Palau de la Musica Catalana Sagrada Familia La Rambla et le Barri Gotic Parc Güell Montjuic et Place d'Espagne Quartier Eixample: le Quadrat d'Or

BARCELONE, une ville capitale...
1 - Barri Gotic (vieille ville)4 - Basilique de la Sagrada Familia
2 - Las Ramblas (et Plaça Reial)5 - Eixample, l'extension moderniste
3 - Montjuïc 6 - Parc Güell


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Antoni GAUDÍ,
architecte de génie...

Antoni Gaudí i Cornet (1852-1926) est l'architecte d'origine catalane emblématique de l'Art Nouveau catalan au moment de son paroxysme, au tournant du XIXe et du XXe siècle. L'Exposition Universelle de 1888 organisée dans la capitale catalane en fut un catalyseur.
Au travers de son art, Gaudí milite aussi en faveur du courant nationaliste catalan.

Sur un plan spirituel, Gaudí est un personnage dont le côté mystique va aller en s'accentuant. Cela introduit une touche conservatrice à la modernité profane de son oeuvre.

Sa capacité de travail, son sens artistique affûté, sa puissance imaginative et son intuition de l'oeuvre, dans sa globalité autant que dans ses détails, en ont fait un créateur hors du commun. Une sorte de Léonard de Vinci de l'architecture moderne.
Loin de l'orthodoxie, il a su emprunter aux techniques et aux maîtres anciens, tout en intégrant les techniques et matériaux nouveaux et aussi en innovant.
C'est un maître de la synthèse en matière de techniques, styles, métiers (ferronnerie, menuiserie, charpente, céramique...) et matériaux.
Cela se traduit en bouffées néo-gothiques aussi bien qu'en formes ondulantes et dissymétriques à base de cônes, hélices et spirales, paraboles et hyperboles... Avec tout cela, il produit des oeuvres que l'on qualifie d'organiques, imprégnées de naturalisme, et riches de symboles. Comme le dit le maître «La vertadera originalitat consisteix en tornar als origins» ("La véritable originalité consiste à revenir aux origines").

La première commande importante qu'il reçut fut la Casa Vicens (1883-1888).

À l'Exposition universelle de Paris de 1878, Gaudí exposa une vitrine dont la conception moderniste plu à l'industriel catalan Eusebi Güell au point qu'il lui passa commande de divers projets. Point de départ d'une amitié entre l'architecte et le mécène: les Caves Güell à Garaff, les Pavillons Guëll (1884-1887), le Palais Güell (1895-1900) et le Parc Güell (1900-1914) à Barcelone et la Crypte de la Colonia Güell (1898-1917) à Santa Coloma de Cervelló.

En 1883, il accepta de reprendre (et de repenser) le projet du Temple expiatoire de la Sainte Famille, la fameuse Sagrada Familia. Il n'en verra qu'une réalisation partielle: Crypte (1890-1893), façade de la Nativité (1905-1926).

Entre 1904 et 1910, il construisit la Casa Batlló (1904-1906) et la Casa Milà (1906-1910), deux de ses œuvres les plus emblématiques.

Le génie de Gaudí a été reconnu au travers du classement de sept de ses œuvres au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO.
D'abord en 1984 avec trois oeuvres: le Palais Güell, le parc Güell et la Casa Milà.
Classement étendu à quatre autres oeuvres en 2005: la Casa Vicens, la Casa Batlló, la façade de la Nativité et la crypte de la Sagrada Família et la Crypte de la Colonia Güell.


Gaudí a certainement contribué à la renommée des architectes catalans.


De l'Escola Provincial d'Arquitectura de Barcelona fondée en 1875 et devenue depuis l'Escola Tècnica Superior d'Arquitectura de Barcelona au sein de l'Université polytechnique de Catalogne sont issus des architectes célèbres tel Ricardo Bofill qui a signé de nombreuses oeuvres en France: quartier Antigone à Montpellier en 1978, Espaces d'Abraxas à Marne-la-Vallée en 1982, place de Catalogne à Paris (Montparnasse) en 1985...
Citons encore Manuel Núñez Yanowsky auquel la ville de Noisy-le-Grand doit les deux immeubles en forme de Camembert du quartier des Arènes de Picasso.

 

Autres VOYAGES...
Retourau programme CATALOGNE et Barcelone


Etape précédente : Catalogne ibérique

SITES D'INTERET, VUS (extérieur) OU VISITES

Barri Gotic
le quartier

l'église Sta Maria

la cathédrale Sta Eulalia
Rambla(s)


l'avenue (Boqueria, Mercat...)

Plaça Reial (Place Royale)

Palau Güell

Plaça de la Pau (Place de la Paix)

Montjuic


l'ancien secteur du Marché aux Fleurs

Palau Nacional (Musée National d'Art de Catalogne - MNAC)

Plaça d'Espanya (Place d'Espagne) et Poble Espanyol

Sagrada Familia


présentation
façade de la Passion (ouest)

Intérieur

façade de la Nativité (est)

crypte - musée
Plaça de Catalunya,
quartier Eixample (Quadrat d'Or)



Plaça de Catalunya (Place de Catalogne)
Palau de la Musica Catalana

Illa de la Discordia (sud du Passeig de Gracia), Casa Batllo
nord du Passeig de Gracia-Avinguda Diagonal, Casa Mila
Parc Güell


l'entrée (maisons de gardiens, double escalier et fontaine)
la place et le banc

 

Pendant une journée et demie, depuis notre base banlieusarde de Sant Cugat des Vallès, nous allons partir à la découverte de Barcelone, le clou de notre escapade estivale en Catalogne.

Comme d'habitude j'ai prévu un programme bien chargé.

Première demi-journée:
- vieille ville ("Gotic") et cathédrale,
- Rambla et Plaça Reial et Palau Güell,
- colline de Montjuic (partie Expo universelle)
- Sagrada Familia

Seconde journée:
- Plaça de Catalunya, Palau de la Musica Catalana et Quadrat d'or (maisons et palais modernistes du quartier de l'Eixample) pour la matinée
- Parc Güell pour l'après-midi.

Petit aspect pratique, nous allons utiliser 4 fois les transports banlieue-métropole (donc en zone tarifaire 2) et 4 fois les transports urbains (zone 1). L'utilisation de tickets à accès multiple est avantageuse puisque par utilisation le prix est 2 à 3 fois moindre qu'au tarif du ticket à usage unique.
Comme nous sommes 3 personnes, il nous faudra donc
- pour la zone 2: un ticket T10z2 (10 unités) à 18,75€, validité de 1h30 + 2 tickets simples au prix unitaire de 2,70€
- pour la zone 1: un ticket T10z1 (10 unités) à 9,45€, validité de 1h15 + 2 tickets simples au prix unitaire de 2,00€.

 

Haut de pageBarri Gotic et la cathédrale Santa Eulalia


Le Bari Gotic connu sous le quartier gothique, est l'un des quatre secteurs qui composent le quartier de la vieille ville de la ville de Barcelone et son centre historique correspondant à l'antique Barcino de l'époque romaine fondée à la fin du Ier s. avant l'ère chrétienne. Une occupation antérieure par les Grecs et les Carthaginois est plausible. La ville romaine fut fortifiée au IIe s. et plus de 70 tours furent ajoutées au IVe s. pour protéger les quelques 10 000 citoyens qu'elle hébergeait. Certaines de ces tours subsistent aux abords de la cathédrale.
Cela ne l'empêcha pas de tomber aux mains des Wisigoths au VIe s. puis, au VIIIe s., dans celles des Sarrasins d'Al-Hurr ath-Thaqafa qui rebaptisa la ville Madinat Barshaluna. En 801, les Carolingiens conquirent la ville qui devint la capitale du comté de Barcelone au sein de la Marche d'Espagne.

Attaqué par les Sarrasins de Mohammed ibn-Abi Amir dit el-Mansour, en 985, le comte de Barcelone ne recevant pas l'aide auquel était tenu en vertu du droit féodal son suzerain Hugues Capet dénonça ses liens de vassalité et prit son indépendance de fait.
De nombreux Mozarabes (populations d'origines ibérique ayant vécu sur le territoire du califat de Cordoue) et Juifs fuyant les persécutions dans le califat vont trouver refuge en Catalogne, y apportant leurs connaissances (transmises par les Arabes comme l'irrigation), leur culture et parfois leur argent et faisant de Barcelone l'une des principales puissances méditerranéennes du XIIIe au XVe siècle.


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Il est très agréable de s'enfoncer dans le dédale des rues moyenageuses du centre ancien de Barcelone.


Entre la Rambla et leBarri del Call (le quartier juif), l'église gothique Santa Maria se dresse Plaça del Pi. Elle fut construite au XIVe s. à l'emplacement d'une église romane qui existait là au Xe s. Deux tours octogonales se dressent sur les côtés de l'édifice (celle du sud est imposante du haut de ses 54 m.).
Elle a été endommagée (notamment la rosace) lors du tremblement de terre survenue en Catalogne en 1428, ce qui provoqua plusieurs décès. La façade a été endommagée par un incendie survenu en 1936 et refaite entre 1939 et 1943.

 

Après avoir longé les vestiges des fortifications et tours (romaines), nous arrivons sur la Plaça Nova où se dresse la cathédrale.
A sa gauche, une sorte de petit château abrite le Musée Diocésain.

 

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A l'emplacement de l'actuelle cathédrale gothique Sainte Eulalie avaient préexistés un temple romain, une église wisigothe (détruite par Al-Mansour en 986) et une cathédrale romane (consacrée en 1058)... Sa construction s'est échelonnée entre 1298 et 1450.
Mais sa façade néo-gothique a attendu plus de quatre siècles (!) puisqu'elle n'a été achevée qu'en 1889; à l'occasion de Exposition Universelle de 1888. Elle a été rénovée en 2005. Au centre, la tour-lanterne est surmontée d'une haute flèche, flanquée de deux aiguilles annexes.

Elle est dédiée à la Santa Creu (Sainte-Croix) et à Santa Eulalia, une jeune vierge barcelonaise martyrisée à l'âge de 13 ans, en 304 sous l'Empire romain. C'est l'une des deux Saintes Patronnes de la ville, l'autre étant la Mare de Déu de La Mercè (Mercedes, "la Mère de Dieu de la Miséricorde").

En 1519, le futur empereur Charles-Quint y fut investi comme comte de Barcelone. C'est en son honneur que le peintre Juan de Borgonya décora les 51 panneaux des dossiers des stalles des chanoines dans le chœur (datant du XIVe) avec les armoiries des Chevaliers de l'Ordre de la Toison d'Or.

Après avoir franchi le portail (droit d'entrée de 6€), on se trouve sous la tour-lanterne (XVe-XXe s.) octogonale de style gothique, au plafond à caissons en bois.

L'édifice possède trois nefs et est bordé par 17 chapelles sur les latéraux (Baptistère compris), chapelles aux retables richement décorés avec des styles variés en fonction des époques: St Barthélemy et Ste Isabelle (XVe), St Jean-Baptiste (XVIe), chapelle du Baptistère (XVe)...
Auxquelles il faut ajouter les 10 chapelles disposées autour de l'abside.

La crypte, située sous le chœur, abrite un sarcophage en albâtre (1339) où sont vénérés les restes de Sainte Eulalie date du début du XIVe siècle.

Moyennant 2€, le petit ascenseur (file d'attente!) situé dans la chapelle des Saints Innocents permet de monter sur le toit de la cathédrale. Depuis les passerelles métalliques dominées par les imposantes silhouettes des deux tours-clochers, de la tour-lanterne et des aiguilles gothiques de la cathédrale, on a une superbe vue panoramique sur la ville.

Jouxtant la cathédrale, le cloître gothique (XIVe-XVe s.) actuel occupe le même emplacement que le petit cloître roman. On y accède par le portail de la Pietat i de Santa Eulàlia, en marbre blanc. Trois des galeries sont bordées par une vingtaine de chapelles (sainte Rita, saints Pancrace, Antoine...) attribuées à des corporations ou à certaines familles patriciennes (chapelles funéraires). Dans le jardin, 13 oies blanches rappellent le martyre de la jeune Eulalie, à l'âge de 13 ans.
Du cloître on peut accéder à la Salle du Chapitre utilisée comme musée (photos interdites, même sans flash): peintures, retables, ustensiles liturgiques en or et en argent...

 



Haut de pageLas Ramblas, de la Plaça de Catalunya à la Plaça del Portal de la Pau
en passant par la Plaça Reial et le Palau Güell.


La Rambla fut construite sur le lit comblé (d'où son nom où l'on reconnaît le mot "remblais") de l'ancien ruisseau d'En Malla (Riera d'En Malla) qui longeait les murailles, lesquelles furent remplacées à leur tour par des maisons aux XVIIIe-XIXe s.

On évoque souvent "les" Ramblas parce que cette longue promenade de 1700 m de long insérée au milieu de deux boulevards (largeur de 35m pour l'ensemble) est formée de cinq sections (du nord-ouest au sud-est: Rambla de Canaletes, Rambla dels Estudis, Rambla de Sant Josep, Rambla dels Caputxins, Rambla de Santa Mònica). On va ainsi par cet axe commerçant bordé de boutiques à la mode, de la place de Catalogne jusqu'au vieux port, au niveau de la place de la Porte de la Paix (Portal del Pau).

On passe près de la Fontaine de Canaletes (Font de les Canaletes, ce qui signifie "fontaine des petits canaux"), l'une des fontaines typiques de la ville. La fontaine actuelle bâtie au XIXe s. a remplacé la source. On dit que "qui a bu de son eau y reviendra". A bon entendeur...

Des édifices plus cossus les uns que les autres se succèdent: l'hôtel Montecarlo, la Reial Acadèmia de Ciències i Arts ("Académie Royale des Sciences et des Arts" fondée en 1764), le Palau Moja qui est une maison de maître de style néoclassique (1774), le Palau de la Virreina ou Palais de la Marquise, un bel exemple d'architecture baroque et rococo (1772-78) construit par le marquis de Castellbell, vice-roi du Pérou.
Puis nous arrivons au niveau de la Plaça de la Boqueria (le nom est apparenté à "bouc" car jadis on vendait ici la viande de cet animal). Sur le sol, on peut voir une mosaïque circulaire à grands éléments réalisée en 1976 par Joan Miró (Joan Miró i Ferrà, 1893-1983), artiste catalan, peintre, sculpteur, graveur et céramiste, inventeur des tableaux-poèmes. Son art subit des influences fauvistes, surréalistes, cubistes et expressionnistes, avant d'évoluer vers une peinture plane, avec un certain côté naïf souvent inspiré par les peintures médiévales.
Mais ce qui retient surtout l'attention ce sont les halles du Mercat de Sant Josep, un marché couvert de 2600m² comportant quelque 300 stands. Il a été construit en 1836, en remplacement d'un ancien couvent de l'Ordre du Carmel établi ici en 1586.

En face, de l'autre côté de la Rambla, on est intrigué par l'éclectique Casa Bruno Quadros ou Cuadros (construite en 1858 et transformée par Josep Vilaseca i Casanovas en1883), également connue sous le nom de Casa dels Paraigües ("Maison des Parapluies") car s'y trouvait une boutique où l'on vendait des parapluies, parasols, ventilateurs, tables et mobiliers ornés de scènes japonaises.
A l'angle du bâtiment, on voit un grand dragon tenant une lanterne au-dessus d'une enseigne en forme de parapluie tandis que l'on voit des parapluies en céramique incrustés dur la façade. Désormais les parapluies ont été remplacés par une boutique de luxe Lladró vendant des figurines en porcelaine fine très appréciée des Japonais notamment.

Bientôt sur la droite nous longeons le Gran Teatre del Liceu ("Grand Théâtre du Lycée"), porte-drapeau de la culture catalane et fief traditionnel de la bourgeoisie barcelonaise. Ce théâtre construit en 1847 est destiné aux représentations d'opéras et à promouvoir l'enseignement musical (d'où le nom de Lycée).
Un peu plus loin, sur la Rambla dels Caputxins, c'est au tour du
façade courbe du Teatre Principal (ancien Théâtre de la Sainte Croix qui datait du XVIes, reconstruit au XVIIIe s.) dont la longue façade épouse l'arrondi de la voie. Il a pris ce nouveau nom en 1840 et il a été doté en 1847 de la façade néo-classique que l'on peut voir. La proximité de ces deux théâtres a été fatale au second qui a fermé définitivement en 2006 (après des tentatives de réouverture en 1979 et 1998).


Avant de quitter la Rambla, je vous propose deux détours.



Haut de pagePlace Royale

Un premier sur la "rive orientale" de la Rambla, par la Place Royale (Plaça Reial), nommée ainsi en l'honneur de Ferdinand VII. Elle a remplacé en 1848 l'ancien couvent des Capucins détruit par un incendie en 1835. Au centre, elle est ornée de réverbères de Gaudí qui encadrent la fontaine en fer Les Tres Gràcies ("Les Trois Grâces") édifiée en 1876.
Cette place qui a été rénovée en 1982 est la place la plus vivante de la ville. Elle a certes un peu perdu de son caractère bourgeois des origines pour devenir plus populaire. C'est un endroit où l'on vient s'asseoir pour bavarder à l'ombre des palmiers près de la fontaine ou pour prendre un verre en plein air sur la terrasse ou sous les arcades.

Les galeries accueillent de nombreux bars et restaurants dont le célèbre Restaurante Les Quinze Nits (étrange orthographe!), que l'on repère facilement par la queue qui se forme devant l'établissement. C'est une adresse incontournable ainsi qu'une valeur sure. Il faut donc être patient pour se restaurer ici, surtout pour avoir des places en terrasse (115 couverts)! Les plus pressés trouverons plus facilement une place en intérieur sur 2 étages (185 couverts).
Sa carte que nous avons testées est riche mais néanmoins abordable (5 à 12€):
soupes, tapas, entrées, pâtes et riz, viandes, poissons entre 4 et 11€. Des exemples: plats de salmo planxa laminas (saumon), bacalla compota poma (morue) ou dorada planxa (daurade) pour des prix allant de 9 à 10€.
Bref "un resto gastronomique à prix d'amis". C'est la cantine de l'acteur John Malkovitch lorsqu'il est de passage ici...

BARCELONE, Plaça Reial BARCELONE, Plaça Reial BARCELONE, Plaça Reial et "Les quinze nits"

 

Haut de pagePalau Güell

Second détour, sur la" rive occidentale" cette fois, en s'engageant sur moins de 100 m dans la Carrer Nou de la Rambla où se dresse le fameux Palau Güell. Ce palais néogothique édifié entre 1895 et 1900 est la première oeuvre majeure d'Antoni Gaudí réalisée pour un riche client, Eusebi Güell, qui lui permit de travailler "à budget ouvert", ce dont Gaudí ne se priva pas!
Extérieurement on y voit profusion de marbre, de ferronneries savantes que l'on pourrait qualifier de gothiques (au sens actuel que lui donne la jeunesse). Du fait de l'étroitesse de la rue, la façade n'est pas vraiment mise en valeur sauf les deux portes en arc parabolique et il faut être candidat au torticolis pour essayer d'entrevoir les flèches colorées en forme de cornets de glace qui surmontent la façade.
Quant à l'intérieur (non visité, tarif 10€), il est intégralement l'oeuvre de Gaudí, y compris le mobilier.
L'édifice figure sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1984 (avec les autres oeuvres de Gaudí que sont le Parc Güell, la Casa Mila ), révisée en 2005 (avec ajout de la Casa Batlló, la Casa Vicens, la crypte et la façade de la nativité de la Sagrada Família, la Crypte de la Colonia Güell).


Haut de pagePlace de la Paix

Revenus sur la Rambla, nous voici arrivés sur la Place de la Paix (Plaça de la Pau) qui précède les bassins du vieux port (Port Vell). Au centre de la place a été élevé le Monument a Colom, une colonne métallique creuse (un ascenseur y est installé) de 60 m. de haut qui porte à son sommet la statue en bronze du navigateur Christophe Colomb (7m.). Elle commémore son passage ici en 1493, au retour de sa première expédition (dans les Caraïbes). Elle fut érigée à l'occasion de l'Exposition Universelle de Barcelone en 1888.
Curieusement, il pointe l'index de la main droite vers la mer, donc vers l'est... Donc à l'opposé de l'Amérique, à moins que ce soit vers l'Inde, qu'il pensait atteindre en venant de la direction opposée, ou vers Gênes, sa patrie d'origine...

En bordure de la place, on peut voir également les anciennes Douanes (Aduanas), un immeuble néo-classique construit par Enric Sagnier en 1902. De l'autre côté (Passeig de Colom), le bâtiment de l'Autorité du Port (Junta de Obras del Puerto) date de 1907.

Sur la droite de la place (en regardant vers la mer) et inséré avant la place suivante (Plaça de la Carbonera), tout un îlot est occupé par le Musée Maritime (Museu Maritim) actuellement en travaux, sur le site des anciens arsenaux (Reial Drassanes). On peut encore voir des tours de défense du XIIIe s.
Un peu plus loin, de l'autre côté de l'Avinguda Parallel, témoignant de l’architecture industrielle de la fin du XIXe siècle et débuts du XXe siècle, se dressent trois anciennes cheminées en brique d’une centrale électrique transformée en ensemble immobilier (bureaux et résidentiel).


Haut de pageLa colline de Monjuic

Haute de 184 mètres (ou 213m?), le nom de la colline de Montjuïc qui domine la ville pourrait avoir deux origines, soit du catalan ancien signifiant "colline des Juifs" (cimetière juif au Moyen Age), soit de la déformation du latin Mons Jovicus (Colline de Jupiter)...
A la fin du XVIIIe siècle, ce promontoire verdoyant a été choisi comme point le plus méridional pour effectuer leur mesure d’une portion de l’arc du méridien de Paris.

La colline de Montjuic est connue à plusieurs titres.
D'abord pour sa citadelle (Castell de Monjuic) édifiée au XVIIIe s. devenue au milieu du XXe s. musée militaire et actuellement en cours de transformation en centre international pour la paix. Nous n'y sommes pas allés (accès possible par téléphérique depuis le terminal du funiculaire pour 9,60€ AR).

La colline a également été rendue célèbre par les équipements sportifs créés pour les Jeux Olympiques de 1992, les premiers JO organisés en Espagne. Ils se situent un peu plus bas que la citadelle et, tout comme elle, dans le jardin botanique.
Le Parc olympique de Montjuic accueille les principaux sites des compétitions: le Stade olympique Lluis Companys (athlétisme et cérémonies), le Palau Sant Jordi (gymnastique, volley-ball et handball), la Piscine Bernat Picornell (natation et water-polo), l'Institut National d'Education Physique de Catalogne (lutte), le Palais de sports de Barcelone (gymnastique rythmique et volley-ball), le Palais de la métallurgie (escrime), la Piscine municipale de Montjuic (plongeon et water-polo) et le Pavillon de l'Espagne industrielle (haltérophilie).

Enfin, la colline est célèbre pour le cadre qu'elle a offert pour l'Exposition Universelle de 1929. C'est à cette partie que nous avons consacré une promenade.
Pour nous y rendre, après notre descente de la Rambla, nous avons gagné la station de métro Parallel qui assure la correspondance avec le funiculaire de Montjuic. Ce dernier a été inauguré en 1928 dans la perspective de l'exposition que se tenait l'année suivante. Modernisé depuis, notamment à l'occasion des JO de 1992, il est exploité par les TMB (Transportes Municipales de Barcelona rebaptisés Transports Metropolitans de Barcelona en 1986). Il est accessible avec un ticket de transport "zone 1" (commun avec les lignes de bus et de métro des TMB et avec les trains des FGC).

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Arrivés au-dessus du restaurant la Font del Gat (la Fontaine du Chat), nous coupons les jardins de Laribal par un escalier, pour rejoindre, un lacet plus bas, l'allée Passeig de Santa Madrona.
Nous abordons l’espace scénique municipal Marché aux Fleurs
fondé en 1983 sur le site du Palais de l’Agriculture construit entre 1927 et 1929 (architectes: Josep Maria Ribas i Casas et Manuel Maria Mayol i Ferrer) dans le cadre de l'Exposition Universelle.

Le Palais de l'Agriculture était l’un des plus grands pavillons de l’Exposition, avec une surface de 16 000 m². Il se composait de plusieurs bâtiments organisés autour d’une grande cour centrale, bâtiments de style "noucentiste" tardif (le noucentisme est un mouvement artistique catalan né dans les années 1900, en opposition au modernisme, dont le nom joue sur le mot nou qui a un double sens en faisant allusion au nombre "neuf" et au qualificatif "nouveau"), style marqué par des influences de la Renaissance italienne.
Partiellement démoli après la guerre civile afin de construire un immeuble d’habitation, ce complexe situé à l’est du Palacio Nacional a été occupé par le Marché aux Fleurs jusque dans les années 1970, avant d'être rénové dans les années 1980.


On arrive en face du Teatre Lliure ("Libre") qui ne fait plus qu'un depuis 1989 avec son voisin du Marché aux Fleurs (Teatre Mercat de les Flores), à l'angle de la Carrer de Lleida. Ce théâtre né en 1976 dans les locaux de la Coopérative La Lleialtat entant que théâtre à vocation publique s'est imposé comme étant l'un des plus prestigieux de Catalogne. Il s’est installé ici en 2001, dans une aile du Palais de l’Agriculture.

Face au théâtre se dresse le tout aussi remarquable édifice qui héberge le Musée d'Archéologie. Lui faisant suite et sans aucun rapport en tant que contenu, on trouve l'Institut de Cartographie (!) installé depuis 1982 dans un pavillon à l’architecture hétéroclite précédemment occupé par la Caisse d’épargne de Barcelone (Caja de Ahorros y Pensiones de Barcelona) réalisé par les mêmes architectes que le Palais de l'Agriculture à l’occasion de l’Exposition Universelle, mais il s'agit ici d'une construction d’initiative privée.

Parmi les multiples curiosités architecturales situées en contrebas du Palacio Nacional figurent également l’ancien Palais des Sports, bâti en 1955 à l’emplacement du Palais des Arts décoratifs et appliqués, puis rebaptisé Barcelona Teatre Musical en 2000, ainsi que le Palais de la Presse.

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Plus loin, nous nous retrouvons en contrebas de l'écrasante façade du Palau Nacional
(Palacio en espagnol castillan!) devenu Musée National d'Art de Catalogne, également construit pour l'Expositon Universelle de 1929 (dans son aspect industriel, l'exposition ibéro-américaine à caractère général se déroulait à Séville). L'ascension vers ce monument n'est pas trop pénible car des escaliers mécaniques ont été installés à l'occasion des Jeux Olympiques de 1992 car il ne faut pas oublier que le parc olympique se trouve juste derrière le Musée et on peut apercevoir au-dessus des arbres le sommet de la très plastique antenne de télécommunication qui y est érigée.
Le Palau Nacional se présente sous la forme d'un vaste édifice austère composé d’un imposant corps central rectangulaire surmonté d’une grande coupole ovale, d’un dôme et de quatre tours carrées, ainsi que de deux petites ailes latérales couronnées elles aussi de dômes. Il a été bâti dans l’alignement de la place d’Espagne et de l’avenue María-Cristina  abrite actuellement le Museu Nacional d'Art de Catalunya (Musée national d’art de Catalogne, abrégé en MNAC). Le fonds du MNAC, que nos n'avons pas visité, est constitué d’échantillons de tous les arts et prétend donner une perspective globale de l’art catalan, depuis l’art roman jusqu’au milieu du XXe siècle.
Le Palais National héberge également le Museu d’Art Contemporani de Barcelona (Musée d’Art Contemporain de Barcelone, abrégé en MACBA) qui se consacre exclusivement à recueillir les principales tendances et créations dans le domaine de l’art contemporain.


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De l'esplanade du palais, s'ouvre une magnifique perspective en direction de la Place d'Espagne, au nord-est. L'horizon est fermé par les collines du Puig Aguilar et autres... surmontées de diverses antennes.

Ce sont d'abord les bassins immédiatement en contrebas de l'esplanade, puis des escaliers qui descendent vers les quatre colonnes monumentales en pierre construites en 2011 à l’emplacement des colonnes d'origine, démolies en 1928, entre le palais Alfonso XIII et le palais de la reine Victoria-Eugenia.

Les colonnes monumentales (20 m. de haut et 2,50 m. de diamètre) imaginées par Josep Puig i Cadafalch et construites en 1919 ont connu une histoire mouvementée. Ces quatre colonnes en brique, à chapiteaux ioniques, symbolisant les barres du drapeau catalan devaient être surmontées de statues ailées commémorant des victoires militaires catalanes. Elles furent démolies en 1928, afin qu’elles ne puissent pas promouvoir le nationalisme catalan.

Immédiatement en dessous des quatre colonnes, on aperçoit la Fontaine Magique (Font Magica). Puis c'est la longue perspective de l'Avenue de la Reine Marie-Christine, bordée sur la gauche par le Palais de la Métallurgie et sur la droite par le Palais des Congrès. Suivent deux grandes colonnes, de style vénitien, construites en briques, qui délimitent la jonction entre l'avenue et la place, constituant une sorte de porte monumentale invitant à s'élever vers le site de l'Exposition Universelle.
En arrière de la Place d'Espagne, le bâtiment des anciennes arènes s'impose au regard.
Elles virent le jour en 1900, à l'initiative du banquier Josep Marsans i Rof. L'architecte August Font i Carreras les conçut dans un style hispano-musulman. L'enceinte du bâtiment est construite avec près de 3 millions de briques! La piste avait un diamètre de 52 m et ses gradins pouvaient accueillir près de 15 000 spectateurs. Une dernière corrida s'y est déroulée en 1977. Depuis 2001, elles font l'objet de travaux pour en faire un centre commercial et de loisirs...

Mais revenons au pied du Palais National afin de se chercher un autre itinéraire de descente vers la Place d'Espagne.
L'un de nos guides nous propose un itinéraire piétonnier vers l'ouest, permettant de rejoindre la Place d'Espagne en traversant le Village Espagnol (el Poble Espanyol), également construit dans le contexte de l'Exposition Universelle.
Grossière erreur du guide car aucun accès n'est possible en haut du "village" qu'il faut contourner par la Carrer de la Foixarda, pour la (bonne? et) simple raison que l'entrée est payante: 9,90€ pour des pastiches de villages de différentes parties d'Espagne. Nous nos bornerons à y jeter un coup d'oeil à la sauvette depuis les entrées.

Le Poble espanyol est un musée architectural à l’air libre construit entre 1928 et 1929 qui regroupe sur une surface de 49 000m² (ou 42 000?) les reconstitutions de 117 bâtiments caractéristiques des différentes régions espagnoles. Il fut Imaginé par Josep Puig i Cadafalch et réalisé par Francesc Folguera et Ramon Reventós. Il devait être démoli dès la fin de l’Exposition mais l'engouement populaire (pas le nôtre!) a été tel qu'il a été conservé jusqu’à aujourd’hui.

Nous rejoignons l'avenue de la Reine Marie-Christine en empruntant l'avenue Marquès de Commilas, ce qui nous fait passer devant le Caixaforum (en arrière du Palais de la Métallurgie), un centre culturel et éducatif installé dans les locaux réhabilités de l’ancienne fabrique textile Casaramona. Une station de métro bienvenue nous attend sur la place...



Haut de pageLa Sagrada Familia


On ne peut venir à Barcelone sans visiter son monument le plus emblématique, la Sagrada Familia, de son nom complet Temple Expiatori de la Sagrada Família ("Temple Expiatoire de la Sainte Famille"). Cette oeuvre moderniste inachevée mais néanmoins monumentale de l’architecte catalan Antoni Gaudí (né en 1852 et décédé suite à un accident de la circulation en 1926).

Un petit déplaisir: le manque de perspectives pour bien apprécier le gigantisme du monument... Cela n'est pas rappeler la situation de grandes cathédrales gothiques engluées dans l'anrachie d'un tissu urbain médiéval (par exemple, comme il est difficile de trouver des vues un peu ouvertes sur N-Dame de Strasbourg ou sur St Corentin de Quimper).

Il faut payer pour accéder à cette église, démarche inhabituelle certes mais néanmoins justifiée par le fait qu'il s'agit aussi d'un monument grandiose et qu'il convient de participer ainsi au financement de son achèvement qui est géré par une fondation. En effet, les donations et aumônes faites en expiation des faiblesses humaines ne suffisent à mener à son terme ce projet non subventionné... Le mécénat y contribue également un peu (notamment ce fut le cas du bien connu comte Eusebi Güell)
Tarif adulte: 8€, +4€ pour l'ascenseur permettent d'accéder aux tours et encore +4€ pour le prêt d'un audioguide.
Compte tenu du temps dont nous disposions, nous avons pris cette seule dernière option mais pas l'ascenseur.

Cette oeuvre est remarquable en tant que prouesse technique et au plan esthétique et plastique. En 1984, dans le cadre du classement des oeuvres remarquable de Gaudí au Patrimoine Mondial de l'UNESCO (également dénommé Patrimoine de l'Humanité), seules les parties réalisées du vivant de l'architecte ont été retenues, c'est-à-dire la crypte (où Gaudí est inhumé) et la façade de la Nativité (à l'est).

Maquette de la Sagrada Familia à Barcelone Maquette de la Sagrada Familia à Barcelone

Munis d'un excellent audio-guidage, nous voici partis pour une véritable expédition et pour un inventaire artistique débridé... L'avantage de l'audioguide, outre les informations qu'il donne et les détails qu'il signale, c'est qu'il vous isole du tohu-bohu environnant en vous plaçant dans une sorte de bulle où n'existent plus que le monument et ...vous même!

Tout saisi que je suis par la puissance, l'audace et la grâce qui se dégage de ce monument, je ne puis m'empêcher d'être dithyrambique.
M'en excuserez-vous?


Tout d'abord, quelques notions de mesures et de démesure...


Le plan de l'édifice est classiquement en croix latine avec une abside comportant un déambulatoire à chapelles rayonnantes, une nef à cinq vaisseaux (vaisseau central flanqué d’un double collatéral de part et d’autre, lesquels supportent des galeries) ouvrant sur un transept à trois nefs.
Mais l'orientation de cette église n'est pas du tout conventionnelle puisque le maître-autel est situé au nord-ouest alors que les autres églises en Europe sont généralement orientée selon un grand axe Est-Ouest, avec l'autel à l'Est, en direction de Jérusalem (notez que dans le mot "orientation" il y a Orient), et la porte principale à l'ouest.
Gaudí voulait exprimer une tout autre dimension symbolique forte (qui avait court dans des civilisations antiques). Il voulait que la vie soit présente à l'est, en direction du soleil levant, avec des images de plantes et d'animaux, l'évocation de la naissance et de l'enfance du Christ. A l'opposé, face au soleil couchant, il a situé la façade de la mort avec des images de la Passion. Entre les deux, le maître-autel exprime la présence divine apportée aux hommes. La façade principale, éclairée par le soleil de midi doit exprimer la gloire de Jésus ressuscité.
Mais en réalité, les axes de l'édifice ne correspondent pas à ces directions cardinales mais à des directions intermédiaires. Pourquoi?
Il pourrait y avoir une raison pratique dans la mesure ou le plan quadrillé du quartier répond à une orientation intermédiaire, nord-ouest à sud-est. Inscrire une église à axe strictement est-ouest (orientation classique) ou nord-sud (symbolique Gaudíenne) selon les diagonales d'un quadrilatère de 150 mètres de côté aurait conduit à la construction d'un édifice étriqué. Néanmoins, dans la présentation qui suit, on fait comme si l'orientation souhaitée par Gaudí avait été respectée...

Des chiffres et des dimensions...
La longueur intérieure de l'édifice est de 90 mètres depuis la façade de la Gloire jusqu’à l’abside, la moitié de cette longueur correspondant à la nef. Le transept fait 60 mètres entre les façades de la Passion et de la Nativité. La voûte de la nef centrale a une hauteur de 45 mètres tandis que la hauteur de la voûte au-dessus de l'abside est portée à 75 mètres.
Mais vu de l'extérieur, ce qui s'impose et s'imposera encore plus à l'avenir ce sont ses tours surmontées d'audacieuses flèches et pinacles. Terminé, l'édifice comportera dix-huit flèches. Chiffre considérable qui correspond évidemment à toute une symbolique. Chacune des trois façades est dotée de quatre tours correspondant à quatre apôtres, de sorte que l'on obtient bien la douzaine requise. Huit sont achevées: celles de la façade de la Nativité (est) avec deux tours centrales de 107 mètres et deux latérales de 98 (ou 100?) mètres et celles de la façade de la Passion (ouest) avec deux tours centrales de 112 mètres et deux latérales de 107 mètres. Les pointes des flèches sont ornées de mosaïques vénitiennes.
Au-dessus de la croisée de transepts viendront s'ajouter les six tours les plus imposantes, celles des quatre évangélistes hautes de 130 mètres, celle de la Vierge sur laquelle on trouve des chiffres divergents, 120 ou 140 mètres, et enfin, au milieu de tout cela, la tour du Christ surmontée d'une "croix de Gaudí" (tridimensionnelle) monumentale qui s'élèvera jusqu'à 170 mètres, de sorte que cette réalisation humaine ne dépasse pas la plus haute colline des environs, oeuvre divine... Treize ascenseurs permettront de monter dans les tours pour éviter les quelque 300 ou 400 marches des escaliers conduisant à la base des flèches.
Terminée, la Sagrada devrait pouvoir accueillir plus de 13 000 personnes.

Sagrada Familia à Barcelone Sagrada Familia à Barcelone Sagrada Familia à Barcelone

...et un peu d'histoire.

Après un projet avorté d'église néo-gothique complété par des écoles de l'architecte Francesc de Paula Villar i Lozano conçu en 1881, à 31 ans Gaudí prit la relève en 1884 avec un projet très différent et infiniment plus ambitieux de style naturaliste-moderniste. Après 1910, il y consacra l'essentiel de son activité, tellement absorbé et inspiré qu'il lui arrivait de dormir sur le chantier.
Compte tenu de l'ampleur de son projet et de la modestie des moyens financiers dont il disposait pour le réaliser, Gaudí se doutait bien qu'il ne le verrait se concrétiser que partiellement. Pour que par la suite le projet ne soit pas amputé et dénaturé (cela a souvent été le cas pour la construction d'édifices monumentaux, civils ou religieux), il ne suffisait pas de laisser des plans et des esquisses et maquettes. Il eut l'idée astucieuse de réaliser en priorité des éléments qui allait imposer une continuité "naturelle" à ceux qui poursuivraient son oeuvre. Pour cela, il fallait en figer et le gabarit et le style. C'est ainsi que la façade de la Nativité (ou façade du Levant) fut l'une de ses priorités et sa construction débuta en 1891. On pourrait dire que c'est la mesure-étalon qu'il imposa pour la suite. En 1925, la première flèche d'une des deux tours latérales (100 m. de haut) était terminée, un an avant le décès du maître (renversé par un tramway). Cette façade fut achevée en 1936 (ou 1930?) par l'assistant de Gaudí, Domènec Sugrañes.

Durant la Guerre Civile espagnole, la crypte et la majeure partie de l’atelier de Gaudí furent incendiés par les Républicains en guise de protestation au soutien apporté à Franco par l'Eglise catholique. En raison de la destruction d'une grande partie des ébauches, des maquettes et instructions laissées par Gaudí, il fallut surtout se référer à ses idées lorsque la construction fut reprise en 1944 et conduite par les architectes Francesc Quintana, Isidre Puig i Boada et Lluís Bonet i Garí ainsi que par le sculpteur Jaume Busquets.

Les travaux de fondations de la façade de la Passion commencèrent en 1954 (aide financière de Japonais) et les tours furent achevées pour le cinquantième anniversaire de la mort de Gaudí en 1976. Mais il y manquait le décor. En 1986, le sculpteur Josep Maria Subirachs s'attaqua à la réalisation de la statuaire de la façade de la Passion et la livraison des premières statues en 1990 provoqua de nombreuses polémiques en raison de leur style très différent de celui de la façade de la Nativité. La dernière statue, l'Ascension, un bronze à revêtir d'or, de 5 mètres de haut, a été mise en place en 2005 à 60 mètres au-dessus du parvis de la façade de la Passion.
La crypte qui est un lieu de prière lorsque l'église est ouverte aux visiteurs fut achevée seulement en 1958 et le petit musée voisin ouvrit en 1961.
Les travaux des voûtes des nefs commencèrent en 1995 par les quatre collatéraux (deux de chaque côté de la nef centrale) suivis en 2000 par ceux de la nef centrale. La couverture de l'édifice a été terminée en 2008.
Joan Vila-Grau est l’artiste auquel a été confiée la réalisation des vitraux. Tâche menée à bien en ce qui concerne les vitraux de l'abside et des transepts qui viennent remplir des baies de style néo-gothique (avec rosace pour celles de l'abside) disposées sur deux niveaux. Les plus basses font 20 m. de haut tandis que les baies situées en hauteur en font la moitié. Les baies de la nef sont remplies avec du verre blanc.
A ce stade, on voit donc qu'il reste encore beaucoup à faire, notamment à ériger la façade de la Gloire, le portail principal orienté au sud, qui comportera quatre tours (comme les façades des transepts). Les travaux ont commencé en 2002 mais ont peu avancés et les mener à bien va s'avérer délicat car, sur l'emplacement du futur parvis, il faudra démolir un immeuble de 55 appartements.
Du côté des six tours centrales, il reste un immense et difficile chantier en hauteur à conduire. La structure porteuse de la tour de la Vierge a été commencée en 2009. Cependant, après un gros coup de collier de quelque 400 ouvriers, étant "hors d'eau et hors d'air" selon le jargon des maîtres d'oeuvre, l'église a pu être consacrée par le pape Benoît XVI en novembre 2010 et est donc ouverte au culte.
Quant au cloître entourant "le temple", ébauché par Gaudí dès 1895, se verra-t-il un jour réalisé? On a juste une ébauche, à gauche de la Façade de la Nativité (vue depuis l'extérieur). Cet espace sert de lieu d'exposition-musée...

On estime et espère que la construction pourrait s’achever en 2026, l'année du centenaire de la mort de Gaudí. Une bonne centaine d'ouvriers qui travaillent toujours...


Haut de pageLa façana de la Passio (La façade de la Passion)

Curieusement, la visite ne suit pas une logique bien Gaudíenne puisque l'on commence par la façade de la Passion. Il a été achevé en 2005 après un demi siècle de travaux.

Le portail de la Passion est fait de six colonnes de pierre ressemblant à des os inclinés vers l’intérieur et formant des sortes d'arcs-boutants. Il est surmonté d’une corniche qui soutient une galerie couverte à dix-huit petites colonnes en forme d’osselets. Elle est conforme sinon à la lettre du moins à l'esprit de ce que voulait le Maître, quelque chose qui inspire l'horreur et l'effroi.

En fait c'est une mise en images de la Passion: la Cène, le Baiser de Judas et le carré magique de valeur 33 (l'âge de Jésus à sa mort), le Reniement de Pierre, la lâcheté de Pilate, le Jugement, la Flagellation, des étapes du Chemin de la Croix (Véronique, Simon de Cyrène), les soldats romains qui jouent la tunique, la Crucifixion et la Mise au Tombeau et enfin, seule touche optimiste, au-dessus de tout cela l'Ascension du Christ.

Pour ma part, la facture moderne de la statuaire ne me choque pas. Elle a quelques chose de carré, de géométrique, de dur qui certes ne ressemble en rien à celle de la façade opposée mais qui correspond bien à l'idée générale de cette façade.



Haut de pageL'intérieur du "temple"

Après avoir franchi les portes aux ventaux en bronze sur lesquelles des parties des évangiles sont reproduits en lettres majuscules en relief, on pénètre à l'intérieur de l'édifice.
Avec l'élégance de ce volume, c'est une toute autre impression qui nous envahi.


Emerveillement et quiétude (malgré les visiteurs qui vont et viennent). Tout y contribue: l'immensité des volumes, les élévations, les couleurs notamment des vitraux, la noblesse des matériaux (colonnes en granite gris ou rose, basalte sombre, solide et superbe porphyre d'Iran pour soutenir abside et transept).

Les voûtes sont la continuation de la structure porteuse de forme parabolique, leur poussée étant transmise aux colonnes intérieures, ce qui dispense des contreforts à la mode du gothique. Ainsi, les murs n'ont à supporter que leur propre poids. Les monumentales colonnes (45 mètres de hauteur) légèrement inclinées de la nef centrale et de l'abside d'inspiration naturaliste ont la forme d'arbres: leur section se réduit de la base ver le haut, les cannelures finissent par disparaître au niveau de sortes de noeuds d'où partent des colonnes plus fines comme des branches.

Au-dessus de l'autel, on peut voir une croix étrangement suspendue à un dais doré sous une voûte où est également accroché un triangle doré symbolisant la Sainte Trinité.

Quant aux vitraux modernes, abstraits, je considère qu'ils respectent les recherches chromatiques dont on a la manifestation dans d'autres réalisations de Gaudí (y compris sur des céramiques comme dans la Casa Batllo). On peut admirer de savants et harmonieux dégradés avec des couleurs tantôt chaudes et tantôt froides.


Haut de pageLa façana del Naixement (La façade de la Nativité)

Nous ressortons par le transept droit qui débouche sur la façade de la Nativité. Commencée en 1891, elle a été achevée en 1936 après un demi siècle de travaux.

Sortis, face à celle-ci, elle offre au regard trois portails symbolisant les trois vertus théologales du christianisme mais dans un ordre un peu bousculé. De gauche à droite, Espérance, Charité et Foi. Sans doute qu'aux yeux de Gaudí, la Charité méritait bien le portail principal, au centre... Elles foisonnent de sculptures de figuratives représentant des personnages du Nouveau Testament et de quantité d'autres représentations très profanes puisque inspirées de la flore et de la faune de Palestine aussi bien que de Catalogne
Les sculptures du portail de l'Espérance évoquent le Christ à venir avec les Fiançailles de Marie, l'enfance d'un Jésus encore dans vie profane en passant par la Fuite en Egypte ou l'enfance à Nazareth auprès de Joseph...
Au portail de la Charité, on trouve l'Annonciation (1966), la Nativité (1959), le choeur des Anges chanteurs et musiciens (recréé suite aux destructions lors de la Guerre Civile), l'Adoration des Mages, la Cène et le Couronnement de la Vierge. L'ensemble est surmonté par un cyprès en céramique sur lequel sont posées des colombes. Les colonnes de ce portail reposent sur deux tortues. Une tortue marine pour soutenir la colonne de la "partie méridionale" (gauche, du côté de la mer). Une tortue terrestre pour soutenir une colonne de la "partie terrestre" (droite,du côté de la terre).
Le portail de la Foi évoque la Visitation à Elisabeth, Jésus au temple, l'Immaculée Conception, la Trinité... St Jean-Baptiste, St Zacharie, la barque de St Pierre... Le Sacré-Coeur, la Providence ou l'Eucharistie y sont également représentés.

Pour vraiment apprécier cette façade, il faudrait la voir le matin, lorsque le soleil l'éclaire. Ainsi mise en valeur, son décor végétal exprime parfaitement "l'élan vital", tout à l'opposé de la façade occidentale...

Haut de page La crypte et le musée


En faisant le tour de l'abside, on aperçoit par des arcades vitrées l'intérieur de la crypte située sous l'abside où un office du soir s'y déroulait lors de notre visite.
C'est un espace quasi-circulaire de 40x30 m., de style néo-gothique entouré de sept chapelles et qui sert d'église paroissiale.
La crypte fut en partie réalisée du vivant d’Antoni Gaudí. Une première partie fut réalisée entre 1890 et 1893 et elle fut inaugurée en 1885. Gaudí y fut inhumé en 1926. Lors de la Guerre d'Espagne, la crypte fut incendiée et dut être restaurée en 1940. Elle a été achevée en 1958 mais des faiblesses dans ses matériaux ont nécessité des travaux de renforcement pour supporter la charge de la superstructure, travaux achevés en 2002.

En sous-sol, à côté de la crypte et plus précisément sous la croisée du transept, un musée a été aménagé depuis 1961. Il occupe l'emplacement des anciens ateliers de l’édifice. En 2002, le musée a été agrandi en réutilisant l’espace libéré par les écoles de la Sagrada Família qui ont été déplacées dans le quartier voisin. On peut y voir des maquettes, plans, dessins anciens et originaux, des photographies ainsi que des outils destinés aux études préparatoires conçus par Gaudí, dont le système empirique de cordelettes lestées de petits sacs utilisé pour l'étude des forces. Des maquettes de sculptures de la façade de la Passion de Josep Maria Subirachs i Sitjar y sont également présentées ainsi que des mobiliers.

L'audacieuse Sagrada Família est un hymne à Dieu ou un poème mystique tout en symboles dans lequel chaque pierre est une strophe glorifiant le Sacré. On retrouve des sensations fortes. Puissance comme lorsque l'on contemple les pyramides, grâce comme lorsque l'on admire le Taj Mahal ou lorsque l'on visite la mosquée Hassan II (Casablanca).
Bien sûr, pour chaque individu la sensibilité artistique et le sens de la beauté dépendent largement de ses références culturelles et donc de son époque. Il se peut que vivant trois, quatre ou cinq siècle plus tôt, j'eusse été transporté de la même profonde admiration devant les décors Rococo ou Renaissance...
La complexité et le gigantisme de l'édifice empêchent de la cataloguer.
Evocations naturalistes, figuratives et parfois naïves qui renvoient à une pensée médiévale et se mêlent à une modernité cubiste et à l'expérimentation permanente et audacieuse... Oeuvre individuelle cohérente et oeuvre collective empreinte de contradictions... Ruine ou oeuvre inachevée et au long court tout comme le furent les grandes cathédrales gothiques...

La puissance mystique qui se dégage du lieu pourra être à l'origine de conversions comme jadis celle de l'écrivain athée Paul Claudel dans la cathédrale N - Dame de Paris lors de la messe de Noël 1886, pendant le chant du Magnificat. Puis, converti, il ressentait une profonde émotion en contemplant vitrail à la Vierge Bleue de N - Dame de Chartres où il aimait se rendre. A propos de Chartres, rappelons aussi la conversion de Charles Péguy à la vue des flèches de cette cathédrale en 1912 lors d'un pèlerinage entrepris suite à un voeu...

La Sagrada Familia est le monument le plus visité d'Espagne, plus que l'Alhambra de Grenade. Les chiffres varient entre 2,5 et 3 millions de visiteurs chaque année.

Pour ma part, je pense que ce monument devrait faire l'objet d'un classement spécifique au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, dans sa globalité, incluant évidemment la contribution majeure de Gaudí. Cela viendra peut-être lorsque l'édifice sera achevé...
J'aimerais vivre assez longtemps pour revenir visiter l'ouvrage achevé, avec son Portail de la Gloire et surmonté de toutes ses tours.

L'heure de la fermeture étant arrivée, c'est à regret que nous quittons ce lieu envoûtant.

 

Nous terminons la soirée en gagnant l'Avenida Diagonal qui aboutit à l'est à la Plaça de les Glories Catalanes. Plus on s'en rapproche et plus le quartier semble sinistre. C'est un quartier en devenir autour du phare que constitue la Tour Agbar plantée là comme un phare ovoïde fait de verre et d'acier ou, plus trivialement, comme un gigantesque suppositoire!. Ce centre d'affaires conçu par l'architecte français Jean Nouvel a été réalisé en 2005 et, avec ses 144 m. de haut et ses 38 étages, constitue le troisième plus haut (après l'Hôtel Arts et la Tour Maphre) gratte-ciel de la ville, d'où son nom Agbar tiré de l'arabo-persan Akbar signifiant "le plus grand" (comme dans l'invocation Allah akbar).

Nous revenons vers le centre par la Carrer de la Deputacio, en passant devant les arènes de La Monumental (édifiées en 1914 et comportant près de 20 000 places). Suite à une "initiative législative populaire", le parlement catalan s'étant prononcé pour l'abollition de la pratique barbare de la corrida en juillet 2010 avec prise d'effet au 1er janvier 2012, , la dernière corrida s'est déroulée ici le 25 septembre 2011.

Pour dîner, nous choisissons le restaurant La Gran Peña ("le Grand Rocher"), Carrer de la Marina, à deux pas de la station de métro Monumental. Tapas variées et excellentes.

 

Dans le quartier  de la Sagrada Familia, avenue Diagonal Pl. des Gloires catalane: Tour Agbar Arènes La Monumental
"La Gran Pena",  Calle de la Marina "La Gran Pena",  Calle de la Marina "La Gran Pena",  Calle de la Marina

 


Haut de pagePlaça de Catalunya et quartier de l'Eixample


Notre seconde journée à Barcelone commence Place de Catalogne où le train nous conduit depuis Sant Cugat del Valles.

L'urbanisation de la vaste Place de Catalogne (5ha) a commencé à la fin du XIXe s. et surtout dans la perspective de l' Exposition internationale de 1929. Parmi les sculptures qui ornent la place, on peut voir le monument érigé en 1991 en l'honneur du nationaliste Francesc Macia (à l'origine d'une action armée lancée en 1926 depuis Prats de Mollo, du côté français, et qui a proclamé la "République catalane" en 1931), oeuvre de Josep Maria Subirachs, ou encore le cheval cabré de la Sagesse (Saviesa) dû à Miquel Oslé (1928). Citons aussi la Font dels Sis, première oeuvre à orner la place en 1936 sur un thème mythologique, la naissance de Vénus évoquée sous forme d'une coquille en pierre, entourée de figures d'Eros, sous forme de chérubins en bronze. Il s'agit d'un oeuvre du sculpteur Jaume Otero réalisée en vue l'Exposition universelle de Barcelone en 1929.
Autour de la place on peut voir de nombreux sièges de banques, des centres commerciaux (FNAC), des cafés et des théâtres...
C'est aussi le lieu où les indignés catalans se sont réunit en mai 2011.

 

Haut de pagePalau de la Musica Catalana

Pour nous rendre au Palau de la Música Catalana (Palais de la Musique Catalane), nous nous dirigeons vers l'est, par la Carrer Fontanella et la Via Laietana.

Dans la mouvance du nationalisme catalan du début du XXe s., l'Orfeó Català (Orphéon Catalan) a été à l'origine de cet édifice remarquable. C'est un symbole de l'avant-gardisme catalan faisant appel à des motifs floraux et aux courbes que l'on retrouve aussi dans les oeuvres de Gaudí. Nous n'en verrons que l'extérieur. Dommage car l'intérieur est de toute beauté, notamment la coupole renversée en verre polychrome qui éclaire la salle de concert.

Construite en 1908, cette structure métallique stabilisée par des contreforts et des voûtes d'inspiration gothique est habillée de vitraux, de verre, de mosaïques et de ferronneries est l'oeuvre de Lluís Domènech i Montaner, architecte auquel la ville doit aussi l'Hospital de la Santa Creu i Sant Pau. D'ailleurs ces deux édifices ont été classés au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1997.

Barcelone, Plais de la Musique catalane Barcelone, Plais de la Musique catalane Barcelone, Palais de la Musique catalane


Retour Place de Catalogne puis nous empruntons le Passeig de Gràcia, en direction du nord-ouest.

Le Quadrat d'Or, au cœur du quartier de l'Eixample

L'Eixample, pour nous francophones, nous aurions tendance à croire que le mot sert à désigner une quartier qui serait un "Exemple" d'urbanisme et d'architecture. En réalité ce mot catalan a un sens beaucoup plus trivial puisqu'il signifie "Extension" par rapport au centre ancien antique et médiéval (Gotic)...

BARCELONE, Plaça Reial

 

Parmi ces îlots tracés par l'ingénieur Ildefons Cerdà i Sunyer à la fin du XIXe siècle, nous allons pouvoir observer des exemples d'architecture de différents maîtres de l'Art Nouveau au tournant des XIXe-XXe s. Notamment des oeuvres (maisons et palais) de Lluís Domènech i Montaner (déjà mentionné à propos du Palais de la Musique), Josep Puig i Cadafalch, Joseph Domenech i Estapà ou, last but not least, le célèbre Antoni Gaudí dont on a déjà évoqué deux oeuvres majeures, le Palais Güell (à proximité de la Rambla) et la Sagrada Familia. Rappelons que l'oeuvre de Gaudí a fait l'objet d'un classement au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 2005.


Retour Passeig de Gràcia, orné par les grâcieux "lampadaires-barques" en fer forgé signés Pere Falqués i Urpí (1906).
Sur la gauche, à l'angle formé avec la Gran Via de les Corts Catalanes
l'ancien Palau Marcet (par Tiberi Sabater i Carné, 1887) fut occupé jusqu'en 1934 par la Comedia, puis devint un théâtre jusqu'en 1960 et enfin un cinéma.



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Illa de la Discordia

Deux pâtés plus loin, également sur la gauche, nous arrivons à l'Illa de la Discordia, îlot ainsi nommé en raison des contrastes architecturaux qu'offre cet ensemble. On peut imaginer sans peine les rivalités entre architectes à cet belle époque où leur art explosait.

A l'angle de Gracia se dresse la plutôt sobre Casa Lleo Morana (1900-10), si ce n'est sa curieuse tour en forme de tiare, oeuvre de Lluís Domènech i Montaner. A la suite, on trouve plusieurs maisons remarquables. La Casa Ramon Mulleras construite par Paul Martorell en 1868 (pour Ramon Comas). La Casa Amatller (1898-1900) due à Josep Puig i Cadafalch mêle style médieval et architecture des pignons en escalier des rives de la Baltique... Et surtout la fameuse Casa Batlló sur laquelle nous allons revenir en détail.

Sur la voie transversale, Carrer d'Arago, la Fundacio Tapies s'impose avec sa façade surmontée de la sculpture "Nuage et Chaise". Le bâtiment (1879) dû à Lluís Domènech i Montaner abrite le musée consacré à l'artiste Antoni Tapies depuis 1984, après avoir hébergé des architectes et écrivains.

Barcelone,  Passeig de Gracia: la Comedia Barcelone,  Barcelone,  Passeig de Gracia:  Casa Lleo Morana Barcelone,  Passeig de Gracia: Fundacio Tapies Barcelone,  Passeig de Gracia: Casa Amtller et Casa Battló


Revenus sur le Passeig Gracia, nous allons consacrer une heure et quart à la visite de la Casa Batlló (tarif: 8€, audioguide inclus).
C'est le résultat d'une commande que l'industriel du textile Josep Batlló i Casanovas avait passée à Antoni Gaudí.
Ce chef d'oeuvre restauré de 1981 à 2000 reçoit environ 600 000 visiteurs chaque année.

Haut de pageLa Casa Batlló

Antoni Gaudí en a dirigé la réalisation de la Casa Batlló entre 1904 et 1906, à partir d'une construction antérieure (1877) qu'il a complètement transformée en renforçant le rez-de-chaussée et le premier étage par un mur porteur en grès de Monjuic, en ajoutant tribune et balcons en façade et en la surélevant de deux étages et d'un grenier. Passant de 21 à 32m d'élévation, cette construction est ainsi plus haute que ses voisines.
Cette réalisation rompant trop avec l'académisme fut à l'origine de conflit entre Gaudí et la mairie de Barcelone laquelle dut finalement se résigner à accorder le permis de construite en 1913, soit sept ans après son achèvement et alors qu'elle était habitée.
La maison offre environ 4300m² de surface utile puisque chaque niveau couvre 1000m².
La Casa Batlló est ouverte au public depuis l’année 2002, date de la commémoration de l’année internationale Gaudí.

Maintenant, plongeons en plein symbolisme(s)...
La Casa Batlló est parfois surnommée Casa de los Huesos ("Maison des os", thème macabre que l'on retrouve sur la façade de la Passion de la Sagrada, ou dans les cheminées de la Casa Milà) en raisons de la forme des balcons et des fenêtres qui évoquent des crânes et des orbites. Plus plaisamment, d'autres voient des masques vénitiens dans les balcons des étages supérieurs. On est dans l'organique et l'évocation naturaliste...
En fait, toute la construction serait une allégorie de Sant Jordi (Saint Georges) terrassant le dragon qui se tortille et dont la crête dorsale s'arque jusqu'au niveau de la terrasse dont les tuiles en céramique japonaise irisée font penser à des écailles. Tandis que d'autres plongent dans un monde plus onirique voire enfantin imprégné de culture Disneyland, en y voyant un palais de Belle au Bois Dormant ou une maison de Schtroumpfs ou de Nains de Jardin...

Jeux permanents d'équilibre et d'harmonie. Jeux des formes, des couleurs et de la lumière naturelle.

La façade principale, sur rue, ondulée et composée d'une mosaïque polychrome de verre et céramique, donne sous l'effet du soleil l'impression d'être en mouvement et d'onduler comme des vagues. Les colonnes vers le bas de l'édifice rappellent des troncs d'arbres pour certains et des tibias ou des fémurs pour d'autres... Le dégradé de couleurs est très bien pensé: couleurs chaudes pour les parties inférieures moins éclairées et couleurs plus froides de bleu-vert vers le haut de la façade, ce qui peut faire penser aux troncs et à la ramures de arbres d'un bosquet...

L'intérieur est tout aussi imaginatif. Rien n'est carré, rien n'est droit, tout est en courbes, plafonds, ouvertures. Main courante de l'escalier en forme de colonne vertébrale tordue. Place à la modernité avec un ascenseur, il est vrai que l'immeuble comporte six niveaux, plus le grenier.
À l'intérieur il réorganisa les espaces afin d'obtenir plus de ventilation et de lumière naturelle notamment grâce à un extraordinaire puits de lumière où l'on retrouve à nouveau une judicieuse utilisation des dégradés du blanc au bleu de cobalt: carreaux clairs pour les niveaux inférieurs forcément plus sombres et teintes plus soutenues aux niveaux supérieurs. En partie basse des ouvertures donnant sur ce puits, un dispositif à lamelles de bois permet l'aération.
Au premier étage, on visite la salle à manger dont le plafond évoque des éclaboussures de gouttelettes. Les ouvertures aux contours ondulants du grand salon sont ornées de vitraux tandis que le plafond prend la forme d'une spirale qui part d'un luminaire en forme de soleil rayonnant. Dans la pièce voisine, on trouve une cheminée en forme de champignon ou d'alambic (cuivre)
Les greniers sont aménagés sous une série d'arcs dissymétriques qui donnent l'impression de se trouver dans le thorax d'un animal dont on voit les côtes de l'intérieur.

La terrasse du toit c'est l'échine du dragon. D'étranges cheminées revêtues de céramique surgissent par groupe. L'immeuble est surmonté d'une tour à bulbe supportant une croix à quatre bras orientés vers les points cardinaux, typique de Gaudí, déportée sur le côté gauche de l'arrête du toit. Elle porte les monogrammes de Jésus, Marie et Joseph.

De retour au niveau inférieur, côté cour, nous passons sur la terrasse qui permet de découvrir la façade arrière. La terrasse au sol en céramique fait penser à un tapis oriental. Faisant face à la porte, se dresse une mosaïque en forme parabolique rappelant les arcs du grenier. L'élément décoratif majeur de cette façade est constitué par la ferronnerie des balcons tandis que la partie supérieure recouverte de mosaïque polychrome qui vient donner la touche finale de cohérence à l'ensemble.

Par la Carrer d'Arago, nous arrivons au Passatge del Mercat. Nous jetons notre dévolu pour déjeuner sur le Restaurant Pepe, voisin de la plus chic et plus chère Casa d'Amelia. Fraîcheur assurée en raison de la proximité du marché couvert très moderne (Mercat de la Concepcio).

Barcelone,  dans le Quadrat d'Or Barcelone,  dans le Quadrat d'Or: Mercat de la Concepcio Barcelone,  dans le Quadrat d'Or: Mercat de la Concepcio Barcelone,  dans le Quadrat d'Or: crème catalane chez Pepe


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Nord du Quadrat d'Or

Après le déjeuner, nous poursuivons notre recherche d'édifices typiques dans le Quadrat d'Or en suivant un chemin parallèle au Passeig Gracia, par la Carrer de Ruger de Lluria qui coupe les rues Valencia et Mallorca.

A l'angle de cette dernière se dresse le Palau Ramon Montaner dû aux architectes Joseph Domenech i Estapà et Lluis Domenech i Montaner. Il fut commencé en 1889 et achevé en 1893. La partie haute du bâtiment est décorée de grands panneaux de mosaïque émaillée représentant l'invention de l'imprimerie et la grande frise qui court au niveau des combles est ornée d'un aigle en relief (façade sur la Carrer de Mallorca).

Sur la Carrer Mallorca, on peut également voir la façade néogothique de la Casa Thomas, oeuvre de Lluís Domènech i Montaner, 1895-1898).

Sur l'Avinguda Diagonal, la Casa Terrades (également appelée Casa de les Punxes) est l'oeuvre de Josep Puig i Cadafalch. "La maison aux Flèches" a été réalisée en 1905 (ou 1903?). Ses six tours néogothiques en brique évoquent quelque château du nord de l'Europe.

Le Palau del Baró de Quadras est un bâtiment moderniste mêlant les styles gothiques et mauresques. Il fut construit par Josep Puig i Cadafalch pour le baron de Quadras entre 1904 et 1906. Il est également situé sur l'Avinguda Diagonal et héberge la Maison de l'Asie.

Nous voici revenus sur le Passeig de Gracia.
Nous arrivons devant la Casa Milà également surnommée La Pedrera, autrement dit "La Carrière" en raison de son apparence brute (cette architecture déplut d'ailleurs à ses propriétaires).
Par ses murs courbes et ses balcons en ferronnerie, elle évoque le monde marin. Aspect brut de falaises et de grottes envahies par une végétation faite de fer forgé...
C'est l'oeuvre civile la plus importante d'Antoni Gaudí. Elle fut construite entre 1906 et 1910. Un élément de modernité particulier s'y manifeste avec un parking souterrain qui était destiné à recevoir des véhicules hippomobiles! L'intérieur se caractérise aussi par 270 arcs paraboliques.

Cette maison est très visitée (nous n'en verrons que l'extérieur). En prenant énormément de recul, on aperçoit ses étranges cheminées à l'allure de chevaliers casqués, protégés par leur heaume.

Pour les maisons Gaudíennes, nous en resterons là et nous ne pousserons pas plus au nord, à un bon kilomètre au-delà de l'Avinguda Diagonal (Carrer de les Carolines), pour voir la première réalisation de Gaudí, la Casa Vicens (1883-86), mélange de styles néomauresque, baroque et Art Nouveau.
De même, nous n'irons pas jusqu'au Passeig Sant Joan, plus à l'est, où se trouve
la Casa Macaya, conçue par Josep Puig i Cadafalch en 1901.


Haut de pageParc Güell

 

Notre dernière visite à Barcelone sera consacrée à une visite plus reposante et gratuite, si l'on fait abstraction du bon petit bout de chemin à parcourir et de la grimpette depuis la station de métro Lesseps... Si nous étions venus par la station Vallcarca, nous aurions pu profiter d'un escalier mécanique dans la montée la plus raide.

Le Parc Güell résulte d'une commande passée à Antoni Gaudí par le mécène, Eusebi Güell, industriel catalan (ennobli en 1908), en vue de réaliser une cité-jardin comportant une soixantaine de maisons et une chapelle sur la colline Carmel, au nord de la ville. La mode de ces ensembles résidentiels était venue d'Angleterre. Le projet fut réalisé entre 1900 et 1914 mais faute de moyens, seul le parc et deux maisons virent le jour.
Propriété de la ville depuis 1923 qui l'a ouvert au public trois années plus tard, il a fait l'objet de restaurations dans les années 1980-90.

C'est une œuvre originale tout en courbes évoquant la nature. Peut-être les vagues de la Méditerranée que l'on aperçoit depuis la place...
Le parc Güell est avant tout un jardin, puisque seules quelques constructions à l'intérieur du parc y ont été achevées.

 

Haut de pageL'entrée: les maisons de gardiens, l'escalier monumental et la fontaine

Deux étranges maisons construites entre 1901 et 1903, en forme de champignons, encadrent l'entrée.

Il s'agit des Casas dels Guarda ("Maisons de Gardien") qui font penser à des maisons des Schtroumpfs.

Une fois passé le portail en fer forgé à motifs rayonnants, le visiteur se trouve devant un double escalier monumental avec fontaine centrale, en particulier l'emblématique fontaine en forme de salamandre multicolore faite de mosaïque, symbole du feu.

En haut de ces escaliers on accède à la "Salle Hypostyle aux cent colonnes" doriques, qui n'en compte en fait que 86. Les ondulations du plafonds sont égayées par des cercles de mosaïque, de trencadis, des morceaux de céramique et de verre brisé.



Haut de pageLa place et le fameux banc ondulant

Au-dessus, la place initialement prévue pour un marché attire la foule des visiteurs qui s'y reposent et les marchands à la sauvette. Sa périphérie est aménagée comme le plus long banc du monde. Ce banc tout en ondulations offre à la fois un espace intime et une ouverture vers les voisins et vers la place. Il est habillé de trencadis. Ce banc de 110 mètres de long a été conçu par Josep Maria Jujol, collaborateur de Gaudí mais sa restauration effectuée il y a une vingtaine d'années par José Antonio Martínez Lapeña et Elías Torres a été critiquée.
Le banc du Parque del Amor de Miraflores à Lima semble s'en être fortement inspiré...

Certaines allées sont soutenues par des viaducs de pierre dont la forme évoque des troncs d'arbres.
Plus loin, on passe près de la maison de Gaudí, surmontée d'un clocher, qui a été construite par Francesc Berenguer, un collaborateur de Gaudí. Gaudí y resta enfermé lors de la Semaine Tragique de 1909 à l'occasion de manifestations anticléricales et d'attentats contre des lieux de culte. y vécut jusqu'à son installation dans la Sagrada Familia. Ce bâtiment a été transformé en musée (notamment pour y présenter du mobilier).
A l'ouest, le Calvaire occupe le plus haut point de la colline, à l'emplacement initialement prévu pour édifier une chapelle.
Au fond du parc, au nord, a été construite la Casa Trias entre 1903 et 1906 pour le compte de l'avocat Martin Trias, par l'architecte Juli Batllevell, disciple de Domenech i Muntaner (collaborateur de Gaudí).

Barcelone, Parc Güelle: vue sur la ville

 

Ainsi s'achève la présentation de notre périple catalan...


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