La CAPPADOCE


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La CAPPADOCE...

Une terre...


Il ne s'agit pas ici d'une région historique ou politique mais plus précisément d'une manifestation géomorphologique unique au monde.

Le secret de ce paysage extraordinaire résulte de l'action de plusieurs éléments naturels: le feu, l'eau et le vent.

Les volcans de la région, Hasan et Erciyes (entre 3000 et 4000 m), au cours de l'ère tertiaire (il ya plusieurs millions d'années, lors du plissement alpin qui donna par ailleurs naissance à la chaîne du Taurus) ensevelirent la région sous des cendres formant un soubassement en tuf clair et tendres, recouvert de laves qui subsistent sous forme de blocs de basalte durs et de couleur foncée.

La pluie, les rivières et le vent se sont attaqués aux parties les plus tendres. Dans un premier temps cela aboutit à la formation de cheminées de fées jusqu'à ce que leur coiffe formée de roches plus résistante elle-même disparaisse.


...et des hommes

Aux premiers siècles du christianisme, St Basile, enfant de ce pays, y fonda l'un des premiers ordres monastiques.
A la fin du Ve s., la région fait partie de l'Empire byzantin.

Avec les invasions perses et arabes du VIIe s. les constructions religieuses disparurent et les habitants se réfugièrent dans un vaste réseau de villes souterraines creusées dans le tuf.
Ce fut aussi la période de l'iconoclasme lorsqu'en 726, l'empereur Léon III ordonna la destruction dans tout l'Empire, non seulement des icônes, mais de toutes les représentations de la personne humaine (parallélisme étonnant avec les lois du jeune Islam, proche et menaçant!). L'interdiction des représentations figuratives fut enfin levée en 843.

A partir du Xe s., les chrétiens reconstruisirent des lieux de culte en surface, sous forme d'édifices troplodytiques, parfois ornées des fresques naïves, dites archaïques.

La construction d'églises et monastères se poursuivit même après l'arrivée dans la région des Turcs Seldjoukides pourtant en lutte contre les Croisés.

Avant d'arriver en Cappadoce, il nous faut faire un long trajet vers l'Anatolie centrale, souvent dans un paysage montagneux.

Un arrêt dans la ville de Karhaman Maras (ville où les fascistes d'extrême droite avaient commis des assassinats dans les années 1970), nous permet de découvrir un bazar riche en activités artisanales et absolument pas touristique. Nous y sommes bien reçu par les artisans malgré les difficultés de dialogue. Nous y admirons le travail des ferblantiers, dinandier, charrons-tonneliers-menuisiers (nous sommes surpris d'assister à l'assemblage de lattes de bois pour faire des barattes de type "ribot" -à pilon- telles qu'en utilisaient nos grands-mères et arrières-grands-mères paysannes).

En revanche, beaucoup de femmes dans la rue, nous réservent un accueil gêné voir carrément hostile, détournant la tête ou se cachant complètement le visage sous leur voile. Nous en sommes fort surpris et nous souvenons des avertissements de notre guide sur l'atmosphère islamiste dans cette ville.

Autre étonnement, la présence très visible de mendiants, un cul de jatte en particulier, et l'aumône rituelle musulmane qui leur est faite par plusieurs passants. Il est vrai que nous sommes dans une ville réputée pour la piété, voire l'intégrisme de ses habitants.

Quant aux hommes, comme souvent dans cette région, lorsqu'ils ne travaillent pas, déambulent avec leurs pantalons sarouels (vêtement d'origine perse diffusé par les marchands arabes au long de la Route de la Soie) dont la couture d'entre jambes tombe au niveau du genou ou se reposent de longs moment accroupis sur leurs talons (les pieds bien à plat, tentez donc d'en faire autant!) ou, assis à sur une terrasse, se livrent à d'interminables parties de dominos.



Dinandier du Bazar de Karhaman Maras. Paysage de montagne.
Dinandier du Bazar de Karhaman Maras.. Paysage de montagne, en chemin vers la Cappadoce.

 


A l'approche de la ville de Kayseri, en Cappadoce, nous apercevons quelques grands volcans éteints dont le Erciyes Dagi, à l'extrémité nord-est du massif du Taurus. La Cappadoce, du nom persan Katpatuka ("pays des chevaux de race") a été une région christianisée au IVe siècle, à la suite du passage de l'apôtre Paul et de Saint Barnabé..

La région est formée de plateaux de lave ainsi que de tuf, roche poreuse constituée de cendres volcaniques "cimentées" qui ont été dispersées par le vent et peu à peu érodées et offrent un paysage de cônes et de cheminées de fées et l'on peut ajouter, vraiment féeriques. C'est cependant un sol fertile propice à l'agriculture dans les vallons.


Cette partie de l'Anatolie est depuis plus de 3000 ans une région de passage et aussi de refuge. Après les Assyriens (près de 2000 ans avant J-C), s'y sont succédés Hittites, Perses, Grecs, Romains (christianisme), Arabes et Ottomans.
Diverses populations ont profité du sous-sol friable pour y creuser de véritables villes souterraines servant de refuges dont certains remontent à plus de 2000 ans.

Notre découverte de la Cappadoce, commence donc (en toute discrétion !), par la visite d'une ville souterraine (au sud de Nevsehir).

Sur les 256 villes souterraines (9 sont visitables), la plupart furent construites par les Chrétiens Byzantins (à noter que certaines sources font remonter l'origine des villes souterraines jusqu'aux Hittites) pour se réfugier lors des invasions arabes entre le VIIe et le Xe siècle, elles sont conçues de façon ingénieuse même si l'on ne dispose pas d'éléments historiques et archéologiques sur leur réalisation.

Elles se présentent comme des labyrinthe sur plusieurs niveaux (certaines s'enfoncent à 100 m.), communiquant par d'étroits passages. Les tunnels d'accès sont protégés par de lourdes meules de pierre qui se manoeuvrent de l'intérieur.

Même si elles n'étaient occupées que temporairement, ces villes étaient dotées des moyens permettant d'y séjourner longuement: églises austères, réfectoires, dortoirs, puits, étables pour le bétail, greniers, réserves à huile et même ...pressoir! Bien sûr, d'indispensables cheminées d'aération avaient aussi été créées.

CAPPADOCE - ville souterraine.



en CAPPADOCE. Le lendemain, notre commençons par une randonnée dans le vallon de Zelvé et, cheminant sur le haut des crêtes ravinées, nous comprenons parfaitement ce que signifie l'érosion éolienne!

Les sites rupestres de cette région ont a été classés au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1985.

Après avoir admirer le travail de la nature avec les sculptures de sillons dans le tuf, nous sommes descendus dans le vallon, au niveau du musée de plein air de Zelvé. Nous y voyons des pigeonniers, des vestiges d'églises et de monastères rupestres.

CAPPADOCE - Vallon de Zelvé. CAPPADOCE - Vallon de Zelvé. CAPPADOCE - Vallon de Zelvé.
Sur les crêtes du vallon de Zelvé.. Vestiges troglodythiques
au fond du vallon de Zelvé.
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Puis nous allons plus loin découvrir sur des pitons, les sites semi-troglodythiques d'Uçhisar et d'Ortahisar.

CAPPADOCE - village d'Ortahisar. CAPPADOCE - village d'Ortahisar.
Village d'Ortahisar.


Nous parcourons ensuite le vallon de Derbent dont les roches ruiniformes prennent parfois des allures curieuses.

CAPPADOCE - le vallon de Derbent. CAPPADOCE - le vallon de Derbent.
Le "chameau" du vallon de Derbent.


Puis, nous passons dans le vallon de Pasabag aux lourdes cheminées de fées où l'on imagine, selon des optiques très diverses et personnelles (!), des quantité de statues des "7 Nains" et des "Schtroumpfs" ou encore, plus grivoisement, des symboles phalliques (l'endroit n'est-il pas désigné sous l'appellation de "vallée de l'amour" ?).

CAPPADOCE - vallon de Pasabag. CAPPADOCE - vallon de Pasabag.
Les "Schtroumpfs" du vallon de Pasabag.



Notre découverte se poursuit par la visite du musée de plein air de Göreme, avec ses fabuleuses églises rupestres. La plus ancienne remonterait au VIe ou VIIe s. alors que la plupart sont des Xe-XIe s. Ce sont de petites églises de style byzantin, parfois à colonnes.


Les fresques ont été réalisées à différentes époques et avec une maîtrise variable des techniques. De plus, la plupart des visages ont été effacés par grattage (prohibition islamique).

CAPPADOCE - Göreme, fresque de Ste Barbara. CAPPADOCE - Göreme, fresque de l'église sombre.
Göreme, fresque de Ste Barbara. Göreme, fresque de l'église sombre.



Nous allons quitter cette extraordinaire région après avoir visité, à Avanos, un atelier de tissage de tapis orientaux en soie.

CAPPADOCE - atelier de tissage à Avanos.




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TURQUIE orientale