Col des nuages (1),
Hué (citadelle, cité) (2),
Rivière des Parfums (3) et
Tombeaux des empereurs (4)
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ET LES NOM DE PERSONNES ?
autre similitude avec la Chine...

Il n’y a que 140 noms de famille en usage au Vietnam (d'autres sources disent 300 mais cela reste quand même minime).
En fait, plus que de marquer l’appartenance à une lignée, ils marquent un lien à un ancien souverain du pays pour la trentaine de noms vraiment vietnamiens: Dinh, Ly, Lê, Tran, Ngyuen (ces derniers sont les plus récents et les plus nombreux)…
Les autres sont d’origine chinoise, cambodgienne ou d’ethnies minoritaires.

Le nom complet d'une personne comporte généralement trois parties.

  • En premier le nom patronymiques (ho).

  • Il est suivi du nom intercalaire ou nom-tampon (tên dêm) utilisé seulement dans les documents officiels.

  • Vient enfin le nom propre servant de prénom (tên) qui est porteur de sens dans la langue courante. Les noms des femmes évoquent souvent des fleurs (par ex. "Lan" signifie "Orchidée", "Phuong" signifie "Flamboyant"...).

    Contrairement à l'usage dominant chez nous, ici l'énonciation de l'identité se fait sous la forme "nom+prénom".
    Et on appelle les gens par leur prénom précédé de la civilité appropriée ("Mademoiselle Orchidée").

  • Dans la région de Hoi An - Danang...
    Pour gagner HUÉ, il faut remonter vers le nord, en repassant à Danang puis emprunter la pittoresque route du Col des Nuages dont le parcours longe souvent l'unique voie ferrée qui relie Saigon à Hanoi (legs des Français) à la vitesse moyenne de 36km/h (!, selon la gamme de train emprunté, la durée du trajet varie de 68 à 30 heures...).
    Notre bus lui aussi peine sur cet itinéraire en mettant trois heures pour parcourir les 110 km séparant Danang de Hué!

    Nous revoyons les nombreux ateliers de sculpteurs de statues de Bouddha, de gardiens grimaçants et d'animaux fantastiques (dragons et autres licornes) ainsi que des marbriers qui taillent des stèles ou des tombeaux. Il est vrai que nous sommes tout près des fameuses Montagnes de Marbre d'où est tirée la matière première.
    En Cochinchine, autrement dit au sud Vietnam, on était dans l'aire d'influence du bouddhisme Hinayana dit du " Petit Véhicule", proche de l’une des plus anciennes écoles bouddhiques, l'école Theravada ("la voie des anciens") diffusé à partir de Ceylan dans l'Asie du sud-est. Les morts y sont incinérés.
    En revanche à partir d'ici, c'est-à-dire de l'Annam, autrement dit au nord du Vietnam, le bouddhisme est celui du "Grand Véhicule" (ou Mahayana). Cette école est apparue dès le IVe s. av. J-C. et s'est diffusée à partir de la Chine. Ici, le rite funéraire est celui de l'inhumation et même de la double inhumation (dont on reparlera).


    Dans la campagne s'étendent des zones de cultures inondées (riz, liseron d'eau) et de maraîchage alors que du coté de Dannang, des Vietnamiens tirent une senne sur le rivage mais la pêche est médiocre.



    C'est aussi l'occasion d'observer de plus près le style des nouvelles maisons vietnamiennes en parpaing, brique ou béton. Cette nouvelle architecture se répand dans tout le pays, du Mékong au Tonkin.
    Seule l'emprise au sol reste traditionnelle, c'est-à-dire conditionnée par l'étroitesse du parcellaire donnant sur la rue, souvent moins de 5 m (comme dans les rizières).

    Autrefois, lorsque les gens en avaient les moyens, ils étendaient leur maison en profondeur (vers l'arrière). Aujourd'hui, ils construisent en hauteur avec parfois 2 ou 3 étages, ce qui donne aux maisons une allure dégingandée. Les façades sont parfois tarabiscotées (terrasses et balcons galbés, garde-corps en inox ou au moins en acier chromé...) et colorées alors que les murs latéraux sont laissés en ciment voire sont aveugles (puisque le voisin risque de construire à son tour).
    Dans les maisons les plus modestes, l'espace est restreint. La pièce à vivre (salle à manger, salon) est au rez-de-chaussée et est largement ouverte vers la rue (on y voit les gens vivre et ils y garent même leur moto!).
    Il faut se souvenir que si les conditions de vie et les techniques de construction ont évolué, la famille vietnamienne reste constituée de 3 voire 4 générations qui cohabitent.
    Les plus riches achètent parfois la parcelle voisine, ce qui permet d'avoir une maison de "proportion plus classique" et dont l'organisation doit être plus rationnelle (disposition des ouvertures...).
    Quant aux maisons basses et modestes de petits paysans, elles voisinent souvent avec une meule de paille de riz de la récolte précédente, un jardinet bien entretenu et une mare à canards.


    Maisons de la région de Hoi An - Danang. Maisons de la région de Hoi An - Danang. Maisons de la région de Hoi An - Danang.
    Maisons de la région de Hoi An - Danang.



    Dans de la région de Hoi An - Danang.

    Cette région semble moins riche au niveau des moyens de transport. On y voit davantage de vélos, de vieilles motos, des camions vétustes de style soviétique (marque IFA) et des engins assez indescriptibles, de même origine, tenant du tracteur et de la camionnette (avec un moteur monocylindre). Les pompes pour le ravitaillement en carburant y sont parfaitement assorties. En certains endroits (franchissement de rivière), la route se rétrécit sur les ponts en ne laissant le passage qu'à une voie.

    Après avoir franchi le modeste col des Nuages (à peine 500 m d'altitude) qui mérite tout à fait son nom, le regard profite de quelques échappées sur la péninsule de Lan Co au travers des nuages bas. Des ex-votos jalonnent les virages les plus dangereux en témoignages d'accidents évités ou non (hormis le style, cela rappelle un autre peuple religieux, celui de Grèce). Pour rester dans un thème plutôt sinistre, à l'image d'un ciel bien gris, le long de la route s'égrainent des cimetières traditionnels et des cimetières militaires récents (guerre du Vietnam).

    Par la présence d'églises, parfois modernes, on se rend aussi tout à fait compte que les catholiques constituent une importante minorité religieuse dans le pays (20% ?).


    Route du Col des Nuages (vers Hué). Route du Col des Nuages (vers Hué). Route du Col des Nuages (vers Hué).
    Ex-voto.Cimetière militaire.

    Route du Col des Nuages (en direction de Hué).
    Route du Col des Nuages (vers Hué). Route du Col des Nuages (vers Hué).  
    Une église moderne. Cimetière traditionnel.




    La ville de HUÉ n'allait pas faillir à sa réputation! Il y pleut souvent... tellement que même la literie de notre hôtel, par ailleurs tout à fait correct, en sentait le moisi!
    HUÉ, la ville à la couleur violette, symbole de la mélancolie...

    La ville est connue par sa position stratégique.
    Son choix tardif comme capitale de l'empire vietnamien peut surprendre en raison d'un climat aussi peu favorable, même si le lieu a la faveur des géomanciens et astrologues (proximité d'influence yang (montagne) et yin (mer). Y ont surement contribué des considérations stratégiques: éloignement physique et symbolique de la menace chinoise, position centrale dans un empire enfin unifié qui s'étend sur près de 2000 km et rapprochement du fief d'où sont originaires les princes Ngyuen..
    Toujours stratégique au milieu du XXe s. puisque ville située à 80 km au sud du 17° parallèle qui marquait la limite entre les deux Vietnam après la partition de 1956 et donc la ligne où se concentrait les hostilités lors de la guerre avec les Américains.


    Lors de l'offensive du Têt en 1968 (fête du Nouvel An lunaire dont la date varie selon les années, entre la fin de janvier et la mi-février), les Viets Congs s'étaient infiltrés dans la ville. A la suite des affrontements terrestres mais surtout des bombardements, la vieille cité a été gravement endommagée puisque 42 des 67 édifices se trouvant dans le périmètre de la Citadelle ont été détruits. Il faut préciser que près de 15000 personnes périrent lors de ces évènements.

    La ville de Hué créée par les Chinois au IIIe s., devint la Cité du Royaume des Chams du IVe s. jusqu'à la conquête par le Dai Viet au XVe s. avec la dynastie des Lê postérieurs. Plus tard, lorsque le Vietnam fut complètement unifié, elle devint capitale impériale de la dynastie des Nguyen, de 1802 à 1945, à la place de Thang Long (Hanoi). Cette cité chère reste au cœur des lettrés vietnamiens.

    La Citadelle fût construite entre 1805 et 1832 avec l'aide des Français. Ses fortifications rappellent les travaux de Vauban. L'enceinte carrée, percée de quatre portes mesure 10 km.

    A l'intérieur de la citadelle, la Cité Impériale est construite sur le modèle des palais impériaux chinois et s'étend sur 530 ha, avec une succession de pavillons et de cours, allant de plus en plus vers la sphère privée du sud vers le nord.
    Il faut préciser qu'une partie des monuments "impériaux" de Hué proviennent de l'ancienne Cité Impériale d'Hanoi qui fut démantelée au XIXe s. par les souverains de la dynastie des Nguyen lorsqu'ils décidèrent de déplacer la capitale du pays vers leur terre d'origine.

    Les "petits empereurs vietnamiens" de l'époque coloniale française ne se sont pas bornés à rebâtir ici leur ancienne cité de Hanoï mais ils ont voulu s'inspirer de la Chine des Ming avec toutefois un facteur d'échelle en réduction. On retrouve donc dans la Cité Impériale et la Cité Interdite de Hué une partie des concepts de la Cité Interdite de Pékin
    Dans la citadelle d'origine coloniale, s'élève la Cité Impériale (Hoang Thanh) que protège une autre enceinte, de couleur jaune (couleur impériale
    comme à la cour des Ming et des Qing en Chine) percée de quatre portes orientées en direction des points cardinaux, avec un axe majeur sud-nord conformément à la tradition chinoise du fengshui. La porte principale réservée à l'empereur, celle du Midi, est surmontée d'un belvédère couvert de tuiles vernissées jaune (toujours la symbolique impériale). Elle débouche sur le Pont de la Voie Céleste enjambant la rivière aux Eaux Dorées (cf. Pékin) que l'on franchit pour arriver sur l'Esplanade des Grandes Salutations sur laquelle s'élève le Palais de la Paix Suprême (Dien Thai Hoa), la salle du trône. Là encore "copier/coller" avec le Palais de l'Harmonie Suprême de Pékin!
    Par contre, la Cité Pourpre Interdite (Tu Cam Thanh) de Hué, protégée par une nouvelle enceinte (4m de haut et autant d'épaisseur) est située au centre de la Cité Impériale et correspond à la partie la plus privée alors qu'à Pékin, le tiers nord de la Cité Pourpre Interdite est réservé à la partie privée (à laquelle les empereurs chinois accédaient par la Porte de la Pureté Céleste). Ici, les empereurs Ngyuen entraient dans le Cité Pourpre Interdite (toujours une couleur impériale comme en Chine) par la porte sud dite Porte de la Grande Résidence.

    Déclarée patrimoine historique par l’UNESCO depuis 1993 , Hué bénéficie d'importants travaux de restauration. Il faut encore éliminer quelques 700 constructions illégales implantées à l'intérieur de la Citadelle. Malgré tout, elle offre à son visiteur de nombreux monuments d'un grand intérêt historiques épargnés ou bien restaurés.


    La Tour du Drapeau ou du Chevalier, bastion qui fait partie du système de défense de la Citadelle est le premier monument qui s'impose à la vue en venant du sud . Pour entrer dans la Cité Impériale, il faut donc franchir la porte sud (Ngô Môn) en granit, surmontée du Belvédère des 5 Phénix d'où l'empereur se montrait à ses sujets. Après les douves, s'étend l'Esplanade des Grandes Salutations qui précède le Palais de la Paix Suprême (l'empereur y recevait les diplomates). Cette salle du trône est le seul édifice qui ne fut pas endommagé lors des bombardements de 1968.
    Nous poursuivons la visite par le Temple dynastique des Nguyen (The Mieu où l'on vénère 10 des 12 souverains Ngyuen), le Pavillon de la Splendeur (Hien Lam Cac) devant lequel se dressent neuf urnes dynastiques pesant en moyenne plus de 2 T (!).

    Enfin, s'étendait sur 9 ha la Cité Pourpre Interdite (Tu Cam Than) où vivaient l'empereur, les concubines et tous les serviteurs. Il en reste peu de chose à la suite des destructions de 1968 qui ont particulièrement affecté ce secteur. Nous pouvons cependant en admirer la porte sud dite de la Grande Résidence (Dai Cung Mon) ainsi que le Théâtre où se déroule la répétition d'un spectacle. Le rouge des murs (symbole du feu) et le jaune des tuiles vernissées (symbole de la terre) sont des couleurs réservées au pouvoir impérial comme en Chine).

    Citadelle de HUE - Douves et porte sud de la Citadelle. Cité Impériale de HUE - Enceinte de la Citadelle, la Tour du drapeau.
    Tour du drapeau ou du Chevalier.

    Douves et porte sud de la Citadelle.

    Cité Impériale de HUE - Porte sud Ngô Môn de la Cité Impériale. Cité Impériale de HUE - Pavillon de la Splendeur. Cité Pourpre Interdite de HUE - Porte de la Grande Résidence. Citadelle de HUE - Le théâtre.
    Porte sud Ngô Môn de la Cité ImpérialePavillon de la Splendeur.Porte de la Grande Résidence (Cité Interdite).Le théâtre.
    HUÉ: Citadelle, Cité Impériale et Cité Pourpre Interdite.





    Le lendemain, le temps nous est plus favorable puisque la pluie a cédé la place à un temps gris.

    La promenade en bateau sur la Rivière des Parfums (Sông Huong) est très agréable et, au fil de l'eau, permet de capter quelques éléments de la vie des gens qui vivent du fleuve et sur le fleuve, dans leurs barques et leur sampans (bateaux non pontés contrairement aux jonques, plus importantes). Nous les voyons aussi draguer des granulats et sables dont ils chargent leur sampan ou leur barge à ras bord.

    HUE - La rivière des Parfums.
    HUÉ, sur la Rivière des Parfums...


    Le bateau nous dépose au pied de l'escalier qui monte vers la Pagode de la Vieille Dame Céleste (Thien Mu comme en chinois "TIAN" pour désigner le "ciel") édifiée en 1601 par un seigneur Nguyen (maître de l'Annam et de la Cochinchine et dont les descendants fondront plus tard la dernière dynastie vietnamienne) et agrandie un siècle plus tard.

    Selon la légende, une vieille dame vêtue d'une tunique rouge et d'un pantalon vert, brandissant une lanterne, était apparue promettant la prospérité à celui qui construirait une pagode en ce lieu propice du fait de la convergence de forces bénéfiques (yang=colline et yin=rivière).

    La tour octogonale édifiée en 1844 par l'empereur Thieu Tri est haute de 21 m et comporte 7 niveaux, chacun symbolisant une réincarnation de Bouddha (ou les 7 années pendant lesquelles il a cherché à atteindre l'''Eveil''). A proximité se trouve une cloche de 2 T (mesurant 2 m de haut) que l'on peut entendre jusqu'à 15 km! Elle date de 1710. Dans l'enceinte du monastère, la Pagode Dai Hung honore 4 Bouddha: au premier plan, un Bouddha Souriant et à l'arrière-plan Amitabha, Sakayamuni et Maitreya ...des Bouddha dotés d'auréoles lumineuses sophistiquées à effet de scintillement (comme nous en avons déjà vu du côté de Mytho).

    La visite se poursuit par les locaux conventuels. De jeunes bonzes y préparent des nems. Plus loin, on peut voir la voiture (Austin) qu'utilisa le bonze Thic Quang Duc pour se rendre à Saigon où il s'immola par le feu sous les yeux des reporters de la presse internationale en 1963. Son geste était une forme de protestation extrême contre les persécutions qu'exerçait Ngô Dinh Diêm, le président du Sud-Vietnam, catholique et pro-américain, à l'encontre des moines qu'il soupçonnait d'héberger des rebelles Viet Cong. Après lui, de nombreux autres bonzes se sacrifièrent de la même manière.

    HUÉ, la Pagode de la Vieille Dame Céleste. HUÉ,
    la Pagode de la Vieille Dame Céleste...
    HUÉ, la Pagode de la Vieille Dame Céleste.
    La tour octogonale à 7 niveaux (Thap Phuoc Dyen).

    La cloche de 2 tonnes.

    HUÉ, la Pagode de la Vieille Dame Céleste. HUÉ, la Pagode de la Vieille Dame Céleste. HUÉ, la Pagode de la Vieille Dame Céleste: immolation du bonze Thic Quang Duc.
    Voiture de Thic Quang Duc qui s'immola par le feu en 1963
    Les 4 Bouddha de la Pagode Dai Hung.
    Jeunes bonzes préparant des nems. (Passez la souris sur l'image ci-dessus.)


    De retour à Hué, promenade libre dans le marché régional Dong Ba, situé au bord du fleuve.

    Ce marché peu fréquenté par les touristes est très pittoresque. La proximité de la gare routière permet aux villageois des environs de s'y rendre facilement. On y trouve viandes, fruits et légumes (meules de manioc, tofu de soja), articles de quincaillerie, vêtements, montres et bijoux, fleurs naturelles et artificielles (couronnes mortuaires notamment sachant que les fleurs naturelles sont préférées car moins souvent volées ...puisqu'elle ne durent pas).

    Les chapeaux coniques qu'on y voit aussi sont considérés comme les plus beaux du pays. Ce chapeau symbole du Vietnam est réalisé sur une forme conique avec des feuille de lantanier (sorte de palmier buissonnant) fixées sur une légère armature faite de lanières tirées de la tige du bambou et disposées de place en place, en cercles de taille décroissante.






    L'après-midi est consacré à la visite des mausolées et tombeaux de deux empereurs de la dynastie Nguyen (il serait plus juste de parler de rois car ils s'étaient placés sous la "protection" de la France voire n'avaient plus de pouvoir dans le cadre de la colonie d'Indochine).
    Ces monuments se trouvent à une dizaine de kilomètres au sud de Hué dans une région de collines très verdoyantes dont les sous-bois tapissés de fougères témoignent du climat de la région ...à l'origine d'un vieillissement accéléré (et dangereux) des monuments.

    Le tombeau de Kai Dinh, 12e et avant-dernier souverain Nguyen (règne de 1916 à 1925), se trouve au village de Chau Chu. La nécropole que les guides touristiques qualifient de très kitsch a été construite de 1920 à 1931 sur un site de colline en terrasse. Le souverain mort en 1925 avait fait réaliser en France sa statue en grandeur réelle.
    Les constructions sont en béton armé mais on a peine à le croire tant l'outrage du temps (météo) a appliqué une patine noirâtre à l'ensemble. Après avoir gravi l'escalier monumental de 148 marches et franchi la grille, on accède au pavillon octogonal de la Stèle que lui dédia son fils adoptif, Bao Dai, le dernier "souverain fantoche" vietnamien (lequel après avoir remis son pouvoir entre les mains du Viet-minh en 1954 fut trahi par le premier ministre du Sud-Vietnam qui le destitua en 1955. Bao Dai dut s'exiler en France et il est mort à Paris en 1997. Ce pavillon est au centre de la Cour d'Honneur gardée par des statues de guerriers et de mandarins (accompagnés de chevaux et d'éléphants). Puis, après un autre escalier, on arrive au Temple du Culte (Thieu Dinh) qui a subi un ravalement et dont l'intérieur est décoré de fresques en mosaïque constituées de tesselles de porcelaine et de verre incrustées dans du ciment. Ce mélange d'influences européennes et orientales, taoistes et géométriques, est du plus curieux effet...

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    HUÉ, tombeau de KHAI DINH. HUÉ, tombeau de KHAI DINH. HUÉ, tombeau de KHAI DINH. HUÉ, tombeau de KHAI DINH.
    HUÉ, tombeau de KHAI DINH.
    Cour d'Honneur.
    Temple du culte Thieu Dinh (extérieur).
    Temple du culte, sous le dais (en béton),
    statue de Khai Dinh sur son trône.
    Temple du culte, fresque en mosaïque.
    HUÉ, tombeau de KHAI DINH. HUÉ, tombeau de KHAI DINH.
    Pavillon de la stèle érigé par Bao Dai, fils adoptif de Khai Dinh.


    A quelques kilomètres de là, le site suivant est très différent et plus ancien. Il s'agit du Mausolée de Tu Duc, 4e souverain (1848-1883) de la dynastie Nguyen. L'ensemble des constructions ont été réalisées de 1864 à 1867 (le souverain est mort en 1883) par 3000 ouvriers (!) sur les plans établis par l’empereur en personne. Lequel empereur se faisait architecte mais était aussi poète à ses heures puisqu'il a écrit 1500 poèmes.
    Ce Mausolée est une sorte de palais plutôt qu'un tombeau (d'ailleurs Tu Duc ne serait pas inhumé sur le site même mais plutôt dans une pinède voisine en un endroit inconnu puisqu'il semblerait que les quelques centaines d'ouvriers qui auraient participé à la construction du tombeau eussent ensuite été exécutés!).
    L'ensemble monumental se trouve au milieu d'un parc paysager planté de frangipaniers et de pins, avec des pavillons d'agrément au bord d'un étang, le Pavillon de la Modestie (il servit de résidence d'été avant d'être transformé en temple), théâtre...
    Ce qui frappe en s'y promenant, c'est la dégradation des pavages extérieurs et des murets dont les dentelles de brique se désagrègent.

    Mais le souci de conservation des monuments est bien un trait typique de notre culture occidentale. Dans ces régions, seul le site "consacré" à de l'importance et l'on remplace le monument vétuste par un nouveau lorsque cela s'avère nécessaire.

    HUÉ, mausolée de TU DUC. HUÉ, mausolée de TU DUC.
    HUÉ, mausolée de TU DUC.


    Retour à Hué, quelques kilomètres seulement. Atelier forain de fabrique d'encens et toujours de surprises le long du trajet...


    La soirée se termine en beauté par un dîner impérial costumé, mandarins et mandarines entourant l'empereur et sa première dame...
    L'empereur est parfaitement reconnaissable au centre, avec son habit doré, couleur impériale comme à la cour de Chine...

    Nous sommes accompagnés par un orchestre de musique traditionnelle comme c'est le cas dans au moins la moitié des restaurants. On peut apprécier les flutes, percussions diverses, le luth (dan nguyet), la cithare à 16 cordes (thap luc) et le monocorde typiquement vietnamien (dan bau).

    Quant au repas, ici à Hué comme à Saigon d'ailleurs, le menu copieux qui comporte en général 7 petits plats est agrémenté par des présentations sophistiquées où revient toujours le thème de l'oiseau (sans doute pour compenser les mets de volailles qui sont bannis par ces temps de grippe aviaire!)... des présentations que nous n'aurons plus dans le nord.

    HUE - dîner impérial costumé.


    HUÉ, Dîner impérial costumé. HUÉ, Dîner impérial costumé.
    Orchestre traditionnel.


    Au terme de ces deux jours dans la région de Hué, il faut être clair, malgré le climat humide de la région, malgré les destructions de monuments dans la Cité de Hué (en lisant les publications sur le sujet, on s'attend à voir un champ de ruines si ce n'est un champ de bataille) et malgré la patine accélérée des tombeaux et mausolées des souverains, cette partie du Vietnam mérite absolument la visite.

    Le lendemain matin, lever à 5 heures pour prendre l'avion qui nous conduira à Hanoi (une heure de vol pour environ 500 km)...



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