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Après plus de 200 km depuis Ayutthaya, nous voici au coeur
de la vaste région de l'Isan, région du nord-est souvent
boudée par les circuits touristiques. Ce fut l'une des bases arrières
des GI's lors de la guerre du Vietnam (les base aériennes d'ic comptaient
60000 militaires en 1969). Cette région aride est caractérisée
par l'esprit d'indépendance de ses habitants qui, il n'y a pas si longtemps,
eurent des vélléités sécessionnistes. => LE LINGAM,
SYMBOLE PHALLIQUE
Nous atteignons
le site de Phimai, au coeur du plateau aride de Korat (300 à 400 m
d'altitude).
Ici, on n'a plus la luxuriance de la vallée du Chao Phraya. Des
récoltes ne subsistent que des chaumes desséchés et par endroit on aperçoit même
des étendues de lacs asséchés recouvertes de sel!
Sur le site du merveilleux
Prasat Hin Phimai se trouvent d'importants vestiges de l'architecture khmère
remontant au XIe s, préludant à la construction des grands temples d'Angkor
Vat, au Cambodge. Le souverain khmer qui en décida la construction, fit également
détourner une rivière pour créer un véritable oasis autour du sanctuaire.
A l'origine on y pratiqua un culte hindouiste jusqu'à ce que la vague du bouddhisme
Theravada d'origine cyngalaise (de Ceylan) recouvre le culte antérieur.
Le site bâti principalement à l'aide de grès rose et de latérite est entouré d'une
double enceinte (avec une ancienne douve) percée de 4 portes (aux quatre points
cardinaux) s'étend sur un rectangle d'un peu plus de 1000 m x 500 m.
Au centre de ce site au plan cruciforme, se trouve le temple principal
dans la cour duquel se dressent 3 prangs, celui du centre, en grès blanc,
étant le plus élevé (28 m de haut). Les quatre façades sont percée d'une
ouverture en leur milieu.
Dans les temples qui en comportent, on vénérait le
"linga ou lingam" en l'arrosant de lait, de miel ou de beurre clarifié que l'on
remplace souvent simplement par de l'eau pour le maintenir humide et il reçoit
des offrandes de fleurs, de fruits et des sucreries.
Il apparaît souvent
comme surgissant d'une cuve à abblution, le "yoni", symbole de l'énergie
féminine car Shiva ne peut créer seul mais seulement en union divine avec le yoni.
Ce culte intégré à l'hindouisme résulte de l'intégration de vénérations très
anciennes de populations autochtones et sans doute aborigènes qui symbolisaient
leur culte par des pierres dressées.
Des symboles phalliques, "linga" ou "lingam"
notamment, sont visible dans le petit temple de Shiva, objet d'un culte tout particulier
des femmes en mal d'enfant.
A son sujet, notre guide Yaé de culture bouddhique,
se livre à quelques confidences personnelles et émouvantes en avouant avoir sacrifié
à ce culte (en versant du lait sur l'objet), à l'insu de son mari... Comme quoi,
la religion est ici comme ailleurs, empreinte de superstitions et et de pratiques
syncrétiques...
Temple
PRASAT HIN PHIMAI (plateau de Korat) - Architecture de style khmer.
Un petit tour au marché avant de quitter Phimai...
On y sens de fortes saumures de poissons, Yaé y fait provisions de diverses espèces
d'insectes et larves grillés: criquets, sauterelles, larves de ver du bambou et
de ver à soie...
Plus rassurant pour nos fragiles pailles et estomacs, nous
avons l'agréable surprise de pouvoir y déguster ce qui ressemble tout à fait,
par l'aspect et le goût, à de délicieuses crêpes bretonnes que l'on peut accompagner
de diverses sortes de confitures...
PHIMAI
: sur le marché.
Nous revenons vers la ville
de Nakhon Ratchasima, autrement appelée Korat, important centre industriel et
administratif. Yaé anime quelque peu notre groupe fatigué en nous faisant déguster
ses amplettes. Convainquante, elle parvient à faire goûter sa provisons d'insectes
et de larves à la plupart d'entre nous. Çà se mange, ce n'est ni franchement
bon, ni dégoûtant. Un seul obstacle insurmontable, "la cerise sur le gâteau",
tout le groupe boude un "cafardon", une sorte de gros scarabée noir qui finit
par faire les délices de notre chauffeur.
Mais nous n'en avions pas fini
avec les petits sacs à provisions de Yaé...
Puis nous faisons une agréable
étape à l'Hôtel Hermitage, bordant un joli parc.
Au dîner, les tablées de notre
groupe ont le plaisir de commencer le repas par une délicieuse omelette dont plusieurs
s'empressent de connaître la recette. Il s'agissait en fait d'une omelette aux
oeufs de fourmis !
Le jour suivant, en revenant vers l'ouest, en direction
de Lopburi, un arrêt en bord de route auprès d'étals forains nous permet de
voir un bonze recevant une offrande de nourriture et aussi des mouches faisant
bombance sur des sortes de saucissons ou d'andouilles...
Un peu plus loin, à proximité du Parc National de Khao
Yai (région de Pak Chong), arrêt au Wat Thepatan.
Un immense
Bouddha blanc a été construit à flanc de colline dans les années 60 par un
Chinois dévot mais qui avait néanmoins fait fortune comme beaucoup de ses compatriotes
en terre thaî.
Un monastère et une statue de taille réduite se trouvent au
bas des sentiers conduisant au colosse. Un autel d'offrandes est couvert de cochonailles
(têtes deporc notamment), elles-mêmes couvertes de mouches. L'ascension des 650
marches conduisant au grand Bouddha se mérite, surtout par la température ambiante
(35°). De plus, il paraît que les 2000 km² du parc voisin abritent encore
des tigres, ours, léopards, panthères noires et quelque 200 à 300 éléphants
sauvages... sans parler des serpents (kraits et cobras notamment)! Alors, on presse
le pas!
Au pied de cette statue de quelques 30 m de haut et après de
tels efforts, on se sent littéralement écrasés.
Nous arrivons en milieu de journée à LOPBURI, "la
cité des singes". Toujours attirés par la facilité, le gros des touristes
cherchent à se distraire et aussi un peu d'ombre, autour du temple public (toujours
utilisé) San Phrakhan qui est littéralement colonisé par une tribu de macaques.
Tout près des ruines d'un ancien temple, dans l'enceinte du San Phra Kan,
ce temple moderne qui attire autant les thaïs que les touristes est dédié à une
divinité à quatre bras, Vishnou, dotée d'une tête de ...Bouddha!
Zoophobes,
s'abstenir !
Ils sont partout, autour de vous, au-dessus des têtes (dans
les arbres). Attentions aux lunettes, appareils photos, porte-feuilles, téléphones
portables et, évidemment, paquets de gâteaux car ils sont gourmands et un tantinet
cleptomanes.
Ils ont un caractère sacré, ce qui fait que les habitants des
environs en sont réduits à se protéger de leurs méfaits en installant des grilles
sur toutes les ouvertures des immeubles car on assiste aux acrobaties des macaques
jusque sur les toits et terrasses !
Mais le véritable intérêt de Lopburi, évidemment
ce ne sont pas ses singes mais les ruines du Temple Sacré aux Trois
Tours, le Prang Sam Yot, construit en grès blanc et rose et en brique
(latérite). Ces vestiges d'architecture sacrée khmère datent du XIIIe s.
et étaient initialement un lieu de culte à trois grandes divinités hindoues;
Brahma ("le créateur"), Vishnou ("le conservateur") et Shiva
("le destructeur").
La ville était la capitale provinciale de lempire khmer à
son apogée (Xe au XIIe siècle) avant de devenir l'ancienne
capitale d'été des princes du royaume d'Ayutthaya (palais du roi Narai
bâti en 1666) et fortifiée
par des architectes français.
Les habitants ne leur tiennent pas
rancune aux macaques pour leurs chapardages puisqu'ils organisent une
grande fête en leur honneur chaque mois de novembre, les considérant
comme de dignes représentants du dieu-singe hindou Hanuman, symbole de
la sagesse dans la religion hindoue. Syncrétisme hindo-bouddhiste en
quelque sorte... Ils se gaveront alors de sucreries, potirons,
bananes, cacahuètes, concombres, ananas, oeufs bouillis
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LOPBURI - Le Prang Sam Yot. |
Un peu de fraîcheur
dans le parc d'un restaurant... Puis pause au bord d'une route avec les étals
forains avec des fruits à profusion, sur la longue étape de 250 km nous conduisant
à Phitsanuloke. Avec près de 450 km de trajet dans la journée, sans négliger
les visites, la fatigue devient pesante...
Notre remontée vers le nord du pays s'effectue
selon un itinéraire utilisant les vallées, ce qui fait que l'on y voit se juxtaposer
les divers stades de la culture du riz (un tiers de la récolte va à l'export ce
qui fait de ce pays le premier exportateur de riz au monde).
Moins paisiblement,
notre vigilance reste quand même sollicitée. En effet les chauffards thaïlandais
sont nombreux et redoutables. Aujourd'hui, nous en sommes au troisième camion
retourné dans le fossé (un tous les 100 km) contre un ou deux les jours précédents.
C'est vrai que les chargements débordent très largement du gabarit des
remorques.
Nous venons aussi de voir un cyclomotoriste renversé. En guise
de SAMU, la victime inconscente est chargée sans ménagement particulier sur le
plateau d'un pick-up.
Sinon, quelles que soient les manoeuvres gênantes voire dangereuses des autres conducteurs, les Thaïlandais comme de nombreux autres asiatiques (vietnamiens, chinois...) restent parfaitement calmes, du moins en apparence (est-ce la souci de la "face" ou l'empreinte compassionnelle bouddhique?) alors que les Occidentaux se perdraient en invectives et gestes insultants.
Et
pour couronner le tout, notre bus nous lâche brutalement loin de toute ville !
Le chauffeur et son aide étant impuissants, Yaé s'apprêtait à téléphoner à son
agence lorsque deux collègues, mécaniciens à leurs heures, effectuèrent rondement
une réparation de première urgence, en insistant lourdement pour qu'une véritable
réparation soit effectuée le soir même...
En soirée, enfin parvenus au centre de PHITSANULOKE,
ville fondée au XIVe siècle sur les bords de la rivière
Nan et ancienne capitale temporaire du pays au XVe s., nous avons
le temps de visiter l'un des temples les plus vénérés de Thaïlande,
le Wat Phra Si Ratana Mahathat dans lequel on peut admirer le magnifique
Phra Bouddha Jinnaraj ("Seigneur victorieux"), Bouddha
de bronze doré au visage serein et assis dans la position dite
de la compassion datant du tout début du XIVe s et dit de la "période
Suhkothai". La tête de ce "Bouddha serein" est entourée d'un sorte de
halo de flammes et on dit qu'il serait le plus beau du monde (il a servi
de modèle pour le Bouddha du temple de marbre, à Bangkok).
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PHITSANULOKE - Temple Wat Phra Si Ratana Mahathat et statue Phra Bouddha Jinnaraj. |