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Après une nuit pas trop agitée,
nous attaquons notre deuxième jour en Chine en ayant changé de chauffeur
et surtout de minibus après les petits dégâts subis la veille
au soir.
Départ pour Chengde, ancienne résidence d'été de la cour impériale située à 255 km de Pékin, avec une étape intermédiaire, la Grande Muraille.
Coût en individuel avec guide sur deux jours (avec hébergement): 130€ par personne.
Pour
quitter Pékin, nous passons près de la bulle de l'Opéra de
Pékin, de la Cité Interdite, de la Tour de la Cloche puis près
du Parc des Ethnies minoritaires et de la Cité Olympique.
Au niveau
du 4ème périphérique, nous passons près du stade dit "le Nid
d'oiseau" (et parfois de rossignol) est dû aux architectes suisses
Jacques Herzog et Pierre de Meuron (110 000 tonnes d'acier) et du "
Cube d'eau" de la piscine (architecture par le cabinet PTW) avec les
3000 bulles ou coussins d'air formant toiture et façades.
Près
de là se trouvent les résidences destinées aux athlètes.
En
quittant PEKIN - Opéra, Parc des ethnies et Cité Olympique
En dehors de ces équipements, une architecture et un urbanisme modernes percent çà et là, hésitant entre gigantisme et perfection telle la tour en arche déformée (vague forme de pince à linge) de la télévision (CCTV) en cours d'achèvement (l'agence OMA en est la conceptrice). Citons encore le nouvel aéroport international dû à Norman Foster qui sera mis en service pour les JO.
Les
grands axes sont ornés d'énormes panneaux publicitaires (moins grands
qu'au Vietnam ou qu'en Inde mais plus nombreux). Il est force de constater que
les numéros de téléphone qui y sont associés ne comportent
presque jamais le chiffre "4" car en mandarin, la prononciation de ce
chiffre "si" est homophone de "mort".
Ce chiffre tabou ne disparaîtra que dans le sud du pays car dans les langues
du rameau cantonais cette homophonie n'existe pas.
Avant de quitter la ville,
nous visitons la fabrique de cloisonné "Industrial Art Factory"
dans les faubourgs nord (Changping) de Pékin.
Cette technique s'est
développée sous le dynastie des Ming
(empereur Chingtai) et était alors associée aux émaux bleus.
Dans le procédé du cloisonné artisanal, de fines bandes métalliques
(cuivre) sont posées de chant (dans le sens de la longueur et sur la face
la plus petite) sur la surface du métal, ménageant des cloisons
entre les différentes couleurs. Elles sont fixées sur la paroi par
une colle (ce pourrait aussi être une soudure) ou par lémail
lui-même. La technique du cloisonné pratiquée ici utilise
comme support le cuivre (le laiton, le bronze, largent et même lor
peuvent également être utilisés comme supports). Le côté
artisanal est parfaitement visible en observant les petites variations dans les
contours des motifs. Les séparations sont remplies démail
pulvérisé qui est ensuite chauffé. Tout comme pour la céramique,
les émaux sont appliqués en plusieurs fois et, selon la nature du
pigment, subissent des cuissons à des températures de moins en moins
élevées. La couleur du pigment change entre son état avant
et après cuisson.
PEKIN
- artisanat de cloisonné à l'Industrial Art Factory
Les
différents émaux une fois cuits, lensemble est poli en plusieurs
phases afin dobtenir une surface uniformément lisse et, pour finir,
les filets des cloisons sont recouverts d'un plaquage d'or dont la technique ne
nous est pas été révélée...
Des diversifications
ont été entreprises par exemple pour produire de petits tableaux
cloisonnés colorés avec des pigments mats (évidement il ne
s'agit pas d'émaux cuits).
Attention
à ne pas confondre les VRAIS cloisonnés et les FAUX. Dans ces derniers,
fabriqués industriellement en série, les cloisons sont moulées
en même temps que le support et il n'y a pas de polissage (il suffit de
passer le doigt à la surface pour se rendre compte du relief).
A propos de l'économie chinoise... Sur
1,4 milliard de Chinois, il y aurait 300 millions de riches appartenant
à la classe moyenne et à la nouvelle bourgeoisie daffaires
et on compterait 8% de très riches soit 120 millions. Mais
la
grande majorité des Chinois sont des ruraux
(les 2/3, 80% selon d'autres en incluant les paysans "sans terre")
mais ils ne contribuent que très marginalement à la richesse du
pays (15%). |
Nous emprunterons successivement une autoroute encore inachevée puis une nationale. Ces divers types d'axes sont à péage où les conducteurs paient en passant par trois sur chaque file afin d'accélérer le débit. Nous croyons rêver en apercevant une limousine noire franchissant un pont au-dessus de l'autoroute.
Les embarraos
de la circulatio en quittant Pékin pour Chengde
En
revanche, plus avant, sur les tronçons en travaux, un tout autre spectacle.
En effet, nous apercevons de nombreuses femmes terrassières-cantonnières
(comme nous en avons vues en Inde du sud ou au Sri Lanka).
Des plantations
de peupliers longent le trajet et nous constatons qu'en progressant vers le nord,
l'éclosion des bourgeons débute seulement. Les crêtes des
collines sont couvertes de cyprès tandis que les vallons sont égaillés
par les buissons aux fleurs blanches et roses des abricotiers, pêchers et
pruniers.
Marc nous parle des échecs des travaux de reboisement effectués
avec le concours des scolaires (pour résumer: "un premier noyau d'abricotier
mis dans un trou bien creusé, puis 4 noyaux dans le trou suivant plus sommaire,
puis les autres noyaux jetés à la volée à même
le sol...").
De
grandes zones maraîchères sont implantées dans la région
avec des serres et tunnels plastiques adossés à des murs de terre
protégeant le côté ombré et exposé au vent froid.
On peut également apercevoir des bâtiments d'élevage.
La
région devient de plus en plus montagneuse et la sècheresse (attente
des pluies d'été) est accentuée par le vent fréquent
au printemps. Chaque espace fertile du fond des vallons est mis en valeur grâce
à des terrasses.
Un grand lac artificiel Miyun Shuiku a perdu la moitié
de sa surface compte tenu de la sécheresse et les rivières sont
à sec.
A deux reprises, nous
surprenons des scènes d'un autre âge, qui nous plongent dans le Moyen
Age, autrement dit la misère paysanne. En effet, on
a la surprise de voir des "femmes de trait" (!) tirant
l'araire avec une longue sangle passant sur leur front tandis que leur mari tient
les deux bras à l'arrière de l'instrument. Bien sûr, pour
autant que l'on a pu s'en rendre compte depuis le minibus qui roulait alors à
bonne allure, il ne s'agissait pas d'un gros labour. Dans la terre sèche
et préalablement ameublie (grâce à la traction animale certainement)
avant l'hiver, le travail consistait sans doute à tracer des sillons en
vue de semis...
Hélas pas de photos mais des souvenirs forts dans nos
têtes...
On peut aussi voir des petits hameaux d'allure misérable,
aux maisons basses de brique brune, serrées les unes contre les autres,
et disposant à proximité de grands tas de fagots.
Dans l'autre
sens, venant de la province de l'Hebei, on voit des processions de petits camions
remplis de vaches et des norias de gros camions transportant des fers à
béton... Tout cela pour satisfaire le développement de Pékin...
Des
nouveaux riches ont construit quelque part des "folies". Ici un château
s'inspirant de nos châteaux de la Loire à moins que ce soit de ceux
de Louis II de Bavière, le roi fou. Et là, pour compléter
la démonstration de pastiches, on peut encore admirer de monumentales colonnades
grecques ou un énorme fût qui fait penser à notre vignoble
bordelais...
Sur le trajet
entre Pékin et Chengde
Plus
passionnant, au niveau de la passe de Gubei kou, nous apercevons des éléments
de la Grande Muraille partant en direction de l'ouest....
La Grande Muraille à JINSHANGLING :
Fiche
Grande Muraille
et
sur mon blog favori...
A près
de 200 kilomètres de Pékin et en chemin vers Chengde, visite d'un
tronçon méconnu de la Grande Muraille,
en fait il faudrait dire "Longue Muraille"
(chang cheng) ou "Mur des dix mille Li", ce qui
correspondrait à 5760 km.
S'étendant
sur 2000 km à vol d'oiseau d'ouest en est, parfois dédoublée
et même triplée, la muraille sinue au fil des crêtes du Désert
de Gobi jusqu'à la Mer Jaune. Dépliée, elle parcourt quelque
6000 kilomètres (6700 km ou disons entre 5000 et 7000 en incluant des zones
de tranchées défensives) , ses murs crénelés
de 5 à 7 (ou de 4 à 5 ???) mètres de largeur et de 5 à 17 mètres
(ou de 5 à 8???) de
hauteur serpentent sur les crêtes des montagnes, défiant les ennemis,
le temps et les hommes qui venaient du nord, depuis plus de deux millénaires.
Le
monument est remarquable en ce qu'il traverse et le temps et l'immense espace
chinois.
Malgré
le gigantisme de l'ouvrage, allant de la Passe de Shanhaiguan, sur le Golfe de
Bohai à l'est, jusqu'à la Passe de Jiayuguan à l'ouest, c'est
à tort que s'est répandue l'opinion selon laquelle la Grande Muraille
serait visible de la Lune (l'épaisseur de l'ouvrage, moins de 10 mètres, est
bien insuffisante).
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Evidemment un tel édifice est classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987. On dit que c'est "la première des sept nouvelles merveilles du monde" ...ou la huitième!
Jinshanling,
la "Colline du Mont d'Or", offre un paysage grandiose. Contrairement
au site de Badaling archiconnu et surfréquenté, c'est paraît-t-il
la plus sauvage, la plus belle et la plus authentique section de la Grande Muraille,
n'ayant pas connu de restauration majeure depuis 400 ans (ce
qui n'était pas le cas d'un autre secteur, celui de la Passe de Juyongguan, escarpé,
jusqu'à sa récente restauration, avec sa "Terrasse des Nuages").
Le pique-nique prévu
sur le site est remplacé par un bon repas (sorte de beignet fourré
aux légumes, courge au jus d'orange, salade de fougère et de poulet)
pris dans la cour d'une auberge, à l'entrée du chemin bétonné
aménagé pour grimper sur la colline...
Un groupe de Français motivés se restaurent copieusement avant
de s'engager dans le trek qui va leur faire parcourir la Grande Muraille de Jinshanling
à Simatai soit 9 km (ou 12?) et 3 heures (ou 4?) de marche (hors pauses)
sur l'échine parfois en mauvais état d'un dragon...
Jinshanling,
"la Colline du Mont d'Or" est un site de la Grande Muraille peu
fréquenté mais c'est l'une des parcelles les plus authentiques au
cur d'un paysage sauvage. Le rempart percé de meurtrières
tournées vers le nord affiche son rôle défensif.
La
ligne de muraille sinue sur les crêtes telle l'échine d'un dragon
qui se moque des obstacles, passant par cols et pics, franchissant les rivières
et se perdant à l'horizon parmi les sommets de pics encore enneigés.
En réalité, dans certains endroits, elle est formée de plusieurs
lignes défensives plus ou moins parallèles. De plus, elle est constituée
de matériaux hétéroclites assemblés au fil du temps:
terre qui en constituait l'origine, protégée et complétée
avec de la pierre, de la brique et du bois.
De certaines sections très touristiques plus à l'ouest (Badaling), par très beau temps, la vue porterait jusqu'à Pékin (80 km)...
La GRANDE MURAILLE
à Jinshangling
Les
parties les plus anciennes furent édifiées dès les VIII-Ve s.
av. J-C. Mais son véritable développement fut à l'initiative
du premier empereur Qin
Shihuang Di, au IIIe s. av. J - C (en 221), qui y affecta
des centaines de milliers de travailleurs, certains parlent de millions.
La Grande Muraille a la réputation d'être le plus grand cimetière du monde car
environ 10 millions d'ouvriers sont morts pendant les travaux et ont été
enterrés aux environs de la muraille.
Il s'agissait de se protéger des
Huns et aussi mettre à l'abri le précieux commerce de la Route de
la Soie (sous son règne, il employa également de un demi à
un autre million de travailleurs sur le site de son mausolée et de son
armée de terre cuite de Xi'An, à un millier de kilomètres
d'ici, site que nous découvrions un jour prochain). Les dynasties suivantes
poursuivirent ce genre de défenses. Il reste peu de chose de ces anciennes
fortifications qui furent souvent laissées à l'abandon.
D'ailleurs, bien plus tard, la Grande Muraille ne retint Gengis Khan dans ses
steppes mongoles que pendant deux ans avant qu'il se décide à la
franchir...
Le secteur de Jinshan Ling (11 km) était un point
stratégique pour la défense de Pékin. Il fut fortifié
à plusieurs reprises: au VIe s. sous les Qi du nord, aux Xe-XIe s.
sous les Song du nord et aux XIIe-XIIIe s.
sous les Jin du nord avant d'être restaurée
au XVI-XVIIe s. par les Ming.
La GRANDE
MURAILLE à Jinshangling
Sous
les Ming, afin de se protéger à
nouveau de leurs "cousins" Mongols, le mur de terre fut renforcé
et recouvert de briques et la muraille prit son aspect actuel avec son chemin
de ronde en pavés de terre cuite.
Sa hauteur varie de 3 à
8 mètres (6 à 7 m selon d'autres sources) pour une largeur
de 4 à 5 m. Les tours de guet en bois furent remplacées par
d'imposantes tours en maçonnerie qui la jalonnent tous les 200 mètres.
De ces tours, on communiquait par un système de télégraphie
rudimentaire utilisant des drapeaux et des signaux de fumée selon le code
suivant:
1 signal=100 assaillants, 2 signaux=500 assaillants, 3 signaux=1 000
assaillants, 4 signaux=5 000 assaillants et 5 signaux=10 000 assaillants
ou plus.
A cela, s'ajoutaient de signaux sonores avec tambours et gongs...On
dit que Gengis Khan, lors de ses visées sur la Chine au XIIIe s.,
essaya de soudouyer le veilleurs chargés de ces signaux.
Au total, la construction de la Grande Muraille est évaluée à 700 millions de journées de labeur!
Modestement nous allons passer de plus de deux heures sur la muraille et parcourir 3 ou 4 kilomètres, en prenant notre temps. Même si le vent est toujours soutenu, il fait grand beau temps. Ce qui gâche un peu le plaisir, c'est une petite troupe de vendeurs (parmi lesquels une vieille femme) de livres-souvenirs et de cartes postales, vendeurs particulièrement collants et qui vont nous tenir compagnie tout le long du chemin.
La GRANDE MURAILLE
à Jinshangling
Reprise
de la route jusqu'à Chengde distante de moins de 100 km. Nous
avons la surprise de voir une moto-rickshaw transportant un énorme cochon
(sans doute un mâle de 400 kg!).
A l'approche de la ville, nous
devons nous insérer dans une noria de camions chargés de matériaux
de construction (sable, ciment, blocs de béton) allant dans notre direction.
Pas surprenant, car dès l'arrivée dans la ville de Chenge par le
sud, on constate qu'elle est en plein développement (grands immeubles).
Cependant une partie intermédiaire plus ancienne située avant le
quartier des sites touristiques ne respire pas la richesse (voirie défoncée,
échoppes lépreuses, bicyclettes et vélos-rickshaws séculaires)
et les grosses berlines récentes se font rares.
La partie touristique
quant à elle est en plein aménagement avec des restaurants luxueux
pastichant les éléments de décor traditionnel: énormes
lions et mandarins de bronze (? plutôt de résine)... dans les petits
jardins installés devant leur entrée.
Dîner à
l'hôtel.
Nuit
à l'hôtel.
Petite
promenade matinale aux abords du palais et du parc. C'est l'heure où les
espaces verts sont occupés par les adeptes du tai-chi et par les pratiquants
d'un sport qui s'apparente au badminton si ce n'est qu'en guise de raquette, on
utilise ses pieds et que le volant est plus lourd...On voit aussi des oiseaux
chanteurs (mainates...) en cage auxquels leurs propriétaires font prendre
l'air.
A l'est de la ville, se dresse un curieux rocher de grès, "la
Pierre du Battoir à Linge" (pour ma part, il me ferait plutôt
penser à un cobra dressé). Haut de quelques 60 mètres, il
domine une terrasse naturelle au sommet d'une colline à l'est de la ville.
Petit-déjeuner.
CHENGDE : ville de 300 000 habitants que curieusement le guide du Petit Futé ignore totalement (édition 2008-09), ville jumelée avec Versailles, notre grande ville palatiale...
Fiche
Chengde
et
sur mon blog favori...
Dans une région montagneuse, cette petite ville, anciennement
Jehol, à 250 km au nord-est de Pékin et à 60 km
au-delà de la Grande Muraille, avait coutume d'accueillir les empereurs
Qing, d'origine mandchoue, qui fuyaient la
chaleur étouffante de la capitale durant l'été et à
mi-chemin de leur réserve de chasse dans leur "pays natal" (la
Mandchourie).
Malgré les dégradations subies lors de la
Révolution Culturelle, la cité est inscrite au Patrimoine Mondial
de l'UNESCO depuis 1994 .
Bishu
Shanzhuang ("Hameau de la Montagne pour fuir les Chaleurs estivales"),
c'est la résidence d'été des empereurs mandchous aménagée
dans un parc de 564 hectares, entourée de murailles, où sont gracieusement
agencés pavillons, kiosques, ponts en zigzag (pour égarer les mauvais
esprits qui ne savent se déplacer qu'en ligne droite).
Les travaux
s'étalèrent sur près d'un siècle, de 1703 à
1792.
Palais
d'Eté qui égale presque les fastes du Palais Impérial
de Pékin bien que dépouillé de la pourpre et des ors pékinois.
Avant d'y pénétrer, nous sommes accueillis par une troupe de comédiens donnant un spectacle évoquant des évènements historiques de la cour impériale. L'Empereur, l'Impératrice, les courtisans, mandarins et soldats assistent à un spectacle de danse lascives exécutées par des danseuses dont le bas du visage est caché par un voile noir en pointe (sorte de niqab). Ce spectacle était sans doute offert à l'empereur par un ambassadeur de quelque pays moghol ou persan. Outre leurs vêtements rouges et or, elles sont coiffées d'un panache à trois plumeaux écarlates.
CHENGDE - Palais
d'été
Pendant ses séjours estivaux au Palais d'Eté de Chengde, l'empereur
y recevait les ambassadeurs.
On y retrouve les animaux symboliques habituels:
lions et lionnes gardant l'entrée des palais. On peut aussi y voir des
"tambours de pierre" en forme de petits fûts, hauts comme des
sièges, portant des inscriptions dans une très ancienne écriture
chinoise encore largement figurative (une homme y est représenté
tel un bonhomme dessiné par un petit enfant). Les vitrages aux fenêtres
sont des compromis à la modernité car lorsque ces palais étaient
en usage, les ouvertures étaient éclairées à travers
du papier huilé (papier de riz ou de bambou) que l'on renouvelait chaque
année.
Les aménagements en sont sobres et les salles sont
utilisées en musées: tableau synoptique de la dynastie Qing
(depuis ses prémices dès 1616), porcelaines ming
"blanc et bleu" et "famille rose" (polychrome),
céladon (porcelaine de couleur vert olive ou bleu gris d'époque
Song, du Xe s.), horloges offertes
en cadeaux par les souverains d'Occident, tankas tibétains...
Les
tankas sur coton très fin (plus rarement sur soie) sont enduit dun
mélange de chaux et de colle animale puis polis à la conque avant
d'être peints avec des pigments dorigine minérale (dont l'or)
donc inaltérables (parfois on utilise aussi des pigments végétaux).
Ils servaient à la fois de support à la prière, au rituel
et à la méditation afin de permettre au pratiquant de visualiser
les déités paisibles ou terribles auxquelles il sidentifiera
pour se libérer de son attachement au monde. La Roue de la Vie expliquant
lenchaînement du cercle des existences et symbolisant les différentes
étapes quil faut franchir avant datteindre la divinité
qui réside en leur centre et se fondre en elle en est souvent le thème.
Ce sont aussi des objets artistiques de grand prix: 3000€ pour une pièce
de 70x40 cm.
Rien à voir avec les éphémères
tankas de sable coloré que dessinent patiemment les lamas tibétains...
CHENGDE -
Palais d'été
Les surveillants, ici comme nous le verrons partout ailleurs dans ce pays, sont particulièrement lymphatiques et guère plus efficaces que les statues des gardiens de temple! Peu motivés par le travail, ils mangent, lisent, sont avachis voire dorment carrément à leur poste. Nos gardiens et employés de grands musées (Louvres, Versailles), même s'ils ne sont pas des bourreaux de travail ont cependant un peu plus de tenue.
Parc
Impérial, autour de ce palais. Monument historique classé depuis
1961, il figure au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis
1994.
Ce parc de 564 hectares et ceint d'un mur de 25 km de long, met
en scène des répliques de 72 sites célèbres de Chine.
C'est une anthologie miniature faite de répliques des sites et paysages
les plus enchanteurs de Chine due aux empereurs Kangxi et Qianlong (petit-fils).
CHENGDE - Parc
Impérial
C'est
un émerveillement de s'y promener en ce printemps qui voit éclore
les fleurs roses doubles des pêchers. On y croise des sortes de cerfs apprivoisés
de petite taille mais à l'air un peu galeux.
Les plans d'eau et les
îles paysagères se succèdent, reliées par des ponts
à arche en demi-lune ou en zigzag. Des jeunes dessinateurs s'exercent à
les reproduire. Au nord du parc, se dresse une pagode non visitable à 9
étages (le nombre d'étages des pagodes est toujours impair et à
une valeur symbolique). Un système de noria était probablement utilisé
pout remonter l'eau dans les parties supérieures du site.
La promenade dans le parc est aussi l'occasion de découvrir les culottes fendues dont sont équipés les jeunes enfants. Limitation de la pollution par les déchets textiles mais nuisances assurées par d'autres déchets!
CHENGDE - Parc
Impérial
Visite
d'une boutique de papier découpé ("paper cut").
Le magasin présente la production des élèves de l'académie
dirigée par Mme Shijunfeng, grande artiste dans cet art du découpage
aux ciseaux. D'origine mandchoue (district de Fengning, dans la province du Hebei),
elle a exposé dans de nombreux pays (notamment à Paris en 1992 et
en 1996), elle est lauréate de nombreux prix et elle a été
nommée "Grand Maître des Beaux-Arts" par l'UNESCO
en 1995 et ses oeuvres
ont rang de "patrimoine national de la Chine".
Les découpages
exposés présentent des motifs géométriques, des sortes
d'arabesques, des calligraphies et des paysages d'estampes classiques. Nous avons
droit à une petite démonstration de création d'un papillon
par la responsable du magasin.
A ce propos, signalons que l'on voit encore
des découpages sur papier rouge qui ont été apposés
sur les maisons lors des festivités du Nouvel An, il y a deux mois (sans
doute s'agit-t-il de motifs bon marché car il doit être facile d'industrialiser
le découpage avec des machines à emporte-pièce).
Au palais et au parc, les empereurs ajoutèrent bientôt, à
partir de 1713, une douzaine de temples dédiés au bouddhisme
lamaïque dont sept subsistent ("amour universel","bonté
universelle", "joie universelle", "paix lointaine"...)
de styles tibétains et mongols. Les raisons de cette anthologie sont d'ordre
plus politique que religieux. En effet, le but était d'impressionner et
de séduire les émissaires des provinces où vivaient les minorités
nationales.
Sur les 40 temples bouddhistes majeurs extérieurs à
Pékin, 8 furent édifiés à Chengde mais seuls 7 subsistent.
S'y ajoutent 2 temples secondaires sur les 4 qui existaient ici au XVIIIe s.
Découverte des deux plus importants temples extérieurs.
Puningsi, temple de la Paix Universelle*** ou "temple du grand Bouddha" construit en 1755 selon le style tibétain (réplique du sanctuaire Samyê au Tibet) pour célébrer le rattachement de la Mongolie (extérieure) à la Chine.
CHENGDE
- Temple Puning Si
Après
la traversée des deux premières cours de style chinois, on arrive
au temple Dasshengge sur une terrasse de 9 mètres de haut. Ce bâtiment
à faux étage abrite l'imposante statue de 22 mètres de haut
(dans un édifice de 28 m de haut) du bodhisattva "Guanyin
aux mille bras et mille yeux".
En réalité, elle (je
dis elle car c'est une des rares "divinités" féminines
dans la tradition bouddhiste), elle possède 44 bras 48 yeux (les 2 habituels,
1 sur le front, 1 sur le ventre et 1 dans la paume de chaque main!). Merci de
vérifier. On se perd bien avant mille!
Cette statue en bois, la
plus grande du monde, pèse plus de 120 tonnes! Creuse, elle est faite d'un
assemblage de 120 m3 de 6 variétés
de bois précieux laqués set dorés, reposant sur une armature.
Récemment un traitement contre les parasites lui a été administré
de l'intérieur.
Autre illustration de son gigantisme, à l'intérieur
de la couronne dont son crâne est orné, une table de 12 convives
pourrait y tenir. En fait pour bien apprécier les traits de cette statue,
il faudrait accéder à l'étage du pavillon.
La salle
où est présentée cette statue est divisée en deux
parties. Le plafond de l'avant-salle masque tout le haut de la statue et il faut
humblement se placer à ses pieds pour la découvrir dans toute sa
grandeur... Dans ces conditions, l'interdiction de photographier, non respectée
par beaucoup, n'est guère utile car le sujet est imprenable dans son gigantisme
surtout que la conception du lieu, voulue pour une toute autre raison comme je
viens de l'indiquer, empêche tout recul.
Déesse
bouddhique de la compassion tenue pour la plus populaire de Chine, Guanyin a été
très tôt féminisée sous linfluence du taoïsme,
qui vénérait (semble-t-il depuis lépoque des Han) la
déesse-mère. Elle est aussi surnommée "la donneuse denfants"
et est l'objet de dévotion de la part des femmes qui désirent un
enfant.
On voit en cours de visite quelques moines d'opérette
dont on aperçoit les escarpins très urbains dépassant sous
la robe (en prinicipe, il ya une cérémonie matinale, de 8h à
9h). Ce sont, semble-t-il, des salariés du gouvernement... Ils ne semblent
pas mettre plus de conviction dans leur "vocation" que les surveillants
dont il est possible de tromper la vigilance pour voler quelques photos ...par
ailleurs difficiles à prendre!
Nous
passons près d'un autre temple voisin, le Temple du Bonheur et de la Longévité
au Mont Sumeru, avant de nous arrêter pour visiter le suivant.
Temple
Putuo zongcheng miao ("de la doctrine de Potaraka") à
l'aspect de fort, semblable au Potala de Lhassa. Situé dans un site de
22 hectares, c'est le plus grand et le plus somptueux des monastères extérieurs,
avec ses façades blanches et rouges. Il fut construit par les empereurs
Kangxi et Qianlong entre 1767 et 1771 sur le modèle du Potala, afin d'honorer
leurs hôtes tibétains, mongols et kazakhs.
Il est classé
au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1994 .
CHENGDE - Temple
Putuo zongcheng miao
La
visite se mérite car les bâtiments sont construits à flanc
de colline, accompagnés de force chortens (nom tibétain des
stupas ou dagobas). Des musiciens au curieux costume se prélassent au soleil
devant un temple attendant une offrande musicale par un pèlerin...
La
masse imposante de l'édifice principal barre l'horizon mais une partie
de la construction n'est qu'un trompe-l'oeil puisque sur les 10 niveaux (hors
les pavillons-pagodes qui le surmontent) seuls les 3 derniers sont vrais. Donc
beaucoup d'escaliers raides pour accéder à cette partie. L'entretien
laisse un peu à désirer dans les salles donnant sur la façade
(beaucoup de poussière) et éclairées sans vue directe (pour
éviter les distractions). Contraste avec le toit aux tuiles de bronze recouvertes
d'or (les tuiles les plus basses furent grattées lors de deux guerres mondiales
du XXe s.) du pavillon central dit du Pavillon d'Or, tout à fait chinois,
dissimulé dernière le décor tibétain et que l'on découvre
de la terrasse.
De la toiture-terrasse, on a aussi une vue sur l'enceinte du
parc impérial qui grimpe les collines telle "une petite muraille de
Chine".
CHENGDE
- Temple Putuo zongsheng miao
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Déjeuner à Chengde dans un restaurant traditionnel dit "de
spécialités locales" mais en fait installé au bas d'un
immeuble tour moderne: salade aux amandes d'abricot (saveur kirschée),
6 variétés de baozi ou raviolis chinois (végétarien
et farces mêlées de légumes et de porc ou de mouton) cuits
dans l'eau (et non à la vapeur comme c'est le plus souvent le cas).
Se
reporter à la page sur Pékin pour plus de détails à
la fois sur les baozi (raviolis chinois) et les jiaozi (pains chinois).
Des
poissons, crustacés, tortue d'eau et autre bestiaux vivants sont présentés
dans des bacs ou des aquariums. En attendant qu'un convive jette son dévolu
sur lui, un énorme crapaud d'eau se livre à toutes sortes d'acrobaties
au fond de l'un d'eux, parmi poissons et tortue, et sans remonter prendre l'air
à la surface. On en verra d'autres de son espèce sur un marché
de Suzhou, en fin de circuit.
Repas
à CHENGDE
Longue route de retour à Pékin:
250 km en 4 H 30 dont 1 H 30 dans les embouteillages
des faubourgs nord de la capitale. Cela permet une nouvelle fois de prendre la
mesure du développement de la ville: immeubles de bureaux des quartiers
d'affaires, immeubles résidentiels (trop denses) se terminant en attique
avec des sortes de pavillons posés sur leur terrasse à moins que
ce soit avec une antenne plus en moins en forme de Tour Eiffel.
Dîner à Pékin.
Seconde (et dernière) nuit à Pékin au Rainbow Hotel*** mais cette fois plus de chambres aussi spacieuses que le premier jour et, évidemment, plus de jolis bouquets.
De retour de Chengde, on aurait pu envisager un spectacle d'Opéra de Pékin (et non à l'Opéra) mais nous en aurons un petit aperçu plus tard à ...Shanghai!
CHINE