LA GUERRE DU VIETNAM, UN BILAN...
Le Vietnam aurait reçu 13 millions de tonnes de bombes entre 1965 et 1975 (surtout de 1967 à 1972)
soit 4 à 5 fois tout ce qui avait été utilisé pendant toute la Seconde Guerre Mondiale.
20% du territoire du pays serait devenu inculte à la suite de l’usage du napalm
(le sol a été cuit comme de la brique) et surtout l’agent orange, autrement dit la dioxine, un
défoliant (une hormone de synthèse: le "2-4-5T") a été largement répandu sur les forêts, ce qui entraîne une pollution durable, cause de mortalité
(cancer…), de maladies et de malformations (on voit mendier quelques infirmes de ce type âgés d'une trentaine d'années).
Les pertes américaines se sont élevées à 60 000 morts sur les 3 millions de soldats américains qui ont été engagés
dans le conflit.
Pour le Vietnam, les pertes s’élèvent à plus de 2 millions chez les militaires (les trois quarts du côté
nord-vietnamien) et plus de 5 millions de civils tués, mutilés ou blessés.
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Nous quittons Hanoi par la Nationale 6, direction Hoa Binh, situé à 70 km environ au sud-ouest. Au-delà de
Hoa Binh, cette route remonte vers le nord-ouest en direction de la Chine et vers Dien Bien Phu (à près de 300 km de Hoa Binh), situé sur une branche se dirigeant vers le Laos.
Nous verrons beaucoup de chantiers aux abords de cette route.
Une autoroute (? ou une quatre voies sans échangeurs ?) est en préparation en parallèle à la nationale.
On y travaille avec des moyens archaïques, à la pelle souvent maniée par des femmes et à la charrette tirée par un bourricot mais aussi avec de gros engins de
terrassement certains vétustes et d'autres modernes (coréens).
De véritables villes nouvelles sont également en construction avec
parfois une caricature de nos grands ensembles des années 70 !
Compte tenu de la pluie tombée pendant la nuit et de ces chantiers, inutile de préciser que les routes sont
particulièrement sales à tel point que les vitres des bus locaux que nous croisons sont couvertes de boue.
Arrêt dans un marché d'un petit village. Tant il y a de boue que nous hésitons à nous y engager. Pour limiter les
dégâts, nous souhaiterions être chaussés de tongs comme les Vietnamiens.
Etals de viande de porc, oeufs en tous genres (de cane, poule...). Nous passons au large de poulets vivants...
risque de grippe aviaire oblige.
Puis nous reprenons la route, toujours longeant de rizières, avec de place en place des briqueteries.
Puis la route devient un peu plus montagneuse. Des cultures de théiers sont plantées sur de petites terrasses
aménagées à flanc de colline.
La région de HOA BINH fut le lieu d'intenses combats lors de la guerre d'Indochine, de novembre 1951 à février 1952. Cet "Enfer de Hoa Binh" fut une sorte de
répétition de Dien Bien Phu. Les Français qui s'appuyaient ici sur des contingents locaux de la minorité Muong ainsi que sur d'autres troupes
coloniales (Marocains, Algériens) ne surent pas tirer la leçon de la victoire d'un Viet-minh désormais bien aguerri.
Notre revers final en 1954 posait un vrai problème pour les Muongs qui s'étaient engagés à nos côtés lors de la guerre
d'Indochine. La France "offrit" à plusieurs milliers d'entre eux l'exil dans une autre "colonie" de la République, la Guyane (département d'outre mer).
A Hoa Binh, on peut s'étonner en voyant plusieurs grands panneaux publicitaires dans le cadre de la lutte contre le SIDA...
alors que nous n'en avons pas remarqué dans les grandes métropoles.
A quelques kilomètres de la ville a été construit le plus grand barrage hydro-électrique d'Asie du Sud-Est, sur la
Rivière Noire (Sông Da), affluent du Fleuve Rouge (Sông Hông). Edifié il y a une vingtaine d'années par 35 000 ouvriers et avec l'aide soviétique, il
fournit une part notable de l'électricité du Vietnam, y compris dans la région du Mékong. Pour le réaliser, 50 000 personnes des minorités
durent être déplacées.
Arrivés à Hoa Binh, nous bifurquons dans une petite vallée où l'on voit des rizières
avec quelques terrasses. Malheureusement, notre circuit fait que nous ne nous
éloignons pas beaucoup de Hanoi, restant dans le delta du Fleuve Rouge ou dans
les grandes plaines alluviales. Pour découvrir ces magnifiques paysages de carte
postale où les flancs des montagnes sont couverts de rizières en terrasses épousant
harmonieusement les courbes de niveau, il aurait fallu aller tout simplement aller
vers ...les montagnes! et l'authenticité de quelques unes des 54 minorités
ethniques du Vietnam...
Nous arrivons dans un village de la minorité Muong ou Hmong.
Cette ethnie est installée dans la région depuis très longtemps, peut-être même avant l'arrivée des Viets ( - 3000).
D'autres sont arrivés de Chine bien plus tardivement (XIXe siècle).
Dans ces régions, vivent également des Daos et des Thaïs venus également de Chine méridionale.
La population des minorités Muongs (arboriculture et riziculture) et Daos (artisanat) compte un million de personnes, à parts égales.
Les divers groupes de Muongs se distinguent par leur costume: fleuri, bariolé,
noir, rouge, vert.
Notre guide nous a prévenu, le "comité d'accueil villageois" semble à première vue peu rassurant car l'enjeu
pour chacun des membres de ce comité est d'entraîner un touriste dans sa maison pour une visite mais surtout pour lui proposer l'achat
de divers produits artisanaux.
Notre bus à peine arrêté, une foule de femmes et d'enfants peu souriants entourent le véhicule et choisissent déjà leur proie.
Comme nous restons figés de stupeur (et de crainte?), certains villageois vont jusqu'à cogner du poing contre la carrosserie.
Les femmes ont abandonné la pratique ancienne de se raser la tête pour ne
conserver qu'une touffe au sommet du crâne...
Prenant notre courage à deux mains, nous sortons finalement pour être immédiatement chaperonnés par un voire
deux habitants car les membres du "comité" sont plus nombreux que nous!
Vu pour le côté couleur locale! Pas vraiment. Car pour une activité basée sur l'accueil des touristes, on peut
être surpris que les habitants ne portent plus leur habit traditionnel (hormis les bonnets des petits enfants).
Dommage qu'ils vivent un tourisme aussi agressif car dès lors que l'on est chez eux, ils sont plutôt
charmants et les sourires sont spontanés.
Contrairement aux maisons traditionnelles vietnamiennes (et chinoises) posées directement sur le sol, ici les maisons du village sont construites sur pilotis
(qui rappelle l'habitat des paysans de Thaïlande) et couverte de feuilles de palmiers ou de tiges de cannes à sucre.
Entre les pilotis, sous la maison, on s'attend à voir toute une basse-cour (volailles et cochons) or il y en a très peu.
Souvent cet espace sert de remise et de garage pour la moto...
Démonstration pour le groupe du décorticage du riz puis du vannage pour éliminer l'enveloppe arrachée aux grains et enfin de pilage.
Après vous être déchaussé en haut de l'escalier qui conduit à leur habitation, les villageois vous accueillent dans leur intérieur modeste en vous offrant le thé, des fruits (bananes)
voire de l'alcool de riz.
Sous son toit de chaume, la maison sur pilotis où je me rends est extrêmement simple. Une seule pièce sans aucun mobilier, on dort à même le
plancher sur une natte. Au fond de la pièce, près d'un pignon, le coin cuisine avec de pauvres ustensiles et l'âtre sans cheminée, la fumée s'évacue entre les jours ménagés entre les
planches du bardage. Midi approchait, des aliments mijotaient mais je n'aurais pas souhaité être
invité à partager le repas. Peut-être aurais-je eu tort...
Comme nos hôtes ne parlent pratiquement pas français, une fois de plus, ils engagent un embryon de conversation
portant sur le thème de la famille, la nôtre et la leur, avant de proposer leurs produits et d'entrer dans une phase de marchandage...
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HOA BINH - Dans un village de la minorité Muong.
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De la vallée où nous nous sommes, nous apercevons une statue monumentale d'Ho Chi Minh dressée sur une colline
dominant le grand barrage de la Rivière Noire (Sông Da), dans une autre vallée.
La visite aux Muongs se poursuit dans une sorte de conservatoire des traditions locales.
Une troupe y donne un spectacle de danses des minorités (Muongs, Daos, Thaïs...) accompagné de "dégustation de bétel" (!?)
et d'alcool servi dans une sorte de jarre où chacun boit au chalumeau (longue paille de roseau).
Retour toujours aussi laborieux vers Hanoi. Encore un accident de moto.
Demain départ pour la Baie d'Halong...