ven 03/08 | Prats | C.
des Basses de F. Tour du Mir | Balisé | 900 m | 1600 | 7h | 23000 | 16 km | |||
4 | Sam 04/08 | La Preste La Forge | Col Prégon Col de Siern | Balisé | 600 m | 1600 | 5h | 18500 | 13 km | |||
5 | Dim 05/08 | St Laurent-de-C. | Mont Capele | Balisé | 600 m | 1200 | 4h | 17500 | 12 km | | ||
6 | Lun 06/08 | Prats | N-D
du Coral Mt Falgas - C.d'Ares | Mal balisé | 500 m | 1600 | 3h | 15000 | 10 km | |||
7 | Mar 07/08 | Corsavy Batère | Pic Gallinasse | Non balisé | 1000 m | 2460 | 7h | 14500 | 10 km |
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