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Départ en direction de Sartène (et non directement de Bavella par
la Forêt de l'Ospédale comme prévu au programme) soit environ
65 km en passant par Figari.
Chaos
de Roccapina
A
une vingtaine de kilomètres avant Sartène, lorsque nous avons rejoint
le littoral, nous avons la surprise de découvrir un magnifique chaos de
rochers de granit beige aux formes les plus étranges.
En arrière plan sur un cap se découpe la silhouette d'une tour génoise et un amas de rochers évoquant un lion couché face à la mer.
Nous reprenons la route en direction de Sartène dans une
région avec des boisements de chênes verts et de chênes-lièges
et de vigne.
Dans son écrin de vignobles, Sartène est la "plus corse des villes corses'', selon l'écrivain romantique Prosper Mérimée (1830-1870), célèbre auteur de la nouvelle Carmen dont Bizet fera un opéra mais qui a aussi écrit sur la Corse : notes de voyage et surtout Colomba (récit écrit au retour d'une mission archéologique en Corse et qui raconte une histoire d'honneur et de vendetta). La région est aussi évoquée dans le roman "Les frères corses" d'Alexandre Dumas père, publié en 1845.
Bâtie
en amphithéâtre, la cité dont l'origine remonte au XIIe s.
a conservé son caractère avec ses vieilles demeures austères
et ses traditions.
C'est la plus étendue des communes de Corse
avec 23 000 ha et un littoral de 25 km.
Nous
profitons d'une heure d'arrêt pour visiter la ville: les rues pittoresques
et désertes, les marbres polychromes du XVIIe s. dans l'église
Sainte Marie.
Dans celle-ci ont voit aussi les instruments du Pénitent
rouge, u catenacciu, appelé aussi le "porte croix",
connu du seul archiprêtre (un curé investi d'un titre honorifique)
qui l'a choisi parmi de très nombreux candidats, paarfois en attente depuis
des années. "Quels crimes ont-ils bien pu commettre pour s'imposer
ce genre d'épreuve ?" se demandait le chanteur Gérard
Poletti il y a quelques jours. Toujours est-il que trois jours avant le Vedredi
Saint, il se retire secrètement au Couvent de San Damianu.
Sur un parcours de 1800 mètres à travers la ville, à 21 heures le soir du Vendredi Saint, il transporte une croix de 31 kg avec accrochée à ses pieds nus des chaînes de 25 kg! (ou 14kg?) tandis que la foule chante le Perdono mio Dio. Après celle de Séville, cette procession serait la plus célèbre en Europe.
Nous prenons la route pour
une quarantaine de kilomètres dans les montagnes en direction des Aiguilles
de Bavella dans une région qui mérite bien son nom d'Alta
Rocca.
Dans
un paysage d'éboulis rocheux et de forêts de pins,
nous traversons une série de villages de montagnes aux
maisons aux murs de granit gris et aux toits de tuiles:
Ste Lucie de Tallano (foire à l'olive), Levie (musée de la préhistoire).
C'est dans cette région que Nicolas Hulot possède une maison au
milieu du maquis (à Quenza).
Environ 250 mètres après le cimetière de à San Gavino di Carbini, sur la gauche, est érigé un monument à Jean Nicoli, l'enfant martyr du pays...
Jean Nicoli est né dans ce village le 4 septembre 1899 et fut instituteur. Après avoir adhéré au Parti Communiste Français clandestin le 28 décembre 1942, il est arrêté en juin 1943 par les fascistes italiens et leurs collaborateurs français pour fait de résistance et exécuté à Bastia le 30 août 1943, quelques jours avant la libération de la Corse..
Quelques porcs en liberté sur l'accotement. L'affirmation de l'identité corse peut se lire aussi sur les plaques d'immatriculation. Dans la partie gauche sur fond bleu, au-dessous des 12 étoiles du drapeau européen, on ne trouve pas l'habituelle lettre "F" en blanc mais la mention "Corsica" surmontée de la tête de maure.
Puis
c'est Zonza, petite capitale de la région de l'Alta Rocca, avec ses hautes
maisons de granit nichées à près de 800 m. d'altitude,
carrefour des randonneurs. Le village fut dévasté
par les incendies de forêts en 1960. Le roi du Maroc Mahomed V y a
séjourné.
Pour la flore, c'est d'ailleurs à partir de
ce niveau que commence l'étage alpin.
Une
découverte extraordinaire, un très vieux châtaignier caché
dans l'Alta Rocca en Corse (le plus vieux châtaigner de Zonza ?). Il se
situe après le village de Zonza, sur la route du col de Bavella dans un
virage à gauche - pas visible de la route - et il faut marcher un peu sur
un petit sentier forestier pour profiter d'un petit moment
de détente dans une châtaigneraie aux énormes arbres millénaires
Cet arbre est sur une propriété privée, l'accès et
libre, mais il faut rester discret. A sa base, il mesurerait 12 mètres
de circonférence pour les uns et 16 mètres pour d'autres... je penche
personnellement pour cette seconde estimation. Pour
en faire le tour il faut réunir une trentaine de personnes se donnant la
main.
Non loin du précédent, on trouve
un autre arbre, bien plus jeune mais en très mauvais état. Il a
environ une dizaine de mètres de circonférence, il est évidé
à la base (reste que l'aubier) et les sanglier viennent s'y réfugier
paraît-il.
Nous
arrivons au Col de Bavella, à 1218 m. d'altitude, au niveau
de la statue de N-D des Neiges (fêtée en procession le 5 août),
d'où l'on a une vue directe sur des aiguilles granitiques qui culminent
à près de 2000 mètres. Univers minéral coupé
au couteau et pins démembrés... Un incendie avait ravagé
le site en 1960. Un reboisement a été réalisé (pin
maritime, pin laricio, châtaignier et cèdre).
Une cordée
de deux alpinistes fait une ascension sur une face sud. Le fameux GR 20 se signale
également aux randonneurs, sportifs aux pieds davantage sur terre (à
raison de 6 heures de marche quotidienne, il faut compter trois semaines pour
parcourir la diagonale de 160 km entre Calvi et Porto-Vecchio!).
Déjeuner à 'l'Auberge du Col
de Bavella'.
Nous reprenons la route en
direction d'Ajaccio mais en empruntant un autre itinéraire montagnard à
partir de Zonza (avec une manoeuvre compliquée pour s'engager sur la route
D420) nous faisant passer par Quenza (Nicolas Hulot y réside parfois) Aullène,
le Col St Eustache et Petreto-Bicchisano, Taravo...
Petits villages aux toits
de tuiles, vaches et cochons "sauvages" ou en semi-liberté (voir
les deux encarts à ce sujet à l'étape Tuccia-Ajaccio)...
Ce paysage de maquis encore bien vert ne laisse pas imaginer sa fragilité
par rapport aux trop fréquents incendies criminels en période estivale.
Arrêt dégustation et achats de spécialités corses
produits dans la région de la vallée du Taravo,
dans un commerce forain au bord de la route : miel, huile d'olive,
confitures, vins et appéritifs, charcuteries, fromages...
Nous passons près
de l'aéroport d'Ajaccio pour retourner finir notre séjour dans nos
petits hôtels de Tiuccia. En ce milieu d'après-midi, la température
à l'ombre est montée à près de 35°!
Agréable fin d'après-midi balnéaire
à la plage de Tiuccia.
Lever très matinal, petit-déjeuner sommaire et bus pour l'aéroport
d'Ajaccio et le retour sur Rennes où nous attendent pluie et froidure.
Nous apprécions d'autant plus d'avoir eu cette parenthèse d'une
semaine au milieu de ce printemps capricieux.
CORSE