Passez la souris sur la carte... CHENGDE
La GRANDE MURAILLE (1),
CHENGDE
(2).
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LA GRANDE MURAILLE...

Jinshanling, la "Colline du Mont d'Or", dans un paysage grandiose, c'est la plus sauvage, la plus belle et authentique section de la Grande Muraille ("chang cheng", en fait il faudrait dire "Longue Muraille" ou "Mur des dix mille Li" (ce qui correspondrait à 5760 km.
Les murs crénelés de cet ouvrage défensif serpentent sur les crêtes des montagnes, défiant les ennemis, hommes et temps, depuis plus de deux millénaires.

Jusqu'à ces dernières années, on considérait qu'elle s'étendait sur quelque 6700 km (ou 5000 ou 7000 ???) kilomètres
, de la Passe de Jiayuguan à l'ouest jusqu'à la Passe de Shanhaiguan sur le Golfe de Bohai.  En 2008, on estimait sa longueur totale à 8500 km (notez qu'en 2012, ce chiffre a été multiplié par 2,5 puisque la longueur de tous les tronçons désormais répertoriés atteint 21000 km) !

Evidemment un tel édifice qui, il fait le signaler,  n'a pas connu de restauration majeure depuis 400 ans, est classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987 .

Malgré le gigantisme de l'ouvrage, c'est à tort que s'est répandue l'opinion selon laquelle la Grande Muraille serait visible de la Lune (l'épaisseur de l'ouvrage est insuffisante).

Les parties les plus anciennes furent édifiées dès les VIII-Ve s. av. J-C. Mais son véritable développement fut à l'initiative du premier empereur Qin Shihuang Di, au IIIe s. av. J - C, qui y affecta des centaines de milliers de travailleurs (certains parlent de millions) afin de se protéger des Huns et aussi mettre à l'abri le précieux commerce de la Route de la Soie. Bien plus tard, elle retint pendant deux ans Gengis Khan dans ses steppes mongoles avec qu'il se décide à la franchir...

Sous les Ming, afin de se protéger à nouveau des Mongols qui en 1500 ont fait déferler 100 000 cavaliers sur Pékin, l'officier Qi Jiguang établit un plan de défense. A partir de 1567, le mur de terre fut renforcé et recouvert de brique. Sa hauteur moyenne varie entre 5 et 17 mètres (ou de  3 à 8 selon d'autres sources !) et sa largeur de 5 à 7 mètres (ou de 4 à 5 selon d'autres). Les tours de guet en bois furent remplacées par  1200 tours imposantes de 12 mètres de haut en maçonnerie (de ces tours on envoyait des signaux de fumée) qui la jalonnent tous les 180 mètres.

Le plus imposant édifice jamais construit a pourtant été peu efficace et même inutile pour finir, lorsque la Chine des Ming divisée dû faire face à la menace des Mandchous. En 1644, le Général Wu Sangui, en charge de la protection militaire du pays, refuse le combat et ouvre les portes de la muraille à l'ennemi, la porte de Shanhai surnommée pour cela "porte du traître". En guise de récompense, il connut un exil doré dans un  fief du Yunnan.
La dynastie Qing qui sera la dernière dynastie impériale (1644-1912).

Le monument est remarquable en ce qu'il traverse et le temps (plus de 2000 ans) et l'immense espace chinois (sans toutefois être visible de la Lune comme on l'entend souvent dire car sa largeur est insuffisante).



CHENGDE

Dans cette région montagneuse, cette petite ville, anciennement Jehol, à 250 km au nord-est de Pékin et à 60 km au-delà de la Grande Muraille, avait coutume d'accueillir les empereurs Qing, d'origine mandchoue, qui fuyaient la chaleur étouffante de la capitale durant l'été et à mi-chemin de leur réserve de chasse dans leur "pays natal" (la Mandchourie).

Cette cité impériale vit le jour à partir du XVIIIe s. là où, à l'origine, il n'y avait qu'une simple bourgade. Ce Palais de la Montagne de la Chaleur Apaisée fut bâti en 1703 à la demande de l'empereur Kangxi qui voulait avoir ici un palais d'été. Il fut achevé en 1792.
Destiné aussi à accueillir les envoyés des minorités, il fut embelli par des temples à l'architecture tibétaine et mongole dont l'impressionnante réplique miniature du Potala de Lhassa où séjournaient les lamas.
Cet ensemble de palais, temples et jardins s'intègre subtilement au paysage de lacs, pâturages et forêts.


Malgré les dégradations subies lors de la Révolution Culturelle, la cité est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1994
.

 

Après une nuit pas trop agitée, nous attaquons notre deuxième jour en Chine en ayant changé de chauffeur et surtout de minibus après les petits dégâts subis la veille au soir.

Départ pour Chengde, ancienne résidence d'été de la cour impériale située à 255 km de Pékin, avec une étape intermédiaire, la Grande Muraille.

Coût en individuel avec guide sur deux jours (avec hébergement): 130€ par personne.

Pour quitter Pékin, nous passons près de la bulle de l'Opéra de Pékin, de la Cité Interdite, de la Tour de la Cloche puis près du Parc des Ethnies minoritaires et de la Cité Olympique.
Au niveau du 4ème périphérique, nous passons près du stade dit "le Nid d'oiseau" (et parfois de rossignol) est dû aux architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron (110 000 tonnes d'acier) et du " Cube d'eau" de la piscine (architecture par le cabinet PTW) avec les 3000 bulles ou coussins d'air formant toiture et façades.
Près de là se trouvent les résidences destinées aux athlètes.

 

 
 
En quittant PEKIN - Opéra, Parc des ethnies et Cité Olympique

En dehors de ces équipements, une architecture et un urbanisme modernes percent çà et là, hésitant entre gigantisme et perfection telle la tour en arche déformée (vague forme de pince à linge) de la télévision (CCTV) en cours d'achèvement (l'agence OMA en est la conceptrice). Citons encore le nouvel aéroport international dû à Norman Foster qui sera mis en service pour les JO.

Les grands axes sont ornés d'énormes panneaux publicitaires (moins grands qu'au Vietnam ou qu'en Inde mais plus nombreux). Il est force de constater que les numéros de téléphone qui y sont associés ne comportent presque jamais le chiffre "4" car en mandarin, la prononciation de ce chiffre "si" est homophone de "mort". Ce chiffre tabou ne disparaîtra que dans le sud du pays car dans les langues du rameau cantonais cette homophonie n'existe pas.

Avant de quitter la ville, nous visitons la fabrique de cloisonné "Industrial Art Factory" dans les faubourgs nord (Changping) de Pékin.
Cette technique s'est développée sous le dynastie des Ming (empereur Chingtai) et était alors associée aux émaux bleus. Dans le procédé du cloisonné artisanal, de fines bandes métalliques (cuivre) sont posées de chant (dans le sens de la longueur et sur la face la plus petite) sur la surface du métal, ménageant des cloisons entre les différentes couleurs. Elles sont fixées sur la paroi par une colle (ce pourrait aussi être une soudure) ou par l’émail lui-même. La technique du cloisonné pratiquée ici utilise comme support le cuivre (le laiton, le bronze, l’argent et même l’or peuvent également être utilisés comme supports). Le côté artisanal est parfaitement visible en observant les petites variations dans les contours des motifs. Les séparations sont remplies d’émail pulvérisé qui est ensuite chauffé. Tout comme pour la céramique, les émaux sont appliqués en plusieurs fois et, selon la nature du pigment, subissent des cuissons à des températures de moins en moins élevées. La couleur du pigment change entre son état avant et après cuisson.

  
PEKIN - artisanat de cloisonné à l'Industrial Art Factory

Les différents émaux une fois cuits, l’ensemble est poli en plusieurs phases afin d’obtenir une surface uniformément lisse et, pour finir, les filets des cloisons sont recouverts d'un plaquage d'or dont la technique ne nous est pas été révélée...
Des diversifications ont été entreprises par exemple pour produire de petits tableaux cloisonnés colorés avec des pigments mats (évidement il ne s'agit pas d'émaux cuits).
Attention à ne pas confondre les VRAIS cloisonnés et les FAUX. Dans ces derniers, fabriqués industriellement en série, les cloisons sont moulées en même temps que le support et il n'y a pas de polissage (il suffit de passer le doigt à la surface pour se rendre compte du relief).


A propos de l'économie chinoise...

Sur 1,4 milliard de Chinois, il y aurait 300 millions de riches appartenant à la classe moyenne et à la nouvelle bourgeoisie d’affaires et on compterait 8% de très riches soit 120 millions.

Les salariés travaillent 5 jours par semaine et de 8 à 10 heures par jour, parfois jusqu’à 12 heures, et ils ont souvent un second métier le week-end. Les salariés Chinois prennent des vacances depuis 1998. La retraite est prise dès 55 ans par les femmes et 5 années plus tard par les hommes.
On compterait 12 millions de fonctionnaires dont 5 millions de militaires


Mais la grande majorité des Chinois sont des ruraux (les 2/3, 80% selon d'autres en incluant les paysans "sans terre") mais ils ne contribuent que très marginalement à la richesse du pays (15%).

La Chine est entrée de plain-pied depuis quelques années dans la mondialisation et est rapidement devenue un géant économique, "l'usine du monde".
Selon les modes de calculs du PIB global, la Chine se placerait au 4éme rang mondial, voire au 2nd (derrière les USA)! Mais le PIB par habitant est ici de $2400 (contre $1000 en Inde).
Avec régulièrement des taux de croissance à deux chiffres reposant sur une main d'oeuvre à très bas coût ("exploitée" dans des conditions dignes de la Révolution Industrielle du XIXe s. en Occident, avec un salaire mensuel ouvrier de 30 à 80€, à raison de 12 heures de travail quotidien et souvent 7/7 jours)... Malgré la crise actuelle, la Chine va avoir une croissance de 10% (alors que l'Inde va descendre à 7%).


Le taux de chômage serait de 10% en moyenne mais davantage chez les jeunes ce qui en conduit certains vers diverses formes de délinquance (vol, drogue).
Evidemment, il y a un énorme chômage caché lié à un fonctionnariat parfois autant pléthorique qu'inefficace mais aussi aux petits emplois privés comme c'est le cas dans beaucoup de pays pauvres (et même au Japon!)...

Nous emprunterons successivement une autoroute encore inachevée puis une nationale. Ces divers types d'axes sont à péage où les conducteurs paient en passant par trois sur chaque file afin d'accélérer le débit. Nous croyons rêver en apercevant une limousine noire franchissant un pont au-dessus de l'autoroute.

 
 
Les embarraos de la circulatio en quittant Pékin pour Chengde

En revanche, plus avant, sur les tronçons en travaux, un tout autre spectacle. En effet, nous apercevons de nombreuses femmes terrassières-cantonnières (comme nous en avons vues en Inde du sud ou au Sri Lanka).

Des plantations de peupliers longent le trajet et nous constatons qu'en progressant vers le nord, l'éclosion des bourgeons débute seulement. Les crêtes des collines sont couvertes de cyprès tandis que les vallons sont égaillés par les buissons aux fleurs blanches et roses des abricotiers, pêchers et pruniers.
Marc nous parle des échecs des travaux de reboisement effectués avec le concours des scolaires (pour résumer: "un premier noyau d'abricotier mis dans un trou bien creusé, puis 4 noyaux dans le trou suivant plus sommaire, puis les autres noyaux jetés à la volée à même le sol...").

De grandes zones maraîchères sont implantées dans la région avec des serres et tunnels plastiques adossés à des murs de terre protégeant le côté ombré et exposé au vent froid. On peut également apercevoir des bâtiments d'élevage.
La région devient de plus en plus montagneuse et la sècheresse (attente des pluies d'été) est accentuée par le vent fréquent au printemps. Chaque espace fertile du fond des vallons est mis en valeur grâce à des terrasses.
Un grand lac artificiel Miyun Shuiku a perdu la moitié de sa surface compte tenu de la sécheresse et les rivières sont à sec.

A deux reprises,
nous surprenons des scènes d'un autre âge, qui nous plongent dans le Moyen Age, autrement dit la misère paysanne. En effet, on a la surprise de voir des "femmes de trait" (!) tirant l'araire avec une longue sangle passant sur leur front tandis que leur mari tient les deux bras à l'arrière de l'instrument. Bien sûr, pour autant que l'on a pu s'en rendre compte depuis le minibus qui roulait alors à bonne allure, il ne s'agissait pas d'un gros labour. Dans la terre sèche et préalablement ameublie (grâce à la traction animale certainement) avant l'hiver, le travail consistait sans doute à tracer des sillons en vue de semis...
Hélas pas de photos mais des souvenirs forts dans nos têtes...
On peut aussi voir des petits hameaux d'allure misérable, aux maisons basses de brique brune, serrées les unes contre les autres, et disposant à proximité de grands tas de fagots.

Dans l'autre sens, venant de la province de l'Hebei, on voit des processions de petits camions remplis de vaches et des norias de gros camions transportant des fers à béton... Tout cela pour satisfaire le développement de Pékin...

Des nouveaux riches ont construit quelque part des "folies". Ici un château s'inspirant de nos châteaux de la Loire à moins que ce soit de ceux de Louis II de Bavière, le roi fou. Et là, pour compléter la démonstration de pastiches, on peut encore admirer de monumentales colonnades grecques ou un énorme fût qui fait penser à notre vignoble bordelais...

 
 
Sur le trajet entre Pékin et Chengde

Plus passionnant, au niveau de la passe de Gubei kou, nous apercevons des éléments de la Grande Muraille partant en direction de l'ouest....


La Grande Muraille à JINSHANGLING :

Fiche Grande Muraille
et sur mon blog favori...

A près de 200 kilomètres de Pékin et en chemin vers Chengde, visite d'un tronçon méconnu de la Grande Muraille, en fait il faudrait dire "Longue Muraille" (chang cheng) ou  "Mur des dix mille  Li", ce qui correspondrait à 5760 km.


S'étendant sur 2000 km à vol d'oiseau d'ouest en est, parfois dédoublée et même triplée, la muraille sinue au fil des crêtes du Désert de Gobi jusqu'à la Mer Jaune. Dépliée, elle parcourt quelque 6000 kilomètres (6700 km ou disons entre 5000 et 7000 en incluant des zones de tranchées défensives) , ses murs crénelés de 5 à 7
(ou de 4 à 5 ???) mètres de largeur  et de 5 à 17 mètres (ou de 5 à 8???) de hauteur serpentent sur les crêtes des montagnes, défiant les ennemis, le temps et les hommes qui venaient du nord, depuis plus de deux millénaires. Le monument est remarquable en ce qu'il traverse et le temps et l'immense espace chinois.
Malgré le gigantisme de l'ouvrage, allant de la Passe de Shanhaiguan, sur le Golfe de Bohai à l'est, jusqu'à la Passe de Jiayuguan à l'ouest, c'est à tort que s'est répandue l'opinion selon laquelle la Grande Muraille serait visible de la Lune (l'épaisseur de l'ouvrage, moins de 10 mètres,  est bien insuffisante).

LES 7 NOUVELLES MERVEILLES DU MONDE...

Le 7 juillet 2007, The New7Wonders Foundation a officiellement dévoilé la liste des 7 nouvelles Merveilles du Monde, désignées à la suite d'un vote massif sur internet parmi 21 propositions (en rouge, les sites non encore visités à ce jour)..

  • La grande Muraille de Chine
  • La cité de Petra en Jordanie
  • La statue du Christ Rédempteur au Brésil
  • Les ruines du mont Machu Picchu au Pérou
  • La cité maya Chichén Itzá au Mexique
  • Le Colisée de Rome
  • La Taj Mahal en Inde.

    En ROUGE: sites non encore visités...

...ET LES 7 MERVEILLES DU MONDE ANTIQUE

  • La pyramide de Khéops de Memphis (Gizeh ou Gizâ), en Égypte
  • Les jardins suspendus de Babylone, en Mésopotamie (Irak)
  • Le temple d'Artémis à Éphèse, appelé aussi l'Artémision, en Ionie, Asie Mineure (Turquie)
  • La statue de Zeus en majesté dans son temple d' Olympie, en Élide (Grèce)
  • Le tombeau de Mausole (le Mausolée), à Halicarnasse, en Carie, Asie Mineure (Turquie)
  • La statue de bronze d'Hélios, dite le Colosse de Rhodes en Grèce
  • La tour-fanal de Pharos, dite le Phare d'Alexandrie en Égypte.

Evidemment un tel édifice est classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987. On dit que c'est "la première des sept nouvelles merveilles du monde" ...ou la huitième!

Jinshanling, la "Colline du Mont d'Or", offre un paysage grandiose. Contrairement au site de Badaling archiconnu et surfréquenté, c'est paraît-t-il la plus sauvage, la plus belle et la plus authentique section de la Grande Muraille, n'ayant pas connu de restauration majeure depuis 400 ans (ce qui n'était pas le cas d'un autre secteur, celui de la Passe de Juyongguan, escarpé, jusqu'à sa récente restauration, avec sa "Terrasse des Nuages").


Le pique-nique prévu sur le site est remplacé par un bon repas (sorte de beignet fourré aux légumes, courge au jus d'orange, salade de fougère et de poulet) pris dans la cour d'une auberge, à l'entrée du chemin bétonné aménagé pour grimper sur la colline...
Un groupe de Français motivés se restaurent copieusement avant de s'engager dans le trek qui va leur faire parcourir la Grande Muraille de Jinshanling à Simatai soit 9 km (ou 12?) et 3 heures (ou 4?) de marche (hors pauses) sur l'échine parfois en mauvais état d'un dragon...


Jinshanling, "la Colline du Mont d'Or" est un site de la Grande Muraille peu fréquenté mais c'est l'une des parcelles les plus authentiques au cœur d'un paysage sauvage. Le rempart percé de meurtrières tournées vers le nord affiche son rôle défensif.

La ligne de muraille sinue sur les crêtes telle l'échine d'un dragon qui se moque des obstacles, passant par cols et pics, franchissant les rivières et se perdant à l'horizon parmi les sommets de pics encore enneigés. En réalité, dans certains endroits, elle est formée de plusieurs lignes défensives plus ou moins parallèles. De plus, elle est constituée de matériaux hétéroclites assemblés au fil du temps: terre qui en constituait l'origine, protégée et complétée avec de la pierre, de la brique et du bois.

De certaines sections très touristiques plus à l'ouest (Badaling), par très beau temps, la vue porterait jusqu'à Pékin (80 km)...

   
La GRANDE MURAILLE à Jinshangling

Les parties les plus anciennes furent édifiées dès les VIII-Ve s. av. J-C. Mais son véritable développement fut à l'initiative du premier empereur Qin Shihuang Di, au IIIe s. av. J - C (en 221), qui y affecta des centaines de milliers de travailleurs, certains parlent de millions. La Grande Muraille a la réputation d'être le plus grand cimetière du monde car environ 10 millions d'ouvriers sont morts pendant les travaux et ont été enterrés aux environs de la muraille.
Il s'agissait de se protéger des Huns et aussi mettre à l'abri le précieux commerce de la Route de la Soie (sous son règne, il employa également de un demi à un autre million de travailleurs sur le site de son mausolée et de son armée de terre cuite de Xi'An, à un millier de kilomètres d'ici, site que nous découvrions un jour prochain). Les dynasties suivantes poursuivirent ce genre de défenses. Il reste peu de chose de ces anciennes fortifications qui furent souvent laissées à l'abandon.
D'ailleurs, bien plus tard, la Grande Muraille ne retint Gengis Khan dans ses steppes mongoles que pendant deux ans avant qu'il se décide à la franchir...

Le secteur de Jinshan Ling (11 km) était un point stratégique pour la défense de Pékin. Il fut fortifié à plusieurs reprises: au VIe s. sous les Qi du nord, aux Xe-XIe s. sous les Song du nord et aux XIIe-XIIIe s. sous les Jin du nord avant d'être restaurée au XVI-XVIIe s. par les Ming.

  

La GRANDE MURAILLE à Jinshangling

Sous les Ming, afin de se protéger à nouveau de leurs "cousins" Mongols, le mur de terre fut renforcé et recouvert de briques et la muraille prit son aspect actuel avec son chemin de ronde en pavés de terre cuite.
Sa hauteur varie de  3 à 8 mètres (6 à 7 m selon d'autres sources) pour une largeur de 4 à 5 m. Les tours de guet en bois furent remplacées par d'imposantes tours en maçonnerie qui la jalonnent tous les 200 mètres. De ces tours, on communiquait par un système de télégraphie rudimentaire utilisant des drapeaux et des signaux de fumée selon le code suivant:
1 signal=100 assaillants, 2 signaux=500 assaillants, 3 signaux=1 000 assaillants, 4 signaux=5 000 assaillants et 5 signaux=10 000 assaillants ou plus.
A cela, s'ajoutaient de signaux sonores avec tambours et gongs...On dit que Gengis Khan, lors de ses visées sur la Chine au XIIIe s., essaya de soudouyer le veilleurs chargés de ces signaux.

Au total, la construction de la Grande Muraille est évaluée à 700 millions de journées de labeur!

Modestement nous allons passer de plus de deux heures sur la muraille et parcourir 3 ou 4 kilomètres, en prenant notre temps. Même si le vent est toujours soutenu, il fait grand beau temps. Ce qui gâche un peu le plaisir, c'est une petite troupe de vendeurs (parmi lesquels une vieille femme) de livres-souvenirs et de cartes postales, vendeurs particulièrement collants et qui vont nous tenir compagnie tout le long du chemin.

  
La GRANDE MURAILLE à Jinshangling

Reprise de la route jusqu'à Chengde distante de moins de 100 km. Nous avons la surprise de voir une moto-rickshaw transportant un énorme cochon (sans doute un mâle de 400 kg!).
A l'approche de la ville, nous devons nous insérer dans une noria de camions chargés de matériaux de construction (sable, ciment, blocs de béton) allant dans notre direction. Pas surprenant, car dès l'arrivée dans la ville de Chenge par le sud, on constate qu'elle est en plein développement (grands immeubles). Cependant une partie intermédiaire plus ancienne située avant le quartier des sites touristiques ne respire pas la richesse (voirie défoncée, échoppes lépreuses, bicyclettes et vélos-rickshaws séculaires) et les grosses berlines récentes se font rares.
La partie touristique quant à elle est en plein aménagement avec des restaurants luxueux pastichant les éléments de décor traditionnel: énormes lions et mandarins de bronze (? plutôt de résine)... dans les petits jardins installés devant leur entrée.

Dîner à l'hôtel.
Nuit à l'hôtel.


 

Petite promenade matinale aux abords du palais et du parc. C'est l'heure où les espaces verts sont occupés par les adeptes du tai-chi et par les pratiquants d'un sport qui s'apparente au badminton si ce n'est qu'en guise de raquette, on utilise ses pieds et que le volant est plus lourd...On voit aussi des oiseaux chanteurs (mainates...) en cage auxquels leurs propriétaires font prendre l'air.
A l'est de la ville, se dresse un curieux rocher de grès, "la Pierre du Battoir à Linge" (pour ma part, il me ferait plutôt penser à un cobra dressé). Haut de quelques 60 mètres, il domine une terrasse naturelle au sommet d'une colline à l'est de la ville.

Petit-déjeuner.

 

CHENGDE : ville de 300 000 habitants que curieusement le guide du Petit Futé ignore totalement (édition 2008-09), ville jumelée avec Versailles, notre grande ville palatiale...

Fiche Chengde
et sur mon blog favori...

Dans une région montagneuse, cette petite ville, anciennement Jehol, à 250 km au nord-est de Pékin et à 60 km au-delà de la Grande Muraille, avait coutume d'accueillir les empereurs Qing, d'origine mandchoue, qui fuyaient la chaleur étouffante de la capitale durant l'été et à mi-chemin de leur réserve de chasse dans leur "pays natal" (la Mandchourie).

Malgré les dégradations subies lors de la Révolution Culturelle, la cité est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1994
.


B
ishu Shanzhuang ("Hameau de la Montagne pour fuir les Chaleurs estivales"), c'est la résidence d'été des empereurs mandchous aménagée dans un parc de 564 hectares, entourée de murailles, où sont gracieusement agencés pavillons, kiosques, ponts en zigzag (pour égarer les mauvais esprits qui ne savent se déplacer qu'en ligne droite).
Les travaux s'étalèrent sur près d'un siècle, de 1703 à 1792.


Palais d'Eté qui égale presque les fastes du Palais Impérial de Pékin bien que dépouillé de la pourpre et des ors pékinois.

Avant d'y pénétrer, nous sommes accueillis par une troupe de comédiens donnant un spectacle évoquant des évènements historiques de la cour impériale. L'Empereur, l'Impératrice, les courtisans, mandarins et soldats assistent à un spectacle de danse lascives exécutées par des danseuses dont le bas du visage est caché par un voile noir en pointe (sorte de niqab). Ce spectacle était sans doute offert à l'empereur par un ambassadeur de quelque pays moghol ou persan. Outre leurs vêtements rouges et or, elles sont coiffées d'un panache à trois plumeaux écarlates.

  
CHENGDE - Palais d'été

Pendant ses séjours estivaux au Palais d'Eté de Chengde, l'empereur y recevait les ambassadeurs.

On y retrouve les animaux symboliques habituels: lions et lionnes gardant l'entrée des palais. On peut aussi y voir des "tambours de pierre" en forme de petits fûts, hauts comme des sièges, portant des inscriptions dans une très ancienne écriture chinoise encore largement figurative (une homme y est représenté tel un bonhomme dessiné par un petit enfant). Les vitrages aux fenêtres sont des compromis à la modernité car lorsque ces palais étaient en usage, les ouvertures étaient éclairées à travers du papier huilé (papier de riz ou de bambou) que l'on renouvelait chaque année.

Les aménagements en sont sobres et les salles sont utilisées en musées: tableau synoptique de la dynastie Qing (depuis ses prémices dès 1616), porcelaines ming "blanc et bleu" et "famille rose" (polychrome), céladon (porcelaine de couleur vert olive ou bleu gris d'époque Song, du Xe s.), horloges offertes en cadeaux par les souverains d'Occident, tankas tibétains...


Les tankas sur coton très fin (plus rarement sur soie) sont enduit d’un mélange de chaux et de colle animale puis polis à la conque avant d'être peints avec des pigments d’origine minérale (dont l'or) donc inaltérables (parfois on utilise aussi des pigments végétaux). Ils servaient à la fois de support à la prière, au rituel et à la méditation afin de permettre au pratiquant de visualiser les déités paisibles ou terribles auxquelles il s’identifiera pour se libérer de son attachement au monde. La Roue de la Vie expliquant l’enchaînement du cercle des existences et symbolisant les différentes étapes qu’il faut franchir avant d’atteindre la divinité qui réside en leur centre et se fondre en elle en est souvent le thème.
Ce sont aussi des objets artistiques de grand prix: 3000€ pour une pièce de 70x40 cm.
Rien à voir avec les éphémères tankas de sable coloré que dessinent patiemment les lamas tibétains...

 
 
CHENGDE - Palais d'été

Les surveillants, ici comme nous le verrons partout ailleurs dans ce pays, sont particulièrement lymphatiques et guère plus efficaces que les statues des gardiens de temple! Peu motivés par le travail, ils mangent, lisent, sont avachis voire dorment carrément à leur poste. Nos gardiens et employés de grands musées (Louvres, Versailles), même s'ils ne sont pas des bourreaux de travail ont cependant un peu plus de tenue.


P
arc Impérial, autour de ce palais. Monument historique classé depuis 1961, il figure au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1994.
Ce parc de 564 hectares et ceint d'un mur de 25 km de long, met en scène des répliques de 72 sites célèbres de Chine. C'est une anthologie miniature faite de répliques des sites et paysages les plus enchanteurs de Chine due aux empereurs Kangxi et Qianlong (petit-fils).

   
CHENGDE - Parc Impérial

C'est un émerveillement de s'y promener en ce printemps qui voit éclore les fleurs roses doubles des pêchers. On y croise des sortes de cerfs apprivoisés de petite taille mais à l'air un peu galeux.
Les plans d'eau et les îles paysagères se succèdent, reliées par des ponts à arche en demi-lune ou en zigzag. Des jeunes dessinateurs s'exercent à les reproduire. Au nord du parc, se dresse une pagode non visitable à 9 étages (le nombre d'étages des pagodes est toujours impair et à une valeur symbolique). Un système de noria était probablement utilisé pout remonter l'eau dans les parties supérieures du site.

La promenade dans le parc est aussi l'occasion de découvrir les culottes fendues dont sont équipés les jeunes enfants. Limitation de la pollution par les déchets textiles mais nuisances assurées par d'autres déchets!

  
    
CHENGDE - Parc Impérial

Visite d'une boutique de papier découpé ("paper cut").
Le magasin présente la production des élèves de l'académie dirigée par Mme Shijunfeng, grande artiste dans cet art du découpage aux ciseaux. D'origine mandchoue (district de Fengning, dans la province du Hebei), elle a exposé dans de nombreux pays (notamment à Paris en 1992 et en 1996), elle est lauréate de nombreux prix et elle a été nommée "Grand Maître des Beaux-Arts" par l'UNESCO
en 1995 et ses oeuvres ont rang de "patrimoine national de la Chine".
Les découpages exposés présentent des motifs géométriques, des sortes d'arabesques, des calligraphies et des paysages d'estampes classiques. Nous avons droit à une petite démonstration de création d'un papillon par la responsable du magasin.
A ce propos, signalons que l'on voit encore des découpages sur papier rouge qui ont été apposés sur les maisons lors des festivités du Nouvel An, il y a deux mois (sans doute s'agit-t-il de motifs bon marché car il doit être facile d'industrialiser le découpage avec des machines à emporte-pièce).


Au palais et au parc, les empereurs ajoutèrent bientôt, à partir de 1713, une douzaine de temples dédiés au bouddhisme lamaïque dont sept subsistent ("amour universel","bonté universelle", "joie universelle", "paix lointaine"...) de styles tibétains et mongols. Les raisons de cette anthologie sont d'ordre plus politique que religieux. En effet, le but était d'impressionner et de séduire les émissaires des provinces où vivaient les minorités nationales.
Sur les 40 temples bouddhistes majeurs extérieurs à Pékin, 8 furent édifiés à Chengde mais seuls 7 subsistent. S'y ajoutent 2 temples secondaires sur les 4 qui existaient ici au XVIIIe s.


Découverte des deux plus importants temples extérieurs.

Puningsi, temple de la Paix Universelle*** ou "temple du grand Bouddha" construit en 1755 selon le style tibétain (réplique du sanctuaire Samyê au Tibet) pour célébrer le rattachement de la Mongolie (extérieure) à la Chine.

  
CHENGDE - Temple Puning Si

Après la traversée des deux premières cours de style chinois, on arrive au temple Dasshengge sur une terrasse de 9 mètres de haut. Ce bâtiment à faux étage abrite l'imposante statue de 22 mètres de haut (dans un édifice de 28 m de haut) du bodhisattva "Guanyin aux mille bras et mille yeux".
En réalité, elle (je dis elle car c'est une des rares "divinités" féminines dans la tradition bouddhiste), elle possède 44 bras 48 yeux (les 2 habituels, 1 sur le front, 1 sur le ventre et 1 dans la paume de chaque main!). Merci de vérifier. On se perd bien avant mille!

Cette statue en bois, la plus grande du monde, pèse plus de 120 tonnes! Creuse, elle est faite d'un assemblage de 120 m3 de 6 variétés de bois précieux laqués set dorés, reposant sur une armature. Récemment un traitement contre les parasites lui a été administré de l'intérieur.
Autre illustration de son gigantisme, à l'intérieur de la couronne dont son crâne est orné, une table de 12 convives pourrait y tenir. En fait pour bien apprécier les traits de cette statue, il faudrait accéder à l'étage du pavillon.

La salle où est présentée cette statue est divisée en deux parties. Le plafond de l'avant-salle masque tout le haut de la statue et il faut humblement se placer à ses pieds pour la découvrir dans toute sa grandeur... Dans ces conditions, l'interdiction de photographier, non respectée par beaucoup, n'est guère utile car le sujet est imprenable dans son gigantisme surtout que la conception du lieu, voulue pour une toute autre raison comme je viens de l'indiquer, empêche tout recul.

Déesse bouddhique de la compassion tenue pour la plus populaire de Chine, Guanyin a été très tôt féminisée sous l’influence du taoïsme, qui vénérait (semble-t-il depuis l’époque des Han) la déesse-mère. Elle est aussi surnommée "la donneuse d’enfants" et est l'objet de dévotion de la part des femmes qui désirent un enfant.

On voit en cours de visite quelques moines d'opérette dont on aperçoit les escarpins très urbains dépassant sous la robe (en prinicipe, il ya une cérémonie matinale, de 8h à 9h). Ce sont, semble-t-il, des salariés du gouvernement... Ils ne semblent pas mettre plus de conviction dans leur "vocation" que les surveillants dont il est possible de tromper la vigilance pour voler quelques photos ...par ailleurs difficiles à prendre!


Nous passons près d'un autre temple voisin, le Temple du Bonheur et de la Longévité au Mont Sumeru, avant de nous arrêter pour visiter le suivant.

Temple Putuo zongcheng miao ("de la doctrine de Potaraka") à l'aspect de fort, semblable au Potala de Lhassa. Situé dans un site de 22 hectares, c'est le plus grand et le plus somptueux des monastères extérieurs, avec ses façades blanches et rouges. Il fut construit par les empereurs Kangxi et Qianlong entre 1767 et 1771 sur le modèle du Potala, afin d'honorer leurs hôtes tibétains, mongols et kazakhs.
Il est classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 1994
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CHENGDE - Temple Putuo zongcheng miao

La visite se mérite car les bâtiments sont construits à flanc de colline, accompagnés de force chortens (nom tibétain des stupas ou dagobas). Des musiciens au curieux costume se prélassent au soleil devant un temple attendant une offrande musicale par un pèlerin...
La masse imposante de l'édifice principal barre l'horizon mais une partie de la construction n'est qu'un trompe-l'oeil puisque sur les 10 niveaux (hors les pavillons-pagodes qui le surmontent) seuls les 3 derniers sont vrais. Donc beaucoup d'escaliers raides pour accéder à cette partie. L'entretien laisse un peu à désirer dans les salles donnant sur la façade (beaucoup de poussière) et éclairées sans vue directe (pour éviter les distractions). Contraste avec le toit aux tuiles de bronze recouvertes d'or (les tuiles les plus basses furent grattées lors de deux guerres mondiales du XXe s.) du pavillon central dit du Pavillon d'Or, tout à fait chinois, dissimulé dernière le décor tibétain et que l'on découvre de la terrasse.
De la toiture-terrasse, on a aussi une vue sur l'enceinte du parc impérial qui grimpe les collines telle "une petite muraille de Chine".

  
 
CHENGDE - Temple Putuo zongsheng miao

Déjeuner à Chengde dans un restaurant traditionnel dit "de spécialités locales" mais en fait installé au bas d'un immeuble tour moderne: salade aux amandes d'abricot (saveur kirschée), 6 variétés de baozi ou raviolis chinois (végétarien et farces mêlées de légumes et de porc ou de mouton) cuits dans l'eau (et non à la vapeur comme c'est le plus souvent le cas).
Se reporter à la page sur Pékin pour plus de détails à la fois sur les baozi (raviolis chinois) et les jiaozi (pains chinois).
Des poissons, crustacés, tortue d'eau et autre bestiaux vivants sont présentés dans des bacs ou des aquariums. En attendant qu'un convive jette son dévolu sur lui, un énorme crapaud d'eau se livre à toutes sortes d'acrobaties au fond de l'un d'eux, parmi poissons et tortue, et sans remonter prendre l'air à la surface. On en verra d'autres de son espèce sur un marché de Suzhou, en fin de circuit.

  
  
Repas à CHENGDE

Longue route de retour à Pékin: 250 km en 4 H 30 dont 1 H 30 dans les embouteillages des faubourgs nord de la capitale. Cela permet une nouvelle fois de prendre la mesure du développement de la ville: immeubles de bureaux des quartiers d'affaires, immeubles résidentiels (trop denses) se terminant en attique avec des sortes de pavillons posés sur leur terrasse à moins que ce soit avec une antenne plus en moins en forme de Tour Eiffel.

Dîner à Pékin.

Seconde (et dernière) nuit à Pékin au Rainbow Hotel*** mais cette fois plus de chambres aussi spacieuses que le premier jour et, évidemment, plus de jolis bouquets.

Fiche Pékin

De retour de Chengde, on aurait pu envisager un spectacle d'Opéra de Pékin (et non à l'Opéra) mais nous en aurons un petit aperçu plus tard à ...Shanghai!



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