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Avant d'arriver en Cappadoce, il nous faut faire un long trajet vers l'Anatolie
centrale, souvent dans un paysage montagneux.
Un arrêt dans la ville
de Karhaman Maras (ville où les fascistes d'extrême droite avaient commis
des assassinats dans les années 1970), nous permet de découvrir un bazar riche
en activités artisanales et absolument pas touristique. Nous y sommes bien
reçu par les artisans malgré les difficultés de dialogue. Nous y admirons le travail
des ferblantiers, dinandier, charrons-tonneliers-menuisiers (nous sommes surpris
d'assister à l'assemblage de lattes de bois pour faire des barattes de type "ribot"
-à pilon- telles qu'en utilisaient nos grands-mères et arrières-grands-mères paysannes).
En revanche, beaucoup de femmes dans la rue, nous réservent un accueil
gêné voir carrément hostile, détournant la tête ou se cachant complètement le
visage sous leur voile. Nous en sommes fort surpris et nous souvenons des avertissements
de notre guide sur l'atmosphère islamiste dans cette ville.
Autre
étonnement, la présence très visible de mendiants, un cul de jatte en particulier,
et l'aumône rituelle musulmane qui leur est faite par plusieurs passants. Il est
vrai que nous sommes dans une ville réputée pour la piété, voire l'intégrisme de
ses habitants.
Quant aux hommes, comme souvent dans cette région, lorsqu'ils ne travaillent pas, déambulent avec leurs pantalons sarouels (vêtement d'origine perse diffusé par les marchands arabes au long de la Route de la Soie) dont la couture d'entre jambes tombe au niveau du genou ou se reposent de longs moment accroupis sur leurs talons (les pieds bien à plat, tentez donc d'en faire autant!) ou, assis à sur une terrasse, se livrent à d'interminables parties de dominos.
Dinandier du Bazar de Karhaman Maras.. | Paysage de montagne, en chemin vers la Cappadoce. |
A l'approche de la ville de Kayseri, en Cappadoce, nous apercevons quelques
grands volcans éteints dont le Erciyes Dagi, à l'extrémité nord-est du massif
du Taurus. La Cappadoce, du nom persan Katpatuka ("pays des chevaux
de race") a été une région christianisée au IVe
siècle, à la suite du passage de l'apôtre Paul et de Saint
Barnabé..
La région est formée de plateaux de lave ainsi que de
tuf, roche poreuse constituée de cendres volcaniques "cimentées" qui ont
été dispersées par le vent et peu à peu érodées et offrent un paysage de
cônes et de cheminées de fées et l'on peut ajouter, vraiment féeriques.
C'est cependant un sol fertile propice à l'agriculture dans les vallons.
Cette partie de l'Anatolie est depuis plus de 3000 ans une région
de passage et aussi de refuge. Après les Assyriens (près de 2000 ans avant J-C),
s'y sont succédés Hittites, Perses, Grecs, Romains (christianisme), Arabes et
Ottomans.
Diverses populations ont profité du sous-sol friable pour y
creuser de véritables villes souterraines servant de refuges dont certains remontent
à plus de 2000 ans.
Notre découverte de la Cappadoce, commence
donc (en toute discrétion !), par la visite d'une ville souterraine (au sud
de Nevsehir).
Sur les 256 villes souterraines (9 sont visitables), la
plupart furent construites par les Chrétiens Byzantins (à noter que certaines
sources font remonter l'origine des villes souterraines jusqu'aux Hittites) pour
se réfugier lors des invasions arabes entre le VIIe et le Xe siècle, elles
sont conçues de façon ingénieuse même si l'on ne dispose pas d'éléments historiques
et archéologiques sur leur réalisation.
Elles se présentent comme des
labyrinthe sur plusieurs niveaux (certaines s'enfoncent à 100 m.), communiquant
par d'étroits passages. Les tunnels d'accès sont protégés par de lourdes meules
de pierre qui se manoeuvrent de l'intérieur.
Même si elles n'étaient
occupées que temporairement, ces villes étaient dotées des moyens permettant d'y
séjourner longuement: églises austères, réfectoires, dortoirs, puits, étables
pour le bétail, greniers, réserves à huile et même ...pressoir! Bien sûr, d'indispensables
cheminées d'aération avaient aussi été créées.
Le lendemain, notre commençons par une randonnée dans le vallon de Zelvé
et, cheminant sur le haut des crêtes ravinées, nous comprenons parfaitement ce
que signifie l'érosion éolienne!
Les
sites rupestres de cette région ont a été classés au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO
en 1985.
Après avoir admirer le travail de la nature
avec les sculptures de sillons dans le tuf, nous sommes descendus dans le vallon,
au niveau du musée de plein air de Zelvé. Nous y voyons des pigeonniers,
des vestiges d'églises et de monastères rupestres.
Sur les crêtes du vallon de Zelvé.. | Vestiges troglodythiques au fond du vallon de Zelvé.. |
Village d'Ortahisar. |
Le "chameau" du vallon de Derbent. |
Les "Schtroumpfs" du vallon de Pasabag. |
Notre découverte se poursuit par la visite du musée de plein air de Göreme,
avec ses fabuleuses églises rupestres. La plus ancienne remonterait au VIe
ou VIIe s. alors que la plupart sont des Xe-XIe s. Ce sont de petites
églises de style byzantin, parfois à colonnes.
Les fresques ont été réalisées à différentes époques et avec une maîtrise
variable des techniques. De plus, la plupart des visages ont été effacés par grattage
(prohibition islamique).
Göreme, fresque de Ste Barbara. | Göreme, fresque de l'église sombre. |
TURQUIE orientale