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Un long itinéraire de près de 700 km va nous permettre
la découverte de la côte sud-est de la Turquie en deux jours.
L'est
du pays constitue une destination touristique peu fréquentée contrairement à l'ouest
du pays que nous laissons derrière nous ou qu'au centre que nous visitons en début
(Antalya) en fin (Cappadoce et Konya) de circuit. D'où un groupe également plus
réduit, de plus petits hôtels et de petits restaurants typiques (beaucoup de viandes
grillées ou de légumes farcis)...
Par
exemple, les kofteh
ou köfte
(keftas en version arabe). Ce sont des boulettes de viande hachée que l'on
sert au Moyen-orient, au Machrek (Maghreb étendu), dans les Balkans et
jusquau sous-continent indien. Généralement ces boulettes
sont à base de viande de buf, d'agneau, voire de chèvre, mélangée
avec des oignons, épices, aromates et autres condiments. Elles peuvent
se présenter directement en boulettes ou collées autour d'une brochette
plate épaisse (adana kebap par exemple).
Une première étape nous conduit à ANAMUR ("Anamurium"), à l'extrême pointe
sud de la côte turque méditerranéenne (si l'on excepte, l'appendice levantin d'Antioche,
à l'est). Il s'agit d'un site d'origine phénicienne devenu romain puis byzantin
qui finalement a été pillé par les Arabes au VIIe s.
Il s'agit tout
à la fois d'une vaste nécropole avec ruines d'églises et de tombeaux, de vestiges
d'un odéon et de thermes, le tout dominé par une "acropole" dont subsistent des
éléments de fortification.
ANAMUR - ruines romaines
et byzantines.
Notre circuit se poursuit par
une visite de la forteresse ottomane de Mamure Kalesi datant du XIVe s.
qui s'est substituée à celle qu'avaient bâtie les Byzantins puis des Arméniens.
Nous poursuivons par la curiosités naturelles et archéologiques que constituent
les Grottes (ou gouffres) du Paradis et de l'Enfer. Évidemment notre visite
n'est consacrée qu'à la première! Au fond du gouffre dont l'accès est périlleux
en raison de l'humidité des marches, s'est réfugiée une ancienne église byzantine...
MAMURE KALESI - forteresse
ottomane (XIIIe s.). Le Gouffre de l'Enfer.
Notre dernière étape vers Antioche nous fait encore longer la côte, notamment
à Kiz Kalesi où deux château d'origine arménienne se font face à faible
distance, l'un sur le rivage ("Korigos") l'autre sur la mer, c'est "le château
de la jeune fille" (kiz kalesi).
Selon la légende, un
prince arménien avait fait bâtir ce dernier château pour soustraire sa fille à
une malédiction selon laquelle elle mourait d'une morsure de serpent. Précaution
inutile puisque un jour elle prit des fruits dans une corbeille où se cachait un
reptile.
Nous poursuivons par un arrêt à Tarsus, la ville
d'où naquit St Paul et où certains se risquent à se désaltérer auprès
de marchands ambulants avec une boisson qui serait du jus de betteraves rouges
(?).
Puis plus dans l'intérieur, nous traversons la grande ville moderne
d'Adana (4e ou 5e du pays avec 1,3 million d'habitants) où l'on peut voir
une grande mosquée flambant neuve financée par l'Arabie Saoudite.
La
route n'a ramène au bord de la Méditerranée, plus précisément au golfe d'Iskenderun.
Nous traversons cette ville qui servait de terminal pétrolier à l'Irak jusqu'à
ce que la Guerre du Golfe de 1991 conduise à décréter un embargo sur les exportations
pétrolières irakiennes.
Enfin, nous voici à ANTIOCHE (Antakya),
ville rendue célèbre par St Paul qui y avait des "paroissiens" difficiles
(luxe et débauche!).
Cette ville avait été fondée vers -300 et atteignit
une population de 500 000 habitants.
Elle fut fondée par Séleucos Ier
qui en fit sa capitale. Ce souverain était l'un des généraux d'Alexandre le Grand,
personnage important dont nous reparlerons bientôt lorsque nous serons arrivés
au "clou" du voyage, le Nemrut Dag!
La ville d'Antioche fut victime de sa
prospérité en attirant la convoitise des Croisés, Byzantins, Arméniens, Mamelouks
égyptiens.
Aujourd'hui, cette ville est la
capitale de la province arabophone
de Hatay qui fut annexée par la Turquie en 1939 lorsque la France
administrait le Mandat du Levant (Syrie et Liban) qui lui avait été
confié par la Société des Nations en 1920.
Le statut de sandjak d'Alexandrette (nom donné à l'époque à cette
région) fut entériné par la Turquie par le Traité d'Ankara de 1921. Les
pressions exercées par la Turquie sur la France à ce sujet depuis 1936
aboutirent à la brève indépendance de la province en 1938 qui fut détachée de la
Syrie. Cette intégration tardive dans la république turque
(fondée en 1923) lui a permis de conserver son particularisme culturel,
religieux et linguistique: si les Turcs y sont bien présents, il faut
savoir que le tiers des 1,5 millions d'habitants de la province sont
arabes majoritairement alaouites mais certains sont chrétiens, auxquels il faut encore ajouter des Kurdes,
des Arméniens...
Nous apprécions particulièrement les visite de son bazar (ce terme d'origine
persane désigne le marché, il est repris par les Turcs et équivaut au souk
arabe).
Quant à son musée, il présente de merveilleuses mosaïques antiques
ce qui en fait la seconde référence en ce domaine (après le Musée du Bardo à Tunis).
Nos découvertes se continuent avec la Grotte de St Pierre.
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KIZ KALESI - le château de la jeune fille (XIIe s.). | ADANA, une mosquée
flambant neuve financée par les Saoudiens. | ANTIOCHE,
la grotte St Pierre, première église chrétienne d'Antioche. Elle aurait accueilli St Pierre et St Paul. La façade date des Croisades. |
TURQUIE orientale