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Tiuccia
(1) ,
AJACCIO*
(2),
Bastelica
(3).





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LA
LANGUE CORSE
Langue autochtone ou "italien transformé" ?

Cette question fait encore couler beaucoup d'encre. La réalité est pourtant assez facile à cerner. Il suffit de se pencher, même brièvement, sur l'histoire de la Corse. L'occupation humaine de l'île remonte avec certitude à 7 ou 8000 av JC, peut être même au delà.
Quelle langue pouvaient bien parler les ancêtres des Corses à la préhistoire? Si nous n'avons malheureusement pas de réponse précise, les linguistes sont en mesure de nous dire qu'il s'agissait d'un vieux fond méditerranéen, commun à tout le pourtour du bassin. Ce sont essentiellement les traces demeurées dans les noms des lieux anciens (toponymes) qui ont permis ces constatations. En examinant les ressemblances entre les noms de montagnes ou de fleuves des pays qui vont de la péninsule ibérique jusqu'à la Mer Noire, on a pu dégager des bases linguistiques identiques.
D'ailleurs, le lexique corse d'aujourd'hui comporte encore quelques uns de ces très vieux mots: a teppa (la montée), a tozza (la masse rocheuse), u pentone (le rocher), u ghjacaru (le chien) etc ... Ces mots ne sont pas des mots de la langue latine, ils lui sont bien antérieurs.

À l'époque romaine, l'île parlait un latin qui a remplacé une langue vraisemblablement d'origine étrusque matinée de grec que les Romains décrivaient comme "barbare".
C'est en 260 av. J-C lors de la colonisation romaine qui va peu à peu introduire la langue latine dans l'île. Celle ci va remplacer la vieille langue multimillénaire. Certes la latinisation va s'accomplir très lentement et inégalement suivant les endroits: plus rapidement dans les plaines, les lieux de passage et de colonisation, beaucoup moins vite dans les régions reculées, à l'écart de la nouvelle civilisation. Elle n'en sera pas moins massive et définitive.
Si au 1er siècle avant notre ère, Didore de Sicile peut écrire: "les barbares qui habitent l'île ont une langue étrange et fort difficile à comprendre", au Vème siècle, à la chute de l'empire romain, la Corse a subi une romanisation profonde bien qu'il soit malaisé de l'évaluer sur le plan linguistique. Les historiens pensent que la latinisation s'est achevée vers l'an 6 ou 700 après J-C. Peu à peu ce latin parlé en Corse va se transformer en une langue romane, la langue corse, tout comme le latin des autres régions colonisées par Rome donnera le portugais, le castillan ou le catalan, le provençal, le toscan ou le sicilien.

La langue est encore très proche de celle de la métropole (ce qui n'était déjà plus le cas de sa voisine la Sardaigne dont la langue s'est éloignée du latin dès l'Antiquité).
Lorsque la république de Pise vient administrer l'île dès le Xème siècle, elle n'a pas à y importer sa langue, à ce moment là, la langue insulaire est bel et bien formée.
Par la suite, il est évident que les échanges économiques et culturels qui vont s'instaurer entre la Corse et Pise pendant plusieurs siècles, vont renforcer les ressemblances entre le corse et le toscan.
A partir du XIVème siècle, l'île passe sous domination génoise mais le toscan continue à être la langue officielle écrite, en Corse comme dans de nombreuses régions de la péninsule italienne, car c'est la langue prestigieuse des écrivains, des poètes et des artistes. C'est d'ailleurs le toscan qui deviendra plus tard, lorsque l'Italie sera une nation unifiée, l'italien officiel et non le romanesco, alors que la capitale est Rome.
Ainsi, jusqu'à la conquête française, en 1769, et même au delà, jusqu'au milieu du XIXème siècle, le corse, langue locale directement dérivée du latin parlé dans l'île, a t-il subi l'influence de la langue toscane.

Pour schématiser : on retiendra que la langue corse est une langue issue du bas latin et du toscan médiéval. Il s'agit d'un des 700 dialectes de l'italien actuel. La langue corse est d'ailleurs une des langues les plus proches de l'italien standard puisqu'il est dérivé du toscan (lui-même à la base de l'italien). Ceci fait que l'intercompréhension avec les Italiens est excellente mais que quelqu'un parlant corse comprend difficilement des dialectes de l'italien comme le calabrais, le vénitien ou même le piémontais -et vice-versa. L'hymne corse "Dio vi salvi Regina" est d'ailleurs écrit en italien standard et chanté en corse sans que de grandes modifications soient perceptibles entre l'écrit et l'oral; la seule différence est que le o italien devient u en corse (même dans le titre qui est parfois "Dìu vi salvi Regina"). Ce phénomène de l'interchangeabilité du u et du o n'est cependant pas un phénomène proprement corse puisqu'on le retrouve en sicilien et même en portugais.

La langue corse actuelle a été influencée selon les micro-régions de l'île par le toscan au Nord tandis que l'extrême-sud restait soumis à l'influence du bas latin. Cela se révèle notamment dans la forme des pluriels masculins (issus du neutre latin dans l'extrême-sud) et dans la forme initiale de termes restés proches du latin tels u casgiu pour le fromage directement issu de caseus en latin. Les linguistes décrivent ces différentes variétés comme une forme de polynomie. Les différentes variétés sont intercommunicantes mais variées. La langue corse est le véhicule de la culture corse, riche de ses chants, ses polyphonies, ses proverbes, et de ses expressions.

A partir de 1850, la France va imposer la francisation de l'état civil et des actes administratifs. En 1880, l'instauration de l'école gratuite laïque et obligatoire, dont l'enseignement est dispensé en français, va venir contrebalancer l'usage du corse. Chassée de l'administration et de l'école, frappée d'interdit , perdant son statut au sein même des familles, la langue corse va rapidement régresser.
En 1890, 1914 et de 1920 à 1940, les réactions de défense de cette langue vont avoir lieu autour de Santu Casanova, Saveriu Paoli et Ghjacumu Santu Versini, puis avec des équipes d'écrivains militants. Citons surtout Petru Rocca et sa revue A Muvra, ainsi que, moins radicalement engagés, Paul Arrighi et l'Annu Corsu.

Après la seconde guerre mondiale, U Muntese dont le fondateur fut Petru Ciavatti reprend le combat jusqu'en 1972, date à laquelle la contestation politique et culturelle va faire naître un immense mouvement de revendication. Cette "seconde renaissance" a vu l'éclosion de talents d'artistes divers, chanteurs, musiciens, poètes et écrivains dont la motivation principale a été la défense passionnée d'une langue menacée.

La langue corse est l'objet de nombreuses revendications concernant sa protection, son enseignement. L'État affiche une volonté politique de promouvoir l'enseignement de la langue et de la culture corse. Il a mis en place un enseignement facultatif d'un maximum de deux heures par semaine, géré par les maîtres dans le primaire. Ces mesures sont vues par certains comme trop faibles, comparées à ce qui est fait en Espagne pour le catalan et le basque par exemple.

La langue corse est considérée par l'Unesco comme une langue en voie de disparition, de même que 90% des langues de la planète. On estime d'ailleurs depuis 2006 que la langue corse, ainsi que certaines langues italiques tels que le sicilien, le calabrais, le vénitien, est l'une des plus proches du bas-latin tel qu'il fut parlé à l'aube du moyen âge. Elle est, notamment pour sa variante du nord, extrêmement similaire aux dialectes du centre de l'Italie (Toscane, Ombrie etc.) et elle est aisément compréhensible par les Italiens, notamment pour ceux de l'Italie centrale. Parfois elle est considérée, à tort, comme un patois italien en raison de la similarité des deux langues; elles sont en fait intercommunicantes. Il est donc normal que les noms de familles corses puissent être trouvés un peu partout en Italie et notamment dans les régions centrales de la péninsule. Autrefois langue orale, mélange d'origines latine, italienne, elle est actuellement codifiée et structurée par l'Université de Corte (Università Pasquale Paoli di Corti) et défendue par de nombreuses associations insulaires. Elle doit son statut de langue au fait paradoxal que la Corse fait partie de la France et est donc séparée des autres dialectes italiens. En effet en Italie les dialectes régionaux n'ont pas le statut officiel de langue. Son unicité à l'intérieur de l'espace linguistique français l'isole, ce qui ne serait bien évidemment pas le cas en Italie.

QUELQUES NOTIONS ELEMENTAIRES

Une des principales particularités du corse est la variation du son de la plupart des consonnes (mutation consonantique).
Après ponctuation, accent tonique ou consonne, les consonnes sont dites en position forte et ont un son plein (dur); dans tous les autres cas, les consonnes sont dites en position faible et sont atténuées (adoucies).
Les 13 consonnes dites "cambiarine" (B, C, D, F, G, P, Q, S, T, V, Z ainsi que les groupes CHJ et GHJ) sont articulées plus ou moins fortement ou plus ou moins faiblement et adoucies ce qui va dans certains cas jusqu'à la mutation de valeur, "F" devenant "V", "T" devenant "D", "C" devenant "G", "S" devenant "Z", etc.

Articles définis:
au singulier, l'article le masculin est u (u ghjornu = le jour) tandis qu'au pluriel il devient i et qu'il est renforcé par une mutation en i de la finale du substantif (i ghjorni = les jours)
au singulier, l'article féninin est a (a donna = la femme) tandis qu'au pluriel il devient e et qu'il est renforcé par une mutation en e de la finale du substantif (e donne = les femmes).
Devant une voyelle, l'article devient "l' ", exception faite de certains mots commençant par in-, où dans ce cas le i ne s'entend jamais: a (i)nsalata, e (i)nfurmazione.

Articles indéfinis:
Singulier:
Un = un (un zitellu = un garçon)
Une = una (una donna = une femme)
Pluriel:
pas d'article mais une marque finale
zitelli = des enfants (i au masculin)
donne = des femmes (e au féminin)

Dans la transcription des noms (de lieux notamment) en français, la graphie o correspond au u corse et doit se prononcer [ou] ! Des corrections sauvages sont d'ailleurs souvent réalisées sur les panneaux indicateurs...


De l'aéroport Napoléon Bonaparte (anciennement Campo dell'Oro) d'Ajaccio, nous devons effectuer un trajet d'une trentaine de kilomètres vers le Nord pour rejoindre le petit village côtier de Tiuccia (le suffixe uccia en langue corse indique quelque chose de petit) situé sur le Golfe de la Liscia, exposition plein sud. Les deux caps qui délimitent le golfe étaient protégés par des tours génoises maintenant en ruines.
Nous faisons déjà connaissance avec la montagne car il faut franchir le col de San Sebastiano haut de 411 m. !

Tiuccia.

La fin de l'après-midi, à partir de 16 heures, est passée à la plage (sable grossier), plage aux abords de laquelle la nature nous offre de magnifiques sculptures sur rochers, les célèbres taffoni corses. La desquamation de la roche qui conduit à former des cavités est l'oeuvre combinée de l'humidité, du sel et du vent.

C'est une forme d'érosion qui se manifeste dans les roches cristallines à gros grains, ce qui est le cas des granits corses (indépendamment de leur couleur comme on le verra en maints autres endroits de l'île). Les grains d'ici sont rosâtres et verdâtres.

Le terrain qui domine la plage a tendance à s'ébouler et il est envahi par les figuiers de barbarie (qui commencent à fleurir) et autres cactées, aloès et agaves, coquelicots, géraniums, "langues de belle mère" (ficoïdes)...

En raison de la taille réduite des hôtels, une partie du groupe est logée à l'Allegria et l'autre aux Flots Bleus où nous nous retrouvons tous pour dîner...
Au petit-déjeuner du lendemain, les pensionnaires de l'Allegria ont la surprise de voir qu'on y vend un tee-shirt en soutien à Yvan Colonna (né le 7 avril 1960 à Ajaccio, ce militant indépendantiste corse poursuivi pour l'assassinat du préfet Claude Érignac le 6 février 1998 à Ajaccio a été condamné à la perpétuité le 27 mars 2009, il est vrai s
ans qu'aucune preuve matérielle n'ait jamais été rapportée).


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AJACCIO (60 000 habitants).

De retour à Ajaccio ce dimanche matin, nous trouvons une"capitale" régionale à l'allure de ville morte alors que nous sommes dans "la capitale", siège de l'Assemblée Territoriale de Corse et chef-lieu de Corse-du-sud!.

Nous allons commencé par un hommage au grand personnage de la ville, de l'île et en même temps ) l'un des grands personnages de l'histoire de France, héros pour les uns, tyran et despote pour les autres, Napoléon Bonaparte dont l'histoire retiendra surtout le prénom.
Il est né ici à Ajaccio dans une famille de petite noblesse désargentée le 15 août 1769, général, consul puis empereur, et il est mort déchu le 5 mai 1821 sur l'île Sainte-Hélène.

Nous nous rendons dans l'est de la ville, Place d'Austerlitz dominée par un bronze géant (3,5 m) de l'empereur Napoléon en "petit caporal" (il mesurait environ 1,69, c'est peu pour aujourd'hui mais c'était un peu plus que la moyenne à son époque).
Il s'agit d'une réplique de la statue
réalisée par Gabriel Seurre l'aîné en 1833 (l'original après avoir surmonté la colonne de la Place Vendôme, a été installé depuis 1863 dans la galerie supérieure sud de la Cour d'Honneur des Invalides à Paris). Cette réplique a été érigée en 1938 sur un socle énorme qui porte gravéela liste des victoires et grandes oeuvres impériales.

Tour génoise de la Parata Nous sortons de la ville en direction de la pointe de la Parata à une douzaine de kilomètres à l'ouest de la ville. Au pied des quartiers résidentiels nous longeons une sorte de nécropole avec des mausolées plus ou moins imposants (notamment la Chapelle des Grecs de style baroque), plus ou moins à l'abandon, puis c'est le cimetière marin proprement dit (70 000 tombes).

Lotissement de la colline du Prado, hameau du Scudo (non loin de la plage de la Marinella) où se trouve la propriété mal entretenue du fils de Constantino Rossi, plus connu sous le nom de Tino Rossi (1907-1983), célèbre chanteur de bluettes (300 millions d'albums vendus) que l'occupation nazie d'une partie de l'Europe n'empêcha pas de poursuivre sa carrière (tout comme d'ailleurs les Edith Piaf, Charles Trenet, Maurice Chevalier, Yves Montand... qui ont collaboré à des degrés divers).

 

Ce qui s'impose au regard en arrivant à la Pointe de la Parata, c'est l'imposante tour génoise cylindrique élevée en 1608 qui le domine (à partir de 1530 les Génois en édifièrent quelque 90 autour de l'île).

Du pied de la tour ou de la pointe elle-même, la vue est superbe sur les Iles Sanguinaires (en fait quatre ilots). Un nom à faire dressé les cheveux sur la tête! Quels sombres crimes s'y seraient donc déroulés ? Rien de tel!
Plusieurs interprétations existent: approximation phonétique à partir de îles Sagonari (la pointe sépare les golfes d'Ajaccio et de Sagone), évocation du sang par la couleur prise par le granit porphyroïde au soleil couchant ou par celle de la végétation en automne, ou encore évocation d'un lieu de quarantaine pour les pêcheurs de corail revenant d'Afrique (contaminés par le sang noir ou sanguinari) ou pour des lépreux ou encore plus probable pour des pestiférés (dont le sang est noir)...

Sur la Grande Sanguinaire, on voit au premier plan un petit phare (18 m.) édifié en 1844 et toujours en service. Au centre se dresse le lazaret ou "maison de santé" (de quarantaine) bâti en 1808 et utilisé jusqu'en 1837. Enfin, à l'autre extrémité de l'île, les Génois avaient construit vers 1550 une tour d'alerte.
De la pointe, on a une vue à la fois sur le golfe de Sagone, au nord, et sur celui d'Ajaccio (profond de 1500 m.!).

Retour pour la visite de la ville d'Ajaccio en passant devant le Lycée Fesch et le Casino municipal.

Nous commençons par la Cathédrale N-Dame de la Miséricorde, à la façade simple alors qu'elle devait être une sorte de réplique de St Pierre de Rome (rien que ça!), de style baroque italien, bâtie à la fin du XVIe s. Napoléon y fut baptisé en 1771, à l'âge de deux ans.
Nous n'aurons pas le loisir de jeter un coup d'oeil à l'intérieur car la grande messe dominicale s'y déroule. Dommage.

Passant notre chemin, nous nous rendons Place du Général de Gaulle (plus connue des Ajacciens sous le nom de pl. du Diamant). On y voit un bronze de Napoléon en empereur romain, entouré de ses quatre frères (Joseph, Lucien, Louis et Jérôme), bronze dessiné par Violet-le-Duc.
Lors du réaménagement de la place (parking souterrain), le monument qui regardait la mer, et tournait donc le doc à la place a été retourné.

Suspendue au-dessus du carrefour du Cours Napoléon et le l'avenue du Premier Consul, nous voyons la couronne impériale (elle est illuminée le soir) avant de rentrer dans la vieille ville. Arrêt (malheureusement sans visite) à la haute (trois étages) et grande (elle occupe tout un ilot) maison natale de Napoléon transformée pour partie en musée au 42 rue Fesch.
Dans le centre dont les remparts ont disparus, voitures de pieux Corses dotées de leur amulette, la crucetta, une petite croix bénite formée de deux feuilles de palmier. Dans une niche trône la statue de la protectrice de la ville depuis 1656, la petite Madone, la Madonuccia, N-Dame de la Miséricorde, sainte patronne d'Ajoiaccio fêtée le 18 mars...

Puis nous arrivons Place de Maréchal Foch
(plus connue des Ajacciens sous le nom de pl. des Palmiers) qui sépare quartiers corse et italien. En haut de cette place se dresse au-dessus de la Fontaine aux Quatre Lions (le lion était le symbole de la ville lors de l'arrivée des Génois) la statue en marbre blanc de Bonaparte Premier Consul (oeuvre de Maximilien Laboureur). La gent ailée semble y avoir fait son nid. Vers le bas de la place, on passe devant l'hôtel de ville (le premier magistrat est un prince Bonaparte, descendant de Jérome, frère de Napoléon) avant d'arriver au port.
Temps libre qui nous permet de remonter la rue du Roi Jérome jusqu'au niveau du Musée Fesch puis retour vers la Chambre de Commerce par le quai de la République, en passant devant les étals de marchands forains de "produits corses". Pourquoi ces guillemets? De nombreux articles critiques portent sur ce sujet: il reste bien peu d'ânes pour en faire des saucissons, quant aux porcs, il y en a certes mais il leur faut appeler en renfort moultes carcasses du continent. A cela s'ajoute une polémique (entendue sur France 3 Corse hier) concernant la saucisse noire à base de foie, ficatellu, qui serait un véritable milieu de culture pour bactéries! Malgré tout nous goûtons aux échantillons que l'on nous propose.
Coup d'oeil sur un présentoir de journaux: à la une, Corse-Matin titre sur un assassinat... Aucun doute, nous sommes bien en Corse! L'un des pays méditerranéens pratiquant la vendetta, une forme de vengeance familiale lavée dans le sang. En Corse, on a dénombré 16 homicides au premier trimestre 2009*. Les attentats, autre spécialité corse ne sont guère plus nombreux: 89 pour toute l'année 2008 (38 revediqués par les indépendantistes) mais on en comptait 550 en 1986 !
* En Corse, pour l'ensemble de l'année 2009, il y aura eu 17 assassinats pour 300 000 habitants soit un taux de 6 °/°° habitants alors que la Sicile en aura eu "seulement" 19 pour 5 millions d'habitants soit 0,4 °/°°, c'est-à-dire 15 fois moins en proportion!


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Bastelica, Gorges du Prunelli.

Départ pour un petit circuit qui nous offrir un premier aperçu du maquis.

Direction Bastelica à partir du village de Cauro.
Route de montagne (vers 600-700 m. d'altitude) étroite et sinueuse dans le paysage forestier de la forêt de Zipoli avec des vues sur de hauts sommets corses (2396 m). Le franchissement des ponts est particulièrement acrobatique (souvent le parapet n'est distant que d'une dizaine de centimètres du bord du bus).
Premières vaches en semi-liberté (l'île compterait un troupeau de 10 000 têtes selon les autorités mais plus vraisemblablement de 50 000 têtes), végétation de pins maritimes et pins parasols...
Le développement du troupeau de bovins à demi sauvages est dû aux aides de l'Union Européennes mises en place au début des années 1990 afin d'encourager l'élevage de vaches allaitantes et de réduire d'autant les excédents laitiers. Mais compte etenu de la fraude qui se développait (un même animal était présenté comme appartenant à plusieurs personnes qui d'ailleurs parfois n'exploitait pas le moindre cm², l'UE a réduit de moitié ses aides à la Corse. L'abandon d'animaux s'est développé, accru par l'exode rural.

Nous arrivons à Bastelica vers 13 heures dans ce village de 400 âmes. Une fête des agrumes s'y déroule la première semaine de mars.
C'est la patrie du héros populaire Sampiero Corso qui se distingua au XVIe s. dans la lutte des Corses contre les Génois.

La faim se fait sentir mais nous sommes attendus par Jean-Pierre au restaurant "Chez Paul" situé au-dessus du village (850 m. d'altitude).
Nous nous régalons de charcuteries, saucissons et coppa (fait à partir de faux-filet de porc), de ragoût de veau et d'un gâteau de semoule de maïs. Jean-Pierre est plus comédien haut en couleur qu'un cuisinier. Histoires et anecdotes émaillent le repas. On retiendra la célèbre chambre 14, le passage en ce lieu de Cécilia et de Sarkozy et...de Marie-Georges Buffet. La gastronomie ne connaît pas les frontières politiques!

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Après ce repas, le circuit se corse (facile!) car nous revenons par la route des Gorges du Prunelli, encore plus étroite, plus sinueuse et paysage plus minéral.

Jolies perspectives sur le lac de Tolla (artificiel) et son écrin de granit rose, en passant par les villages de Tolla et d'Ocana (on trouve dans ce dernier village le seul miel bénéficiaire d'une AOC avec celui des Vosges). C'est déjà la pleine saison des foins.
Une magnifique flore printanière s'offre à nous au Col de Mercujo (735 m): calycotome (sorte de genêt épineux), asphodèles blanches, sortes d'amaryllis également blanches, cistes blancs (dit de Montpellier) qui servaient jadis à chauffer le four des boulangers et cistes roses (indigènes), bruyères arborescentes, lavande corse, acacias en fleur...
Premiers cochons semi-sauvages...

Plus haut, on a parlé du développement de troupeaux de bovins à demi sauvages. Il en est de même en ce qui concerne les porcs. En 2008, l'aéroport de Figari (nous y passerons dans le sud de l'île en fin de circuit) fut fermé un moment car les pistes étaient envahies par une harde de sangliers.
C'est le revers de la réputation de la charcuterie Corse. Des "élevages" se sont improvisés dans les villages, avec des animaux en semi-liberté à leur périphérie. Peu à peu, des milliers de bêtes sont retournées à l'état sauvage en se multipliant et en se croisant avec les sangliers.
En effet, ils se croisent très bien pour donner un animal lui même fécond et souvent appelé cochonglier (ou cosanglier, cochonglier, sangliochon, sangliocochon). Il cumule les propriétés des deux espèces:grande fécondité et aptitude à la vie sauvage. De ce fait le cochonglier est devenu un prédateur redoutable. Sa viande est excellente mais non autorisée à la commercialisation.
Ces bovins ne sont pas considérés comme animaux sauvages et donc la chasse en est interdite et risquée dans ce pays où des "propriétaires" irascibles pourraient se maifester...

On voit des exploitations maraîchères en pleine terre et sous serre (melons, fraises), des vergers d'agrumes (citrons, oranges et les fameuses clémentines) ainsi que des oliveraies (on cultive trois variétés et la production commence dès un an et demi après la mise en place).
Nous arrivons dans la banlieue ajaccienne au niveau de Bastelicaccia (le suffixe accia est péjoratif, l'illustre ici le fait qu'en été la malaria sévissait au village que les habitants de Bastellica dédaignaient jusqu'au retour de l'hiver).

 

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