Prades Château "cathare" de  Quéribus Château "cathare" de Peyrepertuse Mont-Louis Ille-sur-Têt Villefranche-de-Conflent Ayasofya) St Michel-de-Cuxa Perpignan Salses Abbaye d'Elne (cloitre) Collioure Le Boulou Fenouillèdes Céret Amélie-les-Bains Arles-sur-Tech Prats-de-Mollo Gorges de la Fou Gorges de Galamus et Oratoire St Antoine Aqueduc romain d'Ansignan Corsavy (mines de Batère) et Montferrer Abbaye de St Génis-des-Fontaines  (cloitre) Coustouges et St Laurent-de-Cerdans Serralongue Castelnou Dorres

Catalunya del Nord, Pyrénées Orientales
Terres catalanes jusqu'au XIIIe s.
Terres catalanes jusqu'au XVIe s.
Châteaux cathares et Fenouillèdes Roussillon, Conflent,
Cerdagne et Vallespir


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LE CATHARISME
ET LES CATHARES
...


Le catharisme est une hérésie assez largement répandue en Occident vers l'An Mil notamment dans l'Europe germanique où cependant il a été vigoureusement combattu par les pouvoirs laïcs au nom de la papauté.

S'il a particulièrement prospéré dans ces régions frontières du Midi, c'est qu'ici coexistaient déjà différents cultes mieux tolérés par une société restée très féodale.
Les adeptes de cette religion ne se désignaient pas sous le terme de cathares ("les purs", traduction du mot grec catharoi qu'employait St Augustin au IVe s.). Ici, le terme utilisé en dehors de cette communauté a pris un sens péjoratif car dans le langage populaire on voit en eux des "sorciers adorateurs du chat" ("chatiers", de l'allemand katers ou du latin catus) alors considéré comme animal maléfique en Europe.

Cette doctrine repose sur une conception manichéenne de l'univers: le monde matériel y compris le corps humain est mauvais. Ce n'est qu'en recevant le Consolament, le baptême, que l'âme cessera d'errer de corps en corps pour gagner le ciel à la mort du "Bon Homme" ou de la "Bonne Dame".

Le catharisme ne s'appuie pas sur une théologie puisqu'il considère que Dieu, inconnaissable et non accessible, est absent de ce monde. Ils recherchent le sens originel du message du Christ et adoptent le modèle de vie, les rites et les sacrements des premières communautés chrétiennes. Ils se distinguent aussi par le refus de l'alimentation carnée, leur végétarisme étant un refus de commettre la violence à l'égard d'une créature. Ils s'opposent aussi à la hiérarchie catholique, à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, en rejetant donc l'autorité papale.

On n'est pas surpris de voir l'Église catholique lancer la Croisade des Albigeois (1208-1229) (ou plus exactement en bon français la croisade "contre" les Albigeois) pour éradiquer une pratique jugée hérétique qui s'est largement répandue dans tout le Languedoc.
La croisade est d'abord menée par de nombreux barons du Royaume de France avant que le roi Louis VIII s'y implique car des ambitions bien profanes finissent par recouvrir les motivations religieuses initiales. L'éradication de l'hérésie par la papauté sera parachevée à partir de l'instauration de l'Inquisition en 1233...

Dans cette région languedocienne on a tendance à mêler l'histoire des cathares et celle de l'Ordre des Templiers (fondé au début du XIIe s. pour protéger les Lieux Saints et les pèlerins s'y rendant) alors qu'ils n'avaient rien en commun sinon le fait de vivre dans une époque médiévale obscurantiste où l'on fantasmait sur des pratiques hérétiques et sur d'improbables trésors cachés...

 

Autres VOYAGES...
Retourau programme CATALOGNE et Barcelone


Etape suivante : Sites au coeur de la Catalogne ibérique

SITES D'INTERET, VUS (extérieur) OU VISITES

Chateaux dits (improprement) cathares (Aude)Quéribus et Peyrepertuse
Le Fenouillèdes (Pyrénées-Orientales)
Gorges de Galamus
Oratoire St Antoine
Aqueduc d'Ansignan
Roussillon (Pyrénées-Orientales)

plaine du Roussillon (nord)
pays de Salanque
pays du Ribéral
pays des Aspres
plaine du Roussillon (sud)

Côte Vermeille
massif des Albères


Perpignan: pl. de la Loge, cathédrale, château des rois de Majorque
Forteresse de Salses-le-Château
Orgues d'Ille-sur-Têt
village de Castelnou
Ortaffa
Elne (Ste Eulalie et Ste Julie)
Collioure
St Génis-des-Fontaines
Le Boulou

Conflent

et

Cerdagne (Pyrénées-Orientales)

Prades (église St Pierre)
St Michel-de-Cuxa
(extérieur)
Corneilla-de-Conflent

Villefranche-de-Conflent

Mont-Louis
village de Dorres
Vallespir (Pyrénées-Orientales)


autour de Céret et d'Amélie



autour d'Arles-sur-Tech


autour du village de Le Tech


autour de Prats-de-Mollo

et en montagne...


St Martin-de-Fénolar (Maureillas-las-Lilas)
St Ferréol
Céret
Amélie-les-Bains-Palalda
Arles-sur-Tech
: abbaye
Gorges de la Fou

villages de Corsavy et de Montferrer
St Laurent-de-Cerdans
village de Coustouges

village de Serralongue

Prats-de-Mollo-la Preste

sept petites randonnées

Ces localités se trouvent sur l'un des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, notamment sur la route des pèlerins venant du Languedoc, de Provence ou d'Italie.La partie française des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1998
(celle d'Espagne l'a été en 1993).

Des TERRES CATALANES jusqu'à la défaite des Cathares lors de la Croisade des Albigeois au XIIIe s.


Le surlendemain, après un tour dans le nord du Roussillon dont nous reparlerons par la suite, nous avons fait une incursion du côté de châteaux improprement qualifiés de cathares, tout au sud du département de l'Aude, le long de la grande barrière rocheuse marquant à la fois le début des Corbières et la limite administrative avec le département des Pyrénées Orientales.

 

Haut de pageChâteaux de Quéribus et de Peyrepertuse

Antérieurement à la Croisade, certains petits châteaux construits aux Xe-XIe s. avaient été susceptibles d'abriter des cathares. Ils furent rasés par le pouvoir royal français qui établit aux XIIIe-XIVe s. cinq citadelles avec une finalité double: contrôler ces nouveaux territoires et défendre la frontière avec le royaume d'Aragon. Ces cinq châteaux furent alors nommés les "cinq fils de Carcassonne": Puilaurens (sur un ancien site cathare), Aguilar, Termes, Quéribus et Peyrpertuse.

Notre petit périple en terre cathare nous a fait passer au pied des deux derniers cités qui ont eu la particularité d'être rattachés à la Catalogne pendant quelques siècles.
Ce sont des sites très fréquentés en cette période de haute saison touristique.



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Quéribus

Tout d'abord, il s'agit des impressionnantes ruines du château de Quéribus ("Rocher des buis") qui, perché sur un étroit piton rocheux à 728 mètres d'altitude, domine d'un côté le Grau de Maury et de l'autre la commune de Cucugan sur le territoire de laquelle il est bâti. A distance, ce qui s'impose à la vue, c'est son massif et haut donjon polygonal.
En 1020, l'ancien château de Quéribus appartient au comte de Besalú puis, en 1111, il fait partie du domaine du comte de Barcelone, à la limite nord du royaume d'Aragon et ce jusqu'en 1255 où le château tombe aux mains des croisés et entre dans le royaume de France.
Nous passons près de la bourgade de Cucugnan (une centaine d'âmes!) qui doit sa notoriété à une des "Lettres de mon moulin", nouvelles publiées en 1865 par Alphonse Daudet. Contrairement aux autres nouvelles dont il est l'auteur, ici l'écrivain n'a fait que transcrire une nouvelle écrite en provençal. Comme il se doit, la commune ne pouvait pas négliger de restaurer le moulin à vent qui domine le village.

Quelques kilomètres plus à l'ouest, c'est cette fois au pied des ruines du château de Peyrpertuse ("Pierre percée") que nous nous arrêtons, côté Duilhac-sous-Peyrepertuse. Sur une longueur de 300m, la forteresse dresse les vestiges de ses défenses en haut d'une falaise de 30 à 40m., sur une crête à 900m. d'altitude dominant les vignobles de Corbières.
Comme Quéribus, au XIe s., l'ancien château de Peyrepertuse appartient au comte de Besalú puis, en 1111, il fait partie du domaine du comte de Barcelone. Lors de la Croisade contre les Albigeois, le château devient une possession française en 1240.

Quatre siècles plus tard, avec le Traité des Pyrénées, ces différentes forteresses perdirent alors leur importance stratégique puisque la frontière fut déplacée plus au sud, sur les crêtes des Pyrénées. La préservation de leurs vestiges n'a été entreprise que depuis les années 1950.

 


Haut de pageLe Fenouillèdes

De l'autre côté de cette barrière, nous avons poursuivi par une incursion dans le Fenouillèdes ("pays des foins"), une région qui correspond à la vallée supérieure du fleuve Agly, région qui n'a fait partie des Terres Catalanes que brièvement comme les deux châteaux précédents. Aragonais au XIe siècle, possession du comte de Besalú puis du comte de Barcelone, le Fenouillèdes est intégré en 1258 au royaume de France par le Traité de Corbeil en 1258 à l'issue de la Croisades contre les Albigeois qui fixe la frontière avec l'Aragon au sud du Fenouillèdes. A noter que l'on y parle occitan et non pas catalan.


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Pour gagner la vallée de l'Agly ("la rivière des aigles"), nous empruntons les deux kilomètres de l'impressionnante route en corniche des Gorges de Galamus, reliant Cubières à St Paul-de-Fenouillet, qui en raison de l'affluence estivale et de l'étroitesse de la voie est soumise à la circulation alternée.
Arrivés du "côté pyrénéen", nous en profitons pour visiter l'Ermitage St Antoine-de-Galamus. Cet ermitage pour partie construit en 1782 à flanc de falaise utilise aussi pour une autre partie une grotte naturelle. En 1843, le Père Marie (Joseph Chiron) et le Père Bon s'y retirent. Quelques décennies plus tard, lors du rude hiver 1870-71, un autre ermite, Pierre Verdier, y meurt. La grotte servit de refuge aux premiers ermites dès le Moyen Age et des reliques y furent déposées. Miraculeusement (!), un platane a réussi à s'établir sur la minuscule placette où se dresse le clocher de l'ermitage. Le son de sa cloche aurait le pouvoir magique d'exaucer certains voeux, en particulier ceux concernant les mariages...

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Nous traversons la vallée au niveau de St Paul-de-Fenouillet pour gagner la vallée de la Têt, en passant par le site de l'Aqueduc d'Ansignan (IVe s.). Cet aqueduc-pont long de 170m. fonctionne depuis dix-sept siècles et approvisionne toujours le village voisin. Ses 29 arches, sur un seul niveau (ce n'est pas le Pont du Gard!), portent un tunnel permettant de franchir la rivière réellement à pied sec car le canal qui le surmonte est parfaitement étanche. L'enveloppant chant des cigales nous accompagne.
Après être passés par les villages de Caramany et de Bélesta, nous quittons le Fenouillèdes.


 

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Des TERRES CATALANES jusqu'au Traité des Pyrénées au XVIe s.

EN ROUSSILLON: Perpignan et le nord de la plaine

Nous allons effectuer un petit tour du centre ville de Perpignan. C'est le modeste chef-lieu des Pyrénées-Orientales avec 120 000 habitants mais il est vrai que le département ne compte que 450 000 habitant...
Perpignan se trouve parfaitement placé au centre d'un triangle équilatéral dont les extrémités sont Carcassonne, Montpellier et Barcelone, villes distantes d'environ 160km.


Arrivés au centre, nous partons de la Place de Catalogne pour longer les Canal qui rejoint la Têt par les quais de Lattre de Tassigny et Sadi-Carnot, en passant par la place Arago (astronome, physicien et homme politique natif des environs de Perpignan qui effectua ses études secondaires dans cette ville)...


Perpignan: le Castillet 
Perpignan: Palais des rois de Majorque  

Nous passons devant la Préfecture juste avant d'arriver au Castillet ("Châtelet"), édifice emblématique de la ville. Il s'agit d'une porte fortifiée tout en brique rose qui date de XIVe s.
Non loin de là, arrivés place de la Loge, nous jetons un coup d'oeil au bâtiment de la Loge de Mer construit au XIVe s. à l'initiative du roi Jean Ier d'Aragon pour réglementer le commerce maritime (comme en témoigne l'enseigne placée à l'angle). Il a été agrandi
au XVIe s. après l'entrée triomphale de Charles Quint. On y trouve aujourd'hui le Café de France. En continuité en trouve l'
Hôtel de Ville qui date également du XIVe s. La cour intérieure et son portique dateraient du règne de Charles Quint.

Nous traversons la place Gambetta ce qui nous amène devant le portail de la Cathédrale St Jean-Baptiste qui fut achevée au tout début du XVIe s. en style gothique méridional. La maçonnerie de la façade est faite d'une alternance de galets et de brique. Le volume de la nef est saisissant (80m de long et 26m de haut). Le retable du maître-autel dédié à Jean-Baptiste date de la Renaissance. La chapelle de la porte sud abrite un squelettique Dévot-Christ.
Nous n'aurons pas loisir de visiter le Campo Santo voisin également connu sous le nom d'ensemble funéraire Saint-Jean en forme de cloître. En cette période, les lieux sont utilisés pour des spectacles en plein air.

Un bon kilomètre de marche à pied nous conduit dans la ville haute, plus au sud, afin de visiter le Palais des rois de Majorque (tarif 4€,). En milieu de matinée, très très peu de visiteurs...
Construit au XIIIe s., il servait de résidence lors de la venue des rois de Majorque sur le continent (en 1262 le Comté du Roussillon est dévolu au royaume vassal de Majorque, lui-même vassal du royaume d'Aragon, auquel il s'intégrera complètement en 1349). C'est une construction faite de galets et de briques dont le style emprunte au roman et au gothique du fait de son achèvement en 1300.
La Cour d'Honneur est encadrée par quatre corps de bâtiments flanqués de huit tours dont le donjon-chapelle Ste Croix ou Torre Major situé dans l'axe du palais et qui abrite à sa base deux superbes chapelles superposées de style gothique flamboyant (XIVe s.).

Perpignan: depuis le Palais des rois de Majorque 

En traversant la ville pour gagner la côte, nous apercevons les couleurs vives du "Nouveau Centre du Monde" comme aurait pu le dire Salvador Dali. Il s'agit de la gare totalement rénovée pour la ligne TGV allant sur Barcelone dont les bâtiments sont habillés d'un dégradé de couleurs (bleu, vert, jaune, orange)...

Nous arrivons bientôt au Canet-Plage: beau temps, belle mer et foule...

Canet-Plage Canet-Plage 


Nous passons notre chemin, cap au nord, pour nous diriger vers la Forteresse de Salses, à une quinzaine de kilomètres, près de l'Etang de Leucate.

 


Haut de pageEN ROUSSILLON, pays de Salanque: forteresse de Salses-le-Château (tarif: 7€, si possible profiter de visites guidées)

Avec des fonds fournis par sa richissime épouse, la reine Isabelle de Castille, le roi Ferdinand d'Aragon chargea l'architecte et expert Francisco Lopez Ramiro de concevoir "le type de construction [...] capable de tenir un siège pendant 30 ou 40 jours, jusqu'à l'arrivée des secours".

La Forteresse de Salses fut construite en un temps record entre 1497 et 1502 afin de défendre la frontière entre la Catalogne et la France. Salses était capable de loger 300 (ou 100?) chevaux et 1500 (ou 3000?) hommes.

Nous profitons d'une visite guidée sur l'heure de midi, au milieu d'autres touristes, pas trop nombreux toutefois.

La forteresse de Salses, dite également "château des Templiers", est remarquable par son architecture, révolutionnaire à l'époque. Elle présente un exemple rare de transition entre le château fort médiéval et les fortifications bastionnées de l'époque moderne par son système de "fortification rasante" permettant de résister à l'artillerie à boulet métallique qui se développe alors au XVe s. Les seuls archaïsmes dans la conception de la forteresse, restent l'existence d'un donjon et l'utilisation de tours rondes qui ont l'inconvénient de laisser des angles morts. Ce n'est pas une forteresse enterrée comme on pourrait le penser de prime abord. En réalité, la construction est bâtie au niveau du sol naturel mais elle a été entourée d'un volumineux cordon de terre rapportée qui la masque et la protège.

La forteresse est pourvue de murs d'enceinte de 6 à 10m d'épaisseur, de douves inondables, de très nombreuses meurtrières extérieures, de couloirs étroits en chicanes défendus par des meurtrières intérieures, de lourdes portes, de petites cours intérieures défendables par des tirs croisés depuis des meurtrières intérieures flanquant chaque porte, corridor ou escalier. Elle est entourée de casemates ainsi que de passages sous le fossé permettant d'accéder aux ouvrages avancés. Les spécialistes y voient des caractéristiques mauresques, puisqu'il avait travaillé sur l'Alhambra à Grenade.
Assiégée quatre fois, la forteresse fut conquise par les Français en 1642. Vauban fut fortement impressionné en la découvrant et ne fera effectuer que des adaptations mineures en 1691. Certains n'hésitent pas à dire qu'il s'en inspira...

On accède à la place d'armes après avoir franchi un châtelet, une demi-lune et trois ponts-levis. Dans la cour où se situe un puits, les bâtiments sud, nord et est servaient d'écuries et de casernes (les trois niveaux situés au-dessus des écuries).
Les courtines (mur reliant deux tours ou bastions) du chemin de ronde que nous visitons sur le flanc sud sont particulièrement originales car elles sont arrondies afin de faire ricocher les boulets et décourager l'escalade par les assaillants. De même l'emploi de la brique peut sembler étonnant mais il s'avère qu'elle protège mieux qu'une maçonnerie de pierre qui éclate. Elle amortit l'impact et évite aussi que les défenseurs soient blessés par des éclats.
Sur une petite cour à l'ouest, on accède au logis du lieutenant du Roi, là il y a le donjon qui se déploie sur sept niveaux (avec système de ventilation pour évacuer la fumée des canons, monte-charges, cheminées, éviers, latrines et égouts) se 20m de haut et "le réduit" (assurant la subsistance: farine et denrées diverses, eau), sans oublier poudrière et réserves de boulets!

Nous quittons la forteresse enveloppée par le chant des cigales en cette heure très chaude (30-35°).



Haut de pageEN ROUSSILLON, au-dessus de la plaine: les pays de Ribéral et d'Aspres

Orgues d'Ille-sur-Têt

En remontant la vallée de la Têt, on trouve la petite ville d'Ille-sur-Têt (5000 habitants) surtout célèbre par son site géologique des Orgues immédiatement visible au nord de la ville, à partir de la route qui traverse les montagnes en direction du Fenouillèdes.

 

 

C'est un paysage de "cheminées de fées" plutôt que de "demoiselles coiffées" différents de ce que l'on peut voir ailleurs en France dans le Queyras ou l'Embrunais (près du barrage de Serre-Ponçon) et bien modeste par rapport à de grands sites étrangers (Bryce Canyon aux Etats-Unis ou Cappadoce en Turquie).

 

 

 

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A une quinzaine de kilomètres de là, direction sud-est, dans un vallon entre les collines du pays des Aspres, nous rendons visite au petit village perché de Castelnou
en cette fin de journée, de sorte qu'il reste peu de touristes...

Il se serre au pied de son château féodal de la fin du Xe s.(ou du XIe?) remanié au XIXe s.
Ce village médiéval se situe entre le causse de Thuir et le causse de Majorque. Ce fut le siège de l'administration militaire des comtes de Besalu puis du vicomté du Vallespir jusqu'en 1321.

Castelnou Castelnou

Curieusement l'église Santa Maria del Mercadal (Ste Marie du Marché!) du XIIIe s. se situe en dehors du village où se tenait le marché car ne la chapelle castrale lorsque la population fut trop importante...

Sur une colline voisine au nord-ouest du village s'élève une tour de guet ou tour à signaux à un seul étage voûté datant du XIIIe siècle. Elle faisait partie du réseau d'alerte et de défense du Roussillon, en relation avec la plaine (Millas, St Féliu et Força Réal) et avec les Corbières (château de Quéribus).

Le principe de ces tours est le suivant: leur maillage devait être en continuité visuelle. Les codes étaient transmis, de nuit, par des feux et, de jour, par signaux de fumée.

Le village a conservé son enceinte avec huit tours et quatre portes dont la porte nord, dite de Millar, par laquelle nous y pénétrons. Après un crochet par la Carrer de la Font d'Avall (rue de la fontaine) , nous empruntons la Carrer d'Avall (bas) puis la Carrer Na Patorra jusqu'à la place du château (trop tard pour la visite).
En parcourant les rues, on retrouve une ambiance médiévale bien assainie car aujourd'hui Castelnou est surtout un village d'artistes et d'artisanat pour touristes, sans oublier bars et restaurants.

Toujours dans le pays des Aspres, près de la plaine du Roussillon, nous aurions aimé visiter le Monastir del Camp, l'ancienne abbaye des Augustins du village de Passa. Il se situe à 10km au sud-est de Thuir, au milieu des vignes.
Si nous avions bien lu notre guide (visites en saison à 15H, 16H et 17H ou sur rendez-vous), nous aurions évité un détour inutile et compliqué par la présence d'une manifestation cycliste et nous ne nous serions pas fait jeter par un propriétaire (ou un régisseur) atrabilaire ("On ne visite qu'aux horaires indiqués"). Profitant du fait que les cyclistes ont un point de ravitaillement dans la première cour, nous essayons d'avoir une vue extérieure des bâtiments monastiques dans la seconde cour mais nous sommes rattrapés par le personnage toujours peu amène qui nous répète à plusieurs reprises "Ici, c'est une propriété privée!". Nous apercevrons fugitivement une façade imposante dominée à une extrémité par une tour.
Nous n'insistons pas pourtant il y aurait plusieurs choses intéressantes et anciennes (XIe-XIVe s.) à voir ici: une ancienne chapelle romane, le superbe portail en marbre blanc de la collégiale ou encore le cloître gothique, l'un des plus anciens de la région... Dommage!

Monastir del Camp (Passa) Le Canigou vue du Monastir del Camp (Passa) 

Nous profitons cependant d'une belle vue sur le massif du Canigou.

 



Haut de pageEN ROUSSILLON: le sud de la plaine

Nous poursuivons notre découverte du Roussillon, cette fois en direction du sud.

Tour de l'horloge d'Ortaffa 

Ortaffa se signale à l'attention par l'un des monuments symboles du village, son clocher ou plus exactement sa Tour de l'Horloge surmontée d'un campanile méridional en fer forgé. Il fut édifié entre 1898 et 1900 et sa forme est inspirée de la Tour Eiffel (réalisée pour l'Exposition Universelle de 1889).
Pas le moindre touriste en vue...

Sur une hauteur, après avoir dépassé le "château", on arrive à l'ancienne église romane d'Ortaffa construite dans l'enceinte du cimetière. Elle est dédiée à Ste Eugénie. De style roman, elle est citée par des textes en 1145.


Cathédrale d'Elne - Dévot-Christ Cathédrale d'Elne - Dévot-Christ
Cathédrale d'Elne - Dévot-Christ Elne

Plus intéressante est l'étape suivante qui nous conduit à Elne (le nom se référerait au souvenir de l'impératrice Hélène, mère de Constantin) pour visiter la cathédrale ainsi que le superbe cloître attenant (tarif 4,50€).
En fin de matinée, nous ne sommes que quelques visiteurs.

La cathédrale Ste Eulalie et Ste Julie porte la marque de différentes époques: portail du XIe s., voûtes du XIIe, chapelle sud des XIVe-XVe avec un retable peint...
On y voit une Croix des Outrages ou croix des Offenses ou Croix de Passion (tout comme on en voit dans les Alpes à St Véran, en Sicile, en Andalousie et en Amérique du sud) portant les objets du martyre: clous, marteau, tenaille, lance...


Les Croix des Outrages, Croix des Offenses
et leurs "instruments" de la Passion

On peut en dénombrer jusqu'à 17...

- Le coq du reniement
- L'écriteau INRI (Jésus de Nazareth Roi des Juifs)
- Le marteau pour enfoncer les clous
- Le vase contenant le vinaigre donné à boire au supplicié
- Les clous (variantes à 3 ou 4 selon que les pieds sont croisés ou non)
- Le calice (pour recueillir le sang du sacrifice)
- La lanterne de l'arrestation au Jardin des Oliviers
- La couronne d'épines
- Les dés utilisés par les soldats romains pour tirer au sort la tunique de Jésus
- La bourse du salaire du traître, Judas
- La tunique de Jésus
- La colonne où Jésus fut attaché pour petre flagellé
- La palme en rappel de l'accueil de Jésus à Jérusalem au milieu des rameaux
- Le sabre avec lequel St Pierre trancha l'oreille d'un soldat
- L'éponge imbibée de vinaigre pour rafraichir la bouche du supplicié
- La lance qui perça le côté de Jésus
- L'échelle (pour détacher le Christ?)

A voir également, un Dévot-Christ en croix.
Le chevet, à l'est, a une structure trilobée inégale avec une abside majeure. La seconde tour d'époque moderne défigure un peu l'édifice.

 

Mais c'est surtout le cloître qu'il faut absolument visiter, un véritable chef-d'oeuvre roman, l'un des plus beaux de France.

La galerie sud, jouxtant la cathédrale, date du XIIe s., tandis que les trois autres galeries ont été bâties aux XIIIe-XIVe s. (avec certaines colonnes torsadées)

 

Les arcades sont portées par des colonnes jumelées dont les chapiteaux qui sont remarquables ainsi que des piliers quadrangulaires intermédiaires et aux angles dont les chapiteaux sont également sculptés sur trois faces. On peut observer des représentations d'animaux fantastiques et chimérique, des scènes évoquant l'Ancien Testament (Adam et Eve endormie) ou le Nouveau Testament (Annonciation suivie de la visite à Elisabeth, Nativité, Adoration des Mages, Fuite en Egypte)...

 

Changement de décor en arrivant sur la côte...
Mauvaise surprise, alors que l'arrière-pays était sous le soleil, le littoral est noyé dans une épaisse brume de telle sorte que ciel et mer se confondent à courte distance.
Dans cette atmosphère les estivants sont peu incités à la baignade comme on le voit à St Cyprien-Plage.
Les choses ne sont pas encore arrangées lorsque l'on passe à Argelès-sur-Mer avec ses 7km de plage de sable baignés dans une brume de mer pas très chaude. A quelques kilomètres de là, le soleil refuse même d'illuminer le Château de Valmy, au milieu des vignes d'un coteau...

Grisaille à St Cyprien-Plage Argelès-Plage Argelès-sur-Mer: Château de Valmy 




Haut de pageEN ROUSSILLON: la Côte Vermeille

Sur ces rivages rocheux, nous trouvons enfin un soleil digne et de la saison et de la région. On va encore dépasser les 30°!

Collioure est une vraie perle de la Méditerranée. En ce début d'après-midi, le moins que l'on puisse dire c'est que nous ne sommes pas les seuls à trouver le site magnifique.

Dans l'Antiquité, c'était le port d'Elne et très tôt sa position stratégique a dû être défendue. C'était aussi un ancien bourg de vignerons-pêcheurs qui a inspiré les peintres de l'école fauviste notamment Henri Matisse, Henri Marre, André Derain...

COLLIOURE 


Nous décidons de visiter le "château royal", l'ancien château des roi de Majorque (tarif 4€), visite qu'il est souhaitable de faire en étant guidés. Notre guide nous embarque pour une visite d'une durée annoncée de 1h30. En réalité, elle durera trois bonnes heures. C'est la ruse habituelle de ce guide intarissable (il peut conduire la visite pendant cinq heures, nous avoue-t-il en fin de visite), originaire de Banyuls où il exerce également le talent de vigneron... Les enfants, attentifs tout au long de cette visite, ont bien mérité le diplôme qui leur a été remis à la fin!

L'ancêtre du château actuel protégeait le petit port catalan depuis l'an 672, d'ailleurs la base de la tour-clocher de l'église St Vincent est d'époque romaine.
La région tombée dans l'apanage des rois de Majorque, ceux-ci y ont fait bâtir une résidence à leur mesure pour leurs séjours (estivaux) sur le continent du XIIIe au milieu XIVe s. puis il devient directement possession du royaume d'Aragon. C'est l'un des derniers châteaux forts royaux médiévaux subsistant en France.
Un siècle plus tard, il devient de fait espagnol en raison du
mariage de Ferdinand II d'Aragon avec Isabelle de Castille en 1469.
partir de Charles Quint, sous la domination des Habsbourg d'Espagne, les Espagnols l'agrandissent (un large emploi de la brique en témoigne). Ils surélèvent également la tour du port qui sert de phare.
En 1642, dans le cadre des rivalités opposant les Habsbourg (Empire) et les Bourbon (France), Collioure est assiégé par 10000 soldats français dont les mousquetaires avec notre fameux d'Artagnan. Privés d'eau les Espagnols durent se rendre.

En vertu du traité des Pyrénées (1659), le Roussillon et les comtés voisins sont annexés par la France. Les Français renforcent la forteresse et l'étendent au détriment de certains habitants et sans doute pour se faire pardonner, ils construisent l'église Notre-Dame des Anges, au bout du port et du phare voisin dont ils firent un clocher...

La partie médiévale correspond au donjon où se trouvait le logis du seigneur et de sa cour. Une enceinte permettant de délimiter une basse-cour protégeait la population du village en cas d'attaque. Les agrandissements espagnols ont consisté à créer une forteresse avec un rempart à courtines remplaçant l'ancienne enceinte tandis que des bâtiments s'y adossent pour accueillir une garnison. Ils ajoutent une barbacane devant l'entrée et deux bastions. En outre, ils construisent sur les hauteurs avoisinantes les forts Miradou, tout proche (simple tour au XIVe siècle, Charles Quint la renforce d'une enceinte en 1554, Vauban lui donne sa forme actuelle en 1672 et il est actuellement occupé par le CNEC,le Centre National d'Enseignement Commando - pour les Commandos de Marine) et St Elme (construit à la demande de Charles Quint à l'emplacement d'une tour de signal préexistante, il occupe une position stratégique sur une colline entre Collioure et Port-Vendres) .
Avec les Français, on assiste entre 1671 et 1676 à la destruction des habitations du quartier voisin (au sud-ouest) et même de l'église fortifiée médiévale Ste Marie qui fut rasée afin de libérer de l'espace de sorte que Vauban puisse aménager un glacis permettant de tenir l'ennemi à distance sur ce côté des terres moins facile à défendre. La population déplacée s'installa dans un faubourg, au sud de la forteresse, au fond de l'Anse de la Baleta, là où se trouvent le Port et la Plage d'Avall, non loin du couvent des Dominicains. Le village se trouve ainsi séparé en deux parties bien distinctes.
Notre intarissable guide nous explique comment les escaliers situés dans la contrescarpe du fossé pouvaient être des pièges pour un ennemi au cas où il serait parvenu à franchir l'enceinte. En effet, notre cerveau se règle automatiquement sur la largeur et la hauteur des premières marches que l'on emprunte et la ruse consiste alors à faire que certaines marches comportent un giron (là où l'on pose le pied) plus ou moins large ou une contre-marche (la hauteur) plus ou moins haute, de sorte que cela entraîne un déséquilibre sinon une chute! De même, Vauban conçoit des escalier dont la partie inférieure en bois est amovible tandis que la seconde marche en maçonnerie est à 1,50m du fond du fossé, constituant un véritable obstacle. "Pas-de-souris" et "pas-d'âne"...

Collioure: port, plage et église Collioure: château royal
Collioure, ancienne maison de vigheron-pêcheur Collioure,  quartier d'Avall et Fort St Elme

En mars 1939, le château devint le premier camp disciplinaire destiné aux réfugiés de la Retirada ("la retraite", autrement dit l'exode des réfugiés espagnols de la guerre civile), avec la fin de la guerre civile espagnole. On en reparlera plus tard.
Le poète espagnol (et professeur de français) José María Machado Ruiz, connu sous le nom d'Antonio Machado, épuisé par sa fuite de l'Espagne franquiste est mort ici le 22 février 1939 et repose au cimetière.

Longtemps utilisés par l'armée, les commandos de marine en occupent encore aujourd'hui une partie du très long et complexe réseau de souterrains (sur plusieurs niveaux). Nous finissons justement notre visite par une petite partie accessible de ces souterrains qui nous ramènent près de l'entrée.

Petit tour en ville où il y a foule de touristes par le boulevard du Boramar qui longe la plage. Foule également sur la plage qui n'est pourtant qu'une plage de gravier et non de sable fin... Au pied du château, quelques barques traditionnelles catalanes posées là pour le décor! Face à la plage, on peut voir un exemple d'ancienne maison typique de vifneron-pêcheur, étroite et sur quatre niveaux.

Visite de l'église N-D des Anges dont l'origine a été précédemment évoquée. Dans l'édifice très sombre, il n'est pas aisé de voir les neufs retables en bois recouvert d'or, typique du baroque espagnol.
Retour par la rue Mailly, la rue de la République, la place du 18 juin et le boulevard Camille Pelletan.

En quittant Collioure, on a un autre point de vue sur le château royal et l'on aperçoit sur la digue la petite chapelle St Vincent, en arrière-plan de l'église N-D des Anges.

Nous empruntons la route sinueuse et chargée de circulation en direction de Banyuls.

On imagine ce que cela devait être quelques jours avant notre passage dans la région lors du gigantesque incendie de juillet 2012 qui a ravagé 15 000ha en Catalogne, du Perthus à Figuères sur près de 25km, bloquant le trafic sur l'autoroute transfrontalière, trafic qui un moment a été détourné pour partie soit vers l'Andorre soit par cette route difficile passant par le Cap Cerbère et Portbou où trois Français ont péri... Le sinistre favorisé par une sécheresse extrême, pas connue depuis 70 ans, avec un déficit pluviométrique de l'ordre de 70% suite à l'hiver le moins arrosé depuis 1959 a sévi pendant 5 jours (du 22 au 26 juillet) et mobilisé quelque 1500 pompiers et 25 avions Canadair, bombardiers d'eau, et hélicoptères qui sont intervenus en terrain difficile. Heureusement l'eau du lac artificiel de Panta de Boadella a pu être mise à profit.
Sur le chemin de notre retour
une quinzaine de jours plus tard, tout au bord de l'autoroute A9, nous retrouverons deux incendies en cours (pompiers présents) dans les Corbières...

Nous passons au pied du Fort St Elme puis traversons Port-Vendres en passant devant l'église Notre-Dame de Bonne Nouvelle (1888). Cette localité s'est faite une double spécificité. La plus traditionnelle c'est la pêche à la sardine et surtout la pêche à l'anchois (met catalan prisé) à l'aide de lamparos. L'autre spécificité, c'est son port de commerce qui reçoit des cargos frigorifiques apportant fruits et légumes exotiques en provenance d'Afrique du nord et d'Amérique du Sud. C'est le port méditerranéen le mieux placé pour l'entrée des fruits et légumes dans la communauté européenne.

Puis c'est Banuyls, célèbre pour sa production de vin doux naturel issu de vieilles vignes cultivées en terrasses sur les coteaux pentus. En fait, les quatre localités de Collioure, Port-Vendres, Banyuls et Cerbère produisent des vins doux naturels sous les appellations Collioure (330 ha) et Banyuls (1750 ha, cépage dominant: grenache noir). La vigne fait partie du paysage de la région depuis que les Phéniciens l'ont introduite au VIe s. av. J-C. La production a été améliorée au Moyen Age par récupération des eaux de pluie pour irriguer (à l'initiative de l'Ordre de Templiers).
Les vins sont élevés plus ou moins longtemps dans divers contenant de bois généralement très anciens dans lesquels le vin est laissé au contact de l’oxygène. L'oxydation qui en résulte est parfois accélérée par un élevage en plein air et la fermentation est interrompue par adjonction d'alcool afin de conserver des sucres résiduels. Mais dire de cet apéritif qu'il s'agit de "vin cuit" par ébullition (spécialité de Palette, en Provence) est une grave erreur car il s'agit ici d'un "vin muté", tout comme les Maury, Rivesaltes (muscat) et Porto...

Il est tard et il faut rentrer à notre base, au Boulou. Il nous aurait fallu disposer de quelques heures de plus pour pousser jusqu'au Cap Cerbère, à la frontière, pour grimper à la Tour Madeloc ou pour passer par les petits villages des Albères Sorède, Laroque ou Villelongue...



Haut de pageEN ROUSSILLON, les Albères: St Génis-des-Fontaines et Le Boulou

St Génis-des Fontaines est une bourgade située au pied des Albères, à une quinzaine de kilomètres de la côte et de l'Espagne.

Nous en visiterons l'église et le cloître (tarif: 2€). Il est 9H30 et nous sommes les seuls visiteurs. Dommage pour les autres!

St Génis-des-Fontaines:  église St Génis-des-Fontaines:  église
St Génis-des-Fontaines:  église St Génis-des-Fontaines:  église

L'église St Michel de St Génis-des Fontaines a été édifiée entre le Xe et le XIIe s. et constitue une partie de l'abbaye créée vers l'an 780 et dédiée à St-Génis, martyr d'Arles. Après sa destruction par les Normands, elle fut reconstruite au IXe s. Une voûte a remplacé la charpente au XIIe s.
Le linteau en marbre blanc de Céret placé au-dessus de la porte d'entrée est orné d'un bas-relief du XIe s., ce qui en fait la plus ancienne pièce romane datée (1019-1020). Dans une mandorle (une forme ovale, en amande), on peut voir le Christ en Gloire sur un trône porté par deux anges tandis que deux groupes de trois apôtres se tiennent debout de part et d'autre. Deux autres bas-reliefs représentent des défunts ensevelis et un autre, une crucifixion.
A l'intérieur, on peut voir un curieux bénitier reposant sur un chapiteau représentant des béliers provenant de l'abbaye de St André, non loin d'ici. Plusieurs retables des XVIIe-XVIIIe s. sont visible sur les côtés de la nef et dans les transepts (notamment celui de droite dédié à N-D de Montserrat car l'abbaye fut rattachée au célèbre monastère catalan en 1507)... Dans le choeur, on peut voir des stalles en bois du XVIIe s. Dans le transept gauche, au pied d'une Croix des Outrages portant le Christ et les instruments de la Passion, on peut voir une Vierge des Sept Douleurs, statue habillée selon la tradition chrétienne en Méditerranée...

Mais ce qui est plus passionnant, c'est le cloître voisin qui date du XIIe s. (ou XIIIe?), donc contemporain de celui d'Elne.

Mais celui-ci a connu bien des tribulations.
Il s'agissait d'une propriété privée depuis sa vente comme Bien National en 1796.
En 1924, il fut démantelé aux trois quart (ne resta en place que la partie sud-est) par l'antiquaire Gouvert qui revend une partie des matériaux au propriétaire du château de Mesnuls (Yvelines), le banquier roumain d’origine grecque Jean Chrissoveloni. Deux arcatures et trois colonnes furent récupérées par le Musée du Louvre et les piles centrales furent vendues au Musée de Philadelphie aux États-Unis.
L'Etat, par sa Direction du Patrimoine, racheta en 1981 la partie montée au château de Mesnuls qui a été réinstallée ici en 1988, ainsi que les éléments du Louvre...

Histoire passionnante mais encore plus passionnante "sa lecture". Sa galerie bordée d'arcs romans appuyés sur des colonnes simples (sauf celles accolées aux piliers d'angles ou celles engagées dans les piliers intermédiaires) et supporte une galerie, un déambulatoire fermé. Différents marbres ont été utilisés: blanc de St Céret, noir de Baixas (près de Rivesaltes), rose de Villefranche...

On y retrouve un bestiaire d'aigles, de monstres et dragons divers, des visages, des bergers avec des moutons, un évêque avec sa crosse, un homme nu, des sirènes à double corps... Mon avis de non spécialiste, c'est que l'on a là une facture plus primitive, en tout cas moins élaborée qu'à Elne...

Haut de pageLe Boulou

Le Boulou (El Volo, en catalan) est notre base durant une semaine. Une charmante et proprette bourgade de plus de 5 000 habitants, par ailleurs station thermale. C'est notre base pendant une semaine dans la gentille location de Mme Labarrière, au 6bis rue des Remparts (200€). Des retombées de cendre du gigantesque incendie qui a sévit de l'autre côté de la frontière (à une quinzaine voire une vingtaine de kilomètres!) sont encore visibles.

En ville, quelques jolis décors (cadran solaire, façade en trompe l'oeil).
Sur la vallée, vestige des remparts (comme il vient d'être dit, nous logions justement Rue de Remparts), construits en l'an 1197, subsiste l'une des trois tours qui la défendait. La tour quadrangulaire, réhabilitée en 1999 et 2005, se trouve au sud de la ville, rue del Mouli Vell, dominant le fleuve (un grand mot, surtout en cet été particulièrement sec!) Tech. Il ne subsiste rien du château qui était mentionné encore au début du XIVe s...

Lors de la guerre de 1793 qui vit la confrontation des armées française et espagnole pour la possession du Roussillon, une bataille eut lieu au Boulou, les 30 avril et 1er mai 1794, assez célèbre pour être mentionnée sur l'Arc de Triomphe à Paris.

L'église Ste Marie du Boulou date du XIe siècle mais elle a été en partie reconstruite au XIVe siècle et agrandie au XVIIe. Certains éléments de décor sont donc de réemploi.
La corniche du linteau de la porte due au maître de Cabestany est remarquable. Elle représente six scènes de l'enfance du Christ qu'il convient de lire de la droite vers la gauche. Sur sa façade, on peut y voir une pierre tumulaire (provenant d'un tombeau, du mot racine "tumulus") datée de 1220. A l'intérieur, on peu voir un intéressant mobilier classé, en particulier 15 panneaux de retables allant du XVe au XVIIe siècle et un crucifix en bois du XVIIe également. Son autel consacré à la Vierge et à St Antoine est de style baroque flamboyant (1755). Autre retable; celui de la Sainte Croix. A voir aussi les panneaux des deux St Jean du XVIe s., la prédelle (partie inférieure d'un retable) de la chapelle de la Ste Croix du XVe (évoquant la Passion du Christ) et le panneau du Rosaire du XVIIe (évoquant certains épisodes du Nouveau Testament, un aperçu du Conflent et de la Cerdagne un aperçu du Conflent et de la Cerdagne de l'Annonciation à la Pentecôte, ainsi que l'Assomption de la Vierge).

Le Boulou Le Boulou Le Boulou Le Boulou 



Haut de pageUn petit tour en CONFLENT et en CERDAGNE

 

Nous n'aurons qu'un aperçu du Conflent et de la Cerdagne à partir d'un circuit d'une journée effectué depuis notre base dans le Haut Vallespir, circuit bouclé côté espagnol en passant par Puigcerda et Ripoll (avec une route éprouvante et sans rien à voir d'une cinquantaine de kilomètres entre ces deux villes) , soit 300km... Une folie!

Dans le mot Conflent, il faut sans doute voir le terme "confluent" (entre la Têt et le Cady) puisque à l'époque romaine y passait la Via Confluentana prolongeant la Via Domitia (de Beaucaire, près d'Arles, au Perthus).
Après avoir contourné les Aspres et être (re)passés par Thuir et Ille-sur-Têt, nous remontons la large vallée de la Têt en passant au pied du village perché d'Eus, sans faire de détour vers le Prieuré de Serrabonne dont le site ainsi que l'église sont paraît-il remarquables... De la même façon, nous négligerons l'abbaye de St Martin-du-Canigou et la montée au Canigou, qui nécessitent quelques heures de marche et qui sont fort "encombrés" en haute saison.

Haut de pagePrades

Prades - église St Pierre Prades - église St Pierre
Prades - église St Pierre Prades - église St Pierre  

A Prades, nous allons visiter l'église St Pierre, au clocher de style roman-lombard en marbre blanc datant du XIIe s. qui, par la suite, a été surmonté d'un campanile. L'édifice actuel qui date du XVIIe s. a remplacé l'ancienne église romane.

L'entrée par un latéral, nous met face à un alignement de chapelles (grande nef flanquée de part et d'autre de quatorze chapelles) pourvues de retables du XVIIIe s. La voûte en croisée d'ogives est ornées de fresques avec une dominante de bleus.

Mais pour les spécialistes, la pièce maîtresse est le retable du maître-autel, exécuté par l'artiste catalan Joseph Sunyer, entre 1696 et 1699, et réputé pour être le plus grand retable baroque de France.
St Pierre, au centre, coiffé de la tiare papale est surmonté d’une Vierge faisant la transition entre le pouvoir terrestre et pouvoir céleste, représenté au sommet. St Pierre est accompagné par les apôtres et les disciples... au total une centaine de statues et bas-reliefs.

Dans le croisillon gauche, on peut voir un Christ Noir du XVIe s., la plus ancienne pièce de l'église..


 

Haut de pageSt Michel-de-Cuxa

St michel-de-Cuxa 

Nous quittons le fond de la vallée par un détour sur les pentes au pied du Canigou.

Cela nous conduit à l'abbaye de St Michel-de-Cuxa mais comme il est midi, nous trouvons porte close et devons nous contenter de vues extérieures. Dommage car l'église est un édifice remarquable par son ancienneté, une construction préromane de la fin du Xes, l'une des plus grandes à son époque. Cela affirmait la conquête territoriale et religieuse des ces régions reprises aux musulmans par les carolingiens.


C'était un foyer culturel de l'obédience de Cluny qui rayonnait sur toute l'Europe (propagation de la "Trêve de Dieu" lors des guerres féodales aux temps de l'Avent, Noël, Carême et Pâques) jusqu'à son déclin à partir du XIIIe s.
Aujourd'hui, l'abbaye héberge une petite communauté monastique de moines de Montserrat.

Les petites fenêtres en arc outrepassé (en fer à cheval) de l'église témoignent de l'architecture wisigothique. Des deux clochers du XIe s., un seul a résisté aux tremblements de terre. Comme celui de St Génis-des-Fontaines, Bien national après la Révolution, le cloître fut vendu et une partie s'en alla aux Etats-Unis en 1925 (au Metroplitan Museum de New-York) et il a été à moitié reconstitué il y a une cinquantaine d'années.

 

Haut de pageCorneilla-de-Conflent et Villefranche-de-Conflent

Corneilla-de-Conflent (Ste Marie) Corneilla-de-Conflent (Ste Marie)  

Ayant repris la route et dédaignant le Canigou qui nous écrase de sa masse, nous passons près des vestiges d'une chapelle à Taurinya avant d'arriver au village de Corneilla-de-Conflent et de son église romane (fermée à cette heure zénithale) Ste Marie.
La porte à double ventail est renforcée par des ferrures enroulées en spires en acier catalan. Intéressant système de condamnation par verrou extérieur combiné à une serrure qui permet de bloquer la poignée de manoeuvre et donc empêche de faire coulisser l'extrémité de la tige (le pêne) dans la gâche ménagée dans le montant de la porte. L'autre extrémité est ouvragée en forme de tête démoniaque.

Au tympan de son portail du XIIe s., figure une Vierge à l'Enfant, encadrée de deux anges. Le chevet est éclairé par trois superbes fenêtres, encadrées extérieurement de quatre colonnettes avec chapiteaux et voussures décalées formant embrasure.


Nous retrouvons la vallée de la Têt en arrivant à Villefranche-de-Conflent dominée par le Fort Libéria que nous apercevions depuis un moment déjà. Etrange site pour une ville fortifiée dès le XIe s., encaissée au fond d'un verrou. Catalane jusqu'au Traité des Pyrénées, c'était l'une des positions clefs face aux "fils de Carcassonne" (les châteaux improprement qualifiés de cathares) depuis le Traité de Corbeil (en 1258, conclu à la suite de la Croisade contre les Albigeois). La ville fut refortifiée au XVIIe s. par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), architecte militaire de Louis XIV, et , à ce titre, elle fait partie des douze sites inscrits au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2008.


Les 12 sites "Vauban" inscrits au
Patrimoine de l'UNESCO en 2008

- Arras (Pas-de-Calais)
- Besançon (Doubs)
- Blaye-Cussac-Fort-Médoc (Gironde)
- Briançon (Hautes-Alpes)
- Camaret-sur-Mer (Finistère)
- Longwy (Meurthe-et-Moselle)
- Mont-Dauphin (Hautes-Alpes)
- Mont-Louis (Pyrénées-Orientales)
- Neuf-Brisach (Haut-Rhin)
- Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime)
- Saint-Vaast-la-Hougue/Tatihou (Manche)
- Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales)

 


Ambiance peu sympathique en cette période, entre la foule des visiteurs (sans parler de la difficulté pour stationner) et les boutiques à souvenirs et autres...
Petit tour en ville notamment rue St Jean, avec ses maisons du XIIIe au XVIIe s., entre la Porte de France et la Porte d'Espagne.

A 14h, nous profitons de l'ouverture de l'église St Jacques le Majeur. L'édifice construit comporte deux nefs accolées, l'une du XIIe s. et l'autre du siècle suivant avec des chapelles latérales. Pour les réunir, le mur méridional de la première nef fut percé de grandes arcades, l'église fut allongée d'un chevet plat (à l'est) et un clocher bâtit à l'angle nord-ouest, surmontant à moitié un portail du XIIe s. Lors de la fortification par Vauban, le cloître qui se situait à l'ouest fut rasé et le portail fut transféré sur le mur nord, à gauche du portail d'origine.
Ces deux portails sont en marbre rose, encadrés par quatre colonnes surmontées de chapiteaux sculptés de feuillages, lions, singes et les voussures du tympan s'adossent à de grossières têtes d'homme et d'animaux. Les voussures sont très travaillées, celle de l'extérieur ornée de bossages en forme de têtes humaines, le troisième avec des formes hémisphériques spriralées ou étoilées (coquilles?) et la quatrième encore plus complexe puisque sculptée en torsade (genre pas de vis à filet carré) où l'on retrouve les motifs précédents en taille plus réduite, accompagnés de sortes de trèfles à quatre feuilles...
La porte à double ventail du portail, est traitée dans le style catalan du XIIIe s., tout comme celle de Corneilla-de-Conflent que nous avons déjà évoquée (verrou extérieur combiné à une serrure).

Les stalles du choeur (XVe s.) ont été déplacées puisqu'elles se trouvaient autrefois au fond de l'église. On peut voir une Croix des Outrages (ou de la Passion), un Christ gisant, une Vierge habillée, une Vierge à l'Enfant, une Mise au tombeau, le retable de N-D de la Vie, celui de St Pierre, la chapelle du Christ avec un Christ en Croix, la toile de la chapelle St Antoine, la chapelle des Fonds Baptismaux avec la grande cuve baptismale en marbre rose qui garde les grandes dimensions des cuves médiévales où l'on baptisait par immersion (jusqu'au XVe s.)...

Villefranche-de-Conflent: église St Jacques Villefranche-de-Conflent: église St Jacques Villefranche-de-Conflent: église St Jacques Villefranche-de-Conflent: église St Jacques Villefranche-de-Conflent: église St Jacques Villefranche-de-Conflent: église St Jacques 


Nous n'aurons ni le temps ni le courage d'affronter les 1000 marches du souterrain conduisant au Fort Libéria. Nous nous contentons d'un coup d'oeil au pont fortifié sur la Têt conduisant à l'entrée de ce souterrain et au passage à niveau sur la voie ferrée empruntée par le Train Jaune (en réalité jaune et rouge) reliant Villefranche à Latour-de-Carol (à la frontière avec l'Espagne, près de Puigcerdà).

Nous avons encore un long parcours à effectuer. Remontant le cour de la Têt, nous voyons bientôt le Pont Séjourné qui est plus précisément un viaduc ferroviaire à deux étages permettant à la ligne de Cerdagne, le Train Jaune, de franchir la Têt et d'enjamber la route nationale. Contemporain de la ligne, il fut construit en 1908. La partie centrale est encadrée par deux piles carrées ornées de créneaux.

 

Haut de pageMont Louis

Nous arrivons à Mont-Louis (1600 m.), tout à l'extrémité du Haut-Conflent et pas encore en Cerdagne car contrairement à ce que l'on croit souvent, la limite géologique entre Conflent et Cerdagne se trouve au Signal de la Perche (1978 m.).
Mont-Louis est l'une des plus petites communes de France (39ha et un peu moins de 300 habitants) mais c'est la ville fortifiée la plus haute. C'est l'une des neuf villes créées ex nihilo par Vauban et certainement la mieux conservée à tel point qu'elle a conservé un rôle militaire puisque occupée par le Centre National d'Entraînement Commando (CNEC) comme le Château royal de Collioure dont nous avons parlé plus haut. Comme Villefranche-de-Conflent, elle fait partie des douze sites inscrits au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2008.

Cette forteresse fut voulue par Louis XIV pour sécuriser le territoire nouvellement pris à l'Espagne en application du Traité des Pyrénées. Entre 1679 et 1681, la forteresse est réalisée tandis que la ville sera bâtie au cours du demi-siècle suivant. Les défenses sont surtout déployées à l'ouest, vers la Cerdagne, plus vulnérable en raison d'un relief moins abrupt. C'était la dernière défense avant la Catalogne espagnole et sa place forte de Puigcerdà (puig signifie "colline" ou "montagne" en catalan).
En 1948, le professeur Félix Trombe y expérimente un premier four solaire. Ces travaux sur les énergies nouvelles seront ensuite développés par le CNRS avec le grand four solaire d'Odeillo.

Petite visite à l'église St Louis (XVIIIe s.) située dans la ville (il existe aussi une église dans l'enceinte militaire). L'édifice est tout empreint de rigueur militaire et la modestie du clocher provient du fait qu'il ne fallait pas qu'il serve de repère à l'ennemi...

Haut de pageEn Haute-Cerdagne
Nous poursuivons notre chemin par la route de Font-Romeu plutôt que par celle du col de la Perche, ce qui nous amène en Haute Cerdagne, c'est-à-dire la moitié de l'ancien comté de Cerdagne, partagé avec l'Espagne à la suite du Traité des Pyrénées.
Cette partie correspond au cours supérieur du Rio Segre qui coule en direction du sud-ouest (avant de confluer avec le fleuve Ebre dont le cours lui est perpendiculaire).

Après Font-Romeu (1800m), nous pouvons jeter un regard sur le four solaire d'Odeillo. Haut de 54m, il impressionne par sa gigantesque parabole réfléchissante qui reçoit la lumière réfléchie par des miroirs plans orientables et qui, du fait de sa forme, concentre l'énergie reçue du soleil sur une cible portée à 3500°.

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Nous ne faisons pas le choix de passer par l'enclave de Llivia mais de rester sur la route de Targassonne (site connu pour ses chaos granitiques qui rappellent ceux du Sidobre ou du Huelgoat et également pour sa centrale solaire qui a connu bien des déboires) afin de pouvoir faire un petit détour par le petit village de Dorres. Nous ne partagerons pas l'enthousiasme pour ce village que manifestent certains auteurs de guides.
Sympa mais ne valait quand même pas le détour... Nous regrettons de ne pas lui avoir préféré le village de Llo, par la route du Col de la Perche.

Notre folle boucle nous conduit à la frontière à Bourg-Madame (un hameau devenu ville seulement en 1815 par la volonté du duc d'Angoulême, Louis de France, exilé en Espagne par Napoléon, et nommé ainsi en hommage à son épouse) et à sa voisine espagnole Puigcerda.
La suite sera narrée dans une autre page...



Haut de pageLe VALLESPIR, la vallée du Tech (prononcer [tec]) autour de Céret et d'Amélie-les-Bains

St Martin-de-Fenollar (Maureillas-las-Lilas) St Martin-de-Fenollar (Maureillas-las-Lilas) 
d'après cartes postales  

Nous quittons le Boulou en direction de Maureillas-las-Lilas afin d'aller visiter la petite chapelle de St Martin-de-Fenollar, au pied des Albères (tarif 3€), visite très intéressante grâce aux explications fournies par la personne qui assure la garde du site.

Cette modeste chapelle est d'origine préromane (mentionnée au IXe s.). Située sur la Via Domitia (de Beaucaire, près d'Arles, au Perthus) se prolongeant au-delà des Pyrénées la Via Augusta (qui allait des Pyrénées à Cadix), elle constituait sans doute un ermitage rattaché à l'abbaye d'Arles-sur-Tech. Sa charpente fut remplacée par une voûte de pierre et l'édifice fut décoré de fresques au XIIe s. Ayant servi de grange et de bergerie, l'édifice a malheureusement été très dégradé par la création d'une porte (actuellement rebouchée) dans son chevet plat et par le séjour du bétail. Malgré tout, les gravures subsistantes sont de petits bijoux par la force de leur expression et par leurs couleurs vives qui impressionnèrent Picasso et Braque.
Sur les murs, on peut voir des scènes de l'Incarnation: Annonciation, Nativité (Marie allongée sur un lit), les Bergers et les Mages. La voûte représente un Christ Pantocrator, en majesté, entouré des quatre évangélistes. Sur le chevet, on peut également voir dans un losange une Vierge Orante (en prière) entourée par deux anges.

Haut de pageSaint Ferréol

Ermitage St Ferréol  (Céret) Ermitage St Ferréol  (Céret)  

Nous faisons un détour sur l'autre versant de la vallée du Tech, à l'Ermitage St Ferréol, à 5km au Nord-Est de Céret. Il est situé à 300m d'altitude sur un replat rocheux dominant la vallée. La chapelle a été érigée à la fin du XIIIe s. par les moines bénédictins de l'Abbaye d'Arles-sur-Tech mais les constructions ont été largement remaniées au XVIIIe s. et une partie des bâtiments a souffert d'un incendie en 1975.
Lors de la réfection des toitures, les décors peints sur les génoises (XVIIIe s.) ont été refaits à l'identique. Sur la façade restaurée, on a refait également le cadran solaire. Les reliques de St Ferréol (saint patron de Céret) et de St Julien sont conservées à Céret.
La région bénéficie d'un climat favorable (300 jours de soleil par an) et de l'irrigation qui permet des cultures de primeurs et des vergers, notamment les fameux cerisiers qui sont les premiers à livrer leurs fruits dès la mi-avril.

Haut de pageCéret

Revenus à l'entrée de la ville de Céret, nous nous arrêtons pour admirer le Vieux Pont dit aussi Pont du Diable du XIVe s., avec son arche unique de 45m d'ouverture que s'élève à 22m au-dessus du Tech. Selon la légende, le Diable avait permis la construction en échange de l'âme du premier être vivant qui franchirait l'ouvrage. Plus malins que le Malin, les Cérétans y firent passer un chat noir...
Tout près de là, existent deux autres ponts modernes, routier et ferroviaire.
Contrairement à certains touristes francophones, nous avons plaisir à entendre des habitants qui conversent en catalan...

Avant de remonter tranquillement la vallée du Tech vers notre second point de chute à Prats-de-Mollo, nous pensions consacrer un petit moment à la vieille ville, "La Mecque du Cubisme" (Manola, Déodat de Séverac, Picasso) et à son église St Pierre mais avant cela nous avions le projet d'aller jeter un coup d'oeil sur le panorama du Pic de Fontfrède ("Fontaine froide", à 1093 m. d'altitude) embrassant le Roussillon, le triple sommet du Canigou, les Corbières et la Catalogne espagnole jusqu'à la baie de Rosas...
mais le sort (le Diable ?) en a décidé autrement: à 10h45 grosse panne (courroie de distribution) après une bonne demi-heure sur l'étroite route de montée. Appel à l'assistance, remorquage, négociations avec l'assistance pour un véhicule de prêt le temps de la réparation (9 jours)... Nous pouvons transférer nos bagages dans le véhicule de prêt à 15h45! Il nous reste à trouver des arrangements pour prolonger de deux journées notre séjour à Prats-de-Mollo...
Fictivement, renouons le fil des évènements comme si rien ne s'était passé et continuons la remontée du Tech en explorant ses sites tranquillement.

Haut de pageAmélie-les-Bains

Palalda d'Amélie-les-Bains

De la ville thermale d'Amélie-les-Bains (antique Aquae Calidae, "eaux chaudes") surmontée par son Fort-le-Bains (1670), nous nous intéresserons surtout à son faubourg de Palalda, sur la rive gauche du Tech, au débouché du défilé de Mondony.
Agréable déjeuner au restaurant "Le Poivre Vert" mais personnel tyrannisé par le patron! C'est la cantine du comédien Jean Rochefort....
Le village de Palalda (Palaudà au Moyen Age, en référence à un "palais" ou plutôt un château) est mentionné dès l'an 833. Les fortifications du XIIIe s. dont subsistent quelques vestiges sont l'œuvre de Guillaume-Hugues de Serralonga. A la même époque, le village possédait sur les hauteurs une tour à signaux dans le cadre du réseau de communication établi par les rois d'Aragon, relais entre la tour de Montbolo et le château de Cabrenc.
L'église du château dédiée à St Martin, datée de l'an 993, devint église paroissiale au XVIIe s. La ferronnerie extérieure de sa porte est remarquable.
Le village de Palalda a été rattaché à Amélie-les-Bains en 1942.

 

Sources thermales et thermalisme

Une source thermale est une source dont l'eau sort du sol à une température élevée, chauffée par un processus géothermique, "une chaudière géothermale", c’est-à-dire par absorption au contact de roches chaudes de l'énergie thermique provenant des profondeurs de la Terre. En effet, en dehors des zones volcaniques, généralement la température des roches de la croûte terrestre augmente en fonction de la pression ambiante, pression qui évidemment augmente avec la profondeur (environ 1°C tous les 33 mètres).

Les premiers usages des eaux thermales semblent remonter à 3000 ans av. J-C. Les Thermes ou gymnase grec, étaient d’immenses bains chauds utilisés pour usage médical (notamment pour soigner les lépreux ou les soldats blessés), hygiénique mais surtout social (lieu de convivialité de rencontre). Quant aux Romains, ils vouaient à l’eau un véritable culte.

En France, il y a plus de 1200 sources thermales. On les trouvent principalement dans les régions montagneuses où affectées par des phénomènes tectoniques (failles): Pyrénées, Massif Central, Savoie, Vosges-Alsace, Corse. Le thermalisme connaîtra un engouement exceptionnel au XIXe siècle, "surfant" sur la vague romantique.



En évoquant plus loin nos randonnées nous parlerons de Montalba d'Amélie les Bains (Montalbà en catalan ce qui signifie "mont blanc"), un hameau de montagne situé au pied du Roc Saint Sauveur (Roca de Sant Salvador). Le hameau de Montalba apparut au XIIe s. dans l'ombre du "Castello Monte Donno" (ce qui est traduit en Château du Mont Dony, établit dès 1020). Il semble n'avoir guère prospéré à l'image de sa petite église (fermée) Notre Dame de Montalba, construite du XVIIe s.
Ce sera le point de départ de l'une de nos randonnées. Nous y reviendrons bientôt.



Haut de pageLe VALLESPIR, la vallée du Tech autour de Arles-sur-Tech

A Arles-sur-Tech, nous allons visiter l'église abbatiale Sainte Marie.(tarif: 4€).

Au Moyen Age, la ville disposait d'un important réseau de canaux pour alimenter les fontaines, pour irriguer où pour actionner moulins et foulons. Au début du XXe s., les activités industrielles de la ville reposaient sur les tissages et les chocolateries (sept fabriques dont l'ancêtre de la marque Cémoi) mais l'inondation catastrophique de 1940 et la guerre leur furent fatales.

L'abbaye a pour origine un premier établissement créé en 778 par le moine Castellan sur l'emplacement de thermes romains situés à l'emplacement d'Amélie-les-Bains mais elle fut déplacée ici à la suite des incursions normandes du IXe s. Elle a été construite au XIe-XIIe s. et elle est considérée comme l'une des plus belles de Catalogne. Il s'agissait d'une abbaye bénédictine fortifiée qui s'étendit avec la création d'un cloître aux XIIIe-XIVe s. tandis que la ville s'entourait de fortifications (les rues courbes créées à l'emplacement des anciens fossés (valls en catalan) en conservent le souvenir.

Pour y accéder, nous passons devant l'Hôtel de Ville qui occupe l'ancienne Villa Las Indis, construite en 1900 et 1901 par l'ingénieur civil Joseph-Pierre Monin. Etrange mélange de styles architecturaux: néo-gothique, néo baroque, néo romain, Art Nouveau et Belle Epoque. Elle est cependant classée monument historique depuis 1992. Un Monument au Morts a été édifié au fond du parc qui s'étend devant la mairie.

L'accès à l'abbaye s'effectue à partir d'un tout aussi étrange bâtiment en maçonnerie de galets, une sorte de pastiche de palais néo-gothique avec tour à créneaux d'un goût encore plus douteux. Le petit jardin qui le précède présente quelques plantes méditerranéennes et l'on peut se reposer sur les bancs artistiquement peints aux couleurs catalanes.

Nous commençons la visite de l'abbaye par le cloître gothique non voûté, supportés par des fines colonnes double avec des chapiteaux assez simples à feuillages déployés.

L'église de type basilical comporte trois nefs. Au XIIes. une voûte en berceau brisé a remplacé la charpente et elle est portée grâce à des piliers qui ont alors été renforcés.
On peut voir, à droite au bas de l'église, "la Rodella", un ex-voto fait d'un cordon de cire d'abeille enroulé offert par le habitants du hameau de Montbolo, le grand retable prébaroque (1647) dans la chapelle des Saints Abdon et Sennen, le retable de St Pierre dans l'ancienne chapelle du Rosaire, une Croix des Outrages et une Vierge des Douleurs dans l'absidiole sud, une chaire date du XVIIIe s., le retable de la chapelle St Benoît (rappelons que c'était une abbaye bénédictine), retable de la chapelle St Antoine avec des prédelles (soubassements) de forme oblongue dont une avec une Ste Marie-Madeleine couchée...

En sortant de l'édifice, intéressons nous à sa façade. Le très ancien linteau en granit gris est gravé avec l'Alpha et l'Oméga encadrant une croix. Le tympan hémicirculaire est orné d'une croix grecque en bas-relief de pierre claire et représentant en son centre un Christ en Gloire (Pantocrator) tandis que les bras de la croix portent chacun des symboles des quatre évangélistes (aigle, lion, taureau et ange). Au-dessus du tympan, on peut admirer une petite fenêtre à arc roman dont l'encadrement est sculpté de décors à motifs floraux. Le haut de la façade est occupé par des arcatures et colonnades de style lombard du premier art roman.

Au sud de l'étroit parvis, dans une sorte de courette est présenté derrière une grille le sarcophage de la Sainte Tombe. il aurait contenu les reliques d'Abdon et Sennen ramenées depuis Rome par St Arnulphe. Le sarcophage est considéré comme miraculeux car il a la particularité de se remplir d'une eau pure.
Si la science ne fait pas de miracle, en revanche elle peut en défaire... Les recherches effectuées depuis les années 1960 ont conclu que le couvercle est fait d'un marbre poreux qui filtre environ 30% de l'eau qu'il reçoit tandis que la cuve du sarcophage est constituée d'un marbre imperméable. Ainsi peut il se remplir peu à peu d'eau filtrée...
L'avant du sarcophage est orné du
chrisme, symbole qui combine en forme d'acronyme les 5 caractères grecs IXΘYΣ signifiant Ièsous Christos Théou Uios Sôtêr, c'est-à-dire "Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur".

Au-dessus du sarcophage, scellé dans le mur, se trouve le gisant (qui placé ainsi ne gît donc plus!) en forme de croix latine du seigneur Guillem Gaucelm de Tellet qui fut inhumé en 1211.

Haut de pageLes Gorges de la Fou

Total changement de décor avec les Gorges de la Fou ("précipice" en vieux catalan?).
Chère visite (tarif: 9,50€ soit près du double du tarif des Gorges de la Diosaz à Servoz, près de Chamonix, certes aménagées seulement sur 1300 m.) et pas de réduction car ne figurant pas dans le "Pass inter-sites" mis en place par le département).
Les gorges ont été aménagées avec des passerelles en bois en 1954 (remplacées par des passerelles métalliques dans les années 1980). Elles sont exploitées pour le compte d'un syndicat intercommunal regroupant les trois communes de Montferrer, Arles et Corsavy.

La Fou, petit affluent du Tech a entaillé la montagne sur une hauteur de 250 à 300m. Les falaises les plus hautes de ce canyon atteignent 205 m. (au Roc du Soldat). Considéré comme le canyon plus étroit du monde dans sa partie la plus resserré qui ne dépasse pas un mètre de large, le lit de la rivière est jalonné de marmites de géant et ponctué de nombreux blocs coincés, galeries et grottes. Le site n'a été exploré qu'en 1928 tandis que la tradition fait état des exploits d'un dénicheur d'aigles et des Trabucayres, une bande de détrousseurs de diligences du XIXe s. qui y trouvait refuge....
Sur les 1739m du canyon, 1500m ont été aménagés avec des passerelles en pente (9% sur la totalité du parcours) et escaliers métalliques protégés par les filets également métalliques.
La visite est complétée par la présentation de la flore endémique des gorges et de certaines plantes plus exotiques qui s'y sont adaptées (ramonada miconi), sans omettre évidemment "L'Herbe aux Femmes Battues" (tamus communi)!

Quittons un moment la vallée pour nous enfoncer sur les coteaux exposés au sud, dominant les gorges et situés au pied des contreforts orientaux du Massif du Canigou.

Haut de pageCorsavy et les mines de fer de Batère

Une longue route sinueuse passe près de la chapelle romane Sant Marti (St Martin du Xe s.) avant d'arriver au village de Corsavy (une commune de 200 âmes), à près de 800 m. d'altitude, dominé par les ruines d'une tour de surveillance de l'ancien réseau des tours des rois de Majorque, au XIVe s., tour qui se complétait avec le château voisin (totalement en ruines). Plus loin, on aperçoit les vestiges d'une autre tour, la tour de Batère située sur une crête montagneuse à la limite entre le Vallespir et le Bas Conflent.

Si l'on poursuit la route sur une quinzaine de kilomètre plus au sud, on arrive au site des anciennes mines de fer (l'hématite, un oxyde fer de densité aux environ de 5) de Batère vers 1500m d'altitude. D'autres mines se situaient sur le versant nord du Canigou (Sahorre, Fuilla, Corneilla de Conflent et surtout à Baillestavy). Batère est la mine ayant fourni le plus de minerai de la région. On y extrayait le minerai du fameux fer du Canigou ou fer catalan connu depuis l'Antiquité (IIe s. av. J-C), fer qui a la particularité de ne s'oxyder que superficiellement grâce au manganèse et au chrome qu'il contient naturellement. On devrait d'ailleurs parler d'acier puisque de fait on a là un alliage naturel qui plus est avec une assez forte teneur en carbone en raison de la fusion par bas-fourneau.
Une partie du minerai était traitée sur place dans des forges et une autre en vallée (Arles, Le Tech, Prats-de-Mollo pour le Vallespir).

Les forges catalanes

L'appellation de "forges catalanes" s'applique en réalité à des aires géographiques plus larges que la Catalogne puisque ce type de forges à exister jusqu'au XIXe s. dans les régions de montagnes (pas seulement les Pyrénées mais aussi le Massif Central et les Alpes).
Ce procédé perfectionne et mécanise les anciennes "forges volantes" ou "forges à bras" dans lesquelles la ventilation était assurée par des soufflets de cuir actionnés manuellement tout comme le marteau pour l'étape finale.
Dans ce type de forge, la force hydraulique est utilisée pour actionner, d'une part, un système de ventilation sous pression, la trompe (une innovation qui serait apparue en Italie au début du XVIIe s.) , destiné à activer la combustion dans le foyer, et d'autre part, un lourd marteau ou martinet mis en mouvement par des cames (elles le soulèvent et il retombe sur l'enclume sous l'effet de son poids).

Tout part du bas-fourneau qui se présente comme une cheminée de taille humaine (un ou deux mètres de haut) en briques et en terre cuite, dans laquelle on dispose en alternance une couche de minerai de fer et une couche de charbon de bois. La combustion du charbon de bois (d'où l'importance des charbonniers dans ces régions avec le revers de la déforestation) produit du monoxyde de carbone (CO) qui vient réduire le minerai, c'est-à-dire "prendre" l'oxygène de l'oxyde de fer de sorte que le résultat de la réaction donne du fer (plus ou moins pur) et un dégagement de dioxyde de carbone (CO²). Avec ce procédé, on utilisait de préférence des minerais riches en fer, à fusion facile, tels les hématites brunes.

Avec une température de l'ordre de 900° (bien plus basse que dans les hauts-fourneaux apparus vers le XVes. et répandus à partir du XVIIIe s. et chauffés au coke qui atteignaient les 1200° nécessaires à la fusion et à la coulée de la fonte, grâce à une forte ventilation), on obtenait au fond du four, une masse métallique pâteuse et spongieuse, "la loupe "ou "le massé", très hétérogène et imparfaitement débarrassée de ses scories (une partie a été éliminée dans le laitier qui s'écoule du fourneau).
Cette masse malléable retirée du fourneau est ensuite longuement cinglée ou corroyée, par martelage répété, afin de retirer scories et impuretés et de rendre le métal homogène dans sa teneur en carbone.

On obtient ainsi du "fer" sous forme de lingots ou de barres à partir desquels des forgerons pourront fabriquer outils et armes...


 


Tout en étant l'une des plus anciennes mines de fer de France et c'est aussi la dernière à être restée en activité puisque son exploitation n'a complètement cessé qu'en 1994 (ou 1987 ?) comme en témoigne l'entrée qui semble avoir été murée il y a peu de temps et les gros engins abandonnés au bord de la route! D'ailleirs lLes déblais de pierre brune déversés au bord des sentiers n'ont pas encore été colonisés par la végétation. Ce sera le point de départ de l'une de nos randonnées.

Haut de pageMontferrer

En repartant vers la vallée, en direction du village du Tech, nous passons au village de Montferrer (encore une commune de 200 âmes), ancien site de forges comme l'indique son nom ("Mont de Fer") est situé à 830 m. d'altitude, non loin des ruines de son château féodal..
Petit rafraîchissement à la jolie fontaine voisine de la petite église romane Ste Marie de Mollet des Xe-XIIIe s., dédiée à la Vierge de l'Assomption.


Le portail avec une archivolte à quatre voussures s'appuie sur deux colonnes à chapiteaux de marbre. L'église est surmontée par un petit clocher-tour avec un toit à quatre pans. A l'intérieur, on peut voir un sarcophage du XIVe s. de la famille de Castelnou (Dalmau II, son épouse Beatrix et son fils Pere). Le retable du maître-autel est du début du XVIIIe s.


Tour de Corsavy Eglise de Montferrer Eglise de Montferrer Fontaine de Montferrer Eglise de Montferrer


Haut de pageLe VALLESPIR, versant nord de la vallée du Tech, au-dessus du village de Le Tech

Nous changeons de versant: expositon nord sur les coteaux situés en dessous des montagnes formant la ligne frontière.

St Laurent-de-Cerdans

Le gros village (1300 habitants) de St Laurent-de-Cerdans (qui nous servira de base de départ pour une randonnée) n'était jadis qu'une annexe de Ste Marie-de-Coustouges mais le fait de se situer sur une voie de passage transfrontalière favorisa un développement reposant en partie sur la contrebande.

Ses activités industrielles de tissage et de fabrication d'espadrilles ont périclité quelques années après la Seconde Guerre mondiale.
La fabrication d'espadrilles catalanes (vigatanes) a été introduite depuis la Catalogne ibérique en 1860. La semelle est faite par enroulement d'une cordelette (cousue) en chanvre, sisal ou jute (importés du Pakistan) sur laquelle est montée une empeigne de grosse toile.

En 1908 fut fondée une SCOP (société coopérative ouvrière de production) sous le nom de "Union sandalière" qui produisait alors 10 000 paires par jour. Au début du XXe s.cette production occupait un millier (?) d'ouvriers dans une quinzaine d'usines et encore 450 ouvriers en 1950. Elle n'employait plus que 80 personnes au cours des années 1980 et elle a été dissoute en 1988.
Le folklore remplace l'activité puisque depuis 2002, les Béarnais de Salies-de-Béarn ont lancé un "championnat mondial de lancer l'espadrilles"! Le Vallespir ne pouvant être en reste, la commune de Sérralongue organise également chaque été depuis 2009 son "championnat de lancer l'espadrilles" (la session 2012 avait lieu le 12 août).
Une fabrique de toile a été relancée depuis 1993 et il ne reste que deux artisanats de fabrication d'espadrilles.

Particularité: c'est l'endroit qui détient un record de France pour la quantité de pluie tombée en 24 heures (1000 mm, le 17 octobre 1940, toute la région ayant à souffrir d'inondations catastrophiques).

Haut de pageCoustouges

Plus intéressant, le coquet et petit village (commune d'une centaine d'habitants) de Coustouges auquel il vient d'être fait allusion. Il se situe à 830m d'altitude, à 2km de la frontière. C'est le second village le plus méridional de France continentale.
Le village mentionné au Xe s. dépendait de l'abbaye d'Arles-sur-Tech.


Coustouges Coustouges

L'église romane fortifiée du XIe s. dédiée à Notre-Dame des Épines est remarquable. Par chance son portail, en pierre tendre, le plus élégant de toute la statuaire romane de la région catalane, se trouve protégé des intempéries par un narthex ajouté aux XIIIe-XIVe s., une sorte d'avant-nef où les pèlerins en route pour St Jacques de Compostelle pouvaient passer la nuit.
Le portail de ce narthex est défendu par par une épaisse porte à deux vantaux munie de pentures en fer forgé catalan, renforcée extérieurement par des ferrures en volutes ou plutôt en spirales typiquement catalanes que l'on peut voir sur d'autres édifices de la même période . Une nouvelle fois, on peut admirer un intéressant et ingénieux système de condamnation par verrou extérieur combiné à une serrure. L'autre extrémité de la tige (le pêne) est ouvragée en forme de tête de dragon avec tout le détail de la denture... Système déjà vu à Corneilla-de-Conflent et à Prades.

Ce genre d'édifice religieux et fortifié était destiné dans l'Europe chrétienne non pas à servir de refuge face aux armées qui n'étaient pas autorisées à pénétrer dans ces lieux sacrés et (normalement) inviolables mais plutôt pour se protéger de bandes de brigands pendant quelques heures ou quelques jours (selon les réserves de provisions qui pouvaient se trouver dans l'édifice). En effet, même une robuste porte revêtue d'un "blindage" de fer ne saurait résister longtemps à un bélier ou au feu d'un bûcher. Par ailleurs, les fenêtres même placées en hauteur n'empêcheraient pas qu'on lance des brûlots au travers pour enfumer les occupants ou que l'on y accède par des échelles.

Venons-en au portail de l'église proprement dite. Ses voussures sont soutenues par quatre colonnes dont deux sont élégamment torsadées, colonnes surmontées de chapiteaux en travertin à motif végétal (genre feuilles d'acanthe) ou animaliers (Gorgone, lions, oiseaux et monstres divers). L'archivolte du tympan est constituée de cinq arcades très richement ornées de motifs floraux, de visages et d'entrelacs végétaux que l'on trouve également sur le tympan proprement dit.

A l'intérieur, on découvre la nef unique, sous voûte en berceau brisé. Le chevet comprend une abside flanquée de deux chapelles aux voûtes d'ogives. Il s'ouvre sur la nef par deux arcades encadrant un arc triomphal.
Une grille en ferronnerie sépare le chœur de la nef. C'est la plus belle que le Moyen-Âge ait produite avec son millier de spirales qui s’enlacent autour de hampes métalliques.
Une stèle comméèmore le souvenir des 70 000 républicains espagnols (dont Antonio Machado) qui sont passés par ici lors de la Retirada.

Amusant et instructif de lire les plaques de rue écrites en français et en catalan... et la munipalité affirme haut et fort son identité catalane.

Florilège de désignations et expressions en catalan

Carrer dels BotiguersRue des Marchands
Tertúlia ample del
Consell dels Antecessors
Cercle élargi du
Conseil des Anciens
Maquinacions de xavals
i pubilles en joguineig
Manège des gaillards
et filles en badinage
Cada casa és un mónChaque maison est un monde
AjuntamentMairie
Font del SerrallerFontaine du serrurier
Portal de la cavalleriaPorte (portail) de la cavalerie
El Call
Batti jueu
Quartier juif
Pregueu per nosaltresPriez pour nous
El cul de la lleonaLe cul de la lionne
Factoria de salaonsSaloir


Nous espérons trouver un panorama intéressant sur la frontière à Can d'Amont (en catalan can signifie "chez"). Plutôt décevant et le hameau exsude la misère.

Can d'Amont: panorama à la frontière



Haut de pageSerralongue

Serralongue Serralongue

Après être redescendus quelque peu, jusqu'à 600m d'altitude à la Farga del Mig (le mot catalan farga signifie "forge"), petit détour par un autre remarquable petit village, Serralongue (250 âmes). Un site peuplé de longue date puisque des urnes funéraires protoceltiques (Xe s. avant notre ère) ont été découvertes au lieu-dit El camp de las Olles.
Serralongue ("Longue Montagne") avait un château au XIe s. détenu par les seigneurs de Corsavy (village de l'autre versant dont nous avons parlé). La famille, vassale de Jacques II de Majorque, se divise au XIIIe s. et le rameau qui demeure ici prend le nom de Serralongue mais le château est rebaptisé Cabrenç. De ce château et de son donjon détruits par Vauban lors de la "révolte des Angelets " en 1663-1673 ne subsistent que des ruines sur une crête à 1300 m. d'altitude, à 4km plus au sud, près des vestiges d'une tour à signaux du XIVe s.

En saison, il est intéressant de profiter d'une visite guidée (tarif: 4€) assurée l'après-midi en haute saison touristique (ou sur réservation) avec un érudit local, le conservateur du petit musée médiéval, M. René Magna. Passionnant si l'on veut faire abstraction de son ton récitatif et lorsque l'on sait qu'il se prête volontiers à toutes les questions des visiteurs.



Reposant sur les fondations d'un édifice wisigothique, l'église romane, un édifice fortifié en granit rose et bleu, date des XIe-XIIe s. (l'entrée n'est plus libre depuis que des statues ont été dérobées).
Le portail à quatre voussures sans ornement est défendu par une épaisse porte à deux vantaux et pentures en fer forgé catalan, renforcée extérieurement par des ferrures comme on vient de le voir à Coustouges. Ici on retrouve également le système de condamnation par un verrou extérieur dont l'extrémité est ouvragée en forme de tête démoniaque, verrou combiné à une serrure...
Originalité: un trou ménagé au bas de la porte servait de chatière car il fallait penser à protéger contre les rongeurs les provisions accumulées dans l'église pour tenir face à un "siège"!

L'intérieur recèle un retable baroque du XVIIIe s. et des objets curieux.
Ainsi une "Roda de Fusta", une roue à clochettes du XIIe s. placée à droite du choeur remplaçait la sonnerie des cloches du Jeudi Saint au jour de Pâques. Les douze clochettes représentent les douze apôtres.
Sans le bas de l'édifice, on peut voir le petit sarcophage du comte Guillem Hug, sire de Cabrenç, mort en 1270 lors de la Huitième Croisade dont l'objectif était la Terre Sainte mais elle fut bizarrement détournée vers Tunis, au cours de laquelle de nombreux croisés moururent de maladie, dont le roi Saint Louis (Louis IX) qui la dirigeait. Notre guide nous explique alors que le cadavre des seigneurs et souverains morts en croisade n'était pas inhumé sur place mais bouilli afin d'être décharné pour que leurs seuls ossements puissent être rapatriés. Ceci explique la petite taille du sarcophage qui, du coup, est plutôt un ossuaire car dans ce cas le nom de sarcophage est inapproprié puisque ce mot grec signifie "mangeur de chair"! Le couvercle est orné d'une Croix de Malte encadrée de blasons portant les armoiries des Cabrenç, c'est-à-dire une chèvre (Cabrenç provient du catalan cabra).
Au-dessus, a été placée l'une des deux poutres cornières peintes provenant d'une salle de réception du château de Cabrenç (sans doute lors de son démantèlement à la fin du XVIIe s.). Elle fut retrouvée derrière le retable lors de sa restauration.
Une fois de plus, on peut voir ici une Croix des Offenses du XIVe-XVe s.
On peut encore y voir une cloche de 1783 ainsi que le mécanisme de l'ancienne horloge fabriquée au XIXe s. dans le Jura (à Morez) par la plus grande horlogerie pour monuments de Louis-Delphin Odobey Cadet, restaurée par M. Magna qui a calculé qu'en 24 heures, elles tintait 336 fois!

En sortant de l'église, notre guide nous présente l'arbre qui ombrage la placette voisine du cimetière. Il s'agit d'un micocoulier, un arbre à feuilles caduques des régions méditerranéennes (provençales en particulier) voire tropicales. Cet arbre n'est encore vigoureux qu'en apparence car atteint d'une maladie qui le condamne à moyenne échéance de sorte que les Pyrénées-Orientales devront se trouver un autre "plus bel arbre du département" (liste qui fut publiée par "ça m'intéresse" sous le titre "Où voir les plus beaux arbres de France?"). Cet arbre a la particularité de produire naturellement des branchettes fourchues qui servaient à fabriquer de solides fourches en bois à trois (voire cinq) dents ou des fouets en tressant les branchettes.

Il nous conduit à quelques pas de là, au sommet d'une petite éminence sur laquelle se dresse une petite tour carrée, avec un toit à quatre pans couvert de lauzes et dont les façades sont percées d'ouvertures en plein cintre à encadrement de brique. Il s'agit du Conjurador du XIVe s., dernier édifice de ce type subsistant en France, qui comme son nom le laisse supposer, était destiné à conjurer le mauvais sort dont les formes pouvaient varier (épidémies, orages...). Survivance de pratiques païennes, il fut intégré par les clercs qui s'y rendaient en procession lorsque les circonstances l'exigeaient, adressant des prières dans la direction d'où venait la menace tandis que la population se couchait face contre terre au pied du monticule!

La visite guidée se termine au musée médiéval où quelques scènes de la vie de château ou de la vie paysanne sont rendues par des personnages de cire, grandeur nature. On peut aussi s'intéresser aux maquettes animées représentant les activités traditionnelles du Haut-Vallespir: forge, moulin à farine, moulin à huile, foulons à laine et draps, charpenterie et sciage, meules charbonnières.

En quittant le village, notre guide fait sonner le carillon récemment installé (2004) sur la mélodie de la chanson "Le temps des cerises" (composée par Antoine Renard en 1868) !

Il se fait tard et nous ne nous rendrons pas à 7 km plus au sud, au village de Lamanère, le plus méridional de France...



Haut de pageLe HAUT- VALLESPIR, Prats-de-Mollo (prononcer [prats de mo-io]) et ses environs

Prats-de Mollo (ce qui signifie "prés, pâturages de la fleur d'olivier") est la dernière commune de la vallée, mêlant caractère méridional catalan et montagnard (750 m. d'altitude). Elle se trouve très isolée de la vallée pourtant voisine du Conflent par l'imposante masse du Canigou qui présente une sévère face sud. En revanche, il est plus aisé de communiquer avec le Ripollès, de l'autre côté la frontière...

La cité est mentionnée depuis la fin du Xe s. Fortifiée au XIVe s., son enceinte qui comportait cinq portes fut en partie détruite au siècle suivant par le tremblement de terre du 2 février 1428, dit de Catalogne (magnitude 6 à 7?), dont l'épicentre se trouvait de l'autre côté des Pyrénées. Ils furent reconstruits au XVe s. mais onze ans après le rattachement à la France (en vertu du Traité des Pyrénées), en 1670 les troupes de Louis XIV les démolirent en représailles à la suite de la Révolte des Angelets de la Terra ("Guerre du Sel" par allusion à la contrebande portant sur cette denrée taxée). Cependant, conscient qu'il fallait protéger la nouvelle frontière, le Roi-Soleil a fait construire les fortifications modernes (1677-82) par son maréchal Sébastien Vauban, qui a également construit le Fort Lagarde, surplombant les lieux. Par la suite la ville a débordé hors des murs, notamment dans sa partie aval.
En janvier 1939, durant la Retirada, 100 000 réfugiés espagnols passèrent le col d'Arès, à Prats-de-Mollo. Pour accueillir ces réfugiés on construisit quatre camps de concentration dans la vallée du Tech qui furent fermés en mars.
L'inondation d'octobre 1940 consécutive à quatre jours de forte pluie provoqua une crue du Tech qui dévasta une partie de la ville et emporta le pont d'Espagne.


Ce bourg d'environ 1100 habitants en comptait le double en 1936 et le triple en 1836. Le déclin s'est accéléré après la Seconde Guerre mondiale, et la population stagne au niveau actuel depuis 1975. En raccourci, on peut dire que c'est une localité dont l'évolution est complètement opposée à celle de Céret, en bas de la vallée, qui avait le même effectif en 1836. C'est donc la bien modeste capitale du Haut-Vallespir...
L'activité géothermale se trouve au hameau de La Preste, 8km plus en amont (1130m d'altitude) où les hôtels ont l'air de fonctionner.

Cette atonie est immédiatement perceptible lorsque l'on aborde le village puisque l'on trouve en déshérence l'ancien Hôtel Restaurant des Touristes et son annexe située en face, ainsi que des parkings et l'ancien garage. A la sortie amont, en direction de La Preste, pas mieux avec l'Hôtel d'Estamariu. Ambiance glauque à la Stephen King... Seul signe de vitalité, quelques maisons neuves en amont du village.
A l'unisson de la localité, notre base pendant une semaine sera un appartement dans "la maison bleue" déjà ancienne située près du garage fermé...
Pourtant en saison estivale, l'office du tourisme essaie d'attirer ou de retenir les estivants en organisant des réunions festives les dimanches après-midi sur la place, au son et au rythme de la sardane (sardana en catalan) jouée par un groupe d'environ une douzaine de musiciens (cobla), les touristes sont invités à se joindre à la danse traditionnelle où les danseurs en cercle se tiennent par la main. Cette danse est plus difficile qu'il n'y paraît car les danseurs doivent compter le nombre de pas et identifier les changements de rythme. Tant les mélodies que les danses et même certains instruments (tible et tarota, genres de hautbois) ne sont pas sans rappeler les traditions festives bretonnes.

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Deux parcours envisageables dans la ville.

Par l'extérieur de remparts en passant devant les quatre portes: départ de la place (Foirail ou Firal), de la Porte de France jusqu'à la Porte d'Espagne dédoublée avec le Portal del Rector, en passant près du cimetière avec la Porte de la Fabrique (au pied du fort) et les ponts de la Guillema (pont fortifié muni de grilles en fer, un dispositif défensif qui serait unique en Europe pour interdire les invasions par le torrent et, tout près en amont, le vieux "pont romain" en dos d'âne) et enfin la Porte du Verger. Cette enceinte aurait besoin de quelques restaurations et elle a été percée au droit de quelques rues pour communiquer plus facilement avec le quartier moderne qui s'est formé à l'est.

Autre parcours, par les rues (carrer) à l'intérieur de la ville close et en remontant peu à peu: rue Stes Justine et Ruffine (chapelle), rue de la Porte d'Espagne, place d'Armes, rue piétonne et commerçante de la Porte de France avec la place de la Trinxeria (nom d'un meneur des Angelets) avec la mairie, rue de la Favorite, rue de la Croix Noire (carrer de la Creu Negra), rue de l'Hospice, place del Rei... Il est intéressant aussi d'emprunter les rues transverses qui se présentent sous forme de volées d'escaliers en pas d'âne telle que la rue de la Croix de la Mission (carrer de la Creu de Missio).

La chapelle Saintes Juste et Ruffine, du même nom que l'église, est située au centre du village. Elle a été construite en 1642, à l'emplacement de l’auberge où aurait eu lieu un "le miracle du vin". Selon la légende, les saintes femmes avaient réussit à retirer l'eau du vin destiné à la messe et frauduleusement coupé par un aubergiste qui le leur avait fourni. Le petit édifice est décoré de vitraux et peintures modernes de Jean Lareuse, artiste du pays.

 

Prats-de-Mollo Prats-de-Mollo Prats-de-Mollo: chapelle  Stes Justine et Ruffine Prats-de-Mollo: trompe l'oeil 

Haut de pageL'église

Prats-de-Mollo, Stes Juste et Ruffine 
Prats-de-Mollo, Ste Cécile

La visite de l'église Saint-Juste-et-Sainte-Ruffine s'impose mais au fait sa véritable appellation devrait être Sainte-Juste-et-Sainte-Ruf(fi)ne car ces deux soeurs, Saintes, Vierges et Martyres, périrent à Séville vers l'an 287 après avoir été torturées pour avoir refusé de s'adonner au culte d'Adonis (amant d'Aphrodite dans la mythologie grecque), la première dans sa prison et la seconde décapitée.

De la première église de 982, il ne subsiste que la cuve monolithique (à gauche de l’entrée). Le clocher crénelé ainsi que le portail roman datent de l’église de 1245.
La nef néo-gothique date du XVIIe s. (1649-1681).

Au fond d'un petit porche, la porte à double ventail du portail est traitée dans le style catalan du XIIIe s. avec ferrures enroulées en spires selon le procédé des forges catalanes. A remarquer aussi sur la droite, avant de passer la porte, un étrange ex-voto de deux mètres de long. Il ne s'agit pas d'une défense d'éléphant comme cela peut s'entendre mais d'une côte de baleine!

A l'intérieur de la nef à cinq travées, bordée de trois chapelles au sud et de quatre au nord, on est étonné de l'aspect quelque peu terne pour ne pas dire poussiéreux des dix retables de l'église. Pourtant depuis 2008-2009, le Conservatoire Départemental du Patrimoine a engagé des actions sur cet édifice.
Face à la porte, la première chapelle annexe dite de la Piétat date de 1427 et sert de lieu d'exposition.
Le retable du maître-autel en bois doré à la feuille d’or, sculpté par Louis Generes, est l’un des plus beaux de la région et il représente le martyre des Saintes Juste et Ruffine (leur buste se trouve de part et d'autre du tabernacle), saintes patronnes de la ville fêtées le 17 juillet. Le même artiste a également réalisé le retable du Rosaire.
On peut apprécier le travail du doreur Josep Gasch (originaire de Ripoll, de l'autre côté de la frontière) des retables de Saint Michel et du Saint-Sacrement.
Autres retables: Ste Catherine, St Joseph et St Eloi...
On peut aussi voir des toiles des XVIe-XVIIe s. représentant notamment de St Antoine de Padoue et les Saintes Juste et Ruf(fi)ne (tableau de l'école du célèbre peintre espagnol Murillo).
Malheureusement trois des quatre statues qui ornaient le retable de St Pierre et St Paul ont été dérobées au cours de l'année 2007. St Pierre qui a échappé au voleur est maintenant visible en vitrine dans la chapelle de la Piétat qui sert de salle d'exposition et les niches du retable sont donc désormais vides.
Dans le cadre de cette exposition-musée, on peut également voir le tableau restauré de Ste Cécile, de l'orfèvrerie et des vêtements liturgiques (XVIIIe-XIXe-XXe s.) et différentes statues anciennes. On y expose aussi une "Roda de Fusta" (roue en bois) de 1,57m de diamètre munie de maillets qui était placée dans le clocher pour remplacer le son des cloches lors de la Semaine Sainte afin d'appeler les fidèles à la prière et aux offices. C'est une variante des "roues à clochettes" (comme celle de Coustouges que nous avons vue prédemment). Sur les 77 roues existant en France, 30 sont localisées dans le seul département des Pyrénées-Orientales (il y en a aussi en Bretagne).

Prats-de-Mollo, portail de l'église Prats-de-Mollo, portail de l'église Prats-de-Mollo,  l'église Prats-de-Mollo, ''roda de fusta'' Prats-de-Mollo, St Pierre 

 

Haut de pageFort Lagarde

Prats-de-Mollo, Fort Lagarde

Fort Lagarde est une citadelle du XVIIe siècle dominant la ville, parfait exemple d'adaptation du concept de fortification bastionnée, de manière à résister à une artillerie ennemie, notamment pour faire face à un ennemi arrivant en face, par le col d'Ares.

Désarmé après la Seconde Guerre mondiale, il a été acquis par la commune en 1976. La collectivité le restaure et l'ouvre aux visites d'avril à octobre. Du 16 juillet au 22 août 2012, on y présente un spectacle d'une et demi intitulé "Une forteresse, des cavaliers" (séances à 15h et 17h). Une navette permet aussi d'accéder au fort.


Ce fort a été construit d'abord pour protéger la nouvelle frontière du traité des Pyrénées et surveiller l'entrée du Haut-Vallespir. Il permettait aussi d'éviter que se renouvelle une révolte de la population mécontente des taxe qui la frappent (sur le sel) et plus généralement du rattachement des comtés du nord de la Catalogne à la France, sans oublier la répression culturelle, notamment sur l'usage de la langue catalane instaurée par la France.

La majeure partie de la construction fut réalisée à partir de 1677 sur des directives de Sébastien Le Prestre de Vauban, commissaire général des fortifications de Louis XIV qui fortifia de nombreux édifices dans la région (Fort Bellegarde, château de Collioure, Mont-Louis...). La conception de base découle des plans de l'ingénieur Christian Rousselot de Monceaux (responsable des places fortes du Roussillon) repris par Vauban (venu à Prats-de-Molló en 1679). Au coeur du monument, une tour à signaux médiévale est encerclée par le donjon construit en 1686.
En 1691, Rousselot élabora un plan d'agrandissement que défendit Vauban mais il fut laborieusement et partiellement mis en oeuvre par manque de moyens jusqu'au milieu du siècle suivant.
La fortification étant incomplète, la capacité du monument est moitié moindre que celle prévue initialement par Vauban. Sur le front Sud, deux lignes de défense se succèdent en avant du donjon.
Heureusement le fort Lagarde n'eut pas à soutenir un siège avant la guerre de 1793 qui opposa les Français et les Espagnols. Le général Ricardos lança son offensive initiale par le col d'Ares, et c'est tout naturellement que le fort Lagarde s'est retrouvé en première ligne. Il fut pris rapidement et resta aux mains de l'ennemi jusqu'en 1794

Partant du fort, un souterrain de 142 marches datant du XVIIIe (ou XVIIe?) siècle aboutit plus bas, au sud, à une redoute à mâchicoulis. Ce poste de défense avancé est également appelé "Tour Carrée".
Près de là, part un "chemin couvert" (ou "tunnel blanc") construit au XIXe siècle, qui débouche à quelques dizaines de mètres des remparts de la ville. Il a remplacé l'ancien système de protection par palissade. Cette voie permettait aux soldats, en poste dans la ville, de rejoindre à couvert le fort en cas d'attaque. Il est tout à fait praticable car maintenant doté d'un éclairage électrique qui complète l'éclairage parcimonieux fourni par les fenêtres-meurtrières.

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Tout à fait en dehors de la cité, notamment par les sentiers de randonnée, on peut aller au lieu-dit El Mir de Dalt (1450 m. d'altitude) pour voir la tour de Mir, tour de guet ou tour à signaux, construite au XIIIe siècle par Jacques Ier d'Aragon, le roi de Majorque, pour surveiller la frontière de France.
De plan circulaire elle comporte trois niveaux couverts de voûtes en coupole. Elle a été restaurée par le Conseil Général en 2009, à l'initiative d'une association de sauvegarde du patrimoine (Velles Pedres I Arrels, Vieilles Pierres et Racines) et avec l'aide de la fondation du Crédit Agricole. D'accès libre, sa terrasse offre un superbe panorama sur la vallée.

Sur le versant opposé, on peut aussi se rendre à l'Oratoire du Miracle, à 1250 m. d'altitude. Selon la légende, aux Saintes Juste et Ruffine, patronnes de la ville firent jaillir une source au milieu des roches afin de désaltérer les moissonneurs assoiffés. En contrebas on trouve en effet une sorte de vasque naturelle alimentée par cinq orifices qu'auraient percés les deux saintes.



Haut de pageQuelques randonnées en VALLESPIR

Je me garderai de développer trop ce point car ce n'est pas le but de ce site de voyages.

Une première observation: nous constatons depuis quelques années une baisse de la fréquentation des sentiers de randonnées en montagne, quel que soit le massif. C'est sans doute le cas ici car lors de deux randonnées nous n'avons croisé personne d'autre. Dans un cas on a vu une douzaine de personnes sur un site attractif (la Tour du Mir) et certaines y étaient arrivées en 4x4!

Sinon, malgré nos départs matinaux (entre 8h et 9h) et malgré la réputation de cette région cataloguée comme l'une des plus ensoleillées de France et malgré la grande sécheresse sévissant dans "les Catalognes" (les Pyrénées-Orientales au régime sec avec un déficit pluviométrique de l'ordre de 70% suite à l'hiver le moins arrosé depuis 1959), la météo ne nous a pas gâtés. Belles matinées en général mais arrivés à notre objectif, un point haut généralement, vers 12 ou 13 heures, on ne pouvait pas profiter d'un vaste panorama en raison d'une atmosphère brumeuse et de nuages masquant les sommets (on a eu bien du mal à voir le Canigou pourtant à moins de 10 voire moins de 5 km à vol d'oiseau). Du Roc de France et du Mont Capele, noyés dans la brume de chaleur, on aperçoit vers le sud-est le lac de barrage Boadella et tout au fond la Costa Brava avec les "montagnes" de la péninsule de Cadaquès et la baie de Rosas.
Bref, nous aurions bien voulu un petit coup de tramontane (vent froid soufflant ici du nord-ouest), juste pour nettoyer le ciel...
Parfois on a ressenti la crainte du feu dans un environnement très sec que la moindre étincelle suffirait à enflammer. Cela a été particulièrement le cas lors de notre première randonnée au-dessus de Prats-de-Mollo, au milieu des landes desséchées du Miracle, exposées plein sud.

Mauvaise pioche à tous points de vue pour notre 6e sortie avec pour objectif (passage de la route vers l'Espagne). Orage la nuit précédente, un peu de pluie en matinée. Départ en début d'après-midi d'un lacet de la route (1200m) sous un ciel bas et souvent complètement enveloppés par les nuages. Des sentiers mal entretenus (nettoyage, balisage). Déception au Mont Falgas (le point haut à 1618 m.). Rien à voir car nous arrivons au milieu d'une petite clairière cernée par des sapins qui masquent totalement le paysage environnant...

En revanche, belle et bonne randonnée au Pic Gallinasse (un millier de mètres de dénivelé montant brut) malgré un ennuagement du midi. Une randonnée hors sentiers balisés, sans aucune rencontre. Cette fois il s'agit d'une rando en altitude, puisqu'il s'agit d'accéder à un sommet (2461 m.) formant un épaulement du Puig del Roc Negre, contrefort méridional du Canigou, en passant le Puig de Pel de Ca et le Cincreus.
Accès au niveau des anciennes mines de fer de Batère. Depuis le Col de la Cirère on a une superbe vue en direction du nord sur les vallée de Conflent (Têt) et les Fenouillèdes (Agly) et bien au-delà avec l'impressionnant éperon du Pech de Bugarach (dans l'Aude, à 40 km!), point culminant des Corbières (1230 m.).
C'est là que les mystiques, millénaristes et autres adeptes des mythes New Age doivent se rassembler le 21 décembre 2012 afin d'échapper à la fin du monde (qui surviendrait ce jour là selon des interprétations numérologiques du calendrier maya) à bord d'un vaisseau extraterrestre qui serait dissimulé dans l'une des grottes qui recèleraient aussi moultes autres trésors (celui des Templiers!)...
Vue également en direction de l'ouest sur la côte du Roussillon, ses étangs littoraux et la Méditerranée (à 50 km). Evidemment le Vallespir s'offre à la vue ainsi que les crêtes du massif des Albères qui forment la frontière. Et par dessus les sommets des Albères (1100-1400 m.), la vue porte jusqu'à la Costa Brava (Baie de Rosas, à plus de 60 km!).

Une marmotte entendue au loin, pas d'isard en vue mais quelques vautours volant au-dessus de la crête.

Donc aucun regret de ne pas s'être joint à la foule qui gravit le Canigou à partir du parking du refuge des Cortalets (randonnée qui s'effectue en 3h30, aller-retour), accessible depuis la vallée de Conflent donc à 3 heures de voiture de notre base de Prats-de-Mollo. "On n'est pas Catalan tant qu'on n'a pas gravi le Canigou" dit un proverbe d'ici. Nous ne serons donc pas Catalans cette fois-ci!

 Pic de Gallinasse

A propos de faune et de flore, juste quelques mots car je ne suis pas spécialiste. Du côté d'Amélie-Montalba, surprise d'entendre des cigales vers 600 m. d'altitude mais il est vrai que l'on est à ce niveau dans un environnement de chênes-verts. Et les vautours dont il vient d'être question... Donc plutôt maigre du côté de la faune!
Sinon, en fonction de l'exposition (nous étions souvent sur des versants au nord) et du terrain, on a rencontré une grande diversité d'arbres et arbustes. Outre les chênes-verts évoqués: des chênes à feuilles caduques, des cerisiers sauvages, des bouleaux, des frênes, des hêtres (laissant d'énormes tapis de feuilles sèches sur le sol), des châtaigniers, des acacias, des pins, des sapins et épicéas... En sous-bois: des buis (sols calcaires), des noisetiers, des saules (sols humides)... Dans les zones plus découvertes, la végétation basse varie entre le type lande (fougères, genêts et bruyères) et maquis (genévriers à port érigé, églantiers, bruyère arborescente)... En zone plus montagnarde, on trouve différentes sortes d'oeillets de montagne, de petites bruyères, du genévrier rampant, des framboisiers, de rares myrtilliers et même des rhododendrons (en redescendant du Col de Siern). Bonne surprise également lors de cette sortie de découvrir sur la ligne de crête entre les cols Prégon et Siern des praires émaillées de milliers de splendides chardons bleus...


7 RANDONNEES DANS LE VALLESPIR

 DatePoint de départItinéraireSensType sentier MétéoDénivelés posisifs
(non cumulé)
Altitude maxi.Durée totale
(avec pauses)
Nombre
de pas
Equivalent en plaineIntérêt
1Mer 01/08PratsLe Miracle
Puig des Loses
Balisé700 m14006h1600011 km 
2Jeu 02/08Amélie
Montalba
Roc de FranceBalisé900 m14007h2000014 km
3Ven 03/08PratsC. des Basses de F.
Tour du Mir
Balisé900 m16007h2300016 km
4Sam 04/08La Preste
La Forge
Col Prégon
Col de Siern
Balisé600 m16005h1850013 km
5Dim 05/08St Laurent-de-C.Mont Capele Balisé600 m12004h
1750012 km 
 
6Lun 06/08PratsN-D du Coral
Mt Falgas - C.d'Ares
Mal balisé500 m16003h1500010 km
7Mar 07/08Corsavy
Batère
Pic GallinasseNon balisé1000 m24607h1450010 km

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